file Désacralisation - 1 : Le Donjon

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il y a 14 ans 2 mois #16832 par SoK
Désacralisation - 1 : Le Donjon a été créé par SoK
** Ce sujet traite du contenu de l'article: Désacralisation - 1 : Le Donjon **

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il y a 14 ans 2 mois #16833 par Krycek
Réponse de Krycek sur le sujet Re:Désacralisation - 1 : Le Donjon
Ca va te faire sourire, mais je vais être honnête : j'étais un peu perdu dans ma lecture. ^^

Quelque part le titre faisant référence à un donjon m'a mené à imaginer d'emblée une tour (image d'épinal) façon Diablo/Torchlight avec sa centaine de niveaux imbriqués en un labyrinthe inextricable. Du coup la référence au ciel visible m'a étonné.

Quoiqu'il en soit j'ai fais une sorte de parallèle avec Inception (film de Christopher Nolan) quand le personnage ne tourne pas seulement en rond dans son donjon mais aussi dans ses pensées. En effet il ne semble pas s'étonner de voir des brigands derrière une grille quand bien même le lecteur n'a pas les informations concernant une précédente rencontre.

Ok, le personnage est perdu dans son donjon de pensées, poursuivi par ses démons... Je suppose que tout prendra son sens avec le chapitre suivant. Tout ce que je peux dire sur celui-ci est qu'il est plutôt bien mené mais appelant d'emblée la suite pour comprendre et/ou tout du moins prendre corps réellement.

Alors ? Cette suite ? :)

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il y a 14 ans 2 mois #16841 par gilfuin
Réponse de gilfuin sur le sujet Re:Désacralisation - 1 : Le Donjon
Même impression que Krycek sur le "il nous manque la suite pour être fixé".

L'ensemble est bien écrit mais j'aurais une remarque à faire :
- un excès, voir un abus, d'incompréhensible et d'illogique.

Ce que je veux dire par là c'est que tu as tellement voulu faire la démonstration de "l'incompréhensible et de l'illogique" que tu en es venu à écrire des "phrases" impossibles. C'est une chose que de vouloir mettre en scène, décrire, construire une image illogique. C'en est une autre que d'écrire illogiquement.

Voici les deux passages les plus marquants, en ce qui concerne cette remarque.

Le sol est poussiéreux comme un puits asséché rempli de dents de serpents et peint sur toute sa hauteur de fresques sanglantes, figurant un rituel étrange basé sur la destruction de crânes d’ancêtres. Ou alors des dauphins étranglés. Je me relève et continue à ramper avec plus d’ardeur. Me suis-je trompé de chemin ? Les étoiles brillent dans le ciel, bien que voilées par des démons chevaucheurs de sangliers. Mon cri retentit partout - de toute façon, je n’ai pas le choix.

Le couloir zigzague, comme s’il avait trop bu de bave fermentée, avant de se figer dans un raidissement morbide. Ses organes se rigidifient, le fluide de ses veines craquèle ses vaisseaux pour se déverser de façon chaotique, en lui-même et au-dehors, formant une croûte moite autour de son cadavre. Celle-ci se dessèche à son tour, emprisonnant dans son linceul macabre des centaines d’insectes s’agitant en vain.


Mais les images du genre parsèment le texte. Certaines se noient dans l'ensemble (on les excuse, puisque l'univers nous apparait comme chaotique), mais d'autres provoquent un rejet.

Après, il serait facile de tout justifier par la "folie" du personnage -en d'autres termes, il dit n'importe quoi, donc c'est normal si ça ne veut rien dire ( :sick: )-, mais j'ai peur que ce soit alors un sur-dosage d'incohérence pour faire état de cette folie.
A mon humble avis, tu y aurais gagné à écrire des choses plus simples, qui semblent se tenir, mais qui dans une vue d'ensemble n'ont aucun sens.
D'ailleurs, tu le fais très bien sur certains passages du récit où le personnage avance, agit, court, fuit, mais où finalement on se rend compte qu'il tourne en rond. Je trouve personnellement cela plus efficace et met ton texte plus en valeur.

