[Juin 2008] Sacrifice - Xlatoc
- Vuld Edone
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- Monthy3
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Mitigé parce que je ne peux m'empêcher de dissocier la forme déficiente du texte de son fond et de son vocabulaire, qui sont parfois magnifiques.
La forme, donc. un rythme chaotique, sur laquelle j'ai buté à chaque vers, peinant à trouver mon souffle parmi ces retours à la ligne inattendus et cette métrique complètement irrégulière. Je me doute que tu as choisi la forme des vers libres, mais cela ne signifie pas pour autant que tu dois abandonner tout souci de rythme. Un exemple ?
Les vers 1, 3 et 4 sont saccadés. Il n'ont pas de souffle, on n'arrive pas à prendre de l'élan. Le rejet sur le vers 4 ne trouve pas de justification ; la fluidité aurait voulu que tu écrives "Enfin libéré des cris de son âme" en un seul vers. Là, j'ai peiné à suivre.Oui, ne plus ouïr ces battements affolés,
Sentir ces purs sentiments pourrir,
Et brusquement s’étendre, enfin libéré
Des cris de son âme, pouvoir mourir.
Le vers 2 lui-même, dont j'apprécie pourtant le jeu sur les sonorités, est brutal. "Purs" est trop court pour être associé de façon heureuse à "sentiments", à mon goût il manque une syllabe.
Une fois que je suis parvenu à dépasser les heurts du poème, en revanche, j'ai pu apprécier certaines tournures, certaines expressions très poétiques. Notamment les périphrases que tu emploies pour qualifier la Déesse :
Par l’Etoile de sa Déesse d’Ambre, de Cèdre et de Miel,
C'est zouli, et ça fait très "légende ancienne", ce qui correspond (je crois) au ton que tu voulais donner au poème.Vit avec bonheur son cœur arraché et montré au Soleil de Miel et d’Or.
Bon, je trouve aussi qu'il y a pas mal de maladresses dans les tournures ou le choix des mots. Parfois, cela leur donne un petit parfum suranné, tout à fait bienvenu, mais parfois aussi c'est plat. Je pense à l'"aurore boréale", qui n'a rien à faire ici (d'autant plus que rien n'y renvoie par la suite), ou à "Les larmes de l’abandon tombant sur ses genoux.", où le verbe "tomber" est franchement dommage. Tu peux trouver bien mieux
Ne crois pourtant pas que j'ai lu ce texte avec déplaisir ! Je peux aussi relever pas mal de passages qui m'ont beaucoup plu, des jeux de sonorité intéressant, et le parallélisme du début entre sacrifié et sacrifiant, magnifiquement rendu ici :
On passe de l'un à l'autre de façon naturelle et poétique, avec (encore une fois !) des sonorités qui renvoient d'un personnage à l'autreMais, le devoir avant tout, l’homme, ivre
Du livre de l’Amour ne pourra plus ouïr.
Pour le fond, je me suis contenté du sens premier, celui que lui donnent les historiens : la naissance d'une Déesse. Et elle est effectivement apparente dans le texte, pas hyper originale, mais plutôt bien rendue. J'ai apprécié, d'autant plus que le dernier vers clôt superbement le récit poétique.
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- Xlatoc
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Je vais faire une réponse globale pour les commentaires sur mes deux textes, j'irai plus loin demain si j'en ai le courage.
Déjà, il faut savoir plusieurs choses sur ces textes : Ils ont été écrits respectivement il y a 7 ans pour Sacrifice, 6 pour l'autre, à 16 et 17 ans si vous préférez. Je les avais mis sur VF, où ils ont eut des retours positifs, c'est aussi pour cela que je les ai renvoyés ici.
Ensuite, j'écris mes poèmes "comme cela vient". Ce que je veux dire, ce que je ne les travaille pas à la pince à épiler. Un vers/une strophe que je triture, tarabuste, mouline, ect...me déplaît systématiquement au final. Toujours. Je n'aime écrire que ce qui me vient plus ou moins naturellement, instinctivement, et à la voix si possible (comprenez : oralement). Chaque fois que j'ai voulu malaxer mes machins, j'ai été déçu. Très. Les seules et uniques restrictions que je m'impose sont :
- vers impairs
- riment entre eux les vers avec le même nombre de pieds.
- types de rimes (alternes, embrassées, ou l'autre) en fonction de l'ambiance de la strophe correspondante : douce embrassées, conflictuelle croisée...
- jeu maximal avec les répétitions de sonorités lorsque je désire appuyer une situation.
Point barre. Le reste, il se fait par lui-même, ou il se fait pas
Donc, quand je lis tes commentaires, Feurnard (et tout ce qui va suivre, je te prierais de bien vouloir ne pas le prendre mal), il y a plusieurs réactions en moi, qui s'expriment en même temps :
- d'une part, je ne comprend pas grand chose, n'ayant pas connaissance de plus de la moitié des termes que tu utilises .
- d'autre part, j'ai l'impression que tu t'es fais ouvertement chié (pardonnez le mot, mais je veux mettre un mot fort, à dessein) à me lire et à me commenter. Impression renforcée par cette énumération mécanique de structures sans que je parvienne à saisir si cela est positif, négatif, ou relevant du simple constat.
- une pointe d'énervement, car cela me rappelle fortement ce que je détestais dans mes cours de Français, à savoir : lorsque l'on disséquait un texte à l'aide d'outils picométriques, ce qui résultait à prêter des intentions et méthodes à l'auteur qui, non seulement me semblaient farfelues, mais en plus complètement hors de propos. Je veux dire : les poèmes que j'écris, ce ne sont pas des amandes fraîches avec leurs 5 couvertures à enlever délicatement avant d'arriver enfin à un cotylédon durâtre et âpre. Ce sont des pommes, à consommer telles quelles, et à en apprécier la saveur depuis l'intérieur.
- Et pour finir un grand, très grand sentiment d'abandon et de dépit qui me donne envie de ranger ma plume et d'enterrer tout mon boulot (commencé il y a 9 ans quand même), parce que tu me donnes la nette impression de n'être qu'une frêle pousse de sapin devant encaisser une avalanche de commentaires auxquels je ne suis pas préparé car ignorant à quoi ils font référence. En bref, c'est comme quand je regarde Rémi Tramblay peindre à côté de moi : j'ai envie de poser mon pinceau, j'ai trop honte.
