[Juillet 2008] Portrait des jours anciens : le Sorcier
- Xlatoc
- Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Messages : 106
Au départ, j'avais lu bien avant juste la dernière phrase du texte, et j'en avais été ébloui.
Lu entier aujourd'hui, accompagné d'une douce musique (Hajime Mizoguchi), je n'aurai qu'un mot : merveilleux.
Du début à la fin de ce trop court portrait, je me suis agréablement perdu dans tes métaphores, lascivement laissé engloutir sous ta maîtrise, comme un faon sous la neige que tu peins si bien. Quel délice et audace que de comparer la neige à une étreinte sensuelle ! Quel douceur, quel choix judicieux pour nous amener devant la cruauté et froideur de l'immolation d'une sorcière, devant la haine de la foule !
Je n'ai rien lu d'autre, mais je ne vois pas qui pourrait égaler cela, honnêtement.
Malgré tout, quelques points me restent obscurs : la personne qui commente la scène, est-ce le Sorcier Jezeb ? Il se confond avec la sorcière, je suppose que c'est voulu, mais au final, il ne s'agit pas de la même personne n'est-ce pas ?
Je pense que le cri de haine du paragraphe 3 est énoncé par les deux personnages, chacun pour lui-même, d'où la confusion. J'ai bon ?
Puis, Jezeb retourne à ses commentaires méditatif.
C'est rondement mené, d'une main de maître de surcroît, et j'ai beau lire et relire, je ne vois qu'un défaut : trop court. Mais eut-il été plus long, il en aurait, je crois été moins bon.
Xlatoc, admiratif.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Krycek
- Hors Ligne
- Messages : 2935
Mais je m'explique :
Je les ai mises en rouge, les fautives et maudites : les virgules. AMHA il y a un léger excès de virgule, sans parler de leur positionnement parfois douteux. Ainsi à la lecture, on n'est pas transporté par un quelquonque rythme que l'on attribuerait au vent soufflant la neige, mais plutôt peiné, s'arrêtant pour faire le lien entre les propositions, avoir le sens global de la phrase :Zara écrit: La neige tombe depuis si longtemps que, peu à peu, tout en est recouvert. Elle tombe encore et encore, encore et toujours, si bien que son poids immobilise toute vie. Tout devient uniformément blanc, tout se cache, tout se meurt sans même le savoir. Difficile de trouver la force de lutter, de ne pas succomber, paralysé, par son froid. Elle hante chaque pensée, engourdit toute joie et écrase notre volonté. Et pourtant, comme un battement de cœur, je suis dessous, vivant, calme, et j’ai encore un long chemin à faire, vide, seul, mais vivant.[...]
Ici par exemple, je n'ai pas du tout compris le rapport entre l'indifférence (discutable) de la neige et les défaites des mortels.Zara écrit: Indifférente, la neige continue sa chute sur les pauvres mortels, sans doute inconsciente de leurs défaites.
Ici tu brises ton effet final... puis-je proposer... allez :Zara écrit: Puis, d’un coup, c’est une véritable muraille et, plus encore, un château de carte qui s’écroule dans la tourmente.
Déjà la lecture est moins ralentie, tu pars d'une action brève "d'un coup" et la couperait de suite d'une virgule ? Je pars plutôt du principe qu'un "soudain" ou "tout à coup" doit avoir devant lui un route vide de ponctuation, incitant le lecteur à une lecture rapide, augmentant l'effet de rapidité.Krycek écrit: Puis d’un coup c’est une véritable muraille, et plus encore, un château de carte qui s’écroule dans la tourmente.
Mais bon, je sens déjà le renard arriver et me flanquer ces idées par terre.
Peu importe. Dernière remarque :
Je dois me méprendre sur l'effet souhaité. J'ai compris l'indifférence qui suinte du texte, simplement je pensait que la sorcière ne serait pas forcément satisfaite de mourir et, auquel cas, une idée de vengeance serait peut-être d'autant plus intéressante. Pourquoi pas "libre de tuer à son tour", "libre de se venger" ?Zara écrit: Cette nuit tombe la neige et meurt la sorcière, libre comme un enfant de jouer.
Oui, là je réécris le texte et ne suis pas en mon droit... j'attends ton retour Zara, ne serait-ce que pour en savoir plus.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Vuld Edone
- Hors Ligne
- Messages : 2178
Plus loin, je dirais qu'une fois encore, qu'il s'agisse du son ou du sens, quelle qu'en soit la raison certaines phrases m'arrêtent à leur fin par des rajouts, des "trop" comme j'en critique je crois dans le texte de Leste-Plume :
Suis-je le seul qui ai voulu mentalement effacer "par son froid" ? La virgule est peut-être la raison, en la supprimant ces trois derniers mots passent mieux mais je trouve la phrase plus forte sans eux. Ou alors je suis dans une période d'élagage et je plaque mes corrections excessives sur les autres.Difficile de trouver la force de lutter, de ne pas succomber, paralysé, par son froid.
