De l'usage d'un pseudonyme
- Monthy3
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Jusqu'à présent, je m'étais toujours dit que ce serait absolument hors de question, qu'écrire une nouvelle ou un roman et la voir en rayons (dans mes songes les plus fous) serait une telle fierté que mettre un autre nom, quel qu'il soit, serait presque inimaginable.
Puis, en fin de compte, est venu l'argument classique de l'impact de cette petite vie particulière qu'est l'écriture sur la vie professionnelle, la dure, la méchante. Entendons-nous bien : pour l'heure, ma vie professionnelle se résume à la fin d'un apprentissage et au début d'une thèse et il s'écoulera encore bien du temps avant qu'un de mes écrits se retrouve en rayons !
Cependant, je ne peux m'empêcher de me questionner. Quid de la perte (ou du gain, soyons fou !) de crédibilité de l'auteur de fantasy ou de science-fiction devant un recruteur sévère et étroit d'esprit, ou au contraire fan du genre ? Finalement, déballer son vrai nom, c'est un peu comme ouvrir une porte à quiconque voudrait s'y engouffrer, une porte vers des opinions ou des idées parfois intimes, parfois huées. Et puis, pseudonyme ou non, l'auteur reste le même, et lui le sait bien, qu'il a écrit ledit bouquin ! N'empêche...
Et vous, quel serait votre volonté, votre choix (ou quel l'a été si vous avez déjà été confronté au problème) ? Pseudonyme ou véritable nom ?
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- Mr. Petch
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J'ai toujours eu tendance à considérer que ce n'était pas moi (moi-état civil) qui écrivait mais mon moi-pseudo, en l'occurence Mr Petch. Je crois comprendre que c'est aussi ton cas et, dans cette mesure, garder le pseudo serait faire honneur à ce qui t'a forgé en tant qu'auteur.
Ceci étant dit, c'est un vrai débat, un peu éculé mais toujours vrai, entre ton honnêteté face à toi-même et à ton parcours et les contraintes pratiques de la profession. Si tu arrives à percer, nulle doute que la même question se reposera en d'autres termes plus tard. Pour cette raison, j'aurais tendance à te dire de garder le pseudo, histoire de ne pas céder dès le départ. Mais je crains que ça ne fasse partie des contraintes que peut poser un éditeur.
C'est peut-être un problème de tradition. En littérature française contemporaine, je connais assez peu d'auteurs utilisant un pseudonyme... Dans les anciens, il y a J.H. Rosny aîné, Alain-Fournier, plus récemment et dans le polar A.D.G. et Fred Vargas... Maintenant ce sontdes pseudonymes qui restent des noms.
Dans la bande dessinée, secteur que je connais assez bien, il y a une forte tradition du pseudo qui date au moins du début du XXe siècle (suffit de prendre Hergé, puis Peyo, Morris, etc.). Du coup, les jeunes qui commencent maintenant et viennent de la publication en ligne ont tendance à garder un pseudo avec lequel ils se sont fait connaître, même s'il n'est pas vraiment un vrai nom (Boulet, Wouzit, Phiip, Pochep, Laurel, Fafé...).
Mr Petch
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- Monthy3
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En fait, non, c'est l'inverse ! J'ai toujours gardé une distance avec mon pseudo, ne serait-ce que parce que si celui-ci me suit depuis très longtemps, il se couple à certains autres dont j'use ponctuellement. Bref, je serais d'avis de donner mon véritable nom, mais ce sont plus d'éventuelles conséquences vis-à-vis de gens que je connais ou serais amené à connaître qui pourraient me freiner.Je crois comprendre que c'est aussi ton cas
Je me demande si, au contraire, l'éditeur n'aurait pas tendance à favoriser les pseudonymes qui "sonnent bien" à des véritables noms moins clinquants (même si l'exemple de Michel Robert contredit cette pensée). Je pense à ces auteurs français qui préfèrent publier sous un nom anglophone, mieux vu d'éventuels lecteurs. Mais je suppose aussi que, pour l'éditeur, cela tient du détail.Mais je crains que ça ne fasse partie des contraintes que peut poser un éditeur.
Evidemment, la question se pose d'autant moins - à mon envie - lorsqu'il s'agit de fanzines/webzines gratuitement diffusés.
