Jeu de correspondances 1
- Ignit
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- Krycek
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Mes premières remarques iront comme ton texte précédent vers la position des virgules et les looongues phrases.
Exemple ici, premier paragraphe... la virgule me semble assez loin placée, ne tenant pas compte du lecteur s'asphyxiant à la lecture.J’espère avoir alors l’occasion de rencontrer en chair et en os une légende telle que vous et je me permettrais alors de vous questionner brièvement si cela ne vous indispose sur votre famille et vos liens avec la famille royale étant donné que quoique communément respectés, ceux-ci demeurent[...]
Par contre ici tu en abuses un peu.[...]même à l’aristocratie provinciale comme on se plait, je crois, à l’appeler, dans les cercles privés de la capitale.
La construction de la phrase est un peu délicate non ? Les séparer ou introduire un connecteur de conséquence (alors, mais, donc, etc..) serait peut-être une idée.J’ai transmis votre message à l’Amiral Kalio au moment même où il a mis pied à terre et il a dépêché deux navires pour suivre les déplacements de ces pirates.
Quelques fautes (peu important, mais j'aime qu'on pointe les miennes) :
"aux portes"lorsque se présentèrent au porte de l’Eternelle Cité
Les libertés sont désagréables mais "tons" ne devrait pas prendre de "s".l’auteur ayant pris des libertés de tons des plus désagréables
"s'arrêtent"Je ne sais où s’arrête les légendes
Légère répétition de "quant".j’attends son rapport quant à la perception de notre vieux rival quant à ces chiots impériaux.
(Après si tu veux te venger, tu remarqueras que tous mes passé simple, 3e personne du singulier, sont en général faux. Mais je m'y plante toujours.)
Bien, maintenant, concernant la partie plus concrète du récit je trouve la trame très intéressante, l'univers est plus que dense et palpable. Le modèle épistolaire utilisé apporte une facilité à nous en faire part, à nous laisser imaginer ce qui se passe dans ce monde, qui ne laisse pas de marbre.
Ce rapport aux faits historiques, à passer sur qui est qui et plutôt se concentrer sur le monde en lui même et le rapport qu'ils y entretiennent est des plus plaisant.
Le second jeu de correspondances a une finalité de l'échange moins présent. On y trouve le fond de manière plus anecdotique du fait que tu ais plus tablé sur le côté récit qu'historique.
Néanmoins j'ai beaucoup apprécié ces textes à la lecture ce qui me mène à cette idée : si tu le souhaites on peut créer une catégorie dans "fantasy" ou "autres genres" avec un nom de ton choix, en rapport avec ce monde afin d'y regrouper les textes en traitant. N'hésites pas si ça t'intéresse à nous faire part d'un titre et d'un petit descriptif, ce sera vite réalisé.
Ce qui me manquait dans ces textes était un ancrage plus profond dans l'histoire de ton univers. Ainsi une datation des lettres et/ou un ajout de carte du monde en question serait un atout de taille. En effet, si tu as utilisé ce modèle pour construire ton univers, autant t'en donner les moyens de manières diverses.
Simples suggestions...
Edit : Par moments et tes références à l'arbre-coeur ou encore le dieu sous la montagne j'ai associé ton texte à Midkemia (Feist, la guerre de la faille) ou encore le Trône de Fer (G.R.R.Martin). Ce ne sont pas des remarques liées à un quelconque pagiat ou approchant, mais plutôt pour décrire un peu plus à quel point j'ai réussi à m'immerger dans le récit.
Rapidement j'ai trouvé qu'il y avait la même profondeur, j'imagine que tu n'as peut-être pas autant travaillé qu'eux l'historique ou la culture, mais les points de décors donnés suffisent amplement.
Bravo pour ça !
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- Ignit
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- Vuld Edone
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Je dois avouer, ces derniers temps, ne plus du tout savoir comment commenter un texte...
La correspondance se déroulant en fantasy, donc en ère plutôt médiévale, j'ai été étonné de voir les protagonistes écrire par eux-mêmes, plutôt que de faire appel à un tiers. Écrire, pour la noblesse, était déshonorant. D'autre part le coût des supports (le papier, l'encre) et les difficultés de transport des lettres, au fond la rareté de telles missives me font douter de la forme.
