file Fragments d'Apocalypse 2

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il y a 14 ans 7 mois #16605 par Mr. Petch
Fragments d'Apocalypse 2 a été créé par Mr. Petch
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il y a 14 ans 7 mois #16606 par Krycek
Réponse de Krycek sur le sujet Re:Fragments d'Apocalypse 2
Tout d'abord, je salue l'initiative d'utiliser le présent comme temps de narration. En tout cas, pour ma part, il est difficile à maîtriser et j'ai tendance à revenir au passé, pour plus de latitudes. Maintenant, est-ce que cela sert ta volonté de suspense ou cela t'aide-t-il à insérer les questions que se pose Cécile... ? bonne question.

J'ai trouvé assez étrange que son frère, à Cécile, sache utiliser un fusil mais ne semble pas très doué intellectuellement parlant (tel que tu le dis) ou encore ait des difficultés à s'exprimer, bien qu'il comprenne le fonctionnement de l'arme.
Toujours d'un point de vue cohérence, aller au village en voiture ne serait-il pas plus indiqué ? Pour rester avec sa soeur et son frère, pour se protéger, la possibilité de fuite rapide, etc... ?

Dès le début je me disais que Cécile était schizo et je me suis basé dessus. Apparemment l'homme que nous avons rencontré dans le premier opus, le confirme à travers ses paroles étranges. Auquel cas, doit-on supposer le sanglier imaginaire ? Puisqu'il lui suffit de penser fortement à s'en échapper pour... se retrouver en ville (snap !).

La rencontre avec l'homme d'église est floue, nettement au moment des coups de feu, je dois dire que je ne cerne pas bien ce qui s'est passé. Elle a tiré et l'a manqué ?
D'autre part au vu du style précédent cet évènement, j'aurai trouvé normal, voire intéressant, qu'ils se quittent sur une ambiance plus Western : observations, silences, coups d'oeils, etc... lent et calme quoique tendu.


Ainsi Madame est schizo (AMHA) et... et quoi au juste ? Par rapport au premier récit des fragments d'apocalypse, je n'ai pas discerné de changement... l'intervention de l'homme d'église ne change rien non plus à l'état de la demoiselle. Je conçois qu'un tel scénario soit possible, après tout on ne peut pas écrire que sur les grands du monde, mais... explique moi ! :D

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il y a 14 ans 7 mois #16612 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Fragments d'Apocalypse 2
J'ai plutôt cru comprendre que Cécile était la mère. Maintenant un enfant avec un fusil... espérons qu'il a l'épaule solide. La mère aurait dû prendre le fusil et leur laisser le colt... en acceptant de laisser une arme à des enfants.

Maintenant peut-on vraiment lire les fragments dans n'importe quel ordre ? On ne sait pas qui est cet homme d'église sans le premier fragment (et le fait de les numéroter, déjà...) mais plus encore, si les prochains fragments les reprennent, on ne saura pas pour la bicyclette ni pour la statuette.
...
...
À moins que justement ce soient des éléments introduits d'autres fragments. Après tout cette bicyclette n'était pas là dans le premier fragment. Tout cela me fait penser à un puzzle qu'on ne reconstitue qu'avec tout ou majorité des fragments.
Et que j'espère impossible à reconstituer de facto.

Sur une toute autre note, j'ai essayé de traduire les paroles étranges du "prêtre" :

« Horruit spiritus meus, ego Daniel territus sum in his, et visiones capitis mei conturbaverunt me. Accessi ad unum de assistentibus, et veritatem quaerebam ab eo de omnibus his. Qui dixit mihi interpretationem sermonum, et docuit me. » dit l'homme.

Cela donne chez moi :

Il a frémi mon esprit, je Daniel ai été détourné en lui, et mes visions (?) me troublent. J'ai eu accès à un de ses assistants (?) et je suis en quête de la vérité vers là de son tout. Et celui-ci a dit à moi des paroles interprétées, et m'a instruit.

