file Rêve d'Ether (le)- Chap 14- Raison contre Folie (partie1)

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il y a 11 ans 4 mois - il y a 11 ans 4 mois #18469 par Zarathoustra
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Volà un texte sur un registre sur lequel je ne suis pas forcément à l'aise, celui du suspense et de l'action. Ce texte (et encore plus sa suite) a fait l'objet de plusieurs versions que je vous avais déjà proposées. Donc j'ai plein de questions à son sujet.

Ma première satisfaction est d'avoir réussi à bâtir une séquence aussi longue, là où j'aurais eu tendance à faire deux ou trois paragraphes. Donc je me suis efforcé de me demander comment je vivrais moi-même cette scène pour trouver les impressions et les détails. Maintenant, ,'est-ce pas trop long du coup?

Je souhaite qu'on se sente immerger dans la forêt avec Petit Louis, et si possible qu'on partage ses craintes et son excitation. Pour ce qui est de la perception du danger, je ne sais pas si j'ai réussi, mais cette séquence doit aussi permettre de mettre en valeur l'affrontement suivant qui en découle. Ce serait bien qu'on le sente vraiment...

Maintenant, j'ai l'impression que mon style est parfois un peu haché, comme si je n'avais pas réussi à trouver la voix pour raconter... Et je sais que j'ai tendance à me disperser sur des questions qui tendent à affaiblir la tension. Pour moi, cela renforce l'immersion dans le personnage mais j'ignore si c'est pertinent.

Enfin, j'aimerais connaître votre sentiment sur le duel et sur votre perception de l'elfe. L'action pourrait sans doute encore dynamiser, mais je ne vois pas comment. Mais déjà, visualisez-vous bien la scène? L'elfe vous parait-elle crédible en tant qu'adversaire? Un peu fascinante? Et quelle impression vous laisse sa mort?
Et bien sûr, dîtes-moi comment vous sentez Petit Louis dans tout ça? Est-il rédible et partagez-vous un peu ses émotions, ou tout du moins, le personnage gagne-t-il un peu d'épaisseur?

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il y a 11 ans 4 mois - il y a 11 ans 4 mois #18475 par Vuld Edone

Les frondaisons des arbres laissaient peu de place_ au-dessus de la tête des éclaireurs pour découvrir le calme ballet des nuages clairsemés

J'ai cru que la phrase finissait à "au-dessus de la tête." Je reconnais bien là les phrases d'accroche et c'est même un problème pour toute la phrase : "laissaient peu de place" ? Il doit y avoir plus pertinent comme relation à établir entre les feuillages et les hommes.
"Les frondaisons formaient un toit sous lequel les têtes des éclaireurs mimaient à leur tour le ballet des nuages clairsemés" et là un autre problème, la première partie de la phrase vise à plonger le spectateur dans la forêt alors que "nuages clairsemés" le ramène littéralement la tête dans les nuages,
"Les frondaisons formaient un toit sous lequel les têtes des éclaireurs se mêlaient aux ballet des ombres de la forêt..."
Ce qui est encore une autre remarque, "calme" et "clairsemé" fait quand même beaucoup pour caractériser des nuages déjà décrits comme un "ballet", tu en fais trop, et même impression pour "frondaisons des arbres" et "tête des éclaireurs", là encore inutile de spécifier autant. J'ai mis "frondaisons" tout court, et je n'ai conservé "tête" que pour le son avec "toit", une transition sans laquelle "éclaireurs" suffirait amplement.

(...) échangeait par geste les signes qu’ils arrachaient à la forêt qui les entourait.

Deux subordonnées de suite ? D'autant que la première, "qu'ils arrachaient..." sert pour le lecteur à développer "signes" alors qu'au final ça spécifie "éclaireurs" et la seconde subordonnée spécifie "forêt" alors que le sujet de la phrase est toujours... mh les éclaireurs. Je crois.
"... échangeait par geste des signes arrachés à la forêt, étouffés par elle."
Mais là tu tombes dans la confusion de mes textes et il faut vraiment le vouloir pour conserver "étouffés par elle", sinon tu perds ton lecteur plus qu'autre chose. Là, sauf si tu as une bonne raison... je conseille de couper.

Plus généralement le texte devrait commencer à "De leur investigation dépendait..." en plaçant simplement le mot "éclaireurs" quelque part après, par exemple "et, maintenant, les éclaireurs voyaient devant eux..." puisque la "nuée moutonneuse et verte" est bien plus immersive que quelques généralités de forêt lambda - admettons-le.

Petit Louis piaffait déjà de reprendre son travail.

Cette phrase courte se justifierait après une longue description pour relancer l'action, recentrer l'attention du lecteur, mais il y a déjà une phrase courte avant, dès lors on a l'impression d'une hachure. Il faudrait pouvoir la continuer, par exemple "alors que les autres se persuadaient que..."

Lui s’était montré plus sceptique, ce choix lui paraissait...

Sans éliminer l'explication du pourquoi du scepticisme du Petit Louis (ouf...) il faudrait le tourner autrement. Ici tu es en train de faire un exposé devant une classe, alors qu'on veut suivre des éclaireurs. Le ton n'est pas le bon (forme-fond, tout ça).
"Lui s'était montré plus sceptique, trop évident, trop près de la route - la grande route qui coupait la forêt en deux" et là je pastiche un peu Petch mais l'idée est d'éviter la périphrase "ce choix lui paraissait" c'est bon, ce qui suit "sceptique" va de toute manière le déterminer, tu as là une occasion de dynamiser le texte.

Quelques lieues plus loin...

...
...
Ah non mais non mais... non ! Je dis non, ces transitions je les accepte chez un fanficer mais pas de toi ! Un simple "ils descendaient et quelques lieues plus loin" serait déjà mieux, conserve la focalisation que diantre. Tu as introduit tes éclaireurs, ne les lâche plus.