En SFFF, il y en a quand même pas mal. De tête, je pourrais citer Ange, Ayerdhal, Roland Vartogue, Robin Hobb (même si elle a laissé tomber le masque), Alain Damasio... Après, oui, bien des peudonymes restent des noms... mais n'en sont pas moins des pseudonymes, qui relèvent des mêmes considérations.En littérature française contemporaine, je connais assez peu d'auteurs utilisant un pseudonyme...
Effectivement, dans ce secteur, c'est presque la norme !Dans la bande dessinée, secteur que je connais assez bien, il y a une forte tradition du pseudo qui date au moins du début du XXe siècle
Bon, mais toi, ou n'importe quel chroniqueur (quand bien même le fait d'être édité ne l'intéresserait guère, ce que je crois pour certains), que ferais-tu si, justement, tu te trouvais dans une telle situation ?
Je pense d'ailleurs aux aventures d'Amphitryon Jones, de dude et Iggy : il me semble qu'ils les ont publiés d'une certaine façon, non ? Sous quel nom ?
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- Krycek
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Krycek, rapidement, comme ça, en passant.
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- Zarathoustra
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Pour ce qui est du pseudo, c'est vrai que je me demande si je n'en prendrais pas un car je ne suis pas sûr que dans mon métier de banquier (et de directeur d'agence depuis quelques années) ce soit bien vu de mes confrères directeurs et des collaborateurs de savoir que j'écris à la première personne pour une elfe... C'est pas forcément un milieu très funky et ça reste assez macho.
Et j'ai écrit dernièrement des trucs que je ne suis pas sûr que ma mère voit d'un bon oeil...
D'un autre côté, je suis certains que ça me rapprocherait de personnes que je n'aurais jamais l'occasion d'approcher autrement, y compris au boulot, parce que d'un coup, on change d'images et on touche certainement des personnes avec une sensibilité plus proche de la sienne qui ne s'exprime en fait jamais au boulot.
C'est pourquoi je vois l'écriture comme une sorte de jardin secret et que les Chroniques sont quasiment le seul endroit où je peux me sentir bien pour montrer cette partie de moi.
Je suis pas sûr qu'on puisse mettre un droit d'auteur sur un nom. Tu imagines qu'un héros de série s'appelle Smith et qui empécherait tous les auteurs à utiliser un pseudo avec Smith?Intéressant comme débat, je plussoie sur Mr. Petch même si pour ma part la question ne se pose pas (droits d'auteur oblige sur mon pseudo).
Je pense que tu n'aurais pas le droit d'écrire une histoire utilisant le personnage de Krycek dans une affaire non classée avec pour héros Scully et Mulder. Par contre, tu aurais le droit d'écrire une histoire d'un certain Krycek, horloger en suisse et unijambiste qui découvre par hasard le moyen de remonter dans le temps en se trompant en remontant les pièces d'un vieille horloge.
Par exemple, pour mon pseudo, je pense que je pourrais le prendre malgré Nietszch ou Zoroastre and co. Je dis tout ça d'après un raisonnement logique et non en tant que juriste.
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- Krycek
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Au vu des dernières circonvolutions dans le domaine des plaintes sur droits d'auteur, je ne tenterai pas le coup pour autant.
Pour autant, j'aurai tendance à ne vouloir publier (même si ce n'est pas le cas pour ma part) que sous ce pseudo là, car il m'a effectivement construit en tant qu'auteur.
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- Vuld Edone
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- Messages : 2178
C'est d'abord le choix de l'éditeur. Il y a de la prétention dans le pseudonyme, aussi un écrivain débutant serait mal avisé de l'imposer dans son contrat. Du reste un pseudonyme serait un acte d'écriture, avec obligation de pertinence, ou une vitrine de vente - selon les points de vue.
Le problème aussi est que mon nom véritable serait plus vendeur que mon pseudonyme... mais c'est une autre histoire.
Si on me laissait le choix, je prendrais le pseudonyme. Je suis de la génération Internet, il y a presque un mode de vie derrière ce nom d'emprunt. Et pour moi il y a une signification à ce qu'Edone soit celui qui garde les textes.