Alors, je sais que tu t'es sans doute donné du mal, au vu de la nullité apparente de mes bouts de vers, et que tu voulais sans doute bien faire...mais là, je suis dépassé, écrasé, piétiné. Que dois-je faire alors, des commentaires très positifs que ces mêmes textes avaient reçus ? Dois-je ranger ma plume ? Seulement comprendre que nous n'avons pas la même façon d'aborder un texte ?
Xlatoc. The greatest harm can result from the best intentions.
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- Vuld Edone
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Je pense que c'est la réponse la plus simple. Nous n'avons pas la même façon d'aborder un texte.
Je n'ai pas envie de me défendre, surtout sur les Chroniques, où j'ai un réel plaisir à lire et à critiquer. J'y apprends plus et plus vite que je n'aurais jamais pu l'espérer et je m'y sens bien. Souvent, j'aimerais aborder un texte autrement qu'avec des grilles d'analyse.
C'est vrai, j'ai disséqué le texte à l'aide d'une batterie d'outils tirés de la stylistique. Je me refuse à croire que des dizaines, des centaines de chercheurs qui ont voué leur vie et rejoint un héritage de plus de quarante ans, bien plus même, ont œuvré pour rien.
Je suis d'autant plus coupable que je savais parfaitement à quel point tu n'aimes pas cette approche des textes. Je ne pouvais pas être plus franc qu'en me présentant à l'extrême inverse. Je suis formaté pour extraire les constructions d'un texte.
Je ne peux enfin, à ce sujet, qu'avouer que ces outils ont toutes leurs limites, et que les avis les plus pertinents, sur ce forum, n'y ont jamais fait appel. Du reste, quand bien même ils seraient efficaces, je ne prétends pas les maîtriser.
C'est vrai aussi, tu es à un gouffre encore infranchissable des maîtres, tu ne tiens pas la distance face à Rimbaud ou à Camus. Cependant le critique n'est pas l'écrivain, je peux être et je me crois moins bon que toi. Cela ne te réconfortera en rien, mais la critique de ton texte n'est rien en comparaison de ce que je reproche aux miens.
Si tu te compares aux maîtres, même Rimbaud a dû apprendre et a reçu des corrections. Mais si tu te compares à moi, alors tu n'as rien à craindre. Cette façade de mots creux ne devrait pas te tromper, et mes textes te persuader que mon opinion en tant qu'auteur n'a aucune valeur. Si tu en doutes encore, sache que mon seul texte en vers, le banquet, n'a reçu que des avis négatifs. Quant à écouter le critique, ce n'est qu'un critique, qui ne peut rien faire de plus que dire s'il aime et appliquer ses grilles d'analyse.
J'ai ce défaut d'être insensible. Cela me rend imbécile, incapable de juger au-delà de la forme, tout comme le grammairien est enfermé dans la phrase et ne voit pas le discours. Là où je vois quelque chose de mauvais, d'autres trouveront des beautés, parce qu'ils ont un cœur.
De toute cela, une seule certitude : si tu veux écrire, écris.
Je voudrais revenir sur le texte, pour essayer de dire autrement ce que j'avais à dire.
Je voulais dire que, dans notre tradition française, tu ne peux pas faire rimer "Démons" et "menton", parce que cela n'a aucun sens. Tu ne peux pas associer des créatures mortelle et la partie inférieure du visage, à part dans un texte comique. De même, avec la rime "fou" et "genoux", tu associes la folie à l'articulation du membre postérieur. A moins de vouloir dévaloriser, moquer la force de la folie en la localisant dans une partie de si peu d'importance, il faut éviter à tout prix de telles associations.
L'effet est simple, la force du premier mot, "Démons", "folie", qui produisait un effet de puissance, un effet de crainte, est annulée par le second mot, banal. Il faut que le second mot puisse renforcer le sens du premier, ou lui ajouter du sens, aller dans son sens, si tu me permets ce jeu de mots.
Je voulais dire aussi que, souvent, tu ne tiens pas compte d'une règle simple : le vers est comme une phrase. Tu ne peux pas. Séparer deux parties d'une phrase. Tu renvoies souvent l'objet, ou tout groupe commençant par "de" (des cris de son âme, du livre de l'Amour, etc...), au vers suivant. La première impression est que tu l'as fait pour obtenir la rime que tu voulais. C'est désagréable et le lecteur, contrairement à moi, ne t'accordera pas le bénéfice du doute.
D'où la remarque de Monthy3 sur le fait que ton texte est saccadé.
En rejetant un membre de la phrase au vers suivant, tu attires l'attention du lecteur dessus. A mon avis, tu poursuis deux buts : soit tu veux produire un effet de violence, soit tu veux effectivement attirer notre attention, mais plutôt sur la rime, ce qui n'a pas été rejeté.
Je suppose le premier but car souvent ces rejets tombent dans les strophes aux rimes croisées (alternées). Donc tu brises, tu fais violence. C'est une tentative de style qui demande une maîtrise à laquelle je n'imaginerais jamais me tenter. Le rejet est un risque énorme et peu, très peu, peuvent se vanter savoir l'employer à bon escient.
Ton second but est motivé surtout parce que le membre rejeté est souvent un groupe prépositionnel, plus long que le groupe à la rime. Souvent, cette rime ne contient qu'un mot comme "îvre" ou "libéré" et la rime a naturellement l'attention du lecteur. Le groupe complément, au contraire, n'a que peu ou pas d'importance. Mais, comme je l'ai dit, un groupe rejeté au vers suivant attire immédiatement l'attention, avec force.
Pire encore, les rejets que tu produis, qui débutent par "de", donnent l'illusion d'une nouvelle phrase. Comme je l'ai dit, il faut (pour simplifier) imaginer chaque vers comme une phrase, aussi, sans autre indication, essayons-nous d'imaginer cette phrase. Le "de" en début de vers nous facilite cette interprétation. Aussi, presque à chacun de tes rejets, ma première lecture a été faussée et je me suis retrouvé avec des phrases sans le moindre sens (par exemple "l'homme ne pourra plus ouïr du livre de l'Amour").
