file Rêve d'Ether (le): Chapitre 10 - Les Courants Contraires

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il y a 12 ans 3 mois - il y a 12 ans 3 mois #18263 par Zarathoustra
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Voilà un chapitre qui a bien eu du mal à sortir et qui, je l'espère, fait enfin entrer Berenis dans mon histoire.
Le chapitre est scindé en trois moments.
Un premièr très (trop) explicatif. Je présente la communauté des Rayonnants. Je pense que c'est un peu scolaire et que j'aurais dû l'intégrer dans l'histoire aulieu de la faire dérouler succssivement comme je l'ai fait, mais mon chapitre ne s'y prête pas trop au niveau rythme... Ca parle de psychologie de Berenis, j'ai l'impressonqu'il n'y a que moi que ça intéresse, mais bon, c'est ma façon de faire...

Un second qui tourne (trop? Mais je ne vois pas comment l'éviter) autour d'un dialogue sur une idée de Chapeau qui a été le fait déclencheur de l'écriture du chapitre; il s'y dit des choses que j'espère pas trop abstraites mais qui le sont néanmmoins.
La partie la plus importante du chapitre est donc l'évocation du Rêve, ou p^lutôt son explication. J'aimerais savoir si:
1- Ce n'est pas trop abstrait
2- Si vous sentez bien l'espèce de basculement sur son évocation. Une sorte frémisement qui le rend tangible comme Brenis le resent dans le texte.
3- si vous resentez que c'est un moment fort, même s'il ne se passe rien.

Enfin un dernier qui replace l'histoire là où je l'avais laissé dans le chapitre précédent. Cette partie se veut plus romanesque. J"ai l'impression que je suis resté un peu confu, que ça mériterait d'être développé. Mais je voulais rester sur l'idée de donner l'impression que deux forces opposées se tournaient autour jusqu'à ce que l'une fasse basculer l'autre au moment où elle pouvait gagner.J'aimerais qu'on est l'impresson de mouvements concentriques en cercle qui tantôt s'loignent et tantôt se resserrent.


En tout cas, après l'avoir terminé, je sens enfin qui est Berenis et comment le faire fonctionner. J'espère qu'il en sera de même pour vous.

Il ne se passe pas grand chose, en fait, c'est certainement le chapitre qui se rapproche le plus des Chapitres du Chant des Pierres par son fonctionnement. Maintenant, j'espère qu'il n'ennuie pas pour autant... :oops:


PS: il est assez chaud, j'espère pas avoir laissé trop de fautes, mais je voulais étoffer la MAJ d'aout pour que nous ne soyons pas deux mois sans nouveauté.

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il y a 12 ans 2 mois - il y a 12 ans 2 mois #18275 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Rêve d'Ether (le): Chapitre 10 - Les Courants Contraires
Dans la continuité de mon topic sur le fait d'écrire ou non une scène, voici ce qui a déclenché tout mon questionnement: la réecriture de mon début de chapitre. En me relisant, j'avais trouvé toute la première partie du chapitre mal construite, manquant de fluidité et avec des personnages baclés et des moments sous exploités. Et au final, si maintenant je suis plus satisfait, je me demande si tout ce nouveau travail n'est pas un peu vain... si je ne m'attarde pas trop depuis le début de mon histoire sur des moments sans réelle intensité qui alourdissent ou ne rallongent pas inutilement le début de mon histoire.
Mais bon, ce qui est écrit est écrit, donc voici comment j'ai repris tout mon début de chapitre (qui peut rendre plus concret ce que je disais dans la rubrique Conseils d'écriture).

Chapitre 10 : Les Courants Contraires correction de la première partie du chapitre

Si Jourzancyen était un rêve alors la mer serait sa chevelure. Une chevelure capricieuse, indomptable et rebelle, aux boucles longues comme des tentacules qui danseraient au vent, libres de l’épouser un moment pour mieux le combattre et l’insulter l’instant d’après, comme deux vieux amants. Par jeu, peu de temps après le départ des elfes d’Avalon, ils s’étaient unis pour entraîner leur navire dans leurs caprices. D’abord, ils les précipitèrent dans une tempête, les épuisant d’efforts pour se maintenir à flot et les privant de sommeil, comme un précipice caché entre les pages d’un livre. Et le bateau, entraîné dans la plus folle des danses, tangua et tournoya aux rythmes des crevasses et des crêtes des vagues, comme une voyelle aspirée dans un siphon de consonnes. Durant tout ce temps, les elfes se battirent contre les éléments, avec rage, puis avec fièvre jusqu’à l’épuisement, unissant leurs forces comme un seul être pour ne pas être emportés dans la tumultueuse nuit, avec pour seule lumière les coups de cravaches des éclairs dans le ciel vénéneux, qui guidaient leurs mains sur les cordages et secouaient leurs nerfs pour tenir bon encore et toujours, du midi au midi suivant.

Alors, après une journée entière d’acharnement, les nuages disparurent aussi vite qu’ils étaient venus et laissèrent le soleil apaiser la colère de la mer. A la place, pendant trois jours et trois nuits, ils furent assommés par une canicule sans le moindre souffle, dans un immobilisme forcené, où même les pensées les plus simples trébuchaient avant de s’achever. Et celles de Berenis n’y échappèrent pas. Si, d’abord, dans un soulagement incommensurable et avec la précision d’un couteau, il profita du répit des vagues pour repenser à sa sœur, alors comme les autres, il lutta contre la chaleur, tant pour explorer ses souvenirs que pour simplement les laisser intacts. A force de ressasser les mêmes scènes, il les vit sans fin tourner stérilement en boucle dans son esprit jusqu’à les avoir en horreur ; et à chaque heure qui s’écoulait, lente, épuisée, alanguie, sous les rayons imperturbables et brûlants du soleil, qu’il le veuille ou non, sa sœur hantait silencieusement et de plus en plus son hamac immobile comme pour lui hurler son aveuglement lors du drame.

Puis, lorsque la nuit tombait, un autre combat commençait sous une chaleur toute aussi écrasante. Bien que le corps tout entier réclamât quelques heures de sommeil, il fallait continuer à arracher au ciel, dans une quête permanente, la moindre bouffée d’air comme seule soulagement à son repos. En guise de sommeil, à la place, toutes les pensées qui n’avaient pu aboutir dans sa tête assommée par la chaleur revenaient pour être achevées. Ainsi, si Berenis avait d’abord accusé l’influence des Monolithes, le rôle des soldats que Dellanor disait avoir charmés pour y accéder prenait des contours différents. Et d’ailleurs, il se rappela qu’elle avait refusé de s’appesantir sur le sujet. Or dans son obnubilation à accuser les Monolithes, il avait oublié cette explication toute simple : et si les soldats avaient exigé d’elle plus qu’un baiser ? Exiger d’elle plus qu’elle n’aurait pu en supporter toute sa vie ? A la place de la libération du sommeil, le doute et la culpabilité nouaient subrepticement son ventre, avec la force décuplée des nuits sans sommeil, des nuits suspendus et tendus où le temps lui-même au lieu d’avancer s’écroule dans l’agonie.

