[Avril 2009] L'échiquier chapitre 12, d'un seigneur l'autre
- Imperator
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Autant dire que soit ce sera long à critiquer, soit court... voyons si je suis encore un peu en forme .
***
Impression générale à la fin de la lecture: c'était agréable. Lent, parfois irritant, mais sur l'ensemble agréable.
J'explique cette impressions:
- parce que je n'ai lu que les premiers et derniers chapitres, pas ce qu'il y a entre deux.
- je ne connais pas tous les personnages par coeur
- le style est lent, le suspens étrangement aménagé...
C'est donc ce dernier point sur lequel je vais le plus m'attarder.
***
Première partie: le pré-dîner.
Au passage, c'est marrant, mais j'avais l'impression qu'on était le soir et que donc, ce serait plutôt un souper... mais bon, ça ne change pas grand chose .
Que se passe-t-il dans cette partie?
- les trois premiers paragraphes parlent des doutes de Todrick.
- le nécromancien arrive et annonce la mort du devin
Donc aucun véritable action ni rebondissement, mais plutôt une transition avec pour objectifs probables:
- de nous faire visiter la scène sous un nouvel angle (dans le dernier chapitre, on était du point de vue de l'assassin, cette fois-ci sous celui de Todrick).
- de mener une petite réflexion sur la futilité de la grandeur.
Pour le premier point, c'est un parti pris que de considérer l'action sous l'ensemble des points de vue. Tenter d'aborder la vision du maximum de personnages. Un pari intéressant qui a probablement déjà été relevé dans d'autres chapitres.
Ici, en tant que lecteur, je sens au travers de cet acharnement que quelque chose d'énorme se prépare. D'un autre côté, je suis frustré de me rendre compte que les pensées de Todrick ne font que confirmer ce que j'avais appris au dernier chapitre, à savoir qu'il ne se doutait de rien, ou de pas grand chose.
Quelque part, non seulement on tue une partie du suspens au travers de cette découverte de la pensée de Todrick, mais on amollit un peu le lecteur en lui faisant lire ce dont il se doutait déjà.
Ce serait une possibilité. L'autre, c'est qu'en faisant lire les pensées de Todrick, on le réduise à l'état de simple pion, contrairement aux autres personnages moins ouverts. Nous ouvrir ses pensées le rend humain, le rend accessible et fragile.
Je ne sais pas si c'est totalement hors sujet, mais je ne peux m'empêcher de faire le lien avec cette planche de bande-dessinée:
[url:3potmgx4]www.jaynaylor.com/betterdays/archives/20...pter-10-brot-12.html[/url]
C'est bien entendu une vision humoristique, mais on voit ce que peut apporter le fait de connaître les pensées d'un autre personnage. Bon, c'est pas le meilleur exemple, mais je ne pouvais m'empêcher de faire le lien.
Bref, si le but était de faire passer Todrick pour un pion, de le rendre humain et vulnérable, malgré sa personnalité, c'est réussi et finement joué.
Si le but était d'entretenir le suspens et que Todrick est sensé faire partie de ceux qui tirent les ficelles, je suis déjà beaucoup plus sceptique.
Du reste, je ne le ferais pas maintenant, mais ça soulève la question de l'habituelle vision manichéiste des bons et des méchants dans l'histoire. Dit plus clairement, de à qui le lecteur s'identifie ou pas.
Ma réflexion à ce sujet est que ton texte se nomme l'échiquier et que visiblement ("Ce soir, un pion serait soufflé du plateau.") ce n'est pas que dans le titre .
Or ce qui est passionnant, dans une partie d'échec, c'est de ne pas connaître le plan de l'adversaire et, en tant que spectateur, de ne pas connaître les plans de personne, mais d'uniquement voir les pièces bouger dans un ordre qu'on sait voué à une stratégie encore obscure.
Donc, dans cette optique, il doit forcément y avoir des personnages de ton texte dont on ne sait rien d'autre que, au mieux, les faits et gestes et qui restent pleinement énigmatique. Peut-être simplement une influence extérieure dont on voit les effets mais dont on ignore la cause.
Et au milieu, les différents personnages qui se débattent avec la folle ambition d'être autre chose que des pions .
