file Que pensez vous de vos textes ?

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il y a 15 ans 1 mois #16150 par Iggy Grunnson
Que pensez vous de vos textes ? a été créé par Iggy Grunnson
Une petite idée de discussion histoire de remettre un peu d'animation ici bas...

C'est une idée toute bête à laquelle j'ai pas mal réfléchi : en tant qu'auteur, quelle opinion avez-vous de vos textes ?

Pour prendre mon exemple personnel, l'idée que je me fais de mes récits change au cours du temps toujours selon le même schéma. En gros:

- Quand j'écris, j'ai tendance à considérer que ce sur quoi je travaille est de toute évidence le meilleur texte que j'ai jamais produit, et peut-être même un futur sommet de la littérature fantasy... hum humm... ;) Oui, bon, ça semble un peu fort mais si je n'ai pas une foi totale dans ce que j'écris c'est très mauvais signe pour la suite et il est peu probable que je termine le récit.

- Après avoir fini d'écrire le texte, c'est une autre affaire. En général, il y a une longue phase d'évolution où les défauts - de style principalement - me sautent progressivement à la figure jusqu'à ce que je sois incapable ne serait-ce que de relire un de mes anciens textes.

- Enfin arrive la phase "muséification" ou mon rapport au texte se fait plus mesuré et où je peux regarder mes travaux passés avec si ce n'est une pointe de fierté au moins de la sympathie.

En bref, la manière dont le "je" lecteur regarde les textes du "je" auteur est très différente de la manière dont j'analyserais un texte d'un auteur différent. Les bon côtés comme les mauvais m'aparaissent de façon beaucoup plus nette - à moins que ce ne soit qu'une impression. Si bien qu'à la fin je ne sais plus quoi penser de mes textes le plus souvent.

Et vous ?

Iggy

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il y a 15 ans 1 mois #16151 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re: Que pensez vous de vos textes ?
J'ai également tendance à me dire que ce que j'écris est de toute évidence mon meilleur texte mais uniquement parce qu'il profite de l'expérience des précédents (s'il était pire, je m'inquièterais).

En tant que scribouillard je n'ai qu'un seul critère de jugement : c'est "si ça vient". Au moment de l'écriture surtout je ne suis focalisé que sur ça. Si j'enchaîne la phrase suivante facilement alors c'est "bon", si je bloque suivant le temps du blocage c'est plus ou moins "mauvais". Ca veut dire que le passage de l'une à l'autre va être laborieux aussi pour le lecteur et que mon histoire se relâche.

Quelques jours après l'écriture, surtout s'il n'y a pas de suite, je peux adopter un point de vue plus objectif, soit selon les critiques soit en comparant avec mes lectures. Dans les deux cas j'enfonce très vite mes textes et c'est la tentation du [suppr]. Mais même alors je jugerai des passages comme l'ensemble selon que j'ai eu de la facilité ou de la difficulté à aligner les mots.

Ce n'est évidemment pas un critère que je peux appliquer aux autres et ce n'est pas quelque chose qui laisse des traces (bien qu'Aetos était très fort pour le remarquer chez moi). Mais une fois que je m'écarte de ce critère, mon point de vue sur mes textes est le même que sur les textes des autres. Un effet d'ailleurs est que je vais souligner chez les autres des fautes qui me concernent moi et qui chez eux sont négligeables ou accessoires peut-être.

Voilà pour moi.

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il y a 15 ans 1 mois #16157 par Monthy3
Réponse de Monthy3 sur le sujet Re: Que pensez vous de vos textes ?
Quant à moi, c'est un peu différent. Quand j'écris, je ne me pose pas vraiment la question de savoir si c'est bon ou pas. En revanche, quand je me relis, je peux, à une heure d'intervalle, trouver mon travail tantôt génial, tantôt profondément pathétique. Et cela ne cesse d'aller et de venir. En d'autres termes, je n'ai jamais un avis bien défini. Tout dépend de mon humeur du moment et, surtout, des livres que je dévore en même temps.

