file Crescendo - Le brouillard de Londres

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il y a 12 ans 5 mois #17744 par Demosthene
Crescendo - Le brouillard de Londres a été créé par Demosthene
** Ce sujet traite du contenu de l'article: Crescendo - Le brouillard de Londres **

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il y a 12 ans 5 mois #17747 par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re:Crescendo - Le brouillard de Londres
Ah là là, et dire que je passe ma nuit d'halloween à commenter des textes sur un forum... Ceci dit, c'est logique, puisque je n'aime pas halloween.
Et quoi de mieux pour oublier la fête des morts qu'un récit à la Jack l'éventreur?

...

***

Alors. Impression générale: classique, plutôt bien. J'ai quelques réserves.

Avant tout:

Elle n’aurait pas due rentrer seule.

Je peux me tromper, mais ce "due" m'a arrêté. À ce niveau de style, ça commence à avoir son importance.

Mais sautons ce genre de détail.

On a trois parties:
1) on parle de la fête, insouciance, maîtrise de l'action, bref, on part d'une base joyeuse et connue
2) introduction de la brume, gradation dans l'ambiance
3) apparition de Philip et dénouement

La plus grosse difficulté à mes yeux est de gérer la fin archi attendue, ou plutôt les deux fins attendues, à savoir:
- elle meurt
- on lui fait une blague
On pourrait imaginer tenter d'exploiter le vide de la peur, une fin ouverte ou autre, mais j'avoue que je ne vois pas trop. Personnellement, j'ai apprécié que tu finisses comme tu l'avais annoncé.

Pour la première partie, rien à redire. Tout y est.

Alors elle l’avait giflé.

Le plus important à mes yeux, car on met la femme dans une position de force. Il y a difficilement une position plus sécurisante en début de texte.

Deuxième partie, la gradation.

atténué par le brouillard

qui peinent à percer l’épais nuage froid et gris

mais les sons sont déformés dans le brouillard

et pourtant elle ne la voit pas.

ferme les yeux

On sent que tout se fait au travers de l'épaicissement du brouillard qui est constamment là. Je trouve que c'est bien mené. Un moment, j'aurais dit "trop rapide", mais au fond même pas. Du bon.

et la peur ancestrale de la nuit.

J'ai eu du mal à accrocher. D'abord parce que l'on est passé (même si je l'avais peu remarqué) d'un brouillard épais qu'on venait d'établir à un brouillard plus dégagé, mais surtout parce que j'avais peu de raison de comprendre cette peur ancestrale de la nuit. C'est à dire que je n'ai pas été insensible à cette formulation, mais je ne pense pas que ça ait eu l'effet profond que tu attendais peut-être.
Pour être honnête, je suis étonné que tu ne sois pas passé par la case "solitude" pour faire la transition entre isolement et peur, voire jouer sur la claustrophobie. (uniquement étonné, je ne suis franchement pas sûr que ça aurait été en quoi que ce soit mieux ou pas).

Un fiacre s’éloigne dans un martellement sinistre, la flamme du bec-de-gaz tressaute et lutte contre la nuit dans un sifflement irrégulier, des pas s’approchent.

Joli.

les mises en garde de sa mère

sur le bureau de son père.

C'est marrant de voir que tu respectes les codes sociétaux, à savoir la mère moralisatrice et le père qui travaille :P .

Accessoirement, une bonne idée pour humaniser la victime.

« Une 4ème jeune fille introuvable »

Là, je me serais attendu à une disparition plutôt qu'à une attaque. Et plus j'y pense, plus j'imagine que le suspens aurait pu être violent dans cette optique.

et elle ne voit la forme qui se tient devant elle, qu’au dernier moment.

La virgule me semble assez étrange. Là, je demande simplement à savoir pourquoi.

Philip est là, immobile dans son grand manteau noir.

Et si on enlevait le grand manteau noir? Bien sûr, le texte entier est assez caricatural, donc ça n'est pas illogique, mais je me demandais ce que ça donnerais, ou si tu l'avais envisagé... De l'idée que l'angoisse naisse de l'absence et non pas de la présence. (je suis mal placé pour parler vu mon texte :P)

Elle le percute et s’y accroche avant de lever les yeux. Lucy pleure alors toute sa peur hors de son corps. Il est là, et il la protégera des monstres de la nuit.

