file Développer un texte

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il y a 10 ans 10 mois - il y a 10 ans 10 mois #18945 par Vuld Edone
Développer un texte a été créé par Vuld Edone
Hi'.

Je n'ai toujours pas abandonné mon idée des Chroniques d'écriture et j'en profite pour écrire un article qui s'y rattache. Parce que vi', pour rappel, les Chroniques d'écriture c'est juste ça, des séries de réflexions.
Chroniques d'écriture -- Développer un texte
J'ai choisi de le faire en GoogleDoc pour la mise en page et tout ça... et je réfléchis encore à comment mettre ça sur le site.

Ce truc fait huit pages mais est né d'une discussion sur... euh je vous laisse lire.

Je vais aussi vous résumer pour ceux qui n'ont pas envie de subir huit pages : j'ai cherché à décrire ce qu'un critique voulait dire par "développe".
En général quand on dit ça au débutant, il comprend "dis la même chose en plus de mots" et j'ai cherché le moyen d'expliquer que non, il s'agissait d'autre chose. J'ai découvert qu'il était possible de décrire ça au travers d'un plan "hiérarchisé", où les événements se subordonnent les uns les autres. Ce qui me permet de dire que développer, c'est créer des événements subordonnés à l'événement qu'il faut développer. Rajouter des trucs "intéressants"...

Durant toute la discussion je n'ai pas arrêté de vouloir parler de pertinence, d'attentes et même de motivation mais j'ai tenté de rester euh simple on va dire :dry: et du coup je vous invite à vous exprimer sur le sujet.

Ca veut dire quoi, pour vous, "développer" ?
Et comment vous l'expliqueriez à une jeune plume ?

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il y a 10 ans 10 mois #18948 par gilfuin
Réponse de gilfuin sur le sujet Re:Développer un texte
Ce "Développe" est effectivement une arme redoutable.
Un mot qui dit rien et tout à la fois.

Non pas seulement parce qu'il critique -et qu'en réalité toutes les critiques font mal-, mais parce qu'il affirme clairement un manque, une absence, un bâclage, un trou.

Ecrire une phrase et mal l'écrire, c'est une chose.
S'entendre dire qu'il manque un paragraphe...c'est d'un autre niveau.

Et ton texte décrit cela très bien : si il n'y avait pas ce paragraphe, c'était généralement volontaire. Alors j'adhère totalement à tout ce qui est dit, tellement j'ai souvent ressassé cela, autant quand je l'ai dit, que quand je l'ai lu, ou quand on l'a dit au sujet d'un de mes textes.

Si j'avais une chose à retirer de ce que tu as écris et que je dirais à une jeune plume, ce serait ces deux mots que tu as employés : Freestyle et Hiérarchie.

Freestyle parce qu'il faut réussir à sortir toutes nos tripes quand on écrit.
Parce que même si on construit une chose qu'on veut rationnelle, il faut aussi se laisser emporter, se donner, libérer ce qu'on a au fond de nous. Parfois ce n'est qu'une idée de départ que l'on "développe"...mais il ne faut jamais se laisser faire par la tendance au remplissage. Souvent une idée de départ recèle des trésors qu'on ne soupçonnait pas. Au fond de nous même.

Hiérarchie parce que c'est finalement ça le fond du fond du travail : réussir à définir ce qui est important. Alors oui, le lecteur peut apporter son aide, le chroniqueur aussi. Mais c'est là l'intérêt du Freestyle, car il est censé servir à révéler à l'auteur ce qu'il a réellement envie de raconter.


Et oui parfois tout cela nous amène à passer de "Développe ce passage" à "Non je supprime ce passage". Une option qu'il faut toujours envisager.

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il y a 10 ans 10 mois #18950 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Développer un texte
Yup.

Il y avait déjà eu une discussion sur "développer / couper" lancée par Zara'. Cela dit, les débutants ont tendance à écrire très court et du coup le conseil est presque systématiquement de développer.

Pour le plan, je pourrais dire deux choses :
- Yup, il faut y mettre ses tripes. Mais autant dire à David qu'il doit faire preuve de courage face à Goliath. Curieusement Goliath gagne quand même.
- Yup, il faut adapter le plan à l'écriture : un plan de bataille ne survit jamais aux premières minutes du combat. Mais partir au combat sans plan, c'est... "courageux".
La planification mériterait une chronique en soi, voire plusieurs chroniques, et je n'ai pas eu d'occasion récente d'y revenir.

Le plus important pour moi est d'expliquer à un débutant ce que signifie "développer". Je n'ai trouvé le moyen de le faire qu'en passant par les plans -- parler d'attentes ou de pertinence, à ce stade, est suicidaire -- donc je dois esquisser les différentes planifications possibles.
Et j'ai vraiment eu cette réflexion à partir de l'observation que le plan du débutant était généralement linéaire, ce qui pouvait expliquer pourquoi il développait si peu.

Mais même comme ça, j'ai l'impression que ça reste trop vague et c'est vrai, parler de "freestyle" ou de "hiérarchie" au final c'est du bricolage.
Et ça ne dit toujours pas à l'auteur quand développer, et quand s'arrêter (et quand couper)...

