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il y a 11 ans 11 mois #18169 par Vuld Edone
Fléau a été créé par Vuld Edone
** Ce sujet traite du contenu de l'article: Fléau **

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il y a 11 ans 11 mois #18170 par Mr. Petch
Réponse de Mr. Petch sur le sujet Re:Fléau
Le début d'une saga ? Voilà qui est prometteur. Dans l'ensemble, j'ai trouvé le texte beau, même si on y trouve les défauts habituels du renard, j'y reviendrais. Juste une chose d'abord : je trouve que, si c'est vraiment une introduction, cet élément n'est pas assez clair. Une introduction doit, a minima, suggérer une suite, ce qui n'est pas le cas ici.
Et toujours sur ce terrain, je trouve que l'espace n'est pas assez caractérisé. On saisit la gare, on saisit le bar, mais à la fin les rues de la ville arrivent avec trop de brutalité. En fait, ce que j'observe c'est que tu parles de Titly avant le bar, ce qui trouble la progression gare = bar = Titly. Je pense qu'il vaudrait mieux, pour amener la ville en douceur, que le voyageur saisisse la gare, puis juste le bar, avant de voir la ville, d'abord par les lettres (comme tu le suggères), puis en vrai.

Le texte maintenant. Comme toujours, on sent que tu essaies de dompter ton style vuldien et ses phrases syntaxiquement complexe. Déjà il y a du mieux par rapport à d'autres de tes textes, je pense à Fahron et à Reniants où la complexité triomphaient par trop par rapport au plaisir de la lecture. Ici tu trouves de plus en plus un équilibre, mais il y a des moments laborieux.
Ce que je comprends le moins, c'est l'abondance des virgules. Non que je ne comprenne pas à quoi elles servent dans l'absolu, et c'est un outil que j'approuve ; mais je ne comprends pas ce qu'elles font dans certains passages. Tiens, une comparaison pour m'expliquer :

Sur quoi le voyageur s'arrêta, frappé, en haut des escaliers le hall de gare s'ouvrait dans son dos les baies vitrées sur les voies, devant lui baignant aux lumières crues du jour une vaste fresque, semblable aux époques révolues, et Titly ainsi représentée était exactement la Titly des lettres.


et

Il suffirait d'attendre. Lui sautant sur l'occasion, avec détachement, se retira en arrière, fit claquer sa langue puis, finement, mais si le serveur avait quelque histoire à raconter à propos de la gare. Pourquoi, par curiosité, ce qu'il entendait par histoire, même une anecdote ou une rumeur, comme il y en avait tant dans les lettres et, se penchant à nouveau vers son interlocuteur, le voyageur avoua qu'il les prenait pour des fictions.


Dans le premier passage je saisis bien le sens de la ponctuation : le relâchement des virgules ouvre sur le hall de gare, la troisième virgule permettant, en boomerang, de revenir sur le voyageur.
Dans le second passage, c'est plus délicat. D'habitude, tu te sers de la ponctuation pour rendre signifiant le discours indirect, pour y mettre un rythme, une oralité. Mais là, la parole se trouve bien trop saccadé, en particulier la troisième phrase.

Justement, j'en viens au rythme. Il est bien vif au départ, agréablement vif jusqu'à la fin du dialogue avec Pascal. Je l'ai senti baisser au moment où il rencontre Marine. Certes, cette rupture de rythme se justifie, entre la jovialité du début et l'inquiétude qui vient ensuite. Mais, pour ma part, elle m'a amené à rendre moins vivant le second dialogue par rapport au premier. Je me souviens que tu avais eu de semblables problèmes d'homogénéité de rythme dans De Corne.

Enfin, il y a toujours la question du sens général. Cette fois, tu parviens à justifier le flottement, l'impression de brouillard. Et l'usage d'un "voyageur" justifie en partie ce choix, puisque par définition le voyageur est en devenir, donc prometteur. La question de la fiction devenue réalité est plutôt claire, du moins elle l'est pour moi. Après il y a l'enjeu de la correspondance qui reste floue alors qu'elle me semble primordiale par rapport à la métamorphose de la fiction, qui n'en est que la conséquence.