Ce passage est mon plus gros reproche (et là, je me permets le terme reproche, que j'utilise habituellement plus légèrement).
Premièrement, on a la clé de l'histoire, et elle est noyée à la fin d'un assez gros paragraphe. Il aurait été possible de la séparer visuellement.
Deuxièmement, elle percute Philip alors qu'elle l'avait reconnu juste avant. Bien sûr c'est logiquement possible, malheureusement, en tant que lecteur lambda mon esprit est loin d'être totalement rationnel. Dans le cas présent, j'ai eu un léger saut d'image (parce que la reconnaissance impliquait une baisse de régime dans mon esprit, et que le fait de percuter impliquait au contraire de conserver la vitesse).

Troisièmement, j'ai la sensation que, ici, ça va beaucoup trop vite. Il y a un peu d'émotion:

Lucy pleure alors toute sa peur hors de son corps.

et

Il est là, et il la protégera des monstres de la nuit.

Mais au final, il n'y a pas de transition entre les états. Dit autrement, tu nous expliques:
"Elle lui rentre dedans, le serre dans ses bras, pleure et est rassurée."
Or j'ai la forte sensation et j'ai été dans l'esprit où tu voulais suivre les carcans du style (et tout le reste suit ce cadre normatif). Dès lors, la scène devrait durer un rien de plus, les émotions être plus détaillées. La première larme qui brûle, la sensation d'être ridicule, le sourire inexplicable et la peur qui ne quitte pas le fond de l'estomac. La chaleur du corps serré contre soi, etc... Sans non plus en faire des tonnes, j'ai vraiment la sensation qu'il y a un gros vide nécessairement rempli dans ton optique. (ouvert à discussion, forcément, mais c'est mon avis après ma lecture et ma (rapide) analyse).

Elle lève les yeux vers son visage.

Je parlais de rationalité: je n'avais même pas noté ça, alors qu'elle avait déjà levé les yeux une ou deux phrases avant B) .

Son regard est étrange, sombre et fou ; il sent l’alcool. Avant qu’elle ne puisse crier, il l’attrape violemment par le cou, et la sert fort contre lui, jusqu’à entendre un craquement sinistre.

Nickel, j'aime bien le rythme et le contenu, ni trop ni trop peu. Des allusions (sombre => plan? personnalité? ; fou => cinglé, joker, etc... ; alcool => alcoolique, inconscient de ses actes, etc...)
J'aime aussi le côté cru de la mort. Rapide, à main nue, sans chichi. C'est personnel, mais j'aime. Beaucoup.

***

En gros, un texte bien mené jusqu'à la partie émotion qui me paraît trop vide et rapide, sans quoi il aurait été probablement très efficace.
Est-ce qu'on aurait pu faire autrement? Oui, certainement, mais ça n'empêche pas que la version que tu as choisie est bonne et fonctionne. Je suis preneur.

Impe, qui a réussi à oublier Halloween entre Jack l'éventreur et la dame blanche... (les deux références que j'ai en tête en lisant ton texte).

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il y a 12 ans 5 mois - il y a 12 ans 5 mois #17760 par Mr. Petch
Réponse de Mr. Petch sur le sujet Re:Crescendo - Le brouillard de Londres
Comme le disait Feurnard dans son édito, l'avantage des textes de forme brève est qu'ils sont rapidement lus, mais qu'il y a quand même beaucoup à commenter, et qu'on peut partir sur des discussions intéressantes.

**

Alors... Ce qui m'a gêné dans ce texte est exactement l'inverse de ce qui m'a plu dans ton précédent "Noir comme la nuit". J'avais apprécié l'absence d'un twist final, toujours un peu artificiel, et le fait que la situation était claire dès le début, qu'on pouvait se concentrer sur le suspens, à savoir le décompte de la mort de Sydney.
Là, tu as choisi un schéma différent. Au début, on ne sait pas trop ce qui va se passer, et le suspens qui monte répond à la question : "que va-t-il se passer". Tu vas me dire, au vu de l'ambiance gaslight et pour peu qu'on connaisse ses classiques, on se doute un peu du dénouement (au moins du fait qu'il va y avoir un meurtre). D'ailleurs, c'est vraiment là-dessus que tu concentres tes effets : sur l'ambiance et la description des lieux. Assez réussi, d'ailleurs, ces descriptions ; du moins évocatrices et pourtant originales, avec des idées qui interpellent comme le beurre rance sur lequel j'ai du mal à savoir s'il m'a plu ou dérangé. On sent que tu sais de sortir des clichés.