Je suppose que c'est le cas, même si j'ai trop peu lu du texte pour avoir véritablement senti cette influence externe. Ma sensation actuelle est que l'on sait ce que fait et pense tout le monde, sauf peut-être pour la secte, mais c'est une sensation fortement tributaire de mon peu de connaissance du reste du texte.
Bref, je m'égare je crois.
Je passe donc à la réflexion sur la grandeur. Quelque part, j'y avais presque vu une réponse à ma critique sur la mort ridicule dans l'escalier . Égocentrisme, quand tu nous tiens...
Je ne vais pas m'éterniser. D'une part, cette réflexion fait écho à une attente du lecteur, d'autre part on pourrait regretter que l'auteur puisse s'en servir pour justifier la mort du devin. Mais je commence à spéculer sur tes intentions.
Si je m'en réfère à ta précédente réponse à ce sujet, tu as fais cette réflexion sur la grandeur d'abord parce que tu voulais faire une réflexion sur la grandeur et sa futilité. Du reste, cette pensée ajoute une touche de fragilité au personnage de Todrick (voir commentaire ci-dessus).
Rétrospectivement, je regrette que la mort dans l'escalier soit justifiée. Mais j'aurais tort de critiquer cet aspect , vu que je l'ai moi-même souhaité. Je ne sais pas, ça me laisse une impression bizarre, mais, indubitablement, ça s'inscrit logiquement dans le texte et son apport est positif, renforçant le sens premier de ce passage, à savoir humaniser et fragiliser Todrick aux yeux du lecteur.
Mais côté suspens, pas grand chose, si ce n'est:
Le nécromancien sait, petit indice pour le lecteur. On crée une impression dramatique, comme si Todrick aurait dû remarquer ça, aurait eu là une chance de découvrir le complot, et l'a manquée... destin quand tu nous tiens.V’Fohs parut hésiter un infime instant, avant de se reprendre et de la saluer.
Pas vraiment du suspens... au fond, on sait comment le devin est mort et pourquoi (plus ou moins) et on se doute de la position du nécromancien. Bref...Mentait-il ? C’est justement en cette occasion qu’il aurait été bon d’avoir un devin à ses côtés. Il grimaça devant l’ironie de la situation. Peut-être était-ce effectivement un accident ; mais peut-être quelqu’un avait-il voulu faire taire le devin.
En somme, au sortir de ce passage, niveau suspens, on aura peut-être gagné un tout petit plus, en le faisant tirer en longueur, on aura gagné un petit moment d'excitation avec l'indice donné par le nécromancien que Todrick a manqué, mais rien de transcendant. Reste l'humanisation de Todrick qui avait déjà eu lieu plus tôt dans le texte si mes souvenirs ou déductions sont bon(ne)s.
Tout s'inscrit donc dans un cadre logique, à mon avis rien à reprocher sur le fond.
Quant à la forme:
Madre de dios! Moi ça me fait sursauter, pas toi? Bon, y a rien de catastrophique , mais tu avoueras que rien ne justifie cette répétition.Todrick n’attendait désormais plus personne. Tous ses invités étaient désormais présents.
L'expression me paraît étrange et peu appropriée. Peut-être parce que "tout de go" me paraît trop moderne, ou a une consonance asiatique pour moi (le jeu de go)...annonça tout de go.
Enfin, il faudra un jour que j'essaie de découvrir les subtilités du discours direct... mais il me semble bien mené, rien à redire (et justement, j'ai rarement à redire là-dessus...).
Fin de la première partie, et fin pour ce soir, je crois avoir déjà assez dit, je continuerais plus tard...
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- Vuld Edone
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Comme vous l'aurez noté, je m'amuse avec les nouvelles balises.
Je vous éviterai aussi la scène qu'il y a des renards dans ce texte.
Par contre, déterrons ici la vieille coutume de citer la première phrase :
Les deux mots qui sautent aux yeux sont "supposée" et "décidément". "Bien" irait aussi, en tant que modalisateur.La supposée cousine de B’Rauts était décidément bien timide...
Même chose qu'avec Roland, la narration est ici du discours direct libre, c'est Todrick qui nous parle. D'un autre côté, il n'est pas très normal que Todrick désigne l'Arme par "la supposée cousine de" puisque cela sous-entend d'en douter, alors que le reste du passage est là pour affirmer le contraire.
