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Vers les cimes brûlantes de l'Enfer, partie 1
- Mr. Petch
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- Imperator
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Mais une fois le malentendu passé, quelle plongée dans cet univers! Un vrai régal. Je me suis néanmoins permis de noter sévérement à cause de quelques points, objectifs ou non, qui m'ont perturbé dans ma lecture.
Mais commençons par le commencement.
Le récit est extrêmement prenant. L'action va vite et pourtant traîne, ce qui est appréciable car donne une ambiance particulière de lourdeur sans ennuyer profondément. Je comparerais volontiers avec Balzac, notamment avec le discours de 457 (je n'ai pas retenu le nom, Korkhovine je crois, ou quelque chose comme cela) qui aurait pu être élipsé, n'apportant pas grand chose à l'intrigue, mais qui donne une touche de réalisme supplémentaire, une bonne dose d'immersion que, entre nous, je jalouse un peu.
Bref, il se passe toujours quelques chose de nouveau dans ces deux textes, la situation restant, pourtant, fondamentalement figée. Je ne m'attarderais pas (à mon grand regret) sur le style pour me contenter de quelques impressions.
Au niveau de la rencontre avec Alexandra (Sacha), je n'ai pu m'empêcher de me dire deux choses:
- pourquoi elle danse au milieu des habitations au milieu de la nuit si elle est perdue et effrayée (oui, j'ai traduit le passage comme elle dansant dans le noir...)
- pourquoi, si elle est perdue, est-ce que c'est elle qui conduit 19 au portail?
Le premier élément demande une explication:
Les gestes sont décrits comme élaborés, affolés, et malgré tout doux et adroits. Tu te fais prendre à ton propre piège puisque, le monde étant présenté de manière élipsée, le lecteur se trouve forcé de tout interpréter.Il y a un pantin d'ombres qui traverse l'allée, partant d'un côté, et s'arrêtant de l'autre. Il a des gestes doux et adroits que j'envie presque, moi qui ne connais que celui de la visseuse. Il a des gestes qui s'immobilisent, puis repartent et s'affolent, puis se calment. La peur devrait me venir, car ces gestes ne me disent rien. Aucun des ouvriers ne peut les imiter,
Ici, les gestes de fuite ou de tâtonnements (je ne suis même pas sûr de savoir de quoi il s'agit en réalité) ressemblent trop à de la danse (et comme on se rend très vite compte qu'il s'agit d'une femme, et qu'il n'est de plus jolie image qu'une femme qui danse (à deux ou trois mille exceptions près), l'amalgame est vite fait).
D'ailleurs, j'avais soupçonné, au départ, qu'il s'agissait d'un rendez-vous entre 457 et une fille de joie (ou quelque chose de cet ordre), de sorte que j'étais déjà bien enclin à voir quelqu'un danser...
Pour la seconde réflexion... ma foi:
« Je veux juste savoir comme on sort d'ici. »
Bref, elle est perdue, puis elle sait où elle va, puis:Elle marche dans cette direction. J'hésite d'abord un peu à la suivre,
Bref, je suppose qu'il y a une explication rationnelle (elle était déboussolée en tombant (tombant de quoi, je n'ose l'imaginer)), mais en tant que lecteur fainéant, je ne vais pas m'avancer.« Ah ! Nous sommes arrivés... Je vais devoir vous dire au revoir...
***
Je vais devoir m'arrêter ici (le taf', toujours le taf'), mais je tiens à relever un dernier élément:
C'est le seul moment où j'ai eu la sensation qu'un objet, ici le rire, n'était pas suffisamment subtilement évoqué. Parler de "cris" me semblait grossier. Il y aurait bien sûr l'éternel (mais démodable) "je pensais qu'elle pleurait" à cause de la grimace, mais bref... C'est avant tout une impression, celle qu'à cet endroit, la narration est trop éloignée des connaissances du lecteur alors que, tout le reste du temps (et c'est là assez exceptionnel), la chimie des deux est quasi parfaite.Elle pousse une sorte de cri que je n'ai jamais entendu avant et se penche comme si elle allait tomber. J'essaie de la rattraper, parce que je ne veux pas qu'elle tombe sans m'avoir dit ce qu'elle sait, mais elle ne tombe pas et continue de pousser ses petits cris. Je me rends compte que moi aussi je peux pousser les mêmes petits cris qui font plisser les yeux et remuer les genoux.
***
Rapide conclusion (que j'espère temporaire):
Une suite à la hauteur de l'introduction, une action presque trop rapide lors de la rencontre, mais au rythme excellent dans mon ressenti lors de la révolte, mon espoir porte avant tout sur l'originalité du scénario à venir.
Ceci dit, je ne sais pas trop à quoi m'attendre. Un nouvel animal farm? 19 qui devient contremaître? Un deus ex? Pour le coup, je te fais confiance.
Une question toutefois: quelles sources emploies-tu pour créer ton univers, si tu en emploies?
Impe.
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- Mr. Petch
- Auteur du sujet
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- Messages : 528
- les réactions d'Alexandra (qui danse, ou quand elle se perd) sont volontairement "étranges". En fait, j'avais le choix entre leur laisser cette étrangeté, et leur donner une interprétation par le biais du narrateur. C'est un peu ce qui est fait dans le cas de la danse. Mais j'admets que c'est un pis aller que de laisser un flou quant à l'attitude la jeune fille, et que je n'en suis pas vraiment satisfait.