Je l'admets, ma grammaire date un peu et mon dictionnaire n'est pas complet mais c'est encore la traduction la plus précise à laquelle j'ai abouti.
Il y a beaucoup plus de prépositions que ce à quoi je me serais attendu, au point que c'est plus du français latinisé que du latin ; mais aussi les pronoms m'ont complètement perdu. Ce "his" m'est inconnu (ei ? is ?) et j'ai été destabilisé par "eo" que je traduis par "là, y".
Le verbe "territus sum" devais certainement signifier quelque chose en rapport avec la terre. "Assistentibus" devait sans doute être plus au sens d'aide, d'aider ou encore d'être aux côtés de... mais c'est un substantif pluriel (soit datif, soit ablatif). Quant à "accessi", c'est encore un casse-tête pour moi puisque j'ai même du mal à l'envisager comme un verbe.
D'ailleurs ceux-ci sont souvent à des temps étranges comme le parfait ou le passif. Mais je l'admets, c'est plus faute de me rappeler bien de ma grammaire, et de retrouver toutes les désinences.
Enfin pour le mot "capitis", j'ai été incapable d'en retrouver même un mot proche qui ferait sens. Mais comme c'est un adjectif, ce n'est pas très important.
Tout cela m'a donné l'impression d'un latin religieux de l'époque médiévale, plutôt que du latin classique. Déroutant en tout cas.

Il y a un petit effet, discret, dans les dialogues, qui est souligné au départ quand la narration admet que Cécile monologue plus qu'elle ne parle à ses enfants (j'admets que ce sont ses enfants). À la fin, lors du dialogue entre le "prêtre" et Cécile, c'est la narration qui porte les actes de langage, "non", "oui", c'est la narration qui agit en place des dialogues.
D'une certaine manière chacun d'eux cause de son côté. Cécile a des préoccupations terre-à-terre, l'essence, le vélo, tandis que le prêtre parle de vérité et de mensonge. La réplique la plus intéressante, à ce titre, est "merci. Je vais faire ça" de Cécile qui répond effectivement au "prêtre". La question est de savoir si l'on a l'impression qu'elle répond vraiment, car ce n'est pas tout à fait ce que j'ai cru comprendre.

Sur une note de vraisemblance, je suis en train de me demander quelle charge Cécile a prévu de ramener à sa voiture. La nourriture peut peser lourd mais monté sur une bicyclette, c'est surtout la charge d'essence qui m'effraie.
Aussi, une bicyclette dans la forêt... et avec les pneus plats... Elle aime se compliquer la vie.
En dernière remarque, pour tout conducteur, regarder les panneaux est naturel. Quoique, vu l'état de la route... et rien ne dit qu'elle conduisait avant. Ce n'est pas invraisemblable, juste remarquable. Et c'est bien exploité.

L'attaque du sanglier n'est pas tout à fait inattendue et la manière dont elle est résolue est tout à fait appréciable - la tension se maintient jusqu'au bout. La façon dont Krycek l'interprète (je me contente d'y voir une ellipse) est aussi intéressante. Pour ma part, j'ai comparé Cécile au sanglier et noté qu'elle allait passer de la forêt à la ville. Mais elle est définitivement citadine.
Ce qui caractérise le personnage de Cécile, c'est sa voiture. Personne ici n'a dû mémoriser son apparence et elle manque un peu de caractère - tendue, effrayée, peut-être, guère plus. Ses enfants (car je reste persuadé que ce sont ses enfants) restent assez en arrière-plan. C'est donc le souci de la voiture, et tout ce qui y est lié, qui la personnalise.
De la même manière que, en entendant parler de l'église, on a repensé au premier fragment. Mais déjà bien avant, au nom du village. Je remarque d'ailleurs qu'avec l'église reviennent les oiseaux, une véritable masse qui s'envole. Ce qui m'a rappelé d'ailleurs qu'un saint était lié aux oiseaux mais je n'en dis pas plus.

