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Le Bleu
- Prophète Ybraesil
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- Krycek
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Rapidement : j'ai aimé la retranscription de l'angoisse maladive que subit le personnage. J'ai moins aimé avoir compris rapidement qu'il ne s'en sortirai pas.
Je crois que le texte gagnerait en impact si la narration était lissée, si les changements de scènes étaient moins tranchés. En somme inclure des fondus afin de conserver le lecteur dans l'ambiance que vit le bleu. Ceci pourrait par exemple être traduit par une avancée inexorable du temps, l'approche de la bataille comme ineluctable à travers le passage du jour et de la nuit, de temps d'attente trop longs/courts.
D'autre part tu aurais aussi pu développer le clash de la bataille avec un sentiment grandissant d'échéance lié au fait que si les combats se rapprochent, c'est que les lignes devant le bleu n'arrivent pas à contenir l'ennemi... et donc que la bataille est en train de se perdre.
Dernière chose, je trouve étonnant qu'il n'ait pas songé à fuir.
Voilà donc pour la part de remarques critiques. Quelque part je ne les aurai pas si je n'avais pas accroché au texte au point d'en demander plus.
J'ai trouvé intéressant la partie liée au tassement des lignes de front lors de l'impact avec l'armée adversaire, passage rarement vu dans d'autres récits du genre où l'on a l'impression que la place est donné aux personnages pour exprimer leur ardeur au combat.
La mort du bleu est prévisible à travers les quelques aperçus de ce qu'il songe à faire par la suite. On y trouve le côté sadique de l'auteur qui cherche à ce que le lecteur s'identifie au personnage. Je crois que tu peux oublier ça. Ne parle pas de l'après-combat, des projets du bleu (même rares). Tu augmenteras d'autant l'effet de la course vers un mur et le mystère du dénouement à venir.
Elle est prévisible sa mort, mais "bien retranscrite" si tant est que quelqu'un puisse confirmer ces sentiments. Elle est à l'image de ce à quoi on peut s'attendre d'un noob au front : rapide échec.
La taille du texte est suffisante pour une nouvelle du genre et tu as su trouver l'équilibre dans les évènements : la présentation, la nuit, l'approche, le clash, la mort.
En somme j'ai aimé le texte... reste à voir ce que tu penseras de la critique. A noter que les points soulevés et autres propositions ci-dessus ne sont en aucun cas des "impératifs". Ils ne sont que partie de mon point de vue, la façon dont j'aurai exposé les choses... et les membres des Chroniques savent qu'il y a autant de possibilités que de lecteurs/auteurs.
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- San
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Très jolie reprise du bleu du ciel qui répond au bleu du début (bien sûr, le titre aide à faire ce lien).
Je vais reprendre les termes de Krycekounet : on voit là un rapide échec. Le bleu qui court à la bataille et crève très très vite. J'aime bien cette idée, ce n'est jamais ce genre de type qu'on suit comme héros, donc c'est assez original. Après bien sûr c'est forcément assez court aussi " Donc pas grand chose de plus à en dire.
Somme toute un sujet plutôt bien maîtrisé, pas très ambitieux mais rafraîchissant. Et de toute évidence, tu sais écrire
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- Prophète Ybraesil
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Je prends note de tes remarques Krycek, en fait une m'a un peu étonnée :
Parler des projets futurs était sensé, au contraire, faire penser à une possible suite. Raté, apparemment Trop attendu comme procédé, j'imagine.Ne parle pas de l'après-combat, des projets du bleu (même rares). Tu augmenteras d'autant l'effet de la course vers un mur et le mystère du dénouement à venir.
Mmmh, justement, j'ai pensé introduire un début d'envie de fuite, puis je me suis ravisé. En effet, d'abord il est complètement galvanisé par cette machine guerrière, tout du moins avant d'être ramené à la réalité. Jusque là, donc, ses perceptions sont faussées par le cadre trompeur, ce qui l'amène à ne pas s'interroger sur l'issue du combat.Dernière chose, je trouve étonnant qu'il n'ait pas songé à fuir.