Enfin, après ces trois jours de plomb, le vent et la mer arrêtèrent de jouer et retirèrent le lourd socle qui pesait de tout son poids sur le navire et son équipage. Comme deux jeunes espiègles, ils se firent ensuite complice pour leur donner un rythme de croisière à la fois agréable et soutenu. Du coup, Berenis finit par se consacrer pleinement à l’activité du bateau. Mais même parmi ses compagnons, il avait toujours ce voile étrange sur le visage qui lui donnait l’impression de ne pas vivre dans le même monde, alors que sa sœur avait exactement produit sur lui l’effet contraire, elle l’avait fait définitivement rentrer dans le monde réel et ce bateau filait vers un rêve qui ne lui appartenait plus.

Bien qu’inexpérimenté sur un navire, il connaissait cette vie en communauté et de promiscuité. Avant d’exercer son métier de bibliothécaire avec passion, Berenis avait effectué son service militaire et servi sous les ordres d’Udin, un colonel à la fois généreux et sage comme l’aiment les soldats, qui conduisait la délégation vers l’Eldred, aux traits légèrement tirés, les yeux minuscules, avec un visage de martre qui respirait la précision. Si l’officier avait le contact chaleureux, on ne sentait jamais en lui un réel abandon, comme si des pensées cachées l’accaparaient toujours ou s’il anticipait à l’avance vos propos ou les siens. C’était un peu comme s’il vivait dans un monde trop réel, légèrement décalé avec celui de son entourage. Cela en faisait un homme de décision mais on le fréquentait plus qu’on ne le connaissait. Et d’ailleurs, Berenis devait entièrement à Udin sa nomination dans la délégation. En effet, les Monolithes avaient commencé leurs changements peu de temps avant qu’il ne retourne dans le civile. Juste avant de partir, il avait demandé à être reçu par Udin pour le mettre en garde contre ce changement et lui demander d’alerter au plus vite le Conseil des Sages. C’était à cette occasion que le militaire avait découvert l’immense connaissance du jeune elfe sur l’histoire d’Ether et des Géants. Il avait été également impressionné par la grande clarté de son exposé. D’ailleurs, il avait tenu compte du conseil puisqu’il avait lui-même demandé une audition aux Sages. Même si elle ne lui avait pas servi immédiatement, le Conseil avait immédiatement pensé à l’officier lorsqu’il se décida enfin à cette mission. Comme toute sa vocation sur l’Ether venait de sa longue discussion avec Berenis, le jour où on lui confia le commandement de la mission, il avait logiquement demandé à ce que le jeune elfin fît parti de l’excursion.



Cette longue et éprouvante période de chaleur sur le navire lui avait permis de mieux connaître ses cinq autres compagnons. Au plus fort de la chaleur, les elfes prirent l’habitude de se retrouver à l’ombre des cabines pour jouer aux cartes. Dans ces moments, toutes les barrières sociales tombaient. Parfois, ils se lassaient aller à conter de longues anecdotes. Et les marins eux-mêmes se joignaient à eux. Aux milieux de toute cette assemblée, Berenis retrouvaient cette joie simple qu’ont les enfants à écouter une bonne histoire avant de se coucher. Bien sûr, il s’agissait d’histoires d’adultes, et certaines n’avaient pas à être entendues par les enfants, mais elles remplaçaient pleinement ses livres et le plongeaient dans le tourbillon de la vie, cette vie qui avait illuminé si magnifiquement le visage de sa sœur.

Bien que le jeune elfin appréciât beaucoup Udin et qu’il fût la seule personne à connaître avant son départ, il n’avait jamais réussi à se tourner vers lui pour apaiser sa peine. Spontanément, il lui avait préféré Lizère, le plus discret et le plus âgé des cinq compagnons. Ce dernier faisait partie de la noblesse d’Avalon et avait financé une bonne partie de l’excursion. Ces propos, bien que rares, possédaient un poids particulier que sa voix grave et lente amplifiait. Son physique dégageait un détachement rassurant et ses yeux semblaient sourire en permanence, tandis qu’une fine cicatrice traversait son cou pour arriver jusqu’à l’oreille et durcissait ses traits inutilement car il avait le cœur en or. Il donnait toujours l’impression d’en savoir plus qu’il ne disait. C’était ce trait de caractère qui l’avait rapproché de Berenis, mais aussi ce qui lui avait toujours empêché de prendre les devants, car tout le monde attendait plus que ce qu’il donnait. Il avait fini par prendre conscience de cette impression qu’il laissait partout autour de lui, si bien qu’il vivait un peu dans la hantise de toujours en faire plus que ce qu’il disait pour ne pas décevoir. Ses hauts faits dans les campagnes militaires lui auraient donné la légitimité pour diriger le groupe, mais il préférait l’ombre à la lumière et conseiller plutôt que décider. Il formait une bonne équipe avec Udin. Régulièrement le jeune elfin lui avait demandé son avis sur ses doutes. Sa longue expérience de la vie lui avait plusieurs fois apporté les mots justes pour l’apaiser au fur et à mesure du voyage. Un lien presque paternel s’était créé entre eux.

Tout comme Udin, Lizère était accompagné d’un serviteur, Kyhiel. C’était avec Berenis le plus jeune et certainement le moins riche. Il devait avoir à peine dépassé sa majorité. Pourtant, il montrait déjà une grande assurance avec un air hautain assez agaçant, tout en parlant un peu trop, parfois pour rien dire. Même s’il avait compris que c’était par manque de confiance en soi, Berenis n’arrivait pas à se sentir proche de lui. Pourtant, au cours des parties de carte, Kyhiel avait à plusieurs reprises cherché à sympathiser. Lizère l’avait même encouragé, en vain.



Tous étaient impatients de gagner les rives de l’Eldred car les difficultés rencontrées lors du voyage avaient resserré leurs liens et créé un vrai esprit de corps. Même si les deux longues journées de calme plat avaient attisé le souvenir de sa sœur, l’esprit de Berenis se tournait de plus en plus volontiers vers ce qui l’attendait parmi les humains. Curieusement, il n’arrivait plus à plonger dans ses livres. La mort de sa sœur avait étrangement altéré son obsession à vivre parmi les écrits et il en culpabilisait pour sa mission. Une fois seulement, il avait surmonté ce sentiment. Il avait voulu se replonger sur les légendes des Dents du Géant, nom que son peuple avait donné au cercle de pierres blanches. Le passage rappelait que seuls des évènements funestes pour leur peuple auraient pu ternir leur blancheur immaculée, mais cette dernière théorie n’avait plus les faveurs des elfes depuis que la guerre fratricide contre elfes noirs avait éclaté sans que leur surface n’en fût souillée. Comme rien n’éclairait sur les réactions de ses frères au contact des pierres, ni sur les raisons d’un tel changement, il referma l’ouvrage avec l’impression qu’aucun livre ne lui apprendrait ce qu’il cherchait.