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il y a 10 ans 10 mois #18951 par gilfuin
Réponse de gilfuin sur le sujet Re:Développer un texte
Ah mais oui, le plan c'est important.

Du moins, c'est là qu'on se perfectionne, quand on arrive à dresser un plan et à le suivre. On peut même considérer que c'est là les prémices d'une certaine maturité dans l'écriture.

Et ça me paraît assez éloigné de la critique "Développe", qui pour moi touche à autre chose que le Plan. Dans l'absolu, oui, toute critique doit se rapporter à l'amélioration du plan et à montrer à l'auteur -la jeune Plume- les erreurs dans cette construction. Qu'il ait construit son texte avec un plan préétabli, ou au feeling.

Peut être qu'au fond, le travail de chroniqueur ne peut fonctionner qu'en aval d'une explication de l'auteur : En clair, la jeune Plume publie un texte, puis il défend son texte et son travail d'écriture. Ensuite et seulement ensuite, les vilains critiqueurs débarquent et balancent des "Développe" à tout va, mais peut être de manière plus "pertinente".

Puisque finalement tout tourne autour de la recherche de la pertinence en ce qui concerne la critique. Et la réécriture.

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il y a 10 ans 10 mois #18952 par Lerrat
Réponse de Lerrat sur le sujet Re:Développer un texte

parler d'attentes ou de pertinence, à ce stade, est suicidaire

J'ai encore du mal à appréhender l'écriture, mais toutes ces notions sont imbriquées, non ? Cela dit certaines doivent être beaucoup plus compréhensible parce qu'elles découlent de concept acquis par la majorité des individus ? Un peu comme un arbre ? Ne serait-il pas intéressant d'expliquer tout cela de manière hiérarchisée sous forme d'un "parcourt" ? Ou est-ce une fausse bonne idée ?

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il y a 10 ans 10 mois #18953 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Développer un texte
Ce serait bien si on disposait d'un tel arbre, mais ce n'est pas le cas. On est des autodidactes, on ne fait que mettre des mots sur nos habitudes. J'ai essayé de créer un parcours (méthode de travail) plusieurs fois et je n'ai jamais réussi.

Par où commencer ?

Est-ce qu'il faut remonter jusqu'à Aristote et la distinction entre narration et dialogue ? En fait... en fait ce serait bien de commencer par là. Je suis sûr qu'il y a une bonne réflexion à faire parce que c'est probablement l'une des premières distinctions littéraires, et l'une des plus communes chez le débutant.
...
Si je disais à quelqu'un de me parler de la distinction entre "narration" et "dialogue", il me dirait que les dialogues c'est quand c'est les personnages qui parlent... Et ensuite on parle de mise en page et de guillemets. Et de la narration en "je" / "il".
Si on me disait de parler de la distinction entre "narration" et "dialogue", je donnerais le modèle de communication, la notion de "narrateur", l'idée de focalisation ou pire, je parlerais de prise en charge...

Mais oui, s'il fallait faire un parcours et que je devais commencer quelque part, je commencerais par parler de cette distinction.
...
Quoique, avec la méthode de travail, le point de départ a toujours été l'idée qui donne envie d'écrire...

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il y a 10 ans 10 mois - il y a 10 ans 10 mois #18954 par Lerrat
Réponse de Lerrat sur le sujet Re:Développer un texte

on ne fait que mettre des mots sur nos habitudes.

Et justement, pas forcément besoin d'établir une vérité absolue ou d'avoir un arbre complet ! Il faut avant tout rester pragmatique.

le point de départ a toujours été l'idée qui donne envie d'écrire

Ça me parait normal, surtout si il s'agit d'un guide. Ce dont je pense peut poser problème, c'est qu'à partir d'un point on commence à partir dans plusieurs embranchements. Ce qui n'est pas si dramatique étant donné que l'ont peut naviguer dans plusieurs articles de façon assez fluide grâce aux liens hypertextes.

Je ne pense pas être pédagogue, encore moins une véritable plume. Cela dit, en y réfléchissant peut-être que chaque article devrait définir une notion (le personnage, par exemple), si la définition implique l'utilisation d'autres notions, y placer un lien vers l'article concerné serait judicieux. Ensuite les conseils relatifs à la-dite notion.

D'ailleurs en parlant de personnage, ça me fait penser à quelque chose :

MdT - Le personnage

En y regardant de plus près, le gros de cette méthode pourrait également être appliquée pour n'importe quel élément. C'est vraiment de la... description pure ? Alors pour le coup, me vient une question. Malgré le fait qu'expliquer cela de manière plus généraliste reste compréhensible pour le commun des mortels, ça deviendrait encore moins "concret". Je me demande alors si les descriptions de ces notions pourraient êtres enrichies par un - vrai - texte en guise d'exemple ?

(Par contre il faudrait déplacer ce bout de discussion ailleurs, non ?)

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il y a 10 ans 10 mois #18955 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Développer un texte
Déplacer ? Bof, trop d'efforts. On ne dérange personne ici, c'est chez moi.
:laugh:

Oui, ce qui est dit du personnage peut s'appliquer à n'importe quoi.
En fait, c'est quelque chose d'amusant, dans la toute première méthode de travail (sauf erreur) on disait que le décor était un personnage supplémentaire. Il fallait donc traiter une maison ou un champ comme on traitait le paladin ou la sorcière.

