La Réecriture
- Zarathoustra
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J'avoue être actuellement plus un adepte de la réecriture que de l'écriture. En effet, j'exploite et retravaille plutôt des vieux materiaux. Je suis très très peu créatif ces dernières années. Pour le Portrait du devin, je suis parti d'un personnage d'un bout de récit. Donc première étape de réecriture, le but était d'en faire un portrait. Résultat une petite nouvelle de 5 pages qui correspondait tout à fait avec un "portrait". En le faisant lire à quelques personnes, je me suis embarqué dans une réecriture dont l'objectif était de traviller quelques aspects du texte qu'on 'avait signalé comme étant un trop peu présent. Du coup, nouvelle réecriture car du coup, cela a chamboulé complètement l'équilibre d'ensemble, des personnages ont pris corps, puis ont complètement modifié le texte. A un tel point que je suis obligé de complètement changer le sens du texte et son dénouement.
Au final, je considère que j'ai deux textes différents. Et il faudrait sans doute réecrire l'ensemble une 3eme fois car le résultat me parait encore batard: d'une part parce qu'il subsiste des éléments du materiel initial qui n'ont sans doute plus la même portée mais surtout parce que l'ensemble mérite encore des développements.
Ou l'art de passer d'un texte de 20 ligne à un truc de 30 pages ou un mini roman... Enfin, si j'ai la volonté et le courage de me relancer (faut d'abord que je termine la 2eme réecriture).
S'il est agréable de réecrire parce qu'on part de quelque chose de beaucoup plus défini, la liberté que l'on a sur une page blanche et patir vers l'inconnu me manque parfois, mais il faut un état d'esprit particulier que je n'arrive pas à avoir ces derniers temps.
Par contre, paradoxalement, j'ai assez rarement réecris un texte que j'avais mis ici. Non qu'il soit parfait ou que les critiques ne soient pas fondés, mais je livre mes textes en considérant souvent que j'avais epuisé tout le plaisir que j'avais de le travailler.
Et vous? Vous vous lancez dans des réecritures aprés une diffusion dans les MAJ?
Vous arrive-t-il de regretter d'avoir repris le texte en relisant votre réecriture par rapport au premier "spontané"?
Eprouvez-vous le même plaisir à reprendre un texte? Quand estimez-vous qu'il est "terminé", tout au moins digne à être mis ici?
Bref, discutons de la mécanique de la réecriture.
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- Krycek
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Toujours. Chacun de mes textes postés ici a été édité pour palier à tous les problèmes mentionnés lors des critiques.Zara écrit: Vous vous lancez dans des réecritures aprés une diffusion dans les MAJ?
Seuls les 2 derniers chapitres du Roi Phoenix et Pandémonium n'ont pas eu cette chance, mais j'en parle plus tard.
Pourquoi ? Parce que les critiques que je trouve fondées me semblent obligatoires à observer (tant que ça reste dans la ligne de mon récit, je ne dévierai pas l'histoire car quelqu'un pense un évènement comme inutile/inintéressant).
Et puis après tout, c'est essentiellement la raison de ma venue ici sur les Chroniques : discuter autour des textes et apprendre beaucoup sur l'écriture.
Non. Car si regret il y a, je supprime la réécriture bancale. Il est vrai qu'un jet spontané est difficile à remanier du fait que l'on a l'impression qu'on y a mis le meilleur.Zara écrit: Vous arrive-t-il de regretter d'avoir repris le texte en relisant votre réecriture par rapport au premier "spontané"?
Et puis, la plupart du temps, la réécriture vient des critiques de la MAJ que je considère constructives; ainsi cette réécriture est vécue comme bénéfique au texte.
Oui. Dans le sens où les critiques me font redécouvrir mon texte sous un aspect inenvisagé. De plus je sens que j'améliore ce que j'avais fait et c'en est que plus agréable.Zara écrit: Eprouvez-vous le même plaisir à reprendre un texte?
Mais je répondrai aussi : Non. Et c'est actuellement mon problème. Lorsque de réécriture il s'agit de repenser tout le fil, toute la trame, quand le texte a fait un flop complet, j'ai là énormément de mal.
Par exemple :
- Pandémonium, qui a vu ses deux derniers chapitres comme étant mal écrits (je le dis au vu des critiques, je le pense surtout); alors ici la il s'agit de revoir entièrement les chapitres dans leur forme.
- Le Roi Phoenix, même topo, les deux derniers chapitres ont tranché avec le reste (ce n'est pas faux d'ailleurs) et là aussi le manque de qualité me pousse à les réécrires, essentiellement dans leur fond.
Le problème se pose ainsi : j'ai une envie folle de continuer à écrire ces sagas, j'ai des idées plein la tête pour le Roi Phoenix et Pandémonium est déjà terminé... mais dans ma tête. Et cette réécriture qui est vécu comme un échec (pas de fausse modestie, il est vrai que les derniers textes que j'ai proposé étaient assez médiocres) me bloque. Je veux continuer et finir Pand, pourtant il me faut d'abord réécrire un passage qui me semblait peu important. J'aimerai coucher sur le papier toutes mes idées du Roi Phoenix mais pour cela il faut que je soigne le fil conducteur qui se brise après 2 chapitres !!!