Il reste encore plusieurs détails et il faut vraiment souligner la place du dialogue dans ce texte, dont une partie sert aux onomatopées. Les "vlam", les "craac" et les "bang" sont soudain tout à fait justifiés et on se met à les compter.
Mais il y a aussi les cas où la narration se détache et fait "un bruit" ou "le bruit, de nouveau" et remplace ces onomatopées par quelque chose de tout aussi efficace. Le jeu du bruit et du silence vaut jusque dans le dialogue final, mis en exergue par le "prêtre" lui-même.
Je suis un peu plus dérangé par les interventions du narrateur, quand elle est en difficulté. Les "crois-tu, Cécile..." je ne les sens pas justifiés. Il y a là quelque part une rupture du contrat, après tout ce temps passé en focalisation relativement zéro, le narrateur silencieux, l'entendre parler rompt l'attente. Et je ne suis pas sûr que ce soit justifié, du moins, je ne vois pas ce que cela apporte.

Quelque part je rejoindrais quand même Krycek, à nouveau sur une question d'unité. On passe de Cécile sur la route dans sa voiture à Cécile en bicyclette dans le village, après avoir rencontré un sanglier et un "prêtre". Le liant entre toutes ces parties n'est pas évident.
Dernier détail, tout à fait accessoire : parmi ce que Cécile rapporte à Jacques et Tiphaine, il y a les jouets, et il y a les livres. On se rappelle le premier fragment.

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il y a 14 ans 7 mois - il y a 14 ans 7 mois #16615 par Mr. Petch
Réponse de Mr. Petch sur le sujet Re:Fragments d'Apocalypse 2
Faisons les choses dans l'ordre.

D'abord ce qui, de l'avis de vous deux, apparaît comme le plus gros problème : la vraisemblance. C'est sans doute là que je pèche le plus en général : j'ai tendance à laisser de côté les questions de vraisemblance quand j'écris. Voiture ou vélo ? Le fusil pour le frère ? Le poids sur la bicyclette au retour ? Je ne peux fournir qu'au mieux de vagues justifications. L'ambiance anarchique oblige les plus jeunes enfants à apprendre à se servir d'une arme... Le vélo permet d'approcher plus discrètement la ville et ne pas se faire surprendre en cas d'embuscades : une voiture, ça s'entend de loin. A l'avenir, je tenterai d'étudier de près les problèmes de vraisemblance de l'action. Je reconnais que dans ce Fragment plus que dans l'autre, les incohérences n'ont pas forcément leur place.
Au passage, Cécile est la grande soeur de Jacques et Tiphaine, je dois le dire dans les premières phrases. Il est vrai qu'elle a davantage des attitudes de mère de substitution. C'est en tout cas le caractère que j'ai voulu lui inspirer.


Passons maintenant aux réponses qu'il m'est le plus facile de fournir...
A Krycek :
Tu as tout compris : j'aime beaucoup utiliser le présent, c'est un temps qui permet, je trouve, plus de malléabilité dans la gestion du temps, là où le couple participe présent/imparfait pour le passé est parfois trop figé. Pour tout te dire, c'est un réflexe que j'ai pris avec certaines versions latines.

Ton "explication" sur la schizophrénie (paranoïa plutôt ? je confonds toujours les deux...) de Cécile n'est pas ce que j'avais envisagé, mais ça n'a guère d'importance, elle me va très bien. L'héroïne est en tout cas envahie par la peur. Même chose pour ton interprétation de l'épisode du sanglier comme hallucination, que je trouve tout à fait intéressante. Je ne l'avais pas pensé dans ces termes, même si l'ellipse brutale est volontaire. C'est en quelque sorte son esprit qui sauve Cécile en "imaginant" qu'elle est sauvée.

Sur la fin de la rencontre entre Cécile et l'homme, c'est en effet un passage que j'ai eu du mal à appréhender. J'avais en effet en tête une ambiance "western", mais il faut croire que je ne suis pas parvenue à la rendre. Il faudrait sans doute 1. clarifier le fait que l'homme n'est pas mort ; 2.rallonger le temps dans les derniers paragraphes pour introduire davantage de tensions. "lent et calme quoique tendu." pour reprendre ton expression.


Pour Feurnard :
Sur les relations des "Fragments" entre eux, le troisième permettra sans doute de mieux comprendre la logique qui dirige l'enchaînement des fragments. Un peu de patience, donc. Mais une fois de plus, je soutiens que les Fragments sont conçus comme pouvant être lus dans n'importe quel ordre. La métaphore du puzzle est assez juste : chaque fragment à sa propre cohérence interne, mais il a aussi le pouvoir d'éclairer le sens des fragments qui l'entourent. A suivre, donc, sur ce point-ci.