Je me serais attendu à des lettres plus longues, beaucoup plus impersonnelles car dictées, contenant lieu et date notamment, et mûrement réfléchies, donc d'un plan qui se sent et qui pèse beaucoup. Il manque une certaine touche de rusticité dans tout cela, qui ajouterait en vraisemblance. De telles lettres, on pourrait en écrire aujourd'hui, tout cela n'est pas très "médiéval".
Il y a de nombreux passages qui ne servent qu'à présenter telles coutumes, particulièrement sensible pour le second jeu de correspondances... ces passages sont détachés de l'intrigue (l'intrigue elle-même n'est pas encore évidente) de sorte qu'ils sont plutôt laborieux.
Ce n'est plus comme dans la Chute, où les explications étaient intimement liées à l'intrigue et servaient pratiquement de moteur à l'action. Ici, on dirait plus des excuses. Il faudrait beaucoup plus les motiver, les incruster dans le récit plutôt que les y inviter de manière presque indépendante.
C'est très important car quelque part nous devrions prendre plaisir à, notamment, découvrir ce "jeune empire". Mais la manière dont les informations sont amenées ne le permettent pas, quelque part ce n'est pas le plus pertinent et donc, quand ces informations sont données, elles ne répondent pas au besoin direct du lecteur.
Etc...
Autre point important dans le style épistolaire, la nécessité de bien distinguer chaque acteur. Comme au théâtre, le personnage n'existe et ne doit (ne devrait) exister que par sa manière de s'exprimer. Or j'ai l'impression que, à l'exception des réponses au marchand, autant le prince que le général, que le marchand s'expriment à peu près de la même manière.
Zarathoustra a le génie de varier les personnages, il pourrait en dire bien plus que moi qui peine à ce niveau. Mais l'idée est bien que le général, après un siècle et demi, fasse ressentir dans son expression même, dans ses tournures (d'autant plus s'il écrit de sa main) sa fatigue ou sa vieillesse. Tournures vieilles, épuisées, ampoulées, on devrait pouvoir s'imaginer sa voix chevrotante ou sa main nervurée. Le marchand plus rustre, plus économe, archétype du bourgeois ou au contraire à distinguer, de quelque manière, à rendre bien distinct. Enfin ce prince Vast n'est pas du tout clair, prince mais pas militaire et qui compile l'histoire avec Cliosandre.
Tout cela demande plus de personnalité, pour chaque lettre se rappeler que le locuteur ne nous est pas évident, la signature n'arrivant qu'à la fin, et il est plus laborieux de savoir qui est qui par le contenu que par la forme.
Je me demandais, surtout à cause de ce "saint-empire" mais aussi à propos de la "lumière" et d'autres descriptions de frontières quelles étaient tes sources d'inspiration, tant fictives qu'historiques.
Aussi, et cela doit manquer aux autres, il faudrait un point de départ pour donner plus de repères au lecteur. Tout cela est un peu trop "in media res" et on ne sait pas encore où les lettres vont nous conduire. Je devine vaguement la possibilité que le marchand trahisse, que le généralissime rencontre des difficultés pour sa "dernière campagne ?" ou autres mais rien de précis et rien d'invité, donc, pour le moment j'ai lu sans autre raison que lire.
Et bien sûr, il y aurait des heures à perdre pour savoir comment ordonner les lettres, comment les regrouper et les faire interagir mais là-dessus je ne sais pas jusqu'où la discussion peut s'étendre.
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- Mr. Petch
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Par contre, tu t'attaches à ce qui est (enfin, de mon point de vue) l'un des genres littéraires les plus exigeants et les plus difficiles. Et j'entrevois des moyens d'améliorer tout ça.
D'abord, pour des questions purement sémantiques, certains mots m'ont géné par leur aspect bien trop moderne, ou certaines tournures de phrases trop orales pour de l'épistolaire :
l est cependant sans doute temps de laisser place à du sang jeune pour la redynamiser et faire naître de nouvelles stratégies.
