Imperator - Rêve d'une nuit.... [Mars 2006]
- Iliaron
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Je ne me sens pas de recommencer entièrement une critique, donc je vais déjà citer ma première critique:
Ce texte est vraiment... époustouflant, rien de plus à dire!
Dès le début, j'ai admiré ton style: je savais que ça n'avait rien à voir avec l'intrigue, ou si peu, et pourtant j'admirais ta manière de passer à du très général et très concret (mère et fille mortes)dans un résumé. Ces premières pages pourraient tenir sur quelques lignes, tu les enchantes et nous autres, lecteurs, prenons plaisir à cela!
Ensuite, dès la présentation du couple, on sent que quelque chose ne va pas. Ce n'est pas tant les caractères aussi opposés qui nous donnent cette impression, mais pour moi cela a été le fait que Steve accepte les étrangers sans en avoir envie. On sait dès ce moment-là que quelque chose d'horrible arrivera par faute de ces étrangers, mais l'on ne sait quoi!
A l'arrivée des trois étrangers, on sent que la chose se passe: le couple est effrayé par le nombre et pourtant Steve part couper du bois. Et on suit Steve, enfer et horreur, on est plus dans la maison pour voir ce qu'il se passe. Et par habitude, j'ai appris à me méfier de ces moments: quand l'on craint qu'il va se passer quelque chose et que les yeux du narrateur ne sont pas là pour décrire, alors il se passe forcément quelque chose, à nous de le décrire.
Sauf que juste après le narrateur dit que tout s'est bien pensé. Ce narrateur c'est steve, je ne l'avais pas saisi à la base.
Premier rêve: on sent que quelque chose délire...
Au réveil de l'homme, on ne sait même aps s'il est réveillé ou s'il dort encore, bref on est littéralement perdu! Et on prend plaisir à l'être: tu arrives avec une déconcertante facilité à nous mener là où tu veux nous mener, on se perd dans ton récit, et pourtant on cherche à continuer. Ce n'est pas le genre de récits où l'on se perd car l'intrigue s'imbrique mal, mais au contraire, car l'intrigue est pratiquement parfaite en tout point! Vraiment, quel bonheur que de te lire!
Ensuite, il y a l'étranger qui arrive, il cherche une fille qui s'appelle Jinny. On comprend que là quelque chose ne va vraiment pas: et à la fois la femme désirait une fille nommée Jinny, et il a rêvé d'une Jinny. Deux hypothéses: il rêve aussi l'étranger, ou alors le rêve n'en était pas un, et ils l'ont recueilli puis laissé repartir.
Or Claire nie aussi avoir connu une Jinny. Cela renforce l'idée du rêve des deux, pourtant on sent que quelque chose ne va pas: on comprend qu'il y a un terrible secret là-dessous, mais l'on est incapable à le découvrir!
Puis il reste dans la chambre. Deux choses clochent: pour la première fois il reste chez lui la nuit, de plus le tas était anormalement grand... Ensuite, Claire veut qu'il reste, et dès qu'il reste, elle part... Etrange!
Viennent les révélations à l'étranger. J'y ai pris plaisir, sans rire! Elles sont bien contées, on se met à plaindre et Steve et l'étranger. Superbement mené donc.
Là, on pense que l'on est à la fin du texte, et le fait que tu te mettes à parler au lecteur nous le confirme. Pourtant l'histoire n'est pas terminé. C'est le seul défaut de ton texte, je trouves: l'on se perd un peu à ce moment-là. On ne comprend plus ttop où l'on est, de plus les explications pour les lecteurs les plus pointilleux sont un peu durs à saisir, avec des retours en arrière... A aucun moment tu ne veux nous dire ce qu'il s'est réellement passé, pourtant à la fin tu le dis clairement.
Puis vient le dénouement du combat (je n'ai pas cherché à comprend pourquoi ils sont six contre un, j'ai cru qu'il avait rameuté des gens du village) et où il s'enfonce l'épée dans le coeur. Bien rendu, j'ai bien aimé!
Par contre, ce que je n'ai pas saisi est pourquoi il y a de plus en plus de guerriers dans la région. On parle d'une mine, ce doit être ça, mais j'ai longtemps cru que cette mine était inventée... Je veux dire, même s'il cherche à venger la mort de Claire, déjà on ne devient pas démon comme ça, mais surtout, pour que des étrangers se présentent chaque soir, certes ils sont peut-être nombreux, mais quand même .