... comme devait être composée une armée elfes noirs.

Bon c'est le moment où je regrette de faire un commentaire linéaire, à mesure de ma lecture. "Ne le dis pas, montre-le". Tu as vraiment trop tendance à présenter tes informations comme le ferait un professeur face à une classe.

... qu’il identifia immédiatement comme étant un petit dialogue dans une langue étrangère.

Élimine "un petit dialogue dans" et regarde si le résultat te convient. Là encore, je pense que tu peux dynamiser le texte. Biffe ce qui ne sert pas ton projet.

Il préféra s’arrêter un instant pour se calmer. Il avait peur de toutes les histoires qui ne cessaient...

Non non non, il te faut mentir au lecteur ! Ne lui dis surtout pas que tu es en train de faire une digression qui le coupe totalement de l'action, fais-lui croire qu'on est encore en plein dedans.
Donc pas de signal du type "il avait peur de", plutôt un "pour se calmer, la peur pour le retenir, toutes ces histoires qui ne cessaient" et là le lecteur est encore à ses côtés derrière mettons une souche d'arbre. Le "il avait peur" crée une abstraction, on discute presque dans l'absolu, à nouveau, effet professeur.

Il y avait là pour lui un paradoxe.

Une phrase qu'il faut conserver, sinon ce ne serait plus ton style, mais qui à nouveau crée la distance là où le reste de ta digression peut encore s'intégrer à sa situation présente.
En général pour faire avaler ça au lecteur on met deux mots, le premier "paradoxe" complètement détaché du contexte et un autre, mettons "doute" qui permette de faire le pont. "Il sentait là un doute, un paradoxe." Et paf, ça a fait des chocapics.

Les deux voix s’éloignèrent.

Je suis partisan du "les deux voix s'éloignaient", tant que ce n'est pas accompli la tension demeure partielle et si rien n'est dit le lecteur déduit par défaut que c'est achevé.
Mais bon, ça c'est mon style.

La Nature lui donnait les clés de sa mission sur un plateau.

J'espère qu'on est dans la tête du personnage ici - ce qui contraste avec tes efforts pour rester distant jusqu'alors. L'idée semble vraiment tomber du ciel, et naïve. Ici peut-être qu'un simple "c'était la Nature qui lui donnait les clés..." suffirait, prouvant du reste que cette structure n'est pas équivalente.

Qu’un grand danger ne soit pas loin lui paraissait soudain abstrait.

Phrase en début de paragraphe, nouvelle négociation de la focalisation avec le lecteur, le premier mot qu'il lit est "danger". Son raisonnement est donc, il va y avoir un danger et le lecteur se met en alerte. La phrase le déçoit et je sais que tu aimes frustrer ton lecteur mais c'est toi qui vois, là ça va surtout faire sentir au lecteur que l'action traîne en longueur.
Il suffit de renverser la phrase, "Tout lui (ap)paraissait abstrait, l'ennemi, le danger" pour maintenir la focalisation sans trop de heurts.

Il voyait autour de lui les rayons de soleil percés les feuilles en traits à en devenir opaque au milieu de la douce pénombre des chênes.

Après que le Petit Louis ait sifflé, description un peu difficile. Bon, "percer" mais ce n'est pas le problème, le problème est que ce verbe peut être intransitif et qu'à moins de faire une structure où "feuilles" est également sujet d'une phrase imbriquée, type "les rayons de soleil percer ces feuilles en traits dans la douce pénombre rendaient opaques les chênes" mais je ne pense pas que tu aies prévu de suicider ton texte, donc le problème est que le lecteur ne sait plus à quel niveau il en est.
Il faut arrêter à "percer", ou à "en traits" mais à partir de "à en devenir opaque" le lecteur devrait décrocher et passer dessus.

Sous des branchages amoncelés, des tentes avaient été disposées de manière à profiter au maximum du camouflage naturel des arbres...

Je me répète mais ici tu expliques. Tu peux dire la même chose, quasiment avec les mêmes mots, mais en montrant.
"Sous des branchages amoncelés formant un camouflage naturel étaient disposées des tentes..."
En général quand tu as besoin de mots supplémentaires de type "de manière à", méfie-toi, tu en fais peut-être trop, vois si tu peux le formuler plus directement.

Une onde agita la broussaille sur un bon mètre. Il frissonna.

L'idée des phrases courtes est bonne mais tu en abuses. Ici l'onde agite les broussailles, on s'attendrait à ce que les phrases s'agitent également, quitte à un simple "le faisant frissonner".
La phrase mime ce que tu racontes, et je sens que c'est sur ça qu'on passera le plus clair de la discussion.

Des bruits de flèches commencèrent à siffler dans l’air.

Il y a effectivement un effet de haché, de saccade pour essayer de rendre l'action, qui est surtout dû à une certaine monotonie de ce procédé. Il faut que tu décides où laisser la phrase s'allonger, où la resserrer, et faire correspondre les mots à ces durées. Mais bref.
Ici, "bruits" est redondant avec "siffler". Dis simplement "Des flèches sifflèrent dans l'air" et tu auras bien mieux retranscrit leur présence. Sinon, effet pistolet, ne nomme pas les flèches, "des sifflements commencèrent à emplir l'air" mais tu vas droit dans le mur avec ça.

Et pourtant, elle ne semblait toujours pas avoir peur, elle souriait plus encore face à cette proie maintenant si facile.

Mh tu as beau faire, cela semble artificiel. Jusqu'à présent tout va plus ou moins bien mais on a du mal à craindre cette elfine ou à se soucier d'elle. Tu dis qu'elle ne semble pas avoir peur comme un simple constat, au lieu de le faire ressentir.
"Elle refusait d'avoir peur", "elle ne comprenait pas la peur" ou tout simplement le sourire peut parasiter ton effet. Je ne sais pas exactement et c'est peut-être un point à développer, que cette elfine finalement peu expressive.
Tu es trop technique.

