Sirène
- Mr. Petch
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- Demosthene
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Ecrire sur l'écriture, si je n'avais pas déjà lu ce thème plusieurs fois sur les chroniques, j'aurais trouvé ça novateur. Là je suis juste bluffé et j'aime beaucoup.
Par contre, si l'histoire est belle, je n'ai pas pourtant ressenti spécialement de tension, peut être trop fasciné par le procédé et sa réalisation. Donc pour le texte oui, pour crescendo, un peu moins.
Des yeux se décollent un peu les poussières de lumière d'écran et ma forme s'amorce d'être regardée par vous
L'introduction m'a quand même un peu perdu au point que, maintenant que je suis prévenu, je suis allé regardé qui était l'auteur du texte .
J'ai un soucis avec la tournure. C'est volontaire ou c'est un essai (ou c'est moi qui maîtrise mal le français et les formes du verbe "s'amorcer", ce qui n'est pas non plus à exclure) ?s'amorce d'être regardée par vous
Je sens que tu veux faire apparaître ce bateau dans nos esprits, et que tu le veux calme avant la suite plus agitée. Hors justement cette répétition saccadée fait immédiatement naître en moi un fier trois mats où l'équipage s'agite un peu trop rapidement dans une mer un peu trop remuée. Et je suis douché par la fin "le disperse comme le vent fluide accalmit le feu des flots." Il y a des oppositions sans doutes voulues que mon esprit scientifique refuse, et notament le vent qui calme le feu .Il peut m'advenir un navire au loin claquant des voiles, empétré dans la mer qui le retient, l'agace, le tangue, l'allonge, le disperse comme le vent fluide accalmit le feu des flots.
Autant sur la fin, ça se justifie (j'y reviendrais), autant là j'ai préféré la lecture sans toutes ces virgules et surtout sans la dernière. Ralentir une énumération, oui, mais ralentir ça me parait délicat. Celle entre "lentement" et "vers moi" pourrait aller, l'autre m'a gênée.lentement, vers, moi.
Drôle de changement de champ lexical, une créature appartenant aux mythes marins n'aurait-elle pas eu plus sa place ? Ou cherchais-tu volontairement le décalage, et auquel cas dans quel but alors que justement derrière tu semble dire que nous avons mentalement étoffé le récit avec le reste de nos connaissances sur cet univers ?ptérodactyles agressifs
Ce coup-ci, la ponctuation est vraiment utilisée comme figure de style assumée (et légitimée par la longueur), et du coup ça ne me gène pas du tout. C'est intéressant. Je n'en suis pas fan, mais je trouve ça intéressant quand même.Vous. Voulez. Que. Tout. S'arrête ? Laissez. Moi. Un. Peu. De. Vie.
Voila pour mon avis : Très joli texte poétique, et belle mise en abîme. On y retrouve les débats sur "L'écriture est-elle de la télépathie ?" qui ont nourri un fil de discussion ici même.
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- San
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"N'arrêtez pas de rêver, d'imaginer, je ne veux pas disparaître!" en substance.
Le suspense étant amené par ce ra,len,tis,se,ment. Sen. Sible à la fin du texte, qui fait un peu agonie (si je ne me trompe).
Quelqu'un passera derrière moi pour confirmer, mais je note :
A moins que ce ne soient?A moins que ce ne soit les mots de la chanson
Avec l'inversion sur les paroles jaillisant de son torse, je trouve que la phrase manque de fluidité. "Allongée, de mon torse" je ne sais pas, j'ai l'impression que ça ne colle pas, voire que ça casse l'image de la sirène. A voir si ce n'est que moi.... où je me tiens, allongée, de mon torse jaillissant les paroles oubliees d'une comptine
Après, il y a tellement de file indienne (4) que j'avais davantage en tête l'image d'une indienne que celle d'une sirène à la fin du texte. C'est un peu... dommage. Ou bien... Enfin, pourquoi pas, vu que le texte finit sur cette ouverture, les surprises que nous réserve la sirène. Mais je n'adhère pas vraiment.
Contente en tout cas d'avoir aidé à inspirer ce texte. Il est intéressant, et je pense qu'on pourrait le pousser plus loin.
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- Mr. Petch
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Par contre, si l'histoire est belle, je n'ai pas pourtant ressenti spécialement de tension, peut être trop fasciné par le procédé et sa réalisation. Donc pour le texte oui, pour crescendo, un peu moins.
