file [Juin 2009] La Nuit du Jugement

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il y a 14 ans 11 mois #15600 par Vuld Edone
[Juin 2009] La Nuit du Jugement a été créé par Vuld Edone
[jarticle=670:zg3243av]La Nuit du Jugement[/jarticle:zg3243av]
Écrit par [jauteur:zg3243av]Dude[/jauteur:zg3243av]

Je ne me montrerai pas très critique sur le fond. Il n'y a que l'intervention des ghoulies qui me semble discutable. Rien ne la justifie, rien ne l'explique (à part le titre) et la conclusion l'efface.
Aussi, pour ce passage, la forme change profondément, amplifiée, plus descriptive, il s'agit pour moi d'un autre narrateur.

C'est la forme qui m'a le plus retenu - pour ce que je considère être un récit classique (mais à force, qu'est-ce qui ne l'est pas ?) - la forme qui joue le difficile équilibre d'en dire le moins possible.
Parfois, ce n'est pas satisfaisant :

Les arach-singes grognent, s’ébrouent bruyamment, leur instinct sauvage aguillé par la tension palpable de leurs cavaliers.

On sent après la seconde virgule une proposition "sur-ajoutée" et si j'avais encore le terme technique en tête, ça m'aiderait.
"Bruyamment" dans ce cadre détone, tout comme "palpable" qui ressort beaucoup trop dans la phrase (alors que nous, lecteur, ne palpons rien). Le style lapidaire est efficace mais, comme en poésie, les détails ressortent.

Leurs poursuivants n’ont plus donné signe de vie depuis des lustres.

Nouvel exemple ici, "depuis des lustres". Je sais la tentation énorme qu'il y a de l'ajouter, ne serait-ce que pour intensifier la proposition. Mais ce sont de tels ajouts qui nuisent plus qu'ils ne servent.
Si, bien sûr, le but était un style lapidaire.
Il va de soit qu'à partir des ghoulies, tout change trop profondément pour que je puisse en citer ne serait-ce qu'un passage. Il n'est plus question de dire l'essentiel, on se repaît littéralement de détails. On s'en gave.

Un des arach-singes, au pelage roux et au rictus féroce, fauche l’air brûlant de ses six bras préhensibles.

Je ne sais toujours pas quoi en penser. À la première lecture, il y avait eu là pour moi un défaut d'information (on n'en disait simplement pas assez). Mais à relire, il ne manque rien.
À mon avis, c'est le mot "arach-singe" ne portant sur aucun objet qui demande à être construit. On lui attribue "pelage roux", "rictus féroce" et "six bras préhensibles", en plus d'être entre l'araignée et le singe. Ce dernier point n'est, ironiquement, pas si évident (j'ai durant tout le récit plutôt eu en tête des chocobo à la FF).
Il faudrait revoir la structure pour introduire ce nom, en deux phrases ou plus détachées afin de s'assurer qu'à terme le lecteur puisse en avoir une idée claire. Enfin, c'est le seul exemple où je pourrais dire que le style risque d'être trop lapidaire.

J'ai noté aussi dans un passage une forme de rime sur laquelle Monthy3 pourra sans doute en dire plus que moi :

Un grondement sourd roule et s’amplifie du fin fond de la vallée, d’où s’élève un panache de poussière. Nuage noir qui obscurcit soudain l’horizon.
(...)
Les hors-la-loi s’empressent à l’unisson. Les arach-singes grognent

J'ai laissé la première phrase pour montrer en quoi la seconde, sans verbe (principal), paraît un ajout. La rime porte sur "horizon" - "unisson", un consonantisme facilement remarquable.
J'en déduis qu'il y a d'autres constructions de ce type et que pour des formes courtes, le texte s'est écrit à l'oreille. Mais je ne crois pas y détecter de sens : simplement le plaisir de la lecture.

Aussi, il faut poser la question du présent. Un choix plutôt étrange en focalisation zéro et pour un récit clairement étranger au lecteur. Quel était l'effet recherché ? Ou la raison ?
Mais en général c'est un style très réussi et duquel je m'inspirerai très probablement. Très simple et très efficace, avec lequel l'action avance sans peine.

La forme donc m'a beaucoup plu.

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il y a 14 ans 11 mois #15623 par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re: [Juin 2009] La Nuit du Jugement
Avant d'entrer dans le commentaire proprement dit, une question:

de ses six bras préhensibles.

Ce ne serait pas plutôt de bras "préhensiles"? dans le sens où ils sont aptes à la préhension et non pas sujet à préhension?