Puis elle se dégagea en roulant à terre.

Remarque personnelle, à ce stade je n'y crois plus du tout à ce combat. Ca me rappelle plus les barres de vie interminables de certains jeux vidéo qu'autre chose.
En fait l'impression est celle de l'arbitraire, c'est toi qui décides quand le combat s'achève, pas les événements. Par exemple, pour le lecteur, une fois qu'on a retiré le couteau ça devrait être fini. Là moi j'en suis à "mais bon sang on va en tuer cinquante encore, s'il faut une minute pour chacune on n'a pas fini..."
C'est très, très difficile de faire durer un combat.

... il était raisonnable de penser que le combat serait gagné d’avance. Mais la nature psychopathe et les légendes qui couraient à leur sujet incitaient à la prudence.

On se décide, s'il vous plait. Là tu dis tout en même temps, donne le ton une fois pour toutes, confiance aveugle ou prudence, ou travaille la nuance mais ici c'est le beurre et l'argent du beurre.
Pour la nuance tu peux tenter quelque chose comme "ignorer les légendes dans leurs coeurs" ou autres poncifs, ou à l'inverse "modérer les nombres par le légendes" pour favoriser le côté prudence. Ne jette juste pas les deux côte-à-côte, un "mais" n'est pas une simple contradiction.

__________________________________________________________

Mh.
Comme dit, le combat traîne en longueur, là où tout le pistage - qui est vraiment dans tes cordes - ne pose pas problème et où souvent tes errances dans les pensées et motivations des personnages s'intègrent bien à la situation, le combat a du mal à se construire.
C'est déjà le cas avec le massacre où tu te concentres plus sur les détails techniques, bruits et autres, que sur le ressenti qu'ils produisent. Les flèches sifflent, puis se taisent, et autres figures habituelles.
Ce l'est encore plus quand Petit Louis fait face et que ce combat en vitesse d'Odyssée de l'Espace commence. En soi il n'y a aucun problème, on peut lire aisément, l'action est claire et on arrive au bout sans être déçu. Mais l'elfine demeure anecdotique, le combat également et ça aura juste duré pour durer.

Il faut motiver les actions du combat, et le meilleur exemple vient des dialogues. "Tu n'as pas saisi ta chance" tombe de nulle part, aucune n'a dit ça à un autre éclaireur, tu n'as pas dit au lecteur pourquoi elle prend son temps.
Au moment où il tire le poncif veut qu'elle charge et que le combat s'engage vraiment - et un tel combat dure en général deux à trois secondes - or là ils s'arrêtent et se font face de nouveau. On n'a pas un effet "Terminator" où elle serait implacable, et tu ne mets jamais en scène qu'elle jouerait avec le Petit Louis.
Mais c'est surtout, comme l'indiquent mes réactions, lorsqu'il arrache le couteau que ça tourne au grand n'importe quoi. J'ai connu des Ulxorr de niveau vingt-deux qui acceptaient de mourir plus vite que ça.

Donc avec le séquençage actuel du combat, en conservant tout ce que tu y a mis... c'est impossible. Le combat ne peut être que mauvais. Je pense qu'il faut conserver les dialogues et les motiver à travers les actions des combattants.
La solution la plus facile est de décrire les gestes et le visage du Petit Louis comme ceux d'un enfant, au moins pouvant être perçus comme tel - en lien avec les bugnes, cela expliquerait que la furie veuille jouer avec lui. Quant à elle, dans l'idée du jeu, il faut mettre en avant la malice, les yeux d'écureuil, etc...
Il y a aussi moyen de rallonger le combat, justement quand il a planté le couteau, le combat devrait finir, elle le laisse en place, et c'est à cet instant que l'effet est le plus fort : tu as justifié que le combat continue, et dans la foulée tu as parfaitement caractérisé ton personnage. C'est même à ce moment qu'elle devrait donner sa première réplique.

Il y a donc une question de séquençage, et pour le reste cette impression que ta gestion du combat est encore trop technique, pas assez "émotive". Un combat n'est qu'une succession d'excuses à émotions, laisse les rôlistes expliquer comment ils font six touches F4 et parle de la peur, de la rage, de la défiance, que sais-je...
Chaque geste d'un combat ne sert donc qu'à exprimer l'émotion - vraisemblance à part - donc dans chaque geste retranscris ce que ressentent tes personnages, et moins les signaux sont contradictoires plus ils sont forts, plus le combat sera immersif.
Ajoute-y un peu de manipulation des phrases pour les rendre dynamiques, pour exprimer la fluidité de l'action - et non ce hachage un peu monocorde - et la scène peut devenir très prenante.

Une dernière note enfin, Petit Louis n'est qu'un personnage "secondaire" ou en tout cas l'histoire le présente comme tel, un parmi d'autres et même pas un guerrier. Je veux bien que... mais en face de lui il n'y a également qu'une furie lambda.
Tu ne peux pas te permettre un combat des champions pour eux. Comme dit il y a moyen de faire durer un combat, mais ça se compte en secondes.

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il y a 11 ans 4 mois #18476 par Zarathoustra

J'espère qu'on est dans la tête du personnage ici - ce qui contraste avec tes efforts pour rester distant jusqu'alors. L'idée semble vraiment tomber du ciel, et naïve. Ici peut-être qu'un simple "c'était la Nature qui lui donnait les clés..." suffirait, prouvant du reste que cette structure n'est pas équivalente.

Bon, pour moi, j'avais la volonté d'être immersif tout le temps, mais visiblement j'utilise pas les bons outils...

Ah non mais non mais... non ! Je dis non, ces transitions je les accepte chez un fanficer mais pas de toi ! Un simple "ils descendaient et quelques lieues plus loin" serait déjà mieux, conserve la focalisation que diantre. Tu as introduit tes éclaireurs, ne les lâche plus.