Quoiqu'il en soit, à la fin, une seule pensée : où va t-il en venir? :laugh:

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il y a 14 ans 2 mois #16869 par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re:Désacralisation - 1 : Le Donjon
Et bien et bien et bien....

Deux choses avant de commencer, au sujet des répétitions:

Cet endroit est terrifiant, non pas parce qu’il m’effraye, mais justement parce que je ne parviens pas à me défaire d’un certain sentiment de réconfort en le voyant.

Bien.

terrassé

Pas bien.

Tu emploies deux fois le terme terrassé, deux fois en contradiction totale avec ce qui vient d'être déclaré. Alors oui, ça fait son effet niveau folie, niveau incompréhension, en fait c'est d'une extrême efficacité, au point que ça en résume l'entier du texte.

Car le texte en lui-même n'a quasiment pas d'explication logique. Le seul élément évolutif est:

La herse est ouverte, et un groupe de bandits discute de manière bruyante et agitée. Ils se tournent dans ma direction.


On notera cependant une très belle utilisation de la soif:

façonnées dans l’argile d’un lointain désert,

Le sol est poussiéreux comme un puits asséché

Le couloir zigzague, comme s’il avait trop bu de bave fermentée


Un moment, j'en ai presque cru que le héros était îvre, ou alors complètement fou à cause de la déshydratation, mais ce sont des conclusions hâtives.

Le fait est que:
- il est, à ce stade, impossible de déterminer la nature du héros (homme, animal, autre chose...)
- le lieu et la raison d'être du lieu est inconnue (un donjon)
- l'entier du texte n'a d'autre but que de créer une sensation de malaise pour le lecteur, de perte totale d'orientation et de sens en général.
- il peut éventuellement servir d'introduction (mais pour faire la transition et être à la hauteur des attentes du lecteur, ça va être cotton).

M'enfin, si on dépasse le fait que le texte n'offre aucune possibilité de réponse au lecteur (uniquement des pistes: la soif, la grille ouverte, le fait d'être poursuivi (et encore)), le style est extrêmement riche.

Je m'explique.

Le vocabulaire employé est très varié et précis, mais surtout les phrases sont, pour autant que je puisse en juger, particulièrement originales:

t au-dessus duquel les grands palmiers des oasis tirent des mélodies fantomatiques de pipeaux d’os enroulés autour de leurs ailes menaçantes.

Le pire étant que ça ne me choque absolument pas. Je me souviens que Feurnard m'avait fait lire quelque chose de similaire dans un autre contexte... bref, ici, c'est dans le ton et ça donne sa couleur à l'histoire.

Les étoiles brillent dans le ciel, bien que voilées par des démons chevaucheurs de sangliers.

De la moisissure au goût âcre, dont les exhalaisons mycétiques empliront ma bouche de l’odeur de la mort, dont les spores feront résonner le cri du corbeau dans mes poumons

Pas à dire, il y a beaucoup d'imagination à l'oeuvre pour faire passer la démence.

***

Deuxio, la répétition et la transition sont extrêmement bien exploitées. On sent réellement le fait de tourner en rond, on sent la perte d'orientation, on y est réellement pris, il y a cette magie que j'aime dans les textes, ça se dégage, on peut l'humer à plein poumon.

La transition et l'exploitation des figures. J'ai noté la soif, mais il y a aussi les loups, la grille, l'exploitation des pierres des parois pour faire passer les idées de soif et de liberté, donc d'emprisonnement...

Que demander de plus? Une histoire? Certains lecteurs sont vraiment trop exigeant me dira-tu, mais en l'état, c'est exactement ce qui est attendu.
Bien sûr, on peut trouver mille explications à tout cela (perso, j'aime bien celle du type bourré qui s'est éloigné du groupe et qui délire), mais le fait est que je ne trouve pas assez d'éléments pour fixer quoi que ce soit (prouve-moi avec ce seul texte que l'on ne parle pas d'un minotaure amnésique perdu dans le dédale...)

Il me semblait t'avoir déjà lu, mais je ne me souvenais pas d'un style aussi flamboyant. Dans tous les cas, mes félicitations!

Impe, la forme est assurée, à quand le fond?