Au bout de dix jours, il luttait pour ne pas céder à son excitation car il voulait toujours respecter le souvenir de sa sœur. Et il se rendait compte que cette promesse l’empêchait de vivre pleinement le présent, pourtant, combien de fois le lui avait-elle réclamé ? Etait-ce la trahir que de l’oublier pour lui obéir ? Avant tout, il était impressionné par cet entretien avec un empereur qui l’attendait pour commencer sa mission, car, de tous ses compagnons, il était le plus étranger au monde de la diplomatie. Même Kyhiel avait déjà quitté l’Avalon pour d’autres missions. Pourtant, personne à bord ne lui en faisait grief, ils attendaient justement de lui ce regard différent, tout particulièrement Ivo, le dernier compagnon duquel il s’était approché, principalement parce qu’il le fascinait étrangement. Sa personnalité contrastait complètement avec celle de Lizère. Doté d’un maintien digne, d’un physique très gracieux et également de la plus grande taille des six elfes, il attirait immédiatement l’attention par son charisme. Il faisait penser à une aigrette blanche, sans pour autant en avoir le cou ou la longueur de jambe, car, même immobile, il attirait le regard et sa démarche légère lui donnait presque l’impression de danser. Si Lizère avait été un rond, alors Ivo aurait été un triangle, à la base solide et aux angles pointus, comme les mats immenses d’un voilier. Il avait ce don de vous attirer à lui comme un aimant. D’ailleurs, Berenis voyait fréquemment Udin et Lizère se positionner par rapport à ses avis, ce qui lui donnait implicitement l’autorité du groupe. Mais le conseil des Sages lui avait préféré Udin qui avait une plus grande expérience de la diplomatie et de meilleures connaissances sur le Rêve d’Ether. De tous, c’était néanmmoins le plus redoutable combattant, aussi à l’aise avec l’épée qu’avec un arc. Au combat, son élégance disparaissait d’un coup pour montrer un être instinctif. En outre, le Conseil nommait toujours à la tête d’une pareille mission quelqu’un qui avait fait ses preuves contre les elfes noirs. Or une partie de la famille d’Udin avait été tuée lors d’un raid meurtrier si bien qu’il éprouvait une véritable haine envers eux. Quelques tensions avaient d’ailleurs éclaté entre les deux elfins car l’aura naturelle d’Ivo mettait parfois en difficulté son autorité du militaire. Et Ivo s’en était parfois amusé, comme si la vie était un jeu pour lui. Et Berenis enviait ce détachement.

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il y a 12 ans 2 mois #18291 par Vuld Edone
Je n'ai pas lu la réécriture du début de chapitre, seulement le chapitre tel que publié et je vais rapidement expliquer pourquoi.
Mais parce que je manque de temps, je vais surtout donner ici de quoi parlera mon commentaire, ne serait-ce que pour ne pas l'oublier au moment où je pourrai développer.

Le début, sur le navire, me fait dire que ton texte est maudit. Sans aller jusqu'à demander du Demosthene, les descriptions ne permettent de voir ni le navire ni l'équipage, ni même Bérénis. Mais le clou est la description des compagnons de Bérénis qui est le type même d'introduction fanficienne que je me tue à éliminer chez les débutants.
J'ai donc sauté des paragraphs entiers vers la fin de cette introduction, et cela vaut quelque peu jusqu'à l'arrivée au château.
La mise en place du sentiment de danger est hésitante, soit trop grossière - des gardes partout, des discussions sur eux - soit pas assez appuyée - le comportement des elfes, notamment, ne semble pas vraiment affecté. Cette atmosphère de méfiance mériterait un travail de forme, je reviendrai donc dessus.
D'ailleurs il me faudra aussi parler de quelques cassures en début de texte.
Là où bien sûr j'ai été enthousiasmé, c'est par le dialogue. L'introduction est parfaite, puisqu'on est dans l'action les introductions narrées évitent l'embourbement des répliques interminables et on a l'impression d'accélérer vers l'essentiel qui, quand il arrive, apparaît clairement. L'exposé de Bérénis mériterait d'être taillé au couteau, au sens d'être rendu bien plus efficace. Mais j'ai exulté - on a enfin, enfin une direction à l'histoire.
Ce qui m'amène à la meilleure structure du chapitre.
Lorsque Bérénis est revenu sur sa soeur en début de texte j'aurais voulu le gifler. Mais lorsqu'il y revient une seconde fois, soudain cela fait sens et à la troisième apparition on a quasiment un squelette sur lequel s'appuyer, on sent que la réflexion avance. On va quelque part. C'est probablement le meilleur point du chapitre.
Je reviendrai sur le rêve de Bérénis.
Enfin la fin est trop expéditive, trop d'informations en trop peu de temps, surtout en interaction avec un autre chapitre. Cela va encore à la décision d'emprisonner les elfes mais par la suite c'est simplement une volonté d'en arriver à l'appel au comte, il faudrait soit développer soit au contraire couper le passage massivement.

Je ne cache pas que le chapitre 11 fait peur et à certains égards la réécriture du début de chapitre 10 aussi justement à cause de ce début où rien ne se passe mais on parle beaucoup - exactement ce qu'un enfant manquant de patience, peu importe mon âge, ne supporte pas - mais il y a deux excellentes choses, l'entretien avec le roi et le retour sur sa soeur, qui ne demandent que quelques ajustements, ainsi que deux autres passages qui demandent plus de travail mais également bons, la méfiance avant l'entretien et la conclusion précipitée.
Et je pense que cette conclusion précipitée sera parfaite pour en parler en CdE, mais ça c'est quand je pourrai prendre le temps. Une fois encore, ce n'est qu'un résumé de tout ce que j'ai à dire, je développe dès que possible.

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il y a 12 ans 2 mois - il y a 12 ans 2 mois #18292 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Rêve d'Ether (le): Chapitre 10 - Les Courants Contraires

Le début, sur le navire, me fait dire que ton texte est maudit. Sans aller jusqu'à demander du Demosthene, les descriptions ne permettent de voir ni le navire ni l'équipage, ni même Bérénis. Mais le clou est la description des compagnons de Bérénis qui est le type même d'introduction fanficienne que je me tue à éliminer chez les débutants.
J'ai donc sauté des paragraphs entiers vers la fin de cette introduction, et cela vaut quelque peu jusqu'à l'arrivée au château.

