Iggy [Décembre 2004]
- Zarathoustra
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Un texte très intéressant car il explore beaucoup de choses, suscite des réflexions et tente plein de pistes. Du coup, il me fait réagir sur plein de trucs, j'espère avoir le temps de tout taper.
L'univers
Petit à petit, Iggy campe son décor, glisse des éléments de background de texte en texte. Procéder ainsi est très intéressant car ça n'a rien de scolaire, les choses viennent au fur et à mesure et forme peu à peu un tout cohérent.
Ajoutons à cela, la grande facilité d'iggy pour rendre visuel et vivant le monde qui gravite autour de ses personnages. Les descriptions ne sont pas traitées de manière isolée mais sont pour ainsi dire fondu dans le récit et l'action. Ceci contribue à donner du rythme au scène, tout en faisant resortir leur aspect visuel.
Peu à peu, tu glisses les divinités, des mutants, les élus... On sent que tout ça a un sens pour toi et que c'est sans doute ce qui va dominer l'histoire de Jones par la suite
Le Scénario
Il est bati sur une très habile astuce, assez drôle en soit, livré en pature dès le début, un peu comme la Lettre Volé de Poe.
Ensuite la structure du récit est original, à tiroir, et s'attarde sur différents personnages dans ce grand tout qui forme ce récit. On a d'un côté l'histoire fil rouge de Jones qui enquête sur un assassinat , puis une histoire centrale autour d'une attaque de banque, les deux semblent liés mais pas sûr. Il est aussi inétressant de voir comment sème des pistes en posant des questions au début. Il n'y répondra d'ailleurs pas directement, c'est au lecteur de faire le travail. Encore un bon point.
Ensuite, le récit se construit autour de quelques scènes, parfois sans lien apparent mais qui capte néanmoins l'attention, comme si le talent d'Iggy était justement de nous faire oublier la logique de tout ça. Je critiquerais juste au passage la scène du bouge. C'est un maillon faible à double titre:
1- C'est une scène cliché en soit. Dans un JDR, ou même dans les grands classiques du genre aventure (Indiana Jones, Star War etc.), il y a toujours une scène dans un de ces lieux. Bon, tu aurais pu l'éviter, d'autant que cette scène n'est pas justifié par le récit. C'est plus une facilité que je qualifierais de paresseuse pour retomber sur tes pattes. On ne sait pas pourquoi Jones est là, ni qui sont ces victimes. C'est donc à la fois la forces et la faiblesse du passage.
2- La carte de visite. Bon, là, c'est plus que de la paresse, même James Bond ne fonctionne plus avec de si grosses ficelles lol: ).
De tout ça, je déduis, que malgré quelques très astucieuses idées au niveau de l'intrigue, là n'est pas le véritable intérêt d'i Iggy, me trompai-je? D'où la suite de mon analyse. Tiens au passage, à moins que je ne me trompe, je n'ai pas trouvé l'éléments de réponse concernant l'assassina sur lequel Jones enquête. c'est marrant car tout ça m'a fait pensé au Grand Sommeil, dans sa construction et sa désinvolture a vouloir tout expliquer logiquement.
D'abord, je vois un intérêt assez marquant pour camper tes perso.
Il en existe une dizaine, et tous ont leur propre personnalité, des plus secondaires (le glouton, la caporal) aux perso principaux (Jones, Jezabel bien sûr).
Les Peronnages
Je dirais que c'est là l'un des points les plus difficiles et comme tu prends des risques à les définir, je dirais aussi que tu t'exposes à te tromper. Je veux dire qu'il y a effectivement là des perso fouillés, mais je trouve parfois que la sauce ne prend pas toujours, disons, que j'y vois quelques grumeau. Prenons les principaux:
Malevitch: il est un peu trop proche du héros de type 007. Surtout avec la fin ("Tiens je vous attendais", costard et cadre luxueux etc.). Il devient sans trop que ce soit préparé carrément omniscient, en l'ayant aperçu une ou deux fois, il a tout compris de Jones, même ses affres psychologiques, mais il ne se doute pas une seconde qu'il va le tuer... Puis, il devient un peu hysterique à la fin, comme le sont les méchant 007. Bref, au départ, on a un perso "normal", puis on a un méchant un peu trop caricatural. Disons que ton intention était peut-être de 'utiliser pour mettre en valeur certains côtés deton héros, mais du coup tu as trop alourdit le méchant.
