L'Aubaine - 1
- Demosthene
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- Mr. Petch
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J'apprécie la densité de ton écriture telle qu'elle apparaît au premier paragraphe, même si j'aurais tendance à te dire d'aller encore plus loin et de varier les rythmes. Par exemple les premoières phrases ont toutes le même rythme, (un peu allongé et organisé en complément de lieu ou de temps + sujet/verbe/complément + nouvelle proposition), alors qu'elles pourraient se singulariser les unes des autres par le rythme. Ce n'est qu'une suggestion pour enrichir tes descriptions.
Autre élément de description où tu ne vas pas assez loin :
Dans un récit de marins, je m'attendrais à un vocabulaire maritime plus pointu. On sent que tu veux t'y frotter (vergue/membrure/hauban) mais "voiles" est définitivement pauvre. Quelle voile ? Le grand foc ? La trinquette ? Ce n'est pas difficile à trouver et assez amusant à faire. Je pense que tu peux aller plus loin, qu'on l'attend éventuellement."Il avait parcouru chaque pièce, éprouvé chaque vergue et chaque membrure, remplacé lui-même les haubans et plusieurs voiles, sous le regard amusé des habitants de cette zone de non-droit qui lui tenait lieu, à lui comme à d’autres, de repaire et de chantier."
Cette partie est largement basée sur le contraste entre Weaving et Barthelémy, qui fonctionne plutôt bien. Qu'il s'étende aux navires est bien trouvé. J'ai bien aimé ce passage :
Mais tu aurais pu mieux relier cette comparaison aux caractères des deux personnages, par exemple, pour la rendre encore plus vivante. Et la dernière phrase de ce paragraphe, je l'aurais bien vu arrêtée à "génération" pour insister sur cette conclusion, d'autant plus que j'ai du mal à voir le rapport introduit par le "aussi"."A part un plan de coque identique et une hauteur de mât semblable, les deux navires n'avaient rien en commun. L'Aubaine était immaculée là où l'Anubis semblait un patchwork de bois différents. Ses haubans semblaient n'être que d'un seul et même tenant là où l'Anubis faisait figure de sac de nœuds. Son plan de pont transpirait la vitesse et les performances à coté de son vieux parent qui respirait la tradition, et la sécurité. C'est ce qui frappa le plus Weaving à ce moment, la complexité de ces bouts, de ces poulies, guides et points d'appui. Les deux bâtiments n'étaient pas de la même génération, et s'il brûlait d'essayer un jour ce nouveau bateau taillé pour la vitesse, il mesurait aussi combien un équipage expérimenté devait être nécessaire pour la moindre manœuvre."
En fait, globalement, je suis surpris par le classicisme de ton écriture mais qui arrive en même temps à être convaincante. Le premier paragraphe est assez symptomatique d'une série de clichés littéraires (je pense par exemple à la dernière phrase qui "met en mouvement" le personnage après sa description) mais ils sont suffisamment bien maîtrisés pour passer à la lecture.
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- Demosthene
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Je suis surpris (agréablement supris) que tu demandes plus de détails et de termes nautiques. Je me suis volontairement limité pour ne pas effrayer le lecteur. Je serais assurément capable d'en garnir le récit, mais je voulais que la lecture reste abordable. Si tu trouves que ça manque (à moins d'être marin ou amateur de mer toi-même, auquel cas ton avis est un peu biaisé), c'est que je me suis probablement trop limité.
Je note ton analyse de rythme des descriptions, je tâcherais de travailler là-dessus et de l'appliquer sur les prochains (la suite de l'Aubaine étant déjà terminée).
Ça, c'est particulièrement intéressant pour moi, car dans ma tête, Weaving est plus jeune que Barthelemy, c'est plus une question de caractères. Enfin je vois ce que tu veux dire, je vais voir si je peux reprendre ça. Le "aussi" se voulait une rupture entre "C'est un super bateau mais pas sans un très bon équipage", pour introduire la suite du paragraphe qui parle justement de l'équipage de Weaving. J'en déduis que ça ne fonctionne pas.Mais tu aurais pu mieux relier cette comparaison aux caractères des deux personnages, par exemple, pour la rendre encore plus vivante. Et la dernière phrase de ce paragraphe, je l'aurais bien vu arrêtée à "génération" pour insister sur cette conclusion, d'autant plus que j'ai du mal à voir le rapport introduit par le "aussi".