En même temps, cette réflexion sur le personnage ne disait au final que comment décrire le personnage, pas comment l'utiliser, le faire agir...
C'est normal : en règle général le premier problème du débutant est d'introduire et de décrire le personnage, et l'une des critiques qui revient en boucle est celle de la "description-liste", qui s'applique presque toujours aux héros, et presque jamais à une chaise ou un château.
À l'inverse, on a tendance à placer le comportement du personnage dans le "contenu" plutôt que la forme. Un personnage qui pleure comme une fontaine deux minutes avant et qui soudain se met à sourire et fait "allez, on y va !" Bah voilà quoi... C'est incohérent voire invraisemblable mais si c'est l'histoire...

Là, tout de suite, en y réfléchissant, je me dis que ce qui sépare le personnage du décor c'est son activité. Si une porte "se mit à battre toute seule" quelque part tu l'humanises, tu lui donnes une vie propre. Et une activité. Si d'un autre côté "le vendeur vendait ses fleurs" voilà quoi c'est du décor, le vendeur là il ne fait rien en fait...
Mais c'est déjà une remarque qu'on fait plus rarement, à un stade plus avancé, ça, de dire "ton personnage est passif / ne fait rien / il ne se passe rien". Au contraire, chez le débutant, en général il se passe trop de choses en même temps.

Je reste d'avis que le plus simple est de donner une foule d'articles épars qui se renvoient mutuellement la balle les uns les autres, au travers des liens, à la manière d'une encyclopédie.
Mais chercher à organiser, catégoriser la matière, ça j'ai abandonné. Le plus pragmatique c'est encore de lancer une réflexion à l'occasion et d'ajouter ça aux autres, sans espoir de faire le tour du problème.

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il y a 10 ans 10 mois #18956 par Lerrat
Réponse de Lerrat sur le sujet Re:Développer un texte
Pour ce qui est des sautes d'humeur du personnage, je pense surtout que le jeune auteur est trop pressé. Il veut avancer dans l'histoire trop vite, aller le plus loin possible. Il y a toujours cette impression de rush permanent. D'où le "développe", je suppose ?

De ce que j'ai vu, la plupart cherchent surtout l'action, l'interaction des personnages. Alors évidemment, quand on commence l'écriture, surtout à cet âge là, on est beaucoup plus à l'aise avec les dialogues et les explications. Décrire une scène est difficile, vraiment. Il faut avoir du vocabulaire, savoir connecter les éléments ensembles, garder l'attention du lecteur et que... ça rende bien ?

Pour la dialogue, ce n'est pas simplement un problème d'écriture. La communication visuelle et tactile est très importante et beaucoup de jeunes, même si ils l'utilisent souvent, ne le réalisent pas encore. Quand je discute avec un débutant, je fais souvent le rapprochement avec la réalité, sauf qu'au final ça dépend beaucoup trop de l'expérience personnelle.

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il y a 10 ans 10 mois #18957 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Développer un texte
J'aurais un conseil sur le sujet: il faut apprendre à avoir un regard de lecteur quand on écrit. Développer, c'est vraiment comprendre ce qui manque ou apporterait au lecteur soit pour mieux cerner soit pour qu'il soit marqué par ce qui nous importe.
Je crois que les débutants croient que parce que c'est écrit que les lecteurs retiennent tout. Non, il faut "marquer" l'esprit du lecteur. Et pour ça, il faut développer, parfois des choses insignifiantes.

Le second point, ce serait de savoir bâtir des progressions ou des nuances. C'est particulièrement vrai en matière de psychologie. Mais pas seulement, en matière de tension, d'action. Si on part tambour battant, comment créer une apothéose?

Donc pour tout ça, il faut savoir développer.

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il y a 10 ans 10 mois #18958 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Développer un texte
Yup.
Je me rappelle qu'à l'école obligatoire, quand on nous apprenait à écrire, plutôt que de nous donner de la théorie on nous disait "décris un personnage" puis "les cheveux :" et paf liste d'adjectifs, et on devait puiser dedans. Puis "les yeux :" et paf, nouvelle liste d'adjectifs.
Au final on écrivait une description-liste, c'était très scolaire (forcément) mais ça nous apprenait comment décrire, de façon très basique. Et il a bien fallu passer par là.

Le comportement des gens pourrait être décrit de la même manière. Quand il pleure, voilà les gestes typiques. Quand il soupçonne, quand il truc... On aurait toute une gamme d'expressions de base, applicables n'importe où (et critiquables pour le coup...) bref une boîte à outils.

'Fin bref.
Si quelqu'un veut le faire qu'il le fasse, moi je m'en tiens à mes réflexions de circonstances.

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il y a 10 ans 10 mois #18960 par Mr. Petch
Réponse de Mr. Petch sur le sujet Re:Développer un texte
J'aime bien l'expression de Zara : "avoir un regard de lecteur".

Quand on écrit, on oublie souvent qu'on va être lu, et il y a certains éléments qui sont évidents pour nous mais qui, pour un lecteur, ne veulent rien dire, parce qu'il n'a pas le même vécu que nous.

