Fantôme - Blanchard
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il y a 12 ans 5 mois #18199
par Vuld Edone
Fantôme - Blanchard a été créé par Vuld Edone
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- Mr. Petch
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il y a 12 ans 5 mois #18200
par Mr. Petch
Réponse de Mr. Petch sur le sujet Re:Fantôme - Blanchard
Je trouve plusieurs choses à dire sur Blanchard.
La première est qu'il s'agit de ton texte le plus lâché que je n'ai lu depuis longtemps. Les pointes de style n'apparaissent que très ponctuellement, et, à tort ou à raison, j'ai le sentiment que tu as passé moins de temps sur ce texte, mais que c'est aussi ce que tu recherchais. Et ce texte confirme s'il le fallait que tu sais écrire des histoires au premier degré quand tu le veux. Mais qu'en contrepartie, le lecteur habitué aux fulgurances du renard est un peu deçu.
Par exemple, je suis frappé par l'usage des stéréotypes, qui sont d'habitude très rares chez toi : ici le "café fumant" de l'internaute, par exemple, et les gestes répétitifs. Ou encore le ciel-écrant de ville. Je crois que c'est aussi la première fois que je lis de toi un texte foncièrement contemporain.
Et pourtant, je ne peux mempêcher de trouver des détails marquants : l'usage des chiffres, évidemment (je ne sais pas pourquoi mais je suis fasciné par ton usage des chiffres et des codes, et par le caractère visuel de ton écriture à l'écran, de cette façon dont tu parviens à imiter un ordinateur, cf la dernière phrase). Certaines tournures de phrase comme
J'y reconnais ton rythme de phrase, dans la jonction "fenêtre, debout" mais sur un mode mineur. D'un certain point de vue c'est intéressant de voir comment ton style peut s'intégrer à un texte plus simple qu'à l'accoutumé.
Et bien sûr, en lien avec la dernière reflexion de Zara, je vois dans ce texte une tentative de retour au degré zéro de l'écriture, à une innocence maladroite et en même temps à la motivation même de l'écriture, par le thème, mais j'y reviendrais. L'une des phrases qui m'a le plus marqué est la suivante, parce qu'elle est très juste :
L'autre remarque tient à la proximité de ce texte avec Tlön. En fait, j'ai l'impression de lire une histoire extrêmement similaire, Feurnard étant le robot, et Blanchard la "fausse victime" du robot. On est dans un texte fantastique, sur le thème de la fiction. Mais ici, malgré tout, l'intensité est beaucoup plus faible, même si la progression du suspens est bien gérée. La fin est peut-être par trop univoque par rapport à Tlön, la rencontre avec Charles-Imperator trop évidente.
Après, bien sûr, il y a l'histoire, et là, le texte peut difficilement ne pas toucher un habitué des Chroniques par les similitudes qu'on y trouvera. L'allusion à Feurnard, le name-dropping des chroniqueurs, le principe même du site Alquières... Il y a un vrai plaisir secret, connu de nous seuls, à découvrir tout ses noms qui ont ici une signification qu'ils n'auraient pas ailleurs. Je découvre en lisant (mais il est vrai que j'ai cette impression avec beaucoup de tes textes) que l'exercice de la lecture est un plaisir personnel, profondément lié à sa propre expérience : comme si tu me tendais un miroir et que j'y projetai mes attentes.
Et c'est là le paradoxe de ce texte, je trouve, que d'être à la fois, par le thème, extrêmement personnel, et par le style très impersonnel.
La première est qu'il s'agit de ton texte le plus lâché que je n'ai lu depuis longtemps. Les pointes de style n'apparaissent que très ponctuellement, et, à tort ou à raison, j'ai le sentiment que tu as passé moins de temps sur ce texte, mais que c'est aussi ce que tu recherchais. Et ce texte confirme s'il le fallait que tu sais écrire des histoires au premier degré quand tu le veux. Mais qu'en contrepartie, le lecteur habitué aux fulgurances du renard est un peu deçu.