Ainsi, parfois la réécriture, quand trop importante à faire, peu gêner vis à vis de l'envie d'aller plus en avant... cela rejoint ton commentaire :
Zara écrit: la liberté que l'on a sur une page blanche et patir vers l'inconnu me manque parfois
Digne d'être sur les Chroniques, pour ma part, veut dire que le texte en l'état colle au scénario et à l'image que je m'en étais faite.Zara écrit: Quand estimez-vous qu'il est "terminé", tout au moins digne à être mis ici?
Terminé, ils le seront après avoir tous passé à la casserole des MAJs, une réécriture à chaque fois et à la fin, lorsque le dernier chapitre sera passé par là, alors une relecture complète pour ajouter de la densité et plus de corps au texte (ce que j'ai du mal à faire au long de la création).
Je suis assez axé sur le scénario et l'image (cinématographique) que je veux pousser au lecteur. Pour la densité même du texte (descriptions, sentiments) j'ai plus tendance à rajouter le tout par morceau après coup, lorsque j'ai une vue d'ensemble.
Tu auras peut-être noté que Digne d'être sur les Chroniques se rapporte au fait que mon texte est tel que je l'entendais et nécessite alors des commentaires/conseils/critiques. Lors de l'écriture je les travaille beaucoup, mais vous êtes les premier à les lire... (ouah quel honneur ! )
Par contre terminé mène à me dire : "voilà, clos, réécrit 10 fois, updaté en version finale sur les Chroniques (et mon site), ça c'est fait !".
Note : par réécriture, tout au long de ce post, j'entend "revue du texte, ajout/suppression de paragraphes, etc..." et non réécriture de A à Z sur feuille blanche sans regarder l'original...
Comme tu le vois ton topic m'a fait réagir, libre à toi d'y apposer ton pavé !!!!
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- Iggy Grunnson
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Je m'explique: en général, quand je tiens un texte pour fini (ce qui peut impliquer une certain nombre de réecritures et retouches "internes"), je le publie et j'essaie de passer à autre chose. J'ai tendance à penser que même si je passe davantage de temps sur une histoire, sa qualité ne va pas continuer à augmenter éternellement mais que au contraire je risque de tuer la spontanéïté qui en faisait le charme.
Si je tire des lecons de mes erreurs, je préfère largement les appliquer à mes récits suivants. Par exemple, à l'époque où je les ai publiés sur les chroniques, je me suis rendu compte qu'il manquait une transition entre "the southern trees" et "brouillard de guerre", deux aventures d'amphitryon Jones, et que beaucoup de lecteurs avaient du mal à saisir le cheminement entre ces deux histoires. Plutôt que de modifier ces histoires, je me suis motivé pour écrire une histoire indépendante qui fait malgré tout le lien entre les deux. Pour moi, c'est un processus vivant, qui permet de voir une évolution entre les récits successifs de chaque auteur: maturation du style, des thèmes, des intrigues... Trop accorder de temps à des réecritures, ça me paraît un peu stérile et ça coupe la continuité de cette évolution.
J'ai bien conscience que beaucoup d'auteurs - c'est le cas ici aussi, à ce que je vois - s'adonnent beaucoup à des réecritures, et que quelque part ma vision des choses peut limiter ma marge de progression. Mais bon, je ne suis pas à l'abri de changer d'opinion de toute façon!
Iggy
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- Vuld Edone
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Etant en train de réécrire les Larmes, cette question est pour moi d'actualité. Que ce soit pour une phrase, un passage, un chapitre ou un texte, mon principe de réécriture reste le même : "tout effacer, tout reprendre".
Je fais donc constamment de la réécriture, en corrigeant mon premier jet sur l'instant. Si, achevé et envoyé sur les Chroniques, je voulais le réécrire, cela signifierait le supprimer, le recommencer entièrement et envoyer ce "second jet" dont pas une phrase normalement ne correspondrait, aussi géniale soit-elle.
C'est exactement ainsi que je procède pour les Larmes. Je relis l'ancien chapitre, pour me remettre l'histoire en tête, puis j'efface tout et j'écris mon chapitre.
Je ne réécris que quand je considère écrire mieux, ce n'est donc très certainement pas juste après avoir achevé le texte. Qui plus est, puisque j'efface et que je recommence tout, j'ai meilleur temps de commencer un nouveau chapitre, un nouveau texte, que de m'attarder et de m'enraciner sur le précédent. Aussi, après la Mise à Jour, je ne reprends jamais mes textes, ils restent tels quels.
Du reste, si je décidais de reprendre un texte seulement parce que je pense pouvoir l'écrire mieux, alors je n'en aurais pas écrit deux, puisque "il y a toujours quelque chose à corriger".
Eprouvez-vous le même plaisir à reprendre un texte?
Je sais que ce qu'on attend de moi, c'est que je dise la même chose, mais plus clairement.