Jezabel
Un personnage complexe (on y reviendra sur le dernier point que je voulais développer). Et puis, il y a cette magnifique idée, une felle diamant. Il y a en elle un habile mélange de force "masculine" (elle est militaire, donne des ordres) et de féminité (on la sent sensible, pour ne pas dire fragile et vulnérable). J'avoue que j'ai trouvé le mélange des deux pas très crédible, ou alors elle dévoile trop vite ses faiblesses pour être crédible en tant que lieutenant. J'ai du mal à croire que ses subalternes ne l'ont pas texté davantage pour la cerner très fragile. Surtout dans l'armée, une femme qui donne des ordres, c'est pas forcément facile. Ici, tu as voulu la rendre trop féminine vu le contexte. Elle fait finalement héroine idéale, tempérament de feu dans l'action et fragile comme le vers côté coeur. Un militaire doit avoir le coeur mieux accroché que ça.
Ce n'est donc pas le côté féminin qui me gène mais ta volonté de l'avoir rendu autoritaire et péremptoire. Il aurait été finalement plus intéressant de montrer qu'elle n'arrivait pas à "dominer" ses soldats. Cela créait une brèche et une réflexion intéressante sur les rapports entre hommes et femmes.
Amphitryon Jones:
Quel nom, quand même! Je dois avouer que je trouve que tu forces un peu le trait à son sujet. On a un peu l'impression d'avoir James Bond ou Indiana Jones. Il a un côté "intouchable", trop fort. D'ailleurs, on a l'impression qu'il est tout le temps sur une scène de théatre, qu'il surjoue son rôle. Dans un film, j'aurais dit que l'acteur cabotine.
Derrière cette façade un peu lisse, il y a heureusement un zone d'ombre, qui le rend plus vulnérable. Un sorte de réisgnation mélancolique dans tout ce qu'il fait (là, il rejoint la tradition des privés de Chandler et autres). D'ailleurs, tu emploies à trois reprises pour le qualifier les termes de "las", "lassitude" (fais gaffe! ). Ca lui confère un côté romantique.
La fin m'a surpris car en fait, avant le développement que tu fais sur lui avec Malevitch, je me disais justement qu'on ne le sentais pas vivre, on ne sentais pas ses émotions, ça revient à ce que je disais avant, qu'il faisait trop acteur, tu le fais agir, tu lui donne un voile mélancolique mais il n'existait pas vraiment. Et là, soit tu l'as toi aussi senti, soit tu l'as fait volontairement, tu explique justement ce point. Pour moi, le final est donc soit un aveu d'impuissance d'Iggy dans sa volonté de faire vivre son perso tel qu'il l'avait développé au début, soit tu as tout développé pour arriver là, auquel cas c'est un coup de maître. Cela dit même dans le premier cas, l'idée est finalement brillante pour lui donner la profondeur qui lui faisait défaut.
Les Fausses Pistes
Comme c'est maintenant régulièrement le cas avec les textes d'Iggy, le récit est brouillé de partout, notamment avec la notion de mal et de bien. Il n'y a pas de vrai manichéisme dans son monde.
Tout d'abord, tout le récit doit être un clin d'oeuil aux X-Men, je suppose: le nom des "méchants", les mutants etc.
On a l'impression que les méchants sont bons notamment par rapport à la cause qu'ils semblent défendre (le peuple semblent les apprécier) et d'un autre côté, le peuple, justement, rejette les bons (les militaires "mutants" notamment).
Bien sûr, il y aussi le discours sur la tolérance (un poil convenu quand même).
Au fait, pendant qu'on y est: Malevitch, on avait "mal", mais Jezabel, ça ressemble beaucoup à "Jezebel"? Encore une vraie/fausse piste pour la suite?
Donc avec tout ça, je dirais un texte très riches, même si tout me semble pas complètement maitrisé. Mais xc'est justement parce qu'Iggy expérimente beaucoup de choses qu'il prend des risques. Donc on ne peut que l'encourager dans cette voie!