"Redynamiser" et "stratégies"
Mon second, ce jeune lion de Janos est un général radicalement différent de moi : premièrement, il est bien plus charismatique et entraîne les hommes avec une facilité qui force l’envie ;
"charismatique"
Je connais certaines légendes les concernant mais aucune ne fait mention de ce dont vous me parlez ; c’est sans doute lié au fait que ce soit un aède nordique qui vous les ait conté
La tournure m'a semblé un peu orale et lourde, j'aurais mis "qu'un aède nordique vous l'ait conté est sans doute significatif" ou quelque chose comme ça.
Ce chef est pompeusement nommé « Maître de Guerre ».
Mon prochain rapport sera transmis comme prévu dans deux lunes.
Pour la gloire de Sa Majesté et de Pandara,
[mode sarcastique on/] Parce que c'est vrai que "Sa majesté", ce n'est pas du tout pompeux. [mode sarcastique off/] (je ne sais si c'était un décalage voulu ou non...)
Je rejoins Feurnard sur la question de l'impersonnalisation des styles : on a du mal à distinguer le général du prince, alors que leurs caractères sont surement différents. Quand je disais que l'épistolaire est un genre difficile, c'est pour cela : il oblige à se mettre complètement dans la peau du personnage, jusqu'à concevoir sa manière d'écrire. J'ai l'impression que tu as fait quelques efforts dans ce sens avec le rapport qui se veut plus formalisé, très didactique.
Et pour continuer sur ce problème : ce qui m'aurait semblé intéressant, c'est d'en apprendre plus sur les relations entre les personnages. Je trouve que cet aspect ne ressort pas assez : on ne comprends pas bien si Vast ressent juste de l'admiration pour Amanor ou si sa déférence est surtout hiérarchique. En d'autres termes, il n'y a pas de paroles derrière la parole, le lecteur n'est pas invité à lire entre les lignes, à comprendre ce qui n'est pas dit, et c'est un peu dommage. Là encore, les dernières lettres vont davantage dans ce sens, et je les ai trouvé plus intéressantes. Ne pas oublier qu'un échange de lettres, ce n'est pas un dialogue, et que les non-écrits sont aussi croustillants que ce qui est écrit.
Une piste :
Tu esquisses dans les premières lettres une opposition entre l'histoire-légende telle que les menestrels la raconte et l'Histoire-vérité telle que le dénommé Cliosandre cherche à l'écrire. La question est extrêmement intéressante, mais n'est guère exploitée dans les lettres, d'un point de vue formel, j'entends. Pourtant, il y a une potentialité, tant tu multiplies les allusions à des légendes, les récits de bataille ou anecdotes historiques.Voila ce que je sais et dont je suis presque certain ; rien dans ce que j’ai narré n’est embellissement de ménestrel car c’est directement issu des archives de ma famille.
J'ai plutôt accroché à la manière dont le narratif pur était inséré, ainsi que les passages plus descriptifs sur la société du Saint-Empire, qui donnent envie d'en savoir plus, et surtout de savoir si l'émissaire ne va pas finir par se convertir à cette fichue religion incompréhensible. C'est ce que j'ai pu observer pour l'instant sur ton style : tu cherches à insérer des explications sur ton monde mais avec une recherche dans la forme et la façon d'amener la description. Je ne suis vraiment pas un grand amateur de fantasy, mais l'idée me semble à creuser d'un point de vue purement littéraire.
Mr Petch
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- Imperator
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"Et alors?"
Mais au fond, j'y ai pris du plaisir, je suis curieux de nature, j'aime voir les choses évoluer.
Je n'avais pas pensé aux différences de styles des missives relevées plus haut, mais j'avoue que ça me semble être l'une des deux richesses à exploiter dans ce genre de récit.
L'autre (que je vois, car il peut y en avoir plus) étant le fait qu'entre une lettre et sa réponse, du temps, beaucoup de temps même, peut s'écouler. On peut alors obtenir des effets de suspens terribles (la flottille aurait pu être de ce type, encore que je ne l'aurais pas conseillé).