Ensuite, une fois sorti de ses illusions, il est totalement choqué, et complètement incapable de réfléchir par soi même. Il devient simple spectateur, puis il est emmené, sans réellement le vouloir et sans tenter de résister non plus, et se retrouve au coeur du combat. De plus, dans les situations inconnues, le cerveau humain à tendance à se fier aux autres ( le fameux instinct grégaire). L'intervention de Galdéric joue donc ici un rôle important, en tant qu'exemple.
Voilà, je prends note du reste de vos remarques, merci
Bref, je suis content que ça vous ai plu, même en ayant pas lu l'intégralité du texte
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- Krycek
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- Mr. Petch
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- Messages : 528
Bienvenu, d'abord.
Le texte me semble être une sorte de "défi" d'écriture : retranscrire la charge militaire d'un jeune soldat, de l'excitation de l'attente au dénouement, assez prévisible. Un thème qui, à la base, me plaît : focalisation interne, avec première personne et cynisme de l'auteur qui rend son narrateur idiot et sympathique à la fois. Le tout est pas mal rendu du tout, en tout cas j'ai eu l'impression de ressentir les sensations que tu décris, ce qui est bon signe. C'est visiblement censé se passer dans un univers de fantasy, mais on pourrait aussi bien être en 14-18 en remplaçant les épées par des baïonettes et les flèches par des balles ; autre chose que j'apprécie, parce que ça donne au texte une portée universelle. Bien.
Question orthographe et grammaire, j'en ai décelé un nombre suffisant pour en être dérangé dans me lecture. Relis peut-être plus précisément si tu es sujet aux fautes.
J'en viens à ce que j'ai trouvé moins réussi.
Paradoxalement, j'ai trouvé qu'à partir de la charge, la tension retombait. Typographiquement, on a des paragraphes plus courts et j'aurais plutôt vu de gros pavés, ou au contraire des suites d'impressions très courtes. Pour reprendre Krycek, je trouve que c'est là que les transitions manquent, par exemple entre "je suis impatient de me battre" et "je pensais que tout serait plus rapide". Au contraire, l'attente devrait être ici à son maximum, et j'ai plutôt l'impression que le narrateur s'ennuie. Du coup le "je suis tendu" qui termine le paragraphe est un peu décalé.
C'est idiot, mais le prénom "Jacques" a complètement fait retomber le soufflé quand j'ai lu. Autant "Galdéric" avait un côté très classe, autant "Jacques", d'un coup, m'a semblé terriblement anachronique.
Attention au registre, aussi. Ton narrateur a une sorte de schizophrénie qui fait qu'il parle à la fois "mal", et de façon assez poétique. Des fois, ça fonctionne bien (je pense au premier paragraphe : on est dans une sorte de contemplation, d'émerveillement) mais des fois, non. Par exemple, le mot "vermeil", dans les derniers paragraphes m'a choqué : je me suis dit qu'à ce stade de la mêlée, le narrateur avait autre chose en tête que d'aller chercher un mot comme ça. J'aurais vu "écarlate", peut-être...
Ah : et puis en fait la fin m'a surpris. Je ne m'attendais pas à ce qu'il meure. Si, si, juré ! Du coup, j'ai accroché à tes techniques de parler des projets futurs, je pensais qu'il allait fuir, ou survivre la peur au ventre. Ou alors mourir beaucoup plus bêtement : une flèche alliée, par exemple. Pour tout te dire, je m'attendais à ce que Galdéric, dans sa rage meurtrière, lui donne un bon coup de hache. En revanche, la description de la mort est plutôt intéressante en ce qu'elle rejette l'héroïsme.
En tout cas, ce texte m'a donné envie d'en lire d'autres. Donc, au boulot, le Bleu !
Mr Petch
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- gilfuin
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- Messages : 170
C'est mon coté Mireille Dumas, j'aime bien cherché des explications subconscientes là où elles ne sont pas. Quoique là, le jeune premier qui se jète dans l'arène et meurt très rapidement, on pourrait se demander si la véritable peur n'est pas de survivre au combat.
Pourquoi?
Parce que si le personnage survit...le récit continue. Hors j'ai eu la sensation en lisant "je veux pas mourir putain, non ! Pas maintenant pitié pas maintenant, non !", qu'on lui avait abrégé ses souffrances à ce pauvre bougre.