Seulement j'ai l'impression qu'en changeant les mots, qu'en tournant la phrase autrement, je trahis ma pensée. Bien sûr, ce n'est pas cohérent, mais parce que, comme le dit Post Scriptum, et j'ai l'habitude de croire aveuglément tout ce qu'on me dit, je m'écoute penser, alors je retrouve dans ce que j'écris la pensée que j'avais sur l'instant, une manière de penser aussi, pourquoi pas par extension, qui fait en quelque sorte mon identité.
Une pensée plus claire, c'est une pensée conventionnelle, reconnaissable par les autres en cela qu'elle est commune, et par commune, publique. Je ne crois pas, pour jouer sur les inversions en bon renard que je suis, rendre plus clairement ma pensée qu'en la rendant telle quelle, comme je l'ai écoutée au moment d'écrire.
Pour terminer, il n'y a pas à proprement parler pour moi de réécriture. Les auteurs médiévaux, puis classiques, et même actuels, qui reprenaient un fond déjà traité, sous une forme nouvelle, ne réécrivaient pas pour autant, au sens où nous l'entendons de correction. A l'échelle plus réduite de ma personne, hélas trop basse d'épaule pour me supporter, je reproduis leur comportement.
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- Krycek
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- la volonté d'être édité (et donc des passages complets à revoir) pour plaire à l'éditeur )
- étoffer ce qui est déjà présent (modification de l'existant) afin de contenter la compréhension/la qualité au lecteur
- revoir sous une autre tournure en gardant à l'esprit ses erreurs (réécriture de A à Z) afin de clarifier sa pensée
Je comprends ton point Feurnard et m'est avis que si tu considères ton texte comme étant l'extension de ta pensée, alors en effet, la modification serait tricher. Mais si ton texte est dédié à un lecteur, alors la modification doit être faite. Je l'avais déjà soulevé une fois, lors d'un de nos débats et je pense que c'ait été compris de travers.
Ce sont là 2 types de textes : l'un vise à contenter le lecteur, (cf. bestsellers), l'autre à véhiculer des idées (cf. essais), sans oublier le pannel possible entre les 2, toute la gamme qui s'étend du destinataire lecteur à l'auteur...
Ainsi, la réécriture part de l'objectif de chaque auteur et celui-ci, inconsciement, adoptera une forme différente, une attitude différente vis à vis de ses textes, des critiques qui leur sont liées ou des recommandation faites.
AMHA, encore une fois...
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- Zarathoustra
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Iggy Grunnson écrit: J'avoue me méfier beaucoup des réécritures... J'ai tendance à considérer que c'est un processus un peu "morbide", pour être honnête.
Iggy
Pour ma part, réecrire, c'est plutôt de la paresse. C'est plus facile que de se lancer dans un truc dans lequel on est pas sûr de se perdre. Ou d'en voir la fin. J'ai plusieurs projets qui me paraissent trop longs et du coup trop chronophage pour m'y lancer. Et j'en ai plusieurs inachevés Je cherche un compromis entre plaisir et exigence.
D'autre part, la réecriture, pour moi, c'est aussi l'occasion d'aller au bout d'idée. J'aime bien voir le potentiel de quelque chose que je n'avais pas forcément enviagé. Le récit du devin est assez symptomatique. J'ai pris, en gros, 2 paragraphes d'un grand projet laissé sur plan et l'ai creusé. Er comme j'arrive à composer des textes sur la longueur sans forcément avoir des scénarios de 15 pages, je m'apercçois qu'en me forçant un peu sur le scénario j'arrive à faire des récits assez longs. Et plus je rallonge, plus je creuse, et plus mon récit gagne en opportunité de lui-même. Pour moi, c'est comme creuser dans du vide et découvrir que ce vide n'est pas vide, plutôt que travailler du plein et remettre du plein. Et ce processus est difficile sans réecriture parce que c'est le travail d'écriture et surtout de réecriture qui produit sa propre matière.
En fait, il y a plusieurs niveaux de réecritures:
- Réecrire tout se fonder sur le passé (ce que fait Feurnard). Ici, se pose la question de savoir si on restera fidèle à l'idée d'origine.
- Il y a réecrire en corrigeant ses fautes en conservant au maximum ce qui a été écrit. Ici, a priori, il s'agit surtout un travail d'insertion, de remise en scène, mais on ne touche sans doute pas au fond et à la trame.
- Il y a un niveau intermédiaire où l'on se laisse porter par ce qui a déjà été écrit. Ce serait là que je me situerais. Mon problème est plutôt d'arriver à ne pas tout détruire ce qui a été construi pour ne pas faire deux fois le même travail (et tomber dans le cas 1). Malheureusement, c'est là où je suis arrivé dans "le devin" puisque je vais changer complètement la fin. Et là, je ne serais plus dans la réecriture mais à nouveau dans l'écriture. L'écriture nécessite un état d'esprit très particulier pour moi que je n'aime pas forcer. La ré-ecriture peut être fait à peu près n'importe quand, quand l'envie me prend.
