file Ars et le pont

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il y a 12 ans 10 mois #17911 par Demosthene
Ars et le pont a été créé par Demosthene
** Ce sujet traite du contenu de l'article: Ars et le pont **

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il y a 12 ans 10 mois #17912 par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re:Ars et le pont
Fin de vacance, je suis crevé, j'ai bossé comme un dingue sur des trucs que je ne comprends de toute manière pas...

Bref, quoi de mieux plutôt qu'aller me coucher que de commenter un texte?

***

Ars et le pont. Je l'avais lu, je n'avais pas commenté parce que je ne parvenais à dépasser mon appréhension, une sensation étrange qui m'était restée dans la gorge en fin de lecture.

Et depuis peu, j'ai la solution à mon problème.

Le roc le jugea courageux. Le froid le jugea honorable. Le vent le jugea honnête. La glace le jugea fort et décidé. Et tous ensemble, les éléments lui accordèrent leur confiance, et le laissèrent passer sans mal, jusqu'au bout du pont.

Wowowow... (comment écrit-on seulement cette onomatopée?)

C'est sur cet élément que se concentrent mes critiques. Je m'explique:
Le texte est simple. Un homme (un héros épique bien caricatural):

Le torse exposé aux éléments, ses jambières de cuir ne le protégeant que peu, il restait pourtant impassible face au froid, au vent, et au gouffre qui s'ouvrait devant lui.

doit traverser un pont:

alors qu'un pont enneigé qui semblait par endroits aussi ténu qu'un simple fil, reliait les deux parois de ces montagnes abruptes qui se faisaient face.

Pour avoir une chance de trouver un trésor:

Il murmurait que derrière ce pont se profilaient mille et une découvertes, mille et une joies, mille et un réconforts.


Bref, le scénario est simple, d'autant que le passé est plus ou moins mis de côté:

Il repensa à cette ascension incroyable


Et à présent, il faut traverser le pont.
Un objet tombe:

D'un bout de botte, il fit basculer un caillou de la corniche et le regarda tomber

Puis un deuxième:

Puis il décrocha son bouclier et son épée. La corniche était trop fine pour qu'il les pose là, alors il les regarda tomber, eux aussi.


On sent l'insistance constante sur:
- c'est de la folie:

pour penser à cette quête insensée

Sa vue, son toucher et sa raison lui hurlaient que tout ceci n'était que pure folie

- il ne passera pas:

que jamais cet édifice aérien ne le soutiendrait

Au premier pas il entendit un craquement.


Enfin bref, on se comprend. La tension est crée, on sait plus ou moins qu'il va tomber.
S'ensuit alors un drôle de jugement:

Les éléments le jugeaient

Et on arrive à la conclusion:

Le roc le jugea courageux. Le froid le jugea honorable. Le vent le jugea honnête. La glace le jugea fort et décidé


Première question: pourquoi?
Le roc le jugea courageux. Oui, mais le lecteur que je suis dit qu'il est juste fou.
Le froid le juge honorable... en quoi?
Le vent le jugea honnête. Sur quels critères?
La glace le jugea fort et décidé. Là, oui, visiblement il survit au froid sans protection et s'obstine dans une tâche vouée à l'échec.

Sauf qu'évidemment:

s'ouvrait pour lui un passage vers une grotte abritée, rayonnante de chaleur, pleine de surprises et de trésors


En fait, le texte ne respecte pas MA logique (et j'insiste sur "ma", dans la mesure où je ne connais pas la logique universelle qui veut qu'un pot de confiture ouvert est mieux qu'une bentley mal garée.

Accéder à l'autre côté du pont, meurtri et glacé, après avoir perdu une partie de lui-même. Ou traverser victorieusement, pour découvrir les trésors promis et fantasmés.

Pour moi, ce ne sont pas deux choix, mais deux compléments. J'ai eu beaucoup de mal à comprendre le sens de ce passage, parce que, trésors ou pas, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'on perd forcément une partie de soi-même (allez, pour être gentil: pour le meilleur ou pour le pire) en traversant une épreuve pareille.

rien de ce qu'il n’avait rêvé, et bien plus encore.

Rien de ce qu'il n'avait rêvé... Donc rien de ce dont il n'avait pas rêvé. Donc il y avait de ce dont il avait rêvé, mais absolument rien de plus.
Donc il n'y avait rien d'autre que ce dont il avait rêvé, et bien plus encore...

***

En fait, je ne comprends pas le sens du texte.
Soit la morale est qu'il faut croire en soi quelle que soit la situation, avec un profond aveuglement. Auquel cas... je ne comprends pas la morale (à moins que ce ne soit une de ces histoires de "pour vivre heureux, vivons complètement fous").

Soit il est tombé et découvre les trésors dans la mort (j'en doute, rien n'y laisse penser dans le texte, à part la formulation étrange de la fin, mais enfin, je cherche).