Ce qui donne à ce texte un coté "Exercice de style" (pour reprendre ce que disait Mr Petch), plus que "one-shot". (et pour reprendre ce que disait Krycek) C'est aussi pourquoi, on se doute qu'il va mourir, non pas par la narration, mais par pur déduction sur la nature même du texte. En fait, je me suis même dis tout le long "Non, allé, il faut pas qu'il meurt! Il faudrait pas qu'il meurt...", car effectivement c'est toujours agréable d'être surpris. Mais bon, je fais pas une fixation sur les chutes exubérantes. La simplicité recèle aussi de bonnes ressources.
Quoiqu'il en soit, en tant qu'Exercice de style, je trouve le texte intéressant. Prometteur comme on dit souvent. La structure est simple et efficace : une séquence de présentation la veille et la séquence de la bataille.
Sur l'écriture elle même, je ne peux me prononcer, puisque c'est à la 1ère personne et que cela reflète plus un trait de caractère du personnage qu'un style d'écriture. Pour un exercice de style, il me parait toutefois plus évident de décrire ce que ressent le personnage à la 1ère personnage et je comprends ce choix. Même si j'ai dans l'idée qu'un narrateur aurait peut être rendu le récit plus poignant en perdant le personnage dans l'anonymat du combat. Contrairement à la 1ère. Mais ce n'est là que mon avis.
J'en viens d'ailleurs à un point qui m'a un peu gêné : la désorientation de Jacques.
On démarre dans un camp, autour d'un feu, avec quelques hommes et un chef affreux. Il n'y a là rien qui désoriente le personnage. Rien qui soit effrayant. Le lecteur sait (parce qu'il a vu la guerre à la télé et qu'il a lu des centaines de récits du genre) que la veille d'un combat, ça fait peur. Du coup, on compense inconsciemment certaines lacunes du récit dans le sens où à mes yeux, l'entrée en matière de Jacques parait presque chaleureuse.
Attention: j'ai noté les bonnes idées toutefois quant à l'attitude de l'Affreux vis à vis des bleus et les silences marqués des autres hommes de la troupe. Mais ça ne suffit pas à recréer l'atmosphère, à mon sens.
Surtout parce que le lendemain, lors du combat, Jacques est placé dans un décors qui ne colle plus vraiment et non pas à cause de la lutte et du chaos, mais à cause de ça :
En moins de quinze minutes, tous les soldats sont prêts.
Soudain, les fanfares d’en face entament leur hymne guerrier. La gigantesque masse de d’homme, de fer, et de couleurs se met lentement en mouvement, au pas cadencé par les tambours.
Cela fait maintenant presque une heure que le corps à corps fait rage,
Alors là, c'est pas Jacques qui est perdu. C'est moi.
Parce que la veille, ils sont 3 péquins autour d'un feu. Au réveil, il leur faut 10 min pour s'habiller et ranger les tentes. Mais par contre sur le champ de bataille, ils sont au moins 10000 et ne serait ce que pour l'entrée en jeu des 2ème ou 3ème lignes, ils ont attendu 1 heure.
Là, ya un truc qui ne colle pas. Peut être suis-je le seul à l'avoir ressenti? Mais quoiqu'il en soit, il m'a manqué une chose pour combler ce détail : la désorientation de Jacques.
J'ai l'impression que la trajectoire de Jacques aurait gagné en intensité, si dès le début tu avais fait mention de l'immensité. Ne serait ce que par des évocations simples. Un simple coup d'oeil. Cela t'aurait permis de jouer sur un regain de courage devant la vue fabuleuse d'une armée "gigantesque". Plutôt que de faire découvrir cette armée trop rapidement au réveil, un peu comme si Jacques avait été téléporté et qu'on avait totalement zappé le passage où il était perdu entre les rangs.
Peut être que Jacques aurait pu perdre de vue l'Affreux à un moment donné aussi. Finalement le seul autre personnage présenté dans la première partie et que tu n'utilises pas dans la seconde.
Je ne parle ici en fin de compte que de simples détails. Et non pas de paragraphes entiers de description. Ce qui ne change rien au format court du texte.
Autre point que j'ai soulevé :
Mr Petch parle de schizophrénie et j'avoue avoir ressenti durant le combat que notre Bleu n'en était plus un. Ou plutot que la description à la 1ère personne a été remplacé par un narrateur.
