[Juillet 2008] Embrouille à Fort Sombregarde - Iggy/Dude

C'est avec un certain plaisir qu'on retrouve les aventures d'Amphytrion. Il me fait de plus en plus penserà Corto Maltese. Plus ça va, et plus ça gravite autour de lui sans qu'il ne prenne vraiment part au truc, ou alors pour des raisons complètement secondaires.
Le texte possède un vraie forcé à rendre vivant les scènes, les décors et les personnages. Vraiment, j'envie cet art de donner vie. La moindre phrase, notamment sur ce qui concerne les lieux, est construite pour nous imerger et prendre pied dans les scènes. Il y a là un vrai sens du détail.

Nous découvrons deux nouveaux personnages dont Iggy a le secret: Mondo et Vieille Ada. Immédiatement, ils ont une profondeur, un vécu, sans que ce ne soit clairement enoncé, juste par le façon de les décrire, de les faire parler. Il y a cependant une certaine facilité. J'ai déjà eu l'impression de rencontrer dans vos textes ce type de perso. Un peu baroudeur mais desabusé, énergique mais lucide.( Et ce sont souvent ceux qui finissent ami avec Jones. Et ce sont aussi ceux que rencontrent Corto Malteste... mais passons... ). Donc c'est à la fois une qualité et un léger défaut. Mais ils ont indéniablement de la profondeur. L'exploit, c'est d'y parvenir de cette façon sans s'apesentir.

Conecranant l'intrigue. On prend aussi plaisir à lire l'ensemble. Le rythme est là, mais également maitrisé pour laisser des petits temps morts pour les perso. Mais il y a je ne sais quoi de mécanique dans la succession des scènes. On dirait qu'on repète à plusieurs reprises la même structure: décors, arrivée plus ou moins théatral des perso un peu retord, dialogue, puis action. Nouvelle scène: nouveau décor, re-arrivée des perso, redialogue et reaction.
Enfin, ce qui dérange un peu. C'est l'absence d'enjeu. On sent que le moteur de l'histoire (le cylindre) est complètement secondaire par rapport aux perso et aux relations qu'ils entretiennent. C'est à peine expliquer et le chapitre se termine sans qu'on ait vraiment cerné l'importance, comme si tout n'était que prétexte à faire vire les perso et décrire des scènes d'action. Ces dernières bien que très réussi en soi (dans la mesure où le rythme est là et où on prend plaisir à progresser dans l'histoire) sont parfois un peu tiré par les cheveux: deux hommes qui maitrisent tout une salle, puis qui connaissent les plans. Sans parler par la façon très cliché que Jones arrive à pnétrer dans le palais. C'est paradoxalement là où je vous attendaient. Vous avez créé tout un univers et là, vous ne l'exploitez pas. Ou si peu (tout au plus un mutant par là...). Pas de géopolitique concrète. Soit on n'a pas les éléments pour le cerner parce que c'est dans vos autres textes, soit ça fait carrément défaut. Bref, il n'y a pour ainsi dire aucun enjeu d'expliquer - je veux dire réellement expliquer pour qu'on ne finisse pas l'histoire en se disant que c'était un pur prétexte. Bonsang, vous avezpourtant plein de matière. Faites la transpirer, même si on ne peut pas tout la comprendre. Rendez ce background excitant, faites nous miroiter cette richesse!

Au niveau des liaisons entre section, nottament, "cul et chemise" et "attention on va se fâcher", vous coupez d'emblée l'action en cours, passez à la suite (autre lieu, autre disposition) puis revenez en flash-back pour expliquer le lien.

Oui, je sais pas si c'est effectivement un peu artificiel. Ca dédramatise un peu, du coup, on prend nos distances avec ce qu'on lit, je ne sais pas si c'était vraiment l'objectif...

Bref, ce que j'essaye de dire c'est que les deux aventuriers auraient pu être un peu moins tout-puissants et un peu plus en difficulté afin de rendre les scènes de combat plus palpitantes.

Je partage également l'avis de Gulzan. C'est étrange, parce qu'au final, les scènes d'action sont très longues, mais on dirait presque qu'elles sont trop rapides. En rendant les scènes plus difficiles, vous auriez rendu également les personnages mons puissants. Je pense qu'on est devant deux aventuriers quand même très balaise. Ou alors les adversaires étaient pas assez à leur taille, et ça, vous avouerez que c'est un peu génant. En fait, voilà, c'est ça le truc, on n'a pas d'opposition devant les deux "héros". Même le baron est une grosse potiche. Pif paf, il est assomé. Pouf, je suis peinard et j'ai tout mon temps pour faire ce que je veux.