Puis, comme Monthy3 l'a dit, et cela rejoint l'histoire des rimes, les mots que tu choisis, les tournures, auront un impact sur la manière dont nous percevrons le texte. Dans "Oiseau, Flamme, Phenix", tu utilises "la Dame sait pourquoi", et j'y ai fait remarquer que cela reprenait l'expression populaire "Dieu sait pourquoi". Ces expressions sont de registre familier, on ne s'attend pas à les trouver en poésie, pas dans des récits où on trouve des Démons, des royaumes et des déesses. Pas si tu veux être pris au sérieux.
Je t'aurais parlé de la transition entre l'homme et le guerrier, et la représentation de cet homme en trois personnes. Je me serais arrêté sur le choix des emblèmes pour la Dame, notamment ce Miel, et j'aurais discuté le choix de briser l'épée. J'avais même abordé ce seul mot, un détail, le "transpercé" de la dernière strophe, à mon souvenir, quatrième vers, qui laisse entendre que l'homme est bien mort, et j'en aurais expliqué les forces et les faiblesses. Enfin, j'aurais discuté longuement de ce phare, de la mise en place de l'allégorie, son impact, les parallèles avec la première scène, et les mots employés qui les relient comme "mur".
Mais, de même que je ne peux décemment pas demander à mes lecteurs de discuter le fond de mes textes quand je le leur cache par tous les moyens, et que je sais mon texte peu clair, je ne peux pas non plus me lancer dans l'interprétation du tien sans savoir si les formes que j'interprète sont volontaires, ou s'il s'agit de la conjonction du hasard.
Si tu me crois autant, si mon avis t'importe, alors laisse-moi te dire que tu n'es, comme nous, que la graine d'un fruit, qui germe à peine, mais que tout ce qui bloque ta croissance, ce n'est pas une avalanche, ce n'est que de la terre fertile.
Et j'ai peur, pour devoir être sincère, de te dire que tu n'as pas encore rencontré la terre aride au-dessus.
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- Xlatoc
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Je ne retrouves pas "le Banquet" sur Chroniques, mais je l'avais lu, et j'avais bien aimé moi, alors bon.
J'ai relu mon texte (Sacrifice) à tête reposée, et à la lumière de tes commentaires. Et là, je dos bien avouer, que, boudiou, des explications je vous dois. Moi-même, après tant d'années, j'avais du mal à en resaisir le sens exact. Le problème avec ma "méthode" d'écriture, c'est que généralement, je commence sur un thème, et puis une image, un son, un vers me pousse à aller plus loin dans son sens, et ainsi de suite, et j'arrive complètement ailleurs du sujet de départ, avant de me rattraper sur la fin, parfois par une courbette surréaliste et grossière. C'est moins le cas pour Sacrifice, pour d'autres, c'est atroce.
Tu n'as donc pas à t'excuser : tu utilises pour comprendre ce que tu aimes et que tu connais. Qui, dès lors, pourrait t'en vouloir ? Car tes outils ont aussi leurs atouts, comme tu vas le voir dans ce qui suit.
Je vais faire un peu de "3615 my life" : ayant fais des études de bio, travaillant en écologie, j'ai choisi cette voie pour plusieurs raisons, et parmi elles : il est fréquent de travailler sur un sujet en ayant certaines bases, de créer un modèle, de le valider pendant des années, et puis finalement le mettre à la poubelle, ou presque, au vu de nouvelles découvertes. Le vie est un petit poisson agile, chaque fois que l'on croit le tenir, il s'échappe. Cela me fascine, j'aime à me dire que nos connaissances sont très faillibles, qu'aucune méthode ne sera jamais définitivement la bonne de manière générale. D'où mon rejet pour la majorité des grilles d'analyse, que pourtant j'utilise aussi, parce qu'elles apportent des informations malgré tous leurs défauts.
Je suis loin de me comparer aux grands auteurs, j'essaie de me faire plaisir et de faire plaisir en écrivant. C'est tout. Et tes textes à toi sont superbes, franchement, pour ce que j'en ai lu, cela vaut le détour. Et on ne peut écrire si l'on n'a pas de coeur/est insensible. Ecrire, c'est transmettre une émotion, une idée. Pour cela, il faut toucher à la corde sensible.
Je pense que tes grilles d'analyses peuvent te permettre de toucher au fond, si tu les abordes différemment. Relever les figures te fais pointer sur les moments forts d'un texte. Et quoique j'en dise, une figure, inconsciente ou voulue, est un moyen d'attirer l'attention. La grille, en te pointant les moments intéressants, peut te guider sur le fond, car une fois la figure isolée, deux voies s'offrent à toi :
- La première, celle que tu as choisie, que je serais bien incapable de décrire correctement, l'ayant rangé au fond de ma tête depuis longtemps, et que tu connais bien, donc il serait superflu et pédant de ma part que de penser la définir.
- La seconde consiste à s'arrêter au constat de "quelque chose est en lumière ici". Viennent ensuite deux interrogations : "qu'est-ce qui est en lumière ? Pourquoi ?" Tu ne pourras raisonnablement pas toucher exactement au "pourquoi", l'auteur lui-même ne sachant pas forcément "pourquoi". Alors, vas-y franchement : appropries-toi le texte. Une figure met un point en valeur, mais ce point n'a de valeur que dans son ensemble. Relis le vers, la strophe, plusieurs fois, à voix haute. Change le rythme, l'accent tonique, trouve toutes les impressions qu'il est possible de dégager par cette seule figure de ta grille t'a révélé. Et choisi TON impression, n'aies pas peur de te dire que ce n'est pas celle que l'auteur a voulue. Un texte, c'est un petit cadeau, une partie de l'esprit de l'auteur. Ce legs, tu es libre d'en faire ce qu'il te plaît. Personnellement, je pense que si à la lecture d'un de mes textes, tu as ressenti quelque chose de propre à toi-même, alors ce texte est réussi. Je ne sais pas se cela est très clair, mais j'espère que cela pourra t'aider à toucher au fond.