Devant , les premiers cris de douleurs retentissent, mais ils sont couverts par les tambours qui ont repris leur mélopée.
N'est-ce pas différent de : "J'entends des cris de douleurs retentir devant, mais le fracas des baguettes sur les tambours vient les couvrir."
Ce n'est qu'un exemple, mais dans cette citation précise, on a presque la sensation qu'il a le temps de prendre du recul et de décrire la "douce mélopée des tambours". Alors que non, il est perdu, il est fatigué et rien n'est agréable.
Ceci est renforcé par le fait que (comme le fait remarquer Mr Petch), tu as voulu retirer le coté "héroïque" de la scène, lui donner un réalisme. Hors, de temps en temps, par petite touche, tu as cédé au romantisme. Sans doute parce que c'est plus agréable à écrire. Et que (comme pour ma critique sur la désorientation), cela t'a virtuellement permis de créer des contrastes et entretenir le récit.
Mais mon avis est que tu y aurais gagné à ne pas y céder.
Je suis bien placé pour te dire tout cela puisque moi même j'y cède régulièrement lorsque j'écris. Le tout est de parvenir à le faire à bon escient (je suis pas sûr d'y parvenir à chaque fois). De bien doser.
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- Prophète Ybraesil
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Bon, dans le désordre, pour éviter toute logique :
Effectivement, et j'en ai conscience. En fait, j'ai essayé de trouver un juste milieux. Plonger le lecteur, au départ, dans un parler très familier, puis, pour éviter qu'il ne se lasse, varier de temps à autres, offrir un langage un peu plus élaboré. Bon, apparemment, j'ai pas réussi à "bien doser" comme le dit gilfuin, et je me suis parfois laissé un peu emportéTon narrateur a une sorte de schizophrénie qui fait qu'il parle à la fois "mal", et de façon assez poétique.
J'y ai fait pourtant mention, mais peut être de manière trop anecdotique "les centaines de foyers", au début.J'ai l'impression que la trajectoire de Jacques aurait gagné en intensité, si dès le début tu avais fait mention de l'immensité. Ne serait ce que par des évocations simples.
Mais c'est vrai que les 15 minutes font un peu court
Sur les autres points, j'ai pas grand chose à dire, si ce n'est que je comprends, j'approuve, et que je vais retravailler ça
Et apparemment, les références au futur possible ne mettent pas tout le monde sur la voie, et obtiennent partiellement l'effet recherché. Je garderai, donc.
Et désolé pour les fautes
Bref, encore merci de vos commentaires
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- Imperator
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Bref, je ne le ferais pas et il y a déjà assez à dire sur le tiens.
Ceci dit, je vais critiquer sans lire les autres commentaires, donc désolé pour les redondances s'il y en a.
***
Donc, tout le texte est une apologie pacifiste avec une première partie sur ce qui met les armées en mouvement et dans une seconde partie, le retour à la réalité. La transition est faite avec les armées qui se foncent dessus et ce "invincible".
Voyons ce qui met les armées en mouvement:
Okay, la vengeance. À noter que par la suite, Galdéric se comporte comme les héros habituel, c'est à dire qu'il s'occupe de ses camarades, n'a peur de rien et tue les ennemis à la file (tout du moins on l'imagine ainsi). Clin d'oeil?puis il me dit que c’est pour tuer ces salopards qui ont tué son père.
Le type plus normal. On note l'amour à la patrie et au roi, que je mets dans le paquet du nationalisme et de l'instinct grégaire, puis la propagande (ils ont attaqué les premiers).et que j’aimais ma patrie et mon roi, et que je haïssais ces salopards qui nous avaient attaqués les premiers,
Dans les deux cas, la haine ressort assez bien.
L'amitié? J'aurais tendance à l'ajouter. Visiblement, il t'a paru important de placer autour du héros:on va devenir bons potes, ça c’est sûr.
- un vétéran endurci, qui revient sous forme de "Peut être que je vais bien réussir ma première bataille, et devenir sergent.", donc l'exemple à suivre pour les autres moutons.