C'est bien simple : quand je lis Faërie de Feist, je trouve mon propre style merveilleux, ou du moins bien meilleur (oui, je sais, c'est audacieux, mais j'ai été incroyablement déçu par ce bouquin, par la fadeur des personnages, etc).

Mettez-moi un Tad Williams ou un Bradbury sous les yeux, et j'accroche déjà la corde de chanvre à une poutre de ma chambre en pleurant toutes les larmes de mon corps et en maudissant ma nullité - au point de perdre tout goût, toute envie d'écrire.

Malheureusement, et vous vous en doutez, le deuxième cas est bien plus fréquent. C'est vraiment déprimant. :-x x

Et je ressens malgré tout une profonde satisfaction lorsque j'ai terminé quelque chose, même si cette chose est médiocre. Mais cela n'a pas grand-chose à voir avec la qualité. 8)

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il y a 15 ans 1 mois #16165 par Krycek
Réponse de Krycek sur le sujet Re: Que pensez vous de vos textes ?
Quand j'écris mon texte c'est fabuleux ! Mais je crois que ça vient surtout du fait qu'avoir le temps et écrire me donnent ce sentiment.

Inutile de parler du Roi Phoenix, beaucoup trop court, mais quand je relis Pandémonium, je trouve une foultitude de phrases d'un puéril et d'un manque d'imagination. Ca tient sûrement aussi du fait que ça fait longtemps que je l'ai commencé. Ce pourquoi je préférerai continuer, sans revoir le départ (au risque de me décourager) et revoir le tout à la fin seulement.

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il y a 15 ans 3 semaines #16248 par Iggy Grunnson
Réponse de Iggy Grunnson sur le sujet Re:Que pensez vous de vos textes ?
Me voilà de retour sur mon petit sujet histoire de lui redonner peut-être un peu de souffle... :dry: ;)

A voir vos réponses - et en réfléchissant un peu à la question - je me rends compte qu'il y a tout un côté affectif dans l'opinion que que chacun peut se faire de ses propres textes. Il suffit de voir le témoignage des réactions plutôt vives de Monthy pour s'en rendre compte.

A vrai dire je crois que je fonctionne comme ça et si je passe par une phase ou je ne peux plus voir mes récits en peinture c'est que j'ai l'impression que le lien que j'ai avec eux est dans une phase un peu trouble : ils sont à la fois trop éloignés pour que je puisse continuer à m'y identifier complètement et trop proches pour ne pas m'en sentir en partie responsable, comme si je devais répondre de leurs maladresses. Alors que pour des textes plus anciens je peux les regarder avec davantage de recul.

A ce sujet il y a quelque chose qui m'intrigue, c'est le problème toujours présent des retouches... A partir de quel moment pensez vous avoir suffisamment de recul sur votre texte pour pouvoir le reprendre objectivement ? Ne pensez vous pas vous retrouver plus tard dans la même situation vis à vis du récit "retouché", à savoir déceler de nouvelles maladresse à chaque couche de corrections et ainsi de suite ?

Bref, à partir de quel moment l'auteur n'a-t-il plus de responsabilité vis à vis de son texte?

Ces questions dépassent un peu le cadre du sujet initial mais vu l'affluence actuelle ça ne pourra pas faire de mal ;)

Iggy, méditatif

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il y a 15 ans 3 semaines #16250 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Que pensez vous de vos textes ?
Sur le fond ou sur la forme ?

J'ai récemment appris qu'une turbine, c'était chaud. Bête à dire mais les turbines de char sont plus efficaces pour cuire du lard qu'une plaque de cuisine et dans la foulée j'apprends que les turbines des frégates sont isolées et qu'on ne les approche pas sans protection.
Or lisez Chimio', les gens se promènent à côté de turbines géantes - certes inactives - en plein air comme dans un musée.