Pour le moment, ces lettres ne nous apprennent que des éléments sur les différentes cultures et mettent en place des personnages (un savant, un général en retraite, un espion et un général).
À voir ce que ça donnera et dans quoi ça va s'inscrire.
Cependant, plutôt que de demander les sources d'inspiration, notamment pour la lumière et la saint-empire, je me demanderais plutôt quel sentiment tu cherches à faire passer. Car tu mélanges des éléments positifs pour notre culture à des éléments négatifs. Or toute représentation d'une culture dans ce contexte tendrait à trois possibilités:
- nous montrer que ce sont les gentils
- nous montrer que ce sont les méchants
- critiquer notre propre société
Or tu ne sembles suive aucun de ces trois objectifs. Tu décris une société qui n'a rien à voir avec la nôtre, ni avec ce que l'on a connu dans le passé. Bref, une invention qui t'es propre, mais sans suffisamment de liens avec la doxa et le ressenti du lecteur pour qu'il accroche vraiment.
L'exposé sur la justice, notamment, m'a doucement endormi parce qu'elle n'est ni bonne ni mauvaise et est sans aucun rapport avec notre système actuel. Tout au plus peut-on y voir quelques éléments tirés de notre histoire (du passé).
Bref, je n'ai pas grand chose à dire, mais je trouverais intéressant de savoir ce que tu cherchais à obtenir.
Alors peut-être me sera-t-il possible plus facilement d'apporter quelque chose de constructif.
Impe.
ps: faudrait que j'essaie le style épistolaire.
ps 2: faudrait que j'écrive aussi ...
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- Ignit
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@Krycek
Par rapport à la forme, dis-toi que j'ai déjà fait des efforts de relecture pour raccourcir certaines phrases. J'ai tendance à marquer intuitivement des pauses quand je lis, d'où mon oubli fréquent de virgules. Je prends note et je vais corriger de ce pas les fautes mentionnées.
Pour la datation des lettres, je n'ai pas encore vraiment réfléchi à comment je pourrais gérer le problème du temps ; quand j'aurai une réponse, j'essaierai d'y remédier. La géographie, c'est déjà un peu plus concret dans mon esprit. Néanmoins, je suis sans doute la pire personne en ce qui concerne tout ce qui attrait au dessin ; en conséquence, il est peu probable que vous en ayez.
Pour essayer de donner quelques repères - c'est encore sujet à de possibles évolutions, c'est aussi pour ça que je ne suis pas excessivement précis - on a un continent assez massif grossièrement séparé en trois parties d'ouest en est ; tout à l'ouest, le royaume de Pandara,c'est-à-dire celui de "Sa Majesté", puisque son souverain n'est pour le moment nommé qu'ainsi et que je tiens à garder du suspense, qui a le monopole des lettres échangées, pour le moment. Au centre, on a au nord les Terres Sans Maître, qui sont grosso modo des Cités-Etats. Juste au sud, les Terres Sans Repos en partie illustrées dans "Légende", qui sont un amas de royaumes mineurs en perpétuel affrontement depuis des lustres - d'où leur nom. A l'est, le Saint-Empire émergent. Evidemment, les frontières ne sont pas des lignes droites mais ça donne une idée ; au nord de ce bloc, des terres relativement glaciales, peuplées par des tribus barbares auxquelles il est fait référence dans le premier échange épistolaire ; encore au nord, une montagne assez gigantesque - considérée par les mythes comme étant celle où était emprisonnée l'Aveugle. Au sud dudit bloc, donc à l'extrême sud du continent, le territoire "Aziar", la troisième grosse force en présence, que je n'ai pas encore vraiment développée à l'écrit - et qui couvre le sud du continent d'est en ouest, avec donc deux côtes littorales. Tu me diras, logiquement, il y a celle du sud, mais celle-ci est bouchée par une épaisse jungle tropicale.
Voila pour les repères géographiques.