- un ami. Ce qui ne peut que faire écho à ce que j'ai toujours entendu sous les drapeaux: "au combat, on ne se bat plus pour son pays, mais pour le copain à gauche et le copain à droite".
Tout ça me semble relativement classique. Le grand avantage, c'est que le lecteur tel que moi est en terrain parfaitement connu. Pas de surprise. L'ennui, c'est que ça manque peut-être d'originalité.
Quid de la tendance naturelle de l'être humain à la violence? (à peine sous-entendue par la haine commune)
Quid de la facilité de la vie du soldat (sous-entendue par le fait de ne pas vouloir être forgeron, mais si peu) (au sens abstrait, car le soldat n'a plus qu'à suivre des ordres et non pas se chercher sa propre voie, le soldat a un ennemi visible (sauf depuis quelques années) et un objectif clairement déterminé. Être soldat, c'est répondre à pas mal de question existentielles par un grand coup dans le noeud de la vie)?
Quid des espoirs de richesses ou de l'aventure? (sous-entendue néanmoins pas l'espoir de devenir sergent)
Quid de l'embrigadement des copains et de la famille? (on aurait tort de sous-estimer la pression qui peut se faire lorsque tous les copains s'engagent ou ce qu'une famille peut infliger à quelqu'un pour lui faire comprendre qu'il doit défendre les couleurs du clan)
La liste ne s'arrête pas là. Certains font la guerre par idéalisme, dans l'espoir de voir se réaliser un nouveau paradis, d'autres font la guerre dans l'espoir d'y mourir, d'autres pour se racheter, d'autres pour y expier leurs péchés. Certains voient dans la guerre une amie dont ils ne peuvent se passer, comme une philosophie à part entière proche de l'anarchisme.
Développer tout cela aurait été trop long et probablement inutile, m'enfin, quelques idées pour dire que ton texte est extrêmement stéréotypé (en fait, pourrait difficilement l'être plus) ce qui en diminue extrêmement la portée. C'est un peu comme ces textes où le héros est inconnu, jusqu'à ce qu'on s'aperçoive qu'on parlait d'une pièce d'or ou d'un appareil photo, ou ces films où le héros craint un assassin qui n'est autre que lui-même. Une fois qu'on en a lu un ou vu un, on se met à facilement deviner l'intrigue dans les autres. (j'aurais une anecdote, mais c'est trop long à raconter).
Bref, en dehors de cela, au niveau du style pour cette première partie:
Rien à dire, mais renforce le sentiment dont je vais parler après.C’est un vrai dur à cuire, à ce qu’on m’a dit.
Je ne connais pas son nom. Cette petite faute renforce le sentiment.C’est l’autre nouveau, je connais pas son nom.
Et que... et que... et que ça revienne durant tout le texte. Renforce le sentiment.et que j’aimais ma patrie et mon roi, et que je haïssais ces salopards
En clair, tu as décidé d'employer le langage "parlé". Soit, ça peut faire son effet. Le texte en est plus vivant, l'immersion plus vivre.
Mon problème avec tout ça tient à ce que, lorsque je lis, j'aime pouvoir m'identifier au héros et, mon pseudonyme en disant long là-dessus, j'ai tendance à être trop orgueilleux pour mon propre bien (comme beaucoup de lecteurs qui se surestiment continuellement).
En lisant ton texte, j'ai eu l'impression d'avoir affaire à Kévin. Bien sûr, c'est un bleu, donc c'est assez logique. Dans le stéréotype, on touche en plein mille. C'était juste parfois presque désagréable de non seulement voir le héros s'enfoncer, mais aussi de l'entendre parler.
Langage parlé, soit, mais il faut néanmoins que celui qui raconte offre un certain niveau d'expression, tout du moins est-ce mon avis, à moins que la chose ne se justifie totalement, en suivant un enfant ou un monstre né en laboratoire... (le style ne serait pas pareil cependant, je te rassure).
Voilà, ça c'était pour la critique virulente. (j'ai l'impression d'avoir pas mal enfoncé le clou, je m'en excuse, mais ça fait longtemps aussi).
***
Deuxième partie: la transition.
Ici, c'est assez clair, jusqu'à:
On est dans l'onirique. Montée en puissance voulue jusqu'au choc, donc mise en avant de l'effet de groupe qui modifie considérablement la perception du réel.Je pensais que tout serait beaucoup plus rapide.