Bref, d'une certaine manière, et très souvent, il s'agit de poser ce à quoi le lecteur s'attend (ici que Todrick ait des doutes) puis de raisonner pour prouver le contraire. "Prouver" est un bien grand mot, disons que le texte y tend.
D'une certaine manière, j'aimerais l'étendre à tout le texte... sans quoi la citation n'aurait pas d'intérêt. Poser un état, une situation ; puis partant de cet état raisonner le plus souvent pour en montrer le contraire. Je me demande si cette manière d'écrire ne revient pas souvent dans le texte.
Il faudrait le voir.
En général, aucune des trois parties ne retient l'attention.
La troisième est sans doute agaçante, car cela fait un moment qu'on nous promet la "révélation" (j'aurais moi aussi un lien à donner mais... non). L'impression donc de "tourner autour" que j'avais avec le Devin, qui vaut quand les gens réfléchissent et le plus souvent quand ils doivent donner de l'information.
Le dîner provoque surtout, quand on lie les deux parties de chapitre ensemble, une sorte de décalage temporel. À force d'enchaîner les lieux, ceux-ci donnent l'impression de se dérouler en même temps. Mettre les deux passages dans le même chapitre, dans cet enchaînement, provoque l'impression que le nécromancien annonce la mort du Devin presque au même instant où celle-ci se produit.
Il parle pour ainsi dire pendant que le Devin tombe.
La faut à l'absence d'indicateurs temporels - on en manque vraiment, mais aussi en général aux relations, aux répondants des parties. Par exemple, on termine le dîner sur "le dîner pouvait commencer" et aussitôt on nous envoie massacrer la secte.
J'ai toutes les peines du monde à comprendre ce passage de l'un à l'autre.
Si le nécromancien avait pensé, avant la scène du massacre, que ceux qui devaient massacrer allaient à une morte certaine (uniquement pour l'exemple, hein), j'aurais été autrement plus attiré par le massacre même - et surpris de voir qu'en fait ils s'en sortent bien. Et le coup de magie au milieu du combat, qui est ici isolé et donc ne touche pas vraiment, aurait eu un impact plus fort.
Bref, tout cela manque de liant.
La réaction de Cytise au jardin est ce qui m'a retenu le plus longtemps.
Je dois dire qu'une fois que ces noms apparaissent, aussitôt le registre passe dans les groupes de rôlistes et qu'alors on peut vraiment s'attendre à tout - notamment sauter par les fenêtres ou détruire une serrure à l'acide. Les actes irrationnels sont monnaie courante.
Aussi les voir assommer le sergent et détruire la serrure à l'acide n'est plus aussi... extravagant.
Mais Cytise qui commence à s'amuser en pleine mission a quelque chose d'invraisemblable. Disons pas après avoir assommé un sergent et brûlé une serrure à l'acide. D'autant qu'elle va assez loin : c'est particulièrement peu approprié au contexte "effraction dans lieu interdit".
De même, Cytise déclarant qu'elle "connait vos souffrances" etc... j'attends cela de romans adolescents mais difficilement d'une aventurière face à un noble. C'est un changement complet de registre, une toute autre histoire.
Ma plus grande envie, si ça avait été un livre, aurait été de tourner les pages pour voir plus loin ce qui se raconte.
Cela veut dire que l'histoire intéresse, que l'intrigue perdure mais qu'en l'état on a l'impression que le texte ne veut rien nous dire, d'où le besoin de passer outre.
Et à tout bien prendre, effectivement, on n'a rien appris. Pour ainsi dire rien n'a changé.
Je ne sais pas bien quoi dire de plus. La lecture ne m'a pas permis de retenir quoi que ce soit...
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- Monthy3
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@ tout seigneur tout honneur, commençons donc pas l'empereur.
Tu y es. C'est d'ailleurs un point que je compte reprendre postérieurement dans l'autre sens, à savoir faire en sorte que l'on n'ai jamais le point de vue de certains personnages (comme Arandir, le barde).Ce serait une possibilité. L'autre, c'est qu'en faisant lire les pensées de Todrick, on le réduise à l'état de simple pion, contrairement aux autres personnages moins ouverts. Nous ouvrir ses pensées le rend humain, le rend accessible et fragile.