Complètement d'accord, j'avais fait au plus vite. Copier une vieille description des perso qui datait d'il y a 7 ou 8 ans de la matrice de départ. Mélanger avec une transition pour amener le bateau à bon port et utiliser ce trajet pour présenter donc les compagnons. Résultat: berk. C'est bien pourquoi je me suis relancé dans la récréture du début. Mon texte n'était pas maudit ici, il était mauvais.

Là où bien sûr j'ai été enthousiasmé, c'est par le dialogue. L'introduction est parfaite, puisqu'on est dans l'action les introductions narrées évitent l'embourbement des répliques interminables et on a l'impression d'accélérer vers l'essentiel qui, quand il arrive, apparaît clairement. L'exposé de Bérénis mériterait d'être taillé au couteau, au sens d'être rendu bien plus efficace. Mais j'ai exulté - on a enfin, enfin une direction à l'histoire.

Ah, comment dire. Ces dialogues, j'ai pas arrêté de penser au chapitre 9 et à tout ce que j'avais loupé sur mon premier jet. Et j'ai pas arrêté de penser à nos échanges sur la question.
Pour ce qui est de l'histoire du chapeau, c'est bien la raison du chapitre. Ce dernier n'était pas prévu mais il était nécessaire, je le sentais. Seulement, il n'y avait rien de passionnant à écrire. Alors quand j'ai eu cette idée, là, j'ai eu d'un coup l'envie d'écrire (et ce qui m'a poussé à mettre le chapitre prématurément).

Enfin la fin est trop expéditive, trop d'informations en trop peu de temps, surtout en interaction avec un autre chapitre. Cela va encore à la décision d'emprisonner les elfes mais par la suite c'est simplement une volonté d'en arriver à l'appel au comte, il faudrait soit développer soit au contraire couper le passage massivement.

Cette 3eme partie ne me convient pas. C'est brouillon, mais c'est aussi en partie volontaire parce que la réalité vu par les lefes ou les humains me parait logiquement confuse. Mais je ne sais à vrai dire pas comment m'y prendre pour dire ce qu'il y a à dire et raconter sans dire ce qu'il n'y a pas à dire. Ce que je voudrais, c'est que les questions qu'on se pose sur le chapitre de Kaerion resurgissent ici et que le lecteur se place dans la situation de dépatouiller l'ensemble parce qu'il est le seul à détenir les deux logiques de la scène, sauf qu'il doit découvrir qu'il lui en manque un bout.
Il s'agit aussi de laisser libre Kaerion.

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il y a 12 ans 2 mois #18293 par Vuld Edone
Pour le coup concentrons-nous sur la fin, et j'irai pièce par pièce.
À noter que j'ai remarqué que Bérénis se rapprochait énormément de ces étudiants rêveurs des romans, du type romantique qu'on fait s'extasier sur les coups de vent. Il faudra faire attention à ce biais.

Mais pour revenir à la fin :
"Au niveau des deux gardes, un groupe d’hommes venaient d’arriver en réclamant l’Empereur. Ils étaient très agités. Au milieu d’eux se tenait Kyhiel, les mains ligotées derrière lui."
Mon problème ici est le "ils étaient très agités". Pourquoi en faire une phrase isolée ? Ce n'est, au final, qu'un détail d'ambiance sans suffisamment d'information pour justifier la focalisation. "... en réclamant l'Empereur, très agités, au mieux d'eux Kyhiel les mains ligotées..." serait beaucoup plus fluide et rendrait, d'ailleurs, la phrase plus agitée.

"Ce dernier abandonna les elfes un instant, en s’excusant, pour tenir un conciliabule dans une pièce à côté. "
Ici, première accélération. Le garde fait un geste et soudain l'Empereur change de pièce. Le véritable problème vient de la manière dont c'est narré, "abandonna les elfes" est très global, de même que "tenir un conciliabule". Pour suivre le geste du garde, on pourrait avoir "ce dernier répondit d'un hochement de tête grave, puis s'excusant auprès des elfes, marcha hors de la pièce..." ce qui ne serait pas très exact et pas très réussi comme phrase mais peu importe, l'idée est là.
En fait d'accélération c'est surtout d'avoir été plongé dans l'action, et soudainement d'avoir cette narration générale, distante, qui provoque le contraste.

"A quatre contre deux, mêmes sans armes..."
Aaaaaaargh je tolère ça dans une fanfic' mais un peu de sérieux, ce sont des considérations puériles de rôlistes. Bérénis et sa troupe sont matures, exposer ces considérations n'a aucun sens.
La véritable difficulté ici serait plutôt de reprendre la description des lieux - et donc la contraster avec une description initiale, on verra ça au moment de la méfiance - pour faire ressentir véritablement de la crainte. Rumeurs plus ou moins fortes de l'autre pièce, attitude des gardes, attitudes des elfes et leur comportement silencieux. Regards.
L'homme est très fort pour communiquer sans dire un mot, dommage que je ne sois pas spécialisé dans le paraverbal.

"Immédiatement, il leur annonça la mort du serviteur que Kaerion venait d’assassiner. L’alerte fut immédiatement donnée, au cas où l’assassin ne fut pas Kyhiel."
C'est rapide, mais à un certain égard c'est justifié. Pour le lecteur cette information est ancienne, qu'on passe dessus ne dérange donc pas. On peut se demander pourquoi le roi s'est donné la peine d'un conciliabule si c'est pour répéter exactement ce qu'il a appris, mais oublions ça - je rappelle qu'on travaille avec ce qu'on sait, pas de "plus tard".
Par contre, là où l'accélération blesse, c'est dans le sentiment de danger qui s'était installé, désamorcé par cette alerte et la supposition de l'Empereur que l'assassin n'est pas forcément Kyhiel.
C'est un très bon Empereur mais classiquement on s'attendrait à ce qu'il juge sur un coup de tête. Là, un développement serait utile, ne serait-ce qu'une ligne sur l'attitude de l'Empereur à cet instant. Le devoir ne suffit pas, il manque un détail pour trahir son raisonnement.

"Tous se joignirent aux recherches à l’exception de Kyhiel qui avait été trouvé à côté..."
Lâche ces dés et reviens écrire sérieusement.

"En fait, il avait trouvé le sauf-conduit d’Alken..."
Non. Ce "en fait" est la preuve flagrante d'une absence complète de transition entre deux états de l'histoire, un où on se fiche de savoir si Kyhiel a la moindre lettre et un où Kyhiel a la lettre. C'est quelque chose qu'il faut introduire - par exemple lorsque se bâtit le danger, plus haut - et qu'on ne jette pas ensuite comme un "au fait, je ne vous ai pas dit mais..."
De même pour l'explication, on est comme l'Empereur, il y a le sceau, on fait le raisonnement. Ce sont des informations épuisantes à lire, très peu pertinentes pour le lecteur. Si Kyhiel a des doutes, expédie ça en quelques mots : "après s'être méfié d'Udin, il se méfiait des hommes".
La corde apparaît également comme une excuse, les événements mériteraient d'être retravaillés et un peu plus motivés. Cette fois l'accélération est dû à un manque de vraisemblance.