Passons à la critique et l'explication du Sacrifice :
- Pour les rimes Menton/Démons etc...tu as parfaitement raison, et Monthy aussi (que je remercie pour sa critique au passage, désolé, je ne t'oublie pas) l'impression dégagée est molle. Je n'ai pas d'explication, juste que j'étais mauvais en rimes, encore plus que maintenant.
- J'adore les rejets et contre-rejet (et puis maintenant, je sais comment cela s'appelle...youhou !). C'est aussi simple que cela. Lorsque je traitais mes premiers gribouillis verbiaux avec "un vers/une phrase", la douceur, la souplesse, la fluidité me manquait à la lecture à voie haute. Alors souvent je coupe. Bon, ici, c'est clair, j'en ai sans doute trop fait, l'enthousiasme peut-être. Mais comme tu l'as dis, le but est de faire violence par un enchaînement rapide entre les vers, sans coupure. Après, il y a des endroits où il y a des virgules, et cela pourrit carrément la lecture, je suis bien d'accord. Le fait est qu'elle vienne d'un vieux réflexe de virgule en fin de vers, que je mets au brouillon. Et j'ai du oublier de les enlever au passage au propre. Je vais retravailler cela.
- La répétition du son ï donne un effet d'acouphène à la strophe. Enfin, c'était le but. C'est effectivement la partie que j'ai le plus travaillé (ivre du livre de ..), et celle que j'aime le moins, cf. plus haut
- Le reste, je ne comprend pas toujours ce que tu veux dire, alors j'espère que ce qui va suivre va nous aider à nous entendre.
Comment je vois ce poème, moi, à l'écriture.
L'image que j'avais en tête pour la première strophe, c'est le Sacrifice Aztèque, vu doublement depuis l'extérieur et le "bas de la pyramide". Dans ce contexte, le terme "éclatant" prend pour moi tout son sens. Le sacrifié est offert pour permettre aux autres de vivre. Il est en quête d'un bonheur, mais pas le sien, un bonheur plus grand. (NB : toujours pour la même image, on sacrifiais pour permettre au monde de continuer à tourner) L'aurore boréale, c'est une image : le sang qui explose, l'âme qui se libère, la lumière recouvrant le monde...juste une impression étrange, pour faire tiquer.
Je joue clairement sur le doute de distinction entre le meurtrier et la victime.
Les deux strophes suivantes rapprochent les deux personnages : chacun agit par devoir, et par amour. On pose seulement la question : peut-on mourir/tuer par amour ? Je ne sais pas, honnêtement. Ici, je place le contexte avec deux êtres qui aiment on ne sait quoi. Et cet amour est intense, les rend fou, leur murmure d'agir. Ils agissent, et cela les soulage. Le sacrifié s'étend sur la pierre sacrificielle, le prêtre s'étend dans son geste meurtrier.
La strophe suivante me montre l'image d'un homme dans une sombre cellule, seul, triste, avec le manteau de plume des futures sacrifiés. En figure quasi-christique, il a choisi d'être victime, espérant dans sa folie, son rêve, que cela donnera peut-être un monde meilleur. Mais il doute, sent ses forces le quitter, sa résolution faiblir (larmes de l'abandon...).
On passe ensuite à l'Homme, avec une majuscule. On magnifie la victime qui retrouve sa grandeur. Je perçois ce que j'ai écrit de deux façons :
- Lutte interne de la personne face à ses propres peur (dents/cornes/démons...)
- Cheminement jusqu'au sommet de la pyramide, à travers la foule (cris, sang...)
La confusion est énorme dans l'esprit de la personne. Elle est vraisemblablement sous narcotique, et en pleine transe à force de prier. Par contre, je n'ai pas d'explication à l'épée brisée. Quand j'ai "vu" l'action, l'épée était brisée, alors j'ai écrit ça...(il faut comprendre que lorsque j'écris, je ressens et vois un peu ce que je retranscris. Je ne sais pas si c'est clair...)
EDIT : Il faut comprendre que toutes ces strophes se visionnent aussi bien du point de vue du prêtre que de la victime. En fait, si les manifestations physiques (masque, épée brisée faisant référence au poignard...) sont propres au prêtre, les images mentales sont plus propres à la victime. Par contre, ce que chacun sacrifie est différent : la victime sacrifie son corps, le prêtre son âme. Oui, je vois vraiment cette scène, cet instant comme un double sacrifice, une immolation partagée des deux êtres, l'une mentale l'autre corporelle. Pour reprendre un terme technique, on a en fait un genre de chiasme, mais pas à l'échelle du vocabulaire.
- Lumière de l'Espoir : espoir d'un monde meilleur. Espoir que son action ne sera pas vaine. Utilité avérée de l'action par le terme "victoire".
Dernière strophe : on continue avec la confusion réalité/pensée, mais vraiment sur la victime ici. La confusion est d'autant plus présente qu'il semble que, dans les deux univers, la Déesse parle et guide. L'émotion sainte, c'est l'amour. Soleil de Miel et d'Or...rappel la Déesse de Miel, mais avec une différence : l'Or. Le Soleil n'est pas Dieu. Retour à la réalité pour le dernier souffle de vie, avec satisfaction, gloire, car conscience que tout cela n'a pas été vain.
Je ne sais pas si c'est plus clair...n'hésitez pas à demander des éclaircissement. Je vous avoue qu'il est obscur aussi pour moi...c'est le problème d'écrire en automatique...Et si vous vous posez la question de savoir si oui ou non il y a deux personnes (victime/prêtre) ou pas, franchement, je suis incapable de vous répondre. A vous de décider.
Et j'ai peur, pour devoir être sincère, de te dire que tu n'as pas encore rencontré la terre aride au-dessus.
Honte...j'ai pas compris l'image...tu peux expliciter s'il te plaît ??
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- Vuld Edone
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Puisque nous nous sommes entendus, inutile de revenir sur nos méthodes respectives de lecture et d'écriture, qui au final sont toujours assez proches.