Mais du coup, je dois t'avouer que le suspens n'a pas vraiment fonctionné pour moi. Il n'y a pas assez d'éléments pour me raccrocher au départ et me confirmer mes intuitions sur le meurtre final. Il n'y a que les descriptions du brouillard, certes menaçant, mais la menace reste indistincte.
En fait, je suis surpris que tu n'ais pas remonté plus tôt les éléments suivants :

Son cœur s’est accéléré alors que les mises en garde de sa mère lui reviennent en tête. Elle n’aurait pas due rentrer seule.


et

Dans sa tête repassent les gros titres des journaux entr'aperçus sur le bureau de son père. « Disparition inexpliquée sur la Tamise», « Une 4ème jeune fille introuvable ».


Pour moi, le vrai suspens n'a commencé qu'avec ce paragraphe, ce qui est dommage car à ce stade du texte et vu la brièveté de la forme, ça m'a semblé un peu tard, et l'effet s'est évanoui.
Plus précisément, ça a commencé au paragraphe précédent qui, lui, est réussi, parce qu'il correspond à cette idée qui mêle le brouillard et le danger, mais vient également un peu tard :

Les sons deviennent plus clairs, plus nets, les autres sensations aussi. Elle sent l’humidité et le froid mordant de l’hiver approchant, et la peur ancestrale de la nuit. Un fiacre s’éloigne dans un martellement sinistre, la flamme du bec-de-gaz tressaute et lutte contre la nuit dans un sifflement irrégulier, des pas s’approchent.


La longue description du brouillard au début me paraît superflue au vu de la recherche du suspens. Elle "dilue" plus qu'elle n'intrigue.

Après, le twist avec Philip qui s'avère être un psychopathe, pourquoi pas, même si je ne trouve pas forcément ça très utile, mais il est vrai que ça surprend le lecteur. Mais c'est surtout une question de goût : ce n'est pas non plus quelque chose que j'apprécie beaucoup dans les films.

Ceci étant, je te ferais la même remarque qu'on pouvait faire à mon "Sirène" : mise à part l'intention de suspens, le texte est plutôt reussi, avec une bonne maîtrise des ambiances. Même si, une fois de plus, je trouve que tu as du mal à dépasser le cliché. Mais là aussi, c'est une lubie personnelle, donc n'y fais pas forcément attention.

Et puis sinon, relis-toi, j'ai repéré pas mal de fautes d'orthographe, ce qui est toujours un peu dommage.

PS pour Impe :

Impe, qui a réussi à oublier Halloween entre Jack l'éventreur et la dame blanche... (les deux références que j'ai en tête en lisant ton texte).


Je sais que ça fait un bail que j'ai promis de poster "la dame blanche" sur le forum mais je n'arrive pas à me décider... :P C'est un gros texte, quand même !

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il y a 12 ans 5 mois #17766 par Demosthene
Réponse de Demosthene sur le sujet Re:Crescendo - Le brouillard de Londres
Merci à vous deux pour vos commentaires et remarques. Je les prends dans le désordre.

D'abord les fautes d'orthographes (aïe) : Je me suis relu, plusieurs fois, mais on sort carrément de mon domaine d'expertise. Merci à San qui est passé faire un coup de corrections.

Passons au reste :
Content que l'ambiance passe dans la lecture.

Le twist de la fin, dans ma tête, était que le danger ne vient justement pas de derrière (les pas qui la suivent) et de l'inconnu, mais de devant et d'une personne proche. La survie de Lucy n'a en fait jamais été évoquée :) (Je fais aussi mourir des hommes dès fois, ne vous inquiétez pas... ) Et pour être tout à fait exact, j'avais même pensé qu'elle pourrait être tuée par le brouillard lui-même, mais j'ai du me résoudre à abandonner l'idée, incapable de la formuler correctement. (je l'ai reprise dans un autre texte mais qui n'est pas encore mûr).
Ça explique en partie pourquoi la description du brouillard est plus présente. Même si au vu du changement de fin, j'aurais du la revoir.

Du coup le texte est construit sur plusieurs étapes de plus en plus dérangeantes :
- La promesse d'une belle soirée
- L'ambiance glauque du Cabaret avec un homme saoul
- La marche dans le brouillard et la perte de repères
A ce stade là, je voulais qu'une sorte de malaise s'installe, et que le lecteur soit prêt pour la suite, à savoir la montée de la tension, avec les pas qui approchent.
- Les pas du poursuivant et la course
- L'arrivée de Philip, rassurant puis très vite inquiétant (une sorte d'ascenseur émotionnel pour terminer avec la tension au plus haut)

Quelques réponses à Impé :
- La claustrophobie et la solitude ne me parlent pas dans le brouillard. Je n'avais pas réfléchi à la première, mais pas mal à la seconde. Au contraire, pour moi, dans le brouillard, on est loin d'être seul, et c'est justement ça qui est angoissant :)

- Respecter les codes sociaux dans l'Angleterre du 19ème... une évidence non ?