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- Gulix
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- Messages : 1531
Donc, the Southern Trees, d'Iggy
Pour commencer, je me mets en mode chieur, et je demande : d'où viens le titre ? Juste pour savoir, comme ça....
Le texte, maintenant. Je trouve que la forme scénaristique employée est très dynamique, et bienvenue dans ce texte. Alterner les points de vue des différents protagonistes permet de voir les choses différemment, et j'aime bien !
Après, contrairement au dernier Amphytrion (je sais plus le titre), j'ai plutôt apprécié le héros, et je l'ai trouvé bien plus cohérent que le dernière fois (voir ma critique, je vais pas me répéter). Par contre, comme l'a souligné Zara, le coup de la carte m'a semblé un peu grossier. Tout comme les sentiments un poil trop rapide de Jezabel.
Dans les bons points, je citerais la scène du bouge. Et oui, contrairement à Zara, je trouve cette scène presque indispensable. Ce récit emprunte énormément au films mentionnés (Indiana Jones, plus particulièrement), et je suis un uber-fan de ce genre de films. Cette scène m'a en plus rappelé (à bon escient) une scène de Viktoria 91, de Pierre Pevel (dont je vous conseille au passage la lecture). J'aurais juste aimé sentir plus la "puanteur" du bouge, au travers de mines patibulaires, de regards en coin, et autres. Et j'aurais aimé avoir une scène plus longue pour la sortie d'Amphy (avec les flammes qui montent dans son dos, ...).
Voilà, c'étaient mes commentaires à chaud. Sur la dernière marche de mon podium, pour l'instant... (resistera-t-il à Ister ?...)
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- dude
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- Messages : 624
Sur le plan formel, Iggy joue sur la temporalité de son récit (l?explosion de la banque) et sur la structure de la narration en multipliant les points de vues des protagonistes. Une approche originale qui a le mérite de faire progresser l?intrigue par étapes en préservant le suspens tout en gardant une certaine clarté. Surtout que l?histoire est aussi hybride que peut l?être le Monde de Lint : on passe ainsi de l?enquête façon polar avec Amphytrion en privé de service, à l?action pure avec l?épisode du braquage et sa course-poursuite, pour aboutir enfin à un final opposant Amphytrion et sa Némésis pour un face à face où l?échange verbal prime sur l?échange de coups.
Comme toujours, on retrouve les mêmes qualités de mise en scène et d?écriture avec un style précis et fluide qui intègre avec brio actions et descriptions. Iggy nous offre en plus une galerie de personnages qui auraient pour certains mérité davantage de développements (comme celui de Jezabel), tout en prenant soin d?introduire de nouvelles pistes pour les prochains chapitres.
dude
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- Ismaël
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- Messages : 57
Premiére impression : Très bonne écriture, avec un vocabulaire riche et soigné. Vraiment. Juste que.... Même un peu trop parfois.... Le probléme dans le prosaïque, c'est qu'à vouloir trop en faire, cela devient à mon avis vite lassant. Là, ça fuse plus ou moins dans tous les sens. Qd, en trois lignes, on a des "esseulé au coeur de ce tulmute silencieux" ; "il s'affaissa d'un geste empleint de lassitude" ; "leur sang (...) s'infiltrant dans les nervures du bois ainsi qu'un funeste réseau de ténébres écarlates" ; "le sang séché qui maculait son visage en croûtes ocres et brûnatres"..... Bah... on ne peut que s'incliner façe à un réel talent littéraire, mais pour moi, c'est vraiment too much.... Tu devrais aérer ton texte en faisant parfois des constructions, des phrases plus.... limpides ? basiques ? pertinentes ? J'arrive pas trop à trouver le mot juste.... Tout ce que je peux dire, c'est que je veille moi à tjs garder un certain équilibre (qd à y arriver, c'est un autre probléme... ), à alterner des phases "soft" (encore une fois, c'est pas le bon mot, mais bon....), et d'autre plus dans le style de ton texte....
Bon, ensuite.... Je vais pas reprendre le coup de la carte, mais juste un mot sur les persos : ils sont plutôt attachant, bien construit, mais... j'ai trouvé la fin un peu... niaise, en fait... Le côté romantique fait un peu cliché à mon goût... Le défaut c'est que tes persos st en fait tout simplement... trop parfait ! A vouloir 1 un héros ombrageux, courageux, cynique, séduisant et romantique, et 2 une héroïne magnifique (diamant qd même... mde...), avec du caractére, sensible, côté "guerrier".... Bah.... ça fait un peu cliché 100%.....