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il y a 14 ans 2 mois #16877 par Mr. Petch
Réponse de Mr. Petch sur le sujet Re:Désacralisation - 1 : Le Donjon
Je diffère de mes petits camarades au moins sur un point : je trouve que le texte se suffit à lui-même et que rien n'est moins attendu qu'une suite. Après tout, la dernière phrase revient à la première, comme un serpent qui se mord la queue. S'il y a suite, je vois mal comment elle peut se raccrocher.

Impe l'a dit : le fond est intéressant, même si j'aurais tendance à trouver certains passages un peu trop fournis au niveau des adjectifs. J'ai l'impression que tu as une écriture en cascade : une description en amène une autre, qui en amène une autre, et ainsi de suite, comme ici :

Le sol est poussiéreux comme un puits asséché rempli de dents de serpents et peint sur toute sa hauteur de fresques sanglantes, figurant un rituel étrange basé sur la destruction de crânes d’ancêtres


Où l'objet de la description passe successivement du sol à un puits, aux fresques et au rituel. Littérairement, je trouve ça intéressant, et en tout cas, ça fonctionne très bien avec moi, disons avec mon mode de lecture des textes. J'ai été sensible à la force des images que tu nous proposes, souvent très poétique (mais j'ai cru comprendre que tu poétisais dans une autre section du forum ;) ). Par exemple, il y a un paragraphe que j'ai particulièrement très apprécié parce que je l'ai trouvé très évocateur :

J’emprunte l’escalier qui va à droite. Finalement il repart sur la gauche, et redescend dans les profondeurs. Les rebords des marches sont usés par les dizaines de milliers de pas que je ferai en revenant ici deux cent vingt sept fois. Un korrigan joue avec mes cordes vocales, je crie : « Afin que tes serviteurs puissent chanter à gorge déployée tes accomplissements merveilleux, ôte le péché de leurs lèvres souillées ! », et  m’écroule. Je reste là, longtemps, terré dans un coin, terrassé.


On y trouve une tendance surréalisante fort sympathique. Et tu as un bon sens de la description, malgré, je trouve, quelques lourdeurs ; mais je mets ça sur le compte de mon goût personnel.

**

J'en viens à la question du sens. Ecrire la folie est un exercice difficile, et je trouve que tu ne t'en sors pas trop mal. Je rebondis sur une des références que tu avoues dans la susdite suite de poèmes : Lovecraft. Parce que selon moi, ce texte là aussi, est très lovecraftien (ou du moins j'ai tout de suite fait le lien). Tout le problème de Lovecraft, c'est de décrire des choses (des êtres, des géométries, des architectures, etc.) par nature indescriptible. Ou du moins de les suggérer au lecteur en détournant les mots.
D'ailleurs, toi aussi tu es confronté à ce problème, là par exemple :

La grille sert à bloquer l’accès à un vaste balcon intérieur, pourvu de tables comprises dans la structure même de la plateforme, aux rebords décorés de motifs dorés indescriptibles.


Argl... Indescriptibles, vraiment ? Alors que dans le reste du texte, tu gères bien l'écriture du paradoxe, ici, tu avoues ta faiblesse, et je trouve un peu "lâche" de ta part de t'en tirer avec un simple "indescriptible" alors qu'on attend autre chose. Le loup ne dit pas au petit chaperon rouge qu'il est un loup, il se déguise en mère-grand.

Ce que j'ai appelé "l'écriture du paradoxe" est ta manière, ici, de résoudre le dilemme lovecraftien de comment décrire l'indicible (ici, l'indicible est un labyrinthe hallucinatoires qui n'existe pas vraiment). Un exemple, juste :

Ses barres de fer, ou d’un autre métal, me paraissent parfois brûlantes, parfois glacées, mais leur température ne varie jamais. De toute façon, je ne les ai jamais touchées. Peut-être sont elles taillées dans la roche.


Chacune des propositions se contredisent successivement sans qu'il y ait de rupture dans la lecture (les barres sont-elles en métal ? le narrateur les a-t-elles touché ? changent-elles de température ?). La confusion arrive alors dans l'esprit du lecteur contaminé par la folie du narrateur. J'ai trouvé ça habile.