Soit il s'agit simplement de se distraire avec une petite histoire de fantasy, une épreuve à passer et un héros pour la tenter.
Auquel cas j'aurais vraiment voulu que le jugement ait un sens un peu plus développé, par exemple:

L'air sifflait à ses oreilles un chant de mort et de tristesse.

Le vent le jugea honnête

Qu'il y ait un lien entre l'épreuve subie et le verdict donné. Enfin, j'entends, un lien visible et lisible pour le lecteur.

***

Bref, c'est dommage à mes yeux, parce que jusqu'à:

. Il avait atteint un état de confiance absolue, téméraire et défiant toute réalité.

J'étais totalement pris dans le texte. Je me demandais s'il allait chuter ou arriver en morceaux de l'autre côté.
Les descriptions, le rythme, l'atmosphère, tout est bien retranscris.

J'avoue que le texte me fait pas mal penser à Thorgal (je me souviens d'une de ses aventures avec Jolan où il se trouve au milieu des étendues glacées, tombe dans une crevasse et se retrouve dans des plaines verdoyantes. Le même contraste arrive plusieurs fois...).
Le visuel de Thorgal (bande dessinée) aide quand même beaucoup à faire passer la sauce.

Impe, qui a réussi à mettre des mots sur ce qui le dérangeait.

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il y a 12 ans 10 mois #17913 par Demosthene
Réponse de Demosthene sur le sujet Re:Ars et le pont
Intéressant comme analyse.
Et oui, je confirme, il passe sans encombre (enfin si, il s'est un peu mis à nu quand même, il a perdu arme et bouclier. Il lui reste juste un pauvre pagne et des bottes...) de l'autre coté du pont, et y trouve des trésors. Ça paraissait complètement fou, et il le fait, et ça marche.

Je n'ai pas écris ça comme un simple texte de Fantasy, c'est plus une métaphore.
Rien ne disait que le pont ne résisterait pas à son poids finalement. Tout semblait juste laisser penser qu'il était en train de faire une grosse bêtise. Et lui a décidé de suivre son coeur et de tenter le coup. C'est une opposition raison/sentiment. Pour le coup, ça marche, c'est beau.

Je l'ai écris comme ça et pour ça. Et j'admets donc tout à fait que la première lecture (le barbare qui passe le pont de glace façon Fantasy) soit un peu pauvre :). C'est d'ailleurs là que ça pêche. Si je pouvais être aussi content de la première et de la seconde lecture, ça serait pas mal.

Et puis, après des textes aux fins attendues comme Sydney qui meurt dans son sous-marin, ou les bateaux qui coulent, je me suis permis de surprendre un peu :)

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il y a 12 ans 10 mois #17914 par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re:Ars et le pont

je me suis permis de surprendre un peu

Soit. L'intention est louable.

c'est plus une métaphore.

J'avoue avoir la sensation que ce texte touche quelque chose de personnel que j'ai du mal, en tant que lecteur, à saisir.

***

Tant qu'à surprendre, je conseillerais de développer la transition du jugement.

Alors il s'arrêta, leva les yeux, et mit sa vie entre leurs mains pendant un battement de cœur qui dura une éternité.

C'est le passage clé, celui où tout part dans l'autre sens et où le héros commence à pouvoir passer le pont.

Je pense (mais je ne fais que penser) que si on laissait le temps au lecteur de se faire à l'idée qu'il est possible, finalement, qu'il traverse le pont, alors il accepterait la traversée.
Avant ce fameux passage clé, tout laisse à croire qu'il va mourir, tous les indices le laissent penser.
Tu renverses toute la situation en deux situation, alors que tu avais construit ton atmosphère sur six paragraphes.

À voir ce qu'en ont pensé les autres, mais je crois réellement qu'une transition plus longue et plus lisse serait la bienvenue pour préparer le lecteur au dénouement.

Impe, ou alors c'est juste que je n'étais pas dans la bonne ambiance pour le lire :) .

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il y a 12 ans 10 mois #17916 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Ars et le pont
"Il ne savait pas que c'était impossible, alors il l'a fait." Bon là il savait, mais la morale est archi-connue et je pense même parangonne (sic) de l'Heroic Fantasy. C'est typiquement l'enfant qui va sur la Lune (ou l'humanité, en 1969, mais là c'était possible). Bref, en fait la surprise pour moi aurait été qu'il tombe.
Je m'explique.
S'il tombe, quel intérêt ? Autant répéter que les pommes tombent et que le feu brûle. Il devait donc ne pas tomber et le comment/pourquoi seul importe. Il n'avait le droit de tomber qu'après avoir eu une chance de ne pas tomber, je veux dire s'il y a tension c'est bien qu'on y croit quand même, à cette chance.
Je me rappelle d'un texte de Gulzan où une planète attendait son annihilation par le swarm tyranide, et là c'était clair on savait qu'ils allaient se faire rouler dessus. Et comme pour un certain sous-marin, c'est un texte d'ambiance, on regarde juste comment les gens se comportent. Mais là il y a un pont et il y a un objectif, le traverser, et le personnage le dit quand même assez qu'il y croit. Ce n'est pas comme si on le forçait.