Merci pour ta conclusion, ça fait plaisir. Ecriture classique, par rapport à ce qu'on voit ici, assurément
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- Mr. Petch
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Note que je pars de l'idée que tu veux t'inscrire dans du roman de genre et pas autre chose, mais je me trompe peut-être.
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- Vuld Edone
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Aïe.Les toiles claquaient dans la brise qui s’engouffrait dans le port en ce matin gris.
Laisse-moi d'abord proposer un contre-exemple : "Les toiles claquaient dans la brise du port en ce matin gris." Ce n'est pas encore bien mais tu vois l'idée.
Ce qui se passe, c'est que tu te lances dans un développement de "la brise", alors que la brise n'a aucune sorte d'importance, c'est un artifice et le lecteur le sait. Pour ma part j'irais jusqu'à la supprimer et "les toiles claquaient dans le port en ce matin gris" voire "les toiles claquaient engouffrées dans le port" voire "les toiles claquaient engouffrées dans la grisaille du port" - Bref, à retravailler.
Le lecteur qui me dit qu'il n'a pas interprété "adossées" comme étant la ville, je le traiterai de menteur. Et dès lors cela provoque une répétition avec "abrité". En fait il faudrait introduire les maisons avant de dire que x est adossé.Adossées à la montagne abrupte, (...)
Sérieux ? Je comprends l'idée, ce sont des bâtiments de grand tonnage, mais "sérieux" est juste... trop hypéronymique (sic). Ce serait le lieu rêvé pour donner de la couleur aux navires, caravelles, avisos, que sais-je...... pouvaient abriter trois bâtiments sérieux...
Pour moi, l'histoire devrait commencer ici. Ce qui a précédé est de type "résumé descriptif de l'histoire ou du lieu" et la transition est presque brusque.En ce jour de début d’automne, des drapeaux dansaient en haut des mâts et dans la rade l'eau se ridait par endroit dessinant des motifs étranges et ésotériques.
Mais surtout, cela me permet une réflexion plus générale. Il est possible que, dans les récits d'aventure ou de pirate, une telle description de départ soit la norme. Cependant, en tant que lecteur, je ne vois pas la pertinence du développement. C'est une belle ville, bien aventuresque (sic), et ensuite ? Tandis que je vois la pertinence du développement sur Weaving, puisque j'ai besoin de connaître le héros. Il faudrait donc sans doute motiver la description de Clifton.
"peu de considération" est assez vague après tout ce qui a déjà été dit, ça tient de la périphrase et de l'euphémisme. Passerait encore, mais "quelles que soient les circonstances" insiste décidément trop sur ce que le lecteur, à ce point de l'histoire, a déjà parfaitement compris.La plupart des avaries qu’il avait eu à régler étaient le reflet du peu de considération de Barthelemy pour le bateau quelles que soient les circonstances.
Il faut soit ironiser sur Barthelemy avec l'euphémisme, soit être beaucoup plus direct, mais pas les deux. "La plupart des avaries étaient le reflet de la morgue de Barthelemy pour son bateau." Bon, d'accord, peut-être les deux. En tout cas, régler aussi le problème des "de" répétitifs.
"Et la sécurité" est de trop. J'insiste. N'importe quel lecteur bien constitué voit manifestement de quel côté est l'auteur, et comprendra donc le côté positif de l'Anubis. Il n'a pas besoin d'une incise pour qu'on lui en dise du bien. Certaines choses doivent rester implicites.... qui respirait la tradition, et la sécurité.
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Même problème qu'au début de l'Aubaine 1, "qui défilaient rapidement" est de trop. Je sais que c'est important, mais ça ne passe pas. Autant essayer "le défilement des nuages", ce qui est déjà une manière de dire que ce défilement est rapide. Ne jamais insister sur quelque chose sans importance.Le soleil maintenant haut dans le ciel perçait de temps à autre les nuages qui défilaient rapidement.