Concernant Todrick, ce n'est pas le premier passage où il est rendu plus humain. Une autre scène, en début de chapitre, avait cet objectif. En fait, le but sous-jacent est de priver le texte de tout manichéïsme s'agissant des personnages nommés (le monde lui-même est manichéen, avec des pauvres et des riches, etc). Ainsi, Todrick n'est pas plus "le grand méchant" que Jari ou que l'Arme de chair. Il a juste des ambitions qui, justement, sont humaines.
Par ailleurs, j'aime énormément jouer avec les points de vue et c'est pourquoi l'idée de base était de brosser une galerie de portraits plus que d'écrire une réelle histoire. J'ai évolué sur ce point, mais c'est sans doute ce qui explique le dépouillement de certaines scènes et l'impression que je donne à certains (au hasard : Zara) de scénariser plus que d'écrire.
Enfin, l'idée de fatalité imprègne l'Echiquier. Ce n'est pas une fatalité arrangeante : il n'y a pas un élu qui vaincra fatalement telle ou telle malédiction, ce ne sont pas des heureux hasards qui s'emboîtent - du moins, ce n'est pas supposé l'être. C'est l'impression du piège dont la victime ne pourra jamais s'enfuir. Cette idée se retrouve notamment dans certains combats joués d'avance, auxquels je ne donne volontairement pas le moindre suspens (pense aux combats menés par l'Arme de chair, qui t'avaient marqué par leur "bourrinisme" : aucune espoir n'existait pour les victimes. L'idée est ici la même : à partir de ce moment-là, malgré la présence de K'Thraus (le Garde sombre), dès le moment où tu as le point de vue limité de Todrick, tu es certain qu'il va succomber. Reste alors à y mettre les formes et à rendre la suite intéressante au lecteur - et j'espère que la conclusion de ce chapitre saura te satisfaire.
Bref, non, ce n'était pas cela Je ne cherche pas le suspens ici. Tout s'est déjà joué avant.Si le but était d'entretenir le suspens et que Todrick est sensé faire partie de ceux qui tirent les ficelles, je suis déjà beaucoup plus sceptique.
Exactement ! Ce n'est vraiment pas innocent, comme titre, et le vocabulaire des échecs revient à plusieurs reprises dans le récit, du début à la toute fin. Pour certains, d'ailleurs, ce n'est vraiment qu'un jeu et ils s'en amusent. Pour d'autres, c'est une fatalité.Ma réflexion à ce sujet est que ton texte se nomme l'échiquier et que visiblement ("Ce soir, un pion serait soufflé du plateau.") ce n'est pas que dans le titre .
Je peux au moins t'en citer deux à cet instant : la secte et le manipulateur de l'Invocation. Sans oublier l'un des grands du royaume qui s'est retranché dans son château et qui n'entrera dans la partie que beaucoup plus tard (mais travaille déjà dans l'ombre).Donc, dans cette optique, il doit forcément y avoir des personnages de ton texte dont on ne sait rien d'autre que, au mieux, les faits et gestes et qui restent pleinement énigmatique. Peut-être simplement une influence extérieure dont on voit les effets mais dont on ignore la cause.
Cela dit, je t'avoue que je ne suis guère friand des personnages mystérieux pour être mystérieux, et ceux-ci sont surtout présents dans la première partie. Je préfère au contraire montrer les aspirations de tous et la façon dont leurs destins (et leurs coups) s'entrecroisent, et plus particulièrement la façon dont ils interagissent entre eux. Ce qui m'intéresse, c'est l'impact d'un choix sur la vie d'un autre et les conséquences qui en découlent pour les deux acteurs. Finalement, c'est l'association action-réaction qui me guide et, pour ce faire, il me faut identifier tous les joueurs. D'ailleurs, lorsque l'on découvre tel ou tel personnage auparavant laissé dans l'ombre, je me débrouille toujours pour relater les événements antérieurs de son point de vue, que ce soit par le biais d'un journal ou d'une correspondance. J'espère juste éviter les incohérences...