Les images sont très bien utilisées, pour un texte si court l'unité a été très respectée et l'arrivée du rouge, qui m'a à peine retenue, a été en vérité très simple à identifier. "Cendres" y a certainement aidé, ainsi que l'idée du sorcier. Par contre : "je vois partout le rouge comme gronde le torrent." Ce torrent ne correspond pratiquement à rien, il semble plutôt un décor à part, un bruit de fond. C'est dans ce texte l'image qui me parle le moins.
Je pourrais me faire les mêmes reproches dans mes textes, j'apprends encore.
Pour un texte aussi court c'est cependant une maîtrise excellente, je reconnais le Zara' et même si parfois il y avait un peu trop de "moral" ou de théâtral pour me plaire l'ensemble est très réussi. Le passage du "je" au "il" lui-même est très bien employé. Très bon.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Zarathoustra
- Hors Ligne
- Messages : 2081
Concernant le paragraphe que Krycek, elles sont d'autant plus nécessaire qu'elles sont là pour montrer la difficulté d'avancer dans la neige. Menfin, pour moi, c'était ça (mais comme ça pose problème a priori dans d'autres de mes textes il faudra que je me surveille).
Dans un texte surchargé comme le mien, celle-là est effectivement de trop, voire incorrecte.de ne pas succomber, paralysé, par son froid
Donc vos remarque sur le sujet sont certainement pertinentes (et contribue certainement à l'édifice de mon style qui passe pour être un peu lourd). Donc merci de m'avoir ouvert les yeux.
Je reviendrais commenter plus en détail, car ce texte était au départ un petit poème. Et sa structure initiale a pas mal fixé les choses.
J'ai tendance à mélanger la techniques des correspondances de Beaudelaire et le "bleu comme une orange" des surréalistes. La juxtaposition de deux choses crée une 3eme. Ici, ce qui compte, c'est l'impression produite (s'il y en a une? ) qui compte. Et le sens est entre les deux, en quelque sorte. "Je vois du rouge partout", parce que c'est le flux vital qu'on voit et sent en nous lorsqu'on sert les yeux très fort, "le torrent", parce que tout ça bouillonne. C'est un paragraphe, de mémoire, qui se focalise sur l'interiorité.je vois partout le rouge comme gronde le torrent
Tu peux préciser?même si parfois il y avait un peu trop de "moral" ou de théâtral pour me plaire l'ensemble
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Vuld Edone
- Hors Ligne
- Messages : 2178
Après la virgule, avec le "comme" vient une notion de temps qui ne se retrouve pas dans le reste du texte mais par contre très connue, le "changement". Un véritable "topos" des temps modernes. La foule en l'occurrence aurait pu crier pour n'importe quoi, je me rappelle de ces textes vite faits où justement les gens s'amusaient à donner plein de sens à la même action pour à la fin faire dire "on crie pour crier".La foule crie son hystérie, comme si demain pouvait être différent.
Ici, "comme si demain pouvait être différent" signifie juste "demain sera le même" et ce message mis comme volonté de changement de la foule, niée contre la foule (je m'exprime mal), devient la volonté de la sorcière, sinon du narrateur. D'où "moral" au lecteur.
J'ai pris cet exemple pour deux raisons : parce qu'il est dans le dernier paragraphe, moment où le "il" prend largement le pas sur le "je", on ne peut pas l'imputer à la sorcière. Parce qu'il n'a aucun écho, aucune reprise dans l'histoire, parce qu'il est isolé on peut le critiquer pour cela et donc le remarquer. Néanmoins je critiquerais de même des morales liées à l'histoire et données à des personnages aussi longtemps que je trouverais des marques linguistiques qui l'imposent au lecteur.
Ce qui devient compliqué.
Le théâtral, par contre, je l'expliquerais difficilement.
Je pense que c'est de revoir les mêmes formules de la foule hystérique et du bûcher, du sorcier trop fier qui ravale ses cris, en somme, des images entendues, que je connais déjà, qui fait pour moi de ce texte un théâtre. Normalement j'utiliserais le terme soit pour indiquer trop de dialogues, soit pour indiquer qu'on voit le mécanisme du texte, là je dirais qu'il est artificiel. Pour celui-ci, c'est juste qu'il ne parvient pas à totalement recycler les stéréotypes.