Sur un personnage, par exemple : on introduit un personnage, et pour nous il est évident qu'il va agir de telle ou telle manière. Mais le lecteur peut trouver très incongru cette façon d'agir, alors il faut l'expliquer.
Même chose pour les lieux : on situe notre action dans une ville de l'ouest américain, par exemple, et comme on est fans de western, cette ville a des caractéristiques évidentes qu'on ne prend pas le temps de citer. Mais pour un autre lecteur, il manquera quelque chose.

C'est peut-être une façon de présenter le "développe !", donner des indices de compréhension au lecteur.

Et je sais que de mon côté, c'est toujours dans les développements que je trouve les meilleures idées pour l'intrigue : la description de tel lieu me fait dévier sur un objet, sur une plante que je n'avais pas prévu au départ, et cet objet ou cette plante s'avère très utile dans l'intrigue par la suite. C'est en cherchant à "combler" l'histoire qu'on trouve des idées.

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il y a 10 ans 10 mois #18963 par gilfuin
Réponse de gilfuin sur le sujet Re:Développer un texte
Vuld Edone écrit:

Un personnage qui pleure comme une fontaine deux minutes avant et qui soudain se met à sourire et fait "allez, on y va !" Bah voilà quoi... C'est incohérent voire invraisemblable mais si c'est l'histoire...


L'incohérence...
N'est ce pas ce après quoi nous courrons?
Surtout en SF et récit fantastique, nous franchissons les barrières de l'incohérence ne serait ce qu'à travers l'univers lui-même. Mais de façon plus général, c'est dans l'accomplissement d'une "incohérence rendue crédible" que l'on trouve souvent l'originalité.

Mais c'est aussi souvent en essayant cela, que l'on bascule dans le n'importe quoi, la surenchère, les lieux communs et les clichés. Bref, l'échec.

Réussir à jouer de l'incohérence, voilà une corde bien difficile à faire vibrer sur le violon des écrivains.



Bon...ok.
A travers ce que je dis, je veux pas non plus "tout justifier".
Car, une fois l'incohérence assez crédible pour forger l'univers que l'on écrit, l'auteur a érigé en fin de compte un nouveau paradigme à l'intérieur duquel tous ces éléments incohérents doivent s'agencer de façon cohérente. Pire, il faut que cela serve une Trame. Sinon, l'incohérence -même rendue crédible- devient aussi gratuite et affecte gravement le récit.

J'ai souvenir d'avoir lu d'excellents auteurs de science fiction qui au bout du 3ème ou 4ème tome, à court d'idée incohérente, novatrice, originale -appelez les comme vous voulez-, en venaient à surenchérir sur leurs anciennes idées et à en rajouter dans le décors, dans la narration, sur le personnage, à tel point que cela étouffait le récit, lui faisant perdre tout intérêt.


...je divague?
Disons que j'ai simplement "développé".
Ahem.

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il y a 10 ans 10 mois #18964 par Lerrat
Réponse de Lerrat sur le sujet Re:Développer un texte
Je ne suis pas certain d'avoir compris... quand tu dis "incohérence", ne veux-tu pas plutôt dire... invraisemblance ?

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il y a 10 ans 10 mois #18966 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Développer un texte
La distinction entre "incohérence" et "invraisemblance" n'est pas claire.

Invraisemblance, c'est ce que le lecteur ne peut pas croire (en général parce que c'est mal mis en scène par le texte).
Par exemple si quelqu'un arrive à toucher un mouche à quatre cents mètres au pistolet à poudre noire, moi je risque de trouver cela légèrement "osé". Mais si le lecteur n'est pas habitué aux armes à feu, il supposera que c'est normal.

C'est pour ça que je préfère parler d'incohérence.
L'incohérence repose sur les règles du récit. Le récit donne ses règles, par exemple "il y a de la magie" ou "si tu as des ailes tu voles" ou encore "oui oui c'est parfaitement possible de marcher au plafond" (ça sent le vécu...) L'incohérence se produit quand le texte contredit ses propres règles.
Typiquement, quand on dit qu'un personnage est courageux et qu'on le voit pleurer de peur devant la première menace venue... c'est incohérent. Du moment qu'un texte suit ses propres règles, il peut bien être invraisemblable, on va l'accepter. Mais si la même grenade qui deux minutes avant détruisait un char ne blesse même pas le héros, là par contre on va entendre râler le renard...

À noter que c'est encore différent de la pertinence.

La pertinence, c'est quand un char apparaît dans le texte, qu'un personnage dit au héros de faire TOUT LE TOUR DE LA BASE pour récupérer cette foutu saleté de lance-roquettes, qu'on passe deux heures à traverser trois bâtiments remplis de gardes, qu'entre deux le char a déjà balayé nos copains et quand enfin on ramasse le lance-roquettes, qu'on revient...
Le héros tire, rate, puis approche du char, cale une grenade entre les chenilles et boum.
Non mais sérieux.
SERIEUX !
Alors bon là j'invente mais il y a vraiment des textes qui te feront faire un détour de l'enfer complètement fumé en soi, tout ça pour rien ! Mais pour rien du tout ! À quoi ça a servi de faire le parcours du combattant pendant dix pages si c'était pour régler son compte au char en moins de deux lignes ?!
Non mais tu imagines ça dans un jeu vidéo ? On te fait récupérer dix cartes puis tu arrives à la porte, les cartes fonctionnent pas et le PNJ qui t'a donné dix fois la quête et traversé dix fois le niveau se rappelle soudain d'un passage secret qu'il ouvre comme ça d'un coup.
Tu exploses ton clavier.