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- Monthy3
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Oui, alors non, en fait, cela en est toujours au point mort - 14 ou 15 mois plus tard, j'en perds le compte ! J'ai simplement une nouvelle acceptée quelque part (pour une dizaine de refusées), ce qui est un début après tout.Salut Monthy, alors tu en es où dans ton aventure dans l'édition? Tu avais franchis plusieurs étapes, je crois. Faudra que tu nous racontes un jour ton aventure pour nous faire rêver
Clairement. Cela fait bientôt un an que je travaille au même endroit et personne, hormis ma collègue apprentie, ne connaît mon goût pour la SFFF (ni pour l'écriture, d'ailleurs). Bon, c'est aussi que je suis un incorrigible timide, mais il est vrai que cela ne vient pas spontanément et que les sujets sont généralement très prosaïques ou "universels" (vacances, WE notamment).D'un autre côté, je suis certains que ça me rapprocherait de personnes que je n'aurais jamais l'occasion d'approcher autrement, y compris au boulot, parce que d'un coup, on change d'images et on touche certainement des personnes avec une sensibilité plus proche de la sienne qui ne s'exprime en fait jamais au boulot.
Je pense que tout dépend de la notoriété de l'oeuvre. En tout cas, en principe, une idée seule n'est pas protégeable ; pour qu'elle le soit, il faut d'une part qu'elle soit mise en forme (par exemple dans un roman), d'autre part qu'elle soit originale - ce que les juges du fond apprécient assez largement. J'imagine donc que le nom "Harry Potter" est tout à fait protégeable parce qu'il est véritablement associé à une saga fameuse. Quant à "Frodon" ou "Gandalf", j'aurais tendance à penser la même chose, mais j'en suis moins convaincu.Je suis pas sûr qu'on puisse mettre un droit d'auteur sur un nom. Tu imagines qu'un héros de série s'appelle Smith et qui empécherait tous les auteurs à utiliser un pseudo avec Smith?
(Je ne parle qu'en juriste très amateur en propriété intellectuelle, mon domaine étant plutôt le droit social.)
@ Krycek
Je me suis toujours demandé à quel point l'on pouvait ainsi se créer un personnage. En fait, il faut aussi envisager les rencontres avec d'autres gens, par exemple dans des salons, et les imaginer t'appeler naturellement "Krycek", à l'oral. Je pense que si l'on me hélait en me donnant du "Monthy", je trouverais cela assez déstabilisant. Je n'ai pas le sentiment que le juriste est une personne différente du scribouilleur - je pense même que cette formation influe sur le style et le ton de mes récits.Pour autant, j'aurai tendance à ne vouloir publier (même si ce n'est pas le cas pour ma part) que sous ce pseudo là, car il m'a effectivement construit en tant qu'auteur.
@ Vuld
Je ne suis pas vraiment d'accord ici. D'une part, je doute que l'éditeur puisse imposer un pseudonyme à l'auteur (seulement le lui recommander fortement). D'autre part, de la prétention ? Pas nécessairement. Il peut y avoir la volonté de se préserver, de ne pas mélanger vie privée et professionnelle, que sais-je ? J'ai aussi eu l'écho d'une jeune femme ayant refusé d'utiliser son nom en raison des sévices exercés par son père... A mon avis, les raisons peuvent énormément variés.C'est d'abord le choix de l'éditeur. Il y a de la prétention dans le pseudonyme, aussi un écrivain débutant serait mal avisé de l'imposer dans son contrat.
Là, j'acquiesce.Du reste un pseudonyme serait un acte d'écriture, avec obligation de pertinence, ou une vitrine de vente - selon les points de vue.
Marrant, j'imagnais que l'inverse serait plus fréquent.Le problème aussi est que mon nom véritable serait plus vendeur que mon pseudonyme... mais c'est une autre histoire.
Je commence à me demander si tout scribouilleur n'a pas une double personnalitéSi on me laissait le choix, je prendrais le pseudonyme. Je suis de la génération Internet, il y a presque un mode de vie derrière ce nom d'emprunt.
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- Krycek
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Mais c'est déjà mon cas. Des personnes que j'ai connues au travers de jeux online (L4D, LoL, etc) me connaissaient en tant que Krycek ou Kry et m'ont d'ailleurs appellé comme tel IRL lors de soirées.En fait, il faut aussi envisager les rencontres avec d'autres gens, par exemple dans des salons, et les imaginer t'appeler naturellement "Krycek", à l'oral.
Par ailleurs, quelle différence entre un pseudo choisit et un surnom donné ou lorsque les 2 sont étroitement mêlés ?