En bref, un super texte, avec ta marque de fabrique: une forte réflexion imposée au lecteur! Bravo pour ce texte, il fait partie de ces rares dont on ressort différent!
Je vais quand même essayer (mais là j'ai un peu la flemme (et puis je trépigne d'impatience pour un sujet de concours, toujours pas eu ce petit bout de papier, grr (fin du HS))
Déjà, ce qui me gêne ici serait le texte. Certes il est aisé de deviner l'importance du rêve, mais le "rêve du nuit" me semble bien explicite. Pour autant, comme j'ai lu le texte, dès que j'ai lu le titre, normal que cela m'a remémoré de (bons) souvenirs.
...
Que dire de plus . Euh... Ah oui, lors de la première lecture, j'ai vraiment été charmé par la manière dont tu décris le rêve, on ne sait plus quand il rêve et vit, on ne sait plus démêler le vrai du faux. Bref, tu nous embrouilles dans un jeu constant d'illusions, vraiment, c'est jouissif que de te lire!
...
. Ah oui, la description de Claire. Cela arrive un peu dont ne sait où, et pourtant cela ne m'avait nullement gêné. C'est pourtant en plein milieu de l'intrigue!
Ensuite, au niveau de la fin, au début de "le matin arrive", on s'y perd un peu. Mais à la première lecture, maintenant je comprends sans problème.
Bon, je crois que je n'arriverais pas à plus te critiquer, il est dur de se replonger dans un long texte pour le critiquer, surtout quand on a cet impression d'une simple redite, désolé.
En conclusion, un texte vraiment excellent, presque un délice du genre - peut-être simplement du fait qu'il se démarque de nombreux autres textes - et dans lequel j'avais pris un immense plaisir à m'y perdre.
Iliaron
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- Zarathoustra
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Il y a tout d'abord ce préambule. Tu nous déballes tout une histoire dont on se demande où elle va nous mmener et à quoi va servir ce background. Tu le fais de manière très naturelle, avec plein de détails.
Peu à peu, le décor se resserre, on part du très général pour arriver au particulier voire même à l'intime. J'ai beaucoup aimé la manière dont tu décris Clairepar rapport à Steve (par contre, Steve estdécidément un prénom vraiment pas sexy pour une histoire, bon, l'essentiel, c'est que tu l'aimes, ce prénom... ).
Je trouve que tu as très bien réussi à montrer leurs liens et leurs sentiments, ils sont vraiment touchant et complice. On sent très bien leur personnalité, et Claire est vraiment réussie. Juste une remarque la concernant, tu emploies je ne sais combien de fois le terme "doux" à son sujet, fais gaffe (je me demande s'il n'y a pas un paragraphe où tu le r&épètes plusieurs fois aussi).
La Structure de l'histoire:
La répétition des scènes est très intéressante. D'ailleurs, dans la marge du texte, j'avais écrit génial. C'est une manière très intéressante de faire monter le tension sans la nommée, on sent que quelque chose cloche, mais on ne voit pas vraiment quoi. L'angoisse monte petit à petit.
Il ya cependant des réactions de Steve qui contraste un peu par leur extrémmité dans le contexte de départ. Rétrocativement, elles sont justifiées, mais sur le moment elles m'avaient choqué par la rupture de ton.
Par contre, la progression de l'étrange est très bien fait, pour ne pas dire delicieusement subtile.
Si je dvais faire un reproche sur ce plan, ce serait plutôt les dernières parties, notamment là où tu explicites ton histoire que les choses sont parfois fort confuse. J'ai en mémoire un passage ou tru parles de de "sept steve" et ne rien avoir compris.
L'idée de l'historique, qui avant de lire l'histoire (j'avais vu qu'il y en vait un en feuilletant l'ensemble) et son contenu me paraissait au départ anecdotique, voire un peu gadget. Or, au contraire, en le lisant, tu clarifies certaines choses, mais surtout tu fais resortir le côté tragique et sordide de l'histoire. C'est donc une fois de plus une merveilleuse idée.
L'un des reproches que je pourrais t'adresser, c'est le faible lien entre ton prologue et l'histoire. Du coup, ton préambule donne l'impression d'avoir été crer rétroactivement pour justifier certains aspects qui aurait pu rendre ton histoire moins crédible. Peuut-être en renforçant un peu plus les liens tu aurais créer plus d'unité, là, ce préambule fait très "à part", même s'il est très agréable à lire. Il parait un peu inutile, il est là (pour ce que j'en ai compris) que pour justifier l'insécurité et le renfermement des gens sur eux même.