Ouais moi aussi je "développe" là...

Donc pour en revenir à Gilfuin, yup, entre chroniqueurs on expérimente, et il faut savoir que ce que j'apprécie tout particulièrement chez les jeunes auteurs, c'est quand ils expérimentent aussi (y compris des styles hors de ma portée).
Cela dit, on peut prendre l'exemple du "détail".
Et je pense qu'il y aurait toute une réflexion à faire sur le détail mais si on dit à la jeune plume "développer c'est ajouter des détails" il va faire ça, ajouter des détails, sans comprendre l'intérêt du détail, et du coup ça va saturer avec un très gros déficit de pertinence.

J'avais discuté avec une auteure des "détails" justement. Elle avait décrit un village endormi, et notamment une villageoise par terre avec une marmite de potage renversée (et les taches sur le tapis).
C'est le genre de détail bien trouvé qui permet de se faire une bonne idée de la scène, de "comprendre ce qui s'est passé". Ce simple détail en dit beaucoup.
Nous, avec l'habitude, on le fait automatiquement, mais pour le jeune auteur cette histoire de détails n'est pas claire. S'il doit décrire un château "avec deux tours menaçantes", bah euh... bof quoi. Mais s'il décrit un château dont "le vieux donjon carré contrastait avec les nouvelles tours élancées", non seulement on a une meilleure idée d'à quoi il ressemble mais surtout on sent qu'il a une histoire, ce château, et on retient le donjon.
Le détail "qu'on retient", il faudrait dire surtout.

Cela dit, yup, au final il y a cette histoire d'avoir "le regard du lecteur"... Le problème c'est que pour l'avoir les commentaires seuls ne suffisent pas. Il faut être soi-même lecteur et donc... ça revient à convaincre le débutant d'aller lire les autres.
...
Et on a beau leur dire qu'on y gagne énormément, c'est pas gagné.

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il y a 10 ans 9 mois #18980 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Développer un texte
En fait, ce que tu dis, ça me faut penser à un autre aspect que j'appelle, moi, "le morceau de bravoure". Spontanément? on pense à des scènes d'action ou à toute scène qui doivent être un moment fort du récit.
Or, en matière d'écriture, je pense qu'ils sont ailleurs, justement détachement par rapport à l'histoire.Il est assez fréquent, effectivement, qu'on assiste à une scène qui s'étire anormalement, en toute gratuité. Pour moi, c'est un morceau de bravoure "littéraire". Il faut trouver la force dans ce qu'on écrit pour que le lecteur soit captivé, mais uniquement avec la force des mots, en quelques sorte.

Alors bon là j'invente mais il y a vraiment des textes qui te feront faire un détour de l'enfer complètement fumé en soi, tout ça pour rien ! Mais pour rien du tout ! À quoi ça a servi de faire le parcours du combattant pendant dix pages si c'était pour régler son compte au char en moins de deux lignes ?!

Justement, je ne suis pas d'accord. Dans les films, l'étirement temporelle est au contraire un procédé fréquent, et certainement inspiré de la littérature. Il faut 5 secondes dans un film pour cette scène, or dans un film, elle durera certainement plusieurs minutes. Parce que justement, dans un livre, elle ne prendra pas 5 ou 6 mots mais plusieurs lignes.
En fait, on revient au sujet de départ: pourquoi développer. Il faut "sentir" qu'il y a une nécessité. Cette nécessité peut être ressenti intérieurement ou extérieurement. Intérieurement, la scène nous parle, elle touche certainement en nous des choses intimes. Extérieurement, on sent qu'on doit le faire pour le lecteur, pour son histoire.

Pour revenir au morceau de bravoure "gratuit", j'ai en tête une scène de M Petch sur une barbe. La digression prend soudain une proportion inattendue. Mais je suppose qu'on en a tous lu dans des livres. Il arrive parfois qu'on voie pas où l'auteur veut en venir. Or ici, c'est très intéressant en tant que le lecteur également; Car l'insistance nous pousse à nous poser des questions. On veut savoir pourquoi il y a une tel insistance. Est-ce par gratuité totale ou est-ce parce qu'il y a un sens qui nous échappe? Si c'est le cas, cette scène nous pousse à reconsidérer ce qu'on a lu, elle nous pousse à réfléchir. Et, bien sûr, si on ne trouve rien, on en veut à l'auteur.

Et indépendamment du lecteur, il y a une performance d'écriture. Alors, certes, il y a l'écueil du plaisir égoïste, qui d'écrire uniquement pour soi. Mais ce devrait être toujours le cas. L'idéal, bien sûr, c'est que cette recherche sur soi finisse par toucher les autres. Sans citer Proust, pour moi, j'attends qu'un auteur me fasse vivre un moment unique. Et je veux faire une sorte de rencontre avec l'auteur, que ces mots me transposent, pour ainsi dire, indépendamment de ce qu'il raconte. Prenons une histoire d'amour, elle sera soit heureuse, soit malheureuse. Il n'y a pas 1000 trames. On peut dire que toutes les histoires d'amour ont déjà été écrites. Pourtant, on continue à les lire, parce qu'elles finissent par nous faire vivre une expérience unique.

