De l'organisation temporelle dans vos histoires
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il y a 17 ans 10 mois #11895
par Gulix
De l'organisation temporelle dans vos histoires a été créé par Gulix
Sous ce titre étrange, j'aimerais avoir vos avis sur l'organisation de vos histoires. Ceux qui m'ont déjà lu, ou qui ont lu mon interview, savent que j'écris de manière 'visuelle', que je découpe mon récit comme un film / une série.
Pour mon récit en cours (Natures Profondes), j'ai pensé découper le prochain chapitre en plusieurs scènes, qui ne se suivraient pas chronologiquement. En gros, on suit un personnage, jusqu'à un certain point, et on repart vers d'autres personnages, en racontant des événènements antérieurs à la scène précédente.
C'est un procédé assez courant en Ciné-TV, mais je ne me rappelle pas avoir lu ça souvent (le Trône de Fer, et encore, c'est assez différent dans le sens où chaque perso est traité séparément). Donc, j'aimerai avoir vos avis là-dessus :
- l'avez-vous déjà fait ?
- trouvez-vous ça intéressant ?
- avez-vous des idées sur la manière de mettre en oeuvre ?
Pour mon récit en cours (Natures Profondes), j'ai pensé découper le prochain chapitre en plusieurs scènes, qui ne se suivraient pas chronologiquement. En gros, on suit un personnage, jusqu'à un certain point, et on repart vers d'autres personnages, en racontant des événènements antérieurs à la scène précédente.
C'est un procédé assez courant en Ciné-TV, mais je ne me rappelle pas avoir lu ça souvent (le Trône de Fer, et encore, c'est assez différent dans le sens où chaque perso est traité séparément). Donc, j'aimerai avoir vos avis là-dessus :
- l'avez-vous déjà fait ?
- trouvez-vous ça intéressant ?
- avez-vous des idées sur la manière de mettre en oeuvre ?
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- Vuld Edone
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il y a 17 ans 10 mois #11904
par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re: De l'organisation temporelle dans vos histoires
J'ai fait quelque chose de vaguement similaire, où le principe est sinon le même du moins voisin.
C'est intéressant, risqué mais intéressant, ça apporte quelques possibilités qui, au fond, ne diffèrent pas grandement d'une chronologie classique.
Je vais t'écrire une série de phrases :
"Luc mange une pomme."
"Luc est amoureux de Cécile."
"Henri a tué Luc."
"Cécile en veut à Luc."
"Henri l'a perdue."
"Cécile joue de la flûte."
Maintenant, remets-les dans l'ordre.
Entre "Luc mange une pomme" et "Cécile joue de la flûte", il n'y a aucun lien, donc elles peuvent se trouver en relation d'antériorité, postériorité ou simultanéité sans qu'on puisse départager.
Par contre, "Luc est amoureux de Cécile" est forcément antérieur à "Henri a tué Luc", à moins qu'un fantôme n'aime Cécile. "Henri a tué Luc" est un point de repère absolu puisqu'avant Luc existe, pendant et après Luc n'existe plus : on peut très facilement se repérer.
Maintenant, entre "Luc mange une pomme" et "Henri l'a perdue", on peut réaliser un lien. Ce qu'Henri a perdu peut être la pomme qui existe dans l'énoncé précédent, donc ce à quoi le pronom se rapporterait. Si on remplace "Luc mange une pomme" par "Henri à tué Luc", le pronom peut alors se rapporter à Cécile qu'il aurait perdue en tuant son amant.
Le principe est donc très simple : donne un repère général, qu'on peut retrouver dans tous tes passages. Ensuite, entre chaque passage, donne des repères plus particuliers. Quand tu conclus un passage, donne des éléments dans la conclusion que tu reprendras dans l'introduction du passage suivant.
Normalement tu donnes déjà de tels repères dans une histoire classique mais ici ils doivent juste avoir une réalisation temporelle antérieure.
Le plus important est avant tout la régularité. J'avais la grand avantage de ne jamais changer de décor (ou si peu), de sorte que le lecteur à chaque changement se trouvait en terre connue. J'avais pour autre avantage de reprendre des personnages décédés auparavant et d'en rajouter des nouveaux dont on ne parlait plus ou que par allusions : par évidence il s'agissait d'un retour dans le temps. Mais plus que tout j'engageais un mouvement moral du haut vers le bas, du type "tout va bien -> tout va mal" qui par la suite fait mine de s'inverser alors qu'il persiste (mais là je dévoile une subtilité de mon texte... chuuuuut !)