Bref.

Comme d'habitude, les descriptions, et ici je vais faire un parallèle entre le récit pirate (ou maritime en fait) qui exige un vocabulaire sur les voiles et les coques bien fourni, et le récit d'aventure qui en exige au moins autant sur n'importe quel paysage. Bob Morane est assez bon dans ce genre, d'ailleurs. La fantasy se contente d'exagérer et d'en rajouter, mais bon.
Ici, donc, c'est les montagnes, et je ne peux pas me suffire de deux parois mises face à face. J'ai besoin d'un décor un tout petit peu plus étoffé que cela. D'autant que je ne sais pas quelle longueur fait ce pont mais s'il relie deux montagnes avec un gouffre entre elles, Ars a dû mettre quelques heures à le traverser. Je pinaille mais tout de même, le décor est vraiment pauvre.

Ensuite, j'ai un peu de mal avec l'idée qu'Ars jette son manteau. Le plus grand danger quand il traverse ce n'est même pas que le pont cède, ça il n'y peut rien : c'est son équilibre. Être transi de froid au milieu d'un pont fin comme un fil... et une fois traversé, rien ne l'assurait d'une grotte juste après. Bref, en montagne, sa plus grande richesse était sa gourde, ou son manteau. Et la gourde a des chances de peser plus lourd.
Mais surtout tout cet aspect d'équilibre n'a pas même été esquissé. On parle un peu de vent mais juste pour parler du froid, et le froid lui-même n'a au final que très peu d'effet. Et l'épuisement ? Et les rafales de vent qui le balancent et menacent de le jeter bas ? Et la neige qui tombe et l'aveugle ou le trompe sur l'espace véritable du pont ? Une nature entière pouvait être contre lui, c'était vraiment une gentille traversée compte tenu des possibilités.
Et c'est peut-être le plus grand problème, surtout venant d'un texte fantasy : il n'a pas lutté. Il n'a rien fait au final, que prendre une décision, et tout le reste est venu tout seul. Bon, il a relevé les yeux une fois, un bel acte de foi mais une fois encore, on est loin de la lutte à mort au-dessus du vide, contre soi-même, la peur au ventre et la rage aux lèvres.

Ce n'est pas la première fois que la nature juge quelqu'un, et avant cela les dieux jugeaient les grecs et les latins, donc rien de dérangeant. Mais comme dit Impe' c'est un jugement un peu facile. Bon, on ne lui demande pas de battre un dragon en bondissant sur des rochers en fusion et en chute libre poursuivis par des shamans trolls sauvages mais là tout ce qu'il a fait c'est l'expérience de la vitre et les enfants de six mois y arrivent, j'ai un peu de mal à le féliciter.
Il y a aussi la motivation du jugement. Ars au départ est le même qu'Ars à l'arrivée, et on ne sait pas bien ce qu'on juge puisqu'il a toujours été courageux et déterminé. J'avoue qu'honnête et honorable, je ne vois pas non plus, mais bon. C'est effectivement que l'épreuve manque un peu de sens. Pour le coup autant lui faire traverser une rivière de crocodiles pendu à un fil de fer invisible.

À mon avis, on aurait gagné à questionner les motivations d'Ars en introduction du texte, et donc la solution de facilité et de le faire se questionner sur ses motivations, face aux épreuves qui restent. Le pont apparaît comme la goutte d'eau, et on s'attend à ce qu'il flanche - et tout lui dit de flancher. Et là le silence, le jugement et sa soudaine prise de confiance peuvent avoir un impact. La décision que, oui, ça vaut le coup - quoi, peu importe - et il continue.
Mais j'insiste, surtout pour un texte de fantasy - en autres genres j'aurais pu voir un récit philosophiques mais là quand même - il faut un peu plus de violence et donc un peu plus de description, de lutte avec les éléments, de danger. Que le pont se brise par endroits, que la montagne tremble, que les bourrasques solides le fouettent et l'entaillent, que la grêle s'abatte, qu'il soit à demi-mort de froid, chacun de ses pas lourds comme la glace et le coeur rongé par la panique, je ne sais pas, héroïque.
Quitte à ce que, dans ses derniers pas, le pont s'effondre derrière lui, et qu'il ait l'impression qu'une partie de lui est tombée avec, ce qui ne serait pas une mauvaise image.

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il y a 12 ans 10 mois #17920 par San
Réponse de San sur le sujet Re:Ars et le pont

Quitte à ce que, dans ses derniers pas, le pont s'effondre derrière lui, et qu'il ait l'impression qu'une partie de lui est tombée avec, ce qui ne serait pas une mauvaise image.

Image intéressante.
(oui, je ne fais que passer)

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