Dernier détail, le rouge passe tout de suite pour la couleur du feu, donc le bûcher. On peut certes l'expliquer avec les yeux serrés mais à la première lecture c'est l'idée du bûcher qui prédomine largement.
Et là, pour reprendre Krycek, par économie de lecture je n'irais pas chercher plus loin. D'autant que c'est bien plus cohérent.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Krycek
- Hors Ligne
- Messages : 2935
Arf, je me demandais si j'allais le dire. Simple avis contraire de ma part ou réelle remarque, je ne sais pas : j'associait le rouge au sang et ne comprenais pas de ne pas en voir plus de présence par la suite (du sang). Par la suite j'ai fait le lien avec le feu, bien sûr... pour ce qui est de mon avis profond, le orange (ou jaune) est le feu. Disons que j'ai beaucoup réfléchi à ces couleurs en commençant le Roi Phoenix et en suis arrivé à l'idée que jaune/orange = feu = chaleur intense, quand le rouge est brulure, braise.Feurnard écrit: Dernier détail, le rouge passe tout de suite pour la couleur du feu, donc le bûcher.
Voilà peut-être pourquoi je cherchais d'où pouvait bien saigner la sorcière.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Xlatoc
- Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Messages : 106
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Vuld Edone
- Hors Ligne
- Messages : 2178
Sans quoi mes textes seraient facilement accessibles.
Cette Mise à Jour soulève pour moi la question "comment introduire un élément ?" Il aurait été facile d'obtenir le sens de Zara' si le sorcier n'avait pas été en train de regarder la foule. J'aurais attendu pour celui de Xlatoc des mots plus forts que "observe" et "ferveur", quelque chose qui signifie justement la fureur et pas seulement l'association au torrent. Le sens de Krycek me semble presque celui par défaut mais la moindre allusion à la douleur l'aurait renforcé.
C'est le "sous mes paupières" qu'a écrit Zara' qui me reprend puisque justement, de cette manière, il indique que le sorcier ferme les paupières. Maintenant, comme je le dis, il est en train d'observer la foule, la position de "sous mes paupières" ne suffit pas à le contrebalancer. Suis-je le seul à n'avoir pas réussi à me dire que le sorcier avait les paupières fermées ?
Peut-être un indicateur temporel comme "puis" entre les deux phrases aurait suffi : "Je les observe, tous en cercle, unis dans une même ferveur. Puis sous la neige, sous mes paupières, je vois partout le rouge comme gronde le torrent." D'une manière, peut-être, le "puis" implique un changement qui ne nous est pas donné avec "sous la neige" mais qui peut l'être avec "sous mes paupières", lui donnant assez d'importance pour qu'on en comprenne le sens.
Même alors, "sous mes paupières" suffit-il pour qu'on comprenne qu'il ferme les yeux ? Pour reprendre Zara', qu'il "serre les yeux très fort" ? Habitué à des formules aussi... indirectes ? je me pose la question.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Krycek
- Hors Ligne
- Messages : 2935
Le simple être humain mortel n'est pas assez évolué pour ça D twisted:Feurnard écrit: Sans quoi mes textes seraient facilement accessibles.
Arf ! Hémorragie occulaire ?Feurnard écrit: "Je les observe, tous en cercle, unis dans une même ferveur. Puis sous la neige, sous mes paupières, je vois partout le rouge comme gronde le torrent."
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Vuld Edone
- Hors Ligne
- Messages : 2178
Ah là, il faut te plaindre à Zara' !Arf ! Hémorragie occulaire ?
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Zarathoustra
- Hors Ligne
- Messages : 2081
Voici le poème qui centralise tout le sens initial.
Cette nuit, tombe la neige,
Et je suis dessous toujours,
Comme un battement de c?ur
Cette nuit, tombe la neige
Et je défie l?assemblée
Comme un tunnel la montagne
Cette nuit, tombe la neige
Et je vois partout le rouge
Comme gronde le torrent
Cette nuit, tombe la neige
Et je ravale mes cris
Comme des morceaux de verre
Cette nuit, tombe la neige
Et le feu soudain se lève
Comme l?aigle sur sa proie
Cette nuit, tombe la neige
Et meurt la sorcière, libre
Comme un enfant de jouer
Le premier degré est bien un bucher pour une sorcière. C'est un peu abstrait mais c'était le concours, non?
Je vous mets ce que j'avais conçu de mettre en commentaire de ce poème.
La neige est là pour le contraste entre le monde réel (froid, blanc, silencieux et apaisant) et le monde intérieur (bruit, flux de sang, cri étouffé, souffrance) car toutes les première strophes parlent de sensations intérieures dans lesquelles domine un « je » mystérieux.