Mon ressenti est qu'au milieu, il s'installe une certaine répétition qui ralentit le mouvement. Je m'explique:
Le passage se passe ainsi (je parle du gros paragraphe):
- gourde
- mise en marche lente
- deuxième marche lente (sous les tambours)La gigantesque masse de d’homme, de fer, et de couleurs se met lentement en mouvement, au pas cadencé par les tambours.
- chant: "Un chant enfle dans les rangs, un chant connu de tous depuis de berceau. "Les tambours entament leur lente mélopée, et nous calquons nos pas sur ce rythme simple.
- re-chant: "’hymne guerrier d’Etrenc jaillit de mille bouches" (on avait deviné)
- re-marche: "et nous marchons au pas vers une victoire certaine." "notre victoire est certaine" aurait été préférable, à mon sens, pour éviter de rappeler qu'ils marchent.
- arrivée de l'adversaire et martellement du sol
- pluie de flèche => nous sommes invincibles
- corps qui tombent => nous sommes invincibles
De mon point de vue, ça se répète. Deux/trois fois on dit qu'ils marchent, trois fois qu'ils chantent et deux fois qu'ils se sentent invincibles. Ce n'est que mon avis, mais je suppose que l'émotion prendrait bien plus aisément prise si l'action était plus rapide et le lecteur plus laissé à son imagination.
Ou alors, au contraire, ne prendre qu'un seul élément et le décrire à mort, jusqu'à extinction.
Par exemple:
- Devant moi se trouvait une vieille voiture qui avait depuis longtemps fait son temps. J'eus un regard amusé par le vieux tas de boue qui n'en finissait pas de pourrir.
(là, c'est de la répétition).
- Devant moi se trouvait une vieille voiture dont seules la rouille et la pourriture pouvaient encore vouloir. Je tentais malgré tout de la démarrer, sans succès.
(et on s'arrête là dans la description).
- Devant moi se trouvait une voiture d'apparence lamentable. La carrosserie était rongée par la rouille, une incroyable couche de crasse recouvrait les rares vitres intactes, deux pneus manquaient, un troisième manquait et le quatrième devaient probablement se trouver avec la roue qui, toute entière s'était faite la malle. À travers le capot défoncé, on pouvait apercevoir la pourriture qui devait s'être délectée de tout ce que les restes du moteur pouvaient avoir à offrir. Le pare-choc était paré à tomber, les rétroviseurs visaient le sol et seul l'antenne s'élevait encore intacte au-dessus du reste, comme s'il ne restait plus rien de plus important que de capter des radios qui avaient depuis longtemps cessé d'émettre...
(Et on peut continuer longtemps)
L'exemple n'est pas fameux, mais l'idée est que si l'on répète, on y met les moyens et on essaie d'y mettre du sens (ici, un peu d'humour (de bas étage certes) et un rappel du monde alentour, derrière doit se cacher la nostalgie du héros).
Enfin bref, ceci mis à part, troisième partie: la réalité et le dénouement.
En deux mots: j'aime.
Avant tout, le combat se fait attendre. Et là, le réalisme touche des sommets. L'intervention de Galdéric pour mettre en exergue la faiblesse du héros, la constance dans le stéréotype et enfin le dénouement attendu. Niveau déroulement et réalisme, rien à redire.
Deux détails cependant, enfin, un détail et un gros point pour le texte:
Détail:
C'est possible de vomie dans ces circonstances, je le sais. Ceci étant, c'est de nouveau très stéréotypé et me concernant, ça m'a un peu choqué parce qu'à deux minutes de rentrer dans l'adversaire, il n'y a pas de meilleur moyen de mourir que de se mettre à vomir (ce que j'imagine naturellement comme un arrêt, un mouvement du haut du corps vers le sol et une longue opération de déglutition). Bref, imaginer ça au milieu d'une foule avec l'ennemi à quelques distances, ça m'a paru difficile.Du sang s’étale en une mare vermeille autours de lui. Je vomis.
Alors oui, il a pu vomir dans sans casque, sans même s'arrêter ou y penser, mais quel lecteur a eu l'occasion de vomir ainsi pour l'imaginer directement?
