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Fragments d'Apocalypse - Roderick
- Mr. Petch
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- Vuld Edone
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Je dois dire que la fin de Lemuel est appréciable, là où d'autres se seraient appesantis, et a quelque chose de convaincant.
Mais Gustave n'est pas un personnage appréciable, ou même crédible, pas dans une horde, son comportement est presque invraisemblable. Je parle du "monsieur" bien sûr, mais aussi ce côté assez artificiel, un personnage en cire qui ne sert qu'à cette fonction, qui ne semble pas exister. De même Todd, un peu plus important, manque à son discours final de liberté, et il semble qu'il ne soit que Todd. Seul Lemuel, au final, grâce aux différents points de vue se permet d'être quelqu'un, justement parce qu'il n'est pas fait tout d'un bloc.
L'effet de horde n'est pas réellement réussi. Les courses en véhicule ne posent pas de problème et l'équipement me semble bon, mais il manque encore l'ambiance véritablement de horde, aussi dans la narration du personnage, qui permettrait de vraiment penser à une bande de pillards. Elle est encore trop sobre et trop ordonnée. Avant la nuit devant Memphis, elle est une simple troupe errante.
Et c'est d'ailleurs à Memphis que la seconde histoire commence, comme si les enjeux d'alors se perdent et que, durant l'attaque, ils n'existent plus. Le nom de Memphis lui-même crée une curiosité à laquelle le texte ne répond pas, un nom qui devrait être familier au lecteur et qui n'est pas véritablement travaillé - même s'il est intentionnel.
La troisième concerne le collectionneur, et on peut dire que dès l'éloignement de la ville tout ce qui a précédé n'est plus utile, et on aurait aussi bien pu commencer le texte là. Les dernières lignes sont même inexplicables, vis-à-vis du reste.
Ce qui m'a le plus surpris, et qui résumerait assez bien mon avis sur le texte, c'est que les entrepôts de nourriture n'aient pas été suffisamment décrits. On ne les voit pas vraiment et quand on nous en parle, c'est presque de façon utilitaire, et jusqu'à leurs formes mêmes doivent être devinées. C'est une absence de description frappante.
Je crois donc que c'est tout simplement les contraintes de narration du personnage qui nuisent au texte, tout ce qu'il ne peut pas dire et qui pourrait plus facilement nous immerger dans l'action, au point d'accepter le décrochage final. Une description massive aurait pu sans peine produire l'atmosphère de la horde, mais cette description manque, sans plus.
J'aurais d'autres remarques mais sur le moment...
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- Mr. Petch
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Idem pour la première phrase. Elle m'est venue en accroche mais, a posteriori, je la retirerais ou la modifierais. Peut-être en "Pour Roderick, ce qui compte, c'est l'honneur".
Personnellement, mon impression est que le texte manque d'insistance à certains passages cruciaux, que tu pointes :
- le discours de Todd, bien trop faible par rapport à ce qu'on attend de lui
- la description du hangar était à l'origine plus détaillée, car elle était censée représenter le changement d'état d'esprit de Roderick face à la "monstruosité" de l'architecture post-apocalyptique ; je n'ai pas réussi à aboutir à un résultat satisfaisant, d'où le compromis actuel
- la nuit avant l'attaque aurait en effet pu être détaillée ; toutefois, sur la horde, je voulais garder l'idée d'un groupe très ordonné et hiérarchisé.
Sur l'impression de trois histouires différentes, j'aurais quelques précisions à te demander :
Autant je vois très bien ce que tu veux dire dans le cas du collectionneur, où le décalage est net, et l'envie du narrateur de tuer les hérétiques pas assez justifié (le discours de Todd aurait pu aider ici) ; autant sur les deux premières parties (avant/après l'attaque), j'ai l'impression que c'est juste la première phrase qui induit en erreur, tout le reste étant guidé par les hésitations de Roderick, et finalement de toute la horde, entre Lemuel et Todd. A la relecture, j'ai cependant eu l'impression de n'être pas assez explicite sur les enjeux pendant l'attaque, ce qui peut cànstituer une seconde explication
Mr Petch
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- Vuld Edone
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Avant Memphis, c'était essentiellement une question de survie. L'accent est mis sur la capacité de Lemuel à faire survivre le groupe, entre les chemins à choisir et la traîtrise. Mais arrivé à Memphis le conflit devient purement idéologique, et on devine les ordres de Lemuel non seulement sensés mais parfaitement pragmatiques. On ne vit plus l'hésitation de la horde, à moins d'être profondément fou on prend le parti de Lemuel contre Todd - il n'y a rien dans le texte qui justifierait le contraire.
Aussi, le résultat de l'assaut joue assez peu voire pas du tout sur l'enjeu de scission. En somme, qu'ils réussissent ou qu'ils échouent, les deux camps resteraient les deux camps, et lorsque la horde s'attaque aux habitations c'est un arrière-fond qui se déploie, l'événement n'a plus d'importance. La tension du premier tiers du texte ne joue plus, et on suit Roderick purement par intérêt pour le personnage. On se laisse désorienter comme lui.
