file Projet 6 - Chapitre 6

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il y a 14 ans 2 semaines #16955 par Krycek
Projet 6 - Chapitre 6 a été créé par Krycek
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il y a 14 ans 2 semaines #16956 par Mr. Petch
Réponse de Mr. Petch sur le sujet Re:Projet 6 - Chapitre 6
Hé bien, c'est le calme plat sur le forum des Chroniques pendant que Krycek publie frénétiquement les innombrables chapitres de sa saga Pandemonium... Tout le monde est visiblement mort et, comme dirait le poète, moi-même je ne me sens pas très bien (un mal fou à venir à bout de prochain chapitre des Cimes brûlantes de l'Enfer...). Bref. J'arrête avec mes états d'âme et je passe à la critique du texte de Krycek. Cette critique porte exclusivement sur le dernier chapitre de la partie intitulée "Projet 6", c'est-à-dire que je suis sacrément en retard dans mes lectures mais que j'ai bon espoir de me mettre à jour très bientôt.

Allons-y.

Une remarque générale, tout d'abord : je crois que c'était Impe que te disais que tu as une écriture très cinématographique qui se donne à voir avant tout et se structure autour de dialogues-commentaires. En lisant ton texte, et plus particulièrement ce chapitre, je me sens transporté plusieurs années en arrière, à la grande époque des films d'action musclés à l'américaine. Je vois très bien Bruce Willis dans le rôle d'Eisen, par exemple. Et Sigourney Weaver dans le rôle de Naïa. Et Tom Cruise dans le rôle de Noé si Tom Cruise savait jouer la comédie. Plus sérieusement, j'entends par là que ton texte est profondément "réferentiel", d'une culture identifiable. Ce qui peut être un plus, mais du coup, tu en prends aussi parfois les défauts. J'y reviendrais.

Ton texte est visuel et sonore. On le sent dès les premiers dialogues et dès les premières descriptions. Cet aspect est mieux maîtrisé que dans les précédents chapitres où il semblait mal assumé. Ici, les explosions et les combats te donnent l'occasion de te contenter de décrire.

J'aime bien les notes de bas de page qui donnent un côté réaliste au tout. Je pense que tu pourrais appuyer cet aspect-là, voir peut-être dans le corps même du texte (ce que tu fais dans les premiers chapitres, quand il y a moins d'actions).

Le problème est celui des clichés. Ton texte est certes référentiel, mais il est aussi bourré de ce que j'interprète comme des clichés, cinématographiques ou littéraires, ou autres. Quelques exemples :

Le Storm cracha plusieurs rafales et deux nevs touchées partirent en vrille tels les furtifs de l'armée de l'air, effectuant plusieurs figures qui méritaient une très bonne note aux JO, avant de s'écraser lamentablement dans une forêt en contrebas.


Cliché cinématographique que ces dialogues ou situations mi-ironiques mi-sérieux qui émaillent les dialogues de séries TV depuis que les années 1990 les ont mis à la mode. Comme si les héros prenaient le temps, dans le feu de l'action, de faire du second degré. On peut faire sans, d'autant plus que ton scénario est traité avec beaucoup de sérieux et que ces dialogues, très référencés, décrédibilisent un peu l'action. C'est ce que j'appellerais le "syndrôme Han Solo". Ça peut marcher quand c'est concentré sur un seul et unique personnage. Ce que je te reprocherais n'est pas tant de l'utiliser c'est de l'étendre à tous les personnages : même cette grosse brute d'Eisen manie parfois le second degré, et cela contamine jusqu'au narrateur. D'une façon plus générale, cela participe à la difficulté de caractérisation de tes personnages qui resemblent parfois à des boîtes vides (je mets Noé à part ici) auxquelles tu coles des masques archétypaux sans te risquer à développer leur personnalité ou à jouer sur ces archétypes pour semer le doute (la fille prompte à l'action et un peu garce, le gros musclé loyal bon, le technicien/hacker malin et blagueur).. Les dialogues pourraient être l'occasion de percer certaines caractéristiques de tes personnages.

_ Nous devons regagner le vaisseau et récupérer Noé et Naïa s'ils sont encore en vie… Les nevs mettent la ville à feu et à sang et à présent, rien de peut plus les arrêter.


C'est Tetsuo qui parle. Affreux cliché cinématographique humaniste du héros qui n'hésite pas à retourner au feu pour sauver ses amis. Je serais lui, vu la difficulté qu'ils ont eu à en sortir, je me barrerais. C'est du moins l'attitude que j'aurais attendu de la part de Testuo, et il y a ici incohérence entre les deux clichés que tu emploies (le technicien malin/le héros humaniste). Cette remarque est plus personnelle, mais je n'ai pas pu m'en empêcher : j'ai toujours trouvé que ce type d'attitude manquait de vraisemblance, comme si les héros restaient toujours stoïques et humains, même face au pire des dangers.