Bref, si on mesure le développement uniquement à la nécessité de l'histoire, je pense qu'on passe certainement à côté de l'essentiel. Je suis au contraire partisan d'une vision où la trame, l'histoire elle-même a quelque chose de secondaire. Ce qui importe, c'est la manière de la raconter, voire tout ce qui gravite autour. J'ai une vision certainement personnelle de la question, mais pour moi, l'histoire est un moyen d'exprimer autre chose. Et c'est là où l'histoire doit donner des opportunités de digression qui deviennent nécessaires. Plus exactement, c'est à moi des les rendre aussi nécessaire, voire plus que l'histoire. Quand j'écris, je les sens et, parfois, je m'abstiens, mais je vis ça comme une sorte de démission, car il y a un vrai pari à développer ces scènes "gratuites" et de parvenir à leur donner un attrait aussi nécessaire que l'action elle-même.

Je sais que le Rêve d’Éther est symptomatique, et finalement en partie un échec à cause de ça. J'en oublie certainement l'histoire et il se crée certainement un malentendu ou une frustration chez le lecteur. Donc je n'ai certainement pas résolu moi-même l'équation.

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il y a 10 ans 9 mois #18981 par Mr. Petch
Réponse de Mr. Petch sur le sujet Re:Développer un texte

Pour revenir au morceau de bravoure "gratuit", j'ai en tête une scène de M Petch sur une barbe. La digression prend soudain une proportion inattendue.


Puisque tu cites l'un de mes passages, j'interviens dans la discussion : l'extrait en question (dans Les Cimes, début du dernier chapitre ) illustre assez bien ce débat sur le développement vs la digression dans sa conception.

Au début de l'écriture, ce paragraphe n'était pas anticipé. Il est venu, très justement, du besoin dont Feurnard parle : il faut "développer", sous-entendu il faut faire du remplissage (et c'était un de mes soucis constants dans Les Cimes. Assez naturellement, le développement prévu à cet endroit était la description physique du personnage d'Ivanov.

Pour rappel, la scène est celle où Anton, le narrateur, rencontre pour la première fois Ivanov, qu'il considère comme un héros guerrier dont il a lu les exploits.

Je commence la description et arrive ce détail de la barbe. Tout le principe du paragraphe est qu'Anton essaie de décrire Ivanov mais qu'il en revient toujours à la barbe, qui l'obsède pour une raison très simple : il n'imaginait pas Ivanov (qui n'avait jamais été décrit jusque là) comme un barbu.
Bon : donc au début, on est bien dans une pure logique de remplissage descriptif. Je développe parce qu'ici mon plan me dit qu'il faut décrire Ivanov, et ça me permet, au passage, de renforcer le côté "obsessionnel" du narrateur.

Et puis l'idée de la barbe me plait et finalement, je lui vois un autre usage, cette fois pas seulement en tant que description, mais pour l'intrigue et la narration en elle-même. Je développe le motif de la barbe tout au long du paragraphe de telle manière qu'il va "symboliser" le hiatus entre l'image qu'Anton se fait d'Ivanov et la réalité du personnage, et l'impossibilité d'Anton a admettre le réel. Hiatus qui, bien sûr, ne se limite pas à la barbe (pour faire simple Ivanov est un scientifique anti-militariste et non un héros guerrier ultime), mais qui trouve là une représentation simpliste qui colle bien avec la pensée du narrateur.

Je dis ça... c'était mon intention en écrivant, et je ne dis pas que j'ai réussi

Et, bien sûr, si on ne trouve rien, on en veut à l'auteur.


Tu m'en as voulu ? :P

**

Le passage en question est un bon exemple de remplissage descriptif, d'injonction au développement, qui dépasse son statut de description et débouche sur un enjeu d'intrigue. Ce que j'ai aimé est qu'il soit venu en cours d'écriture et que j'ai réussi (enfin... je crois) à l'intégrer dans l'histoire, à lui trouver une place.
Ce n'est pas toujours le cas que ces "morceaux de bravoure" comme les appellent Zara, réussissent à s'intégrer à l'histoire. Et donc :

Bref, si on mesure le développement uniquement à la nécessité de l'histoire, je pense qu'on passe certainement à côté de l'essentiel. Je suis au contraire partisan d'une vision où la trame, l'histoire elle-même a quelque chose de secondaire.


A moitié d'accord avec ça... Pour moi, le développement doit quand même faire sens dans l'histoire, même si, sans faire sens auprès de l'intrigue, il fait sens dans la façon que le lecteur a d'appréhender l'intrigue. Exemple archi-classique de 2001 de Kubrick où les scènes spatiales contemplatives ne font pas forcément avancer l'intrigue mais forcent le spectateur a adopter un point de vue cosmique qui lui servira à apprécier (ou non) la fin.