Le Scénario
Alors, là je dois te dire: bravo. Tu racontes une histoire très originale. En fait, je me demande comment tu as pu avoir une telle idée et comment tu as pu construire un tel développement.
Le mélange des niveaux d'histoire dans une sorte de puzzle, ou plutôt une sorte de kaleidoscope est formidable..
Ta destructuration de l'intrigue te permet en plus d'experimenter plein de choses et de rendre plus palpitante ton intrigue qui repose finalement (coomme les meilleurs histoires) sur une trame très simple.
Le style
Il y a toujours cette petite non chalence charmeuse qui fait ta touche. Une façon de bifurquer, d'ouvrir des parenthèse, des petits moments de pause qui fonctionne souvent très bien. Il y a le paragraphe sur l'attente (page 12) qui m'a paru gratuit.
Tu aimes également toujours faire des appartés avec le lecteur en t'adressant à lui ou avec l'auteur en employant le "je". Ca passe très bien. Mais je me demande si c'est vraiment nécessaire ici, surtout que tu le fais très peu au final et que sur la 2eme moitié cela atténue sans doute ta recherche de climat. Soit tu construis vraiment ton récit sur ce principe soit il faut mieux faire l'impasse, je pense.
Ce qui est par contre delicieux dans tes textes, c'est la façon dont tu arrives à remplir ton texte de rien. Je veux dire que ton récit fait 18 pages et qu'il n'y pas de scène paroxique, d'actions réelles, tu remplis plutôt ton texte avec du quotidien, des descriptions, des appartes, mais très rarement d'éléments qui remplissent habituellement un texte. On est vraiment dans des moments de pur création et non sur un truc qui s'appuie sur une trame très précise. Je me demande comment tu construis tes récits, avec quels éléments de départ, la part d'improvisation et la part de prémeditation. Je dis ça d'autant que tes paragraphes me paraissent très bien construits, logiques et toujours très fluides. Ces qualités sont d'autant plus admirables qu'on lit ton histoire sans remarquer ce travail.
Le Fantastique
C'est sans doute ce que j'ai moins aimé. Je trouve ton histoire très belle jusqu'à ce que tu introduises "l'explication". Le passage de l'esprit, la fin avec la petite fille morte qui ôte sa tête, il y a un côté un peu excessif. On dirait que tu t'es forcé, que ta fin ne t'intéressait pas ou moins que ce qui précède.
Quelque part, je ne sais pas si ton histoire avait besoin de tout expliquer. Personnellement, j'aime bien quand on garde du mystère. Je dirais que tu est très à l'aise avec l'étrange (ou le fantastique au sens classique du terme), mais beaucoup moins avec le côté "spectacle" de la question. D'ailleurs, le contraste est très saisissant entre les scènes "intimes" et les scènes finales. Autant tu prends ron temps pour faire monter la sauce, tu disgresse avec plaisir, autant la fin semble rapide ou forcée.
Les Thèmes
Je ne sais pas si c'est volontaire mais le fait que tu emploies le terme d'"étranger" rend parfois ton texte actuel, symbolique. Certes, c'est un monde de fantasy que tu nous donnes mais il y a un traitement très réaliste de l'histoire sur les 2/3. Les étrangers sont des pauvres hères qui cherchent un abris, de la sécurité. Un peu comme nos sans papier. D'ailleurs, le fait que les gens se cloitrent chez eux à cause de l'insécurité n'est finalement pas si étranger de notre présent. C'est chacun pour soi, et à chacun son petit confort. Disosn qu'on peut voir (je peux me tromper) un peu l'indifférence de notre propre société.
D'un autre côté, les étrangers sont aussi des menaces et sont dangereux. Cette lecture peut trouver sa limite ici...
De même, cette notion acceuil et de partage des repas a un côté très religieux, et Claire possède un côté Christique. Elle acceuille les étrangers et partagent ses repas au risque d'être maltraité. On resent ce côté intrusion de l'étranger dans la spère de l'intime, on resent cette gêne et de la peur pour Claire. Elle le fait de manière altruiste jusqu'au fatalisme comme si elle était là pour ça. Elle est là pour être sacrifiée pour le bien des autres. On dirait d'ailleurs qu'elle sait qu'elle finira ainsi. Comme le Christ. C'est sans doute tirer par les cheveux, mais je te donne mes impressions.