La forme a presque toujours été la raison pour laquelle j'arrêtais soudainement d'écrire. Le fond ne me posait pas de problème, preuve avec Larmes où j'avais déjà écrit l'histoire une fois. En général j'arrêtais d'écrire parce que "les autres ne comprenaient pas" ou "je gâchais de l'encre / de l'électricité".
Mais une fois que je me suis persuadé que mon style était "clear", et le commentaire d'Ignit n'a rien fait pour m'en dédire, c'est dans le fond que je trouve des maladresses. Autre exemple, simple, le combat avec le sous-marin (dont j'ai oublié le nom). J'ai gâché l'événement "je ne laisserai pas mon bâtiment couler sans combattre" qui est en fait la réaction du Bismark, ça tombe simplement mal. Le combat est horriblement ridicule, bâclé, simplifié, ça tourne au grand n'importe quoi et je suis très déçu du résultat.
En fait, je suis persuadé que si je me suis arrêté dans l'écriture de Chimio', ce n'est ni à cause de l'histoire ni à cause du style (je prévoyais un chapitre presque entièrement dialogué) mais parce que le combat m'avait profondément déçu.

Ce qui répond en partie à la "retouche".

Il m'est arrivé une aventure amusante, au sens où je voulais écrire un texte mais j'avais décidé de ne pas écrire une ligne avant d'avoir un plan extrêmement précis : détaillé page par page, paragraphe par paragraphe.
Eh bien, je n'ai jamais réussi à planifier plus loin que la trentième page, avant de découvrir que l'intrigue se relâchait complètement, que je commençais à faire du "remplissage" et qu'en général ce que j'aurais voulu mettre n'y trouvait pas sa place. Ce texte fait désormais partie des éléments supprimés de ma corbeille.

Une fois le texte écrit, peu importe s'il est mauvais, truffé de fautes, si le style y est niais. Largen de l'Elebren, sur le Wafo', est profondément ridicule à bien des égards mais les gens ont aimé et moi-même, je ne renie pas ce texte. Il est juste certain qu'aujourd'hui je l'écrirai tout à fait différemment. Ce n'est pas pour autant que je compte le retoucher.
Donc une chose est certaine, la responsabilité de l'auteur s'arrête au moins au point final. D'un autre côté, tant que le texte est inachevé, l'auteur en est toujours responsable, mais seulement au sens où il doit le continuer. Ca m'est arrivé pour un texte (dans l'univers 40k) particulièrement calamiteux, je ne plaisante pas, j'en avais véritablement honte mais j'y ai quand même apporté le point final.
Pourquoi, à l'époque, ne l'avais-je pas retouché ? Parce que je n'en avais pas besoin pour le finir.

Je ferai ici une petite métaphore du char allemand. Ils débarquent en Russie et découvrent le T-34, c'est un monstre, il fait peur. Ils développent alors le Pz-III puis le Panther, c'est génial. Or durant le conflit ces chars sont "retouchés". Ajouts de blindages essentiellement, variantes évidemment comme chasseurs de chars ou obusiers mais aussi nouveaux canons.
- Anecdote là encore, j'en profite, les allemands étaient passés maîtres dans l'art d'utiliser des optiques de canons antiaériens pour leurs chars. -
Les "retouches" s'adaptaient au besoin du conflit. De même, je ne retouche un texte qu'au besoin de mon écriture. Tant que je peux écrire, j'écris, et tant pis pour les innombrables défauts qui grèvent mon texte. Mais si quelque chose me bloque, c'est là que je "retouche" (ou que je cale).
Donc il n'y a pas de recul, au contraire, on n'en a pas le temps. La retouche se fait, à mon avis - ou plutôt selon mon expérience - sur le vif selon les besoins de l'instant, pour maintenir une cohérence à l'histoire, pour pouvoir continuer à l'écrire.

Nous sommes rares à revenir sur le texte après-coup, une fois celui-ci achevé. J'en avais le projet pour l'inspiration imagée Rackham, la fin coupée, mais je ne l'ai jamais fait. Simplement parce que le besoin ne s'en fait pas sentir.
Avec Larmes, j'étais dans l'optique "si les gens ne peuvent pas lire le début ça ne sert à rien d'écrire la suite" et donc, je retouchais constamment les premiers chapitres. Avec les résultats que l'on connait. Avec Chimio', mon optique a changé : "j'aimerais tout refaire mais les gens peuvent lire, vaille que vaille, je finis d'abord". Chimio' serait une histoire extraordinaire si je la retravaillais sérieusement mais j'ai bien d'autres textes en souffrance et j'aimerais en avoir au moins un achevé sur les Chroniques.