Je savais au départ que l'idée de "tension" allait être moins développée. Et c'est toujours la difficulté quand on a une bonne idée "formelle" de la traduire en autre chose qu'un exercice de style. Ici, j'ai l'impression que le passage central, avec le bateau, n'est pas assez présent. Si tension il y avait, j'aurais pu le développer ici.
Des yeux se décollent un peu les poussières de lumière d'écran et ma forme s'amorce d'être regardée par vous
L'introduction m'a quand même un peu perdu au point que, maintenant que je suis prévenu, je suis allé regardé qui était l'auteur du texte
Là, c'est normal que ce soit bizarre, j'ai essayé de faire du Feurnard
J'ai un soucis avec la tournure. C'est volontaire ou c'est un essai (ou c'est moi qui maîtrise mal le français et les formes du verbe "s'amorcer", ce qui n'est pas non plus à exclure) ?s'amorce d'être regardée par vous
La tournure est volontairement "étrange". Et en fait, je réponds là aussi à ton observation sur le rythme des phrases et du bateau. Je m'essaye à démonter la syntaxe "classique" pour produire des effets. A tout seigneur tout honneur (et cette fois je suis sérieux !) c'est un procédé que j'emprunte aux textes de Feurnard/Vuld. Mais c'est une façon d'écrire qui est assez intéressante parce qu'elle oblige à vraiment réfléchir sur le sens des mots, moins sur les contraintes grammaticales.
Drôle de changement de champ lexical, une créature appartenant aux mythes marins n'aurait-elle pas eu plus sa place ? Ou cherchais-tu volontairement le décalage, et auquel cas dans quel but alors que justement derrière tu semble dire que nous avons mentalement étoffé le récit avec le reste de nos connaissances sur cet univers ?ptérodactyles agressifs
Dans le mille . Après, c'est toujours le problème des effets : qu'ils soient à la fois suffisamment présents mais pas trop visibles quand même au risque de perdre leur efficacité. L'arrivée du ptérodactyle aurait pu être mieux préparé.
Vous. Voulez. Que. Tout. S'arrête ? Laissez. Moi. Un. Peu. De. Vie.
Ce coup-ci, la ponctuation est vraiment utilisée comme figure de style assumée (et légitimée par la longueur), et du coup ça ne me gène pas du tout. C'est intéressant. Je n'en suis pas fan, mais je trouve ça intéressant quand même.
Moi non plus je n'étais pas très fan, mais je n'arrivais pas à trouver une fin satisfaisante.
Après, il y a tellement de file indienne (4) que j'avais davantage en tête l'image d'une indienne que celle d'une sirène à la fin du texte. C'est un peu... dommage. Ou bien... Enfin, pourquoi pas, vu que le texte finit sur cette ouverture, les surprises que nous réserve la sirène. Mais je n'adhère pas vraiment.
Au début, j'avais mis "rang d'oignons" à la place de "file indienne" ! Je te laisse imaginer les interférences !
Mr Petch
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- San
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- Vuld Edone
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Et je l'ai dûment noté. À dire vrai dans la phrase :Là, c'est normal que ce soit bizarre, j'ai essayé de faire du Feurnard
"Des yeux se décollent un peu les poussières de lumière d'écran et ma forme s'amorce d'être regardée par vous..."
C'est le "d'écran" qui me dérange, et absolument pas "s'amorce d'être regardée par vous". En fait :
"Des yeux se décollent un peu les poussières de lumière et ma forme s'amorce d'être regardée par vous..."
Passe beaucoup mieux tout simplement parce que, syntaxiquement, "de x de y" est une répétition. Évidemment on perd l'écran, ce qui est grave. Une simple modification serait "de x à l'y", d'autant que le "et" ensuite permet de reprendre sans peine. À noter que "un peu" atténue le rythme de lecture, alors que j'aurais tendance à l'enchaîner encore plus, mais-
Ah oui, le reste du texte.
Et bien comme pour Noir et Crescendo, j'attends d'avoir un soupçon plus de temps pour m'y arrêter. Mais pour l'impression générale, il n'y effectivement de tension qu'aux deux dernières lignes du texte.