Un autre thème abordé est celui du couple. Ton couple est étrange. Il ne sont pas mariés mais on les sent très liés, en fait, ils sont vraiment mari et femme dans leur comportement. Tu as écrit de très jolie passage sur leur complicité.
Bien sûr, on devine le désir de maternité de Claire et on se demande si Steve n'est pas impuissant. Cette impuissance est un moteur aussi de notre angoisse car on sent en lui une part violente qui exhorcise sa frustration de ne pouvoir donner d'enfant à Claire (ou peut-être est-ce elle mais je trouve que les soupçons se portent sur lui, même si à cette époque on ne devait pas pouvoir le déterminer), comme s'il s'en voulait. L'intrusion de la petite fille met très bien en valeur la tension autour de cette question, on sent que quelque chose cloche autour de ça.
Tout ça pour te dire que l'intrusion du fantastique me parait en trop. Tu aurais pu trouver une lecture métaphorique à ton histoire qui finalement t'aurait sans doute permi de rester plus ouvert sur ton histoire. Je suis resté très spectateur du dénouement et de ce qui expliquait tout alors que j'ai été charmé par les developpements du début. Tu as tous les ingrédients pour expliquer sans expliciter et si tu avais utilisé un fantastique à la manière du fin du 19eme (Poe, Maupassant, Villiers de L'isles d'Adam, Théophile Gautier), tu aurais pu juste terminer ton histoire sur l'ambiguité du phénomène, je veux dire par là, laisser un doute sur la part fantomatique ou réelles des personnages.
Donc au final, un texte vraiment magnifique, très riche. Avant de le lire, je m'étais dit que sa longueur aurait pu mériter 2 MAJ pour le rendre plus digeste, mais , vu l'histoire racontée, cela aurait été le massacrer.
Bon, j'ai noté des fautes de grammaire, quelques fautes de temps, si j'ai le temps ou si ça t'intéresse, je te les donnerais. Mais bon, je sais pas si j'aurais le temps de faire aussi long pour tous. Là, le texte valait vraiment le coup. Je suis sûr qu'on peut encore le décortiquer ou l'enrichir avec une 2eme lecture. Mais faudrait que j'ai déjà lu tous les textes de la MAJ avant, ce qui est loin d'être le cas.
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- Imperator
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Merci .En conclusion, un texte vraiment excellent, presque un délice du genre - peut-être simplement du fait qu'il se démarque de nombreux autres textes - et dans lequel j'avais pris un immense plaisir à m'y perdre.
***
J'ai un éternel problème avec les noms.(par contre, Steve estdécidément un prénom vraiment pas sexy pour une histoire, bon, l'essentiel, c'est que tu l'aimes, ce prénom... ).
J'avoue. Du reste, je m'en rends bien compte, mais je ne vois jamais de synonime pouvant le remplacer, d'autant plus que la douceur est une finalité parfaite dans mon esprit.tu emploies je ne sais combien de fois le terme "doux" à son sujet, fais gaffe (je me demande s'il n'y a pas un paragraphe où tu le r&épètes plusieurs fois aussi).
C'est vrai que ce n'était pas très clair...J'ai en mémoire un passage ou tru parles de de "sept steve" et ne rien avoir compris.
Qui est venue après l'écriture du texte. En voyant que peu comprenaient, j'avais écris un petit historique pour faciliter le recul.Or, au contraire, en le lisant, tu clarifies certaines choses, mais surtout tu fais resortir le côté tragique et sordide de l'histoire. C'est donc une fois de plus une merveilleuse idée.
Ce qui est tout à fait exact . En fait, ce texte avait entre autre pour but de me permettre de tester le départ à préambule, où l'on raconte d'abord une histoire avant de sauter sur le texte lui-même. C'est censé d'abord intéresser le lecteur, le pousser à la lecture puis doucement le faire chavirer. Mais cette idée de lien est plutôt bonne. Ceci étant, j'ai l'impression que vouloir forcer le lien n'est peut-être pas extra, dans la mesure où ce préambule est une sorte de bouffée d'air frais et peut permettre de relire le texte en se ré-imergeant doucement...Du coup, ton préambule donne l'impression d'avoir été crer rétroactivement pour justifier certains aspects qui aurait pu rendre ton histoire moins crédible. Peuut-être en renforçant un peu plus les liens tu aurais créer plus d'unité, là, ce préambule fait très "à part", même s'il est très agréable à lire. Il parait un peu inutile, il est là (pour ce que j'en ai compris) que pour justifier l'insécurité et le renfermement des gens sur eux même.
