file Gender Bender

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il y a 13 ans 1 semaine #17849 par Yoskopolite
Gender Bender a été créé par Yoskopolite
** Ce sujet traite du contenu de l'article: Gender Bender **

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il y a 13 ans 1 semaine - il y a 13 ans 1 semaine #17850 par Yoskopolite
Réponse de Yoskopolite sur le sujet Re:Gender Bender
Hop, juste une petite explication de ma démarche (que je ne voulais pas vous révéler avant la lecture du texte) :

En partant de l'idée proposée par San de raconter une histoire où on se réveille et on réalise qu'on a changé de sexe, j'ai voulu travailler autour du thème du deuil.
Je me suis intéressé un peu aux différents stades associés au deuil, qu'il s'agisse du deuil d'une personne, d'une relation ou de quoi que ce soit d'autre. Comme tout le monde n'attribue pas le même nombre de stade au deuil, je me suis arrêté sur ceux-ci :
  • Le choc
  • Le déni
  • La colère / Le marchandage
  • La tristesse / La dépression
  • La résignation
  • L'acceptation
  • La reconstruction
J'ai aussi effectué quelques essais sur les répétitions, dont un à la fin du texte qui reprend mon idée sur les stades du deuil : chacune de ces répétitions de la même phrase correspond à l'un des stades cités ci-dessus.

EDIT : concernant le titre, "Gender Bender" (littérallement "tordeur de genre") est en réalité le nom que les anglos-saxons associent à un style littéraire ou un comportement ayant pour but de "transgresser les genres".

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il y a 13 ans 6 jours #17851 par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re:Gender Bender
Je vais revenir en plusieurs fois pour ma critique. Parce que c'est vaste et que j'aurais probablement beaucoup à dire.

***

Avant tout, bravo de t'être prêté à l'exercice. Qui plus est, frontalement. Il y a une certaine candeur dans le texte qui fait en grande partie son charme à mes yeux. Je vais me faire un devoir de discuter les détails, mais le résultat général est positif à mes yeux, parce que j'ai l'impression d'avoir lu un morceau de vérité, aussi abstrait ce concept puisse-t-il être.

Je compte écrire sur ce pitch, mais j'avoue avoir opté pour une approche toute différente, d'où le fait que je me permette de commenter directement avec des "je ferais plutôt comme ci" vu que ça ne m'engage pas :laugh: .

Bref...

***

1) j'ai la sensation qu'une idée n'a pas été exploitée jusqu'au bout (ou alors c'est moi) autour de ce fameux jeune homme du départ et le fait que San soit une femme à la fin. L'idée aurait été intéressante pourtant (pour tout dire, fracassante:

- Eh bien… Oui. Je pense sincèrement que notre genre n’a pas de véritable importance.

J'y ai déjà souvent réfléchi, je sais que pour moi ça serait un problème de taille, en toute honnêteté, et au vu de la candeur du texte, je crois qu'éviter la difficulté est créer un manque.)

2)

il faut que je commence à penser au féminin. Je ne suis pas beau, mais belle ! Ou laide. Mais peu importe, car… Je suis une femme !

Amusant, mais j'ai souvent remarqué, au contraire, que les femmes emploient de plus en plus la forme masculine des adjectifs en parlant d'elles ("je suis con" notamment). La plupart du temps, par flemme de langage je dirais, mais enfin... Ceci n'enlève rien à l'importance du langage sur la psychologie.

3)

Mais le plus étrange dans tout cela, c’est le fait de ne plus avoir de pénis.

... D'accord pour la candeur et tout, mais... pour tout ce que je sais de la psychologie masculine (et je prétends en savoir suffisamment), il est plus qu'étrange (pour rester politiquement correct) que cette réaction ne viennent que vers la seconde moitié du texte. À chaque fois que j'ai imaginé le texte, j'ai placé ce passage quasiment dès le départ, comme le plus naturel des réflexes (et accessoirement, en y associant un cri à faire s'écrouler les murs et inverser le sens de rotation de la planète).