Disons que c'est un avant-goût de ce que l'on trouvera dans la deuxième partie et qui sera développée principalement en la personne de Jari et... de quelqu'un d'autre Avec la grandeur, en fait, toute la notion de pouvoir et son insuffisance. Et cette réflexion aura d'ailleurs des conséquences majeures sur les décisions prises par telle ou telle personne. Je ne peux pas vraiment en dire plus pour le moment sous peine de spoiler un peu trop.Si je m'en réfère à ta précédente réponse à ce sujet, tu as fais cette réflexion sur la grandeur d'abord parce que tu voulais faire une réflexion sur la grandeur et sa futilité. Du reste, cette pensée ajoute une touche de fragilité au personnage de Todrick (voir commentaire ci-dessus).
j'espère avoir répondu de façon satisfaisante à tes questions. Si jamais tu as besoin de précisions sur un point, n'hésite pas !
@ Feurnard désormais
peut-être, mais Todrick ne peut en être sûr à 100 % et il est suffisamment intelligente pour flairer le coup fourré, et donc l'imposture. Il n'y a là pas vraiment de contradiction.D'un autre côté, il n'est pas très normal que Todrick désigne l'Arme par "la supposée cousine de" puisque cela sous-entend d'en douter, alors que le reste du passage est là pour affirmer le contraire.
Le chapitre n'est pas terminé non plus, ne l'oublie pas. Tu l'auras, ta "révélation" (qui n'en est pas une puisque, théoriquement, Cytise l'a exposée au chapitre précédent ; c'est plutôt une confirmation de la théorie).La troisième est sans doute agaçante, car cela fait un moment qu'on nous promet la "révélation" (j'aurais moi aussi un lien à donner mais... non). L'impression donc de "tourner autour" que j'avais avec le Devin, qui vaut quand les gens réfléchissent et le plus souvent quand ils doivent donner de l'information.
Ouaip. D'ailleurs, j'ai hésité à ouvrir moi-même le sujet dédié à cette partie de chapitre pour annoncer que la scène de massacre était vraiment mal placée, non qu'elle soit déconnectée du dîner, puisque les renseignements obtenus à la suite de cet assaut seront communiquées à Todrick et aboutiront au dénouement, mais elle jure avec le ton général et elle met en scène un personnage qui ne joue encore qu'un rôle mineur.Bref, tout cela manque de liant.
J'avais songé à carrément supprimer la scène. Le problème est que j'en ai un besoin crucial pour rendre cohérente l'évolution psychologique du personnage de Signe, qui jouera un rôle continu dans la suite du récit. Je ne peux guère faire autrement, sauf à évoquer cette scène plus tardivement comme un flash-back - mais ce serait imposer d'un coup un certain nombre d'informations que je préfèrerais voir diluées dans le temps.
Bref, oui, manque de liant et manque de maîtrise narrative ici. Je songerai également à ajouter quelques indices temporels.
Passons donc à l'attitude de Cytise. Je lui vois deux raisons :Mais Cytise qui commence à s'amuser en pleine mission a quelque chose d'invraisemblable.
- Elle est jeune, je le dis, l'écris et ce cesse de le répéter au long du récit. C'est même la plus jeune de l'Echiquier. Alors, oui, elle a quelques années d'expérience ; mais il faut aussi comprendre qu'elle n'est jamais sortie de la capitale, ou presque, et que trouver un tel havre de paix est pour elle une nouveauté. C'est son inexpérience qui provoque sa réaction.
- Elle approche de la résolution de l'enquête, à laquelle elle a contribué plus que quiconque. Il faut imaginer (peut-être est-ce là le problème, ce non-dit) que de par sa jeunesse et son inexpérience, elle ne jouait la plupart du temps qu'un rôle réduit dans l'accomplissement des missions, à côtés des deux larrons que sont Arandir et Therk. Ici, c'est elle qui a le rôle majeur, c'est grâce à elle que l'enquête va trouver son terme. Il y a de quoi se réjouir, non ?
Cela dit :
Oui, je suis parfaitement d'accord et reconnais volontiers ma maladresse. Je suis moi-même très peu satisfait de cette tirade, même si elle souligne suffisamment l'arrogance de Cytise. Ce qui fait défaut est le lien entre ce sentiment et l'insouciance qui 'avait prise juste avant. Bref, je plaide coupable et tentereai d'arranger cela.De même, Cytise déclarant qu'elle "connait vos souffrances" etc... j'attends cela de romans adolescents mais difficilement d'une aventurière face à un noble.