Enfin un cas particulier. Le feuilleton. Je ne l'ai retouché qu'une fois, à l'occasion d'un commentaire. Autrement, c'est du premier jet (forcément, je suis pressé par le temps) et comme c'est publié presque au même instant, il n'est jamais question de retoucher.
Or à ce jour, Libra a dépassé en nombres de pages ma saga Chimio'. Si ça continue, d'ici six mois, Libra sera plus long que l'ensemble de ma production écrite.
Vous n'imaginez pas la tentation que j'ai de pérorer des heures entières sur l'expérience du feuilleton. Je ne peux pas corriger, je dois donc faire avec ce qui précède, or je n'ai rien de prévu pour la suite, c'est du freestyle. C'est extraordinairement différent de ce que j'ai l'habitude d'écrire.

Si je résume, il faut déjà s'entendre sur ce qu'est une maladresse. Ensuite je ne retouche que par nécessité - sinon je supprime le texte. Enfin la responsabilité de l'auteur s'arrête soit une fois le texte publié, soit au point final de l'histoire.

Il y a une dernière perspective dont je ne parle pas, parce qu'elle est un peu abandonnée de mon côté, qui est celle de l'expérimentation. "Tester" la forme, voir ce que ça donne, se donner des défis, tâtonner dans l'écriture.
Quand on expérimente, quand on teste de nouvelles manières d'écrire, la retouche prend un tout autre sens. Au final on se met dans une position où nous n'avons pas les moyens de juger qu'une forme est meilleure qu'une autre : le but justement est de ne pas faire comme d'habitude, de changer, de tenter des solutions qu'on éliminerait autrement. La retouche peut même aller dans ce sens, en supprimant ce qu'on juge fonctionner - et qui donc ne nous intéresse pas.
Ce qui pourrait expliquer la plupart des sacs de noeuds dans mes premiers textes ici.
À ce moment, la retouche n'était faite qu'après avis externe pour tester d'autres solutions ou autour de quelque chose qui semble fonctionner, pour le systématiser. Sur le même fond, tester différentes formes. Mais s'agit-il encore de retouches, difficile à dire.

Reste l'aspect affectif que, par habitude, je laisse entièrement de côté.

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il y a 13 ans 4 mois - il y a 13 ans 4 mois #17360 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Que pensez vous de vos textes ?
La question pourrait être plutôt: que pensez-vous de vos anciens textes?
Il est très dur de se positionner sur ce qu'on écrit à chaud. J'en fais l'expérience récemment. J'étais partie sur un chapitre que je ne sentais pas vraiment qui en plus se situait sur une charnière du scénario et j'avais écrit ce qui précédait et ce qui succèdait. Et j'ai été très agréablement surpris de l'écrire aussi facilement parce que à la base, il avait un côté remplissage nécessaire. Bien sûr en relisant, c'était pas ça. En fait j'étais satisfait de ma façon de construire le chapitre lui-même et je m'étais surpis à y trouver des petits renondissememnts, un certain enjeu. Seulement, ce qui clochait, c'était le ryhtme de l'ensemble, les enchainement, les répétitions, un manque évident de mise en valeur et de tension.
Donc tout ça pour dire qu'il y a le pliasir de créer et agencer dansle présent, qui a un côté grisant. Puis il y a la phase où on écrit plus mais où on lit (parce qu'on croit pouvoir faire les deux en même temps en écrivant). :blink: Et l'action d'écrire et de lire sont vraiment différent.