Ce qui m'a gêné un peu, c'est que le narrateur avoue d'emblée qu'il se sent perdu. J'aurais vu, pour la progression du texte et histoire de penser un peu au lecteur, une entrée plus progressive dans la folie. Là, tu insistes tout de suite sur le fait qu'il ne sait pas pourquoi il est là. Or, le lecteur, lui, n'est pas tout de suite perdu : il cherche d'abord des explications. Il m'aurait semblé plus intéressant d'accompagner ce mouvement. Et, à l'inverse, je trouve que tu ne développes pas assez les hallucinations alors que je sens que tu en as la capacité.


**

Une remarque en passant : trois des textes de la MaJ du mois possédaient la même situation d'énonciation (première personne du singulier, présent) pour décrire un narrateur fortement atteint par son environnement : la guerre pour Ybraesil, le labyrinthe pour Sok, l'usine pour moi. Voilà, c'était juste une observation qui m'a amusé. Comme quoi, on n'invente jamais rien, c'en est désespérant... :P

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il y a 14 ans 2 mois #16878 par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re:Désacralisation - 1 : Le Donjon

je trouve que le texte se suffit à lui-même et que rien n'est moins attendu qu'une suite. Après tout, la dernière phrase revient à la première, comme un serpent qui se mord la queue. S'il y a suite, je vois mal comment elle peut se raccrocher.

Soit, c'est partir du principe que le seul but du texte est de mettre en scène la folie.

Mais dans ce cas, à quoi pouvait bien servir de faire intervenir la troupe de brigand et de mettre en place une progression au niveau de la grille (dont l'ouverture est suffisamment symbolique)?
En revanche, je suis entièrement d'accord sur le fait qu'il serait (ou sera) extrêmement difficile de continuer un tel texte sans décevoir le lecteur par un style plus pauvre ou moins "fou".

Personnellement, l'un de mes passages préféré est celui-ci:

À vrai dire je n’en sais rien, j’ai même l’impression que le rouge tire vers le brun. Ou le gris. La seule chose dont je puisse être sûr, c’est qu’elles ne changent pas.

Un très bel antagonisme.

Impe.

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il y a 14 ans 2 mois - il y a 14 ans 2 mois #16880 par SoK
Réponse de SoK sur le sujet Re:Désacralisation - 1 : Le Donjon
EDIT Je n'ai pas pu voir le commentaire d'Impe avant de rédiger ce message. Mais pour lui répondre, le problème de changement de style est effectivement problématique. Quant à l'intégration narrative, j'y réponds plus bas. Pour la grille et les brigands, c'est tout d'abord une retranscription purement textuelle de mon rêve, mais cela a également son importance scénaristique, comme deviné./EDIT


D'abord, merci pour toutes ces réponses, et désolé de ne pas avoir répondu plus tôt (idem pour les poème : je médite, parce que vos retours sont intéressants, mais demandent une certaine dose de réflexion).

Je vais faire une réponse plus ou moins collective, je pense que ce sera plus simple.

Tout d'abord, Désacralisation est un projet vieux de plus de deux ans. J'ai commencé à noter tous les rêves dont je me souvenais au réveil, avec le plus de détails et d'interprétations possibles. Je me trouvais alors dans une période d'intense activité onirique (surtout entre juin et septembre 2008 - j'ai lu l'intégrale de Lovecraft en juillet et août, y a t-il un lien ?), tant en quantité qu'en complexité. Ensuite, je me suis rendu compte qu'on pouvait aisément mettre en place une trame reliant les principaux rêves, et je me suis contenté d'intégrer les songes suivants à l'ébauche de scénario (lui-même légèrement modifié et affiné par les nouveaux arrivants).

Comme dit et découvert, Lovecraft m'a beaucoup influencé, même si sa marque est plus présente ici qu'elle ne le sera ailleurs. Diablo aussi, sans doute, (Torchlight, moins, vu que bien plus récent, contrairement à DII et DI - auxquels j'ai joué depuis l'âge de 10 ans) mais plus inconsciemment. Inception, même s'il y a - à ma grande surprise ! - des similitudes avec ça et ce qu'il y aura vers la fin, n'est pas une source d'inspiration puisque le concept m'est venu il y a plus de deux ans et a pris sa forme définitive durant l'été 2009.