Quelques points qui méritentr qu'on s'y attarde:
1- Je pense qu'il y a aussi la notion d'exigence avec soi-même qui rentre en ligne de compte. Toujours pour ma part, je n'aime pas me dire que je n'ai pas laissé toutes leurs chances à mes idées. Seulement, je m'aperçois que quasiment tous mes récits (à part les vraies nouvelles) pourraient être écris pour être suffisemment longs pour être des romans, choses qui par contre me bloquent par rapport à l'investissement que cela implique. Il y a un stade où la réecriture trouve sa limite en terme de plaisir. Je pense, par exemple, que l'étape suivante de réecriture pour "Le Devin" n'aura pas lieu parce que, même si je vois plein d'éléments qui mériteraient d'être amplifiés, rajoutés, je ne suis pas sûr d'y trouver de plaisir suffisant. Et là, je rejoins Iggy, il y a un peu un pocessus "morbide", mais qui paradoxalement ne devrait pas en être un puisqu'il s'agirait finalement de l'aboutissement de chacun (du moins je suppose), qui serait d'arriver à écrire un vrai roman, donc en soit, un acte de naissance plus que de mort.
2- D'ailleurs, pour revenir sûr l'un des aspects de la discussion, en tre ecrire et réecrire, il y a la notion de spontanéité vs travail, il y a des écrivains qui ne retouchaient jamais rien (Stendhal, je crois, par exemple), il y en a d'autres qui n'arrêtaient pas de revenir sur leurs textes (Flaubert, me semble-t-il). Quelle est la place du plaisir et de la satisfaction?
3- Ensuite, Iggy disait qu'il utilisait les remarques pour ses récits suivants, c'est effectivement intèressants, mais cela ne conduit-il pas à s'imposer un carcan aux travaux suivants qui eux-mêmes n'en avaient pas besoin de la même manière? L'idée dans tout ça, c'est bien la notion de progrès. Les deux métodes sont bonnes pour cela: repartir sur autres choses ou améliorer l'existant.
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- Iggy Grunnson
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Krycek écrit: la volonté d'être édité (et donc des passages complets à revoir) pour plaire à l'éditeur (Iggy, si tu nous écoute... )
En fait, c'est bien pour cette raison que je me suis tourné vers les éditions du manuscrit : l'espoir de ne pas avoir à contortionner mon texte dans tous les sens dans l'espoir d'être édité. Et je n'ai pas été déçu de ce côté là, même sis retrospectivement, c'est tout ce que je trouve de positif à dire du manuscrit... Enfin, c'est une autre histoire
Concernant cette idée de réecriture, une des questions que ça pose est la valeur intrinsèque qu'on accorde à un texte. Imaginons un peu: j'écris un texte, puis, suite à quelques avis négatifs et critiques, je le réecris plus ou moins intégralement quelques mois plus tard. Est-ce que si je ne reviens pas sur le même texte un an ou deux plus tard, je ne vais pas une nouvelle fois le juger insuffisant, et le reprendre encore? Est-ce que je ne vais pas juger que la version originale était en définitive la plus valable? En définitive, est-ce que les différentes versions d'un texte peuvent selon vous coexister de façon officielle ou au contraire y en a-t-il une qui doit éclipser les autres, et selon quels critères?
Zarathoustra écrit: ne conduit-il pas à s'imposer un carcan aux travaux suivants qui eux-mêmes n'en avaient pas besoin de la même manière?
Dans mon idée, il s'agit plus de retenir la leçon de ses erreurs, par exemple en ce qui concerne des lourdeurs de styles, des problèmes de planification, etc. Effectivement, on s'éloigne du sens strict de la coécriture...
Iggy
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- Post Scriptum
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A la pensée concrétisée, brute, salie par son transfert de l'idée au mot, doit suivre le lent travail d'artisan : dégrossissement, affinage, lustrage, si vous me passez les expressions. La substance primordiale du travail d'écrivain, à mon sens, réside surtout dans la capacité à polir et épurer un texte de tout ce qui l'éloigne de l'idéal vers lequel il tend.
Je pars du principe qu'un auteur connait l'histoire qu'il veut écrire avant de se lancer dans celle-ci. Il sait ou il va, et comment il va y aller ; alors il écrit grossièrement son cheminement, esquisse ses chapitres, commence dialogues et descriptions, et laisse parler ce que l'on appelle instinct. Dans cette étape, il est surtout question de se raconter l'histoire à soi-même, voire d'écrire ses pensées telles qu'elles nous viennent. Une fois qu'un chapitre est assez bien cerné, débute le long travail, le plus agréable à mes yeux : la réécriture permanente. Attention, je ne pas change de fond en comble ce que j'ai écrit, je le retravaille, le malaxe comme une pâte à pain, j'approfondis les phrases, les notions, les dialogues ; j'affine, je m'étale ou je raccourcis, c'est selon. Parfois je réécris des paragraphes entiers de A à Z ; souvent j'intercale quelques lignes, ce qui implique l'ajout ailleurs d'autres lignes...Car tout à ses répercussions, on peut pas ôter un pilier à la droite d'un temple sans en ôter aussi un à gauche : la recherche de l'équilibre et de la cohérence est permanente. La rigueur, indispensable.