Pour revenir sur les anciens textes, je n'ai aucun complexe à me relire, parce que je pense important d'être cohérent avec ce qu'on voulait faire (et l'ambition qu'on y avait placée). Et des textes peu ambitieux ont parfois un caractère très plaisant où ils arrivent à dépasser les objectifs qu'on s'était fixé.
Par contre, je suis quelqu'un qui revient souvent sur mes récits. Et même ceux que j'ai achevé ne sont pas pour autant fini dans ma tête parce que j'aimerais tout retravailler en bénéficiant de cette vue d'ensemble qu'est un récit terminé. Sonc penser le texte dans un tout et non à l'intérieur d'un processus qui avance au fur et à mesure. D'autant que je fonctionne avec des plans assez laches qui me fait parfois intégrer des points que je n'avais pas envisagés au départ.

Donc sur la forme, il y a un point où j'arrive à être satisfait. Sur le fond, beaucoup moins.

Pour ce qui est de l'auto-satisfaction, oui, j'ai moi aussi régulièrement l'impression d'écrire le meilleir de ce que j'ai fait. Et je pense toujours progresser. Mais en relisant mes tout premiers récits (du temps de Warfo), mise à part les clichés empruntés à Warhammer, j'ai été surpris par le fait que je n'aurais pas touché grand chose. En fait, il possédait une certaine spontanéité et fluidité que j'ai sans doute perdues. Je me rappelle avoir écrit ces textes presque en conduisant. Je n'avais plus qu'à coucher les phrases qui étaient toutes précisément agencées et enchaînées dans ma tête. Ce qui est marrant, c'est que cela m'est à nouveau arrivé récemment pour certains passages de mon nouveau récit (il est vrai qu'il réintègre de vieilles choses).

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il y a 13 ans 4 mois #17364 par Iggy Grunnson
Réponse de Iggy Grunnson sur le sujet Re:Que pensez vous de vos textes ?
Salut à tous!

(Hum… Bon, pas besoin de me lancer dans une grande tirade sur un retour plein de bonnes intentions, pour l’instant c’est juste un petit coucou en passant… On verra bien où tout ça nous mène).

Bref, je voulais juste partager avec vous une petite théorie – c’est un bien grand mot – à laquelle j’avais réfléchi il y a un moment de ça. Je ne sais pas si ça vous inspirera, mais je me suis dit que ça vous intéresserait peut-être

L’idée maîtresse est de considérer que l’écriture est un processus vivant. Cette analogie du vivant, quand on y réfléchit, peut se décliner à différents niveaux.

Tout d’abord, comme en génétique nous trouvons des bases (ATCG en génétique, ici les lettres) qui s’associent pour former des gènes (les mots) ; lesquels forment à leur tour des structures plus élaborées, les chromosomes (ici les phrases) ; pour enfin aboutir à la cellule (le paragraphe ?) et jusqu’à l’individu (le texte). Tout ça pour dire qu’à partir de briques élémentaires en nombre très réduit, il est possible de créer une variété quasi-infinie.

Là où cette analogie avec le vivant devient à mon avis pertinente, c’est que, comme tout processus vivant, l’écriture est sujette à l’évolution. Dans une communauté bien caractérisée (par exemple, le corpus de textes d’un auteur), apparaissent de temps à autres des mutations, soient spontanées (une inspiration soudaine), soit par croisement (par exemple l’influence d’un autre auteur).
Certaines de ces mutations, peu adaptées à leur milieu (notre auteur n’aime pas ce qu’il a écrit), sont destinées à disparaître ; mais d’autres se développeront, se déclinant en différentes variantes, formant de petites communautés au sein d’un écosystème plus grand (un même type de construction de phrase se retrouvant dans différents passages d’un texte) ; allant peut-être jusqu’à l’extinction (l’auteur prenant conscience qu’il se repose trop sur une formule toute faite, décide de la bannir), ou évoluant via des mutations ultérieures.

Je ne sais pas trop si tout ça a beaucoup de sens, où s’il y a un rapport avec le sujet de départ. L’idée que je voulais défendre, c’est qu’à mon avis l’écriture ne prospère que dans ce foisonnement un peu brouillon d’où jaillissent parfois de belles choses. L’idée de cette continuité du vivant a acquis une certaine importance à mes yeux, et au fond c'est ce qui me pousse à envisager avec beaucoup de méfiance le processus de correction d’un texte à posteriori – comme si, toute proportion gardée, on se livrait alors à une forme d’eugénisme créatif. Tout ce que nous pouvons considérer comme des erreurs et imperfection s’inscrirait en fait dans un lent cheminement intellectuel, sans qu’il y ait d’ailleurs de finalité ou de perfection à atteindre.