Par exemple, je suis frappé par l'usage des stéréotypes, qui sont d'habitude très rares chez toi : ici le "café fumant" de l'internaute, par exemple, et les gestes répétitifs. Ou encore le ciel-écrant de ville. Je crois que c'est aussi la première fois que je lis de toi un texte foncièrement contemporain.
Et pourtant, je ne peux mempêcher de trouver des détails marquants : l'usage des chiffres, évidemment (je ne sais pas pourquoi mais je suis fasciné par ton usage des chiffres et des codes, et par le caractère visuel de ton écriture à l'écran, de cette façon dont tu parviens à imiter un ordinateur, cf la dernière phrase). Certaines tournures de phrase comme
Il s'était retiré à sa propre fenêtre, debout devant la baie vitrée Blanchard s'étira, mima la manière inspirante d'inspirer, qui disait, "je suis bien, là".
J'y reconnais ton rythme de phrase, dans la jonction "fenêtre, debout" mais sur un mode mineur. D'un certain point de vue c'est intéressant de voir comment ton style peut s'intégrer à un texte plus simple qu'à l'accoutumé.
Et bien sûr, en lien avec la dernière reflexion de Zara, je vois dans ce texte une tentative de retour au degré zéro de l'écriture, à une innocence maladroite et en même temps à la motivation même de l'écriture, par le thème, mais j'y reviendrais. L'une des phrases qui m'a le plus marqué est la suivante, parce qu'elle est très juste :
Mais c'était le défaut d'avoir été à Alcquières, que de ne plus voir les fictions que comme des fictions.
L'autre remarque tient à la proximité de ce texte avec Tlön. En fait, j'ai l'impression de lire une histoire extrêmement similaire, Feurnard étant le robot, et Blanchard la "fausse victime" du robot. On est dans un texte fantastique, sur le thème de la fiction. Mais ici, malgré tout, l'intensité est beaucoup plus faible, même si la progression du suspens est bien gérée. La fin est peut-être par trop univoque par rapport à Tlön, la rencontre avec Charles-Imperator trop évidente.
Après, bien sûr, il y a l'histoire, et là, le texte peut difficilement ne pas toucher un habitué des Chroniques par les similitudes qu'on y trouvera. L'allusion à Feurnard, le name-dropping des chroniqueurs, le principe même du site Alquières... Il y a un vrai plaisir secret, connu de nous seuls, à découvrir tout ses noms qui ont ici une signification qu'ils n'auraient pas ailleurs. Je découvre en lisant (mais il est vrai que j'ai cette impression avec beaucoup de tes textes) que l'exercice de la lecture est un plaisir personnel, profondément lié à sa propre expérience : comme si tu me tendais un miroir et que j'y projetai mes attentes.
Et c'est là le paradoxe de ce texte, je trouve, que d'être à la fois, par le thème, extrêmement personnel, et par le style très impersonnel.
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il y a 12 ans 5 mois #18201
par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Fantôme - Blanchard
pour le style, c'est du désespoir. Je suis en train de réécrire Fléau comme une fanfiction. Symptômes, le "qui disait" où je n'essaie même plus de décrire, mais surtout le "lançait son moulin" dans les premiers mots du texte. C'est plus que de la facilité ou de la paresse, c'est fait exprès - j'avais d'ailleurs réécrit spécifiquement ce début de première phrase.
Pour l'histoire, elle était fixée dix minutes après avoir lu la proposition de Zara', tirée d'une ancienne histoire, à peu près la même, sans les circonstances. Écrit en deux heures, le seul changement au plan a été Charles, qui au départ était mort. Un drame inutile parmi tout l'inutile du texte.
J'ai aussi, dans le format "huit pages", manqué de place. Par exemple, Joanne devait jouer un rôle, d'où de nombreux détails qui ne servent plus à rien. D'ailleurs j'avais envisagé de réécrire, mais cela aurait abouti à l'abandon du texte.