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- Imperator
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Pour une seule phrase, d'accord.et ma forme s'amorce d'être regardée par vous
Toute l'ironie de cette formulation .même des jambes de sirène
Le meilleur de ce texte à mes yeux. Ce "croyez-moi" est à la fois un résumé de l'influence du narrateur sur le lecteur et à la fois un cri de désespoir de l'auteur et des personnages pour exister (l'enfer c'est les autres).dans leur coeur, je vous l'assure. Croyez-moi !
Et on vieillit.Qu'il n'y ait pas plus de bâteau à l'horizon que d'écailles sur mes cuisses, et de soie dans mes cheveux.
Je suis un peu moins enthousiaste sur la sonorité et le rythme de ce passage. Je comprends l'intention, mais à haute voix, c'était un peu lent et monocorde, après une évolution très sinueuse et lisse.Vous. Voulez. Que. Tout. S'arrête ? Laissez. Moi. Un. Peu. De. Vie.
C'est un peu comme mettre onze blanches de suite sur une partition. Je ne suis pas musicien, mais ça me semble violent à gérer.
Le soulagement de n'avoir pas été laissé incapable de réagir.Merci !
***
Pour une réflexion sur le fond, on dirait que le personnage n'existe qu'au travers de la lecture par un lecteur (merci Lapalisse). J'avoue que cette vision est d'autant plus impressionnante pour moi qu'elle est nouvelle. J'ai toujours considéré que du moment qu'un personnage, quel qu'il soit, avait été imaginé, même un bref moment, il existait pour l'éternité, ou jusqu'à ce que quelqu'un décide à le tuer, auquel cas son souvenir, même après la fin de l'univers, sera éternel.
Un concept bizarre, mais profondément intuitif.
Impe.
ps: je viens de finir un plan pour le nationaliste... je crois que tu as une mauvaise influence sur moi.
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- Vuld Edone
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Tout d'abord une anecdote. J'ai récemment dû rouvrir quelques dictionnaires, et le mot "renard" désigne également une pièce de bois dans la mature (sic) d'un bateau.
Mais si je dis trouvé, c'est parce que j'ai découvert un lieu où "file indienne pourrait être simplifié en "file" :
"Les lettres en file indienne ne font rien sans vous consulter avant !"
Je suis à peu près persuadé qu'on peut se contenter de "les lettres en file ne font rien..." et que l'effet serait meilleur. J'ai aussi l'impression que ce n'est qu'à ce point que la répétition devient dérangeante.
Comme tout le monde l'a dit, le suspense n'existe que dans les deux dernières lignes, ce qui n'empêche pas ce suspense d'être fort, et ce qui n'empêche pas le reste d'être prenant.
Une phrase me dérange, et elle a peut-être déjà été notée :
"puis prennent sens les conglomérats derrière votre retine."
Le verbe devrait venir plus tard, ne serait-ce que parce qu'il est assez générique, mais aussi et évidemment parce que le tout donne une impression de poésie artificielle. J'opterais personnellement pour "puis les conglomérats prennent sens derrière votre rétine" qui serait la forme la plus simple.
Pour tout le reste, et à de nombreuses occasions, je n'ai évidemment aucun reproche, et au contraire, je note, je note. À la lecture les ptérodactyles ne m'ont pas choqué, soit que je sois habitué au décrochage depuis tout ce temps, soit que cela me paraissait très vraisemblable dans le contexte.
La toute première phrase, je l'ai déjà discutée, et c'était (avec le feu des flots) ce qui m'intéressait le plus.
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- Mr. Petch
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"Des yeux se décollent un peu les poussières de lumière d'écran et ma forme s'amorce d'être regardée par vous..."
C'est le "d'écran" qui me dérange, et absolument pas "s'amorce d'être regardée par vous". En fait :
"Des yeux se décollent un peu les poussières de lumière et ma forme s'amorce d'être regardée par vous..."
"de lumière à l'écran" me semble un bon compromis
Mais si je dis trouvé, c'est parce que j'ai découvert un lieu où "file indienne pourrait être simplifié en "file" :
"Les lettres en file indienne ne font rien sans vous consulter avant !"
Je suis à peu près persuadé qu'on peut se contenter de "les lettres en file ne font rien..." et que l'effet serait meilleur. J'ai aussi l'impression que ce n'est qu'à ce point que la répétition devient dérangeante.
Ici, cette solution marche, mais il y a encore une file indienne un peu plus loin. Garder "file" tout seul peut aussi fonctionner.