Alors, certes, je passe beaucoup de temps au même endroit, et vu de l'extérieur, on pourrait penser que tourne en rond. C'est vrai, je tourne en rond ; mais c'est toujours suivant un mouvement évolutif, ce qui fait que le cercle tracé revient à son point de départ sur un niveau supérieur : le cercle à venir sera "au dessus" du précédent. C'est la spirale de la création.
Quand j'estime que le chapitre, ou le texte, est assez proche de l'idée que je me faisais de ce que je voulais construire, je le donne à lire. Puis, suivant les commentaires reçus, toujours instructifs, je me lance ou pas dans une nouvelle phase de réécriture permanente, phase qui s'achèvera le jour ou je saurais être arrivé au terme de mon travail.
C'est de cette manière que j'ai rédigé "L'avertissement de la toile blanche", chapitre lisible, bien que je ne sois pas allé au terme de nom travail comme défini juste avant.
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- Iggy Grunnson
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Post Scriptum écrit: nouvelle phase de réécriture permanente, phase qui s'achèvera le jour ou je saurais être arrivé au terme de mon travail.
Justement, ma question est : comment savoir qu'on est arrivé au bout du travail de réecriture?
Ca peut paraître bête, mais j'ai beaucoup de mal à juger en toute objectivité de mon travail, même avec le recul. y a-t-il vraiment un moment où l'on se dit "cette fois, c'est la bonne, j'en ai terminé" sans crainte de retomber quelque temps plus tard sur le même texte et de se dire que finalement, il y a encore de quoi faire ?
Personnellement, mon avis fluctue en permanence lorsqu'il s'agit de juger mes propres récits. Comment savoir si l'on en a fini pour de bon? Je ne me sens même pas de légitimité particulière pour décider de la valeur de mes récits, et j'ai tendance à considérer qu'une fois terminé, le texte appartient autant aux lecteurs qu'à l'auteur... D'où la difficulté dès qu'il s'agit de se lancer dans une éventuelle réecriture.
Iggy
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- Krycek
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- un avis extérieur
- son propre sentiment
M'explique :
Avis extérieur
Dans le cas de l'édition, lorsque la maison d'édition accepte de publier tel quel le récit. Ici nous proposons d'ailleurs la bibliothèque et bien des débats viendront quand à savoir si nous sommes après tout bons juges pour définir ce point, où suivant quel point nous le jugerons.
Et puis tout simplement quand le texte est apprécié tel quel et où l'on nous fait sentir qu'il est vraiment génial, qu'il ne faut pas y toucher, de peur de perdre sa valeur.
Propre sentiment
Lorsque l'on se dit qu'il y a tout ce qu'il faut pour passer à la suite (chapitre suivant, partie suivante, récit suivant) que l'on ne souhaite plus s'y attarder de peur de perdre l'essence du texte.
Mon expérience personnelle (pour Pandémonium) m'a même menée à me dire que si je souhaitais coller à la réalité, il me faudrait alors m'informer de ce qui se passe effectivement année après année dans la réalité et l'y intégrer... Exemple : récemment la norvège construit un bunker de sauvegarde de la flore Terrestre, ce qui rejoint l'idée que j'avais eu pour le SITE B (cf début 1er Cycle et suite de l'histoire -à venir-). Je pense l'intégrer à l'histoire car ça apporte de l'eau à mon moulin. Pour d'autres choses je préfère considérer mon texte dans une réalité alternative.
(mais ceci s'applique essentiellement à la SF qui se projette dans un futur -plus ou moins proche- et qui finira eventuellement par se révéler faux -à moins que vous ne vous appelliez Nostradamus ou Paco Rabanne-)
Autre que le fond de l'histoire, il y a les sentiments, les évènements précurseurs que nous ajoutons pour coller à la suite et faire que se tienne l'histoire. Améliorer les descriptions pour reproduire fidèlement l'image que nous avons en tête. Améliorer les tournures...
Mais il arrive un moment où l'on peut se dire que cette réécriture que l'on projette n'apportera rien au tout, au lecteur, à soi-même. Auquel cas, je pense que l'on peut s'estimer "comblé".
Ta question Iggy est peut-être dans le fait que l'on associe réécriture et remise en question. Le manque de réécriture ne mène pas forcément à un manque de remise en question... AMHA.
(en espérant ne pas avoir été trop long/lourd, difficile d'exprimer un sentiment profond)
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- Sky
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La "correction" d'un texte à la manière de post scriptum, cette "chirurgie réparatrice" est, en petite quantité, nécessaire pour obtenir un texte de qualité (et je pense que c'est une des choses qui me manque en tant qu'auteur. Cette qualité que vous avez pour la plupart). Mais en trop grande quantité, cela finit ne finit il pas par ressembler à de la chirurgie esthétique? L'amélioration fournit ne risque elle pas de laisser apparaitre cicatrices et hétérogénéité? Ne risque on pas par finir à atteindre une sorte de "perfection" froide et inhumaine, ou tous les mots aurons été léché et reléché, et ou rien de la spontanéité du premier jet ne reste?
Quand à la réécriture complète (comme Feurnard), je ne la juge pertinente que quand l'auteur à passé une étape dans sa vie, que son point de vue et son talent ont suffisamment changé pour que cet exercice soit plus que le meurtre de l'ancien texte dans le but de réanimer une créature avec ses restes.