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- Iggy Grunnson
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Entendons-nous bien : pour l'heure, ma vie professionnelle se résume à la fin d'un apprentissage et au début d'une thèse
Chouette! Un jeune thésard! Dans quel domaine? J'ai terminé ma thèse en février dernier, donc je n'ai pas trop de mal à me mettre à ta place
Marrant cette histoire de pseudo, d'autant que, bien qu'ayant été directement confronté à la question - dans des circonstances assez proches que celles qu'envisage Monthy - je ne me la suis jamais posée consciemment.
Sur le web, je trouve très naturel d'utiliser un pseudo, car au-delà de l'écriture proprement dite il y a un aspect communautaire qui s'en accommode bien. Sur le forum, les pseudos donnent naturellement une familiarité qui facilite les échanges.
En revanche, en termes de publication à proprement parler, j'utilise volontiers mon vrai nom. C'est ce que j'ai fait lors de ma tentative aux éditions du manuscrit ; c'est aussi le choix que j'ai fait sur d'autres sites où j'ai publié mes histoires, et dans lesquels je ne comptais pas m'investir particulièrement. En fait c'est un peu une question de se fondre dans la norme, et de s'adapter aux usages d'une communauté que l'on vient de rejoindre.
Quid de la perte (ou du gain, soyons fou !) de crédibilité de l'auteur de fantasy ou de science-fiction devant un recruteur sévère et étroit d'esprit, ou au contraire fan du genre ?
La-dessus, je ne peux que te donner ma propre expérience : j'ai mentionné mon goût pour l'écriture sur mon cv, et, travaillant dans un domaine technique, ça a toujours été plutôt bien vu. Les scientifiques ont souvent une phobie de tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la rédaction, donc montrer qu'on est un peu plus ouvert que la moyenne (surtout pour des jobs où le rendu final est généralement des rapports de synthèse) est toujours positif. Dans les entretiens, c’était inévitablement un passage plus détendu avec les recruteurs. Avec les collègues c'est un peu différent, je ne le crie pas forcément sur tous les toits, mes je ne le cache pas particulièrement non plus.
Iggy
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- Monthy3
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L'intitulé (provisoire) de la chose est éloquent : "Propriétés intellectuelles et droit du travail" Quel était donc le sujet de la tienne, de thèse ?Chouette! Un jeune thésard! Dans quel domaine?
"Tentative" ?C'est ce que j'ai fait lors de ma tentative aux éditions du manuscrit
En tout cas, ton expérience professionnelle est plutôt encourageante !
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- Iggy Grunnson
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Quel était donc le sujet de la tienne, de thèse ?
L'intitulé exact était "modèle numérique micro-mécanique d'agrégat polycristallin pour le comportement des combustibles oxydes". ... Et là, comme je sens que ça n'a pas éclairé grand monde, quelques explications supplémentaires s'imposent : en gros il s'agit de modélisation du comportement mécanique du combustible nucléaire. Je vous rassure, c'était du calcul uniquement, je n'ai jamais fait de manips et je ne suis pas radioactif à priori
"Tentative" ?
Et bien, je suis allé jusqu'au bout de l'exercice et j'ai effectivement publié une partie des aventures d'Amphitryon Jones chez le manuscrit. Mais bon, ça n'a pas donné grand chose finalement, et je n'en garde pas que des bons souvenirs.
Iggy
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- Imperator
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Faisant des études d'économies d'entreprise, dont les ressources humaines font partie, je dois dire que j'ai envie de répondre à ça...Quid de la perte (ou du gain, soyons fou !) de crédibilité de l'auteur de fantasy ou de science-fiction devant un recruteur sévère et étroit d'esprit, ou au contraire fan du genre ?
Oui, le risque existe, les recruteurs étant ce qu'ils sont et les PME étant particulièrement libres de faire ce qu'elles veulent.
Mais actuellement, la tendance chez les professionnels est de rechercher des personnes ayant les horizons les plus larges possibles. Avoir été publié, dans quelque domaine littéraire que ce soit (histoire d'amour, policier, science-fiction, poésie, historique, biographie, etc...) est de toute manière un plus sur un CV.
Quant au type réellement borné, il est probable qu'il ne pourra pas faire la connexion entre le postulant et l'auteur, puisqu'il n'aura jamais lu le livre (à moins d'un succès retentissant).
Bref, à moins de ne vraiment pas avoir de chance, il ne devrait pas y avoir de problèmes.
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