Gros point enfin:
Là, j'y peux rien, c'est subjectif mais j'accroche pas. Je comprends le jeu de mot avec le titre et le statut du héros, je comprends l'envie de se raccrocher à la vie, mais ça me semble trop faible comme chute.Ce ciel est si bleu !
On pourrait tenter d'y voir un antagonisme entre le ciel millénaire et la jeune recrue, ou un symbolisme autour de la couleur bleue (dont je ne me rappelle même plus la signification), mais rien ne me vient.
J'ai juste l'impression d'avoir affaire à un petit jeu de mot de fin de texte sans autre prétention que de clore.
Je n'ai pas mieux à proposer, mais ça me paraît vraiment faiblard.
***
Conclusion, le texte est volontairement (ou pas?) très stéréotypé, a pour seule originalité un niveau élevé de réalisme au niveau de la bataille (en tout cas, c'est différent de ce qu'on lit d'habitude) et manque peut-être de prétention (prétention probable: divertir).
La lecture était sympathique et rapide, mais je ne pourrais pas lire que ce genre de chose, je finirais par m'ennuyer. En tant que lecteur, je préfère suivre Galdéric et croire en un héros, aussi aberrant cela puisse-t-il être, que de me faire rappeler, une énième fois, à l'ordre avec un personnage aussi faible que je le suis en réalité.
En fait, dans cette dernière optique, il manque peut-être simplement plus d'identification au personnage principal, que l'on pourrait obtenir en sondant un rien plus ses pensées, ses idées, forcément universelles.
Bref, petit texte sympa, mais, si tu fais attention aux répétitions, tu me sembles pouvoir faire bien mieux.
Imperator, de retour de l'armée et à qui on parle de soldats...
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- Ignit
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Pourquoi un manque d'ambition ? Parce que l'histoire est somme toute commune, le personnage principal est assez banal ; l'originalité réside éventuellement dans le combat lui-même, plutôt bien décrit ou dans le jeu de mots entre "le bleu" et la couleur du ciel, à la fin. Ce n'est pas "grave" mais je suis persuadé qu'à partir de ce thème vu et revu de la première bataille, on peut obtenir quelque chose de plus original. Il faut quelque chose qui accroche le lecteur pour lui garantir qu'il lit quelque chose qu'il n'a pas lu auparavant, quelque chose qui le marque et imprime le récit dans sa mémoire. Là où l'ambition est mal placée, c'est peut-être dans le choix d'un univers qui semble inventé. Les noms ne me disent rien - cela a été relevé mais Galdéric et Jacques, c'est un choix assez étrange - et du coup, on a encore moins de repères. Tant qu'à faire un one-shot / exercice de style, je pense qu'il est peut-être préférable de miser sur un univers déjà créé, qui puisse donner des marques au lecteur. Quand on me parle d'Etrenc, il faut qu'on m'en dise quelque chose, sans quoi j'ai l'impression d'avoir affaire à un "non-pays" dont le nom n'a été inventé que pour satisfaire les besoins de l'histoire.
Globalement, ça reste un bon petit texte qui se lit bien.
Cordialement,
Ignit.
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- Imperator
- Hors Ligne
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Hector: Très souvent moins qu'un homme... Mais parfois, à certains matins, on se relève du sol allégé, étonné, mué. Le corps, les armes ont un autre poids, sont d'un autre alliage. On est invulnérable. Une tendresse vous envahit, vous submerge, la variété de tendresse des batailles: on est tendre parce qu'on est impitoyable; ce doit être en en effet la tendresse des dieux. On avance vers l'ennemi lentement, presque distraitement, mais tendrement. Et l'on évite aussi d'écraser le scarabée. Et l'on chasse le moustique sans l'abattre. Jamais l'homme n'a plus respecté la vie sur son passage...
J'avoue que ça m'a beaucoup fait penser à ton texte, notamment avec l'avance lente et le côté "invulnérable". En revanche, j'étais étonné de voir apparaître cette idée du respect infini pour la vie alors qu'on s'apprête à tuer, c'est au fond classique, mais extrêmement porteur.
Bref, ça n'apporte pas grand chose, mais j'y tenais, au cas où...
Impe.
