MOnthy: chap 4 et 5

Notre grande saga se poursuit en douce sans qu'on fasse d'annonce! J'avais pas vu tous ces chapitres mis en pature dans le plus petit secret...

Ces 2 chapitres sont effectivement un peu sur le même moule que le précédent. On est dans une sorte faux plat, voire de plat tout court puisque l'intrigue ne progresse quasiment pas. Ils sont là pour retiser une toile. Je dirais presque c'est retounier.
Par contre, ce long temps mort te permet (enfin!) de densifier les rapports entre tes personnage. Tous gagnent en profondeur. Therk devientsoucieux, il annonce que c'est sa der des der' (rien quand il dit ça, on a le presentiment qu'il ne survivra pas à cette histoire). Fadamar sort un peu de sa carapace inhumaine, Cytise devient balotter (c'est le personnage le plus riche que tu as créée) etc. D'ailleurs plus que leur personalité, c'est dans les relations entre eux que nait une partie du suspence que tu nous propose. Même K'thraus gagne en densité. Lui qui n'était qu'un pion prend de l'épaisseur, ce qui me fait regrétter que tu ne l'aies pas un peu plus travaillé avant l'affrontement avec l'assassin. D'ailleurs, la relation avec le roi et l'assassin elle aussi gagne en profondeur.. du moins elle ouvre des possibilités.

Je pense que ton choix de faire des focus successifs sur chacun tes personnages finit aussi par te pénaliser. On finit par rester un peu exterieur à tout. Par exemple, ta scène avec Kjeld. Il y avait certainement de quoi faire plus long et du coup de nous laisser le temps de rentrer dedans. Là, en 3 paragraphes tu veux qu'on s'intéresse à lui. Je dirais que du coup, la magie qui était un point fort devient un peu agassante: on l'a avec Elebore, on l'a aussi avec Osbern. Et à chaque fois, elle apparait comme dangereuse, donc un peu sous le même angle.

Bref, il y a à nouveau plein de fils qui se tissent entre eux pour former ta toile d'arraignée.
Maintenant, je pense qu'il y aurait eu matière à amorcer ses choses avant, notamment dans la première partie. On a l'impression que tu rattrapes le temps perdu. Bref, tout arrive ne même temps alors que tu aurais pu construire tout ça au fil de l'eau, au fil de petites scènes d'intimité qui font défaut dans la première partie.
Du coup, en l'espace de 2 chapitres, tout le monde repart avec une sorte de fardeau sentimental sur les épaules. certains sont inétressants, certains flirtent avec le cliché. Il me smeble que tu as la matière mais que la manière resteà revoir. Il faudrait que ce soit moins démonstrative, moins mathématique en quelque sorte. Plutôt, le terme exact serait moins "mécanique".

La contre-partie de ce déchainement d'intrigue sentimentale, cest que ton histoire, ta graande histoire patine. On a pas grand chse à se mettre sous la dent. Là aussi, un peu plus d'équilibre aurait été bienvenu. Une petite scène pour créer un peu de tension. Une vraie surprise. Je ne pense pas que la scène avec les pillards y réussisse. On ne sent pas de vrai danger.

Tu disais craindre que les chapitres suivants soit un peu décevant par rapport à "l'action", c'est un peu vrai. Mais pas dans l'absolu. C'est plus que tu as fait le choix d'une sorte de désequilibre sans mettre de vrai contrepoid. Ou alors, tes scène plus intime manque de présence. De densité. On reste trop spectateur. A toi de nous immerger plus.
En fait, à ce stade, il manque d'un vrai méchant. Ou du moins d'une menace plus concrète. Le secte est trop abstraite. Et les enjeux, à force d'en empiler, finissent par se neutraliser en terme d'intérêt pour le lecteur que je suis.
Voilà mes quelques éclairages sur cette semi-déception/semi-satisfaction.

PS: l'apparte à la première personne me laisse de plus en plus sceptique quant à son utilité. En l'occurence, je trouve celui-ci pas très pertinent. Voire déplacé.

Bon sang, j'avais écrit une très longue réponse (que ton commentaire et mon retard méritaient), mais Internet me l'a volée Je vais tenter de triompher de ma rage et de te repondre la même.

Bref, en préliminaire, je disais que les chapitres 4, 5 et 6 avaient été écrits en trois jours successifs, un par chapitre, ce qui expliquait non seulement la pauvreté de leur style (qui saute aux yeux, je trouve), mais aussi les similitudes dans le ton et dans le découpage foireux (n'ayons pas peur des mots).

Même K'thraus gagne en densité. Lui qui n'était qu'un pion prend de l'épaisseur, ce qui me fait regrétter que tu ne l'aies pas un peu plus travaillé avant l'affrontement avec l'assassin.

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Maintenant, je pense qu'il y aurait eu matière à amorcer ses choses avant, notamment dans la première partie. On a l'impression que tu rattrapes le temps perdu. Bref, tout arrive ne même temps alors que tu aurais pu construire tout ça au fil de l'eau, au fil de petites scènes d'intimité qui font défaut dans la première partie.