Soit tu as un cadre régulier et alors je conseille la coupure nette, violente, très marquée pour que le lecteur comprenne qu'on est passé à autre chose : il aura d'autant plus de plaisir de retrouver ses repères ; soit ton cadre est mouvant et je ne saurais trop te conseiller des transitions très fines, la conclusion d'une scène n'appartenant déjà plus à ton passage, l'introduction de la suivante n'étant pas encore la sienne : le lecteur comprendra le changement au fur et à mesure, sans se perdre.
Maintenant si tu veux plonger le lecteur dans la passivité, le faire douter quant aux périodes, alors supprimes des repères, cache-les, brouille les pistes. Il faut juste alors veiller qu'il ne se trompe pas car une erreur deviendra pour lui, au fil du temps, une vérité qui ira contredire ton texte (même si ton texte lui-même ne se contredit pas). Le dérangement chronologique est risqué en cela qu'il peut facilement amener la confusion donc fait très attention aux repères que tu donnes, n'hésite pas pour le bien de ton texte à sacrifier le style au profit de la clarté.
Pour conclure il y a des milliers de variantes pour toutes les situations et pour chaque situation plus de variantes encore, à toi de choisir celle qui te convient.
C'est intéressant, risqué mais intéressant, ça apporte quelques possibilités qui, au fond, ne diffèrent pas grandement d'une chronologie classique.
Je vais t'écrire une série de phrases :
"Luc mange une pomme."
"Luc est amoureux de Cécile."
"Henri a tué Luc."
"Cécile en veut à Luc."
"Henri l'a perdue."
"Cécile joue de la flûte."
Maintenant, remets-les dans l'ordre.
Entre "Luc mange une pomme" et "Cécile joue de la flûte", il n'y a aucun lien, donc elles peuvent se trouver en relation d'antériorité, postériorité ou simultanéité sans qu'on puisse départager.
Par contre, "Luc est amoureux de Cécile" est forcément antérieur à "Henri a tué Luc", à moins qu'un fantôme n'aime Cécile. "Henri a tué Luc" est un point de repère absolu puisqu'avant Luc existe, pendant et après Luc n'existe plus : on peut très facilement se repérer.
Maintenant, entre "Luc mange une pomme" et "Henri l'a perdue", on peut réaliser un lien. Ce qu'Henri a perdu peut être la pomme qui existe dans l'énoncé précédent, donc ce à quoi le pronom se rapporterait. Si on remplace "Luc mange une pomme" par "Henri à tué Luc", le pronom peut alors se rapporter à Cécile qu'il aurait perdue en tuant son amant.
Le principe est donc très simple : donne un repère général, qu'on peut retrouver dans tous tes passages. Ensuite, entre chaque passage, donne des repères plus particuliers. Quand tu conclus un passage, donne des éléments dans la conclusion que tu reprendras dans l'introduction du passage suivant.
Normalement tu donnes déjà de tels repères dans une histoire classique mais ici ils doivent juste avoir une réalisation temporelle antérieure.
Le plus important est avant tout la régularité. J'avais la grand avantage de ne jamais changer de décor (ou si peu), de sorte que le lecteur à chaque changement se trouvait en terre connue. J'avais pour autre avantage de reprendre des personnages décédés auparavant et d'en rajouter des nouveaux dont on ne parlait plus ou que par allusions : par évidence il s'agissait d'un retour dans le temps. Mais plus que tout j'engageais un mouvement moral du haut vers le bas, du type "tout va bien -> tout va mal" qui par la suite fait mine de s'inverser alors qu'il persiste (mais là je dévoile une subtilité de mon texte... chuuuuut !)
Soit tu as un cadre régulier et alors je conseille la coupure nette, violente, très marquée pour que le lecteur comprenne qu'on est passé à autre chose : il aura d'autant plus de plaisir de retrouver ses repères ; soit ton cadre est mouvant et je ne saurais trop te conseiller des transitions très fines, la conclusion d'une scène n'appartenant déjà plus à ton passage, l'introduction de la suivante n'étant pas encore la sienne : le lecteur comprendra le changement au fur et à mesure, sans se perdre.
Maintenant si tu veux plonger le lecteur dans la passivité, le faire douter quant aux périodes, alors supprimes des repères, cache-les, brouille les pistes. Il faut juste alors veiller qu'il ne se trompe pas car une erreur deviendra pour lui, au fil du temps, une vérité qui ira contredire ton texte (même si ton texte lui-même ne se contredit pas). Le dérangement chronologique est risqué en cela qu'il peut facilement amener la confusion donc fait très attention aux repères que tu donnes, n'hésite pas pour le bien de ton texte à sacrifier le style au profit de la clarté.
Pour conclure il y a des milliers de variantes pour toutes les situations et pour chaque situation plus de variantes encore, à toi de choisir celle qui te convient.
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