C'est le problème, je n'ai aucune idée de comment on écrit une fanfiction et j'aborde des scènes où j'ai très peu de réferences littéraires. Donc je délivre des clichés sans les voir, forcément.

Chaque geste d'un combat ne sert donc qu'à exprimer l'émotion - vraisemblance à part - donc dans chaque geste retranscris ce que ressentent tes personnages, et moins les signaux sont contradictoires plus ils sont forts, plus le combat sera immersif.

Je ne suis pas d'accord (sans être un expert). Je viens de sorter de Skyfall, le dernier James Bond (excellent au demeurant, dans les tout meilleurs, en dessous de Casino Royale quand même). Et j'ai repensé à mon texte et ce que tu m'as dit en le regardant. L'action, c'est un langage à part (que je n'ai pas), il y a une vraie gratuité. Et il faut justement que les quelques secondes durent beaucoup plus longtemps. La scène d'entrée est très représentative. Il y a une scène au-dessus d'un train. Elle doit durer 1/4 d'heure, mais dans les faits, elle doit durer 5 mn.
Donc je crois vraiment que la longueur du combat n'est pas le problème, c'est, comme tu l'as relevé, des problème de style, d'enjeu mal posé, de séquençage. Donc, non, pas d'émotions. Mais plus immersif, oui.

Il faut aussi que je trouve sans doute des procédés plus narratif dans ce duel. Par exemple, qu'ils se battent pour une arme à terre. Ou ce genre d'idées. Je veux rester sur un registre peu spectaculaire. Que le combat soit vraiment sur un combat à l'ancienne, si on reprend l'analogie avec James Bond, une bagarre plus façon BonS B&aisers de Russie que Skyfall (et encore Skyfall revendique dans sa séquence final un retour à la vieille méthode).

Ajoute-y un peu de manipulation des phrases pour les rendre dynamiques, pour exprimer la fluidité de l'action - et non ce hachage un peu monocorde - et la scène peut devenir très prenante.

Tu m'as donné de bons exemples que je n'arrivais pas à envisager.

Globalement, je me rends compte que je mets trop de "sentais" et "semblait" ou de "paraissait". Je veux être précis mais ça ne sert à rien, ça crée cette distance entre le lecteur et le personnage. Je le force à le regarder aulieu de lui faire partager. Bref, je pensais que ça rendait mon texte immersif mais ça produit finalemnt l'inverse.
Bon, il faut que je trouve un enjeu plus fort sur ce combat. C'est pour moi l'occasion de montrer de valoriser l'affrontement qui va suivre et de donner un peu d'action à mon récit, mais ça ne rend pas le duel réellement nécessaire pour l'histoire pour autant. Peut-être en commençant par la fin, par la scène de prière? Mais ça ôterait le "suspense" de 'lissu du duel.

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il y a 11 ans 4 mois - il y a 11 ans 4 mois #18477 par Vuld Edone
Je suppose que tu as raison, dire que le combat se réduit à des émotions est justement réducteur, mais il faut aussi se rendre compte que le texte n'a pas de belles images pour permettre cette gratuité.
Je laisserai ensuite le cinéaste Krycek me taper dessus, en attendant si tu veux sentir la différence, essaie d'écrire la scène du train de Skyfall.
Il y a d'ailleurs une certaine tendance dans les films d'actions - pas forcément récents, d'ailleurs - à rendre les combats froids et sans émotion, à l'inverse du type "shonen" - dirons-nous - où la logique a depuis longtemps déposé les armes et où tout se décide à coups de passions.

Maintenant, imagine que je commence un texte au beau milieu d'un combat, je dis "il y a ce type en armure noir et ce rat armé d'une lance" et je vais passer six à dix paragraphes à simplement décrire leurs gestes, aussi violents soient-ils, aussi nombreux les retournements puissent-ils être, sans jamais dire ni ce qu'ils ressentent - à part des poncifs type douleur ou rage - ni ce qui les motive.
Je suis allé personnellement plus loin et j'avais écrit à l'époque deux fics' entières quasi' entièrement constituées de combats, l'histoire dans un arrière-plan d'horizon, des pages entières de lutte. Un bon entraînement, mais aussi un bon assommoir. C'était vraiment taper pour taper, avec chorégraphies assez impressionnantes et du renouvellement sans cesse, mais au bout d'un moment juste "non".

Donc d'expérience je pense qu'un combat n'est motivé que par les émotions des combattants, leurs motivations, qui donneront toute son intensité à l'action.
Et je ne citerai pas la chanson de Roland mais voilà...

EDIT: J'oubliais, "partie 1" supprime. Ton texte est long, ne le cachons pas, et l'idée d'un chapitre en plusieurs parties peut en décourager plus d'un. Déjà qu'Imperator trime à l'épisode quatre, il va avoir une crise cardiaque...
Quitte à faire un chapitre supplémentaire, fais un chapitre plutôt que plusieurs parties.

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il y a 11 ans 4 mois - il y a 11 ans 4 mois #18478 par Zarathoustra
On va voir si j'ai bien compris. J'ai modifié tout le début, l'approche de Petit Louis. Objectif: simplifier, être plus immersif. Beaucoup de petites modifs, mais qui effectivement finisent à rendre le style et le récit plus direct. Du coup, on dirait presqu'il y a du suspense! ;) Je suppose qu'on peut aller plus loin, mais il faudrait trop chamboulé les choses. La première phrase ne me plait cependant pas trop...



Après une longue et lente progression, les premiers éclaireurs de l’œil de Dieu atteignirent leur objectif, la crête qui surplombait les vastes étendues de la Forêt de Jonde. Elles continuaient de recouvrir ses flancs et s’étalaient sur plusieurs lieux tout autour d’eux, comme un socle opaque et étouffant sur le monde terrestre. Derrière eux, la grande route de Locelane découpait péniblement en deux cette immense forêt, comme une rivière exsangue. Enfin, le ciel que depuis deux jours ils devinaient parfois au-dessus de leur tête s’offrait à leurs yeux, avec son soleil au zénith, dont les rayons faisaient scintiller à perte de vue le tapi vert.