Enfin, et le chiasme l'indique, ce qui m'intéresse est avant tout la machine, ce qu'elle fait et ce que ça signifie. Pour les Chroniques j'ai déjà écrit la chasse au Phoenix et l'homme, le corbeau et la source, sans parler de Libra. J'avais déjà plus ou moins épuisé le sujet.
Je crois que j'avais envisagé d'autres textes sur le même thème des fantômes, mais très brièvement avant de les abandonner tous. Dans la foulée je sais quoi écrire pour l'éditorial de vendredi.
Pour l'histoire, elle était fixée dix minutes après avoir lu la proposition de Zara', tirée d'une ancienne histoire, à peu près la même, sans les circonstances. Écrit en deux heures, le seul changement au plan a été Charles, qui au départ était mort. Un drame inutile parmi tout l'inutile du texte.
J'ai aussi, dans le format "huit pages", manqué de place. Par exemple, Joanne devait jouer un rôle, d'où de nombreux détails qui ne servent plus à rien. D'ailleurs j'avais envisagé de réécrire, mais cela aurait abouti à l'abandon du texte.
Enfin, et le chiasme l'indique, ce qui m'intéresse est avant tout la machine, ce qu'elle fait et ce que ça signifie. Pour les Chroniques j'ai déjà écrit la chasse au Phoenix et l'homme, le corbeau et la source, sans parler de Libra. J'avais déjà plus ou moins épuisé le sujet.
Je crois que j'avais envisagé d'autres textes sur le même thème des fantômes, mais très brièvement avant de les abandonner tous. Dans la foulée je sais quoi écrire pour l'éditorial de vendredi.
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- Zarathoustra
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il y a 12 ans 4 mois #18229
par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Fantôme - Blanchard
Il n’y a pas à dire. Ton texte relate des choses qui me sont très familières. J’ai même eu l’impression d’être Blanchard avec son vieux »moulin » (parce que mon ordinateur a 10 ans et qu’il rame également).
Et ce que tu relates sur l’attente des messages, sur la frustration de voir le site si peu animée, plein d’autres détails encore, tout ça, ça m’est arrivé ici mais aussi sur Wafo au début de la rubrique récit lorsqu’elle était moribonde. Et moi aussi je ne pouvais m’empêcher de jeter un coup d’œil avant de me coucher (et encore parfois actuellement lorsque je n’ai pas éteint l’ordi avant de manger). C’est effectivement comme un rituel. Et même lorsque je n’avais pas le temps de participer, je passais parfois en coup de vent, comme pour m’assurer que vous étiez toujours là. C’est d’ailleurs marrant comme on se sent coupable d’abandonner les Chroniques. Je ne suis pas le seul à l’avoir senti (et c’est aussi sans doute pourquoi les anciens y reviennent parfois). Idem ton allusion aux nouveaux où je me reconnaissais pas mal.
On a l’impression d’avoir un texte où tu baisses ta garde. Tu as évoqué ta nostalgie de Feurnard et je trouve que cette partie est tout à fait touchante, d’autant plus s’il y a une partie autobiographique. D’ailleurs, pour nous qui te connaissons un peu, c’est un peu le fil rouge de l’histoire. A travers ce récit, quelle est la part d’autobiographique ? Il est assez rare que dans un de tes textes on sente à ce point les émotions de manière aussi net.