À la lecture de ces deux chapitres - assez courts - je remarque que la tension que tu essaies d'aménager n'est pas forcément celle du lecteur.
Déjà, je ne suis pas tant amateur de textes de pirates, et donc tant mieux si le vocabulaire n'est pas technique. Ce qui s'y trouve me suffit déjà amplement.
Maintenant, la dernière phrase de l'Aubaine 1 et la conclusion de l'Aubaine 2 semble montrer une crainte de Weaving pour l'Aubaine. Le problème est que Weaving aurait au contraire toutes les raisons de vouloir voir l'Aubaine couler, et Barthelemy surtout, et la tradition voudrait plutôt un affrontement des capitaines et des navires à un moment donné de l'histoire.
Bref, la tension qu tu amènes semble vouloir dire "l'Aubaine va voir un problème et ah ah pour Barthelemy" alors que la tension que se construit le lecteur serait plutôt "Weaving et son vieil Anubis vs Barthelemy et son Aubaine" et on s'attend bien plus à voir des abordages, des poursuites et des luttes qu'un simple chavirement. Si l'Aubaine venait à couler à peine sortie du port, on aurait simplement l'impression d'une mauvaise blague, donc il est presque impossible de partager les craintes de Weaving.
À noter que si le lexique marin me suffit, néanmoins tout l'aspect technique de ces bâtiments m'intéresse, et il aurait été bon de détailler l'équipage, les manoeuvres, la vue du pont et ainsi de suite - toujours, en tenant compte de la remarque sur Clifton, qu'il faut tout motiver. La description du partage de butin était infiniment pauvre et même motivée, on regrette qu'elle soit si courte.
Même si d'un autre côté je suis heureux d'avoir évité une digression de deux cents pages. On se comprend.
Une dernière remarque, toute personnelle. Les canons. J'ai cru comprendre que ces navires n'espéraient pas tenir la ligne mais tout de même, j'aimerais bien connaître leur armement, et on me surprendrait en disant qu'ils n'ont pas la moindre pièce. On a beaucoup décrit les mâts, maintenant décrivons les cales.
Et c'est d'ailleurs une autre remarque, même pour une ville de pirates elle est étonnamment mal défendue. Il faudrait au minimum un fortin de terre et une ou deux bouches, sans quoi "aisément défendable" n'est que de la poudre aux yeux.
Et ne nous y trompons pas, j'aime que le récit prenne son temps et ne parte pas immédiatement dans les grands combats - souvent caricaturaux. Mais quitte à prendre son temps, décrivons ce qui plait.
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- Demosthene
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En ce jour de début d'automne... L'histoire devrait commencer ici. C'est très amusant, car c'est ici qu'elle commençait sur mon brouillon, avant que je ne lise tes commentaires à mes autres textes qui demandaient de la description... Il faut croire que je n'ai pas tout compris encore. Et puis je voulais cet effet de plongée jusqu'au quai, façon cinéma.
Je reviendrais plus tard sur les descriptions, et la tension que tu perçois étrange (Peur pour l'Aubaine plutôt qu’oposition de capitaines.
Il faut avant cela que j'ajoute une précision à ce texte, et aux autres histoires du Capitaine Weaving qui suivront (la 2ème est au repos avant publication) : Ce sont des récits autobiographiques, quoi que très romancés . Ils sont basé sur une histoire vécue. Et c'est sans doute ce qui m'empêche d'être impartial comme il le faudrait pour que le récit soit plus dans la tonalité "Pirates" et moins "Marins". Je ne cherche pas d'excuses, mais je veux juste exprimer la difficulté de l'exercice (en tout cas pour moi). Weaving s'inquiète pour l'Aubaine, parce que oui, c'était un très beau bateau.
Et pour finir "Si l'Aubaine coule à la sortie du port, on aurait l'impression d'une mauvaise blague...". Ah...
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- Vuld Edone
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Je me suis fait tuer un texte sur une remarque de Krycek, donc nuançons.