Le spectacle avait quelque chose d’apaisant. Les sombres frondaisons mouvantes des arbres laissaient brutalement place au calme ballet des nuages clairsemés, dans cet azur illuminé. Leurs rétines savouraient presque cette luminosité avant de replonger dans l’épaisse forêt de chênes parfois millénaires. Un léger vent leur apporta une note de fraîcheur délicieuse, fit frissonner une nouvelle fois l’onde immense de feuillage et libérer une chant comme en apnée de bruissement emmielé et de craquement sourd.

De leur investigation dépendait le succès d’Œil de Dieu et presque tous avaient été persuadés qu’ils auraient trouvé le camp elfes noirs ici, derrière cette longue pente, car la crête offrait des postes de guet idéaux. Plus sceptique, Petit Louis avait trouvé ce choix trop évident et puis bien trop près de la grande route. A leur place, il se serait mis beaucoup plus bas, justement là, autour des rochers qu’on devinait plus au sud. Maintenant, il leur fallait retrouver de nouveaux repères pour mieux orienter leurs recherches, mais devant eux ils ne voyaient que cette nuée moutonneuse et verte dans laquelle ils allaient replonger. Seuls ces deux massifs à la roche grise accrochaient le regard par leurs notes claires. Petit Louis, lui, piaffait déjà de reprendre son travail.


Alors chacun avança à nouveau dans un périmètre prédéfini, dans un strict silence où seuls des signes de mains s’échangeaient pour transmettre les quelques signes de présence qu’ils arrachaient à la forêt. Après une heure de progression, les premières traces de pas et de nombreuses empreintes de chevaux confirmèrent les intuitions de Petit Louis. Il redoubla d’attention. "Et surtout, toujours garder le contact, donner l’alerte aux moindres signes suspects". Quelque chose dans l’air changeait. Il sentait comme une tension. Puis, sur sa droite, un bruit infime, comme un léger chuchotement. Sur sa gauche, à nouveau, quelque chose dialoguait. Il ne comprenait pas les mots. Immédiatement, tout autre son autour de lui s’évanouit de sa tête pour déchiffrer seules ces voix. Des voix féminines. Sans doute trois. A leur intonation, elles plaisantaient, mais dans une langue étrangère. Il se coucha sur les feuilles mortes, puis s’avança, pas à pas, évitant toute branche suspecte, profitant du moindre couvert. A dix mètres de lui, il devinait maintenant les silhouettes. Il préféra s’arrêter un instant pour se calmer. Toutes les histoires qui ne cessaient de hanter son enfance sur les exactions de ces elfes noirs émergeaient maintenant malgré lui. Son pouls continuait d’accélérer. Jamais il n’avait approché d’un tel danger. Maintenant que l’excitation de pister disparaissait, il réalisait seulement qu’il avait devant lui des ennemies qui ignoraient la pitié, qui se délecteraient de le faire souffrir, à lui arracher les ongles ou les dents, à lui brûler les membres. "Ou pire", se dit-il. Et surtout, il ne comprenait pas comment un peuple qui pouvait vénérer la forêt pouvait également dissimuler une telle cruauté. Un paradoxe qu’il découvrait pour la première fois. La Nature pouvait être elle aussi impitoyable, mais jamais elle ne sévissait gratuitement. Du moins, c’est ce qu’il pensait. Son cœur battait maintenant la chamade. D’un geste nerveux, il essuya une goutte de sueur qui lui chatouillait la tempe. Deux voix s’éloignaient progressivement. Il observa leur direction mais elle ne coïncidait pas avec celle qu’il suivait jusqu’à présent.

Puis, à nouveau cette peur redevint excitation. Une branche cassée par ci, une feuille retournée par-là, des empreintes disposées selon une logique cachée, tous ces indices normalement invisibles qu’il extrayait du monde végétal s’exprimaient dans un langage de signes silencieux et imprévisibles, comme le tumulte des vagues de l’océan et dessinaient comme une esquisse dont lui seul voyait le tableau final. Il jubilait. Il sentait même une ivresse l’envahir. Cette Nature qu’il adorait lui donnait les clés de sa mission sur un plateau. Toute son enfance avait été bercée par le chuchotement du vent dans les branches, par le mystère des ombres fluides dans la nuit, par la joie de capturer un lapin dans un collet. Ces plaisirs simples avaient fini par l’initier aux secrets les mieux gardés de la forêt. Il pouvait décrypter la moindre empreinte, le moindre sifflement. Là où tout autre entendait bruit confus et cris, il découvrait des dialogues amoureux, des avertissements, des signes aussi clairs que les ordres de ses supérieurs. Deux mondes qui formaient une seule réalité et lui se mouvaient librement dans chacun. Alors il plongea plus encore dans cette nature pour se fondre en elle. Et là, il se sentait lui-même, dans son élément, loin de la discipline qu’on lui imposait, loin des rituels religieux et stériles auxquels il se pliait plus ou moins. Il ne faisait plus qu’un avec la forêt, telle une ombre végétale dont la conscience aurait imprégné tout l’espace et le temps pour se fondre en une pure sensation.

Ce danger si proche lui parut soudain abstrait. Il était grisé par son instinct de chasseur. En l’espace de quelques secondes, les elfes noirs qu’il pistait ne furent qu’un gibier comme les autres. Comme tel, il devait s’infiltrer au plus près de lui sans être vu. Voir et ne pas être vu, la pierre angulaire de tout. Il rampa encore sur quelques mètres. Près d’un tronc, plusieurs herbes hésitaient encore à se redresser comme si un pied les avait fraîchement écrasées. Pourtant la forêt refusait encore de dévoiler son secret. Un dernier écran de fougères obstruait sa vue, et derrière, il était certain de toucher au but.