Je l'ai déjà expliqué à moult reprises précédemment, mais tes remarques me poussent à développer un peu. En fait, ce que tu relèves tient du leitmotiv même de l'Echiquier. Quand j'ai commencé ce roman, j'étais extrêmement et trop ambitieux, particulièrement sur sa structure. En somme, j'avais voulu écrire un récit avec un système de flous successifs :
- Première partie : les personnages ne sont que des pions et, en tant que tels, sont peu développés, peu personnalisés. Les morts pullulent, mais qu'importe ? Elles ne peuvent émouvoir. Ce ne sont que des pièces quasiment inertes, inhumaines. Le ton est neutre.
- Deuxième partie : premier zoom. On se rapproche des personnages, ils gagnent en personnalité. Du coup, leurs relations sont plus développées en prennent de l'importance. La mort de certains d'entre eux est censée avoir plus d'impact non seulement sur le lecteur, mais aussi sur les personnages eux-mêmes.
- Troisième partie : second zoom. Les points de vue sont réduits. On suit les personnages de l'intérieur. Chaque acte a un motif. Les relations et les déchirements entre personnages sont à leur apogée et prennent le dessus sur l'intrigue générale.
>>> Telle était l'idée. Le problème est que cette idée comporte en elle-même une faille. Pour que le système de zoom marche, il faut que les zooms soient brutaux. or cela induit nécessairement une comparaison entre parties, notamment entre la première et la deuxième - comparaison qui joue nettement en défaveur de la première et souligne ses lacunes. En effet, je manque cruellement de la maîtrise nécessaire pour rendre vraiment intéressant un récit neutre dans le ton (cf Chimio' de Feurnard pour un contre-exemple)

La contre-partie de ce déchainement d'intrigue sentimentale, cest que ton histoire, ta graande histoire patine. On a pas grand chse à se mettre sous la dent. Là aussi, un peu plus d'équilibre aurait été bienvenu. Une petite scène pour créer un peu de tension. Une vraie surprise. Je ne pense pas que la scène avec les pillards y réussisse. On ne sent pas de vrai danger.

Damned, tu as percé ma pourtant très subtile tentative d'animer un peu ces chapitres par une scène d'action bien placée ! Cela prouve que j'avais bien conscience de la faiblesse de ces chapitres, mais cette remarque mérite aussi un plus long développement.
En effet, l'une des particularités de l'Echiquier, voulue mais malheureuse (à croire que je suis masochiste ), consistait en ce que la "Grande histoire" (relative à l'Invocation) n'est pas placée sur un plan supérieur à la "Toile de fond" (la lutte pour le trône) ou aux "Relations personnelles" (interactions entre les personnages), ce qui donne en fin de compte une sorte de monstre tricéphale. Le problème de ce procédé est que, du coup, le pauvre lecteur ne sait pas vraiment à quoi s'accrocher - comme tu le relèves justement.

En fait, à ce stade, il manque d'un vrai méchant. Ou du moins d'une menace plus concrète. Le secte est trop abstraite. Et les enjeux, à force d'en empiler, finissent par se neutraliser en terme d'intérêt pour le lecteur que je suis.

Un vrai méchant, ça risque d'être compliqué. Quant à la menace, elle est assez abstraite pour le lecteur parce qu'elle l'est effectivement pour les personnages eux-mêmes, qui ne savent pas vraiment à quoi s'en tenir !
Mais cette nouvelle remarque se rattache assez logiquement à ce que je viens de développer, cette histoire de chimère sans tête de lion pour cracher du feu (métaphore, quand tu nous tiens ).

Bref, cela était volontaire, mais cela est défaillant, et tu as raison de le souligner.

PS: l'apparte à la première personne me laisse de plus en plus sceptique quant à son utilité. En l'occurence, je trouve celui-ci pas très pertinent. Voire déplacé.

C'était un moyen, sans doute trop artificiel, de rappeler qu'un autre joueur demeure encore dans l'ombre. Le but était que le lecteur ne tombe pas des nues lorsqu'il entrera à son tour dans la danse. Ceci me semblait donc justifier cela. M'enfin, j'ai sans doute été maladroit.


Encore désolé pour le retard.

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Première partie : les personnages ne sont que des pions et, en tant que tels, sont peu développés, peu personnalisés. Les morts pullulent, mais qu'importe ? Elles ne peuvent émouvoir. Ce ne sont que des pièces quasiment inertes, inhumaines. Le ton est neutre.

Je pense que c'est une mauvaise "bonne idée". Ta première partie est assez longue. Je pense que les lecteurs ne peuvent pas s'intéresser à des pions. Soit effectivement tu arrives leur mettre un thriller dans les patte à la Da Vinci Code et on se moque d'avoir un style lamentable et des perso en toc mais on ne recherche pas une grande ambition derrière, soit tu as une ambition et cette ambition doit se voir à travers autre chose qui est sans doute la matière littéraire elle-même. Maintenant qu'est-ce que ce truc? A toi d'y mettre ce que tu veux, mais le style et la profondeur de l'analyse de l'âme humaine me semble certainement au centre.
Pour ce qui est de ton oeuvre, on sent néanmoins petit à petit cette intention de voir des pions et un échiquier. Ce n'était pas forcément visible au début, je trouve que ça a changé sur la fin de la première partie et le début de celle-ci. Tout comme j'ai eu limpression que ces chapitres étaient plus soigné que ceux du départ (comme si d'ailleurs tes intentions avaient un peu changé en route)

Un vrai méchant, ça risque d'être compliqué. Quant à la menace, elle est assez abstraite pour le lecteur parce qu'elle l'est effectivement pour les personnages eux-mêmes, qui ne savent pas vraiment à quoi s'en tenir !

Quand j'ai écrit ça, je pensais à Maurice Leblanc et son Arsene Lupin. Il arrivait à rendre l'adversaire de Lupin mysterieux au départ et de plus en plus concret et machiavélique sur la fin. Je ne sais pas si tu en as lu, mais par rapport à ce que tu veux faire, je suis quasi certains que tu apprendrais beaucoup (enfin, c'est des souvenirs d'ado, mais je me disais que je devrais moi aussi en relire pour m'en inspirer).