"Cependant, depuis leur arrivée, il ne cessait de penser à la visite de cet autre elfe."
Je pardonne la phrase qui précède parce que, bien que très brève pour une lecture lourde de conséquences, elle dit au final tout ce qu'il y a à dire et correspond bien à, justement, ce qu'elle dit : il y a le sceau, fin du débat.
Mais ici on quitte le point de vue des elfes et on adopte celui de l'Empereur, avec une information que les elfes ne savent pas. C'est un changement brusque, inutile et injustifié. Je conseille vivement de conserver le point de vue des elfes et leur surprise en voyant l'Empereur hésiter. Tu as un paragraphe entier pour mettre en scène ce doute affiché, et sa décision, au lieu d'un "il réunit les cinq elfes..."

"Par la suite, on découvrit une seconde corde..."
Voilà, c'est ici précisément que la fin tire... non, je ne ferai pas le jeu de mots, tire en longueur. "Par la suite" est une fois encore une absence de transition, un saut temporel pour excuser le manque de cohésion entre la décision de l'Empereur et la découverte de la corde.
Ce qui fait d'ailleurs beaucoup de cordes, c'est certes important mais la ressemblance des deux découvertes fatigue et du coup on passe par-dessus. Ce serait bien d'ajouter un détail - le lieu, par exemple - pour les distinguer. Pas nécessairement attirer l'attention dessus, juste rendre l'information moins répétitive.
Dans tous les cas, à ce stade on en est à l'épilogue du chapitre, les elfes n'agissent plus depuis longtemps, l'entretien est loin derrière et on observe tout de tellement loin qu'on est hors du château. Il serait bon soit d'abandonner cette dernière partie soit de l'introduire depuis la cellule. À dire vrai l'intervention du comte permettra de le redire dans un autre chapitre, donc je conseille de couper et passer directement aux pensées de Bérénis.

Le plus gros problème et une tendance générale dans le Rêve d'Ether - qui étrangement ne posait pas problème avec le Devin - est ta volonté de quitter la narration on va dire rapprochée, où les gestes et les lieux sont visibles, pour une narration plus générale où l'action est expédiée. Entre la marche d'un Empereur et un conciliabule, il y a une différence de ton.
Le reste est affaire de vraisemblance mais surtout de cohésion, avec ces transitions "en fait" ou "par la suite" dont je voulais déjà faire mention au début du chapitre - avant que tu ne le réécrives - qui sentent juste la facilité et peuvent cacher de graves carences.
Enfin il y a ces instants typiquement fanfic' - et là encore je grogne au souvenir du début de chapitre - entre les réactions de l'Empereur, les réflexions des elfes et cette recherche commune... ce n'est pas sérieux. Nous mettions plus de soin que cela, dans nos récits, même pour le récit commun des Monolithes.

Je n'ai relevé qu'une tournure de phrase pour la rendre plus fluide et par la même occasion plus proche de l'ambiance exprimée, mais je me demande si dans le passage d'autres phrases n'auraient pas mérité le même traitement. La narration manque d'expressivité, c'est une suite de phrases très claires, très bien construites mais tristes comme la pluie.
Il manque le jeu du langage qui permettrait d'exprimer le danger, le doute, la déception, l'étonnement, la satisfaction... ce n'est pas parce que je m'entête à faire des textes les plus froids possibles que tu dois imiter mon arctique.

Voilà pour la fin. Sauf si tu veux y revenir, ensuite on pourra passer au chapeau.

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il y a 12 ans 2 mois - il y a 12 ans 2 mois #18295 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Rêve d'Ether (le): Chapitre 10 - Les Courants Contraires
Voilà un éclairage qui... m'éclaire. Je sais écrire un face à face, une scène intime, des pensées qui turlupinent, mais je ne sais pas écrire de l'action, des scènes avec plein de protagonistes... Je savais pourquoi, parce que je ne sais pas m'y intéresser, je n'ai pas d'idée de mise en scène. Donc je déroule ce qui doit l'être en essayant de compenser mon manque d'intérêt par du soit-disant suspense. Souvent j'ai besoin d'une étincelle pour écrire, et toute cette scène en est dépourvu, je l'ai retrouvé en me replongeant sur l'introspection de Berenis.

Et je comprends pourquoi mieux pourquoi ça ne va effectivement pas. Il est vrai aussi que je m'attarde assez peu sur ce type de scène parce que je me dis que du fait qu'il y a un moteur lié à l'action, la lecteur sera moins frustré si c'est moyen que dans une scène où il ne se passe rien. Et comme je veux arriver au boud du récit avant de m'épuiser, j'avance. Sinon je passerais mon temps à réecrire ce que j'ai déjà écrit... Rien que sur l'histoire, j'ai plein de trucs à modifier.
Mais sans ton aide, je crois que je n'aurais pas su comment m'y prendre. Là, je cerne des choses.
Vraiment merci.

À noter que j'ai remarqué que Bérénis se rapprochait énormément de ces étudiants rêveurs des romans, du type romantique qu'on fait s'extasier sur les coups de vent. Il faudra faire attention à ce biais.

J'en ai conscience. C'est un personnage malgré tout un peu terne. Cette scène est son moment de gloire. Pour la suite, je sais que ce que j'ai écris n'en fait pas un personnage sur lequel on se projetet parce que je ne l'avais pas fait "existé" comme ici. Ce chapitre est l'un des plus récents que j'ai écrit et qui n'était pas dans la matrice de départ ce qui fait qu'il est différent ici de ce qu'il est par la suite. Malheureusement je n'aurais pas le temps de les reprendre.

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il y a 12 ans 1 mois #18305 par Vuld Edone
Je ne sais pas pourquoi là tout de suite c'est possible mais puisque c'est possible, parlons de chapeaux.

Mais avant, une remarque:
"Visiblement nous ne sommes pas les bienvenus. Certes, il y a cette menace, sans doute très sérieuse, des yhlaks, mais cela n’explique pas..."
À partir du "certes", le dialogue n'est plus crédible. Je suppose que c'est un reliquat des premières versions du texte mais c'est typiquement un dialogue fautif qui cherche à faire passer de l'information à la place de la narration.

Quoi qu'il en soit...

Il sentait que personne n’avait réussi à placer les enjeux à leur juste mesure et que l’humain était prêt et digne pour plonger plus loin dans leur compréhension.
- Au risque de passer pour un fou, puis-je vous poser une question très simple mais complètement absurde ?