En revanche, je ne vais pas faire durer le suspens sur la citation latine : elle vient tout droit de la Vulgate (Daniel 7:15 et 16 pour être exact). Ton niveau de latin m'impressionne, Feurnard, car la Vulgate est en effet du latin médiéval, puisqu'il s'agit de la traduction latine de la Bible par Saint Jérôme vers 405(traduction qui, depuis cette date, est celle officiellement reconnue par l'Eglise chrétienne). Maintenant, je l'ai d'abord choisie pour sa sonorité et certains mots marquants qui collaient avec le reste du texte, comme "Horruit", "territus" "conturbaverunt" "veritatis". Elle est plus à interpréter comme un bruit, à l'instar du grognement du sanglier, même si elle fait en partie sens avec l'aventure de Cécile.
Citation de la Vulgate.

Il y a bien un jeu d'inversion entre la narration et les dialogues : la narration "parle" alors que les dialogues font plutôt avancer l'action. Et du coup, le langage humain n'en est que plus ambigu, réduit à un charabia incompréhensible ou devenant un discours purement performatif. Je conçois l'emploi de la deuxième personne du singulier (les interpellations) plus comme des dialogues intérieurs, presque paranoïaques, justement, de Cécile. Peut-être tenter de mieux les introduire...


Je termine sur une question de Krycek à laquelle je crains de n'avoir beaucoup de mal à répondre...

Ainsi Madame est schizo (AMHA) et... et quoi au juste ? Par rapport au premier récit des fragments d'apocalypse, je n'ai pas discerné de changement... l'intervention de l'homme d'église ne change rien non plus à l'état de la demoiselle. Je conçois qu'un tel scénario soit possible, après tout on ne peut pas écrire que sur les grands du monde, mais... explique moi !


Je n'arrive pas trop à comprendre ce que tu attends par "et quoi au juste" et ce que tu "attends" du texte. Mais je vais tenter une réponse. Les Fragments d'Apocalypse n'ont pas vocation à raconter une histoire : ils sont par définition fragmentaires et on peut imaginer, avant ou après, tout un tas d'histoires, mais hors du texte. Ce sont d'abord pour moi des exercices de style où la trame narrative m'importe assez peu, pourvu qu'elle remplisse son rôle de canevas. J'essaie de trouver une écriture où ce qui est intéressant n'est pas le "qu'est-ce que ça raconte" mais le "comment est-ce écrit". D'où des essais comme le jeu sur les dialogues, la temporalité éclatée, et l'insertion de citations bibliques ou issues de l'histoire sainte (ou autres, vous verrez dans le troisième fragment)... En d'autres termes, ça ne m'intéresse que quelque chose "se passe". Sur la longueur, avec d'autres fragments, une intrigue légère apparaîtra en filigrane, mais elle est plus accidentelle que recherchée. J'espère avoir répondu au mieux à tes interrogations... Je vais tenter de muscler un peu l'intrigue dans les passages suivants.

Ah oui, des questions purement techniques : je crois que tu as raison, Feurnard, ce n'est pas forcément une bonne idée de numéroter les Fragments, puisque cela induit un ordre. Je verrais comme m'arranger pour les suivants. D'autre part, je tiens à ce qu'ils restent dans les "one shot" et non dans les sagas.

Merci pour les retours !

Mr Petch

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il y a 14 ans 7 mois #16616 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Fragments d'Apocalypse 2
Un but similaire aux armes, raffiner le style, privilégier la forme au fond. Mais je sais d'expérience que tous ces one-shots se retrouveront réunis, pour le lecteur plutôt que par ta volonté. Et s'ils se trouvent dans une même saga, même fragmentés, cela permettra de se passer de la numérotation.
Je dis cela car les armes aussi ont fini en saga, ce qui n'était pas leur vocation.

Je regrette quand même, dans l'idée du fragment, que le nom du village soit donné dans le second. Le panneau aurait aussi bien pu l'effacer, c'est à mon avis une précision de trop. Et le nom était précieux avant, le donner ainsi lui fait perdre sa valeur - ainsi que sa mise en doute.