Pour ce qui est des références, j'en ai plein ; je lis pas mal, j'ai beaucoup lu de fantasy notamment, même si je me concentre sur de la philo, dû à mes études, ces temps derniers. La référence à Malar, de Midkemia, est bien présente, parce que j'avais beaucoup aimé cette image. En revanche, je n'ai pas lu le Trône de Fer - enfin, j'ai lu un tome, qui ne m'a pas plu, il y a fort longtemps. Quant à la culture et autre... ma foi, je vais avoir du mal à faire quelque chose d'aussi développé mais c'est dans mon intention d'en faire un développement, oui.
@Feurnard
La correspondance se déroulant en fantasy, donc en ère plutôt médiévale, j'ai été étonné de voir les protagonistes écrire par eux-mêmes, plutôt que de faire appel à un tiers. Écrire, pour la noblesse, était déshonorant. D'autre part le coût des supports (le papier, l'encre) et les difficultés de transport des lettres, au fond la rareté de telles missives me font douter de la forme.
Je me serais attendu à des lettres plus longues, beaucoup plus impersonnelles car dictées, contenant lieu et date notamment, et mûrement réfléchies, donc d'un plan qui se sent et qui pèse beaucoup. Il manque une certaine touche de rusticité dans tout cela, qui ajouterait en vraisemblance. De telles lettres, on pourrait en écrire aujourd'hui, tout cela n'est pas très "médiéval".
Je comprends quelque part la critique mais ne suis pas tout à fait d'accord au sens où il était déshonorant d'écrire pour la noblesse à notre époque médiévale, occidentale, sur Terre. C'est un monde différent, qui s'est développé différemment, avec des cultures différentes. D'ailleurs, je m'inspire bien plus de la société romaine que de la société médiévale, puisque je connais mieux la première. Après, j'avoue ne pas trop m'être attardé sur ce souci ; j'en prends quand même note et essaierai d'y réfléchir. Peut-être opter pour cette distinction avec une autre des civilisations présentes.
Il y a de nombreux passages qui ne servent qu'à présenter telles coutumes, particulièrement sensible pour le second jeu de correspondances... ces passages sont détachés de l'intrigue (l'intrigue elle-même n'est pas encore évidente) de sorte qu'ils sont plutôt laborieux.
Ce n'est plus comme dans la Chute, où les explications étaient intimement liées à l'intrigue et servaient pratiquement de moteur à l'action. Ici, on dirait plus des excuses. Il faudrait beaucoup plus les motiver, les incruster dans le récit plutôt que les y inviter de manière presque indépendante.
C'est très important car quelque part nous devrions prendre plaisir à, notamment, découvrir ce "jeune empire". Mais la manière dont les informations sont amenées ne le permettent pas, quelque part ce n'est pas le plus pertinent et donc, quand ces informations sont données, elles ne répondent pas au besoin direct du lecteur.
Le fait est, et je comprends que cela puisse rebuter, qu'il n'y a pas vraiment ici "d'intrigue". Ce sont des lettres qui prennent place dans l'Univers et dont je me sers pour l'illustrer. Je présente des personnages, des cultures, des faits historiques, etc.. C'est surtout dans le but de varier les genres pour présenter l'Univers.
Autre point important dans le style épistolaire, la nécessité de bien distinguer chaque acteur. Comme au théâtre, le personnage n'existe et ne doit (ne devrait) exister que par sa manière de s'exprimer. Or j'ai l'impression que, à l'exception des réponses au marchand, autant le prince que le général, que le marchand s'expriment à peu près de la même manière.
Zarathoustra a le génie de varier les personnages, il pourrait en dire bien plus que moi qui peine à ce niveau. Mais l'idée est bien que le général, après un siècle et demi, fasse ressentir dans son expression même, dans ses tournures (d'autant plus s'il écrit de sa main) sa fatigue ou sa vieillesse. Tournures vieilles, épuisées, ampoulées, on devrait pouvoir s'imaginer sa voix chevrotante ou sa main nervurée. Le marchand plus rustre, plus économe, archétype du bourgeois ou au contraire à distinguer, de quelque manière, à rendre bien distinct. Enfin ce prince Vast n'est pas du tout clair, prince mais pas militaire et qui compile l'histoire avec Cliosandre.