- en ce qui concerne la description du rire, tu as eu raison d'en pointer la faiblesse. On revient au problème du pistolet décrit par quelqu'un qui ne sait pas ce qu'est un pistolet, que tu évoquais dans ton commentaire sur "l'expérience". J'ai retravaillé ce passage sans trouver de solutions satisfaisantes pour faire comprendre au lecteur 1. qu'Alexanda rit 2. que le narrateur ignore ce que c'est.
Sur les sources, j'ai lu plusieurs ouvrages (historiques, politiques ou littéraires) sur la Russie à l'époque des Révolutions de 1905 et 1917, et sur les voies prises alors par le communisme. C'est ce qui m'a plus ou moins servi à représenter le monde de l'usine, ainsi que les différents discours et idéologies qui émaillent le texte.
Mr Petch
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- Vuld Edone
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- Messages : 2178
Cela fait une éternité que je les ai lus et je ne sais toujours pas quoi dire. En tout cas sur la forme, qui est la marque de fabrique du renard, je n'ai rien trouvé de remarquable. Je vais donc être forcé de parler du fond, donc... donner mon avis.
Et là mon commentaire va être très court.
Le personnage principal est attachant parce qu'il est ignorant.
Il a toute une facette de sa personnalité plutôt en arrière-plan et inexploitée, qui est son côté "brute épaisse", qui veut jouer à Guillaume d'Orange avec 457 et qui, dans sa naïveté, dessouderait probablement n'importe qui si on le lui demandait. Développer ce côté rustre le rendrait moins attachant mais un peu plus concret...
Un problème sans doute pour beaucoup de lecteurs serait sa passivité, remarquable puisque la seule véritable décision qu'il prendra de sa vie sera de sortir de sa maison. Initiative débordante qui a ses avantages, puisqu'elle l'amène à trahir 457 sans hésitation, mais à part cela un peu dommageable pour un récit à la première personne. Il suit constamment et même s'il se prend pour l'élu, il ne fait rien.
D'où d'ailleurs la troisième remarque, à force de l'entendre répéter qu'il est l'élu, cela agace. L'idée repose sur à peu près rien, elle ne lui appartient pas - Alexandra la lui a mis en tête - et pour le moment il ne peut rien en faire. Or il la rabâche à autant d'occasions que possible. J'aurais d'ailleurs apprécié qu'il ait ses propres raisonnements, enfantins, comme "mais 108 est un nombre plus haut que 19, comment 19 peut avoir une plus haute destinée que 108 ?" Qu'il oppose sa propre logique, ou absence de logique, à l'idéologie des autres personnages.
Quant aux autres personnages... on ne s'attache pas à 457, qui n'est qu'un accessoire vite relégué à sa cave. On ne s'attache pas à 108, qui ne joue même pas le rôle de mentor ou de second père avec 19. Et lorsqu'on voudrait s'attacher à Alexandra celle-ci part dans sa propre idéologie, se désincarnant.
D'une certaine manière ces personnages ne vivent que par leur idéologie au lieu de vivre cette idéologie. Le contremaître est assez exemplaire puisqu'il n'est qu'un fouet sur bottes, alors qu'Alexandra le décrit comme un allié. Il manque au narrateur, donc à 19, toute la capacité d'observation qu'on attendrait d'un écrivain, qui par les détails fasse vivre le contremaître par lui-même, et non au travers des autres.
L'action elle-même est très bien découpée, le texte est un prototype de ce qu'il faut faire : chaque chapitre a son action bien délimitée, 1 la visite d'Andropov, 2 la rencontre avec Alexandra (préparée par 1), 3 la révolte (préparée depuis 1) et 4 la dénonciation amenée par tout 4 et préparée quelque part depuis 2. Enchaînement presque trop bien construit et du reste, à mon avis, tout à fait efficace.
Après quoi il faut tout de même le remarquer, le siège de l'armée est complètement ellipsé et on passe tout de suite à la reconstruction. Cela donne l'impression que la révolte de l'usine, attendue dès le départ et pressentie comme un grand événement - avec la superbe scène des flammes - est secondaire, voire anecdotique. Et très vite, trop vite, on s'intéresse au reste du monde (et ses milliers d'usines) qui ne nous touche pas encore.
À présent l'attente principale est le départ de 19, qui n'a plus rien à faire à cette usine, qu'elle reprenne ou pas. Que ce soit Alexandra ou un événement à l'usine, ou même de sa propre main, il va devoir voyager.
Mais j'aurai personnellement du mal à être compagnon de voyage d'un narcissique persuadé d'être le messie, aussi candide soit-il, et je n'envisage ni 108 ni Alexandra comme compagnons d'agréments. Un retournement à ce stade, que je ferais, serait la ruine d'Andropov, lequel deviendrait soudain compagnon de 19 (et de 108 forcé de s'adapter) mais ce scénario est peu cohérent avec ces quatre premiers chapitres.
Je m'attends surtout, ou plutôt j'attends surtout que 19 devienne plus indépendant et plus actif, qu'il cesse de subir. Parce qu'on subit avec lui.
Et il y a un élément du texte qui, dans la furie des événements, se fait un peu oublier : la campagne et sa famille, si abstraits, que je compte voir revenir par la suite. Il faudra penser à la réactualiser entretemps.
EDIT : Je viens de voir le cinquième chapitre... d'abord Malédictions puis j'y viendrai.
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- Krycek
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- Messages : 2935
Mes excuses pour ce retard, faisant partie avec toi de la MAJ.
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