Puisque je parlais de rêve, celui-ci est le premier de la série - je n'avais même pas encore décidé d'en faire des récits - et je l'ai vécu à trois reprises, d'où le côté angoissant et répétitif de l'affaire. Rétrospectivement, je pense que c'est surtout la file d'attente du Transdémonium qui m'a inspiré, puisque j'ai retrouvé une note à ce sujet dans mon carnet.

Ensuite, on va passer à ce qui fâche, les passages clairement surréalistes. Alors, oui, d'une part ça a sans doute une certaine lourdeur : à part quand j'écris du mauvais contemporain semi-autobiographique d'ado frustré (et encore), c'est une constante chez moi. Je pense qu'on ne se refait pas, et, ayant déjà assez trainé mes basques à mon goût dans l'extrême opposé, je préfère réduire tout doucement le débit plutôt que de faire ça de manière plus brusque. La concision viendra avec le temps. D'autre part, les gens sont un peu partagés. Certains en apprécient la "poésie" (bien qu'elle ne soit pas toujours d'une immense qualité), une courte majorité déteste. Je n'arrive pas à me décider, j'ai hésité tout au long de la rédaction entre l'effet choc "délirant" ou au contraire un côté onirique plus doux, des phrases qui se laissent lire et qui peuvent sembler vaguement non-contradictoires à un lecteur (très) distrait, ou en tout cas juste assez pour lui faire douter de ce qu'il a lu maintenant (ou plus haut). Je ne sais pas si le mariage des deux serait faisable.

Le seul que je vais citer ici nominalement est Impe, pour son analyse de la soif, qui me semble pertinente bien que je ne l'ai pas eue à l'esprit en écrivant. Connaissant l'importance des facteurs corporels dans l'expérience onirique ainsi que dans la période de rédaction, je pense qu'il y a une part de vérité dans l'hypothèse formulée.

Sinon, dernier point, la suite. En fait, comme vous le verrez, le projet suit une narration non seulement bourrée de larges ellipses (à un tel point que sur les dizaines d'années couvertes par le récit, seule une infime fraction est narrée, de l'ordre de quelques bonnes douzaines d'heures et certaines périodes ne sont même parfois pas abordées, même "rétrospectivement") mais également hautement non-linéaire (d'où le fait que j'indique toujours l'année et le mois, car il n'y a pas deux scènes consécutives se suivant réellement dans l'ordre factuel). Actuellement, j'ai toutes les scènes et leurs liens logiques en tête, ainsi que les chapitres (je devrais plutôt parler d'épisodes, vu que c'est toujours entre 1500 et 6000 mots) 2 et 3 d'écrits, le 2 étant aux dernières retouches.

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il y a 14 ans 2 mois #16882 par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re:Désacralisation - 1 : Le Donjon

Mais pour lui répondre, le problème de changement de style est effectivement problématique.

Moins si c'est fait sous forme de recueil de nouvelles, comme tu sembles le dire. Je n'y avais même pas pensé...

J'ai commencé à noter tous les rêves dont je me souvenais au réveil, avec le plus de détails et d'interprétations possibles.

Là non plus, je n'aurais jamais imaginé un tel projet! La suite s'annonce extrêmement intéressante.

Connaissant l'importance des facteurs corporels dans l'expérience onirique ainsi que dans la période de rédaction, je pense qu'il y a une part de vérité dans l'hypothèse formulée.

En te lisant, je me suis rappelé mes nombreux rêves où je me trouve devant de véritable festins mais sans jamais avoir quoi que ce soit à boire :P. Dans le dernier, j'ai manqué de m'étouffer avec un paquet de chips.
Bref, détail à part, il peut être intéressant de vite voir à quel sens on fait appel lors de la lecture du texte:

Ou du moins sans qu’il soit visible

La vue, sans hésiter. Elle reviendra plusieurs fois, au travers des mirages et illusions.

mais mes sens virevoltants ne cessent de modifier la perception que j’ai de cette machinerie immobile.