Ensuite, les deux dernières strophes amènent une rupture. C'est la fin du « je » qui disparaît pour faire place au monde extérieur.. Que signifie cette disparition ? Personne n'a souligné l'ambiguïté de la fin. « Libre comme un enfant de jouer » éclaire différemment, me semblait-il, « Comme l'aigle sur sa proie ». Que brûle le feu ? La sorcière ou la neige ou l'assemblée? Quelle est cette liberté évoquée à la fin ?
Maintenant, imaginons que la sorcière n'est pas morte. On peut voir tout le début comme une rébellion à ce calme provoqué par la neige, à sa blancheur immaculée etc. La répétition de la première phrase montre la routine, l'ennui et la léthargie que suscite cette neige qui tombe. La sorcière veut sortir de ce spectacle que tout le monde regarde passivement et qui va la conduire à la mort. Elle ne fait pas partie de ce monde léthargique mais d'un autre plus violent plus proche de la vie. C'est une façon de signifier que l'on doit brûler les gens ou du moins sortir du monde qui nous engloutit petit à petit, plus exactement, il faut se bruler pour ne pas y succomber. Et pour moi, pour sortir du monde ennuyeux et formaté de notre société, il faut s'évader pour retrouver l'enfant qui est en chacun de nous. La neige, c'est tout ce qui nous fait peu à peu rentrer dans le moule, rend lisse nos vies. Seul l'enfant s'y soustrait et réveille en nous un sentiment de liberté.
Maintenant autre lecture. Le "je" mysterieux n'est pas la sorcière mais le spectateur qui s'indigne, c'est à dire moi, c'est-à-dire vous. Nous sommes le tunnel sous la montagne. C'est le "je" subjectif. La fin raconte bien la mort de la sorcière mais sa victoire et sa liberté se retrouvent dans la tête du spectateur/lecteur qui est contaminée par ce qu'elle symbolise et qui rejette le bucher.
Enfin dernière lecture. Le "je" est bien la sorcière mais elle est spectatrice et bouille contre ce qui l'entoure. Elle "défie" l'assemblée comme le tunnel parce qu'elle est subversivement présente pour voir l'innocente sur le bucher. Elle part libre de s'amuser avec les foules. Et lorsque le flammes se propagent, elles s'abattent sur ses victimes spectatrice, comme l'aigle sur sa proie. C'est encore elle qui est libre, pas ceux qui condamnent une innocente au bûcher. Pour qui comprend la méprise, comment justifier le monde exterieur après cette erreur? C'est la sorcière qui détient la verité, elle seule sait qui elle est réellement. C'est elle l'incomprise. C'est son coeur qui bat, ses cris sont ceux de l'indignation.
Ou alors, le "je", c'est non pas la sorcière, mais le sorcier du titre. Et ça, pour moi, ce serait l'idée d'un roman à écrire et ce petit texte son préambule (j'ai lutté pour ne pas mettre des virgules quelquepart dans cette dernière pharse! )
Voilà, donc à propos du texte "développé", c'est la même chose en plus compliqué.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Xlatoc
- Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Messages : 106
le "je", c'est non pas la sorcière, mais le sorcier du titre.
Ouais, c'était ce que j'avais compris ! Je ne suis peut-être pas irrécupérable.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Gulzan
- Hors Ligne
- Messages : 57
En fait, j'ai très peu de choses à dire, comparé aux confrères. Les virgules ne m'ont pas gêné (j'ai tendance moi aussi à en utiliser bcp), le changement du Je au Il se fait sans accroche, je n'ai pas grincé des dents devant le ''je vois partout le rouge comme gronde le torrent'' (et fait ça m'as même plus, parce que lorsque je suis en colère et que je ferme les yeux, je vois des vagues rouges qui me foncent dessus). J'ai bien aimé aussi, le passage où '' La foule crie son hystérie, comme si demain pouvait être différent.'', joliment tourné.
Bref, très bon texte, je n'ai pas un commentaire négatif, la longueur elle-même est parfaite.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Monthy3
- Hors Ligne
- Messages : 673
Ce portrait m'a tout de suite rappelé un texte que tu avais publié sur le Warfo, mais il me semble que c'était un poème, écrit d'ailleurs en réponse à un défi de Celeborn si mes souvenirs sont exacts (ou alors, j'ai tout faux ). Bref, c'était pour la petite histoire, voilà...
Autant le dire tout de suite : même après la première lecture, je n'ai pas tout compris. J'ai cru voir que tu expliquais le texte un peu plus haut. J'irai donc lire ce commentaire après le mien, histoire de te livrer mes impressions à moi que j'ai.
