Crescendo - As de carreau
- Vuld Edone
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- Demosthene
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Comme d'habitude, plusieurs lectures sont nécessaires (ou peut être "me sont nécessaires") pour comprendre ou s'approcher du sens du texte.
J'y ai vu du stress et de la folie aussi. Chaque lecteur aura sa version de l'histoire, et pourtant la tension monte. Donc c'est pour moi une réussite.
Je vais quand même laisser reposer le tout et y revenir plus tard pour une analyse plus détaillée (si j'y arrive).
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- Zarathoustra
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Revenons sur le texte. Il y a quelques phrases qui me chiffonnent:
"Il est dans chaque" me fait buter à chaque fois. Stylistiquement, tu voulais jouer sur la répétition. Mais moi j'attends "chacune".il ne fait pas encore clair, les ruelles de chaque côté, il est dans chaque, et à chaque fois ses yeux vous saisissent
J'ai un problème avec "elle ment". Tu ne nous a pas présenté la personne qui parle. Du coup, le "lle" , je pense aux cartes et je me dit qu'il y a une faute et qu'elles mentent, les cartes. Et moi, compte tenu du ton autoritaire, je voyais un homme parler et non une femme.J’ai choisi les cartes, je sais qu’elle ment
Du coup, on ne sait pas les yeux de qui. D'elle ou de lui. Ou si on parle d'une autre femme qui elle n'est pas là et autour de qui tournerait toute l'histoire.Ils sont pareils, elle et lui. Le matin, en descendant, ce ne sont pas ses yeux
Je dirais "tout est de sa faute"le quai sept, tout est sa faute, il a ma clé,
Dans ce texte, la personne qui a la parole a le pouvoir. C'est un pouvoir quasi hypnothique, on lit ses propos et on est capté. Et c'est assez jubilatoire de te voir multiplier les pistes, les accroches, sans qu'on ne comprenne vraiment le lien entre des cartes et ce qu'il se dit.
Et soudain, il y a cette premiere phrase:
La rue des liens. Liens entre les cartes, liens entre les personnages, entre ceux qui sont présents et ceux qui sont absents. Et il y a des cheminées, et là, je sèche, ça titille mais je ne comprend pas leur présence dans un texte si court et placé à cet endroit. Tout au plus je pense à Harry Potter mais ça n'a visiblement rien à voir.La rue des Liens. Les cheminées. Il est trois heures passées.
Dans ce texte, on se rend compte que ce n'est pas celui qu'on croit qui a le pouvoir. Même si on est hypnotisé par les paroles, c'est celui qui écoute qui a le pouvoir car c'est lui qui a choisi les cartes, c'est lui qui connait la vérité.
A nouveau, tu t'amuses avec les symboles et tu leur fait dire n'importe quoi et on est tout autant hypnotisé et convaincu que tout ça a un sens.J’ai choisi les cartes, je sais qu’elle ment. À la gare, il n’y a que six quais. Le sept, c’est la complétude, c’est quand tout est achevé. Le trèfle, c’est le faible, c’est moi qui veux la mort de mon ami. Sa canne s’agite. J’ai vu juste.
Là on comprend toujours rien mais on toujours envie de savoir. Et c'est là la magie du texte. et la dernière phrase est un très beau "crescendo" car il donne un effet miroir sur nous, car on veut savoir ce qu'il va faire et on veut comprendre cette histoire et la lire pour comprendre la clé (d'ailleurs, il est dit que c'est Toussenel qui a la clé )C’est pour ça que Toussenel m’en veut, à cause du piège, et ses yeux, et c’est pour ça, c’est pour ça qu’il veut ma mort, dans mes cauchemars, c’est le sept, c’est le sept, le quai sept, tout est sa faute, il a ma clé, je sais ce qu’il me reste à faire.
Allez, petite interprétation: il y aurait un femme qui aurait un enfant qui n'aurait pas les yeux de son père? Mais en fait on se fout du sens du texte, seul compte cette impression de suspense, de jeu de pistes. Et tout concourt à un superbe crescendo. Pour moi, le meilleur crescendo du lot.
En tout cas, je serais très curieux de voir notre Vuldone se lancer dans une telle histoire sur la durée!
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- San
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Ma première lecture avait bien fonctionné, les cartes, les descriptions et les paroles tout droit sorties de la vie courante, rien ne fait de sens mais ça coule de source.
Une deuxième lecture partielle m'avait permis de remettre les éléments dans les cases qui me semblent appropriées ; sans dégager un tableau d'ensemble, c'est suffisamment abouti pour être satisfaisant.
J'aurais peut-être aimé avoir un petit quelque chose pour mieux imaginer le ton de la diseuse de bonne aventure. Un détail sur sa voix, un petit accent, ou bien quelque chose de visuel pour figurer le débit ultra rapide. Enfin quelque chose.