En tout cas, je maintiens que la prime attitude de Cytise, à son entrée dans la pièce, n'a pour moi pas grand-chose d'anormal et coïncide plutôt avec la personnalité du personnage - personnalité bien évidemment amenée à évoluer par la suite.
Je ne peux qu'espérer, comme j'ai pu l'écrire à Impe, que la suite et fin de ce chapitre saura te donner un goût (limité, parce qu'il soulève les questions qui emportent avec elle la deuxième partie) d'achevé.Cela veut dire que l'histoire intéresse, que l'intrigue perdure mais qu'en l'état on a l'impression que le texte ne veut rien nous dire, d'où le besoin de passer outre.
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- Zarathoustra
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...Ou alors, il te faudrait THE idée. Je veux dire qu'il manque l'étincelle dans le récit. Ces étincelles ont également l'inconvénient de venir dans des moments creux mais qui peuvent bousculer toute une trame bien planifiée (ça m'est arrivé pour le Devin, et pas que là, même si mes récits sont nettement mais vraiment nettement moins planifisé). En fait, on te sent toi même un peu piégé de ton récit, tu es presque un pion dans l'échiquier. Ce sont généralement pour moi, ces moments "mous", des moments où je me laisse aller, où j'expérimente, parce qu'ils sont souvent un peu ennuyants à écrire. Donc il faudrait que dans chque scène de ce type qu'il y ait un micro morceuau de bravoure que tu mettrais dedans. Une anecdote, une scène pour le plaisir de donner davantage vie à tes persos. Et là, rien que pour ça, elle paraitraient moins inutiles. Le mot est un peu fort, mais elles manquent d'enjeu à tout niveau: pour toi, pour nous et pour tes perso.
Ensuite on a une scène avec la capitaine. Cela te permet d'enchainer avec de l'action. Mais en fait, c'est pas tout à fait ça. On nous parle d'action mais on ne vit pas l'action. Le combat est désequilbré, il n'y a pas de suspense. D'ailleurs, cette scène n'est que prétexte. Elle n'est là que pour montrer la magie à l'oeuvre. Pourtant, tu aurais mélangé les deux, on aurait eu une super(be) scène: se sentir au coeur de l'action et concerné par cette action magique; là, même la capitaine ne s'y intéresse pas. Donc quant au lecteur... Bref, tu avais plein d'ingrédients pour que le lecteur plonge, mais là tu le laisses passif. Et puis, on a l'impression de lire une partie de JDR, avec parfois les jets de dés qu'il y a derrière...
Pour moi cette scène mérite un autre traitement. IOn sent un peu vivre la capitaine, je ne le nie pas, mais elle reste à nos yeux une sorte de robot à zigouiller, même qu'elle peut flaner dans son esprit en même temps qu'elle transpecre on ne sait combien de corps (c'est également une limite, on rendait l'action de tuer si simple, à la longue, quand on a fini ce pourtant court passage, on a l'impression d'avoir assisté à un massacre digne de Belmondo dans Le Magnifique et voir des montagnes de cadavres partout). Personnellement, je la verrais plus spectatrice. Elle n'a pas forcément besoin de s'investir physiquement dans un combat a priori sans issu pour les adversaires. Elle devrait prendre de là hauteur (celle du lecteur): tu pourrais alors analyser les vénènements. Montrer qu'elle est rentré dans la salle avec un certain plan. Qu'elle se moque que la secte senfuit parce que'elle a avancé ses pions ( ), puis elle pourrait se demander plus fortement (et nous avec elle) qui joue ( ) au dessous de son épaule, avec autres choses que des pions mais des tours ou des chevaux ( ). Les smileys, c'est pour te montrer que tu peux encore amplifier ton idée d'échiquier.
Puis la scène avec Cytise.