Quand j'écris, je les sens et, parfois, je m'abstiens, mais je vis ça comme une sorte de démission, car il y a un vrai pari à développer ces scènes "gratuites" et de parvenir à leur donner un attrait aussi nécessaire que l'action elle-même.


Je me rends compte que finalement on est d'accord ;) Le développement, c'est aussi une façon d'appréhender différemment le temps de l'écriture : d'accepter de se confronter à des idées qui viennent en cours de route, et d'accepter le défi qui consiste à les intégrer (ou les rejeter).

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il y a 10 ans 9 mois - il y a 10 ans 9 mois #18982 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Développer un texte
En fait, en repensant au sujet, je pense que l'idée de développer telle que l'entend Vuld me vient en me relisant, donc en ré-ecrivant (sachant que pour moi, il y a plusieurs stades de ré-ecriture: celui où je peaufine mon texte et celui où je le reprend à froid des mois ou des années après.... donc là je parle du premier stade).

C'est en se relisant que je découvre la nécessité de développer. Ce travail s'associe en fait avec la notion de mise en valeur. Je me lis et, parfois, je sens que l'idée n'apparait pas, on glisse dessus sans être "marqué" comme je le voulais. C'est là où je dis qu'il faut avoir un regard de lecteur. Pour moi, "développer", c'est vraiment associé à cette notion de "marquage". je veux que le lecteur s'imprègne du passage, qu'il "rentre dedans".

D'ailleurs, ce travail de mise en valeur et de développement peut paradoxalement modifier complètement le texte et le dénaturer. Certains passages bien mis en valeur au départ ne le sont plus... Donc il faut repenser son texte une fois ce travail fait. Et là, il faut parfois rééquilibrer, couper, déplacer... Et quand on réécrit longtemps après, c'est encore plus vrai.
Mais une fois qu'on sait (à peu près) développer, je pense qu'il y a un travail où il faudrait savoir "couper". Et pour ma part, j'ai beaucoup de mal à couper. Ce serait l'objet d'un autre sujet, mais l'idée de "savoir couper" quand on a un peu d'expérience en écriture me parait être une étape beaucoup plus complexe.
En quelque sorte, il s'agit de retrouver l'épure du débutant ou du premier jet, sauf qu'il serait finalement trè travaillé. En effet, je pense que le travail de "développement" pousse souvent à en faire trop, si bien qu'on montre qu'on "sait" écrire, mais que la lecture devient un peu académique ou ennuyeuse. Je dirait qu'on se dit "oui, c'est évident, il sait écrire", mais sans en éprouver de plaisir. A y réfléchir, je pense que cela rejoint un peu mon idée du "beau style" comme une sorte de leurre. Pour moi, j'ai l'idée que le style ne doit pas se voir. Ou plutôt, on ne devrait pas voir que ce qu'on lit est le fruit d'un long travail.

L'étape final, selon moi, de l'apprentissage de l'écriture, c'est d'obtenir un résultat qui paraisse "évident". En le lisant, on ne devrait se poser aucune question ou remarque, ni même de "wahou!", juste cette sensation de profonde "justesse", que cela coule de source, mais tout en se disant qu'un débutant n'aurait pas pu sortir cette phrase. Je suis en train de relire Flaubert, et c'est vrai que je suis face à un auteur qui répond parfaitement à cette approche. Un travail souvent énorme (et parfois qu'il ne retenait même pas dans l'œuvre finale) mais des phrases qui coulent merveilleusement.
Et ici, ce que j'admire, c'est aussi sa faculté à supprimer a priori des pages entières qui lui ont posé des semaines de travail. Moi, quand je sens que j'ai de la matière sur lequel j'ai travaillé et obtenu un résultat, je n'arrive pas à le supprimer. Au pire, je le déplace si ça colle plus... mais jamais je n'efface.

Je sais pas si vous me suivez et si vous êtes d'accord avec ça?

PS: je n'avais pas lu le MdT de Vuvu... C'est vraiment très bien fait. Je trouve que tu arrives à vraiment ouvrir les yeux des problématiques qu'effectivement beaucoup de débutants (et parfois de moins débutants) oublient. Ca remet vraiment les pendules à l'heure.

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il y a 10 ans 9 mois #18986 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Développer un texte
Comme je n'arrivais pas à dormir, j'ai voulu apporter ici une réflexion qui ne suffit pas pour en faire un sujet à part.

Du coup je voulais parler de relance.

Mais avant ça, je voulais souligner que pour moi le problème du découpage, de "quand couper", se pose trop rarement pour que je puisse y répondre. Le découpage a été décidé en amont, dans le plan.
Je voulais aussi remarquer qu'il y a pour moi encore toute une réflexion à côté, sur le "détail" qui, dans les critiques, n'est jamais mentionné que pour signaler une force du texte. Dire à quelqu'un de "travailler le détail" est rare et mériterait vraiment sa chronique...

Mais bref.
Comme je l'ai dit, le développement pour moi répond à la critique du "trop court". En général il se passe mille choses, on survole tout et du coup on a besoin que l'auteur rembobine et reprenne les choses posément.
Mais il y a une autre critique, qui arrive surtout pour des débutants déjà un peu drillés, en général quand ils s'attaquent à la planification et à l'atmosphère. C'est le "il ne se passe rien".