Et maintenant, la question que je me pose, et que je vous pose aussi. Tout d'abord, un exemple. Il m'est arrivé de retrouver des vieux textes complètement oubliés, et de le redécouvrir en le lisant. Là, je me dis "tien, sa pourrais être sympa de fair tel ou tel modification, d'y rajouter telle suite,...".
Dans ces cas là, la réécriture peut elle être considérée comme un travail d'écriture en duo? L'ancien moi de l'auteur, et son moi actuel?
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- Iggy Grunnson
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Sky écrit: Dans ces cas là, la réécriture peut elle être considérée comme un travail d'écriture en duo? L'ancien moi de l'auteur, et son moi actuel?
Je ne me suis jamais retrouvé dans ce genre de situation à titre personnel, mais ça correspond exactement à la thèse défendue par Terry Pratchett pour son roman "Le peuple du tapis", édité une première fois alors qu'il avait 16 ou 17 ans et qu'il a repris de fond en comble pour une nouvelle édition. Bon, ça ne fait pas beaucoup avancer le schmilblick, mais bon, on est pas les seuls à se poser ce genre de question en tous cas
Iggy
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- Monthy3
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- Chapitre 1 (Hasard ?) : le tout dernier passage, avec l'Arme de chair, a été réécrit (14 lignes...) ;
- Chapitre 2 (Le calme) : chapitre tout nouveau, pour le coup, très court (4 pages), mais permettant de moins perdre le lecteur lors du banquet du chapitre 3 ;
- Chapitre 3 (Menaçant, menacés) : aucune modif', il avait déjà bénéficié d'une réécriture et le chapitre 2 est là pour l'éclairer un peu ;
- Chapitre 4 (Premières passes) : un nouveau titre (youpi !), légère retouche lorsque Fadamar pénètre dans la demeure de N'Maiz, légère correction des deux passages où on retrouve les corps (de Thorlof, des deux nobles), réécriture des descriptions des 3 mercenaires (moins "brut", et moins JdR - j'espère), réécriture du duel Arme de chair - Ohran Thrixx (moins "parlé", je suppose), très légère modif' d'une remarque du narrateur ;
- Chapitre 5 (Indices) : légère explication de la remarque de Cytise dans le château, et puis c'est tout (...) ;
- Chapitre 6 (Dernières volontés) : j'ai vaguement tenté de rendre Mederick moins "à bout", réécriture du passage de la lettre (avec Halvor et Mélodie, la femme de N'Maiz) ;
- Chapitre 7 (Collaboration ?) : j'ai vaguement modifié le passage où Lametrouble rejoint les mercenaires, et j'ai allégé le style du passage où l'Arme de chair va rencontrer la secte, dans le quartier ouest ;
- Chapitre 8 (Enterrement) : réécriture du poème du début, ajout de quelques lignes d'une conversation Mederick - Jari B'Rauts, j'ai aussi étoffé le passage où Todrick bannit Mederick ;
- Chapitre 9 (Trois compagnons de route) : j'ai fusionné deux passages (le plus ou moins inutile avec le moment où Therk narre son histoire à Cytise, et je pense que le dialogue est du coup mieux amené. C'est à peu près tout...
Comme vous pouvez (peut-être) le constater, ça ne fait pas grand-chose. J'ai également modifié quelques éléments en ce qui concerne la cohérence du récit. A titre d'exemple, Thorlof ne manipule plus l'Abjuration, mais la Fonction (une autre magie que le lecteur ne connaît pas encore).
En revanche, si quelqu'un souhaite lire l'ensemble de la première partie, à savoir les 13 chapitres, qu'il n'hésite pas à se manifester Je suis curieux de savoir ce que donne le tout lu à la suite...
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- Krycek
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Je m'en porte volontaire pour plusieurs raisons :Monthy3 écrit: En revanche, si quelqu'un souhaite lire l'ensemble de la première partie, à savoir les 13 chapitres, qu'il n'hésite pas à se manifester Je suis curieux de savoir ce que donne le tout lu à la suite...
- Pendant un moment je passais ton texte à la trappe via l'excuse du manque de temps pour les MAJs.
- J'ai envie d'y trouver tout ce que j'ai pu rater et qui annonçait ce qui venait.
- Pour me préparer à la suite
Mais je le lirai une fois revu par tes soins
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- Vuld Edone
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Il se trouve qu'il existe des théories de la relecture, qui quoiqu'assez peu avancées, méritent de l'attention. Je vous donne ici ce que j'en ai retiré, à vous d'en faire ce que vous voulez.
Ainsi, Monthy3, si tu ne sais pas quoi corriger dans ta relecture, tu peux suivre les consignes qui suivent.
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La première chose à faire en relecture est de supprimer tous les mots faibles. On apprend déjà ça à l'école, les verbes "avoir" et "être", à quoi il faut ajouter les connecteurs "et" et "mais", et j'y ai ajouté personnellement encore les connecteurs "de", "comme" et "avec". La recherche doit être systématique, le moindre de ces mots doit être supprimé et la phrase modifiée en conséquence. A terme c'est impossible, mais il faut y tendre.