L'enjeu du chapeau dépasse ce chapitre et vient donner un sens au récit entier. J'aurai du mal à structurer mon propos, donc ce sera un commentaire linéaire, mais la première phrase résume assez bien tous les dialogues précédents ainsi que quand même beaucoup de scènes.
Ici, on peut vraiment dire que le dialogue commence enfin. J'avais déjà dû exposer comme il avait été agréable d'éviter toutes les banalités pour les intégrer à la narration et en venir plus rapidement au fait. Les quatre premières répliques vont donc surtout servir à justifier l'intervention de Bérénis, à l'annoncer, ce qui est dans l'ordre des choses.
J'ai envie de dire qu'à ce lieu du texte on se réveille, parce que le nombre de signaux disant qu'il se passe quelque chose sature presque. "Était prêt", "au risque de", "complètement absurde" entre autres. Il y a un côté véritablement enfantin, l'impression de spontané, qui certes entame la vraisemblance mais pousse à se persuader que cette fois, c'est la bonne.

- Je n’irais pas jusque-là… Mais pour être honnête avec vous, je vais aller bien au-delà…

Non, non, non, non... Cela fait quoi, quatre, cinq dialogues que les personnages ne se parlent pas, normalement c'est ma marque de fabrique, pas la tienne. La phrase ne dit rien, n'annonce rien en soi, c'est un retour au vague assez déplaisant. En fait, tu pourrais mettre cette phrase à peu près n'importe où après une question, et elle passerait.
Et c'est peut-être le grand problème des dialogues dans l'Ether. Ils n'osent rien dire. Mais soit le lecteur, lui, sait déjà, et il n'y a donc aucune curiosité derrière cette frustration, soit la phrase manque de contexte pour diriger ses attentes. Ici, en l'occurrence, comment savoir qu'il joue sur le mot de "faits" ?

Enfin...

- Monseigneur, pouvez-vous me dire ce qu’il y a au-dessus de ma tête ?
- Effectivement… C’est complètement absurde, répondit l’Empereur en l’examinant. Rien, bien sûr. Il y a strictement rien.
- En êtes-vous sûr ? Et… maintenant ?
Berenis s’était saisi du chapeau de Lizère et l’avait posé sur sa tête. Tous le regardaient perplexes.
- Et bien, il y a un chapeau… Où vous voulez en venir ?
- Si je vous disais qu’il n’y a pas que ce chapeau…
Il n’y avait aucune arrogance dans sa voix. Berenis proposait juste une sorte de jeu d’esprit. D’abord consterné par de tels propos, une lueur de curiosité remplissait maintenant le regard de l’humain. Il commençait à entrapercevoir une toute autre réponse.
- Effectivement… Je me suis trompé… Il y a l’air que nous respirons…

Je me suis rendu compte, dans ce passage, de deux problèmes.
Le premier est le dialogue. Un dialogue philosophique est logique, il travaille par propositions et va forcer des déductions à partir de ces propositions pour aboutir à des vérités nécessaires, ou au moins à des conclusions probables. Ici, l'approche est doublement différente. D'abord elle compte entièrement sur l'expérience, au lieu de l'expérience de pensée. Ensuite elle n'offre pas la rigueur de ce dialogue philosophique.
Or, assez clairement, c'est sur le dialogue philosophique qu'il faut s'axer puisque c'est une question philosophique pour le lecteur - ne serait-ce qu'adopter le point de vue des lumineux. La conséquence est qu'arrivé au point où l'Empereur admet s'être trompé (c'est possible, ça ?) le lecteur ne voit toujours pas ce qu'il y a. Cela signifie un manque d'identification à l'Empereur, ce qui n'est pas bon. Il faudrait que le lecteur puisse au moins soupçonner la réponse.
Le second problème est la longueur. Bérénis pose essentiellement trois questions. Sans le chapeau, avec le chapeau et en plus du chapeau. En termes logiques, un syllogisme est possible à partir de deux propositions. D'où soit que la troisième question ne fait que retarder la déduction, en relançant l'Empereur, soit qu'il manque une déduction intermédiaire.

En d'autres termes et c'est mon principal reproche sur ce dialogue, il consomme beaucoup de répliques pour peu de rendement : il manque de rigueur. Il y manque véritablement un raisonnement solide, tel que le lecteur puisse s'y engager.
Je pourrais encore citer la quatrième question de Bérénis, sans rien, à part pour observer deux choses. La première est que la question est aussi frustrante pour l'Empereur qu'elle ne l'est pour le lecteur. Il n'a pu encore tirer aucune conclusion de l'air et des étoiles et se retrouve déjà à devoir nier sa première déduction. Et une fois encore, le rendement est assez mauvais puisqu'il faut beaucoup de répliques pour nier Bérénis.
Tout cela rend un passage clé de l'ensemble du texte assez laborieux, alors même que la mention du Rêve d'Ether provoque une tension à elle seule. Le fait est que Bérénis ne collabore pas, que le lecteur ne comprend pas comment l'Empereur aboutit à ses conclusions de sorte qu'il y a deux inconnus qui se parlent à peine. Le reste du dialogue ne souffre pas tant de ce problème, la toute fin souffre surtout de ne mener à rien. Rapidement :

- Pour comprendre le Rêve du Géant, et bien il faut comprendre ce chapeau et comprendre ce qui nous entoure. Vous nous demandiez de quelle école nous nous prévalions ? Et bien, d’aucune pour ma part ! C’est une question profondément métaphysique. Soit vous pensez que le Rêve est partout autour de nous, soit vous pensez qu’il est en nous. En fonction de ce choix, vous comprendrez dès lors que la réponse que vous attendez différera profondément.
- Et votre hypothèse à vous?
- C’est une grande responsabilité de faire ce choix. Pour ma part, je n’ai pas choisi. Je vis avec ces deux visions. A dire vrai…

La suspension laisse entendre un troisième choix, mais cela n'a pas d'importance. Ce qui importe est que, quel que soit le choix, nous n'avons pas de réponse. Une fois encore, là où l'Empereur pourrait tirer des conclusions, le lecteur est arrêté. À la limite, là où mes personnages donnent toutes les réponses sans jamais mentionner les questions, les tiens donnent toutes les questions et oublient constamment d'y répondre.
Il faut se rappeler que pour le lecteur, tout ce qui importe est les monolithes, les personnages et éventuellement le sort réservé à Ether, sur le long terme. C'est quelque part là-dedans que se trouve le fil rouge permettant d'interpréter la nuée d'événements vécus jusqu'ici. Ce passage dit enfin qu'un fil rouge existe, mais il ne donne qu'un chapeau, et de l'air.