On voit qu'elle t'a davantage intéressé. On te sent plus concerné et on sent que tu as pris plaisir. On a droit a des descriptions précsies, tu prends ton temps pour présenter les scènes et tu décris mêmes certaines actions "banales": ouvrir une porte, se déplacer dans un batiment, regarder une tapisserie. Et pourtant, on te lit sans ennui. Parce que tu sais y mettre le petit truc qui fait qu'on est à ton écoute, un peu de beauté par ci, d'étrangeté par là, un peu d'action (la scène avec la porte et l'acide) etc. Et on voit que c'est important pour toi puisque la dite scène fait plus de la moitié du chapitre. Donc on voit qu'il y a des choses "importantes" pour toi, et des choses un peu secondaires. Et bien on est pareil que toi, pourtant scénaristiquement parlant, je ne pense qu'elle vaille ces 4 pages, pourtant tu l'as fait et on l'accepte. Donc ça montre pour moi que les autres passages mous sont à revoir: soit en les supprimant, soit en leur donnant cette ampleur.
Et puis, c'est la scène où on sent vivre tes personnages; Ils ne sont pas que des noms, mais ils sont "présents". Cytise gagne en personalité. Certes, tu le fais peut-être de manière un peu excessive avec elle, mais elle n'est pas qu'un bloc. Je pense que tu aurais pu la faire résister à l'attrait de s'abandonner dans la verdure(même si elle aurait fini par céder, mais elle aurait pu le faire d'abord de manière discrète en cherchant à plonger la main dans l'eau pendant une discussion, puis peu à peu, à oublier le pourquoi elle est là en cueillant des fleurs, ce genre de choses, tu vois?). Céer une tension entre son envie de batifoler dans la nature et de jouer son rôle. C'est d'autant plus violent en terme de contraste que tu lui donnes après une tirade de vieille sage. En réduisant les deux extrèmes, tu tenais, je pense, le bon équilibre. Un côté un peu enfantin et déjà très adulte. Tu lui donnais une sorte de dilemne à résoudre, alors qu'ici, l'enfantin et l'adulte ne se heurte pas, ils se succèdent. Mais j'apprécie le fait que aies un peu laisser de temps à tes personnages. Je pense que ta scène est très bien construite. En tenant compte des remarques des compères avant moi, on aurait vraiment une réussite totale sur un truc en soi avec faible potentiel pyrotechnique. Moi, je dis, tenir 4 pages avec ça, bravo!
Quant aux restes, blah blah, je t'ai déjà tout dit sur mon admiration pour gérer une telle ampleur de récit... blah blah.. Feuranrd est passé par ci...blah blah... Imperator par là. Donc, au final, cela reste pas mal et très supérieur au précédent chapitre.
Oui, oui, très intéressante la scène! mrgreen:Je vous éviterai aussi la scène qu'il y a des renards dans ce texte.
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- Vuld Edone
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La Cytise qui brûle les portes à l'acide est la même qui court comme une enfant. Il faudrait au moins consteller le passage précédent sa course dans le jardin par des séries de signaux préparant le lecteur à une petite fille.Cytise ne s’était pas laissé(e) distraire et bientôt...
Enfin, ça n'a pas l'air bien important, ou alors simplement je ne connais pas assez bien Cytise... même si c'est elle qui réfléchit pour les autres.
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- Monthy3
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Je n'ai pas grand-chose à répondre, en fait. Je ne peux de manière générale que noter fiévreusement les pistes que tu me proposes afin d'améliorer les passages faibles (que je suis généralement conscient d'écrire, mais je me force à avancer quand même). Reprenons donc les grands points de la critique, qui coïncident avec les trois passages :
- Sur le retour au dîner.
Il est clair que je suis pas mal lié par les contraintes que je me pose et que j'estime nécessaires pour aboutir à quelque chose de cohérent. Cette scène est pour moi essentielle, pour séparer des passages, pour faire évoluer l'histoire dans le temps, pour installer une ambiance, etc. Voilà pour la justification.
Ensuite, comme tu me le proposes, il est vrai que tenter ce que tu appelles des "morceaux de bravoure" permettrait, si ce n'est d'améliorer les scènes (ce peut être un échec cuisant), du moins d'apporter un côté ludique à l'écriture - et conséquemment, espérons-le, à la lecture. Bref, je trouve lumineux le simple concept d'essayer de faire quelque chose d'une scène plutôt que de la subir comme je le fais trop souvent. Reste à voir si je parviendrai à l'appliquer à l'avenir - et à être suffisamment inventif pour varier les plaisirs
- Sur la scène du capitaine
En fait, l'événement réellement important de la scène est aussi le seul que tu n'as pas relevé : la mort d'un Garde sombre. Je n'ai pas insisté autant que j'aurais pu le faire et que je l'avais fait la première fois qu'un tel décès était survenu, mais cette mort a un rôle prépondérant dans l'évolution de la personnalité de Signe dans la partie II.