Iggy

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il y a 13 ans 4 mois #17365 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Que pensez vous de vos textes ?
Je ne peux pas tout à fait te répondre directement, sinon pour dire que toute ma perspective d'écriture tourne autour du besoin de m'améliorer. J'aurais donc des difficultés à ne pas voir dans mes textes des erreurs, à vouloir me corriger et à viser une perfection que je sais inaccessible.

Mais j'aimerais faire part de deux anecdotes.

La première m'est arrivée en relisant Fahron. Il s'est trouvé que, à la lecture, j'ai pu quasiment deviner à la phrase près à quel endroit je m'étais arrêté pour faire une pause, parce qu'à cet endroit la narration changeait de façon infime mais remarquable pour moi, comme si, à partir de là, je continuais sur une autre histoire. J'ai aussi eu cette impression en écrivant le brouillon de Distant, que quelque part en chemin j'avais changé de récit et donc de techniques, et que ma narration avait changé en fonction.
Et j'avoue que c'est décourageant de ne pas contrôler cela.

La seconde m'est arrivée en voulant reprendre Rohd'rick, à la fin de Chimio', un très vieux texte qui me tient à coeur. Seulement j'ai encore le souvenir de son départ, avec la description d'une marche dans une plaine glaciale, et je ne peux pas m'empêcher de me dire que jamais je ne pourrai égaler ce que j'avais écrit alors. Or je sais pertinemment que je me suis "amélioré" depuis. Mais j'ai cette jalousie de moi-même plus jeune, et le sentiment que je ne peux pas égaler mes anciens textes.
Ce qui est d'autant plus contradictoire que je voulais m'améliorer justement parce que j'avais l'impression de les gâcher en les écrivant mal.

Là-dessus...

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il y a 13 ans 4 mois - il y a 13 ans 4 mois #17366 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Que pensez vous de vos textes ?
Je pense qu'il y a quand même plusieurs niveaux sur le retravail d'un texte.

Pour ma part, c'est principalement le manque de fluidité des phrases, les répétitions qui fait que je me dois de corriger. D'une certaine manière, c'est en soi une façon de considérer que tant qu'il y a de tels problèmes, c'est que le texte n'était pas terminé. Et mon style spontané n'est pas toujours le plus heureux.

Ensuite, il y a un 2eme niveau qui est celui que je péfère. C'est le travail de mise en valeur. Une scène peut tenir sur un de mes premiers jets en quelqlues lignes et finir pus d'une quinzaine, voire d'obtenir un quasi chapitre. Et puis on se rend parfois compte que le déroulement logique n'est pas bon. Ou qu'il manque un truc. Et là, j'intercale une scène. Ou une description parce que c'est souvent une partie du travail que je néglige sur les premiers jets.

Enfin, il y a le tabula rasa qui pour ma part est très rare mais que je trouve très mystérieux et potentielement excitant. Souvent, le premier jet est un carcan ou la bouture du travail final. Or il est fait de hasard ou d'un processus plein de possibilités écartées parce que je me lance avec des trames assez laches pour laisser place à l'heureuse inspiration. La bouture spontanée pour reprendre l'analogie d'Iggy. Il m'arrive sovent de me poser la question de savoir ce que serait devenu un texte si je l'avais écrit à un autre moment, avec un autre état d'esprit. Ou en partant avec un autre point de départ. Si un texte se doit d'être parfait, cela veut dire qu'il ne pourrait être autrement. Or je pense qu'il est rare que je puisse dire ça de tout mes textes car le processus final tient souvent trop du premier jet qui a parfois eu lieu sans grande inspiration, dans une sorte d'exercice forcé.
Cela reviendrait à écrire contre ou avec une version miroir. Malheureusement j'ai trop peu de temps pour écrire.