***

Bon, autant le dire, j'ai surtout envie de discuter, avec cette histoire:
- de l'introduction
- des verbes au présent et des jeux de focalisation
- de la pertinence des éléments.

Mais peut-être me faut-il commencer par dire que même s'il paraissait long à première vue, j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture. Le style est inhabituel, mais se laisse volontiers apprivoiser et l'entier du récit est agréable.

Ceci étant dit, je vais commencer à pinailler 8) .

L'intro...

Cette intro a l'avantage de fonctionner. Son inconvénient est de m'avoir pendant un bon moment posé les questions habituelles du "qui", "quoi", "quand", "où", etc...
Entre nous, en lisant ça, je me suis d'abord cru chez les hommes lézards, puis dans l'empire de warhammer, puis plus tard dans le texte je me suis cru au far west entre deux instants où le monde m'apparaissait plutôt comme du post-apocalyptique.
Bref, pour le où et quand, autant dire que même à la fin ça m'échappait totalement. Quelque part, ça ne poserait pas de problème, vu que c'est une nouvelle et que ce genre de détail, on s'en fout, mais tu fais vraiment tout pour nous paumer dans ce monde.

- mutants armés de lances dans un chariot en acier...
- présence d'explosifs
- des arachs-singes
- un empire non identifié
- l’île-prison de Harr-Agô.

Dans le tas, lors de ma lecture, j'en suis quand même arrivé à ne pas remarquer la nomination de l'île prison et à croire que "badlands", c'était le nom de la tribu primitive :P .

Bref, d'un côté tu fais beaucoup de références à ce monde, mais de l'autre on ne saura jamais de quoi il retourne.
C'est un style qui se vaut, l'effet le plus immédiat que je vois, c'est qu'on est forcé de se borner à subir l'action, à observer sans plus chercher à comprendre. Et peut-être, aussi, et ce n'est pas des moindres, cela nous force-t-il à nous occuper en priorité des personnages puisqu'ils sont notre seul point de repère.

Du reste, dans l'ensemble, ça n'a pas posé le moindre problème pour suivre l'action. Donc même si l'immersion a pris un certain temps, elle est efficace.

Du coup, je saut à la pertinence des éléments, puisque ça y est directement relié. Parce qu'au final, quel est le sens de ce texte?
- Jéricho s'évade
- petit délire dans une planque ralliée pour on ne sait quelle raison (faisons-nous peur)
- Jéricho tue Walt, condamné à mort pour trahison (informel)

Bref, nuit du jugement, ça se comprend au vu de la fin, mais l'ensemble du texte ressemble à un immense prétexte et, au final, on reste quand même sur sa faim.

Le texte attire inévitablement par sa grande part de mystère:
- qui est Jéricho?
- quel est ce monde étrange où l'on chevauche (ah ah :lol: ) des araignées à tête de singe (je n'ai pas d'autre image en tête, et c'est franchement ridicule).
- que font là les ghoulies, en pleine nuit? (tiens, nuit du jugement, attaque en pleine nuit, un classique)
- accessoirement, que fout là l'empire, qu'a fait Jéricho pour être condamné, etc...

Alors okay, c'est clair qu'on ne peut pas t'accuser d'être par trop grégaire, vu que tu sors clairement des sentiers battus. Ceci étant, l'histoire en elle-même n'a aucun sens, sinon de raconter quelques événements peu rattachés les uns aux autres. (je suis mal placé pour reprocher ça ^^ , mais bon).
L'attaque des Ghoulies, à part mettre de l'ambiance, apporte-t-elle quelque chose au texte?
Donner des bribes d'un monde franchement nouveau apporte-t-il quelque chose?

Au final, oui, parce que ça crée une magnifique atmosphère, ça immerge le lecteur et ça donne envie d'en savoir beaucoup plus jusqu'au final, bref, ça crée des attentes.
Et chez moi, l'attente a quand même été un peu déçue.
Une fin en queue de poisson, vu que jéricho décide de tuer Walt à ce moment, comme ça, parce que soudain ça lui passe par la tête. Pas avant, pas même envie de l'abandonner dans les flammes, mais juste là.

Ce qui m'amène à me demander quels sont les indices donnés...

Walt, dès le départ, tremble, sue, montre qu'il a peur. Ce serait un indice de sa trahison, mais un Jéricho ne montre pas que ça lui apparaît suspect et deux on se rend vite compte qu'il a toutes ses raisons de craindre son patron.