L'équilibre (je le considère comme un sens, puisque nous avons des capteurs à cet effet). Du reste, ça revient aussi par la suite.

me paraissent parfois brûlantes, parfois glacées, mais leur température ne varie jamais.

Le touché?

De toute façon, je ne les ai jamais touchées.

Et il ne touche quasiment jamais rien.

Bon, au niveau buccal, il y a pas mal:
- désert, puit asséché, etc...

Le couloir zigzague

Petite note pour l'équilibre...

- Un korrigan joue avec mes cordes vocales (buccal)
- De la moisissure au goût âcre, dont les exhalaisons mycétiques empliront ma bouche (suffisamment clairement buccal)
- Je sens leurs effluves ténébreux parvenir à mes narines (l'odorat, lié auparavant au buccal)

inclinées face au vide

Autre note pour l'équilibre.

un caniveau à sec

Que dire pour la soif? Non, dans ce cas précis, ce serait exagéré de l'incorporer.

un groupe de bandits discute de manière bruyante et agitée.

Ah! Arrivée de l'ouïe. Et étrangement, sur la seule partie qui offre un changement, sur l'ouverture du texte.

Que retirer de tout cela? Honnêtement, vu le contexte, pas grand chose. Pour le moment, je suis un peu fatigué, mais j'aurais essayé. Il peut, tout au plus, être intéressante de constater que le lecteur est enfermé dans un monde qui tourne entièrement autour de:
- l'odorat
- la vision
- l'équilibre
- le touché (au niveau de la langue) et le goût

Et que l'ouïe est véritablement laissée de côté. Je ferais volontiers un lien avec notre envie naturel de mettre de la musique, notre peur naturelle du noir et du silence (que l'on cherche souvent à briser). Je pense que le fait d'avoir évité tout contact de la main avec les parois ou autres tient uniquement de ce que tu voulais éviter (consciemment ou non) de donner un point d'appui au héros.
Je ne pense pas qu'il y ait de véritable sens à tirer de l'étude des... sens. :silly:

Impe, fatigué, qui ferait mieux d'aller rêver.

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il y a 14 ans 1 mois #16912 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Désacralisation - 1 : Le Donjon
J'ai triché, j'ai d'abord lu les commentaires - rapidement - avant de lire le texte. Je sais donc qu'il s'agit de rêve mis en trame...

Alors que dire de plus ?

Commençons par les bases, le texte s'appelle "donjon". Tout tourne autour de l'enfermement aussi par l'itération et je suis d'accord avec Petch, il est difficile de croire à une suite.
Ce qui intéresse doit donc être la manière d'enfermement du texte soit par toutes les formes de frontières - la herse, les briques mais aussi le désert, les brigands, les loups - sans aller dans l'interprétation, simplement en constatant ce qui peut l'être. L'enfermement peut aussi être l'inaction à cet égard qu'un autre agisse sur lui ou qu'il s'immobilise fonctionnerait...
Après quoi bien sûr il faudrait l'indiquer.
Mais il y a un moment au moins du texte où il n'est pas enfermé, c'est la découverte du balcon. Au moment de la description, sur laquelle j'ai quand même bloqué plus d'une minute, je me suis aperçu que pour la décrire le lecteur était comme passé au travers de la grille. Il n'y a plus de herse au moment de la description, nous sommes de l'autre côté. Et ce peut être un problème.
L'autre problème est de mêler la question de l'enfermement à celui de l'illusion. Dans un monde aussi instable poser que tout, au fond, est potentiellement faux inscrit un niveau supplémentaire de réflexion qui masque la question de l'enfermement. En clair l'enfermement n'est plus qu'une lecture de sa folie, au lieu que sa folie devrait être un nouvel enfermement.

Sur une autre note, à part, puisque nous parlons de rêves et d'incohérences il existe un genre que je connais très mal, de fait, j'en ai à peine entendu parler, celui de l'énigme. La réalisation d'un texte n'ayant pas de solution mais dont on sent qu'il a une signification profonde.
C'était apparemment à la mode au XVIe, à notre millénaire ce genre a complètement disparu.
Le problème est alors bien sûr que tu veux donner une trame à tes rêves, ce qui brise l'énigme - en une interprétation simple de narration. Mais il doit t'être possible d'imbriquer dans cette narration des descriptions sous forme énigmatique, à savoir que le lecteur lui-même ne les comprend pas. Ce qui n'est pas tout à fait le cas dans ton texte où d'une part il ne cherche pas à les comprendre - ou ne cherche plus - et d'autre part elles lui sont familières.
C'est du reste le double paradoxe ce ton illusion que d'en avoir fait une illusion familière mais c'est sortir du texte.