Effectivement, à une vingtaine de pas, une elfe, faisait le guet, à la beauté sauvage et troublante d’un torrent, frémissante et vénéneuse, comme la vipère noire des marais. Difficile d’imaginer qu’une créature si parfaitement constituée pour l’amour dissimulât un tel puits sans fin de noirceur et de cruauté. Difficile d’imaginer qu’un simple bustier de cuir et un pagne orangé fussent un uniforme de soldat. Arrivé à son but, il n’avait plus qu’à prévenir ses compagnons. Ses yeux fouillèrent autour de lui pour trouver leur présence, mais à force de suivre ses propres pistes, il s’était coupé d’eux. Au lieu de dialoguer par gestes, il se résigna à émettre un premier sifflement d’oiseaux. Le même cri lui fit échos plus à l’ouest. Immédiatement la vigile se redressa, en alerte. Il baissa la tête tout contre le sol et resta immobile le temps que son attention baisse.

Autour de lui, les rayons de soleil perçaient les feuilles comme des flèches au milieu de la douce pénombre des chênes. Leurs branches dominaient de leur hauteur majestueuse quelques pins aux épines foncées. Un ruisseau ne passait pas très loin et apportait un clapotis rafraîchissant à la chaleur moite de la forêt. Pourtant, ce campement ne devait pas être loin. A une dizaine de mètres, son œil fut attiré par une trouée lumineuse au milieu des feuillages. Alors, dans ce paysage qu’il aimait tant, derrière les derniers écrans d’arbres, il vit d’autres furies qui s’approchèrent de la sentinelle. Et toute une autre réalité se dévoilait. Dans cette clairière, sous des branchages amoncelés, des tentes tiraient au maximum du camouflage naturel des arbres disposés comme un mur ovale tout autour. Et les plus solides branches des chênes qui surplombaient l’ensemble abritaient régulièrement des guetteuses. Lui aussi devenait une proie, sans s’en rendre compte, il était entré dans la gueule du loup bien avant. A nouveau, il entendit un rire puis une voix sèche les faire taire.

Le plus calmement possible, il se retira de sa position, contourna l’ennemi et se glissa dans un buisson en rampant, puis dans un autre jusqu’à l’emplacement du camp. Elles étaient là, semblables à celle qu’il avait déjà vue. Elles devaient être une cinquantaine - et il doubla ce chiffre dans sa tête- presque nues et avec un regard fascinant rempli de détermination et d’indifférence, mais avec ce sourire hautain et ironique qui lui glaça le sang. Sa vie passée dans les bois ne l’avait pas préparé à lutter contre les étranges pulsions, qui grandissaient en lui, stimulées par l’excitation du danger. Seulement toutes les elfes qu’il apercevait avaient les traits tirés, plusieurs baillaient régulièrement, comme si on venait de les arracher de leur sommeil. Il percevait maintenant comme un relâchement généralisé qui expliquait certainement l’échec des guetteuses postées dans les arbres. Par prudence, il amorça son retrait.

A chaque pas, il examinait le sol et anticipait les couverts pour couper la vue de la guetteuse la plus proche. Une fois hors de portée, il se redressa légèrement pour accélérer le pas. Une branche craqua légèrement sur sa gauche. Il frémit. "Est-ce moi qui l’ait provoqué ?" Quelque chose se déplaçait, tout proche, il en était sûr. A trois pas devant, un tronc pouvait lui servir de couvert. Il s’arrêta ; les pas sur sa gauche également. Inconsciemment, il avait coupé sa respiration. Il filtra chaque bruit pour retrouver confirmation d’une présence. "Se cacher, vite. Ou? Là, derrière le nid de ronces!" Un orme majestueux lui servirait d'ultime couvert, en plus des épines. En progressant, une ronce s’agrippa bêtement malgré lui à son pied et agita la broussaille, comme une onde, sur un bon mètre. Il frissonna, tous ses sens aux aguets. Partout autour de lui toujours régnait ce silence pesant comme l'oragge. Alors il se précipita pour se dissimuler mieux encore, jusqu’à se blottir contre les immenses racines de l’orme. Les ronces griffèrent à plusieurs reprises sa joue. Un vent léger rafraîchit ses tempes ruisselantes de sueur et fit vibrer chaque feuille, chaque brin d’herbe, comme le souffle de la respiration qu’il retenait. D’autres bruits encore plus étouffés lui parvinrent, plus près. On s’approchait discrètement, avec la même vitesse et la même agilité que lui, ou plus précisément à la manière du lynx à l’affût de sa proie. Et il n’avait plus de possibilité de fuir. Il sortit une flèche de son carcan, prêt à la décocher aux premiers signes.

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il y a 11 ans 4 mois #18479 par Vuld Edone
Rapidement parce que j'ai mes propres textes à écrire ce soir.

... comme une rivière exsangue. Enfin, le ciel que...

Deux "comme", non, "... grande route de Locelane en forêt exsangue découpait cette immense forêt", et je continuerais à couper et à charcuter la phrase mais l'idée est là, évite le "comme", évite le "enfin", ça rend la vie du lecteur confortable certes mais ça fait aussi "plan en trois points", essaie d'être beaucoup plus direct.

quelque chose d’apaisant. Les sombres frondaisons mouvantes des arbres laissaient brutalement...

Je sais qu'après c'est apaisant mais là "sombres" "mouvantes" et "brutalement" hem... "Aux sombres frondaisons des arbres suivait le ballet calme des nuages" et là une fois encore, moins d'adjectifs, tu satures.

... parfois millénaires.

"Parfois", oui d'accord c'est pour la vraisemblance mais quand même, on met "millénaires" et on se comprend.

... dans un périmètre prédéfini, dans un strict silence...