Le lecteur est prêt à entendre et à suivre toutes les histoires, si on l'y prépare. Ici, les histoires de butin et de prise de galions, l'opposition des capitaines lui ont fait oublier tous les détails sur l'importance des navires. Il est dans son schéma "pirate" et il n'y a pas assez d'éléments pour l'en sortir. C'est un problème de focalisation, d'attirer l'attention du lecteur sur ce qui est important.
Notamment, les descriptions.
Tu peux commencer par faire de Clifton un cimetière de bateaux, une broyeuse de coques - pas littéralement, mais en décrivant à travers la ville cette idéologie dédaigneuse, cet abandon. Après, évidemment, il est toujours plus frappant de voir un navire dévoré sur les écueils. Ici non seulement la description de la ville serait motivée mais elle focaliserait immédiatement le lecteur sur un point : à Clifton, les navires ont la vie dure.
Et ainsi de suite, pour qu'à l'introduction de l'Aubaine un message se fasse, qui permette au lecteur de se mettre dans les bottes de Weaving : il y a l'Aubaine, un navire unique, comme on n'en a jamais vu à Clifton, et celui-là, on ne veut pas qu'il coule. Et on "sait" - de fait on le sait vraiment, on s'y attend, tout nous le dit - qu'il va couler. Mais plutôt que d'attendre bêtement que ça arrive, il faut que le texte nous dise "ça ne doit pas arriver".
Notamment, l'activité.
Ton texte nous laisse passifs, au sens où Weaving n'essaie pas d'empêcher le départ de l'Aubaine et, comme tu dis, même Neptune ne peut pas l'éviter. Dès lors pourquoi s'arrêter sur l'inévitable ? Il faut que le texte dise, "on peut faire ceci, il peut arriver cela" qui empêcherait un dénouement quasiment évident. Il faut que Weaving, ou l'équipage, ou même le vent, soit favorable.
Ici me revient le début de l'Homme qui rit, avec le navire pris dans la tourmente. On sait que le bateau va couler, que la tempête va le broyer et c'est une agonie qui tire en longueur, mais Hugo arrive à relancer constamment la tension, en décrivant le danger, en décrivant l'évitement, en reprenant, en laissant toujours cette sorte d'accalmie, de percée dans la tourmente.
Une fois encore, comme pour le cimetière de bateau, je t'en voudrais d'être trop théâtral. Au contraire, j'aime ce réalisme. Mais il me manque le moyen "d'agir", de pouvoir réfléchir aux manières par lesquelles l'Aubaine éviterait de couler. De connaître par avance les dangers. De voir comment ils sont, un à un, évités, au lieu de subir l'action. Le moment où l'Aubaine touche l'eau et en réchappe mériterait beaucoup plus de préparation, et d'être développé.
Il resterait quelque chose de facile, d'un peu déloyal et que je pense tu ne peux pas te permettre : faire de Weaving quelqu'un d'intéressé. Il manque une motivation pour que Weaving ne veuille pas voir l'Aubaine couler. Le plus simple serait qu'il veuille devenir le capitaine à la place du capitaine.
Au lieu de cela, dans ton texte, quelque part il déprécie le bateau : il faut un équipage expérimenté, l'équipage s'y épuise, l'entretien est complexe, et ainsi de suite. Bref, vraiment, quand j'essaie d'être le capitaine à la place du capitaine, je ne vois pas pourquoi Weaving broncherait à la perte de l'Aubaine.
Si je relisais ton texte avec l'idée que l'Aubaine ne doit pas couler, je verrais une myriade de détails qui le disent. Le problème est qu'on ne se focalise pas dessus, qu'on ne les remarque pas.
À noter que je veux quand même mes canons.
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- Demosthene
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Je vais continuer à vous poster l'histoire telle qu'elle a été écrite, et en parallèle, je vais revenir dessus de mon coté.
Par contre, je vais voir si je peux appliquer directement ces conseils également pour la seconde nouvelle de Weaving qui dors en ce moment sur mon disque dur.
Ça risque donc de manquer de canon sur cette première version, mais pas d'inquiétude j'en mettrais, à terme, car cette histoire est aussi une sorte d'introduction, et décrire l'Anubis complètement y est donc presque évident.
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