- Retirer le manteau noir, pourquoi pas. Je voulais une forme inquiétante qui devient rassurante, puis inquiète à nouveau. Sans le manteau, c'est moins inquiétant :) Je note par contre le vide au niveau des sentiments. Je voulais conserver un rythme d'action rapide, ça ne semble pas fonctionner. Je corrigerais :)



Allez, et pour finir une petite phrase supplémentaire, retirée au montage, qui venait clore le texte mais était "en trop" dans l'optique du sujet Crescendo.

"Le policier qui la suivait n’entendra pas le bruit du corps tombant dans les eaux boueuses du fleuve. Il ne retrouvera que son chapeau et sa disparition fera une ligne dans les journaux, une de plus."


Merci pour vos avis.

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il y a 12 ans 5 mois #17771 par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re:Crescendo - Le brouillard de Londres
Impossible que je ne le note pas:

et sa disparition fera une ligne dans les journaux, une de plus."

Et comme pour me tirer une balle dans le pied: j'éviterais le "une de plus".
Parce que c'est une répétition isolée. (si, l'esprit insère automatiquement le "ligne")
Parce que le ton est amer ou blasé, ce qui ne correspond pas vraiment à l'esprit du texte (il me semble).

Bien entendu, ça peut sous-entendre qu'il y a eu d'autres victimes (ce que l'on sait déjà), mais sinon, ça n'apporte pas tant que cela au texte (côté moralisateur => ça arrive tous les jours).
Dans cet ordre d'idée, pour éviter la répétition (isolée entendu), je conseillerais "parmi tant d'autres".
Sinon, carrément s'arrêter à "journaux" et laisser le lecteur remplir le reste selon son envie.

Voire pousser le cynisme à dire "fera peut-être une ligne dans les journaux".

***

Respecter les codes sociaux dans l'Angleterre du 19ème... une évidence non ?

En fait, je parlais des codes du genre (thriller-horreur-tueur dans la nuit)

Je voulais une forme inquiétante qui devient rassurante, puis inquiète à nouveau.

Je trouve le manteau noir, même si très commun pour l'époque, franchement caricatural. C'est dommage, en y pensant, mais enfin...

Impe, jamais content :laugh: .

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il y a 12 ans 5 mois #17796 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Crescendo - Le brouillard de Londres
Je m'étais gardé cette remarque depuis une semaine, et ce sera pratiquement ma seule sur ce texte.

(...) elle marche sans s’apercevoir qu’elle a déjà atteint Strand Bridge où les becs de gaz tout neufs sont autant de petites bulles de lumière pâle à la couleur de beurre rance qui peinent à percer l’épais nuage froid et gris. (...)


Ce passage est l'une des seules descriptions du texte - j'ai envie de dire la seule, puisque c'est la seule que j'ai retenue. Elle est saturée d'adjectifs, ce qui est efficace, sauf quand le lecteur est blasé. Arrivé à "nuage" je me suis demandé s'il n'y avait pas un problème. À noter que dans les phases d'action, le problème disparaît. Je pense vraiment que c'est lié à la description.

À part cela, aucune remarque, ou plutôt je relierais à Noir comme la nuit : plus, plus, plus de descriptions. Je n'ai pas vu le manteau, je n'ai pas vu l'héroïne, je n'ai pas vue les rues de Londres, je n'ai pas vu la brume, je n'ai pas vu grand-chose. L'action est là, et ici l'explication est, disons, plus secondaire, mais décidément pour moi tout cela manque massivement de descriptions.

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il y a 12 ans 5 mois #17803 par Demosthene
Réponse de Demosthene sur le sujet Re:Crescendo - Le brouillard de Londres
Description description alors. Bien.

Merci pour tes commentaires, sur ce texte et sur l'autre. Je vais tâcher de m'y astreindre pour les prochains.

A la lumière de tout ça, je me rend compte que j'ai appris à écrire via plusieurs sources, mais grandement par le jeu de rôle par E-mail. Dans lequel en tant que joueur, je ne faisais "que" composer les émotions et les actions de mon personnage, alors que le conteur s'occupait justement des descriptions.

C'est un axe de travail intéressant donc. Merci.

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