***

Voilà déjà trois critiques générales.
Quant à ton intention déclarée:

Le choc
Le déni
La colère / Le marchandage
La tristesse / La dépression
La résignation
L'acceptation
La reconstruction

Le choc, entendu, avec les miroires notamment.
Le déni: il existe ("je suis un homme"), mais s'exprimer peu dans les faits (choix des vêtements, etc... mais bon)
La colère/marchandage: franchement, pas vraiment vu. Trop rapide ou trop rattaché à quelque chose d'externe au problème lui-même, trop indirect je dirais.
La résignation: très marquée. C'est le sentiment qui domine après quelques paragraphes.
L'acceptation: il faudra me donner la nuance qui existe entre résignation et acceptation. J'imagine qu'il s'agit de la partie du texte où tu rejoins San.
La reconstruction: je suppose que les dernières phrases y correspondent.

En gros, je pense que la colère/marchandage est quasiment absente du texte, peut-être dû à ta personnalité ou parce que ça aurait compliqué sérieusement le scénario. Mais enfin, on aurait le droit d'être fâché, non?

J'en reste là pour le moment, mais je compte revenir. Il y a encore beaucoup à dire, beaucoup de détails à explorer, tant sur le texte que sur le concept lui-même.

Impe, qui aime les défis de ce genre.

ps: la prochaine partie parlera forcément de l'usage de la caricature et des stéréotypes qui forment toute la surface du contenant, au point de presque cacher le contenu...

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il y a 13 ans 1 jour #17859 par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re:Gender Bender
Allons dans les détails (puisque j'ai enfin retrouvé un peu de temps).

Étrangement, je vois beaucoup moins de stéréotypes que ce que j'avais envisagé de prime abord. Il y a donc une illusion là-derrière.
Alors pourquoi ais-je eu l'impression de lire une grosse caricature?

D'abord:

J’ai déjà porté un kilt à une ou deux reprises, mais je ne peux retenir une grimace en sentant l’air glisser sous la jupe.

Entre nous, je me suis une fois amusé à compter le nombre de fille portant une jupe dans mon entourage. J'ai exclu les jupes portées par dessus un pantalon (jamais rien compris à la mode).
Je crois en avoir trouvé une... ou alors c'est quelqu'un qui m'avait fait remarqué qu'une des filles était venu une fois avec une jupe, un truc comme ça.

M'enfin, ça ne fait pas une caricature.

Quelle était la probabilité qu’on m’agresse ainsi alors qu’il s’agit de mon premier jour dans le corps d’une fille ?

Très bonne question, ça fait un peu passer la pillule. Je ne développerais pas tout le mythe autour du harcèlement dans le métro (sachant que je n'ai jamais pris le métro de ma vie, si on excepte le M2 à Lausanne), mais on a là un gros lieu commun, tellement gros que l'on peut se demander s'il est à ce point réaliste.
En gros, à partir de ce point, j'ai commencé à me dire "tiens, on est dans le stéréotype, okay", sans plus me poser de questions.

Je chasse immédiatement de mon esprit l’idée que les hommes sont tous des porcs. J’en suis un, après tout.

:laugh:

Je vois mon sauveur détourner innocemment les yeux, comme si rien ne s’était passé.

C'ti si mignon :oops: . Et un peu caricatural aussi. (autant dire que je connais beaucoup de gars super romantiques dans mon entourage, mais je n'en vois que deux qui réagiraient de la sorte, éventuellement).
On a surtout un contraste entre l'attitude assurée face à l'agresseur (calme, sûre, directe) et l'attitude timide qui s'ensuit.

Mon hypersensibilité émotionnelle étant passée

Je crois me souvenir qu'il y a réellement un élément génétique qui prédispose les femmes à l'hypersensibilité émotionnelle. Ceci dit, est-ce qu'un homme devenu femme (par magie s'entend) y serait lui aussi sensible, pour peu évidemment que l'on accepte cette thèse? J'entend par là qu'on est à la limite du stéréotype de la femme qui pleure ("et dans le rôle de la femme qui crie..." (Freakazoid)).

***

Niveau caricature et stéréotype, c'est à peu près tout ce que j'ai pu trouver, mais c'est suffisant pour donner l'impression d'y baigner.
Bien, pas bien? Je dirais que ça enlève une partie du côté expérimental et original du texte pour plus se diriger vers le simple divertissement, alors que tu prends quand même un certain nombre de risques pour essayer de se rapprocher de ce que ce serait vraiment, bien que le sens premier du texte soit visiblement d'essayer de mettre en avant la barrière psychologique (mars-venus) tant décriée dans la communication homme-femme.