Tes héros ont tout simplement AUCUNS defauts... (selon mes vues, en tous cas...)
Par contre, pour finir, la construction est vraiment bien réussie, on est pas du tout lassé/perdu.... et ça donne un côté dynamique à l'ensemble. . Joli. Un bon texte au final. Le prob de voc que j'ai cité au début est pas trop grave. Tout le reste est bien pensé. Juste les clichés qui sont, pour moi, un peu trop présent....
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- Kundïn
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- Messages : 1437
Un long texte plein de bonnes choses, en particulier au niveau de la langue, et assez prenant pour accrocher le lecteur d'un bout à l'autre sans le lasser, grace a des scenes d'action judicieusement placées et coupant l'enquete. Le tout respire l'influence des Comics américains, avec peut-etre ce personnage qui sort tout droit d'une BD US : Jezabel, la femme-diamant dont la peau ne craint pas les projectiles qui blesseraient tout homme normal. Je ne suis pas vraiment un spécialiste du genre mais j'ai trouvé que cet univers passait très bien et présentait de nombreuses qualités qui n'attendent que d'être exploitées davantage par la suite.
Les principaux défauts ont déjà été mis en lumière : quelques banalités qui auraient pu être évitées et qui tiennent un peu, comme les autres l'ont dit, des mauvais James Bond ; la carte de visite en est un... Et surtout je pense que le héros principal a fort à faire pour tenir tête aux seconds roles très bien fouillés ! En clair, son personnage n'est pas vraiment à la hauteur, un peu caricatural, un peu trop stéréotypé... C'est difficile de mettre le doigt sur ce qui ne va pas, mais ce personnage ne m'a pas vraiment plu.
Ceci dit le texte reste de très haut niveau. Les scènes sont très cinématographiques et la maitrise de la langue est excellente.
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- Iggy Grunnson
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- Messages : 418
Je profite des vacances pour passer le bonjour, et, tant qu?à faire, revenir sur vos critiques. Merci à tous pour vos commentaires, et en particulier à Zarathoustra qui s?est pas mal creusé la tête je pense, et a compris l?essentiel de ce que je voulais faire.
La scène de la taverne semble poser problème mais comme le souligne Gulix, je pense qu?à ce stade de l?histoire il était nécessaire de montrer l?enquête d?Amphitryon, c?était assez indispensable dans le cadre d?un récit policier. C?est vrai que la scène est très classique à priori, mais j?ai essayé de lui conférer une dimension symbolique très forte : en gros, le dialogue qui suit entre Maleviach et Jones sert à expliciter cette séquence, où l?on perçoit clairement les failles du héros, prêt à passer de l?autre côté de la barrière (après tout, il massacre une bande de voyous sans véritable raison).. A l?intérieur de la taverne, ce sont ses propres démons que Amphitryon affronte, d?où une description plutôt « lourde » comme le disait Ismaël, mais ici tout à fait volontaire puisqu?elle confère un côté onirique à la scène.
D?ailleurs, je ne suis pas persuadé qu?on puisse considérer Jones comme un héros parfait dans la mesure où il évolue à la limite du bien et du mal, il est miné par cette crainte de perdre toute humanité et de devenir un vigilante psychopathe dans le style du punisher. Quant à Jezabel, elle est en permanence confrontée à un dilemme entre sa nature profonde et son destin d?Elue, même si cette contradiction est assez difficile à cerner en une douzaine de pages. Même chose pour Maleviach, assez caricatural je l?admets mais sur lequel je devrai revenir dans un autre récit, de manière à rendre un peu plus cohérent son comportement.
Enfin, le coup de la carte et la résolution-gag de l?intrigue (Hermann->R-men) peut paraître absurde mais correspond au premier niveau de lecture du récit, volontairement grotesque, de la même manière que le concept des R-men (des super-héros à l?envers en quelque sorte) : comme l?a souligné Zara, à ce moment là de l?histoire, l?enjeu était plus le développement des personnages que la résolution de l?enquête? D?ailleurs, il faut savoir que le récit m?a totalement échappé au fur et à mesure, et je pense qu?on sent bien que l?histoire prend des directions très différentes au fur et à mesure. Même si tout n?est effectivement pas contrôlé, j?aime bien ce côté fourmillant d?idées. A vous de juger !