Pour la première strophe, je peux commencer par te conseiller de remplacer "poignard sur le coeur" par "poignard sur l'autel". Il n'y aura dès lors plus aucun doute sur le sens à donner de "sacrifice" (même si l'interprétation du sacrifice de la personne pour les autres sera maintenue, ce qui t'arrange).
La rime "bonheur" va alors disparaître, profite-en pour changer ce mot, trop général, trop usé pour faire assez de sens, et reformuler le second vers. Avec mes grilles d'écriture, le premier mot qui me vient à l'esprit est "appel", et là tu retrouverais l'idée d'invoquer la Déesse, mais alors l'idée d'altruisme, de sacrifice justement, disparaît.
La meilleure solution serait donc de remplacer "humble et simple" (detête), plutôt vague, par cette idée de pureté et d'altruisme. Trouve le mot qui puisse les signifier les deux. A mon sens, ce serait "volontaire", mais là encore, ça reste faible. Le nom d'homme dans ton texte est important, il revient souvent et fait le lien entre les parties, c'est un repère, mais tu peux le modifier en dernier recours pour obtenir ton effet. Pourquoi pas : "Sacrifié, coeur ouvert de l'homme dans un appel", treize syllabes (si je compte bien), ce qui satisfait à peu près tes conditions.
J'avais décrit dans mon discours dense (et brute) une ambivalence, à savoir que l'action était tantôt présentée comme positive, souhaitable, et tantôt comme négative, horrible. En modifiant, tu pourrais perdre cette ambivalence, spécialité de mes textes pour perdre le lecteur. Néanmoins, à toi de voir l'effet que tu désires, et si cette tension n'était pas souhaitable ("coeur ouvert de..." me semble encore trop plat). Je dois juste dire que la distinction, claire en début de rime, ne l'est pas à l'intérieur, et les mots prêtent au final assez à confusion.
La solution pour l'aurore boréale est très simple : applique l'hypallage. "Aurore boréale" est un nom composé, définissant une réalité connue de tous. Supprime "aurore", ne conserve que "boréale" que tu peux appliquer au nom que tu voudras. Pourquoi pas, directement à "naissance". Ajuste les sons et le sens et tu devrais obtenir ton impression étrange, qui fait tiquer.
A propos de la seconde strophe, tu dis que le prêtre agit par devoir, mais tu décris au vers deux qu'il pourrait "s'enfuir" : c'est le comportement d'un criminel. A ce vers, la voix du narrateur laisse entendre "c'est mal et il le sait".
Ce rapprochement que tu fais, vers trois, est très fort, trop sans doute, puisqu'à terme, et après analyse, je n'ai pu conclure qu'une chose, à savoir que prêtre et sacrifié ne faisaient qu'un. En ne parlant qu'une fois de "devoir", en vers trois de la seconde strophe, tu pousses fortement à cette interprétation, du reste celle qui donne le plus de force et le plus de signification au poème.
Quant à l'extension sur l'autel, nous ne savons pas que cet autel existe, nous ne visualisons presque rien. Le vocabulaire est très abstraits, ne serait-ce que "cris de son âme". Je ne peux pas en dire grand-chose de plus, cette troisième strophe, dans son fond, n'a que peu de valeur.
Tu décris la quatrième strophe comme un saut vers un autre contexte, une autre situation. Cependant, tu reprends pour le désigner le terme de "sacrifié", vers un, employé à la première strophe pour la première situation. Ce mot crée un pont qui fait croire qu'il s'agit toujours de la même personne, que nous parlons toujours de la même chose. Tu n'as placé de transition.
Cela empire quand tu sais que l'interprétation, jusqu'ici, porte à croire que prêtre et sacrifié ne font qu'un : "s'est désigné victime" renforce cette idée et l'unité entre les deux passages. Or, comme tu as pensé cette quatrième strophe comme un passage totalement détaché, elle nuit au sens du début du poème et trompe l'interprétation.
Tu as oublié, pour cette strophe et les suivantes, qu'un poème est une unité, lu comme tel.
L'épée brisée est l'impuissance, la faiblesse, peu importe comment tu l'appelles. Ton personnage luttant contre ses peurs, l'épée brisée est l'annonce de sa défaite autant que sa souffrance, en somme, elle représente l'état même du personnage.
Mais en texte, dans le cotexte (le contexte du texte, ils ont inventé un mot pour ça), cette épée brisée, tout comme les actions de l'Homme, ont un tout autre sens. A commencer par remarquer que tu mets trop souvent des majuscules, ce qui brouille la lecture. L'Amour avec majuscule ne se justifiait pas, et les Démons, même si ce "d" répond au "d" de "Déesse", n'ont qu'un rôle bien trop secondaire dans ce poème pour mériter une si grande force.
Je voudrais d'abord te montrer, comme je l'ai fait pour la quatrième strophe, pourquoi la cinquième est lue en continuité : l'homme, même avec une majuscule, reste un homme, aussi l'associe-t-on aux précédents. Tu dis "dos au mur", premier vers, tout comme tu parlais du mur, vers trois de la quatrième strophe. Ce procédé de reprise est l'un des plus simples pour maintenir l'unité, quand au contraire tu voudrais passer à autre chose.
Dans ce contexte, l'épée brisée est interprétée comme le poignard sacrificiel, ce poignard qui apparaissait déjà en première strophe. Tout ce passage apparaît alors comme une allégorie, une représentation abstraite, avec des démons, des déesses, du sacrifice du départ. Je te laisse juger alors de la difficulté à interpréter l'idée d'affronter ses peurs avec ce qui précédait, l'amour et l'abandon.
-Sur une note plus personnelle, je comprends parfaitement ce que tu veux dire, j'ai moi-même ce défaut de m'en tenir à ce que j'ai vu, même si cela ne peut pas faire de sens au lecteur.-
Ce qu'il manque, à mon avis, ce serait un avertissement en départ, d'une strophe ou d'un vers, ou même d'un mot, qui avertisse le lecteur que nous allons voir diverses formes de sacrifices. Ou alors, à chaque changement de scène, par un mot bref, "ailleurs" ou "là-bas", avertis de ce changement. Une bonne idée serait, comme en introduction de dissertation, à la première strophe de lister ces différents sacrifices, pour que le lecteur les retrouve ensuite par lui-même et les reconnaisse, ce qui suffira à séparer les parties.