Etre dans le corps d’une femme m’obligeant à voir les choses sous un autre angle


Ah, j'ai trouvé un dernier stéréotype:

Tiens, on dirait que j’ai rapetissé pendant la nuit.


Et même:

« Pas mal, celle-là ! »


Lorsque l'on dit "femme" à un homme, celui-ci pense à une jolie personne plus petite et plus frêle que lui, ce qui est naturel parce que c'est le plus plaisant à regarder et pour notre égo, mais pas vraiment la réalité même.

***

En fait, pour le moment, je pense vraiment que tu as évité beaucoup de prises de risques qui auraient été très intéressantes.
Tu deviens une femme => pourquoi forcément belle?
Tu deviens une femme => pourquoi éviter la petite pique acide sur l'amour?
Tu deviens une femme => pourquoi aussi peu de colère?

À cette dernière question, je suppose que la réponse relève de ta personnalité. (ou alors un autre stéréotype qui veut que les femmes ne s'énervent pas, probablement le plus grand mensonge dont on ait essayé de se convaincre).

M'enfin, on a cet élément:

Mais tu vas me lâcher, bordel ?

Et pourquoi pas à voix haute? Franchement, si un mec vient me draguer et que je ne suis pas de bonne humeur (par exemple parce que je viens de subir un truc pas très naturel sur lequel je n'ai aucune prise et n'ai pas pu donner mon avis), il y a de fortes chances que je sois tout sauf agréable, quitte à en venir aux mains.

Dois-je me retourner et lui mettre mon poing dans la figure ? Dois-je lui mettre une baffe à la place, pour faire plus « féminin » ?

Là, je veux bien qu'il y ait plus de réflexion, mais je ne peux m'empêcher de penser qu'il y a là quelque chose de pas très naturel pour un homme...

Mais le plus étrange dans tout cela, c’est le fait de ne plus avoir de pénis

Je me répète, mais enfin... il y aurait quand même de quoi hurler. Ne serait-ce que par l'effet du membre fantôme.

Et rien que ce passage:

pourquoi est-ce que je suis persuadé d’être un homme ? Et si les changements que j’avais subis n’étaient pas physiques, mais mentaux ? Et si j’avais toujours été une femme ? Le fait de remettre en cause ma santé mentale m’effraie au plus haut point, finissant de me démoraliser.

Si court alors qu'il aurait pu prendre une telle ampleur. L'occasion idéale de discuter un peu de ce qui fait l'identité d'une personne, de ce qui donne le statut d'homme ou de femme.

***

En somme, j'imagine que tu as voulu conserver le texte court et simple.
Je regrette simplement que le sujet n'ait pas été plus exploité.

***

En dehors de ça, j'aime bien l'humour qui parcourt le texte. En fait, surtout l'ambiance générale difficile à qualifier, mais sympathique (ce qui est probablement le meilleur adjectif) parce que toujours dirigé sur un aspect que l'on avait pas prévu.

Je commence par me pincer, pensant qu’il s’agit d’un rêve.

« Aïe ! »

Pas de chance de ce côté-là.

Ce genre de passage, simple mais efficace, est toujours appréciable. C'est de ça que je parle.

***

Impe, qui s'arrête là pour aujourd'hui, vu que les études attendent.

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il y a 12 ans 11 mois #17864 par Yoskopolite
Réponse de Yoskopolite sur le sujet Re:Gender Bender
Héhé, tout d'abord merci pour toutes ces remarques :).

J'ai effectivement abordé le sujet de manière légèrement candide. C'est dû entre autres au fait que je suis un peu comme ça dans la réalité, et aussi parce que j'avais plus ou moins l'intention d'écrire une autre version du texte un peu plus osée, plus malicieuse (et plus sexuelle, n'ayons pas peur des mots).

Imperator écrit:

1) j'ai la sensation qu'une idée n'a pas été exploitée jusqu'au bout (ou alors c'est moi) autour de ce fameux jeune homme du départ et le fait que San soit une femme à la fin...

