Guardian Crøss I ~ Croix 0 (1/2)
- BlackTales
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- Mr. Petch
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Bon, je commence avec une impression générale : le style est bon, mais je n'ai pas accroché plus que ça à l'histoire.
Je détaille.
Concernant le style, c'est certain que c'est ce sur quoi vous travaillez le plus, et le mieux. Il y a une vraie recherche de vocabulaire, il y a la recherche d'un rythme de lecture qui donne un vrai "souffle" au texte. Par exemple ce paragraphe :
J’échappe à ce cauchemar, en sueur, les yeux grands ouverts. Ma poitrine se soulève sous les battements de mon cœur, même si je mets un temps à véritablement m’en rendre compte. Je dois poser une main tremblante sur mon thorax pour me rassurer : je suis en vie ! Il cogne derrière ma cage thoracique pour tenter de fuir ses propres mauvais rêves. En effet, ce que je viens de traverser me hante encore trop pour dire que j’en sors indemne. J’inspire et j’expire. Mon pouls perd son rythme effréné, mon souffle s’affermit avec le temps. Néanmoins, une partie de mes organes subissent encore les effets de ces songes : à peine je tente de me lever que mon ventre se vide entièrement sur le sol difficile à percevoir avec le voile flou devant ma face. Mes jambes semblent toutes ankylosées et refusent de quitter mon abri, sans doute à cause de mon cauchemar. Une crainte nouvelle émerge : Et si mon rêve influait sur la réalité ? Pouvais-je mourir sous les coups de ma propre imagination ? Devrais-je arrêter de rêver et donc de dormir pour rester en vie ? Mais les doutes quant à une vie sans fermer l’œil abdiquent face à la fatigue qui se veut envoûtante. Enfin, je m’apaise.
... donne l'impression d'avoir été rythmé de façon presque savante : des phrases de plus en plus longues au départ, puis on suit le rythme de la respiration du personnage au gré de la longueur des phrases. Et enfin viennent les interrogatives qui ouvrent le paragraphe, puis la phrase finale qui le clôt définitivement.
Il y a même parfois des essais de syntaxe tordue qui ont l'avantage de ne pas être trop présents et d'être, en général motivés.
Cet aspect du style, je l'ai bien apprécié, parce qu'on sent que ce ne sont pas des mots jetés au hasard, mais qu'il y a une vraie cohérence. On ne retrouve pas un défaut courant des textes amateur qui est l'hétérogénéité des styles, avec changement de registre de langue ou faiblesse sémantique.
Bref... J'en viens à ce que j'ai moins aimé maintenant.
Un premier conseil que je donnerais est de quand même surveiller l'abondance des métaphores. Tout dépend du lecteur, mais par moment, ça peut sembler lourd et, surtout, inutile.
Par exemple ici :
Une constellation de larmes sanglantes gravitent autour de moi, dans un ballet aux relents sanguins. Je regarde la danse évoluer et je perds mes repères face à mes innombrables reflets pourpres. Je m’abandonne à mes faiblesses qui me sont renvoyées sous forme de kaléidoscope et je gis au sol, face à une force qui émane des objets flottants et me dépasse.
On a, dans le même paragraphe, une métaphore de l'espace (constellation), de la danse (ballet/danse), et une comparaison optique (kaleidoscope). C'est un peu beaucoup. Il aurait été plus judicieux de s'en tenir à un type de métaphore et faire en sorte qu'elle fasse sens pour l'histoire. Ici par exemple, à ma lecture, la métaphore spatiale fait plutôt sens (elle renforce l'aspect cosmique de l'ensemble), mais les deux autres moins. Même si c'est tentant, pour renforcer la poésie du texte, de multiplier ces figures de style, il faut se méfier.
Un autre aspect : dans certains cas, paradoxalement au vu du début, le descriptif prend le pas. Ici notamment :
Je ne sais pas combien de temps j’ai proféré des menaces, insulté, maugréé et juré, mais je n’obtiens qu’une seule et unique réponse : un silence froid et implacable. Je frappe du poing dans ma prison aux ténèbres polies, belle cage cristalline, tentant d’évacuer l’impuissance qui coule dans mes veines. Je pleure, encore et toujours. Sur mes poings fermés, mes veines s’ouvrent et en jaillissent de longues racines sanguinolentes qui vont s’enfoncer dans le sol. Les doigts rouges charrient dans leur chute une cascade de larmes, mes dernières forces, mes derniers espoirs... mais me laissent toutes mes faiblesses et rien qu’elles.
Je vois rouge. Pas à cause du sang ; à cause de ces faiblesses enfuis enfouies en moi.
Je me redresse sur mes deux jambes. J’inspire de l’air alentour et mes poumons se gonflent comme si la peur m’empêcher de respirer jusque-là.
Dans une rage nouvelle, je rugis à pleins poumons :
— T’as peur de moi, ou quoi ? Saleté de monstre ! Viens te battre si t’es un vrai démon !
Mon cœur s’accélère et frappe contre ma poitrine, animé d’une colère grisante qui me permet de rester droit sur mes appuis. J’exulte et me tords de rire, complètement fou.
— Je me moque de qui tu es ! Reste bien caché, car si je t’attrape, tu ne feras pas long feu, face au grand, que dis-je, à l’immense Zero ! ENFOIRÉ !
Ces derniers mots expulsent toute ma haine pour mon agresseur. Je suis heureux, j’ai vaincu, je souris. Ou du moins, je fais mine de me réjouir : À travers mes moqueries j’abats en réalité ma dernière carte. Au fond de moi j’espère que ça le fera sortir de sa cache, sinon je suis perdu, à jamais.