Après, je n'ai pas plus envie que ça d'analyser les sous entendus, de voir au delà de l'énigme. Je crois que j'aurais un peu cherché, jusqu'à ce que tu parles de piège : c'est pour ça, à cause du piège. Impossible pour moi à relier au reste. Mais c'est bien comme ça.
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- Zarathoustra
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Il ne reste donc qu'une carte que tout le monde accepte, le valet qui désignerait un personnage qu(on nous présente mais qui n'est pas là et que nous ne connaissons pas. Et l'as de carreau crée finalement une tension supplémentaire, complètement hors champ et pourtant terriblement présente. Comme si en l'ignorant, il y avait un autre personnage caché dans cette histoire qui tirerait les ficelles. Un renard qui écrirait cette histoire par exemple, pour tromper son monde, pour tromper le lecteur. Une histoire de mensonge.
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- Vuld Edone
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Tout d'abord, l'origine du texte. Il est inspiré de Corps pour corps, une enquête en ethnologie sur la sorcellerie, vers 1972 sauf erreur.
Depuis "La rue des..." jusqu'à "voyons vos pensées" un passage du livre est repris avec très peu de changements. À partir de "Vous m'avez menti" le texte est entièrement de moi. En bref, je voulais une séance de tirage de cartes (deux heures de temps) en trente lignes.
J'aimerais m'enorgueillir et confirmer Zara', que créer du suspense est banal. D'ailleurs c'est ce que je pense. Mais pour ce texte précisément, je ne comprends pas comment le suspense est créé.
Je suis en train d'écrire un long développement sur ce passage mais permettez-moi de résumer les idées essentielles :« Vous m’avez menti. Vous connaissez les cartes, vous avez déjà consulté, ça n’a rien donné, vous n’en dites rien, valet de trèfle. C’est Toussenel.
- Il n'y a pas à proprement parler de suspense avant "vous m'avez menti"
- "vous m'avez menti est une solution de facilité pour produire du suspense à peu de frais
- "vous connaissez..." je devais dire quel était le mensonge ou le lecteur m'en voudrait
- "ça n'a rien..." il fallait, implicitement, laisser entendre que le problème du client est GRAVE.
- "valet de trèfle" j'ai mimé ce qui se passe dans l'ouvrage d'ethnologie, où après une suite de banals "vous allez bien mais pas trop" le liseur donne la carte.
- "C'est Toussenel" à ce point il me fallait donner une intrigue concrète, sous peine de perdre le lecteur.
Et c'est ça qui m'intéresse. Tout ce temps on ne sait rien du client ni de son problème, mais j'ai voulu faire comprendre que c'était grave : ce que j'appelle la menace, la violence latente. J'ai senti, à ce point du texte, qu'il me fallait être concret, et j'ai résumé l'intrigue au nom de Toussenel. Pour moi, ce nom a incarné la menace, le danger, il est devenu le méchant, le sorcier du texte.
Il se peut que je me fourvoie complètement : c'est ainsi que j'ai pensé et construit mon texte. Idem vers la fin :
S'il s'était arrêté à "À la gare, il n'y a que six quais" et que j'avais mis là le point final, à mon avis toute la tension se serait évaporée. La liseuse n'aurait raconté que des fariboles et vous auriez pu dormir sur vos deux oreilles.À la gare, il n’y a que six quais. Le sept, c’est la complétude, c’est quand tout est achevé. Le trèfle, c’est le faible, c’est moi qui veux la mort de mon ami. Sa canne s’agite. J’ai vu juste.
En fait ce mouvement est encore une fois inspiré des résultats scientifiques : on a simplement constaté qu'une personne, qui ne croyait pas aux tarots, s'est référé à l'autorité des tarots pour le prouver. Il a refusé la signification de la première carte, et a utilisé la signification de la deuxième pour dire "là, vous voyez !"
Ce qui se passe, à une séance de tarots - pure hypothèse - c'est que le client angoisse sans véritable raison. Ce qui cause cette angoisse n'est pas forcément le contenu (intrigue absente ou aisément réfutable), c'est la façon dont le contenu est amené. Pour vous faire vivre le tirage de cartes, j'ai donc voulu vous faire vivre le suspense sans cause.
C'est la lecture littérale. Pour la seconde lecture et l'interprétation, chacun la sienne, j'ai la mienne, et comme on dit, on peut s'en tenir à la première. La troisième lecture, elle, repose toute entière sur l'as de carreau.
...
Mh. Oui bon d'accord. Le sept et le "valet" sont des cartes faibles (dans le texte comme dans le tarot). Ce sont aussi des cartes noires, négatives (dans le texte comme dans le tarot). Comparer avec l'as de carreau. Remettre dans l'histoire.
Je n'ai pas répondu mais en même temps, c'est la troisième lecture, si c'était exprimable je ne me compliquerais pas la vie.
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- San
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Je n'ai pas répondu mais en même temps, c'est la troisième lecture, si c'était exprimable je ne me compliquerais pas la vie.
Ah oui tiens. Bon, on va arrêter ces histoires de commentaires de texte, c'est voué à l'échec je crois
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