En effet. J'avais réfléchis à l'idée que San change de sexe aussi dans mon histoire, mais j'ai décidé de ne pas le faire parce que ce n'était pas le but premier de mon histoire. En effet, avant même l'idée de fond sur "notre genre n'a pas vraiment d'importance", je voulais me concentrer sur la forme "comment vivrions-nous le deuil de notre propre genre". De ce fait, je ne voulais pas m'écarter de l'introspection de mon personnage, de peur de m'égarer.
Je regrette cependant un point : je laisse visiblement trop planer le doute sur le changement de sexe (ou le non changement) de San. Tu n'es pas le premier à me faire une remarque sur le sujet. C'est sans doute une preuve que j'étais moi-même hésitant quand j'ai écris les premières lignes de mon texte...

Imperator écrit:

2) [...] Amusant, mais j'ai souvent remarqué, au contraire, que les femmes emploient de plus en plus la forme masculine des adjectifs en parlant d'elles ("je suis con" notamment). La plupart du temps, par flemme de langage je dirais, mais enfin... Ceci n'enlève rien à l'importance du langage sur la psychologie.

Je me suis aussi fait ce genre de remarques. Si mon personnage avait été réellement une femme depuis toujours, peut-être même n'aurait-il pas eu cette pensée ?
Note : pour "con", je dirais que c'est dû au fait qu'on associe une image beaucoup plus négative à "conne".

Imperator écrit:

3)

Mais le plus étrange dans tout cela, c’est le fait de ne plus avoir de pénis.

... D'accord pour la candeur et tout, mais... pour tout ce que je sais de la psychologie masculine (et je prétends en savoir suffisamment), il est plus qu'étrange (pour rester politiquement correct) que cette réaction ne viennent que vers la seconde moitié du texte. À chaque fois que j'ai imaginé le texte, j'ai placé ce passage quasiment dès le départ, comme le plus naturel des réflexes (et accessoirement, en y associant un cri à faire s'écrouler les murs et inverser le sens de rotation de la planète).

Là encore, je m'étais posé la question, mais je n'avais pas trouvé de réponse parfaite. D'un côté, c'est l'un des trucs qui saute effectivement aux yeux (enfin, à l'esprit, dans notre cas) et que j'aurais naturellement presque au début, mais d'un autre, mon personnage passe par un choc au cours duquel il ne doit pas pouvoir réellement exprimer de pensée aussi construite, puis par une phase de déni où il refuserait de penser ce genre de chose. Du coup, la première réelle introspection, qui est aussi la première véritable confrontation de mon personnage avec son entrejambe, m'a paru l'endroit le plus approprié pour aborder le sujet.

***

Concernant tes remarques sur les différentes phases :