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- Vuld Edone
- Hors Ligne
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Tout d'abord, ton univers est héroïque. C'est un problème parce que tu es en train de critiquer l'héroïsme.
Alors il meurt à la fin, d'accord. D'accord. Mais tout ce qui a précédé, tout jusqu'au moindre détail, n'a-t-il pas confirmé les visions héroïques du héros ?
Le plus gros et le plus flagrant, tes armées sont clinquantes, quasiment napoléoniennes : uniformes, rangs serrés, clairons... mais aussi dans le détail, Galdéric transpire l'héroïsme, la charge, la rage du combat, le martèlement des pieds... il y a des milliers de Jacques sur ce champ de bataille !
Son absence totale d'entraînement, l'inexistence complète d'esprit de corps, le combat solitaire... l'absence totale de tactique, de diversité dans les armes...
Que démontre sa mort si tout ce qui précède lui donne raison ? Je ressors de ce texte avec l'impression de m'être tiré une balle dans le pied.
Il y a des passages qui préviennent que "non, ça ne se passe pas comme ça". Quand les recrues se racontent leurs raisons, Galdéric la vengeance, Jacquot l'ennui, on a le grognard pour désapprouver. Puis on a le champ de bataille avec son heure et son chaos. Mais cela fait vraiment trop peu.
Pour que l'exercice soit réussi, en oubliant la façon dont le narrateur s'exprime - la première personne pourrait bien être une erreur - il aurait fallu critiquer beaucoup plus, dès le départ. Au choix : ou bien plaquer ses illusions par-dessus un monde désillusionné ; ou bien faire tomber ses illusions une par une face à la réalité ; ou alors que face à un monde héroïque il se rende lui-même compte que ça ne peut pas se passer ainsi.
Mais enfin il y avait bien des manières de tourner la question et tu pouvais aussi le faire positivement, en rendant cette mort non-héroïque profondément héroïque.
Ou alors ton exercice consistait seulement à décrire la mort. Dès lors le champ de bataille, et le fait qu'il soit une recrue, ne sont que des excuses. Et ça c'est un problème parce qu'alors ce sont des éléments inutiles qui ne font que tromper le lecteur.
Si tu voulais décrire la mort bien des textes encore le font... là encore j'avais un texte en tête que je ne retrouve pas (pourtant il devrait être sur les Chroniques...). Mais pour cet exercice tout ce qui précède est bien inutile.
Enfin je crois que la première personne était vraiment un mauvais choix. Imagine plutôt que tu aies montré notre jeune recrue de l'extérieur, piaffant de se jeter au combat, le narrateur se permettant même de le chaperonner. Puis, dans le combat, on peut le perdre, le retrouver. Lorsqu'il se reçoit le coup et qu'il tombe soudain ses pensées envahissent la narration, cela peut provoquer un certain effet. Non ?
Bref, j'ai l'impression que tu n'as pas regardé bien loin les possibilités. Et c'est dommage.
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- gilfuin
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Si tu voulais décrire la mort bien des textes encore le font... là encore j'avais un texte en tête que je ne retrouve pas (pourtant il devrait être sur les Chroniques...).
Ahah! Feur...euh Vuld! Le texte que tu as en tête n'est certainement pas celui auquel je pense, cependant tu me donnes l'occasion de le ressortir du placard d'autant que je l'ai retrouvé ya quelques semaines dans un vieux topic des Chroniques => Souvenir d'un soir
Je l'ai édité et corrigé rapidement. Le [Morceau Manquant], c'est sans doute à cause du transfert de forum, ou d'une erreur d'édition de ma part. Mais c'est surtout parce que le disque dur sur lequel se trouvait le texte a grillé il y a maintenant 2 ou 3 ans (à l'époque où je commençais Couronnes d'Écailles).
Tout ça pour dire, qu'effectivement ce type de thème et d'histoire est assez récurrent. Tu verras que j'y ai fait le choix du romantisme (et qu'il est aussi à la 1ère personne). Le texte n'est pas meilleur mais il prouve assez le fait que lorsque l'on écrit, même le texte le plus court, il faut faire des choix. Particulièrement sur des one-shots ultra court où chaque mot compte pour aboutir à la chute inévitable.
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