Tout cela demande plus de personnalité, pour chaque lettre se rappeler que le locuteur ne nous est pas évident, la signature n'arrivant qu'à la fin, et il est plus laborieux de savoir qui est qui par le contenu que par la forme.
Là vient le gros défaut, dont je suis conscient, de toutes ces lettres ; je ne suis pas du tout habitué au style épistolaire et j'avoue ne pas savoir instinctivement comment faire varier ces styles, aussi tout conseil est le bienvenu. J'ai bien tenté de donner un rythme plus militaire dans les phrases des généraux, un rythme plus fluide et libre dans la lettre du Prince-intellectuel et un côté moins développé, plus simple et direct dans le vocabulaire et l'expression au marchand mais c'est peu probant.
Par rapport au vieux général, je ne pense pas son style si usé au sens où, précisément, il est encore général et est donc "dans la vie active", avec son armée, en déplacement. Le prince n'est pas militaire car il y a une armée de métier - cela s'entend au fait qu'il y ait des généraux, c'est-à-dire que ce n'est pas l'aristocratie qui mène l'armée. Les nobles ont leur garde personnelle, un certain grade militaire en cas de besoin et ne peuvent réellement recevoir d'ordre mais n'ont de fait pas de formation militaire aussi poussé qu'ailleurs. C'est une particularité mais aussi un outil politique ; il faudra que je développe cela - je dois développer beaucoup de choses.
Je me demandais, surtout à cause de ce "saint-empire" mais aussi à propos de la "lumière" et d'autres descriptions de frontières quelles étaient tes sources d'inspiration, tant fictives qu'historiques.
Elles sont diverses et variées ; le Saint-Empire a un côté Empire Romain - pour les légions, etc. - mais aussi sa propre particularité, il accumule certains poncifs d'univers de fantasy, à savoir l'Empire très dévôt etc.. J'ai un peu de mal à m'exprimer en références précises parce qu'elles sont nombreuses et parfois pas forcément tout à fait conscientes. J'ai deux modi operandi pour développer l'Univers : à la fois rechercher des choses intéressantes, essayer d'établir dans l'Univers certaines notions, certaines conceptions, de voir à quoi elles aboutissent et à la fois une recherche de symboles, de beau, d'images qui me plaisent et m'attirent - c'est plus tangible dans la culture, les croyances, les mythes.
@MrPetch
Bon, j'ai déjà répondu quant aux styles et à ce problème que je dois résoudre ; je te remercie pour le relevé, je vais travailler aussi là-dessus.
Par rapport au "pompeusement" et ce qui s'ensuit, évidemment, il y a un décalage : je trouve assez amusant de voir les gens trouver ridicule une appellation et en employer une similaire parce que cela leur semble tout à fait normal. Si on lui faisait la réflexion, je le verrais bien dire un grandiose "Mais, ça n'a rien à voir, voyons !". x)
@Imperator
Cependant, plutôt que de demander les sources d'inspiration, notamment pour la lumière et la saint-empire, je me demanderais plutôt quel sentiment tu cherches à faire passer. Car tu mélanges des éléments positifs pour notre culture à des éléments négatifs. Or toute représentation d'une culture dans ce contexte tendrait à trois possibilités:
- nous montrer que ce sont les gentils
- nous montrer que ce sont les méchants
- critiquer notre propre société
Or tu ne sembles suive aucun de ces trois objectifs. Tu décris une société qui n'a rien à voir avec la nôtre, ni avec ce que l'on a connu dans le passé. Bref, une invention qui t'es propre, mais sans suffisamment de liens avec la doxa et le ressenti du lecteur pour qu'il accroche vraiment.
L'exposé sur la justice, notamment, m'a doucement endormi parce qu'elle n'est ni bonne ni mauvaise et est sans aucun rapport avec notre système actuel. Tout au plus peut-on y voir quelques éléments tirés de notre histoire (du passé).
Effectivement, mes objectifs ne sont pas parmi ceux que tu mentionnes. Je ne considère par qu'il y ait de "bons" ou de "méchants" pour le moment et surtout, je souhaiterai éviter toute focalisation ethnocentrique qui fait valoir que "telle civilisation, c'est bien, telle autre non". Toutes ces civilisations que je souhaite développer ont leurs intérêts, leurs défauts ; mon but est juste de les inventer, les décrire, voir ce qui en résulte.