Le "il ne se passe rien" vaut pour le personnage qui serait inactif. Si on dit qu'il y a le barbare, la magicienne et le voleur, et que face à une épreuve tout ce que fait le voleur est de tenir la torche... il est passif.
Et la passivité est le péché cardinal d'un personnage. Mieux vaut encore qu'il soit incohérent, tant qu'il fait quelque chose. Mais ça c'est une réflexion en soi.

Le "il ne se passe rien" vaut pour les événements. Manque de tension, impression de vide. Typiquement, si on dit que le héros arrive au soir à une auberge et qu'on décrit comment il prend sa chambre, s'endort, se réveille le lendemain est repart, on dira qu'il ne s'est "rien passé".
Même pas un indice comme quoi l'auberge prendrait feu. Même pas une révélation sur son père ou des brigands... Rien.

À noter qu'avoir de l'inaction peut être volontaire et payant. C'est le cas pour le "calme avant la tempête" (du héros qui fait la vaisselle avant de partir au combat).
Parler d'action peut être également trompeur. Il se passe quelque chose si des personnages discutent (et disent un truc d'intérêt). Il se passe des choses si le personnage réfléchit. Il se passe quelque chose si on découvre de nouveaux lieux.

Quand il ne se passe rien, la tension tombe, l'intérêt avec et il faut le relancer.
C'est la relance.

Je me suis fait cette réflexion à deux occasions, en écrivant un texte "au kilomètre".
1) J'ai fait une transition vers des personnages en trajet. Le trajet était sans intérêt mais les faire arriver tout de suite aurait été trop brusque.
Résultat je me suis retrouvé à écrire plus de deux pages sur une rencontre avec des soldats parce que... parce qu'il fallait qu'il se passe quelque chose, là, tout de suite.
2) Je me suis rendu compte qu'un personnage était passif. Un peu comme tu te dirais "eh, ce forgeron ne fait pas grand-chose"...
Mais j'ai décrété que ce personnage devait faire quelque chose parce que sinon, encore une fois, il manquait d'intérêt, et résultat je suis en train de lui concevoir toute une histoire à part de l'intrigue principale, sans même chercher à savoir si ce sera lié de près ou de loin.

Pour moi ce sont deux phénomènes différents avec deux critiques différentes :
- On demande de développer quand il se passe trop de choses
- On demande de relancer quand il ne se passe rien
Mais dans les deux cas il faudra rajouter du texte.
Par exemple, si la personne décrit le voyage jusqu'à la grotte et que ce voyage est morne, vide, ennuyeux... on ne lui dira pas de couper le voyage (ce serait contredire le développement) mais de le "motiver", d'inventer une péripétie.

J'avais d'ailleurs fait la remarque à une débutante... du coup elle m'a mis un tronc d'arbre sur les rails. Comme ça, de nulle part.
...
Bah c'est une péripétie. Ca relance l'intérêt. Il s'est passé un truc. C'est basique mais eh.

Pour moi le développement relève de la planification stricte, bien organisée, tandis que la relance relève plutôt du freestyle, au sens où si le plan est bien fait il n'y aura de toute manière pas de temps mort. Mais comme aucun plan n'est parfait (et qu'un plan trop strict finit par étouffer le texte), je trouvais la réflexion utile.
À mon avis, la relance mériterait d'être ajoutée à l'arsenal des techniques pour jeunes plumes. Savoir quand relancer l'intérêt, quand l'histoire a besoin d'un "coup de pouce".

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il y a 10 ans 6 mois #19078 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Développer un texte
J'essaie de relancer Ether qui étauit en rade depuis plus de 6 mois. Et là, je me dis que je devrais peut-être me repencher sur le sort de Grobul et Boubli... Donc je me lance et je commence à faire une transition par rapport à là où je les avais laissé. En gros, les voilà tout malheureux et ils sont enfin face à leur liberté et puis, ils doivent allumer un feu pour enfin prendre de plein pied dans la grande histoire. Donc j'écrivais juste pour les lancer beaucoup plus loin.

Me voilà très vite avec deux paragraphes formant une quinzaine de lignes. Bref, de la transition dans tout ce qu'elle a de classique: concise, résumant leur situation, leur état d'esprit, ce qui les attend sommairement. Et bien sûr, une fois le feu allumé, ils devaient le regarder s'éteindre et partir pour l'aventure.
Une fois terminé, je me dis:
1- Que ce n'est pas terrible mais nécessaire
2- Que j'ai voulu glissé quelques idées secondaires pour préserver leur côté grotesque et ridicule qui, glissé dans ce contexte, font un peu redondant avec leurs habitudes, bref, que ça devient prévisible
3- Je me finis par me dire que tout ça, soit ne sert à rien et pourrait carrément sauté. Ou alors je dois un peu développé mais que ça alourdirait le récit.

Et puis, un peu plus tard dans la journée, je me dis que je fais carrément fausse route, que cette transition de 15 lignes ferait finalement un vrai chapitre de leur aventure et que si je la travaillais vraiment, elle s'emboiterait parfaitement dans le récit et que leur "petite histoire" fait ciomplètement partie de la "grande histoire".

Du coup,

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