Au-delà de ça, tes textes sont toujours aussi agréables pour ce qui est de l'ambiance et des descriptions, mais cela tu le sais. Juste cette réserve sur la ville, trop brièvement caracterisée. Sinon, j'y retrouve ce que j'aime y retrouver : une forme poussièrieuse d'exotisme. Ce texte me rappelle le fantastique telle qu'on l'écrivait dans les années 1950 (Borges, Bradbury, Calvino, Buzzati) avec des monsieurs en chapeau melon, des halls de gare vides et des solitudes humaines à résoudre. Voilà les images que j'en retire.

Mr Petch

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il y a 11 ans 11 mois #18177 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Fléau
Ou d'une réalité devenue fiction.

J'ai longtemps buté sur le départ, où les premiers brouillons essayaient une approche classique, avec Toussenel qui se réveille alors que le train approche de la gare, et qui découvre la ville - ou le village - depuis la fenêtre.
Deux choses ont empêché cette approche classique de se réaliser, et les descriptions qui en résultaient ont été "cassées" entre la fresque de la gare et la fuite. La première est que je me suis senti forcé de commencer par "un renard se tenait sur le quai", parce que c'était mon repère pour toute l'histoire, le moyen pour moi de savoir ce que j'étais en train d'écrire et si je ne le plaçais pas absolument au tout début, il perdait de son sens. La seconde est que, malgré ce renard, je me sentais obligé "d'expliquer" ce que j'allais écrire.
J'avais donc projeté un premier paragraphe fait d'explications générales, comme j'en ferais pour une fanfiction, avec notamment la mention d'un "bestiaire servile des mythes". Mais j'ai eu beau réécrire encore et encore ce paragraphe, je ne parvenais pas à y concentrer tout ce que j'avais à dire. Et puis soudain j'ai trouvé cette forme qui, si elle ne mentionne pas le bestiaire, motivait suffisamment.

Voilà sans doute pourquoi la description de la ville est si lacunaire - mais aussi parce que j'ai eu beau m'acharner à décrire les quais de gare, je n'y parvenais pas, et donc j'ai quelque peu abandonner la description dans les autres passages.

Toujours dans l'histoire d'écriture de ce récit, mon premier jet n'était arrivé que jusqu'à la fin du dialogue avec Pascal, quand celui-ci laisse Toussenel seul. Ce dernier avait alors acheté un journal et attendait, et Lucien arrivait alors. Je me suis arrêté en plein dans leur rencontre - et à ce stade le premier paragraphe n'était pas encore celui-là.
Le texte a bien failli mourir sur cette rencontre, parce qu'à ce stade les enjeux n'étaient pas encore fixés et personne ne pouvait comprendre les conséquences de chacun de leurs actes. Après tout, une bonne partie du texte - même si ce ne serait pas la majorité - reposerait sur ces deux personnages. Ce n'est que lorsque j'ai eu l'idée de l'élection que tout a repris.
J'ai donc réécrit et retravaillé souvent ces passages, dans les deux trois premières pages, avant d'arriver au "piégé" qui, métadiscursivement, est exactement ma réaction pour éviter le piège de ma propre narration. Et cette réaction n'a de sens que si on arrive à comprendre, dès le départ, la situation de Toussenel - les allusions à la chasse ne suffisant pas, et je n'ai pas encore pu introduire la forêt.
Le résultat est que, à partir de "la masse sanglée à ses poings battait nerveusement" je n'avais plus le même filet de sécurité. J'ai passé un ou deux jours à réfléchir à la rencontre avec Marine, et je sens bien moi-même à la lecture des passages qui posent problème, que j'ai vraiment survolés. Mais c'était une interaction que je trouvais justement, au moment de l'écrire, trop superficielle pour m'y arrêter. Plutôt que de la rendre nécessaire, de lui donner une place, j'ai passé dessus.

La différence est donc surtout due à un manque de travail pour tout le passage sur Marine, où la version est à peu près brute. Et il y aurait aussi d'autres détails à travailler, comme la description de la place ou des ruelles...

Le plus difficile pour moi est que, quand je lis ce texte, je n'ai aucun mal à en suivre la narration. Les seuls passages qui m'arrêtent sont un ou deux détails vite résolus, donc peu gênants, et quelques endroits avec Marine. Sinon, soit parce que je sais ce qu'il y a derrière, soit parce que je suis habitué à me lire, tout pour moi est fluide et clair. Et c'est vraiment là que je pêche, pour réussir à rendre le texte plus accessible. Je n'arrive pas à voir.
Mais ce que je voulais surtout dire, est que le texte a été construit pour raconter n'importe quoi. Si la trame principale est assez rigide, la structure me permet à pratiquement n'importe quel moment de faire surgir une histoire, soit parce que les personnages se mettent à en raconter, soit parce que quelque chose évoque une lettre au personnage et alors la lettre peut raconter cette histoire. La trame principale est donc assez secondaire, et ce sont surtout ces petites histoires d'encart qui m'intéressent.
Ce sont elles et elles seules qui permettront de comprendre ce qui se passe.