Véritable chef d'oeuvre à mi-chemin entre électronique et organique, il était capable de multiples mutations et si son camouflage thermo-optique datait un peu, ne lui octroyant qu’une invisibilité partielle, sa menace n'en était pas moins grande. Lent, froid, précis, implacable, l'intelligence démoniaque, la justice maléfique pour les aficionados.
"Grâce à sa pile atomique il peut tenir des dizaines de siècles, attendant docilement le jour où sa proie sera accessible… ce même jour sa lance la plantera déclenchant ainsi le feu de Dieu, le souffle de Satan." Telles étaient les paroles que le Général Raivac, ancien leader de la RPE, avait prononcées lors de sa présentation.


L'arrivée du super vaisseau de la mort du grand méchant me rappelle le cliché, pas uniquement cinématographique, de l'ennemi de plus en plus fort. Celui-là je te le pardonne, même si c'est un peu une facilité qui fait ressembler ton texte à un scénario de jeu vidéo. J'apprécie toutefois la manière dont tu introduis le vaisseau, avec la citation, qui me semble plus originale. Ici, tu arrives à retourner le cliché plutôt à ton avantage.

Une explosion retentit du côté de la place qu'ils avaient quittée et dans la rue qui faisait face à la banque, la bataille faisait maintenant rage. L'Est était bondé de soldats du Nouveau Monde.


Cliché littéraire. Tu nous épargnes certes l'éternel "Une explosion se fit entendre.", mais la "bataille fait rage" et l'Est est "bondé" de soldats. Il suffirait qu'il soit "rempli" ou "plein de soldats", et tu gagnerais en simplicité. Au vu de ton style, tu pourrais te permettre un simple "Une explosion du côté de la place...", c'est-à-dire une phrase sans verbe. Que tu assumes très bien dans ce paragraphe, réussi parce que tu fais l'effort d'employé un vocabulaire qui t'es propre (visuel : la toile d'araignée) plutôt que de te limiter à des automatismes de langue :

Les rayons Dô-Lô croisèrent les stries dessinées par le vaisseau fugitif, semblant pris dans une gigantesque toile d’araignée lumineuse, et se perdirent dans les nuages puis dans l'espace. Manqué.

Naïa fit descendre le Storm sous la couverture nuageuse, qui s’écarta lentement révélant lentement à tous une armada de nevs qui les attendaient sagement une centaine de mètres plus bas, quadrillant le ciel et ajustant le tir Dô-Lô.


Outre la répétition de "lentement", je pense qu'à part à Météo France, personne ne parle de "couverture nuageuse". "Nuages" suffit amplement, ou quelque chose de type "la masse de nuages" à la rigueur. Dommage car, là encore, ta gestion de l'espace visuel proposé au lecteur est bonne : en une seule phrase, tu rends compte de ce que Naïa et ses amis voient.

A titre personnel, ces clichés me gênent, même si j'ai du mal à me fixer une opinion sur la subjectivité de cette remarque. Je pense toutefois que leur multiplication nuit à ton texte. Quand tu t'apprêtes à manier un cliché, suspend ton jugement deux minutes avant de choisir de l'assumer ou pas. J'ai parfois l'impression qu'ils te viennent sans que tu t'en rendent compte, comme des tics de langage ou d'écriture.

***

Autre problème : tu n'arrives pas à tenir ton registre de langue. Qu'on emploie des termes familiers ne m'ennuie en rien. Mais souvent, une certaine homogénéité est préférable. Tu te risques à quelques expressions du registre familier (type "clin d'oeil au lecteur") alors que le reste du texte est plutôt neutre, voire soutenu quand on est dans des notes d'explications historiques et scientifiques. Un exemple :

Soudain, tout s'accéléra : une rafale de balle fit sauter les vitres de tous les véhicules stationnés et une dizaine d'explosions simultanées germèrent dans l’avenue, telles de grandes fleurs s'épanouissant puis fanant à grande vitesse dans de larges volutes de feu puis de fumée. L'une d'entre elles projeta Noé et Naïa derrière un camion de transit de fonds renversé. Il ne leur restait plus que trois cents mètres à parcourir mais à découvert ce serait difficile...


L'insertion du langage parlé dans la dernière phrase, en gras, rompt terriblement le rythme que tu étais parvenu à installer avec les phrases précédentes (la première phrase est visuellement bien réussi, elle a un vrai rythme). Ou alors tu t'arranges pour multiplier les interventions du narrateur pour qu'elles aient moins l'air de sortir de nulle part.

***

Enfin, il y a quelques maladresses de style. Je pointe celles qui m'ont le plus marqué :

L'une d'entre elles projeta Noé et Naïa derrière un camion de transit de fonds renversé.


De transfert ou transportde fonds, sinon c'est intestinal.

Naïa grimpa par l'arrière dans le fourgon et se glissa difficilement à l'avant. Celui-ci se gisait sur le côté, le châssis face à l'Est et aux forces nouvelles.


Gésir est intransitif, ce me semble (gisait plutôt que "se gisait")

De la fenêtre avant s'échappait la mousse expansive blanche qui avait depuis longtemps remplacé les airbags.