Son autre utilité était de fixer un contexte pour augmenter la crédibilité. mais simplement en mettant un monde qui semble réel. Du coup on se sent chez soi et on se sent concerné.
Rete que je retiens la critique ^_^.
Tout a commencé par un épisode de "Courage, le chien froussard" que j'apprécie beaucoup à regarder (dessin animé humoristique racontant l'histoire d'un chien dans une ferme au milieu de nulle part à qui il arrive des choses extraordinaires et fantastiques). Il s'agissait d'un homme bossu (c'était d'ailleurs une allusion marquée au bossu de notre dame), laid et tout ce qui va avec, qui se voyait refuser l'hospitalité partout où il allait.En fait, je me demande comment tu as pu avoir une telle idée et comment tu as pu construire un tel développement.
Réflexe premier en tant que spectateur conditionné: "Ces gens sont méchants de lui fermer ainsi leur porte". Et puis j'ai développé... Serais-je à leur place, n'en ferais-je pas autant? Et si je devais accepter celui-là, pourrais-je en accepter d'autres? Et de fil en aiguille j'en venais à considérer d'autres situations et celle qui retint mon attention fut l'idée d'être marié et de devoir choisir entre donner ou non l'hospitalité. Faire courir un risque à soi-même est une chose, mais en faire sciemment courir un à d'autres, même avec leur accord, pose un plus gros problème.
Toute la base est là. J'ai commencé à imaginer l'histoire d'un couple donnant l'hospitalité à qui la demandait et qui un jour serait trompé et se verrait ainsi puni de leur bonté. Le reste, je devais l'imaginer au fur et à mesure de l'écriture du texte.
J'ajoute que j'ai eu dernièrement à mettre en pratique cette histoire pour avoir eu à héberger chez moi (donc chez mes parents, je suis encore étudiant) l'ami d'un ami que je sais être un voleur fini. Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit et je peux assurer que c'était la première et la dernière fois. (enfin, allez savoir, parfois je suis trop généreux, ça me perdra...)
Alors arrêtons-nous y un instant... En tant qu'auteur, j'étais dans la situation suivante:Il y a le paragraphe sur l'attente (page 12) qui m'a paru gratuit.
- tout le monde est parti
- me faut continuer l'histoire
Bref, je devais trouver une transition vers la suite. Or tout ceci n'était guère qu'un rêve, un rêve de gens morts, mais un rêve. L'attente est le meilleur moyen pour s'endormir, d'autant plus que le lecteur attend quelque chose sans savoir quoi. La description de Claire était gratuite, ce passage-ci pas tellement, dans la mesure où il introduisait la suite et nous plonge, théoriquement, en pleine fantasmagorie, lorsque, assoupi, Steve se met à entendre des bruits, puis des voix...
Au départ, j'avais prémédité ceci:On est vraiment dans des moments de pur création et non sur un truc qui s'appuie sur une trame très précise. Je me demande comment tu construis tes récits, avec quels éléments de départ, la part d'improvisation et la part de prémeditation.
scène 1: Steve dit qu'il se méfie des étrangers et qu'il a peur pour Claire
scène 2: un nouvel étranger arrive
scène 3: Claire meurt
scène 4: quelque chose...
Et oui, je n'avais pas plus que ça en tête. Il faut dire que j'ai commencé à écrire le texte au travail, sur papier, parce qu'on m'avait volé mon ordi (une collègue) et que je ne voulais pas travailler sur mon travail de maturité.
Du coup j'ai commencé par écrire le préambule, au départ pour en faire une histoire à part entière, puis très rapidement (après deux-trois lignes) j'ai repris cette idée qui traînait dans ma tête. J'ai terminé mon préambule, réécris à l'ordi et j'ai entamé la suite... J'en suis arrivé au premier matin.
Là je me suis arrêté et j'ai pris le temps de penser la suite. C'est à ce moment que s'est fixée l'idée de la répétition des scènes. Nous étions encore en hiver, ça a aussi joué sur l'atmosphère. J'ai aussi imaginé, enfin réellement mis en place tout le début avec le fait d'aller en forêt couper du bois (jusqu'à ce que je me rende compte qu'il est RIDICULE de vouloir aller bûcheronner en pleine nuit , donc j'ai magouillé) et surtout le retour vers la maison en flamme et la mort de Claire. On en parle pas au départ, et pourtant pour moi c'était déjà écrit.