Je suis d'avis que je vais sauter la structure sur la soeur de Bérénis et aller voir les chapitres 11 et 12 au lieu de m'attarder, après un détour par Mira, mais pour le moment concluons.
Ce dialogue est efficace parce qu'il a une raison d'être. Il informe le lecteur sur une question qui l'intéresse directement, et même s'il ne change rien pour les personnages - au final la trame demeure la même - il donne un sens à l'histoire.
Ce qui lui manque, c'est un polissage, une mise en forme beaucoup plus... philosophique. Réduire le nombre de répliques ou motiver ces dernières, ce qui me semble difficile, mais surtout permettre au lecteur de raisonner sur les questions introduites, au lieu de subir les réponses. Et il faudra bien, avant la partie dix-sept, se décider à donner au moins un indice de réponse.
Est-ce que ce chapitre n'est pas à sa place ? Normalement on introduit le fil rouge beaucoup plus tôt, et pour être franc il y a bon nombre de chapitres qui auraient besoin de cette information pour éviter de s'ennuyer. En général, tous ceux qui ne font que dialoguer. Mais au final c'est assez à sa place, il n'y aurait pas la même excitation à enfin avoir un semblant de lien s'il arrivait plus tôt.

Voilà voilà...

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il y a 12 ans 1 mois #18306 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Rêve d'Ether (le): Chapitre 10 - Les Courants Contraires

non, non, non... Cela fait quoi, quatre, cinq dialogues que les personnages ne se parlent pas, normalement c'est ma marque de fabrique, pas la tienne. La phrase ne dit rien, n'annonce rien en soi, c'est un retour au vague assez déplaisant. En fait, tu pourrais mettre cette phrase à peu près n'importe où après une question, et elle passerait

Ton regard aiguisé a l’art de débusquer les phrases creuses. Effectivement, mises en valeur, sorties de leur contexte, c’est bien terne et ça ne veut pas dire grand-chose.
Pour ce qui est du dialogue, je défendrais certaines interventions de Berenis qui me semblent nécessaire pour le situer. Il doit s’adresser à un Empereur et c’est la première fois qu’il vit une telle expérience. Je ressens une sorte de besoin qu’il prenne sa respiration avant de se lancer. Et cette respiration me semblait nécessaire pour le lecteur qui va être un peu bousculé sur la suite, parce que tout va devenir un peu abstrait.

Or, assez clairement, c'est sur le dialogue philosophique qu'il faut s'axer puisque c'est une question philosophique pour le lecteur - ne serait-ce qu'adopter le point de vue des lumineux. La conséquence est qu'arrivé au point où l'Empereur admet s'être trompé (c'est possible, ça ?) le lecteur ne voit toujours pas ce qu'il y a. Cela signifie un manque d'identification à l'Empereur, ce qui n'est pas bon. Il faudrait que le lecteur puisse au moins soupçonner la réponse.


Il y a effectivement un questionnement philosophique, et même plutôt métaphysique que philosophique, mais je ne voulais pas de quelque chose d’austère car il y a un amusement dans Berenis à exposer son raisonnement. C’est une sorte de démonstration par l’absurde. Qui dit beaucoup de chose et qui au final ne dit rien.
Mais tu pointes effectivement un problème. Le chapitre adopte un point de focal sur l’elfe alors que le dialogue demande que le lecteur change de point de focal pour se mettre à la place de l’empereur. Ce qui n’est pas assez travaillé. Pour moi, ce sont les phrases que tu voudrais supprimer qui amorce ce basculement. C’est pourquoi je les ressens nécessaires. Mais elles ne jouent effectivement pas assez fortement sur le lecteur.

Le second problème est la longueur. Bérénis pose essentiellement trois questions. Sans le chapeau, avec le chapeau et en plus du chapeau. En termes logiques, un syllogisme est possible à partir de deux propositions. D'où soit que la troisième question ne fait que retarder la déduction, en relançant l'Empereur, soit qu'il manque une déduction intermédiaire.

Je comprends ton exigence de rigueur, mais cette scène n’est pas un essai philosophique pour autant. C’est à la fois profond mais également très superficiel. Il y a effectivement matière entre la 2eme et 3eme question de permettre un peu plus d’interactivité avec le lecteur. Mais je ne vois pas ça comme un dialogue philosophique mais plutôt comme une sorte de jeu du chat et de la souris.

La suspension laisse entendre un troisième choix, mais cela n'a pas d'importance. Ce qui importe est que, quel que soit le choix, nous n'avons pas de réponse. Une fois encore, là où l'Empereur pourrait tirer des conclusions, le lecteur est arrêté. À la limite, là où mes personnages donnent toutes les réponses sans jamais mentionner les questions, les tiens donnent toutes les questions et oublient constamment d'y répondre.

L’idée serait plutôt de laisser du temps au lecteur pour commencer à faire son choix. C’est intéressant parce que tu es sur la même problématique qui te dérangeait dans le Chant des Pierres, lorsque je te disais que je faisais la distinction entre un phénomène et l’interprétation qu’en ont les personnages à travers leurs sens. Ou quand, au niveau de mon style, j’énonce un fait dans une phrase et que je reformule différemment juste après en montrant une interprétation qu’a le personnage.

Effectivement, je ne donne pas de réponses. Ou plutôt je ne tranche pas sur la réponse. Pour moi, c’est bien une façon de montrer une distance entre ce que vis ou pense mes personnages et ce que doit penser le lecteur. Je n’ai pas à le lui imposer. Parce contre, il est important qu’il sente que le texte traduit une subjectivité et non une vérité. La vérité, c’est ce que lui trouvera ou ce qu’il resentira.
Ce qui importe dans ce chapitre n’est pas ci, mais après. C’est que dans la scène suivante où Berenis vit une expérience avec le rêve, que le lecteur la partage lui aussi. Qu’il sente qu’il se passe quelque chose dans sa tête au fur et à mesure qu’il lit la scène. Que ce que Berenis ressent à ce moment provoque un peu le même basculement pour le lecteur, comme un petit vertige.
Tu dis qu’il y a un mauvais rapport entre la longueur du dialogue et l’efficacité de ses phrases. Bien que ce ne soit pas calculé, elles sont aussi là pour replacer le lecteur dans la tête de Berenis. Donc j’ai effectivement ce problème de changement de focal que je n’avais pas vu qui est inconfortable pour le lecteur. Mais je veux que les mots de Berenis emportent le lecteur sur ce petit vertige qui lui fait entrapercevoir le rêve.

C’est très abstrait et j’ignore si ça fonctionne. Mais le moment crucial du texte est juste là, le dialogue et le chapeau ne sont que des accessoires, des outils pour y parvenir le moins austèrement possible. J’aimerais que le lecteur ressente véritablement la brèche de mon récit à ce moment précis. C’est d’ailleurs le point d’équilibre entre les courants contraires qui donnent le titre au chapitre. La dernière partie emporte les protagonistes dans une autre histoire qu’ils ne maîtrisent plus alors qu’ils étaient sur le point de vivre quelque chose d’essentiel.