Quant à la désacralisation je ne crois pas qu'à ce stade le mot se soit justifié, il n'y a nulle part quoi que ce soit que je puisse affubler de ce terme. Tu cherches au contraire à rendre les lieux importants voire sacrés en les chargeant de sens - d'où ma digression sur l'énigme - quand je me serais attendu au contraire à ce que tu les en vides.
Il y a bien des mouvements auxquels on pourrait associer ton titre mais je ne les crois pas suffisamment inscrits dans le texte pour les justifier.

Je me dis aussi, puisqu'il s'agit d'un monde instable et notamment onirique, au lieu de s'attacher à dire que le décor change il pourrait être intéressant d'admettre ce changement et de se contenter de reprendre une localisation temporelle constamment dans le texte, en changeant cette localisation.
De sorte qu'au passage le narrateur explique qu'il se trouve ailleurs, de la même manière qu'il décrirait un lieu fixe. Sans que le lieu nouveau n'ait à être extraordinaire mais tu ne peux pas réinventer tes rêves...
Le plus intéressant outre l'effet produit serait de rediriger l'intérêt du lecteur, alors, sur une thématique unique au lieu de te disperser - car je crois que tu te disperses. Tu t'acharnes à décrire l'effroi familier, l'enfermement illusoire, tu as ton champ de sensations et ton mouvement immobile, le cas de la répétition, il y a mille directions et aucune issue. Ce qui serait bon mais qui me semble hors de portée pour quiconque sur les Chroniques.
Il serait plus avisé de sélectionner un unique thème, d'y subordonner tous les autres et par exemple, pour suivre le titre, d'avancer l'enfermement quitte à, comme entre parenthèses, parler de l'effroi familier derrière. Cela implique, dans la narration, de ne parler que d'enfermement en permanence et que tout ce qui se passe n'est là que pour le démontrer.

Ou alors, s'il faut conserver la dispersion des thèmes et suivre plutôt le chemin de l'énigme c'est qu'il y aurait un thème supérieur, en filigrane du texte comme un métadiscours du narrateur qu'il faut alors indiquer.

Et si je dis tout cela c'est surtout parce qu'en bon égocentrique qui se respecte je n'ai pas arrêté de penser aux "Larmes" et à "Nominavit"... à part pour le Korrigan je suis en terrain familier, et je ne risque pas de m'effrayer.

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il y a 13 ans 1 mois #17588 par Demosthene
Réponse de Demosthene sur le sujet Re:Désacralisation - 1 : Le Donjon
Étrange et bluffant ce texte. J'ai eu envie de m'arrêter à chaque ligne, et envie de savoir la suite en même temps.

Ce qui est certain, c'est que c'est positivement troublant et étrange comme texte. Et qu'il se termine pour moi sans avoir besoin d'une suite, bien au contraire.

Je ne m'avancerais pas à des commentaires plus détaillés, n'ayant pas (encore) la légitimité pour le faire ici.

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il y a 13 ans 1 mois #17590 par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re:Désacralisation - 1 : Le Donjon

Je ne m'avancerais pas à des commentaires plus détaillés, n'ayant pas (encore) la légitimité pour le faire ici.

Je propose donc de soumettre une loi à l'approbation parlementaire pour conférer une légitimité à tes propos :laugh: .

Désolé, mais s'il faut avoir accompli quoi que ce soit dans sa vie pour avoir le droit de donner son avis sur les chroniques, alors je n'aurais jamais été en droit de poster la moindre critique...

Et ça aurait été dommage, personnellement j'y ai pris beaucoup de plaisir.

Impe.

ps:

Et qu'il se termine pour moi sans avoir besoin d'une suite, bien au contraire.