Ce que je regrette aussi, c'est le manque de caractère de la forêt comme du village. Dans ce fragment le village n'existe que par l'église et la forêt n'est qu'une grosse masse de verdure. La route, elle, était bien plus concrète, bien définie, bien développée. Et là encore, après le premier fragment où les arbres, bien que présents, étaient rares, voir ici une telle abondance crée une rupture qui n'est pas exploitée et donc, peu souhaitable. En-dehors du fait que les fragments sont plus ou moins indépendants.
Pour le village, ce n'est guère important, puisqu'il n'est pas joué en soi et que l'église est très bien développée. Mais pour la forêt, c'est dommageable à ce double égard de sa place dans le récit et de la comparaison des fragments.
Au contraire, la masse d'oiseaux quittant l'église a son effet (un rappel très fort de l'autre fragment mais aussi la possibilité de l'onomatopée qui compte beaucoup) et cela d'autant plus qu'ils sont distillés auparavant, à l'approche de l'église.

Maintenant il faudrait s'attacher à la forme elle-même mais comme toujours, ce n'est pas facile.

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il y a 14 ans 6 mois #16627 par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re:Fragments d'Apocalypse 2
Je ne sais pas si ce sont vraiment les études que je fais, mais... même en laissant une semaine ou deux s'écouler, j'ai toujours l'impression de ne pas savoir quoi dire.

Pourtant, la matière ne manque pas. Mais je ne parviens pas à être cohérent. Tout cela pour dire que je m'excuse d'avance.

***

Premier point: les enfants.

On remarque très vite une place particulière laissée aux enfants, ni abandonnés, ni mis en avant. À ce niveau, je dirais qu'ils font partie des éléments importants du décor.

Ils ont des noms, ils parlent, mais la parole leur est en somme refusée:

Les mots ne leur sont pas encore assez familiers, ou bien leurs esprits ne sont pas encore capables de les garder imprimés suffisamment longtemps.


Évidemment, le lecteur prend pour accord tacite qu'il s'agit des enfants de Cécile, et pourtant je ne peux m'empêcher d'en douter fortement. Même malgré:

Tu sais te servir du fusil de maman, non ? »

Auquel on pourrait opposer le lapsus:

Si Cécile est si froide avec son frère et sa soeur


Bon, si ce n'est pas un lapsus, c'est la grande soeur qui a pris les deux autres sous sa coupe. Ceci dit, j'en suis à croire qu'elle les a carrément recueillis en chemin.

C'est assez amusant, mais en dehors de l'histoire des jouets, il n'y a aucun lien affectif mis en avant. Je suis sans doute trop conditionné par les films et toute la culture de la mère à l'instinct étrange, d'autant que je suis loin de pouvoir connaître en connaître la réalité. Ceci étant, en lecteur, je m'attendrais à trouver des traces d'affections envers ses enfants, ne serait-ce que le fait de reprendre courage en les voyant, ou bien une pensée émue vers eux lors d'un danger. Tout ce qu'on a, c'est:

Jacques ne s'est jamais encore servi du fusil et il risque de paniquer si elle ne revient pas vite

Or c'est une formulation très neutre. Elle peut aussi bien s'appliquer à un enfant qu'à un adulte ou un sinistre inconnu. Pas de quoi mettre en évidence le moindre lien.

Dès lors, j'ai eu cette impression profonde d'un malaise, d'une situation qui était profondément lacunaire, fragmentaire. Quelque part, je me demandais si c'était voulu et dans quel but. Voulu, éventuellement. Le but... je suppose que pour montrer un univers détruit, il faut des êtres humains qui ne sont plus guère que des ombres aux gestes mécaniques.

Je ne soulève pas un problème, mais je voulais soulever cet élément inhabituel et tout son impact. J'avoue que ça m'avait beaucoup marqué, je ne suis pas trop sûr de savoir pourquoi, mais ces enfants m'intéressaient.

Au fond, pourtant, leur rôle est très faible. Leur existence pourrait être laissée de côté sans que le reste de l'histoire n'en soit fondamentalement remise en question. Je ne suis pas certain de connaître la raison de leur existence. Peut-être pour donner une touche particulière au personnage de Cécile, mettre en exergue son aspect d'automate, ou alors pour laisser planer devant le lecteur l'ombre à peine dévoilée d'un futur?