Je peux continuer la liste des verbes, à propos des mot faibles : "dire, faire, mettre, il y a, voir, ..." Elle varie en fonction de l'auteur et du genre.
La seconde étape est un travail sur la structure.
Il faut commencer par supprimer tous les mots inutiles, du type "tout à fait", "sans doute" et en fait, comme je m'en suis rendu compte en lisant Post Scriptum, presque tous les modalisateurs. Cela vaut aussi pour les incises, les parenthèses, mais à ce stade notre propre jugement nous influence déjà. Certaines parenthèses vont nous sembler vitales, il faut juste les remettre en question. Si c'est important, pourquoi alors en incise ?
Ensuite, il faut supprimer toutes les relatives, donc les constructions en "qui", "que", ce qui comprend les "avant que", les "dont", les "d'où", et dans la volée, supprimer tous les participes présents et passés. Une fois encore, c'est bien entendu impossible, mais il faut y tendre. Notons aussi la suppression de toutes les formes passives, remplacées par des formes actives à chaque fois, donc "la souris est mangée par le chat" -> "le chat mange la souris".
Le reste de cette étape consiste à reformuler les phrases, pour que la syntaxe facilite la lecture. Je ne peux pas être absolument précis, mais par exemple, employer les chiasmes (ABBA) et les anaphores, les parallélismes et bien sûr, les allitérations. Mais à ce stade, cela ressemble beaucoup trop au style pour être vraiment théorisé.
Il reste encore quelques détails, comme essayer d'être le plus concret possible, en donnant des exemples, ce qui chez nous revient à la métaphore. La dernière consigne est alors de vérifier que la métaphore n'est pas qu'une comparaison creuse, du type "fort comme un lion". Il faut porter son attention sur le sens de la métaphore, sur l'intérêt, la motivation de la métaphore (je vais beaucoup parler de motivation, autant au moins que de pertinence).
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Voilà pour la théorie, ses consignes ne devraient pas surprendre. Il s'agit en résumé de supprimer tout l'inutile pour ne conserver que l'essentiel, donc, simplifier. Il s'agit d'une relecture sur la forme, non sur le fond, où il existe aussi des tests et des théories pour tester la pertinence et la cohérence du propos, mais je croirais sortir du sujet.
J'ai pu appliquer le principe ce matin, c'est assez facile aussi longtemps qu'on comprend le principe, et le résultat n'est pas mauvais. J'ai également appliqué cela aux premiers paragraphes des Larmes, que je suis en train de réécrire, et là encore, le résultat me plait assez. A dire vrai, j'en ferais plutôt une habitude d'écriture que de réécriture, mais à chacun sa manière.
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- Krycek
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EDIT : par contre, en lisant plus en détail, j'ai du mal à comprendre pourquoi, même en ne cherchant qu'à tendre vers cette "perfection", pourquoi cette perfection ne serait-elle possible qu'exempte des mots ci-dessus ? Après tout, ces mots sont dans la langue française non ? (simple question ouverte)
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- Vuld Edone
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Pour moi, cela appartient au système lexical. Prends par exemple un chien, tu peux dire d'une chienne que c'est un chien, d'un chiot que c'est un chien, indifféremment (c'est ce qui permet d'ailleurs au général de dire à son lieutenant "entre soldats, on se comprend"). Le terme est généralisé (on parle d'hypéronyme, mais peu importe), il perd de son sens particulier, en d'autres termes, il devient "non-marqué".
Ainsi, quand tu parles d'un siège, ce peut être un canapé, un sofa, une chaise, un tabouret, etc... quoique chez moi le terme non marqué est "chaise" plutôt que "siège", mais dans tous les cas, c'est le mot que tu peux employer indistinctement.
On pourra te reprocher par exemple d'avoir écrit dans un texte, alors que ton personnage boit du vin, qu'il "avalait le liquide par gorgées". "Liquide" est trop général, même si le vin est du liquide. Le mot ne signifie juste plus rien.
Il en va de même pour ces séries de mots faibles. J'écris des phrases du type "il était chauve et bedonnant, avec un nez de buveur". Les mots faibles ont dû te sauter aux yeux. Compare avec "Son nez imitait son ventre rond, tous deux buveurs pour oublier la calvitie." Dans le premier cas, j'ai simplement listé, placé côte à côte des éléments sans lien "chauve, bedonnant, nez de buveur", tandis que dans le second, ne pouvant recourir aux mots faibles, j'ai été obligé d'inventer ces relations (imiter, oublier).
Je tiens à dire qu'un texte parfait ne se passerait pas des mots faibles. Au contraire, un texte parfait les maîtriserait, les utiliserait à leur plein potentiel.
Il ne nous viendrait pas à l'idée un instant de critiquer le magistral "Je est un autre" de Rimbaud sous prétexte qu'il emploie le verbe "être". De même, Pascal a fait une phrase que j'ai oubliée dans ses Pensées, où la forme passive était employée à son plein potentiel.