Est-ce que ce chapitre n'est pas à sa place ? Normalement on introduit le fil rouge beaucoup plus tôt, et pour être franc il y a bon nombre de chapitres qui auraient besoin de cette information pour éviter de s'ennuyer. En général, tous ceux qui ne font que dialoguer. Mais au final c'est assez à sa place, il n'y aurait pas la même excitation à enfin avoir un semblant de lien s'il arrivait plus tôt.


Encore une fois, la trame que j’ai maintenant dans la tête n’est plus celle que vous lisez. Ce chapitre clôture maintenant ma première partie en tant que chapitre 7 . La seconde partie introduit Petit Louis, Aynariel et Milfred ainsi que le Comte/Aurélia et se clôture avec le chapitre 11 (qui est scindé en deux en reprenant le petit chapitre du Comte de votre partie 1). Elle inclut des chapitre que je n’ai pas encore mis.

Mais tu abordes des réflexions passionantes. Vraiment ça m'aide beaucoup.

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il y a 12 ans 1 mois #18307 par Vuld Edone
Je ne peux que revenir rapidement là-dessus mais pour essayer de brosser une réponse, oui.

Je reconnais qu'effectivement, à ce point précis du texte, le lecteur devient enfin actif. Là où il observait - là où j'observais - passivement les événements, me sentant aussi concerné qu'une feuille d'automne, j'ai enfin trouvé une accroche.
Mais le jeu du chat et de la souris ne fonctionnent pas. Tu parles de focale, et ce peut être cela, mais je parlerais surtout d'attentes, de tension.
En commençant par dire que cette subjectivité ne fonctionne pas. Je ne demanderais rien de mieux que de forcer le lecteur à réfléchir, et quoique je désespère un peu d'y arriver je n'ai pas totalement abandonné cette idée. Mais une fois encore, comme pour le renard au harnais, il y a le contrat de lecture. Si tu ne donnes pas un repère au lecteur, il n'a aucun moyen de juger ce qui est objectif et ce qui est subjectif. Toute ton histoire est subjective par définition.

À partir de là, je n'ai véritablement aucune réponse. Normalement je donnerais des conseils un peu plus détaillés pour améliorer le passage, telle phrase, telle reformulation, mais ici il y a beaucoup d'implications à considérer.
Par exemple l'Empereur, qui n'agit pas assez comme un Empereur. Il y a cet archétype face auquel cet Empereur semble plutôt un professeur un peu ennuyé en fin de séminaire. Par exemple cette règle "du pouce" qui veut qu'un dirigeant ne puisse montrer aucune faiblesse.
Il y a aussi de donner l'enjeu dès le départ, qu'il s'agira du Rêve d'Ether. Et véritablement le chapeau peut devenir cet élément objectif à partir duquel interpréter, mais il faut le construire ainsi - et avertir le joueur qu'on va jouer au chat et à la souris.
Et il y a bien sûr les sauts logiques opérés par l'Empereur qui, au contraire, obligeraient à dérouler le dialogue sur bien plus de lignes qu'il n'y en a déjà. Et donc, force à revoir l'ensemble de la structure pour accélérer le raisonnement. En somme, Bérénis n'a pas le luxe de jouer.

J'irais d'ailleurs, en y pensant, après avoir piétiné des jours sur cette scène, à un point expéditif que tu n'envisagerais jamais. Bérénis, s'élevant devant tous, exposerait soudain et brutalement le Rêve d'Ether, en une ou deux répliques et d'une telle manière que l'audience - et le lecteur - ne comprennent pas et le lui font savoir.
Alors Bérénis pose une question, et pose le chapeau de Lizière sur la tête. Et là, après un paragraphe d'attente, un second paragraphe suit, toujours de silence, où l'Empereur se met à comprendre.
Quant à la question, ce serait probablement "qu'y a-t-il, au-dessus de ma tête, que vous ne voyez pas". Mais là nous quittons la logique de ton texte pour la mienne. En tous les cas j'accélèrerais le traitement par le lecteur pour éviter toute fatigue - sachant que chez moi le facteur de fatigue est de toute manière déjà saturant, je ne peux pas me permettre d'en rajouter.

Donc des deux pistes à explorer, entre renforcer la personnalité de l'Empereur - et par là travailler la focalisation - ou renforcer la rigueur des répliques, je privilégierais toujours la seconde. Ne serait-ce que parce que je privilégierai toujours le logos sur le pathos, dans une argumentation.
Et pour moi tout texte est une argumentation.

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il y a 12 ans 1 mois #18309 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Rêve d'Ether (le): Chapitre 10 - Les Courants Contraires
Le pacte de lecture m'est assez étranger. Quand Berenis commence sa phrase par "Je crois ceci" ou "je crois cela", nous ne sommes pas dans une énonciation de fait ou d'objectivité. C'est bien une opinion relative. Certes, elle éclaire le lecteur comme la vérité même. Elle l'aide à voir le texte et le Rêve différamment.
Mais quand il dit qu'il ne peut choisir entre les deux visions ou qu'il croit au deux, cela peut certes ôter l'impact de sa démonstration ou le besoin du lecteur de trancher lui aussi (c'est effectivement gênant, peut-être que je le changerais), mais je n'ôte pas la liberté du lecteur. Je ne mens pas. Qand quelqu'un se pend, c'est un fait. Mais trouver le pourquoi, on est dans la pure métaphysique, on peut tout imaginer, et c'est d'ailleurs ce que fait Berenis.

Un lecteur qui a un peu de recul, un peu cultivé, peut effectivement voir que tout le raisonnement autour du chapeau peut s'appliquer à plein de choses. C'est Descartes qui pense le monde avec "je pense donc je suis", c'est Kant qui parle de la "chose en soi", c'est l'homme qui voit le soleil tourner autour de la terre. Et finalement, toute cette démonstration peut être vu comme un peu vaine. Et c'est ce que renforce l'absence de réponse tranchée de Berenis.
Mais ce qui importe encore une fois, c'est que tout ceci débouche sur le vertige, on ne comprend finalement pas grand chose, mais on se dit qu'il y a eu un déclic, qu'on a vu un peu de lumière comme Bérénis, peu importe ce que c'est. D'ailleurs, tout ce que je raconte à ce moment là n'a rien de rationnel, pourtant j'ai l'impression qu'il se passe quelque chose, comme si ça l'était. Tout l'inverse du chapeau. Mais sans le chapeau, il n'y aurait sans doute pas de résultat car le lecteur ne serait pas dans le bon état d'esprit. Après cette sorte de jeu du chat et de la souris, j'ai l'impression qu'il est justement prêt à tout accepter, comme s'il saturait. S'il y a jeu, c'est un peu pour ça. Ce n'est pas un jeu méchant. Disons que le lecteur devient complice dans l'histoire. Et c'est cette idée qui me plait plus que tout et que j'aimerais voir fonctionner.

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