Walt est celui qui a tout arrangé pour sauver Jéricho... Si au moins il avait eu une raison pour cela, pour se mettre comme ça en danger.

Et pis tiens, Killian, qu'est-ce qu'il vient foutre là-dedans? Tu lui offres une place d'honneur dans les rangs de tes personnages, mais s'il y en a un qui fait décor, c'est bien lui. Il n'a strictement aucun rapport avec l'action en cours, il est plus là "par accident".
Couvrir la trahison de Walt en reportant les soupçons sur un autre? Mais Jéricho là non plus ne montre aucun signe particulier.

Tiens, le seul indice dans tout ça, ce serait:

Ses traits s’animent alors qu’il hume l’air autour de lui en souriant.
- Cette nuit s’annonce pleine de promesses. Tu ne le sens pas?

Mais c'est trop léger pour moi 8) .

édit: j'en ai trouvé un autre:

- On admire le paysage. Killian lui adresse un regard amusé. Toi qui te prends pour un caïd, comment t’expliques que tu te sois retrouvé en cage ?
- Méfie-toi, gueule d’ange, je pourrais avoir envie de m’occuper de ton autre joue. Quant au reste, c’est un mystère que je compte bien éclaircir. Pas vrai Walt ?

Et là c'est déjà beaucoup plus clair. Ceci dit, ça me montre plutôt que tu avais dès le départ cette idée en tête que Jéricho voulait se venger, ce qui m'explique encore moins la fin précipitée.

Bref, j'en reste au verdict d'une agréable (très agréable) distraction pour le lecteur, une petite anecdote asensée pour le plaisir de lire.

Je serais pas mécontent de m'être trompé, mais en y pensant davantage, le "c'est toi qui m'a trahi, meurs!", quand bien même dans ce contexte totalement inattendu, reste un classique dans les histoires d'évadés. (mais je persiste dans l'originalité du récit ^^ ).

***

Valà pour le fond. Dans la forme, on a un style très particulier entre:
- un vocabulaire très riche et soutenu (préhensible...)
- des verbes au présent et encore au présent
- une focalisation changeante.

Au passage, contrairement à Feurnard, je ne crois pas à la focalisation neutre. Au contraire, au départ la focalisation l'est peut-être, mais très vite on passe à une focalisation interne entre Walt et Killian, puis entièrement Walt jusqu'à la toute fin. Tu rentres réellement dans leur tête pour nous montrer ce qu'ils voient et pensent. Pas neutre ça (mais comment peut-on être neutre? (futurama)).

Le vocabulaire a son charme et tu t'y tiens bien, je laisse à Feurnard cette critique. Pas de grosse transgression repérée pour ma part.

Reste les verbes au présent qui m'ont bien interrogés.
J'adore écrire mes textes au présent, jeunesse vie et déclin en est un bon exemple. Comme frère et soeur aussi il me semble. Mais la plupart du temps, je ne cesse d'employer le présent en même temps que le passé composé et quelques imparfaits. Ici, on a une volonté affichée de s'en tenir au présent.

Il n'y a qu'à la fin que tu abandonnes ça avec le passage de la fuite, entièrement au passé. (signe de l'envie d'en finir?)

Bref, je n'ai pas étudié ce fameux style "lapidaire" ainsi nommé par Feurnard, mais je peux imaginer.
De mon côté, je constate que l'emploi de verbes uniquement au présent donne vraiment une action saccadée, par image. Ce n'est pas un film, mais une succession de tableaux, d'images, comme du quatre-cinq images par seconde :P .
Dans l'ensemble, ça crée une atmosphère particulière et le style narratif s'adapte bien aux sensations que tu veux créer. Je suppose que ça ne fonctionnerait pas trop pour du roman d'amour ou de la saga (à voir pour la saga), mais pour une nouvelle d'horreur, c'est excellent.

Ceci dit, y a un ou deux passages étranges où faut forcer pour que le présent passe:

- Arrête ton numéro, c’est pas le moment de lambiner ! Les troupes du Marshall sillonnent la région et j’ai pas envie de croupir en taule !
Malgré son apparence juvénile, son visage étroit et ses cheveux blonds, presque blanc, la voix âpre de Killian ne tremble pas.

Ben... sa voix ne tremble déjà plus, vu qu'il a déjà parlé...

-Tu m’as l’air d’un gars futé. T’as du cran, de la ressource. Pas vrai ?
Lump, qui s’est rapproché, opine timidement.

Et là, soudainement, c'est du passé composé alors que tu aurais pu rester au présent.