Mais quand, en commençant ma description, je ne peux pas m'empêcher de placer mon "il était", je sais avec certitude que je plonge dans la facilité.
Ces mots sont dans la langue française parce qu'ils sont nécessaires, même essentiels. C'est leur emploi qui les a sous-déterminés, par leur généralisation, ce qui prouve d'autant plus leur utilité. Nous sommes juste incapables de bien les employer, aussi faut-il nous en passer, soit pour réaliser un bon texte à notre niveau, soit pour les comprendre et apprendre à les maîtriser.
Tout cela n'étant que mon expérience, la théorie elle n'apporte aucune justification à ses choix, elle dit juste que "c'est mieux".
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- Krycek
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Ici je tombe dans la facilité mais, après une journée de boulot, tu me le permettras . Merci pour ces éclaircissements Feurnard.
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- Monthy3
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Bien sûr, je n'oublie pas que tu affirmes clairement que c'est impossible, et qu'il ne s'agit que de tendre vers...
Autre chose : ton exemple dessert tes dires AMHA :
Je préfère la première phrase. La deuxième me semble inutilement, comment dire... "pédante" ? "Dégoulinante" ? Et puis, un "ventre buveur", un "nez buveur" ? Bof. Le sens n'est pas assuré. Et comme tu le dis toi-même : tu "inventes des relations", autrement dit tu ajoutes une idée qui n'y était pas forcément.Il en va de même pour ces séries de mots faibles. J'écris des phrases du type "il était chauve et bedonnant, avec un nez de buveur". Les mots faibles ont dû te sauter aux yeux. Compare avec "Son nez imitait son ventre rond, tous deux buveurs pour oublier la calvitie." Dans le premier cas, j'ai simplement listé, placé côte à côte des éléments sans lien "chauve, bedonnant, nez de buveur", tandis que dans le second, ne pouvant recourir aux mots faibles, j'ai été obligé d'inventer ces relations (imiter, oublier).
Bref, effectivement, pour enrichir son écriture, il est bon d'essayer de supprimer certains de ces mots que tu appelles "faibles". Mais c'est à manier avec précaution.
@ Krycek : je t'ai envoyé un MP
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- Vuld Edone
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Le passif "peut" avoir un véritable sens, mais le plus souvent il n'en a pas. Il est extrêmement rare que nous l'employions correctement, je n'aurai personnellement pas la prétention de le croire. Pourtant, j'emploie abondamment le passif pour effacer le personnage, donc cela a un sens, mais je sais pertinemment que l'emploi que j'en fais, dans le texte, est fautif.
Le passif de par sa nature même appelle un effort supplémentaire durant la lecture, à savoir retrouver le sujet. Il s'agit quand même d'une inversion entre agent et patient, donc cette forme, même usuelle, ajoute de la difficulté à la lecture. Pour peu que le texte demande déjà de la concentration, cet effort rendra la lecture pénible.
Il en va de même pour les participes. Même isolés, beaucoup m'ont fait buter parce qu'à la lecture je me serais attendu à un imparfait (il me fallait même souvent relire le passage à de tels endroits). Il m'arrive très souvent d'employer les participes comme j'emploierais un adjectif, d'où la question de savoir pourquoi privilégier l'un plutôt que l'autre. Depuis que j'applique cette théorie, j'essaie de concentrer toute la signification dans les seuls substantifs et verbes, ce qui allège énormément mes phrases (même si elles restent torturées).
EDIT : Un exemple m'est revenu, à propos du participe, une phrase pour les dissertations que j'avais mis des mois à comprendre. "Le lion est du mouton digéré." J'avais toujours traduit par "le lion est digéré du mouton", ou plutôt "du mouton le lion est digéré" donc "digéré" comme participe passé formant le passé composé. L'énoncé ne se tenait pas et ne faisait aucun sens pour moi. Il m'a fallu longtemps avant de former "le lion est composé de mouton digéré".
Phrase simple, claire, certainement évidente pour beaucoup, mais qui a prêté à confusion pour moi au point que, si je ne me trompe, il a fallu me l'expliquer.
Quant aux relatives, du simple fait qu'elles allongent la phrase (et appellent souvent un nouveau niveau de lecture), elles provoquent un nouvel effort, d'autant plus grand quand elles remplissent le rôle de parenthèses ("Philippe, qui ne manquait pas d'air, rétorqua que..."). Là encore, la question se pose de savoir si un adjectif, ou même, si le contexte n'aurait pas pu transmettre l'information, en sommes, si on ne peut pas s'en passer. Ou si, simplement, il ne faudrait pas couper la phrase en deux.
A mon avis, en cas de relecture, nous aurons déjà tendance à laisser passer de telles formes, nous ne nous y arrêterons pas (par habitude ou par flemme). Vouloir systématiquement les éliminer attirera notre attention dessus, et nous poussera à entrevoir d'autres possibilités, d'autres moyens de dire peut-être plus efficaces.
En théorie, il s'agit d'assurer la clarté d'un texte. Je suis d'avis qu'un débutant écrit des textes suffisamment clairs. Pour moi, il s'agit d'éviter la facilité, à laquelle de telles structures, de tels mots invitent.
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