Quoi qu'il en soit, leur impact sur ce fragment est encore plus faible que celui du sanglier.

***

L'attaque du sanglier donc. Si je dois faire un reproche, ce sera celui-ci. Fondamentalement, je n'ai rien contre le fait qu'elle se fasse attaquer, encore que l'éventuelle symbolique ou le rôle de cette attaque ne soit pas certain à mes yeux (homme contre la nature, nature qui reprend ses droits, rappeler l'existence concrète du danger pour du suspens?...).
Non, ce que je reproche, c'est qu'après avoir répété et répété et répété:

il n'y a que des animaux là-dedans, et un coup de feu suffit à les effrayer.

Si tu vois un animal, tire en l'air, il s'en ira.

Tu ne dois pas avoir peur, les animaux ne sont pas méchants.

Heureusement qu'il y a encore chez eux un instinct de méfiance envers l'homme


Bref, après avoir assommé le lecteur avec cette vérité, un animal attaque soudainement. De plus, elle perd son pistolet devant la surprise alors qu'il a été bien montré (le fou avec le fusil) qu'elle a déjà une certaine expérience derrière elle. Ceci mis à part, deux solutions:
1) c'est voulu, histoire de montrer que les choses changent. Un sanglier qui attaque alors que tout devait bien se passer, c'est une première étape vers autre chose... un futur?
2) ce n'est pas voulu, et dans ce cas il faudrait soit éviter l'épisode, soit éviter les allusions précédentes.

Je ne prends pas position, je n'ai pas véritablement compris toute la symbolique. (Car à ce niveau-là, on est dans l'ambiance et la symbolique).

Une pensée cependant, l'apparition du sanglier avant la rencontre avec le vieux sage me semble ressembler à l'image que je me fais des contes anciens, mais Feurnard pourrait seul me le confirmer.

M'enfin, j'ai quand même la sensation que ce sanglier débarque de nulle part et que son rôle est trop nébuleux, d'autant plus avec ce passage:

Pourras-tu seulement avancer et trouver ce que tu cherches, dans la panique ? Qu'enseigne l'animal qui frappe contre le bois, sinon ta propre peur et ton ignorance ?

En tant que lecteur, je suppose que l'auteur cherche à me dire quelque chose (pas projection), mais les mots passent bien au-dessus de ma tête. J'ai beau chercher (saletés d'études, pour le bouc émissaire), je ne vois guère que le sanglier comme rappel de la faiblesse de l'homme, de sa nature animale. À mettre en contexte peut-être. Mais je suis trop perdu pour seulement oser m'avancer autant.

***

Allez, passons à l'homme et surtout à:

« Horruit spiritus meus, ego Daniel territus sum in his, et visiones capitis mei conturbaverunt me. Accessi ad unum de assistentibus, et veritatem quaerebam ab eo de omnibus his. Qui dixit mihi interpretationem sermonum, et docuit me. » dit l'homme.

À vos souhaits! ^^

Tout ce que j'ai compris, c'est "je suis Daniel et ceci est mon territoire", "y a une recherche de la vérité". Le reste, j'ose même pas essayer.

Bon, blague à part, la rencontre avec l'homme est comme le reste du texte, mécanique. On voit revenir l'idée de l'ignorance, opposée au savoir et à la sécurité qu'il offre, ou peut-être la sérénité. Le coup de feu était un joli passage, peut-être un peu cliché à mon goût (ou comment réhausser l'image d'un homme à celle de héros impassible), mais très bien écris et mis en scène. Le faire en trois fois était une excellente idée.

Mais tout comme Cécile, je n'ai pas pu tirer la moindre leçon de tout cela. Ni de la rencontre avec le sanglier, ni de la rencontre avec l'homme (avec l'ignorance et le savoir?), peut-être parce que comme elle je ne m'intéressais qu'aux munitions (moins à la nourriture :P). Peut-être parce que le texte amène à éviter les questions et à aller à l'essentiel, à avoir une vision pragmatique, dénuée de sentiments ou de sens critique.