Après, il me semble évident que l'image renvoyée de ces sociétés est influencée par la nôtre ; je ne peux espérer y couper mais j'essaie quand même de leur donner une image assez indépendante. Comme je trouve qu'écrire, c'est mobiliser toutes ses connaissances, tout ce qu'on peut apporter, j'essaie de mettre à profit mes études pour apporter une structure juridique, entre autres.
L'intérêt du "système judiciaire" exposé, même si le terme me semble peu approprié vu ce qu'il est, devrait résider dans la comparaison possible avec les autres. J'utilise une des lectures que j'étudie en ce moment, à savoir Surveiller et Punir, de Michel Foucault, pour cela. J'ai voulu dans celui-ci aborder les liens entre le droit et la religion, en matière de justice et comment les deux parvenaient à coexister et travailler ensemble. Du coup, il y a une séparation en deux du processus punitif ; d'habitude, un système judiciaire tend à réparer le tort fait à l'individu et à la société - c'est-à-dire le préjudice commis et retirer toute valeur d'exemple au délit. Il y a toute une tradition - dont font partie les supplices et autres décapitations en place publique - qui tend à un châtiment exemplaire, il faut que la faute et le fautif s'imposent à la vision de tous. Cela passe par le travail public qui en plus rend service à la société (c'est une vision qui en soi est assez "en avance sur son temps"). Ici, à ces aspects s'ajoute une troisième composante, l'aspect religieux, c'est-à-dire qu'il faut que la Lumière rende justice elle aussi. Et dans les cas les plus graves, l'individu n'existe plus, c'est-à-dire que toute la valeur qui était donnée à sa vie est retirée et on peut le tuer sans problème. Cela se sentira plus avec la prochaine lettre ou la suivante, qui développe la religion du Saint-Empire, mais celle-ci donne une valeur à la vie humaine ; donc pas de torture, on ne coupe pas la main qui a volée, par exemple, mais on veut sa rédemption.
A côté de cela, le culte et la justice ne s'immiscent pas trop dans la famille ; dans notre société, le droit de la famille est très imposant mais c'était peu le cas avant. Du coup, c'est de la casuistique, selon le dernier paragraphe de l'espion-marchand.
Dans l'analyse dudit espion, on peut remarquer (pour revenir sur le fait que la vision "réparation vis-à-vis de la société" est assez moderne) qu'il ne fait attention qu'au remboursement du préjudice, à l'insulte à la Lumière mais ne voit pas du tout l'aspect social et exemplaire du châtiment.
Voila, en vrac, une partie des choses que j'ai voulu montrer dans cet exposé sur la justice dans le Saint-Empire. Après, je comprends que tout le monde ne trouve pas ça très intéressant.
Merci en tout cas pour tous ces commentaires,
Cordialement,
Ignit.
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- Imperator
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Ceci étant, le problème avec le système que tu décris, à nouveau, est qu'il ne réveille rien dans l'esprit du lecteur lambda, c'est une description vide de sens pour lui parce qu'il n'a aucune base à exploiter. En pédagogie, on appelle cela, il me semble, la zone proximale de développement, ou un nom du genre, pour désigner un espace délimitant les connaissances auquel un individu peut avoir accès à partir des connaissances qu'il possède déjà, ce qui est en dehors de cette zone étant inaccessible car l'individu n'a pas les bases. (apprendre l'inférence statistique sans comprendre le concept de moyenne).
Dès lors, une présentation but en blanc et sans implication des protagonistes peut difficilement attirer le lecteur. Si encore il s'agissait de l'auteur de la lettre qui avait été condamné, on pourrait s'identifier à quelque chose de connu, mais il est aussi spectateur que nous.
Le lecteur veut juger (par préjugés) pour se construire sa carte cognitive de ton univers. Aller tout de suite dans trop de détail, c'est risquer de le perdre complètement, du moins, il me semble, non?
Impe.
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