Comme tu t'en doutes désormais, arrivé aux dernières strophes, le lecteur est complètement perdu. Impossible de dire s'il s'agit d'un quatrième sacrifice. Comme je m'y attendais, le sens que j'ai donné à ton texte est à des éons de la vérité. La confusion de la réalité et de la pensée est présente, mais saturée par les précédentes interprétations. Comme je l'ai laissé entendre brièvement, "transpercé" rappelle le sacrifice des trois premières strophes, et le retour du poignard également.
Là aussi, tu aurais avantage à placer une conclusion, toujours sur le principe de la dissertation qui est un principe rhétorique, adapté à tous les textes. Tu présentes trois sortes de sacrifice, reprends les trois au début et à la fin, compare-les, exploite cette multiplicité. S'il y en a quatre, présente-en quatre.
Quant à cette Déesse, qui rappelle ce personnage qui te hante, elle est associée à l'amour avec succès, mais cela ne profite pas au sens que tu voudrais donner. Ton préambule aide moins encore, en parlant d'invocation, de venue de la Déesse, faisant d'elle un personnage historique (dans ta fiction). Comme je l'ai dit, l'interprétation la plus facile à partir de la cinquième strophe est celle de l'allégorie, ce qui fait que la Dame n'est que la représentation d'une autre réalité. Qu'elle se maintienne à la fin rend cette allégorie presque impossible à interpréter, d'où mon idée d'un personnage historique représenté comme une Déesse, lié à l'Amour, donc une amante. Nous sommes loin, trop loin de la Déesse que tu voulais.
A propos de l'Or, qui me pousse à te demander ce que signifie l'Ambre, il n'est pas associé intuitivement au soleil. J'avais moi-même associé le rouge au sang, tant il est courant pour moi de lire des histoires où cette association est directe, mais en contexte, personne n'a fait spontanément cette association, et le sens s'est perdu. Il t'arrive la même chose, l'Or n'est pas lié au soleil, d'autant plus qu'il appartient à une liste de trois éléments, ce qui réduit l'attention sur lui, même en rime. L'idée que le Soleil n'est pas Dieu n'est pas évidente dans un monde fictif, déjà discutable dans la réalité (selon les croyances). Surtout si tu as fait appel, aux premières strophes, aux sacrifices Aztèques. Le soleil n'était-il pas un dieu pour eux ?
Il te faudrait rendre saillante une problématique de la réalité, en lien avec le sacrifice, pour permettre l'interprétation de l'Or. Même alors, une ruse pourrait être nécessaire pour faciliter l'association de ce terme au soleil par le lecteur.
Je ne sais pas si c'est plus clair... tu as associé trois à quatre sacrifices, afin de faire ressortir leurs points communs (c'est la démarche par défaut). Dans l'idéal, chaque situation aurait dû répéter la précédente, ou du moins, dans la forme, compter le même nombre de strophes. Il s'agissait pour toi de donner quatre situations différentes, quatre scènes, chacune donnant une morale différente, chacune étoffant la morale du sacrifice. En somme, tu décris ce mot, par un inventaire que tu voudrais exhaustif ou du moins représentatif, ce qui est un type de dissertation existant et un rôle connu de la poésie.
Mais à mon avis, ton message est plutôt, après lecture de ton entrevue, celui du rêve contre la réalité, le droit d'espérer et la défense de cet espoir.
Quant à nous, lecteurs, au moins moi et mes grilles, j'y ai interprété l'histoire d'un homme, qui abandonné par son amour se suicide et retrouve son aimée au dernier instant. Cette interprétation peut être double, selon sur quelle partie on fixe la plus grand importance, à savoir que le suicide pourrait être l'image d'ouvrir son cœur à l'autre, de tout lui dire, ce que j'appelle "franchir le pas" : ne pas avoir peur de s'exposer à l'autre en lui disant tout. Dans les deux cas, mon interprétation est trop terre-à-terre, à l'opposé de ce que tu réalisais.
C'est ce que, dans mon message brute et "dense" (de l'anglais), j'essayais de te dire.
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- Xlatoc
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Quant à nous, lecteurs, au moins moi et mes grilles, j'y ai interprété l'histoire d'un homme, qui abandonné par son amour se suicide et retrouve son aimée au dernier instant. Cette interprétation peut être double, selon sur quelle partie on fixe la plus grand importance, à savoir que le suicide pourrait être l'image d'ouvrir son cœur à l'autre, de tout lui dire, ce que j'appelle "franchir le pas" : ne pas avoir peur de s'exposer à l'autre en lui disant tout. Dans les deux cas, mon interprétation est trop terre-à-terre, à l'opposé de ce que tu réalisais.
Continue, j'adore ! Comment dire...Tu as donné un sens à un texte, tu l'as vu à ta façon, pour lui offrir une signification personnelle (entendre : signification pour toi), que je n'avais à priori pas pensée. Mon objectif est donc atteint, puisque je ne veux que donner une matière à mes lecteurs, et que ceux-ci se l'approprient, qu'ils voient ce que bon leur semble. Donc, je suis ravi !
Tu y vois un inventaire, là où il n'y a qu'une seule scène pour moi. Encore mieux ! N'ayant pas a priori visualisé plusieurs sacrifices, je n'ai donc pas jugé nécessaire les coupures/introductions que tu me proposes.
d'où mon idée d'un personnage historique représenté comme une Déesse, lié à l'Amour, donc une amante. Nous sommes loin, trop loin de la Déesse que tu voulais.
SPOILER SPOILER : Ben si...c'était ça que je voulais. Tu casses tout là END END END
L'Ambre, c'est la vie immortalisé. Sève/sang figé, sculpté pour traverser les âges. Avec une couleur douce et chaude, qui rappelle celle du miel. Et l'Ambre emmène d'autre vies avec lui dans sont chemin vers l'immortalité. Matière donc idéale pour ce que je souhaite de ma Déesse.
Toutes tes autres remarques sur la forme, et suggestions, sont d'excellentes pistes pour m'améliorer. Merci ! Je vais peut-être réécrire et repenser avec ces choses. Sauf pour s'enfuir. Pour moi, ce n'est pas mal, à priori. Mais là, c'est de la sensibilité personnelle.