Le problème n'est pas un double "dans", au contraire ça permet la transition, le problème est "périmètre indéfini" qui est trop technique, qui ne sert aucun rôle, alors que "strict silence" maintient l'ambiance.

Immédiatement, tout autre son autour de lui s’évanouit de sa tête pour déchiffrer seules ces voix.

Jusqu'à présent ça fonctionne mais cette phrase pose problème, "tout autre son" est difficile à lire et "déchiffrer seules" le "seules" n'a pas encore d'objet, du coup son nombre et son genre sortent de nulle part.
Tu devrais reformuler.

Beaucoup de virgules, aussi. Bienvenue au club.

Une branche cassée par ci, une feuille retournée par-là...

Nous sommes dans une ambiance de chasse, l'excitation, le danger tout ça, "par-ci par-là" n'est pas vraiment dans le ton.

... comme le tumulte des vagues de l’océan et dessinaient comme une esquisse dont lui seul voyait le tableau final.

Chose amusante, ici les deux "comme" emboîtés ne posent pas problème. En tout cas pas pour moi.

Ce danger si proche lui parut soudain abstrait. Il était grisé par son instinct de chasseur.

La seconde phrase me déçoit. On a une forme de gradation depuis trois paragraphes, "alors", "à nouveau", soudain" donc je m'attends à ce que cette seconde phrase soit... autre chose que la répétition du paragraphe précédent. Peut-être le verbe au passif qui la rend justement trop... passive.

Effectivement, à une vingtaine de pas, une elfe, faisait le guet, à la beauté sauvage et troublante d’un torrent, frémissante et vénéneuse, comme la vipère noire des marais.

On passe sur le "comme" parce que ça fait quand même beaucoup de comparaisons en si peu de paragraphes, c'est surtout le nombre de virgules. J'en mets autant dans mes textes ?

Autour de lui, les rayons de soleil perçaient les feuilles comme des flèches au milieu de la douce pénombre des chênes.

Je préférais la version "en traits", plus subtil. Cette phrase exactement, avec "en traits" au lieu de "comme des flèches" et ça épargnerait une énième comparaison.

Un ruisseau ne passait pas très loin...

"ne" pose problème mais surtout "pas très loin" ne veut rien dire et casse l'ambiance. "Un ruisseau proche apportait..." ou "Au loin passait un ruisseau..." bref

Dans cette clairière, sous des branchages amoncelés, des tentes tiraient au maximum du camouflage naturel des arbres disposés comme un mur ovale tout autour.

Il doit manquer le mot "profit" et je pense que "tirer profit" serait encore une expression inappropriée à cette situation, "des tentes se plongeaient dans le camouflage naturel des arbres..." sans essayer de forcer la perfection. On s'est déjà rendu compte qu'on ne s'était pas rendu compte de leur présence avant, c'est une démonstration suffisante.

Pour l'essentiel, ça fonctionne mieux, mes remarques sont du reste plus superficielles et j'ai passé des paragraphes entiers où il n'y avait rien à dire en soi. Notamment il te suffit de comparer les passages que j'avais cités la première fois, que tu as changés et sur lesquels je ne reviens pas.
Mais tu glisses encore, ici et là, dans la facilité, expressions déplacées, comparaisons explicites, etc... et c'est le plus gros problème de cette nouvelle version, autrement quoi l'immersion passe.

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il y a 11 ans 4 mois #18481 par Mr. Petch
Je commente ta reprise et non le texte original, que Feurnard a déjà suffisamment commenté, et avec brio :

Après une longue et lente progression, les premiers éclaireurs de l’œil de Dieu atteignirent leur objectif, la crête qui surplombait les vastes étendues de la Forêt de Jonde. Elles continuaient de recouvrir ses flancs et s’étalaient sur plusieurs lieux tout autour d’eux, comme un socle opaque et étouffant sur le monde terrestre. Derrière eux, la grande route de Locelane découpait péniblement en deux cette immense forêt, comme une rivière exsangue. Enfin, le ciel que depuis deux jours ils devinaient parfois au-dessus de leur tête s’offrait à leurs yeux, avec son soleil au zénith, dont les rayons faisaient scintiller à perte de vue le tapi vert.


Ce paragraphe d'introduction est agréable à lire, et la description riche. Je vois trois éléments qui pourraient le rendre encore meilleur :
- Feurnard l'a déjà dit, mais le découpage est trois points fait un peu scolaire, surtout du au "enfin" de la dernière phrase
- je tique un peu sur certaines expressions "clichés" comme "s'offrait à leurs yeux", ou encore "à perte de vue". Le vocabulaire pourrait être un peu plus riche ; mais encore ce n'est pas très grave.
- il pourrait y avoir plus de cohérence à la lecture si tu gardais le même point de vue, i.e. le même sujet pour chacune des phrases. Entre la première et la seconde, j'ai eu du mal à faire la transition entre une première phrase dont le sujet est "les éclaireurs", et la seconde où le sujet est "les vastes étendues". Il faut faire un choix : soit d'un point de vue "indéfini", soit d'un point de vue "humain".

Puis, à nouveau cette peur redevint excitation. Une branche cassée par ci, une feuille retournée par-là, des empreintes disposées selon une logique cachée, tous ces indices normalement invisibles qu’il extrayait du monde végétal s’exprimaient dans un langage de signes silencieux et imprévisibles, comme le tumulte des vagues de l’océan et dessinaient comme une esquisse dont lui seul voyait le tableau final. Il jubilait. Il sentait même une ivresse l’envahir.