Je n'ai pas insisté dessus parce qu'elle est en plein combat et qu'elle est une professionnelle. En revanche, je pourrais éventuellement revenir sur ses remords à la fin de la scène. Ou encore, mieux : je lui fais prendre du recul, comme tu le proposes, et du coup elle peut y songer en même temps qu'elle observe la réussite de son plan. D'un autre côté, cela occulterait ses compétences arme en main... Mais sont-elles si nécessaires ? Peut-être, peut-être pas. Il va falloir que j'y réfléchisse.
Enfin, j'insiste, encore une fois : je ne recherche pas le suspens à tout prix. J'ai un faible pour les combats joués d'avance. J'aime l'idée de fatalité, celle que l'on trouve dans les tragédies grecques. Le vrai challenge n'est donc pas toujours (car c'est parfois le cas, tout de même) d'instaurer un suspens, mais de rendre son absence sans importance ; d'émouvoir le lecteur plus par les moyens que par le résultat, plus par la beauté, la mélancolie ou le désespoir d'un combat que par son dénouement. Après, ce n'est pas forcément facile...
- Sur la scène des mercenaires
Bon, eh bien content qu'elle rattrape un peu les deux autres de ce bout de chapitre ! Comme je l'ai écrit à Feurnard, je ne peux que plaider coupable quant au revirement trop soudain de Cytise, qui est à peu près aussi subtil qu'une boutade de Bigard (mes excuses aux amateurs). Le mélange de naïveté et de maturité est évidemment volontaire, mais il est fort mal traité ici. J'y remédierai.
A ton avis ? Depuis le début, je me prends la tête à caser des renards dans le récit, crois-tu franchement que c'est innocent ? Bon, jusque-là, ce n'a pas forcément été hyper efficace, mais j'ai l'espoir qu'un jour...Monthy, tu fais dans la métaphore fufunesque ou est-ce une un gage monnayé pour obtenir un vote bienveillant?
@ L'incorruptible - hélas ! - Feurnard :
Disons qu'elle a trois ans d'expérience avec les mercenaires, et que son âge oscille entre 16 et 18. Ajoute à cela qu'elle n'avait jamais quitté la capitale jusqu'au premier voyage qu'elle a fait au Dard en compagnie de Fadamar, laisse mijoter le tout et voit ce qu'il en sort. Je pense que l'on peut dire que Cytise est expérimentée dans son job, mais pas dans le monde extérieur - d'où l'enchantement qui peut la saisir devant des lieux rafraichissants et sortant de l'ordinaire.Je me refuse à croire que Cytise est inexpérimentée quand elle encaisse qu'on assomme les gens dans son dos.
Je marque d'ailleurs volontairement ce côté enfantin pour mieux l'effacer peu à peu au fil du récit, suite aux affres qu'elle va subir - tout en lui laissant la candeur ou la fraicheur (choisis le terme que tu préfères) de son âge.
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- Krycek
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Du coup, je pousse le bouchon jusqu'à réclamer la SUITE, la VRAIE ! Ce season finale est une rediff ! evil:
En espérant que tu me comprennes
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- Zarathoustra
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- Messages : 2081
Sache que généralement le palisir que met l'auteur se retrouve dans le lecteur, et l'inverse également. Donc à toi de trouver le plaisir dans tes scènes!Bref, je trouve lumineux le simple concept d'essayer de faire quelque chose d'une scène plutôt que de la subir comme je le fais trop souvent. Reste à voir si je parviendrai à l'appliquer à l'avenir - et à être suffisamment inventif pour varier les plaisirs
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- Monthy3
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- Messages : 673
Ah, oui, j'oubliais : rassure-toi, Krycek, je considère effectivement - parce que c'est le cas ! - que tu as déjà commenté le récit. Tu n'as point de souci à te faireJe n'ai pas le temps de lire ce chapitre mais je me justifierai en disant que j'ai déjà critiqué la première écriture (non ? ).
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