***

En somme, ce texte a pour lui une ambiance profonde et soutenue (un rien coupée lors de l'attaque du sanglier qui aurait presque un petit côté amusant), une grande fluidité et hétérogénéité du style, notamment dans les focalisations externes/internes.
En revanche, son opacité le dessert (à la vanille) devant le lecteur lambda qui finit comme devant la contemplation d'une très jolie peinture qu'il ne comprend pas trop.

Difficile à dire, je ne sais pas quelle est ton ambition en écrivant tout cela. Raconter une histoire par fragments? Disserter sur l'être humain? Sur la vie? Simplement expliquer la destruction ou faire ressentir le vide?
Feurnard n'appréciera pas la référence, mais j'ai encore l'espoir que cela ressemble à Higurashi (un anime) où l'histoire ne se dévoile réellement qu'après une vingtaine d'épisodes (après quoi ça devenait par contre assez moyen voire banal). Je l'espère pour une seule raison: j'ai peur de rester complètement largué ^^ pour les autres fragments.

Bref, je tiens quand même à saluer le style du texte et je présente aussi mes félicitations.

Impe, j'accuse mes études, plutôt que de m'accuser moi...

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il y a 14 ans 6 mois - il y a 14 ans 6 mois #16633 par Ignit
Réponse de Ignit sur le sujet Re:Fragments d'Apocalypse 2
Mon commentaire risque d'être un peu succinct. C'est le premier texte que j'ai lu et, si j'ai mis tant de temps à le commenter, c'est que je n'ai pas énormément de choses à y redire.
Cette manière de raconter l'après-Apocalypse en se centrant sur un village - si du moins c'est ce que tu vas continuer de faire par la suite - me semble intéressant. Il faut avouer que tout cela est très mystérieux. D'ailleurs, on ne sait pas ce que Cécile craint sur la route, on ne le voit pas, il n'y a que silence par rapport à cela. Au contraire, tu parles énormément de la forêt qui se veut plus sûre et pourtant, face au sanglier, Cécile y trouve presque la mort. Doit-on y voir une illustration du passage biblique que cite l'homme, dans l'Eglise - homme dans lequel on reconnaît le précédent vagabond ? Je précise en passant que cette utilisation de passages bibliques, etc., dans tes deux textes, est plus qu'agréable et donne un charme tout à fait propre à tes textes. Celui-ci me semble illustrer, plus encore que l'autre, la folie qui caractérise ce monde ravagé par une mystérieuse catastrophe (?). D'ailleurs, je trouve assez intéressante - et troublante, ceci dit - la manière que tu as de nous centrer sur le personnage central de ton récit, dans les deux cas. Ton histoire vit par ces personnages et c'est comme s'il y avait une petite bulle de vie autour d'eux, une bulle très spéciale et presque individuelle et qu'autour, il y avait un grand silence mystérieux quant à ce qu'est le monde. J'attends la suite pour voir comment tu développes cela.

La narration est elle aussi globalement fluide. Peu de choses à redire, si ce n'est peut-être les voix narratives qui s'emmêlent un peu pendant l'attaque du sanglier ; on semble avoir un narrateur extérieur qui commente la chose, parfois, puis il se change en "petite voix intérieure" qui s'adresse à Cécile ; c'est un peu troublant.

Je ne vois pas quoi dire d'autre mais je m'en vais lire les autres commentaires pour voir ce qui a été dit ;


Cordialement,

Ignit.


Edit : il y a des choses assez intéressantes dans les autres commentaires ; le fait que ce soit la grande sœur est annoncé à la deuxième phrase, je n'ai personnellement pas vu de raison d'en douter. Par ailleurs, j'ai l'impression d'être le seul feignant à avoir fait un copier/coller du fragment latin dans google pour avoir sa signification. ;p

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il y a 14 ans 6 mois #16637 par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re:Fragments d'Apocalypse 2

le fait que ce soit la grande sœur est annoncé à la deuxième phrase, je n'ai personnellement pas vu de raison d'en douter.


D'accord, je suis aveugle ^^. Je ne sais pas pourquoi j'ai zappé ça...

Impe, mea culpa.

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