D'abord, j'ai bien aimé le rythme du texte. par rythme, j'entends cette succession de formules courtes séparées par des virgules. D'une certaine façon, j'avais presque l'impression que chacune était un flocon de neige qui tombait : phrase, poum, phrase, poum, phrase, poum (où "poum" représente le son du flocon qui tombe, et oui, on fait ce qu'on peut.)... C'est peut-être exagéré, mais en tout cas c'était une impression agréable. Cela donne au texte une certaine légèreté (et tu sais que j'étais le premier à me plaindre du style de certains textes, comme l'Ecrivain), très approprié d'ailleurs à un récit court.
Ensuite, concernant le point de vue : je ne sais pas si tu as voulu jouer sur l'ambiguïté (voit-on des yeux du sorcier ou de la sorcière), mais si tel était le cas, alors l'effet est gâché par la comparaison (ou plutôt les) sexuelle, puisqu'on imagine mal la sorcière raisonner ainsi (j'en profite d'ailleurs pour ajouter que je trouve la première pas terrible : "cette neige caresse mon visage comme un décolleté de soie" ; personnellement, je me vois mal être caressé par un décolleté ; ou alors, c'est métaphorique, mais du coup ça jure avec les deux suivantes... Bref, c'est un détail de toute façon).
Donc, reprenons : effectivement, au début, le point de vue aurait pu (dû) être celui de la sorcière. En effet, tu parles de défier l'assemblée. Or je ne vois pas trop comment Jezeb peut défier quiconque alors qu'il observe la scène sans un mot. Selon moi, c'est donc la comparaison qui pèche, parce que du coup ces pensées auraient tout à fait leur place dans l'esprit de la sorcière.
Quant au 3e paragraphe, je ne vois pas trop où il veut en venir. Il faut lutter pour vivre, soit. Ne le font-ils pas tous, ces gens réunis en cercle autour du bûcher ? Et surtout, Jezeb est-il meilleur qu'eux ? Je ne vois qu'un sorcier qui se lamente que sa semblable brûle sous la neige, qui contemple la scène comme les autres, sans intervenir, sans réagir autrement qu'en insultant tout le monde en silence. Je note au passage une jolie image, celle des larmes comme des morceaux de verre (de façon générale, le texte est poétique, tu joues pas mal avec les sonorités et c'est plaisant). Donc, pas convaincu par les pensées de Jezeb (mais je passe sans doute à côté de ce que tu veux dire, d'autant plus que non, je ne "sais" pas qui il est ; ou alors, il est chacun de nous ? Il se considère comme différent alors qu'il est semblable en tous points aux autres ? Hmmm... Pourquoi pas. En tout cas, j'aurai essayé).
Dans le 4e paragraphe, tu uses d'images venant un peu de nulle part, à mon avis. Je pense à l'aigle puis au château de cartes, qui n'ont pas grand-chose à voir avec tes images précédentes. Surtout le château de cartes, en fait, parce que c'est la seule qui ne fasse pas référence à la nature. Ce n'est peut-être qu'un détail, mais ça m'a sauté aux yeux.
Le rythme est là encore plaisant, même s'il change un peu puisque des "." remplacent les virgules, comme si la neige tombait plus dru. En revanche, j'ai encore du mal à comprendre, et je me demande ce qu'est censé représenter la neige. Le temps qui passe et efface ? Dans ce cas, l'allusion à "demain" se justifierait. La foule espère que le temps effacera ses crimes/péchés/actes franchement pas sympa et que, dans l'avenir, tout sera oublié. Mais dans ce cas, pourquoi des yeux "avides" ? Ils devraient plutôt détourner le regard. Je dois être complètement à l'ouest.
Ce qui est renforcé par le fait que la dernière image m'échappe. "Libre comme un enfant de jouer"... Alors, tentons le coup : la neige est le temps, elle ensevelit la sorcière qui est donc oubliée, et cette dernière est alors libre de jouer comme un enfant... Hmmm. L'enfance renvoie à l'insouciance, l'insouciance à l'oubli. On tourne en rond. Bof.
Tes explications ne seront pas de refus
En tout cas, j'ai pris grand plaisir à lire et relire ce texte, malgré mes pathétiques tentatives de compréhension C'est un bien joli tableau que tu nous as dressé ici. Un bien beau portrait
Edit : ah, bah je savais bien, que c'était un poème à l'origine !
Re-edit : je suis effectivement parti à l'ouest. Pour preuve, pour moi, le "je" ne pouvait plus être la sorcière dès le paragraphe 2... En tout cas, belle autocritique.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.