Encore merci ! Et à toi aussi Monthy, tes remarques sont intéressantes, et je m'étonne que tu cites en bon passage celui qui me déplaît le plus. Enfin, cela m'étonne et me fait plaisir, pour les mêmes raisons que citées plus haut. Tu t'es approprié le sens de mon poème à ta façon. C'est cool !
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- Leste-Plume
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Xlatoc écrit: Je vous avoue qu'il est obscur aussi pour moi...c'est le problème d'écrire en automatique...Et si vous vous posez la question de savoir si oui ou non il y a deux personnes (victime/prêtre) ou pas, franchement, je suis incapable de vous répondre. A vous de décider.
Xlatoc écrit: Tu as donné un sens à un texte, tu l'as vu à ta façon, pour lui offrir une signification personnelle (entendre : signification pour toi), que je n'avais à priori pas pensée. Mon objectif est donc atteint, puisque je ne veux que donner une matière à mes lecteurs, et que ceux-ci se l'approprient, qu'ils voient ce que bon leur semble. Donc, je suis ravi !
J'avoue que ce genre d'approche me met assez mal à l'aise. Je ne critique pas ta manière de concevoir tes oeuvres mais je souhaite me positionner afin d'expliquer pourquoi je n'y adhère pas.
Lorsque j'écris un texte, je veux faire passer une idée, un concept, une impression etc... Mon lecteur DOIT recevoir mon message. si d'après les retours je me rends compte que l'idée n'est pas passée, je me remets à ma planche à dessin et je retravaille jusqu'à aboutir à mon objectif.
Si j'ai voulu faire passer le Noir et que le lecteur a vu le Blanc pour moi c'est un échec. Je pourrais aussi si j'étais talentueux écrire selon plusieurs niveaux d'écriture et distiller plusieurs messages par exemple le Noir ET le Blanc. Certains lecteurs verront le Noir, d'autres verront le Blanc et les plus perspicaces verront les deux (voire le Gris pq pas). Mais si mes lecteurs ne voient ni le Blanc ni le Noir mais pensent au Bleu, Vert, Rouge ou que sais-je, à nouveau c'est synonyme d'échec pour moi.
Pour moi il n'est pas correct d'écrire en pensant Noir et de se satisfaire de ce que les lecteurs ont vu toutes les couleurs de l'arc-en-ciel sauf ce que je voulais réellement transmettre.
Je laisse la parole à Léon Gard qui exprime l'idée plus clairement qu'avec mon exemple débile des couleurs
L’auteur d’un écrit a une intention sinon il n’a aucune raison d’écrire. Or, s’il écrit de façon tellement confuse que le lecteur ne puisse parvenir à savoir quelle est cette intention et qu’il fasse une hypothèse de ce que l’auteur a voulu dire, il risque de se donner beaucoup de peine pour comprendre autre chose et de supposer une intention où il n’y en avait pas. Une idée confuse ou une absence d’idée d’apparence énigmatique n’est pas une idée cachée. Dans l’ésotérisme, l’idée réelle est cachée parce que réservée à des initiés mais elle existe et est seulement enveloppée d’une forme symbolique qui la représente. L’incompréhensible a été en vogue dans la littérature, dans la peinture, parce que la mode interprétait toujours favorablement l’incompréhensible en lui supposant des sous-entendus profonds. La mode aime beaucoup les énigmes.
J'ai du mal avec la poésie car c'est sans doute l'art littéraire qui fait le plus appel à des abstractions. Or quand je lis une oeuvre je veux automatiquement en saisir la substantifique moelle, percevoir l'objectif de l'auteur, comprendre pleinement son message. Je peux ne pas être d'accord avec son idée et y confronter mon propre système de valeurs mais au moins j'entrevois son objectif.
Mais je refuse de me donner du mal à essayer de comprendre une oeuvre (poème, peinture etc...) dont les contours sont flous y compris pour l'artiste lui-même; ce qui arrive souvent quand l'artiste laisse courir sa plume ou son pinceau en ne se laissant guider que par son émotion.
Pour en revenir à Sacrifice je n'ai pas de critique sur la forme car je ne suis pas compétent. je ne maitrise pas les outils et de toute façon le renard est déjà passé par là
en ce qui concerne le fond, le début du poème a tout de suite évoqué pour moi le sacrifice humain style aztèque avec prêtre officiant et victime résignée. aussi j'ai été dérouté par les strophes évoquant le combat contre les démons. J'ai en vain cherché le lien entre le combattant et le sacrifié car il ne peut s'agir de la même personne.
j'essaye d'appréhender l'état d'esprit du sacrifié. comment conçoit-il son sacrifice? cela fait-il partie de la quête du bonheur dont tu fais allusion? mais dans ce cas pourquoi faire intervenir la notion contraignante de "devoir avant tout" qui peut sembler contradictoire avec une libre course vers le bonheur.
Mais, le devoir avant tout, l’homme, ivre
Du livre de l’Amour ne pourra plus ouïr.
j'aimerais comprendre ce que tu entends par ivre du livre de l'Amour et le rapport avec le contexte du sacrifice
Le sacrifié, noble âme, au cœur pur,
Voilé des masques des rêves et du fou
si tu pouvais m'éclairer sur le sens du vers en gras.
enfin je ne vais pas non plus te demander de m'expliquer chaque vers incompris. ce serait trop fastidieux pour toi et puis je suppose que ce n'était pas ton but. Mes collègues ont certainement directement visualisé tes images. Je mettrai mon manque de compréhension sur le compte de mes insuffisances intellectuelles (cf ma critique du texte feurnardien).
un détail qui me chipote cependant. Est-ce un sacrifice en l'honneur de la déesse évoquée. Le prêtre est-il en fait un serviteur de la déesse d'ambre? je me pose la question car au dernier vers le coeur du sacrifié semble devenir une offrande à la divinité. Ce qui comble de bonheur le sacrifié. Mais alors si le sacrificateur est au service de la déesse aux yeux de miel pq est-il décrit comme décadent et horreur magistrale?