Autre chose. Travailler avec Word est redoutable. Toutes les versions antérieures s'effacent. Parfois je me demande si on ne finit pas , à force d'amélioration et de développement à en faire trop.
Le texte du devin est un rare texte où j'ai gardé plusieurs version parce que j'ai exploité plusieurs fichiers car le nom du projet à changer en cours de route. Du coup, j'ai pu gardé la matrice originelle (qui n'en était d'ailleurs pas tout à faite une parce que au départ c'était une petite partie d'un tout plus vaste que j'avais abandonné (et que je viens de reprendre). C'est là où je me suis aperçu à quel point onpouvait obtenir deux choses très différentes mais chacune avec ses qualités et défaut. Et qu'en retravaillant trop un texte, on en changeait tout son rythme et qu'un changement sur une partie pouvait nécessiter de couper ou redevelopper d'autres parties bien avant ou bien plus loin.

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il y a 13 ans 4 mois #17367 par Iggy Grunnson
Réponse de Iggy Grunnson sur le sujet Re:Que pensez vous de vos textes ?
Ravi de voir que mes élucubrations vous ont inspiré, en tout cas :cheer:

Je ne peux pas tout à fait te répondre directement, sinon pour dire que toute ma perspective d'écriture tourne autour du besoin de m'améliorer.


Bien sûr, je suis d'accord avec ça, et c'est assez naturel de chercher à s'améliorer. Ce que je voulais souligner, c'est qu'à mon sens cette notion d'amélioration a - c'est mon avis - surtout du sens si on la considère au sein d'une vue d'ensemble du parcours d'un auteur, et qu'au fond c'est quelque chose qui reste subjectif. Je suis sûr qu'il y a des gens qui pourraient trouver que certains textes que j'ai écrits il y a des années sont mieux écrits que d'autres plus récents ; par contre l'évolution (au sens du cheminement, avec la continuité que ça implique) entre ces textes est quelque chose de plus incontestable.

Il s'est trouvé que, à la lecture, j'ai pu quasiment deviner à la phrase près à quel endroit je m'étais arrêté pour faire une pause, parce qu'à cet endroit la narration changeait de façon infime mais remarquable pour moi, comme si, à partir de là, je continuais sur une autre histoire.


Pour le coup, je pense qu'il faut quand même relativiser parce que c'est difficile, en relisant un de ses propres textes, de faire abstraction de l'expérience qu'on a vécu en l'écrivant. Il m'est arrivé de ressentir la même chose vis à vis de mes propres textes, mais j'ai dans ces moments là le souvenir de l'état d'esprit dans lequel je me trouvais au moment de l'écriture : ce que j'avais envie de faire passer comme idée ou sensation, etc. C'est une tâche ardue que d'essayer de faire la part des choses entre le "souvenir de l'écrivain" et le ressenti du lecteur.

Il m'arrive sovent de me poser la question de savoir ce que serait devenu un texte si je l'avais écrit à un autre moment, avec un autre état d'esprit. Ou en partant avec un autre point de départ.


C'est une réflexion intéressante, je trouve, et de mon point de vue ça correspond assez à l'idée que l'écriture mène un peu sa propre vie, en évoluant en fonction d'un grand nombre de facteurs qui échappent pour beaucoup à notre contrôle. Je pense que le chaos qui s'introduit dans l'écriture peut nous emmener à exprimer des choses qui n'avaient pas été prévues à l'avance, mais qui traduisent finalement notre véritable état d'esprit comme tu le dis et qui dans certains cas se révèlent plus riches et plus intéressantes que l'intention première qu'on pouvait avoir. Quand j'essaie d'introduire un sous-texte dans un de mes récits, le plus souvent j'ai l'impression que le résultat final est pataud et ne dit pas grand chose de pertinent ; en revanche il m'est arrivé de me replonger sur d'anciens textes et de remarquer qu'on pouvait en tirer d'avantage en termes d'analyse que ce que j'avais eu l'impression d'y mettre au moment de leur rédaction.

Iggy

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