Défaut de cohérence dans le style? Hein? Quoi? Heu... j'avais prévenu que j'allais pinailler aussi, alors pas taper (trop fort en tout cas). :chaos:

Que dire, que dire ma foi? Je ne sais pas trop quel aspect t'intéresse, ni quels étaient tes défis en faisant ce texte. De manière générale, le texte est très réussi. Mon avis se résume à:
- les verbes au présent, ça un effet super dans ce genre de nouvelle, faudrait que j'essaie.
- tu devais franchement avoir envie de boucler le texte en arrivant à la fin (présence de passé, quelques lignes après une action dense, fin déconnectée du reste du texte et pourtant préméditée).

De la distraction qui fait toujours plaisir et un style très inhabituel plutôt bien maîtrisé à mon sens.
Un joli coup quoi ^^ .

Impe, ce texte est comme un plat qui ressort du lot, en le mangeant on peut goûter à une saveur toute particulière et ça change.

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il y a 14 ans 10 mois #15673 par Monthy3
Réponse de Monthy3 sur le sujet Re: [Juin 2009] La Nuit du Jugement
Bon, passer après les remarquables commentaires de Feurnard et d'Impe n'est pas forcément évident et, de toute façon, j'ai beaucoup moins à dire.

C'est un chouette texte, vraiment, qui alterne les moments haletants et les moments presque hors du temps, ceux où les personnages parlent et qui instillent une belle tension. Le style est excellent, j'ai également pris le temps d'apprécier la richesse de ton vocabulaire.

En d'autres termes, je me suis régalé à la lecture du texte ! :D

Les remarques négatives que je pourrais faire sont du coup réduites à la portion congrue :

Le premier est un mutant, affublé d’un bec de canard et d’une carapace chitineuse. Il serre entre ses mains une lance plus haute que lui et lutte contre la nervosité qui le gagne. Les parois grises autour de lui, l’oppressent. Il a le sentiment d’étouffer dans son uniforme, et sous son casque de métal, sa tête est comme chauffée à blanc. Il s’efforce de ne rien laisser transparaître devant le capitaine.

J'ai pris ce tout premier passage pour mettre en évidence les quelques soucis de ponctuation qui parsèment le texte. J'ai souligné les virgules contestables :
- La première est simplement superflue, mais j'ai envie de dire que la phrase elle-même pourrait être construite différemment, en commençant par "autour de lui". Là, on a un léger alourdissement de la phrase à mon goût. Reste que ta formulation se défend. En tout cas, la virgule se discute.
- Les deuxième et troisième sont soit mal placées, soit de trop. Soit tu les laisses toutes deux mais tu déplaces la première juste après le "et", car cette dernière conjonction doit coordonner les deux verbes et non s'attacher au casque métal. Soit tu supprimes simplement la seconde, ce pour la même raison.
Bon, évidemment, la ponctuation est variable et souvent soumise à appréciation, donc prends ces remarques avec des pincettes. Il n'y pas vraiment de règle d'or. Mais j'ai quand même souvent noté au fil du texte des approximations de la sorte.

Je serai plus bref pour la suite.

Les Badlands

Dommage de caser un mot anglais dans un texte qui n'en comporte aucune autre occurrence, d'autant plus qu'il est aisé de le remplacer.

Regard havane

Belle expression, mais à ne pas réitérer dans un texte aussi court. Deux occurrences ici, c'est, à mon sens, une de trop.

Perclus de fatigue, les bêtes se vautrent sur le sol fongueux.

Une petite faute qui t'a échappé ;)


Comme tu peux le constater, peu de critiques de ma part. Dans le fond, je te reprocherai juste l'apparition inexpliquée des Ghoulies. Rien ne les annonçait dans le récit et on se demande un peu ce qu'elles viennent faire là.
Le titre est peut-être aussi un peu inapproprié. Il ne s'agit pas vraiment d'un jugement à mon sens, tout au plus d'une vengeance - et encore, ce n'est pas lui Jéricho qui enterre Killian.
Mais ce sont des détails. 8)


Je terminerai par une question : cette nouvelle se déroule-t-elle dans un monde que tu as créé pour toute une série de personnages récurrents et/ou de nouvelles, et non pour une seule ?