Je me souviens suffisamment du texte pour les demander, ces fameux détails. Ce serait un débat très intéressant (indépendamment du fait d'avoir ou tort, ou raison, ou un chien ou une souris :P )

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il y a 13 ans 1 mois #17596 par Demosthene
Réponse de Demosthene sur le sujet Re:Désacralisation - 1 : Le Donjon
Imperator écrit:

Je propose donc de soumettre une loi à l'approbation parlementaire pour conférer une légitimité à tes propos :laugh: .

Désolé, mais s'il faut avoir accompli quoi que ce soit dans sa vie pour avoir le droit de donner son avis sur les chroniques, alors je n'aurais jamais été en droit de poster la moindre critique...


C'est simplement que je me voyais poster une critique de quelques lignes disant en deux mots les pour et les contres du texte selon moi, et que je me suis retrouvé face à une explication de texte détaillée avec recherche de figures de style, analyse de l'exploitation des cinq sens et étude du champ sémantique de la soif... Quelque chose dont aucune de mes professeurs de Français n'auraient eu à rougir, bien au contraire.
J'ai donc eu le sentiment qu'un simple "J'aime bien" allait être déplacé et notoirement insuffisant.

ps:

Et qu'il se termine pour moi sans avoir besoin d'une suite, bien au contraire.
Je me souviens suffisamment du texte pour les demander, ces fameux détails. Ce serait un débat très intéressant (indépendamment du fait d'avoir ou tort, ou raison, ou un chien ou une souris :P )


Alors les détails :

Le caractère architecturalement fou du texte ne m'a pas dérangé. Au contraire, je suis très vite rentré dedans d'un point de vue architectural. C'est particulièrement bien décrit, et chaque lecteur peut se faire sa propre image de ce décors improbable. En revanche, je ne saurais dire pourquoi, les absurdité (terme non péjoratif) dans la position et les déplacements du personnage m'ont arrêté dans ma lecture. Typiquement :

Je me relève et continue à ramper avec plus d’ardeur.

m'a bloqué, alors que tout le reste coulait parfaitement.

Concernant la fin, j'aime beaucoup cet esprit texte court, qui reboucle sur le début ajoutant à la folie ambiante. Je suis habitué aux textes de cette longueur, voir moins, aussi ce type d'ouverture finale laissant au lecteur sa propre imagination pour terminer me va bien, voir me plait beaucoup.

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il y a 13 ans 1 mois #17597 par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re:Désacralisation - 1 : Le Donjon

Je me relève et continue à ramper avec plus d’ardeur.

"De corne" risque d'être très rebutant alors :P .

Je suis habitué aux textes de cette longueur

Je n'avais pas pensé à ça. Il est vrai que je suis plus habitué aux longues saga ou aux textes à moral. Les fins ouvertes ont été peu présentes ces derniers temps.

En tout cas, cela répond à la grande partie des mes interrogations. Il faudra que je réfléchisse davantage aux fins ouvertes un de ces jours.

Impe, toujours en manque de temps, jamais de curiosité.

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il y a 12 ans 8 mois #18041 par SoK
Réponse de SoK sur le sujet Re:Désacralisation - 1 : Le Donjon
Salutations à tous.

Je n'ai écrit qu'en dilettante ces temps-ci, et n'avais donc plus la motivation de repasser sur les Chroniques (à quoi bon, me disais-je).

Cependant, à la lecture de mes commentaires, eh bien... je ne sais que dire. J'avais oublié à quel point ils étaient formateurs.

Pendant ma longue absence, j'ai quelque peu écrit - surtout des vers, toutefois - mais je projette de m'y remettre. L'avenir dira ce qu'il en est, en attendant vous devriez avoir droit, quand je les aurais retouchés, à mes quelques textes.

Par ailleurs, j'avais plus ou moins abandonné Désacralisation, mais l'envie de reprendre se fait de plus en plus forte. Il y a de bonnes chances que ça se finisse comme à chaque fois, c'est-à-dire que je vais commencer par ré-écrire dans les grandes largeurs le Donjon jusqu'à en être satisfait, ou plus vraisemblablement jusqu'à ne plus avoir le temps/la motivation.

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