Ce qui me gêne ici, c'est la côté "explication forcé". Impe a eu des remarques très justes à l'égard de mon "expérience" que je pourrais reprendre ici : tu expliques ça à un lecteur étranger à l'univers, alors que le narrateur ne prendrait pas le temps d'expliquer quelque chose d'aussi banal.

Et comme sous l'effet d'une onde magnétique, le champ ELW se fit visible à l'image de vagues vertes, bleues et jaunes, animées d'un mouvement circulaire vers les frontières de la ville…


Le "se fit visible à l'image" n'est pas très beau (ce qui est subjectif), mais du coup pas très clair non plus ("à l'image de" est-il utilisé ici pour "comme" ?).

Tetsuo actionna deux boutons sur le côté de son accoudoir et un clavier vint prendre part devant lui, pivotant de chaque côté de son siège alors qu'un écran descendait lentement à hauteur de ses yeux.


"Vint prendre part" est peu compréhensible.

***

Ton texte se risque à une prédiction qui est en train de se réaliser : dans l'avenir, tout le monde aura des prénoms très courts, ceux de moins de deux syllabes seront formellement interdits.

Mr Petch

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il y a 14 ans 2 semaines - il y a 14 ans 2 semaines #16957 par Krycek
Réponse de Krycek sur le sujet Re:Projet 6 - Chapitre 6
Bonjour Mr. Petch.

Tout d'abord merci pour ta critique, même si c'est abusé de ma part de publier des chapitres simplement corrigés. A vrai dire, il ne me reste plus que l'épilogue à terminer avant de tout publier... dingue comme ça prend du temps d'écrire une fin !

Je ne souhaite pas saper ta fougue, mais si tu préfères te limiter à une critique globale plutôt que chapitre par chapitre, tu m'en verras déjà ravi.
Allez, en route pour cette discussion !

Je vois très bien Bruce Willis dans le rôle d'Eisen, par exemple. Et Sigourney Weaver dans le rôle de Naïa. Et Tom Cruise dans le rôle de Noé si Tom Cruise savait jouer la comédie.

Bruce a décliné et je voyais plus Winona Rider pour Naïa. Quand à Tom Cruise... laissons le à la scientologie par pitié !! :D

Le problème est celui des clichés. Ton texte est certes référentiel, mais il est aussi bourré de ce que j'interprète comme des clichés, cinématographiques ou littéraires, ou autres.

Argh ! Mea culpa d'abord... mais Argh surtout !

Cliché cinématographique que ces dialogues ou situations mi-ironiques mi-sérieux qui émaillent les dialogues de séries TV depuis que les années 1990 les ont mis à la mode.

J'avoue, j'ai honte. :oops:

D'une façon plus générale, cela participe à la difficulté de caractérisation de tes personnages qui resemblent parfois à des boîtes vides (je mets Noé à part ici) auxquelles tu coles des masques archétypaux sans te risquer à développer leur personnalité ou à jouer sur ces archétypes pour semer le doute (la fille prompte à l'action et un peu garce, le gros musclé loyal bon, le technicien/hacker malin et blagueur).

Effectivement. Pour ma défense je dirai que j'ai choisi de développer chaque perso au moment où une partie de l'histoire dépendait d'eux. D'autre part, les premiers chapitres trahissent effectivement la jeunesse de l'époque de l'écriture. Jeunesse dans l'écriture que j'ai du mal à éliminer.

C'est Tetsuo qui parle. Affreux cliché cinématographique humaniste du héros qui n'hésite pas à retourner au feu pour sauver ses amis. Je serais lui, vu la difficulté qu'ils ont eu à en sortir, je me barrerais.

Bizarre je n'ai pas voulu faire de Tetsuo un héros, loin de là. Je le voyais plutôt égoïste. S'il revient là, c'est surtout pour vérifier qu'ils ne sont pas morts et ne pas avoir ça sur la conscience.

Outre la répétition de "lentement", je pense qu'à part à Météo France, personne ne parle de "couverture nuageuse".

Lol ! Effectivement la critique est plus qu'utile dans ces cas là. Du coup je me moque de moi-même ! Quel c*uillon je fais !!!

Quand tu t'apprêtes à manier un cliché, suspend ton jugement deux minutes avant de choisir de l'assumer ou pas.

Marrant comme je me targue de les manier à contre-courant dans Le Roi Phoenix et que dans Pandy je les accumule de mauvaise manière ! Je plussoie, j'ai horreur des clichés américanisés et Pandy est un comptoir ambulant en la matière. Sic.

De transfert ou transport de fonds, sinon c'est intestinal.

Ca et la couverture nuageuse ! Mouarf !
Et je plussoie aussi la liste qui suit de "mal dits". Je note et je corrigerai. Merci pour ton effort !!!

Ton texte se risque à une prédiction qui est en train de se réaliser : dans l'avenir, tout le monde aura des prénoms très courts, ceux de moins de deux syllabes seront formellement interdits.

Plus tard, j'explique un peu aussi l'absence de nom de famille, mais les prénoms dans Pandy sont plus des alias, les identités ayant été perdues au fil des guerres. Je crois que c'était une excuse qui collait bien pour expliquer ces choix de noms.

Merci encore !

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