Au final, un grandplaisir de lecture, mais une impression de facilité et de grosses ficelles qui nuisent à la plénitude du lecteur.

Je suis encore ennuyé à la lecture des autres commentaires...
Je suis peut-être le zouave des Chroniques pour dire une telle chose mais en lisant le nom du héros, le titre "embrouille" et le chapeau avec ce dieu "Sinistros" que je m'attendais à voir apparaître dans cette aventure, j'avais vraiment cru avoir affaire à un texte comique.
Les noms ne m'ont vraiment pas aidés à penser autrement : "Ada" (la vieille), "Jezabel", "Rokatansky", etc... j'ai beau y faire, ils ressemblent plus à des surnoms donnés aux personnages, parfois arbitrairement, trop distants les uns des autres.
Les sous-titres, "un génie, deux associés, une cloche" n'ont pas amélioré ma vision, "Attention, on va se fâcher !" n'est pas exactement ce que je m'attends à trouver pour un texte qui se prend au sérieux.
Il y a bien sûr leur infiltration du fort, leur manière de tuer tout le monde mais déjà en général leurs actions étaient grandiloquentes. Le texte regorge de narration subjective : "Mais voilà que le gros Khian-Dhi hirsute voulait s’en mêler !" Durant le duel qui ne vient jamais, ce "lien impalpable" tel qu'il était introduit me paraissait plutôt une blague. La réaction de la vieille Ada au vol de la capsule était elle-même "sur-réagie". Dans un sens, à chaque fois, ils en font trop.

Ca a tout d'une histoire, c'est maîtrisé et sans doute les touches d'humour sont-elles une marque de fabrique, néanmoins je n'arrive toujours pas à savoir si le texte lui-même était censé être comique ou sérieux. Peut-être l'absence d'enjeu, je rejoins là-dessus Zara', provoque-t-il également cet effet. Arrivé à la fin du texte, je me demandais pourquoi on nous parlait de chemises et pourquoi ça avait tant l'air d'un "see you in the next episode".

A la fin, ma question, qu'est-ce qui importait dans ce texte ?

Bonsoir,

C'est avec plaisir que j'ai retrouvé Amphitryon Jones sur le site, car j'avais vraiment pris mon pied à transférer (et donc à lire) les autres épisodes de l'ancien site à celui-ci. De ce texte émane un parfum d'aventure "à l'ancienne", où les héros enchaînent les aventures sur un rythme trépidant. Les lignes se dévorent et les pérégrinations d'Amphitryon et de Mondo sont narrées avec un humour bienvenu. Et puis j'aime énormément le personnage d'Amphitryon, avec ses armes à feu, qui me rappelle un peu le pistolero dans l'Homme de Jérusalem, de Gemmel.


Les autres ont déjà évoqué le principal défaut : la surpuissance des personnages, qui rend toute opposition ridicule. Certes, j'ai tendance à avoir un faible pour les combats sans aucun suspens, où on sait dès le début que l'un des protagonistes va se faire écraser. Mais tout de même, il devrait y avoir des circonstances, un contexte qui compliqueraient la tâche des héros. Là, tout s'enchaîne sans temps mort (très bon point !), mais surtout sans suspens, et c'est bien dommage. Le souffle est bien là, mais la mer est d'huile et nulle île ou récif ne vient créer le moindre obstacle sérieux. C'est dommage.

Autre chose qui m'a vraiment gêné, c'est la propension que tu (bon, je dis "tu" pour "vous", hein) as à mettre des "!" partout, y compris et surtout hors des répliques de dialogue. Je prends ce procédé Goodkindien (ouais, désolé, je suis vraiment dur, là, mais Gemmel compense ) pour une marque d'incompétence, je veux dire d'incapacité à nous émouvoir sans artifice typographique. Ce n'est pas forcément le cas (je suis extrême), mais c'est le sentiment que ça donne, et je me sens personnellement agressé à chaque fois que cette ponctuation apparaît dans la narration elle-même.


Pour synthétiser, j'ai aimé le rythme et les personnages (d'ailleurs, je trouve contrairement à l'ami goupil que "Rokatansky" est un chouette nom !), mais je regrette l'absence de suspens et certaines facilités d'écriture. J'ajoute que j'apprécie également les titres dans le texte, qui mettent dans l'ambiance plutôt humoristique du texte