Sinon, si je vais publier des passages de quatre pages mes chapitres en feront huit. Celui-ci n'en est donc qu'à sa moitié. Je tenais surtout à le publier pour ces mécanismes permettant d'introduire n'importe quelle histoire à n'importe quel moment.

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il y a 11 ans 9 mois #18228 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Fléau
Ton texte me travaille. En fait, pas tout à fait le texte, mais l’idée du texte.
Je t’avais donné mes réserves sur le style. En fait, il est au cœur de tout, c’est à la fois ce qui rend possible l’idée du texte et ce qui le rend pour ma part abstrait et perturbant.

Tu évoquais une difficulté à estimer la capacité au lecteur de suivre le rythme de tes phrases. C’est étrange parce que j’ai eu dernièrement la même difficulté. J’avais lu et relu un de mes chapitres que je trouvais fluide dès mon premier jet (pour une fois !) et mon épouse a eu du mal à s’y plonger (alors que l’histoire aurait dû lui plaire). Elle m’a juste signalé que la multiplication des « que » et « qui » dans mes phrases la dérangeait, la faisait buter. Or quand je lisais cette phrase, je la trouvais correcte. Mais effectivement, quand j’ai replongé dans l’ensemble du texte, cela m’a sauté aux yeux, parce qu’elle faisait partie d’un tout qui avait lui aussi plein de « qui » et de « que » individuellement corrects. Pourtant mes phrases se déroulaient parfaitement dans ma tête, même en les lisant à voix haute, parce que leur rythme m’était naturel. Et puis, ça a commencé à se fissurer, parce que j’ai un penchant naturel à faire des phrases qui noient le lecteur sauf une fois qu’il l’a finie. Et d’un coup, j’ai vu tout mon texte différemment, certains passages était creux, ou alambiqué là où quelques mots suffisaient à condition que j’accepte de faire sauter quelques nuances (du style, « il lui semblait’ ; « il avait l’impression » etc.) qui pour moi ont du sens parce je montre la subjectivité mais qui en soi alourdit sans que ça soit nécessaire.
Pour revenir dans ton texte, comme je te l’ai dit, c’est effectivement cette façon de le ponctuer qui me perturbe et me noie parce que je n’arrive pas à donner un rythme à tes phrases, il me faut choisir au moment où je me lance entre plusieurs car, en fonction de mon choix, la phrase, et le texte, n’ont pas la même portée. Alors certes, il y des ambiguïtés voulues, et je dirais même que c’est ce qui rend possible ton texte. Maintenant pour ma part, ça me bloque parfois au point de ne pouvoir retenir les choses, au point où tout ce que je lis baigne dans le flou.
Mais ce texte est aussi très excitant. Tu as dit que tu voulais que tout soit possible dans ton texte, que, si j’interprète à ma façon, je dirais que les mots, en quelques sorte, puisse créer littéralement le monde. Et c’est vraiment passionnant. Et tu y parviens plusieurs fois.
Maintenant, tu avais dit que tu voulais nous donner régulièrement des morceaux de ton récit. Or je vois que tu t’es arrêté. C’est dommage parce qu’en plus, c’est sur la durée que se crée une proximité avec un texte, surtout quand celui-ci fonctionne de manière différente.
Bref, j’ai envie de voir et de lire plus que ce texte. J’ai envie de voir si ce qu’on suppose est bien là et où tu comptes nous emmener. Je trouve cette idée de pouvoir faire surgir des histoires, des mondes passionnante. Reste pour moi à caler en partie la forme, quelque chose de plus équilibrée entre la syntaxe classique et l’expérimentation. Et en fait, c’est même ça que je trouve le plus passionnant et que j’aimerai voir comment tu creuseras ta réflexion. Et j’avoue que cette vision commence à me faire poser des questions sur ma façon d’écrire.
Donc je ne peux que t’inviter continuer !!!! Tout ça parce que je veux apprendre de toi. Et une saga, ça ne s'arrête pas après quelques pages! ;)

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