Puis on avance un peu en impro totale. Je fais d'abord venir la petite fille. Pourquoi? Je ne le sais pas, une impro, parce que les enfants sont touchants, parce que ça n'avait rien à faire là, que sais-je? Pour pouvoir placer mon "vous êtes un ange?". Cette même phrase m'a beaucoup amusé, surtout quand j'ai dû y répondre, une réponse toute laconique puisque je savais que Steve était mort et possédé par un démon... enfin, sur le moment il n'y avait pas de démon, c'était la seule volonté de Steve qui lui permettait de faire vivre encore tout cela, de rendre réel ce qui avait été détruit.
Par la suite on brode, on construit, on s'appuie sur la répétition. J'avais décris dans le préambule comment je voyais l'hospitalité, c'est à dire offrir non seulement un toit, mais aussi à manger et des soins. Je n'ai eu qu'à reprendre ça comme fil rouge. Ensuite je me suis rendu compte que mon couple n'avait pas d'enfants et que je m'étais attaché à cette petite fille (que je viens d'écrire phille ). Oh le beau prétexte, et hop je saute dessus à pieds joints.
Dès ce moment, la majorité de la suite est imaginée, l'arrivée du "père" qui n'en sera un pas un (pour enlever toute trace d'une mère), la mort de la fillette (je pensais au départ faire que Claire l'ait en réalité protégée... mais je n'ai pas poussé le raisonnement jusqu'au bout et elle en est morte), etc... En fait, toute l'intrigue jusqu'à la fin.
Le reste fut de l'impro totale au fur et à mesure, avec quelques pauses pour imaginer la suite directe, comme pour le passage de l'attente.
La fin a été imaginée, ré-imaginée et encore imaginée parce qu'à chaque fois les éléments changeaient. J'ai finalement tranché le noeuds Gordien, et l'idée de la petite fille toute gentille qui soulève sa tête du corps devant son père "m'amusait". Mais c'est bon pour le cinéma ça, pas pour un livre.
Ceci explique cela. Mais en tout cas, je tenais à ce que le lecteur sache pour la mort de Claire et ce qui était arrivé dans la maison. Maintenant, j'aurais pu attaquer le problème différement. En y repensant ma fin est plus que bâclée et sans aucune subtilité...Personnellement, j'aime bien quand on garde du mystère. Je dirais que tu est très à l'aise avec l'étrange (ou le fantastique au sens classique du terme), mais beaucoup moins avec le côté "spectacle" de la question. D'ailleurs, le contraste est très saisissant entre les scènes "intimes" et les scènes finales. Autant tu prends ron temps pour faire monter la sauce, tu disgresse avec plaisir, autant la fin semble rapide ou forcée.
Faut dire aussi que j'ai surtout travaillé sur l'aspect "augmentation du rythme". Je voulais essayer de créer cet effet "petite touche, petite touche, petite touche, augmentation des basses, on monte, monte, petite pause, on monte, explosion paroxysme rythme cardiaque éclaté". Un peu comme dans la musique.
Ce n'est pas tout faux. En effet, j'ai imaginé cette histoire comme un réel questionnement sur la question de l'hébergement, et on pourrait le transposer à grande échelle. Ceci dit, accueillir des immigrants dans un pays ou accueillir quelqu'un chez soi n'a à mon avis rien à voir. Mais c'est vrai qu'on peut y voir certaines marques. Au fond on le voit très bien, la majorité des immigrants s'intègrent sans problème, mais parce qu'il y en a quelqu'uns qui foutent le bronx on se sent forcé de fermer la porte et de devenir xénophobe. D'ailleurs, après avoir lu le texte, quel serait l'avis du lecteur? Fallait-il ouvrir sa porte aux pauvres hères traversant les basses-plaines? Fallait-il faire comme les autres (dont vous remarquerez une certaine basse critique et à qui je donne pourtant la sagesse). Tu parles de fatalité et c'est un peu de cela qu'il s'agit.Je ne sais pas si c'est volontaire mais le fait que tu emploies le terme d'"étranger" rend parfois ton texte actuel, symbolique. Certes, c'est un monde de fantasy que tu nous donnes mais il y a un traitement très réaliste de l'histoire sur les 2/3. Les étrangers sont des pauvres hères qui cherchent un abris, de la sécurité. Un peu comme nos sans papier. D'ailleurs, le fait que les gens se cloitrent chez eux à cause de l'insécurité n'est finalement pas si étranger de notre présent. C'est chacun pour soi, et à chacun son petit confort. Disosn qu'on peut voir (je peux me tromper) un peu l'indifférence de notre propre société.