D'un côté, il y a nécessairement des phases plus ou moins courtes, et plus ou moins marquées, voir des transitions plus ou moins directes entre les phases. D'un autre, il y a des phases que je ne savais pas trop comment aborder. Peut-être parce que je les comprends moins. Peut-être aussi parce que le personnage étant censé me représenter, je l'idéalisais.
Mais prenons ces phases une à une :
  • Choc : l'utilisation des miroirs me paraissait naturelle, mais le choix s'est fait un peu inconsciemment.
    Sur le moment, il m'a parut évident que cette phase devrait être courte (pas en nombre de mots, mais en temps passé). Après réflexion, elle pourrait très bien être plus longue et se muer très lentement en déni. Mais dans le récit, je n'aurais pas vu l'intérêt.
  • Le déni : j'avais peur en insistant, de tendre vers la caricature (ironique, n'est-ce pas ? :laugh: ). Mais peut-être est-ce dû, comme évoqué plus haut, à la vision idéalisée que j'ai de ma personne... Serais-je du genre à nier complètement la réalité ? Ou à l'accepter aisément ?
    Je joue bien sur le choix des vêtements, avec le choix de la première tenue. Après, pour servir le besoin de mon personnage de ne pas faire de vague, et de passer au travers de ce cauchemar avec le minimum d'ennuis et pour le besoin de la scène dans le métro, j'ai fait en sorte que la tenue féminine soit finalement utilisée
  • La colère / Le marchandage : J'ai tenté de traduire le "marchandage" par des tentatives d'expliquer la situation (passage sur l'ordi). Je suis généralement plutôt réticent à citer Dieu dans mes récits, et en tant qu'athéiste, je ne m'adresserais pas à lui. Cependant, cela aurait probablement aidé le récit que mon personnage prie pour qu'on le sorte de là.
    Toute la phase du métro, ainsi que le début de la phase du travail, se voulait être la colère, contre soi et contre autrui (il ne s'agit pas nécessairement d'une colère exprimée, parfois juste ressentie). Je ne suis effectivement pas une personne du genre à gueuler sur les autres. Cependant, tu as sans doute raison quand tu dis "trop rattaché à quelque chose d'externe au problème". Je sais que je suis quelqu'un qui fuit les engueulade, même celles des autres, et visiblement même celles de mes personnages. ^^
  • la dépression : la première phase au boulot, jusqu'aux toilettes.
  • La résignation, l'acceptation et la reconstruction : trois phases très proches. J'aurais tendance à les interpréter de cette façon :
    • résignation : j'accepte, mais je regarde toujours vers le passé. On passe de "anéanti", à "triste".
    • l'acceptation : j'accepte les choses telles qu'elles sont à présent. On passe à un sentiment plus neutre sur la situation.
    • La reconstruction : j'accepte les nouvelles opportunités (avenir) que ce changement m'apportent. On s'ouvre à un peu (beaucoup) de joie.
    Ces trois phases sont celles dont les transitions sont les plus floues. Difficile d'indiquer où elles commencent réellement et où elles s'arrêtent. Si je n'ai pas su te le faire comprendre par mon texte, c'est probablement que je ne savais pas trop moi-même... :S
    Malgré tout, quand on y pense, le passage de la dépression à la joie, et le passage d'un déni complet à une acceptation franche de la situation doivent se faire graduellement. Dans notre besoin scientifique et de rationnalisation, nous avons découpé cela en paliers, mais peut-être ne s'agit-il que d'une seule et même grosse transition ?
    La reconstruction est peu abordée car la fin du texte me sert d'ouverture sur cette phase, pour laisser place à votre imagination sur la façon dont elle va se dérouler.
J'en profite pour ajouter une note sur les 7 répétitions de "Je suis une femme". Chacune se veut être liée à une phase du deuil, et la phrase qui précède chacune est censée faire référence à la phase correspondante. L'exercice est sans doute un peu maladroit, mais j'avais envie de montrer que mon personnage revenait sur ce qu'il avait vécu, comme un gros résumé.
Comme je l'ai placé dans la phase 6, seules 6 références se suivent, la septième étant à la fin du texte.
Peut-être aurais-je du tout placer à la fin, comme une conclusion à mon texte ?

Je répondrai à l'autre message dans un second message (parce que bon, autant respecter ton découpage, hein ? :laugh: )

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il y a 12 ans 11 mois #17865 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Gender Bender
Je n'ai retenu qu'un passage :
"- Oki, à toute Joanne. » dit-elle avant d’ajouter"
Ici, j'ai la quasi-certitude que le narrateur aurait hurlé : "je ne m'appelle pas Joanne". Il est impossible d'envisager qu'il se soit laissé traiter de Joanne par la personne qu'il aime le plus au monde.
Je suis à peu près persuadé que le problème de l'identité, dans ton texte, n'est pas traité. Ton narrateur est passif, il subit, il accepte et ce quasiment d'entrée de jeu. Le plus effrayant est la mention finale, où il accepte purement et simplement le changement, sans le moindre compromis. J'appelle ça du lavage de cerveau. Impossible, juste impossible qu'il ait ait rendu les armes sans combattre, en même pas un quart de journée.
Et je ne dis pas refuser le fait d'être une femme. Il pleure, il crie, il hurle, il devient fou, se roule par terre, c'est fait. Non, je parle vraiment de l'identité, le coeur du problème.

Si tout le monde se mettait soudainement à m'appeler Renald - je parle des gens qui comptent pour moi - j'ai beau aimer ce nom, je jure qu'après quelques heures je serai capable de tuer.

Bref, le texte est pour moi encore trop superficiel, le narrateur trop passif, on subit sans rien pouvoir faire, on attend à travers toutes les petites scénettes que quelque chose change. Le défi est manqué pour moi, et si je suis aussi dur - j'avoue l'être trop - c'est aussi parce que je n'arrive toujours pas à m'en remettre, que le narrateur ait accepté de se faire traiter de "Joanne".