Iggy
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- L'étrange Monsieur K
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- Messages : 33
En passant, le lien vers The Southern Trees à partir de la page des oeuvres d'Iggy ne daigne point fonctionner.
Pour commencer, l'écriture est effectivement irréprochable, et je trouve qu'elle correspond bien à l'ambiance globale : les "fioritures" littéraires donnent un style expansif, presque rococo par moments, qui va avec l'extravagance des personnages et du cadre.
Zara mentionnait la tendance de ceux-ci à "cabotiner", effectivement, mais rien de plus naturel dans ce monde à l'aspect résolument théâtral, volontairement très typé, tout en exagérations et en pirouettes, qui prend d'ailleurs sa source dans des styles tellement stéréotypés qu'il est inévitable de les reconnaître au premier coup d'oeil. Les petits commentaires d'Amphytrion sont presque aussi nécessaires à la "cohérence" de ce monde que le costume à lettre dorée avec son slip par-dessus pour le super-héros de comics moyen.
Bien sûr, tout ceci n'est que la première lecture comme le disait Iggy, et c'est derrière que se tapit l'univers qu'il constitue peu à peu, de manière presque impressionniste, dans l'arrière-plan. Sur ce point, on ne peut qu'apprécier ce travail remarquable d'élaboration progressive du "background", à moitié cachée derrière les chérubins de plâtre en costume moulant du premier plan, mais qu'on sent tout de même derrière cette façade, et qui nous guide tranquillement vers la véritable histoire. Le plus impressionnant réside dans l'intégration remarquable des bouts d'Histoire dans l'histoire, puisque les éléments originaux de la première viennent se cacher dans les moments les plus canoniques de la seconde (jusqu'à l'éternel cliché du méchant qui expose ses motivations à la fin).
Ainsi, les persos ne pouvaient qu'être stéréotypés en apparence, et d'ailleurs ils le sont tous (même les persos secondaires bien développés le sont d'une manière fort classique), au point que ça confine parfois au grotesque, pris au premier degré, et, sur ce plan, quoi de plus naturel que des scènes elles-mêmes bien cliché - je n'ai pu m'empêcher de lever les yeux au ciel en voyant une histoire d'attaque de banque
Je n'ai donc nul grief quant à la scène du bouge, ou la confrontation finale, qui étaient à peu près inévitables.
D'autant que, derrière, se dessine effectivement un aspect tout à fait intéressant d'Amphytrion, prêt à massacrer une demi-douzaine d'êtres humains (aussi peu aimables soient-ils) pour retrouver le meurtrier de trois personnes. Je suis, personnellement, particulièrement amateur de cette absence de manichéisme, et, si je devais reconnaître une grande qualité à ce texte pour ce qui est du fond, ce serait certainement celle-ci. En effet, cette nouvelle remet en cause tout ce que j'ai toujours eu du mal à supporter dans les héros cinématographiques ou de comics, mais aussi dans le thème de l'élu, pour lequel la réflexion développée m'a semblée très juste, et un certain nombre d'autres choses.
Mon seul regret sur ce plan est que la scène finale, avec Jezabel, redevient tout à fait cliché, ce qui apparaît, a posteriori, cohérent vis à vis des choix de l'auteur, mais ramène de force le développement de fond dans le monde des stéréotypes, et finalement l'éclipse presque (c'est d'ailleurs le seul moment du récit où la façade couvre trop l'arrière-plan, de mon point de vue).