Ce "croyez-moi" est à la fois un résumé de l'influence du narrateur sur le lecteur et à la fois un cri de désespoir de l'auteur et des personnages pour exister (l'enfer c'est les autres).
Personnellement, je le trouve bien trop artificiel... Et donc surtout un désespoir de l'auteur, du coup ! Qui implore que ses effets stylistiques soient pris au sérieux !
Pareil pour la dernière phrase saccadée. C'est un peu un pari et je la trouve trop longue, finalement. Trop de mots. Il aurait peut-être fallu espacer, du type :
Vous voulez. Que tout s'arrête ? Laissez-moi. Un. Peu. De. Vie.
J'ai toujours considéré que du moment qu'un personnage, quel qu'il soit, avait été imaginé, même un bref moment, il existait pour l'éternité, ou jusqu'à ce que quelqu'un décide à le tuer, auquel cas son souvenir, même après la fin de l'univers, sera éternel.
Il y a un roman d'Unamuno (Niebla) où le personnage finit par se retourner contre le narrateur et lutte pour continuer à exister. Ça date de 1914 et c'est étonnamment moderne. Je ne dis pas que c'est ma source d'inspiration, mais disons que le problème a déjà été posé !
Une phrase me dérange, et elle a peut-être déjà été notée :
"puis prennent sens les conglomérats derrière votre retine."
Le verbe devrait venir plus tard, ne serait-ce que parce qu'il est assez générique, mais aussi et évidemment parce que le tout donne une impression de poésie artificielle. J'opterais personnellement pour "puis les conglomérats prennent sens derrière votre rétine" qui serait la forme la plus simple.
Alors... Je relis la phrase et moi je la réécrira comme ça : "puis prennent sens derrière votre rétine les conglomérats". Parce qu'il est important pour moi, au début, d'exprimer justement par l'ordre des mots la mise en place progressive d'un sens de lecture que le lecteur reconstitue lui-même. C'est plus ça qu'une licence poétique. Ou alors "puis derrière votre rétine prennent sens les conglomérats". Mais en tout cas le sujet à la fin.
Mr Petch
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- Vuld Edone
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Ce qui est étrange, c'est que la phrase précédente fonctionne : "À mesure s'efforcent d'apparaître en file indienne les caractères..." et c'est peut-être le "puis" qui pose problème. On pourrait essayer alors de mettre "les conglomérats" au singulier :
"(...) ; puis (il) prend sens derrière votre rétine le conglomérat."
Mais... non. Alors on peut essayer de remplacer "puis" par "ensuite" :
"(...) ; ensuite prend sens derrière votre rétine le conglompérat."
"(...) ; ensuite prennent sens derrière votre rétine les conglomérats."
Mais même alors on a deux propositions de forme Verbe-Sujet... et c'est cela peut-être qui attire toute l'attention sur l'inversion.
Pour l'écran, plutôt "Des yeux se décollent un peu les poussières aux lumières d'écran"... serait plus fluide. À noter qu'au singulier cela ne fonctionne plus aussi bien, "Des yeux se décollent un peu les poussières à la lumière d'écran"... Sinon oui, "de lumière à l'écran" passe.
À l'instant où on se met à jouer avec la syntaxe...
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- Imperator
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C'est ton droit. Personnellement, j'apprécie beaucoup le fait de briser le mur de cette manière, avec ce "croyez-moi" qui tombe de nul part, d'autant plus qu'il a eu droit à sa transition en gradation avec le "je vous l'assure".Personnellement, je le trouve bien trop artificiel...
En terme de rythme, je dirais:Vous voulez. Que tout s'arrête ? Laissez-moi. Un. Peu. De. Vie.
"Vous voulez. Que tout s'arrête ? Laissez-moi. Un peu. De. Vie."
Ce qui donne, grosso modo: 1 2 3, 1 2 3 4, 1 2 3, 1 2, 1, 1
On avait une distribution de ce genre en mathématique.
J'avoue que je reste quand même un peu contre le fait de séparer des éléments qui vont clairement ensemble. En lisant la phrase, j'ai presque tendance à effacer les points tellement il me paraît logique de rassembler les différentes parties.
Comment dépasser ce genre d'effet?
Honnêtement, pas sûr. Ce n'est pas une figure de style que j'ai l'habitude de voir ou que j'aie jamais utilisé...
Impe.
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