Puis je frissonne.
Dans cette suite, mis à part les dialogues, les phrases sont très descriptives : le narrateur se contente de décrire ce qui lui arrive, avec parfois quelques effets de style qui sont proches du lieu commun littéraire ("à plein poumons", "faire mine", "exulter"). Du coup, ce passage me semble plus faible et, surtout, plus ennuyeux à la lecture. Le narrateur fait vaguement quelques contorsions dont on peine à saisir le sens. C'est un peu dommage au vu de la richesse de ton style, qui est beaucoup mieux exploité au début.
J'ai l'impression ici que le fait que tu veuilles revenir au dialogue t'oblige à garder une narration "terre à terre".
Voilà pour le style. Un dernier conseil : tu fais le choix d'employer un style grandiloquent, qui tend vers le poétique, et avec peu voire pas de second degré. Pourquoi pas, mais attention : c'est un style difficile à tenir sur la durée et qui peut vite devenir très lourd à la lecture s'il n'est pas tempéré par une variété de vocabulaire et par une cohérence des effets de style.
L'histoire maintenant.
Je t'avouerais (je dis "tu" pour le pluriel "vous" parce que c'est plus facile) que c'est là-dessus que j'ai moins accroché. Et c'est assez significatif : le style permet d'amplifier et de rendre intéressant une histoire qui, fondamentalement, pourrait se résumer de façon ironique : "Le héros a un cauchemar. Il combat contre un monstre, le vainct, puis apprend qu'il est l'élu et va probablement sauver le monde."
Bien entendu, ce n'est que le prologue. Mais, si je mets à part l'intérêt du style, ce prologue ne m'a pas forcément donné envie de lire la suite. Il n'est pas assez "intriguant" pour un prologue, il ressemble plus à un exercice de style.
Comme ça je dirais que la raison principale est que ton univers est à la fois peu présenté dans le prologue, si bien qu'on comprend mal qui est le personnage, quelles sont ses motivations, etc., et en même temps il apparaît comme un cliché d'heroïc-fantasy (le dragon, le héros, l'élu, le concert cosmique), ce qui ne contribue pas à vouloir en savoir plus.
Je ne peux pas présumer de la suite, et peut-être as-tu prévu de présenter le monde et d'apporter un peu d'originalité dans les chapitres suivants, auquel cas c'est parfait. Mais à ce stade, l'histoire m'est apparue comme peu stimulante.
Et pourtant, il y a un passage où tu aurais pu la rendre stimulante, c'est quand il se réveille :
Une crainte nouvelle émerge : Et si mon rêve influait sur la réalité ? Pouvais-je mourir sous les coups de ma propre imagination ? Devrais-je arrêter de rêver et donc de dormir pour rester en vie ? Mais les doutes quant à une vie sans fermer l’œil abdiquent face à la fatigue qui se veut envoûtante. Enfin, je m’apaise.
La question "et si mon rêve influait sur la réalité ?" semble contenir une idée intéressante (certes un peu stéréotypée elle aussi) qui n'est pas du tout exploitée par la suite où on revient au monde-cliché du rêve. Les rapports rêve/éveil auraient pu constituer une motivation pour l'intrigue, et peut-être mieux présenter les enjeux du texte à venir.
Voilà pour mon avis.
C'est un bon début sur les Chroniques... Bon courage pour la suite !
Mr Petch
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- Imperator
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Okay, strictement rien compris. Trop de termes, trop de noms. Ceci étant, c'est probablement le but, donc sans problème .L’enfant a été enlevé. L’Eden, par les ténèbres, happé. Cette Nuit-là, Dragon l’a éloigné, loin de la lumière d’Hélios. Dorloté par l’Eden et endurci par l’Enfer, il est le fruit des Ténèbres et de la Lumière. Ni-ange, ni-démon. Mais tel le néant, il n’est personne dans ce monde.
Le zéro absolu.
Mmmmh... drôle de virgule, mais un pur détail.Tout brûle autour de moi, et devient cendres.
Huh... pas sûr de comprendre.Mon monde s’écroule mes sens.
Un rien redondant, mais au moins je comprends.Elle m’envahit, me domine et fait entièrement partie de moi. Nous formons un tout, une seule entité autrefois incomplète.
Il me faut un effort énorme pour savoir à quoi ou à qui le "celle-ci" fait référence. "La joie" je suppose (plus j'y pense, plus ça doit être ça). Mais je suis perdu.Celle-ci se trouve là :
...
Quelque part, je m'apprêtais à dire que ton introduction ressemble à un "fever dream", l'un de ces rêves que l'on fait lorsque l'on agonise au fond du lit avec une fièvre de cheval. Du coup, vu qu'il s'agissait d'un cauchemar, c'est cohérent.J’échappe à ce cauchemar, en sueur,
Ceci étant, je me permets de questionner la pertinence d'employer quelque chose d'aussi déroutant comme introduction de l'histoire. Ou alors il faut bien être conscient que tu cibles un public qui adore les choses compliquées, métaphoriques ou surréalistes.
J'avoue être preneur du "je veux savoir où je suis, ce qu'il se passe et l'enjeu de l'histoire dès le début" (un peu comme Mea le met en avant dans sa revue de Monkey Island: Monkey island , précisément à 5 minutes 52).
Bref, je vais lire le reste de l'histoire dès que j'aurais du temps, mais je voulais rapidement partager mon ressenti sur le départ.
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