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il y a 14 ans 10 mois #15680 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re: [Juin 2009] La Nuit du Jugement
J'aime bien les textes de Dude. Parce qu'il arrivé à donner vie à des choses que je n'arrive pas à faire.
Bon, on sent que le scénario est très lache, je dirais presque anecdoctique. Je rejoins les autres sur le démarrage de l'histoire, on se pose un certains nombres de question, tout ne me parait pas très cohérent (franchement, exploser un véhicule pour sauver quelqu'un surtout si ça tue tout le monde sauf celui qu'on veut sauver, le hasard est sacrément complice)...). On comprend pas trop la présence des brigands "invités" vu que tu éloignes très vite. On comprend pas non plus pourquoi le traitre cherche à participe à l'évasionr alors qu'a priori tout le monde a laissé tombé le chef, etc. Peut-être que ce texte a fait partie d'un récit plus vaste et que tu es obligé de justifier a posteriori certains trucs?
On sent aussi le monde de bric et de broc que tu as crééé avec ton frère (jce n'est pas un reproches, c'est juste que ça brasse les réferences et les genres et qu'on est pas habitué (on l'est uniquement parce qu'on vous a déjà lu))
Même chose sur la ponctuation. Et toujours ce point virgule qui ne me semble pas maitrisé. En l'occurence, il faudrait des phrases beaucoup plus longues pour qu'il soit nécessaire.

Mais tout ceci n'a pas d'importance. Ce qui est important, c'est la virtuosité de la mise en scène. Tu raconte sau final une histoire simplissime, les scènes sont là parfois qu'avec l'aide d'un vague prétexte, mais tu arrives à élaborer de vraies scènes. Quand je parle de scènes, c'est de blocs que tu étires jusqu'à plus soif sans qu'il ne se passes des trucs qui fassent avancer l'histoire: le face à face Kilian Jericho; une escalade, on rentre dans une ville puis dans une cabane.
C'est rien dit comme ça, mais la lecture est jubilatoire. Dans le genre, j'ai particulièrement apprécié l'escalade avec la monture singe. Vraiment, on sent l'hostilité du roc, on sent la luminosité de la scène. C'est à la fois visuel et sensitif. Tu arrives à donner vie aux paysages et aux décors. Du grand art! Et le vocabulaire est à la fois presque virtuose mais très lisible. Tu as vraiment trouvé les mots/adjectifs justes.
Puis ta scène (presque) finales avec les ghouilies est magnifique. Tu as réussi à créer une adversaire anonyme très crédible. On sent le danger qu'il représente. Ce n'est pas purement pour faire naitre une tension au départ. La menace est crédible tout le long et tu les décris de manière précise et réaliste. Et original.

Maintenant, si je devais faire une vraie réserve, je pense que c'est dans Walt. C'est un personnage qui devrait être beaucoup plus complexe. Là, tu l'associes tout le long à la peur (d'ailleurs, tu emploies plusiures fois le mot juxtaposé à lui). On comprend qu'il ait peur, mais il finit plus par ressembler à un mari potentielement cocu gras du bide qu'à un aventurier. Donc, à la longue, j'avais déduis que c'était lui le traitre: à la fois pour cette raison d'insister sur sa peur et aussi dans ta volonté de le rendre un peu insignifiant, comme pour mieux noyer le poisson. Pourtant, il devrait être infiniment plus complexe ne serait-ce parce qu'il est présent pour délivrer Jericho. Et puis, un traitre, c'est forcément un personnage qui devrait être intéressant à creuser.
Ce qui fait que la scène finale (la vraie) me parait en dessous du reste. Ce n'est pas un personnage intéressant ni attachant. Il meurt mais on s'en fout un peu. Déjà que l'histoire est parfois très prétexte, mais la façon dont tu traites sa mort ne sonne pas "juste". On te sent un peu embarassé par cette fin, comme si tu avais des intuitions mais qu'elles n'étaient pas complètement claires. Ou que tu as eu peur d'aller jusqu'au bout. Alors que Jericho et Ryan sont remarquablement bien campés, Walt reste une caricature.

Donc voilà en gros l'éclairage que je peut t'apporter. Donc en gros, revois Walt, travaille un peu plus le scénario (le pourquoi du comment). Le reste, c'est vraiment très très bon. Je suis vraiment admiratif de ton art de la mise en scène. Tu arrives à faire exister tes scènes sans qu'elles ne soient véritablement justifiées par ton intrigue. Tu as un sens aigu de leur durée, de la dilatation du temps, du remplissage de détails qui les font vivre. Et puis, mise à part parfois la ponctuation, ton style est remarquable par sa puissance évocative tout en restant très fluide, quasi transparent. Je suppose (et espère! :x D ) qu'il y a du travail derrière, mais je trouve que (si c'est le cas) il ne se voit pas. Et du coup, c'est ça qui est le plus fort! Donc bravo!

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