D'un autre côté, les étrangers sont aussi des menaces et sont dangereux. Cette lecture peut trouver sa limite ici...
J'avoue être athée par conviction (mais croyant par facilité) et très peu connaître l'histoire du christ. Maintenant on peut trouver des similitudes. Mais effectivement il y a un sacrifice de la part de Claire, martyre en quelque sorte de l'altruisme et de l'hospitalité, morte pour donner l'exemple et montrer que malgré tout on ne peut pas refuser de tendre la main à ceux qui le demandent. D'ailleurs le texte ne se finit pas bien pour rien (d'ailleurs trop de manichéisme dans cette histoire et la finalité, ça gâche le texte).De même, cette notion acceuil et de partage des repas a un côté très religieux, et Claire possède un côté Christique. Elle acceuille les étrangers et partagent ses repas au risque d'être maltraité. On resent ce côté intrusion de l'étranger dans la spère de l'intime, on resent cette gêne et de la peur pour Claire. Elle le fait de manière altruiste jusqu'au fatalisme comme si elle était là pour ça. Elle est là pour être sacrifiée pour le bien des autres. On dirait d'ailleurs qu'elle sait qu'elle finira ainsi. Comme le Christ. C'est sans doute tirer par les cheveux, mais je te donne mes impressions.
Quelqu'un disait: on est un couple à partir du moment où l'on se revendique comme tel. J'avoue que dans mon esprit ils étaient mariés et s'aimaient, tout simplement. J'y ai aussi introduit ma conception de l'amour. D'ailleurs j'ai été très ennuyé pour expliquer rationnellement que Claire savait que Steve reviendrait vers elle malgré tout, simplement parce qu'elle ne lui aurait pas dit au-revoir. Comment expliquer que ce soit suffisamment important pour Steve, que le fait de ne pas dire au-revoir implique en soit une continuité? Tiens, j'aurais dû le mettre ça, mais dire au-revoir c'est devenu (malgré le sens premier du terme) sous-entendre qu'on pourrait ne plus revoir l'autre. Notre monde est devenu bien pessimiste (ou alors c'est moi qui débloque ).Un autre thème abordé est celui du couple. Ton couple est étrange. Il ne sont pas mariés mais on les sent très liés, en fait, ils sont vraiment mari et femme dans leur comportement. Tu as écrit de très jolie passage sur leur complicité.
Ah ben merci . lol. Le pire c'est que c'est vrai. Je crois que j'ai dû l'imaginer ainsi, incapable de lui offrir un enfant, seul ombre dans le couple et comme toute ombre profondément cachée pour ne pas ternir le bonheur du couple. Rien n'est parfait...Bien sûr, on devine le désir de maternité de Claire et on se demande si Steve n'est pas impuissant.
Il faut dire que le "On ne peut pas", c'est surtout parce que la fillette, en tant qu'étrangère, doit mourir et qu'il doit la tuer. D'autant plus que eux sont morts et elle vivante...L'intrusion de la petite fille met très bien en valeur la tension autour de cette question, on sent que quelque chose cloche autour de ça.
Toute cette histoire de maternité s'est en fait introduite dans le texte sans mon accord, sans véritable aboutissement. J'ai du extérioriser un mal interne, peut-être ma peur à l'idée de devoir un jour élever un enfant, ou le désir d'élever un jour un enfant, où que sais-je? L'avenir, peut-être, me dira de quoi il retournait...
De tous je n'ai lu que Maupassant (ah, le horla...). Mais Maupassant parlait de la folie, la mettait sous forme de texte, c'est de la folie dont il faisait l'apologie. Au fond, il reste très terre à terre (sauf dans la fin du horla, en faisant venir le réel dans la folie, ce qui donne toute une dimension à son texte, même si c'est ce qui me gêne le plus). Moi je pars directement sur du fantastique et même du fantasy. Encore trop influencé par mes premières écritures...à la manière du fin du 19eme (Poe, Maupassant, Villiers de L'isles d'Adam, Théophile Gautier),
Ou alors faire du fantastique pur et ne pas toucher à la fantasy. Pas de démons, mais la volonté humaine qui s'exprime, ce qui était ma première idée. Laisser du flou et une explication autre.tu aurais pu juste terminer ton histoire sur l'ambiguité du phénomène, je veux dire par là, laisser un doute sur la part fantomatique ou réelles des personnages.
Il faut dire que le plus dur est de ne pas laisser le lecteur sur sa faim à la fin.