Concernant le style, on te assez libre, comme si tu avais baissé ton ambition. Et cela donne un plaisir plus spontané, et à vrai dire plus adapté à ce que tu voulais faire. Et plus adapté pour faire sentir l’émotion qui affleure régulièrement derrière la relative froideur cérébrale du personnage. Du coup, on a l’impression qu’il y a moins à lire que dans tes précédents textes. C’est d’ailleurs curieux que tu dis ne pas avoir eu assez de 8 pages ! C’est comme si tu t’étais pris au piège à écrire le texte, que tu te serais laissé emporter au-delà de ce que tu voulais. Il en résulte une impression moins réfléchi (qui parfois plombe le lecteur qui se sent obligé de se concentrer comme des tes anciens texte). Il y a du coup moins à dire parce quasi tout semble dit dans le texe. Il y a juste cette réflexion sur les fantômes et sur qui ils sont qui va au-delà de ce que j’avais imaginé en laissant le pitch.
Et il y a aussi comme un rêve pour nos chroniques. Un beau rêve qui a existé un jour. Des chroniques actives, où ça discutait, voire même floodait… Un rêve qui me rend à vrai dire nostalgique…
En tout cas, content que tu es donné vie à mon pitch. Tu as réussi à écrire un texte à la fois fidèle à ce que je voulais voir mais à la fois très différent de ce que j’avais en tête. Un jour, il faudrait que j’écrive moi aussi sur ce pitch !
Et ce que tu relates sur l’attente des messages, sur la frustration de voir le site si peu animée, plein d’autres détails encore, tout ça, ça m’est arrivé ici mais aussi sur Wafo au début de la rubrique récit lorsqu’elle était moribonde. Et moi aussi je ne pouvais m’empêcher de jeter un coup d’œil avant de me coucher (et encore parfois actuellement lorsque je n’ai pas éteint l’ordi avant de manger). C’est effectivement comme un rituel. Et même lorsque je n’avais pas le temps de participer, je passais parfois en coup de vent, comme pour m’assurer que vous étiez toujours là. C’est d’ailleurs marrant comme on se sent coupable d’abandonner les Chroniques. Je ne suis pas le seul à l’avoir senti (et c’est aussi sans doute pourquoi les anciens y reviennent parfois). Idem ton allusion aux nouveaux où je me reconnaissais pas mal.
On a l’impression d’avoir un texte où tu baisses ta garde. Tu as évoqué ta nostalgie de Feurnard et je trouve que cette partie est tout à fait touchante, d’autant plus s’il y a une partie autobiographique. D’ailleurs, pour nous qui te connaissons un peu, c’est un peu le fil rouge de l’histoire. A travers ce récit, quelle est la part d’autobiographique ? Il est assez rare que dans un de tes textes on sente à ce point les émotions de manière aussi net.
Concernant le style, on te assez libre, comme si tu avais baissé ton ambition. Et cela donne un plaisir plus spontané, et à vrai dire plus adapté à ce que tu voulais faire. Et plus adapté pour faire sentir l’émotion qui affleure régulièrement derrière la relative froideur cérébrale du personnage. Du coup, on a l’impression qu’il y a moins à lire que dans tes précédents textes. C’est d’ailleurs curieux que tu dis ne pas avoir eu assez de 8 pages ! C’est comme si tu t’étais pris au piège à écrire le texte, que tu te serais laissé emporter au-delà de ce que tu voulais. Il en résulte une impression moins réfléchi (qui parfois plombe le lecteur qui se sent obligé de se concentrer comme des tes anciens texte). Il y a du coup moins à dire parce quasi tout semble dit dans le texe. Il y a juste cette réflexion sur les fantômes et sur qui ils sont qui va au-delà de ce que j’avais imaginé en laissant le pitch.
Et il y a aussi comme un rêve pour nos chroniques. Un beau rêve qui a existé un jour. Des chroniques actives, où ça discutait, voire même floodait… Un rêve qui me rend à vrai dire nostalgique…
En tout cas, content que tu es donné vie à mon pitch. Tu as réussi à écrire un texte à la fois fidèle à ce que je voulais voir mais à la fois très différent de ce que j’avais en tête. Un jour, il faudrait que j’écrive moi aussi sur ce pitch !
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Modérateurs: San, Kundïn, Zarathoustra