Il n'y a pas grand-chose à faire contre cela, c'est ancré dans l'histoire.
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- Monthy3
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Dans l'ensemble, c'est un texte de qualité, en particulier au niveau du style et de la richesse du vocabulaire. J'ai particulièrement apprécié les descriptions de la horde. Le côté "en retrait" de Roderick m'a également semblé bien rendu.
Mes remarques moins positives seront peu nombreuses.
Parfois, en dépit de ton habileté, tu en fais un peu trop au niveau de certaines phrases, qui en deviennent pompeuses ou à rallonge. Un exemple :
Tu gagnerais aussi, je pense, à espacer la présence des "mais". Bon, ça, c'est mon allergie aux répétitions qui parle, sans doute bien trop exacerbée d'ailleurs, mais cela m'a sauté aux yeux en particulier ici :Le paysage nocturne étendu au pied de la colline, tapissé de lumignons blafards enfermés dans des cages en verre dans lesquelles se réfletaient les lames rosâtres des flammes tentant de s'échapper,
Par la suite, j'ai été pris par le texte et ai moins fait attention à la forme, donc je n'ai rien relevé de plus ! Tu t'en sors bienIl eut honte de ses gestes maladroits mais, face au silence de la nuit et au grand vide du noir, il se dit que personne n'avait pu le voir. Il se trouvait pourtant en pleine lumière mais, par chance, ce détail lui avait échappé.
Autre remarque, sur ce qui m'a le plus dérangé : la scène finale. Elle me semble venir comme un cheveu sur la soupe : la rencontre avec l'aveugle, le fait que Roderick ne le tue pas (ce qui est crédible, tu l'expliques assez bien) mais suive un chemin vaguement indiqué, le tout pendant une heure, et, surtout, le golem final... Je ne vois pas de cohérence avec ce qui précède, ou vraiment peu. On enchaîne d'un monde post-apo, certes, mais a priori "normal", à du fantastique absolument pas préparé (et c'est cela qui pèche).
Bref, la fin m'a laissé perplexe.
Enfin, le cas Gustave. J'ai lu que Vuld le trouvait factice. Je suis plus partagé. J'aime bien le contrepoint naïf qu'il donne au cynisme de Roderick. Cependant, à sa façon, je le trouve plus effrayant que la totalité des autres personnages. Ce n'est pas normal qu'il soit aussi naïf, aussi candide, alors qu'il a fait le choix de rejoindre une horde assassine.
A dire vrai, je verrais bien un changement de perspective, la construction de l'histoire autour de Gustave, que se déchireraient les tenants de chacune des deux conceptions. Il acquerrait une valeur symbolique plus prononcée - peut-être trop, là où tu ne t'en sers que d'annexe, me semble-t-il. Après, la scène finale n'aurait pas plus de sens...
Comme d'habitude (même si l'habitude est loin), je suis assez abscons. J'espère que tu démêleras de ce nœud embrouillé quelques fils utiles !
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- Mr. Petch
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Sur les phrases pompeuses, c'est un problème récurrent quand j'écris : j'essaye d'insérer des passages ironiques, mais ils tombent souvent à plat. C'est le cas ici, la phrase :
Le paysage nocturne étendu au pied de la colline, tapissé de lumignons blafards enfermés dans des cages en verre dans lesquelles se réfletaient les lames rosâtres des flammes tentant de s'échapper,
se termine par un contrepoint ironique qui "l'annule" en quelque sorte, un peu comme si le narrateur lui-même nous signifiait la vacuité de ce moment de poésie au regard de notre héros :
l'émut à peine
Ceci dit, ce sont des effets difficiles à placer et je conçois bien que l'ironie soit par trop implicite.
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- Monthy3
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J'en suis aussi persuadé, et je suppute même qu'il suffirait de peu de choses ! Cela me me fait un peu penser à l'exemple du Trône de fer, où le fantastique est introduit de main de maître et de façon très, très subtile au fur et à mesure des différents tomes. Là, tu as moins de place, mais cela me semble très jouablePourtant, je suis sûr qu'il y a moyen d'amener plus naturellement le changement de registre, du post-Apo au fantastique, comme tu le soulignes justement, Monthy.
Je l'avais repéré et j'avais cru à l'effet de style, mais pas dans l'ironie, en fait. Autant dire que je suis un peu passé à côté Je pense que cela apparaîtrait de façon plus évidente si ce genre d'ironie n'était pas isolé, mais imprégnait vraiment le texte. Or je n'ai pas l'impression que tel était vraiment le cas, ou alors j'ai vraiment tout manqué en piétinant le texte de mes gros sabots... Il y a certes un cynisme évident, celui de Roderick lui-même, pourtant je trouve que cette ironie-là se marie mal avec. Ce n'est évidemment que mon propre ressenti !se termine par un contrepoint ironique qui "l'annule" en quelque sorte, un peu comme si le narrateur lui-même nous signifiait la vacuité de ce moment de poésie au regard de notre héros :
Je serais curieux de lire d'autres avis sur ce point.
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