Fragments d'Apocalypse - Elvis the Pelvis

Bonjour Mr Petch,

Ne perdons pas de temps, attaquons le vif du sujet :

Mais les sons se perdent dans la ville en ruines et deviennent inaudibles, tandis que les cris de l'action se concentrent dans un temps d'environ cinquante mètres.

Huh ? Des cris concentrés dans un temps en mètres ?

Il se sent obligé de lui parler, de l'autre bout de son fusil.

Expression intéressante
D'ailleurs, par la suite, 38 ou 36 fusils exactement ? A moins que celui d'Elvis compte pour un auquel cas, un tireur isolé en attente serait-il dans le coin ?

les arbres applaudissaient avec les corbeaux.

Direction la page sans nom !

et puis il a attendu un coup de feu qui ne venait pas de ses cartouches.

*entendu non ?

Marrant parce qu'au début je croyais que l'homme avait tué tout le village et avec le retournement final, la preuve qu'il n'a tué personne, qu'il ne fait que prendre son pied avec son fusil... je me demande.

Par contre, est-ce que le fait que ce soit Cécile a une importance pour la suite ? Si non, alors il aurait été encore mieux de créer un nouveau perso pour l'occasion afin de peupler un peu plus le monde...
Mais ceci était un commentaire avant que je ne lise "Un cadavre" auquel cas on comprend la logique de fil rouge, de perso en perso...

Mon fragment préféré en tout cas ! Le style, la narration, tout y est bon. Un vrai plaisir à lire (biaisé par le fait que j'aime le post-apo).

Je crois que tu t'y étais opposé, mais je pense franchement que créer une catégorie pour Fragments d'Apocalypse, afin d'y regrouper ces textes, serait intéressant. D'ailleurs, d'autres séries de textes ne se suivant pas ont eux aussi leur regroupement... Pense aux milliers de membres qui chaque jour passent sur les Chroniques en quête de ces textes... et qui n'auraient plus à chercher partout !

Une remarque pour commencer :

Il traçait la descente de la colline, comme s'il avait un char d'assaut aux fesses.

La comparaison est trop éloignée des familles sémantiques du texte. Un "char d'assaut" ? Cela sort vraiment de nulle part.

Le principal du texte consiste à mettre en scène la personnalité d'Elvis, ou plutôt d'un homme qui veut jouer Elvis, et la confrontation de cette mise en scène face à la réalité - Cécile. Les leitmotiv reviennent comme le fusil et bien sûr la musique mais aussi le "tic tac". Ce dernier prend d'ailleurs trop peu de place, quand on le voit réapparaître, à la première lecture, on se demande d'où il sort.
Pas assez envahissant.
Le texte dit lui-même ce qu'est Elvis, à sa conclusion, sa chute. Cela manque dans les autres fragments où, rappelons-nous du prêtre, il fallait que le lecteur arrive lui-même à la difficile conclusion que son narrateur est fou. Intéressant que cette "révélation" d'Elvis lui vienne de son leitmotiv, la musique, et non de Cécile. Cécile n'a vraiment aucun impact dans le récit. Elle est tout à fait passive. Certes, ses répliques déclenchent les souvenirs d'Elvis, le ramènent au cadavre, mais ce souvenir apparaît déjà avant.

J'en profite pour faire remarquer un problème au niveau de ses répliques :

« Laisse-moi partir ! Je suis sûre que dans le fond, tu n'as jamais tué personne. »

Le principal rôle de Cécile est de s'opposer à la vision d'Elvis. Ce dernier la voit comme une victime qui a peur. Or les points d'exclamation dans ses répliques confirment ce point de vue. Quand elle lui dit "laisse-moi partir", la demande pourrait être froide et posée mais le point d'exclamation en fait une supplique.
Mais la phrase qui suit, outre la mention explicite de son assurance, a un simple point. Cette phrase-là lui donne beaucoup plus de calme que les paragraphes précédents nous décrivaient. En somme, en deux phrases, elle passe de la peur au calme. Quitte à faire apparaître sa peur - bien naturelle - ailleurs, dans d'autres détails, il faudrait rendre ses dialogues beaucoup plus clairs. Soit la faire céder à la panique, soit la rendre parfaitement calme.

Tout le début du texte, jusqu'à l'arrivée des souvenirs et du cadavre, manque quelque peu de motivation. On découvre Elvis et sa confrontation à Cécile mais la situation ne produit pas vraiment de questions, n'annonce rien. La menace du fusil ne suffit pas.
Un effet intéressant se produit lorsque Cécile lui résiste pour la première fois :

Suivent les lois qui définissent comment la terre passe d'un homme à l'autre au sein de la communauté, puis encore à un autre, selon la volonté du défunt et ainsi jusqu'à la vente du bien à un tiers.

Cette phrase se confronte à la narration assez chargée d'émotions d'Elvis sur la question du territoire. La tournure en "suivent..." donne un aspect plus neutre et formel qui détache la narration du contexte. C'est une manière de mettre en scène la mentalité d'Elvis mais ce peut aussi être un lien fait avec la réalité.
Et notamment les fantômes, puisqu'ils sont importants, notamment ce sont eux qui à la fin traitent Elvis de lâche, eux qui le traitent déjà de lâche à ce stade de l'histoire. Et c'est peut-être ce qui manque au début du récit, la présence des fantômes qui mettraient en doute le comportement d'Elvis, qui le rendraient un peu plus imprévisible.

Je pense que le moment où on découvre qu'Elvis bluffe, c'est quand il sent le besoin de parler. À ce point du récit la direction change, du coup de feu au discours et le fusil ne sert plus qu'à justifier ou permettre le discours.
C'est le discours et les justifications d'Elvis qui le rendent peu crédible dans son rôle de tueur. Surtout le fait qu'il veuille se justifier.

Le plus étonnant, en essayant de recoller les fragments ensemble, c'est qu'Elvis n'a jamais réagi au prêtre qui s'installe à l'église. J'avoue avoir eu en tête jusqu'ici un petit village mais apparemment c'est bien plus grand et ils ne se sont pas croisés.