Maintenant, j'attends de voir la suite pour me prononcer : il est tout à fait possible que le fond ait été "clichéfié" de prime abord pour mieux se manifester sur le long terme, mais il n'empêche qu'on ne peut qu'être un brin embêté de voir une question authentiquement dramatique tourner au mélodrame hollywoodien avec baiser à la fin. C'est surtout sur le moment que ça choque, à vrai dire ; après, on s'en remet vite et on peut se concentrer sur les vraies qualités du texte, mais tout de même ... (d'autant qu'il eut suffi de faire un tout petit peu moins exagéré, en jouant sur les regards et les non-dits, pour que ça passe beaucoup mieux)
Enfin, s'il est une seule critique que j'ai à faire au final, et je suis étonné que personne ne l'ait mentionnée, c'est que tout va trop vite. Beaucoup trop vite. En fait, le dynamisme est très bon au début du texte pour le cadre d'action, avec un excellent jeu sur les scènes, le temps qui ne suit pas le récit de manière linéaire, et ainsi de suite, mais c'est après que ça pose problème : entre le moment où Amphytrion rencontre le grand méchant et la fin de l'enquête, il n'y a que la scène du bouge. Cette "enquête" s'achève donc une scène après son vrai début (puisque jusqu'alors, Amphitryon s'était contenté de se promener et de dézinguer des pseudo-méchants - ce qu'il fait très bien, soit dit en passant). On aurait pu supposer quelque chose autour du caporal, qui semble bien connaître les R-men, par exemple, mais non, rien ... enfin peut-être est-ce pour plus tard.
De la même manière, tout se passe trop vite à la fin, ne serait-ce qu'Herman, qui plonge tout seul dans l'hystérie en quatrième vitesse. Dans un vrai James Bond, ces dialogues sont toujours plus posés et longs (le méchant prend généralement le temps de raconter la vie de sa grand-mère à James avant de tenter de le tuer) alors autant reprendre le cliché jusqu'au bout.
Une critique formelle minime, mais qui va avec ce sentiment : il aurait peut-être fallu un peu plus de segmentation dans la scène du bouge, notamment au moment où Amphitryon perd connaissance. Le texte reprend juste en dessous, sans qu'on ait eu le temps de souffler, et on n'a pas vraiment le sentiment que des heures ont pu s'écouler entre le bout d'une ligne et le début de la ligne suivante.
Le concept d'utiliser des noms de personnage au début des scènes est très bon, par contre.
Au final, en dépit de quelques défauts dont le rythme effréné, adapté aux premières scènes, qui eut mérité de l'être un peu moins par la suite, et une scène finale m'ayant un peu agacé, ce texte est une réussite, dont j'ai apprécié le premier degré aussi bien que le second (même si j'ai quand même une préférence pour ce dernier, qui est vraiment très bon).
Et j'ai été largement plus long que je le voulais, une fois de plus
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- Iggy Grunnson
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- Messages : 418
Au final, l?intrigue est effectivement traitée un peu rapidement, mais, d?un autre côté, j?aime bien aller à toute allure et multiplier les idées dans un même récit, je trouve que ça maintient l?intérêt du lecteur sur la brèche !
Sinon, ce qui me gêne un peu, c?est que contrairement à ce que semble penser Mr K, je ne considère pas le côté grotesque et un peu cliché de l?histoire avec condescendance ou mépris : au contraire je revendique mon appartenance à cette tradition, qui va de james bond aux comics. Pour moi, ce côté carnaval est aussi important que le sous texte de l?intrigue, et j?ai énormément d?affection pour ce que vous appelez les « clichés »e, je ne veux pas donner l?impression de m?en moquer, même si je reconnais leurs limites.
Enfin, j?ai écrit il y a un moment de ça une petite analyse de the southern trees (j?ai fait de même pour mes autres récits, en fait) et je pense la publier prochainement sur le forum, histoire de répondre à certaines de vos réflexions. D?ailleurs, je pense que ça permettra de lever le voile sur un certain côté politique du texte, qui n?a jusqu?ici pas été du tout perçu.
Iggy
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- L'étrange Monsieur K
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- Messages : 33
Iggy Grunnson écrit: Sinon, ce qui me gêne un peu, c’est que contrairement à ce que semble penser Mr K, je ne considère pas le côté grotesque et un peu cliché de l’histoire avec condescendance ou mépris : au contraire je revendique mon appartenance à cette tradition, qui va de james bond aux comics. Pour moi, ce côté carnaval est aussi important que le sous texte de l’intrigue, et j’ai énormément d’affection pour ce que vous appelez les « clichés »e, je ne veux pas donner l’impression de m’en moquer, même si je reconnais leurs limites.