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- Zarathoustra
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Bon, les poèmes dans les Chroniques, c'est toujours un peu délicat. Déjà parce que lire un poème, c'est forcément (un peu) deux choses:
- Se replonger dans les cours de français (et qu'ils sont lointain pour moi!!!)
- Se replonger dans l'âge où on ose en écrire.
Pourtant tu avoues ne pas aimer être décortiqué comme à l'école. Donc, difficile de savoir ce que tu attends de nous. Voilà en petit préambule.
Pour le reste, je dirai qu'écrire un poème en vers mais de prendre des libertés sur la métrique (???? heu, l'art de mettre des phrases avec une contrainte en nombre de pieds?) n'a pas trop^de sens. Reste les images poétiques... Il semblerait qu'elle s'intègre en plus à l'intérieur d'un univers que tu as créé mais qui nous est, hélas, inconnu. Bon, ça n'empêche pas de saisir le sens, même si le procédé est artificiel.
En fait, si ce texte fait partout d'un tout, comme le laisse suggérer le petit préambule, alors, je pense qu'il prend sens, mais sorti de là, l'exercice mériterait un peu plus de rigueur, car la poésie, si tu voulais qu'on te juge sur ce qu'elle implique, est d'un tout autre registre.
J'ai beaucoup parlé pour ne rien dire, mais Feurnard a abbattuun tel travail que les quelques notes que j'ai noté sont complètement creuses à côté.
Donc je pense que tu gagnerais à nous donner le tout plutôt qu'un morceau, car même pour Tolkien, tout n'est pas forcément à prendre hors du contexte de ses légendes, mais, les pauses dans ses récits avec les chants et poèmes contribuent à la magie de l'ensemble.
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- Xlatoc
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Selon moi, et d'après mes souvenirs scolaires, il y a 2 formes d'art : l'art qui fait passer quelque chose, que tu as défini Lest-Plume, et l'art pour l'art, qui se suffit à lui-même.
Dans certains textes, tels que Oiseau, Flamme, Phénix, je réfléchi, et cherche donc à faire passer un message. Dans Sacrifice, je n'ai pas réfléchi au texte. Il est venu, point barre. Je ne l'ai pas fait passé, je l'ai donné...je ne sais pas si la nuance est perceptible.
Bref, ce sont deux choses différentes : faire passer ou offrir. Je pense qu'avant toute analyse, il est de bon ton que l'auteur classe son oeuvre entre ces deux choses. (OK, je l'ai pas fait, c'est parce que je m'en rends compte maintenant) Alors je pose la question : parce qu'une réalisation n'a pas de message direct, d'objet, ou de contours (là par contre, je ne suis pas d'accord avec toi : les contours sont toujours nets à mes yeux, c'est la substance qui parfois échappe...enfin bon) définis, est-elle moins bonne qu'une autre ? Je ne pense pas, sinon Sacrifice ne serait pas l'un de mes préférés. Je pense que ce sont simplement deux choses différentes, comme la musique et le rap peuvent l'être : deux modes d'expression. Aucun ne prévaut l'autre. Après, je ne suis pas réceptif au rap, peut-être ne l'es-tu pas avec ce genre de texte.
De plus, de mon point de vue, en décortiquant, on fini toujours par donner des intentions à l'artiste qu'il n'avait pas. Mais c'est mon point de vue.
Enfin, pour quelqu'un qui n'aime pas ce genre d'écrits, tu vois la même scène que moi au départ...
Le sacrifié conçoit son sacrifice comme un mal nécessaire à un bien plus grand. Il DOIT le faire, il sait que c'est bien, mais au dernier moment, il a du mal. Pense au Christ sur le mont des Oliviers, pendant la Passion. Lui-même n'a-t-il pas eut peur ? Lui-même n'a-t-il pas hésité ? Aussi, je ne vois pas pourquoi le Sacrifié n'aurait pas quelques frayeurs, même sous l'emprise de la drogue.
Il se sacrifie par amour pour d'autres, par amour un concept, une divinité peut-être.... Le livre de l'amour, c'est à la fois les textes sacrés, mais son propre esprit qu'il entend. Son esprit étant imprégné de ses textes.
Pour les masques, il s'agit bien évidemment des masques rituels, mais aussi des masques "mentaux" que l'on arbore parfois, où que d'autres nous mettent. Le masque des rêves, c'est le sien : il est, malgré tout, pris dans son espoir, son rêve. Le masque du fou, c'est celui que d'autres peuvent lui donner : même s'ils respectent, espèrent, admirent, il peuvent penser qu'il est un peu atteint. De toutes façons, je pense que pour tuer un être humain de sang-froid, ou s'immoler de soi-même, une dose de folie est nécessaire. Elle peut cependant être apportée par les drogues, comme souvent chez les aztèques.
Au moment du sacrifice, la déesse d'ambre n'est pas encore vraiment là. Ce qui n'empêche pas prêtre et sacrifiés (plus ou moins la même personne d'ailleurs) d'agir en son nom. Le sacrifice indique sa venue. Mais un sacrifice humain est toujours une horreur à éliminer ou un début de décadence dans une civilisation : les mayas on sacrifiés des hommes sur leur déclin, les aztèques pensaient à arrêter les sacrifices humains avant d'être exterminés par les espagnols, le sacrifice avorté d'Abraham représente la fin des sacrifices humains par les hébreux...
Je prends tes conseils en note Zara ! Mais difficile de placer de la rigueur dans un texte écrit de cette façon sans le casser...
Merci à tous !
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- Zarathoustra
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Pourtant c'est certainement là que commence le vrai travail d'écriture: l'art de la trascendance...Je prends tes conseils en note Zara ! Mais difficile de placer de la rigueur dans un texte écrit de cette façon sans le casser...
En fait, je pense que tu as ceratainement tout pour réussir un texte, pas un poème. Ou alors ton poéme n'est que le début de ce poème à écrire. Je veux dire pa là que tu as le fond, mais il te reste à trouver la forme qui convient pour trouver l'harmonie entre ton fond et la forme. Pour l'instant tu n'as pas tout à fait le choix jusqu'au bout.
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