Pour moi, c'est une courte nouvelle... Ce qui m'ennuie d'ailleurs, parce que j'aimerais bien écrire un roman, mais actuellement je n'ai d'idées que pour de courtes nouvelles dans ce genre (faut que j'écrive la prochaine, lorsque je l'aurais suffisamment réfléchie...).Avant de le lire, je m'étais dit que sa longueur aurait pu mériter 2 MAJ pour le rendre plus digeste
On va dire que ça ne m'intéresse pas de te faire perdre ton temps .si ça t'intéresse, je te les donnerais
"C'était un coffre superbe. Il trônait sur un piédestal d'or et était lui-même couvert de dorures sur ses parois d'argent. Le bois dont il était fait semblait tiré des essences les plus rares et les plus solides, mais aussi les plus belles, et rien ne pouvait valoir, en ce monde, les joyaux dont il était constellé.Je suis sûr qu'on peut encore le décortiquer ou l'enrichir avec une 2eme lecture.
Je l'ouvrais et constatais qu'il était absolument et définitivement vide."
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Impe, en espérant avoir répondu à tes questions...
ps: ce qui m'ennuie, c'est qu'entre ce texte et le prochain, j'ai l'impression de gaspiller des idées. Je veux dire... j'en suis encore à un stade d'apprentissage primaire, bien loin du moment où j'écrirais de vraies histoires, complètes. Or j'use déjà d'idées qui me tiennent à coeur, et j'ai la sensation de les gaspiller en écrivant dessus sans en avoir les moyens. Mon prochain texte sera de cet accabit (même s'il relève d'une idée éculée) et je l'ai longtemps repoussé pour cette seule cause.
Le plus bête, c'est que le seul texte dont l'idée de base ait été développée comme je l'entendais (le seul texte dont je sois réellement fier, en y repensant, même si beaucoup ne l'apprécient pas , c'est "Comme frère et soeur". Je l'aime tellement que j'ai l'impression que ce n'est pas moi qui l'ait écris.
Re-Impe.
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- Le Galuron
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D'abord la longue introduction.. ok, je pense que c'est la partie la mieux écrite, mais elle est vraiment longue et contient une foule d'information inutiles. En fait, je ne critique pas la longueur mais plutôt la maladresse avec laquelle les informations sont transmises au lecteur. Il y avait moyen de dispenser la background tout au long de l'histoire et pas dans un gros pavé au début du texte. Et puis ensuite, pareil, les blocs narratifs s'enchaînent avec brutalité. Jusqu'à l'explication à la fin. Trop longue. Je pense que, lorsqu'on veut écrire un texte à chute, -et c'est un peu le cas pour ton texte, puisque pendant tout le début, on se demande où tu veux en venir-, il faut que la chute soit courte et brutale. Il faut que le lecteur comprenne en deux lignes. Là, tu dissertes pendant plusieurs paragraphes. J'aurais aimé que l'intrigue soit assez bien menée pour que, en quelques mots, on comprenne tout. Les morts, les fantomes, la malediction et tout le reste...
Enfin, disons que ce sont mes principales critiques. Je n'ai pas aimé non plus "la queue entre les jambes", ni le prénom Steve, mais c'est très personnel.
Sinon, ce que j'ai aimé: la maitrise du style dans le début. Excellent!
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- Imperator
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Ben heureusement que mes parents m'ont pas demandé mon avis à ma naissance .ni le prénom Steve, mais c'est très personnel.
Connaissant le niveau de mes textes, je prendrais presque ça pour un sarcasme, mais dans ce cas c'est vraiment un gentil sarcasme .de tout ce que j'ai lu du très grand Imperator
Je suis d'accord.Et puis ensuite, pareil, les blocs narratifs s'enchaînent avec brutalité. Jusqu'à l'explication à la fin. Trop longue. Je pense que, lorsqu'on veut écrire un texte à chute, -et c'est un peu le cas pour ton texte, puisque pendant tout le début, on se demande où tu veux en venir-, il faut que la chute soit courte et brutale. Il faut que le lecteur comprenne en deux lignes.
Excellent me semble excessif pour qualifier mon début (enfin, le style du début, puisque le vide scénaristique et d'intérêt dudit début a été mis à jour à plusieurs reprises ).Sinon, ce que j'ai aimé: la maitrise du style dans le début. Excellent!
Impe, très intéressante, très, très intéressant .
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- Xlatoc
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Ce texte m'a tout simplement subjugué. Bravo !!
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