Désolé que ma critique ait semblé refléter une telle opinion, car c'est un contre-sens complet par rapport à mon point de vue réel. Au contraire, j'essayais de dire que tu avais fait ce choix, et que tu t'y tenais avec brio. J'ai moi-même beaucoup apprécié ce côté extravagant, aussi ne voyais-je nul mépris où que ce soit. Je me demande où j'ai bien pu parler de manière à ce point équivoque, et m'en excuse franchement ...
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- MarcPhoenicis
- Hors Ligne
- Messages : 93
Je crois que c'est cela qui donne un peu un côté cliché au texte. Il n'y a rien de mal de jouer avec les clichés, de donner un style débordant à son texte, presque baroque, mais il faut aussi s'assurer que sa structure soit solide.
Le texte aurait vraiment été meilleur s'il aurait été allongé pour rendre les rebondissements de l'intrigue plus cohérents et moins brusques, sans nécessairement avoir à retoucher à l'humour. Les personnages auraient ainsi pu être plus développés et seraient moins proches des héros clichés, tout en les parodiant.
Je dirais pour finir que le récit est peut-être un peu trop cinématographique, on a plus l'impression de lire un scénario qu'une nouvelle, ce qui n'est pas mal en soi.
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- gilfuin
- Hors Ligne
- Messages : 170
Je suis un de ces lobotomisés du tube cathodique, et ce texte n'a pas manqué de me faire penser à la série Boomtown, un des meilleurs concept de série sorti ces dernières années, dont le principe est simple : raconter l'histoire à travers les yeux d'un protaganiste différent à chaque scène. D'ailleurs les scènes commencaient toujours comme ici par le nom du personnage dont on a le point de vue. Très accrocheur, très dynamique, surtout pour une enquête, ou du moins pour une histoire à intrigue. C'est ce qui m'a plu dans ce texte, retrouver un peu ce découpage mystérieux du récit, sans trop savoir où nous mène l'auteur, puisqu'il brise aussi la barrière du temps....Moi qui suis si réfractaire à trouver dans un texte de trop nombreuses caricatures de personnages, ainsi que des clichés à l'américaine (j'ai rien contre quand je suis devant un écran, avec du pop corn à portée de main...mais ca me déplait dans un texte), j'ai lu Southern trees jusqu'à la fin, attiré par la conduite magistrale de l'intrigue.
Du moins jusqu'à la scène du bouge...là j'avoue avoir légèrement senti comme une incohérence. Je n'ai trouvé aucune justification à cette scène dans ce que je venais de lire....peut être que certaines part de la personnalité d'Amphitryon Jones se trouvent dans un autre de tes textes (que j'avoue n'avoir pas lu alors) et expliquent les réactions du "héros". La scène est peut être indispensable, mais à ce moment là, je la trouve mal amenée. Trop brutale selon moi. D'ailleurs la scène suivante arrive tout aussi rapidement quoique totalement justifiée cette fois ci. Mais là aussi, une chose m'a dérangé. J'avais focalisé mon attention sur l'intrigue (je crois que je l'ai déjà dis) et j'étais très déçu de me rendre compte qu'au final tu t'en désinteresses totalement à la fin. A mon avis il était possible de rendre le personnage de Jones plus profond (puisqu'à l'évidence, c'était ta volonté sur les 2 dernières scènes) mais pas au détriment de l'intrigue que tu mettais largement en avant depuis le début du texte. Je l'ai ressenti comme si tu n'avais plus d'idées quant au découpage des scènes, ni aux rajouts dans l'intrigue, et que tu t'étais finalement retourné vers Jones pour lui donner une autre dimension, comme pour préparer la suite...comme dans un film hollywoodien (ca n'a pas déjà été dis par quelqu'un ca?). Trop brutal le changement de Jones...
Tout ca pour dire que finalement le texte est agréable à lire et que le vocabulaire est très bon (mon dieu!!! ils sont tous bons ici, comment je vais faire pour écrire aussi bien????), c'est un de tes atouts, et c'est ce qui permet de rendre crédible ce coté carnaval, comme tu l'appelles. Bon, je tire ma révérence.
Gilfuin, l'Etoile sombre des Noldors.
PS:je me sens obligé de dire ce qui me plait pas...c biz z arre quand même....un mauvais réflexe en fait...
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