Ici, je saisis l'idée : tu veux nous faire rentrer dans la tête de Petit Louis, et montrer que ce qui est d'abord de la peur se transforme et le ramène à son art de chasseur. Je pense qu'il n'aurait pas été de trop d'insister sur les déductions que tu esquisses avec "une branche cassée par ci, une feuille retournée par là". En fait il faut que tu fasses un choix : soit on est hors de la tête de Petit Louis, et ses déductions nous sont effectivement hermétiques, comme le suggère le laconique "des empreintes disposées selon une logique cachée", soit on est effectivement dans son crâne, et c'est une occasion en or pour montrer au lecteur l'art de la déduction du héros. Cela crédibiliserait ce passage qui se veut une métamorphose de "la peur en excitation". Une fois encore, tu décris une action (les signes invisbles sont lus par Petit Louis) au lieu de nous la montrer, de nous montrer un effort intellectuel en action.
Et je dois dire que l'analogie avec les vagues, je n'ai pas saisi du tout...

Alors il se précipita pour se dissimuler mieux encore, jusqu’à se blottir contre les immenses racines de l’orme. Les ronces griffèrent à plusieurs reprises sa joue. Un vent léger rafraîchit ses tempes ruisselantes de sueur et fit vibrer chaque feuille, chaque brin d’herbe, comme le souffle de la respiration qu’il retenait.


Il faut que tu essayes de trouver une cohérence dans certaines de tes images. Dans ce passage, par exemple, il y a une contradiction entre la douceur (les racines de l'ormes dans lesquelles on se blottit, le vent qui rafraîchit) et la couleur (les griffures des ronces). L'image d'un refuge agréable aurait pu fonctionner s'il n'y avait pas eu les ronces... Je ne sais pas si ce contraste était volontaire de ta part, mais si l'idée de départ est bonne, j'ai bloqué sur ce passage.

**

Mis à part ces quelques points, l'immersion fonctionne mieux, et surtout on sent que tu as vraiment travaillé pour dire quelque chose sur Petit Louis, pas seulement pour décrire ses actions. L'ensemble est plus subtil, moins explicite.

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il y a 11 ans 4 mois - il y a 11 ans 4 mois #18484 par Zarathoustra
Cette version a été corrigée très rapidement. Donc c'est effectivement de couper/coller par ci, des insertions par là. Il y a donc à la fois eu beaucoup et peu de remaniment. C'est bien pourquoi je me suis arrêté là et que je n'ai pas retouché le combat de l'elfe qui nécessiterait d'être entièrement retravaillé.

En fait il faut que tu fasses un choix : soit on est hors de la tête de Petit Louis, et ses déductions nous sont effectivement hermétiques, comme le suggère le laconique "des empreintes disposées selon une logique cachée", soit on est effectivement dans son crâne, et c'est une occasion en or pour montrer au lecteur l'art de la déduction du héros. Cela crédibiliserait ce passage qui se veut une métamorphose de "la peur en excitation".

C'est effectivement un scène où on peut glisser un morceau de bravoure. ;) Je n'en suis pas là, je veux d'abord aller le plus loin de mon histoire en faisant des chapitres les plus crédibles qui soit. Pour ce qui est du style, oui, dans ce récit, il y a déjà beaucoup de passages à revoir... Malheureusment...

Une fois encore, tu décris une action (les signes invisbles sont lus par Petit Louis) au lieu de nous la montrer, de nous montrer un effort intellectuel en action.

C'est que pour moi Petit Louis est tout sauf quelqu'un qui itellectualise. Au contraire, c'est un être intuitif et instinctif. Sa pensée ne se formule pas, il la vit au travers de sensations. Il comprend beaucoup de choses sans pouvoir les expliquer. Là où certains sont capables d'expliquer le pourquoi du comment, lui le comprend avec la même profondeur mais à travers son intuitio et son instinct, comme peut le faire un animal.
Donc ce qui est vrai, c'est que je n'ai pas assez creusé son fonctionnement (ou trouvé comment faire). Et je ne veux pas littéralement l'expliquer d'autant que c'est déjà dit dans les chapitres où je le présente. Malheureusement, ils sont loin dans la tête du lecteur et je l'ai montré beaucoup passif sur ses dernières interventions.

Et je dois dire que l'analogie avec les vagues, je n'ai pas saisi du tout...

Pour ce qui est des "vagues", pour moi, Petit Louis "plonge" dans la nature. La forêt est une sorte de mer. Au début j'ai mis "comme un chant en apnée" pour la même raison. C'est certainement une idée qui meriterait d'être plus creusée.

Il faut que tu essayes de trouver une cohérence dans certaines de tes images. Dans ce passage, par exemple, il y a une contradiction entre la douceur (les racines de l'ormes dans lesquelles on se blottit, le vent qui rafraîchit) et la couleur (les griffures des ronces). L'image d'un refuge agréable aurait pu fonctionner s'il n'y avait pas eu les ronces... Je ne sais pas si ce contraste était volontaire de ta part, mais si l'idée de départ est bonne, j'ai bloqué sur ce passage.

Je ne vois pas pourquoi la nature devrait être logique. Au contraire, la nature est ambivalente dans cette scène tout comme elle le serra dans la scène de bataille. Tout comme elle l'est dans le Chant des Pierres (qui fait partie en fait du Rêve d'Etther). Parfois, dans ce récit, c'est les hommes qui cherchent un sens où il n'y en a pas. Un orage arrive et ils imaginent que c'est un signe. Mais tout ça, c'est dans leur tête. La nature vit à son rythme, indpénedamment de la logique humaine ou des symboles qu'on peut lui rattacher.
Donc ce qui te dérange est en partie volontaire.Il faut faire un effort pour s'enfoncer dans cette nature, comme lorsqu'on s'enfonce dans l'océan. Mais ça mérite d'être plus développé. Ces idées sont esquissées parce que je ne voulais pas distraire le lecteur et que je veux écrire un chapitre "rythmé". Et que ce rythme narratif s'accélère. Ce chapitre comporte la première véritable scène d'action. J'aimerais que le lecteur sache qu'il peut y en avoir dans le récit. Par contre, la violence est déjà apparue plusieurs fois.

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