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il y a 12 ans 11 mois #17867 par San
Réponse de San sur le sujet Re:Gender Bender
... :) Conflit d'egos, et de caractères. Cela dit, c'est intéressant, cette réflexion sur l'identité...
Prenons par exemple Yosko. Pas mal de gens l'appellent Yosko dans la réalité. D'autres l'appellent Yan. Son prénom original, Yannick, est uniquement utilisé par les administrations et les grand mères (quand elles s'en rappellent. Sinon, il s'appelle Jérémy, Jean-Pierre...) autant dire que ça ne se résume pas à un nom. Ni même plusieurs. Et Joanne, c'est un prénom qu'il aime bien.

Aussi, puisque le narrateur c'est lui... Tout est à sa place. Quant au lavage de cerveau, j'avoue que ça m'a paru très exagéré aussi. La journée que passe Joanne, très passive, au final, il ne se passe rien, et à la fin, elle accepte, elle rit en disant "je suis une femme". Pour moi c'est une image, juste une image, rien ne se passerait comme ça en vrai. Yosko était parti dans son idée de deuil, et c'est le deuil qui est raconté, rien de plus. Ce qu'il manque, c'est en somme, tout le reste.

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il y a 12 ans 11 mois #17868 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Gender Bender
Mh.
C'est vrai, j'impose mon opinion.

Dans le projet Babel, un portail qui permet à une personne d'accéder au monde qui serait parfait pour elle, j'avais envisagé le couple Lemier. Elle déciderait un jour de franchir le portail. Il viendrait ensuite et après avoir constaté le passage, demanderait s'il se trouve dans le monde parfait de celle qu'il aime.
La question était alors, si cette personne dans le monde parfait était lui-même.
Dans un autre projet de texte, où une personne devenait la personne qui le tuait, la question de l'identité était importante. La personne devenait à l'instant une autre personne, et non seulement elle était persuadée d'être la personne précédente (et toutes les personnes précédentes) mais elle était également persuadée d'être la personne actuelle. Elle portait les deux "noms" et selon comment on l'appelait, ou selon ses actes et ses pensées, elle était l'une ou les autres.

J'avoue que dans ce texte, le problème de l'identité se pose moins. L'univers a été bâti pour que, toutes choses égales par ailleurs, seul le sexe change. Il peut conserver ses habitudes, ses relations, son monde.
Je vois aussi que, avant ce "à toute Joanne" il y a la question, si elle l'aimerait homme. Et il est censé être contenté par la réponse. Mais la question qui devrait suivre rapidement serait "tu me préfèrerais homme, ou femme" et l'insistance va continuer à mesure que se construit cette idée, "elle me préfère femme" implique "elle m'aimait moins avant" implique "elle me mentait". C'est un raisonnement absurde rendu nécessaire par l'identité, qui fait haïr ce nouveau corps comme une tromperie, et rend jaloux de soi-même.
Ou alors il faut envisager que Sàn n'est plus la même personne, et c'est lui qui est en train de tromper Sàn avec Sàn.
Tout cela n'est pas réalisé, sauf au moment où elle dit "à toute Joanne". Joanne, pour autant qu'il aime ce nom, c'est le rappel que désormais elle n'aime plus X mais Y, qu'il a changé, qu'elle aime ce changement, et s'il acceptait Joanne il devrait accepter Robespierre ou Casserole également, et quitte à aller à l'extrême quand Poêle à frire l'enfant de neuf ans se fera dire par Sàn "je t'aimerais aussi adulte homme sans ta queue de chat" il est possible qu'enfin Poêle à frire réagisse.
"MA Sàn n'aime pas les enfants filles à queues de chat."
"Elle m'a menti."
"Ce n'est pas Sàn."
Au choix.
Ironiquement, le narrateur à mon avis serait beaucoup plus rassuré de savoir que son mariage bat de l'aile parce qu'elle l'aurait préféré homme.

Je sais que dans l'abstraction il est facile de se dire "ouais mais bon je l'aime elle m'aime tout va bien". Mais comme dit, il manque tout le reste.

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