file MdT - Le personnage

Plus d'informations
il y a 11 ans 1 mois #18574 par Vuld Edone
MdT - Le personnage a été créé par Vuld Edone
Hi'.

S'il y a bien un sujet de la méthode qui revient constamment, c'est le personnage.
Donc pour une fois, plutôt que de jeter mes idées en vrac, je vais essayer de structurer.

On va commencer par donner un "état-zéro" du personnage.
L'état zéro consiste à créer un personnage en ne disant sur lui que le minimum absolu, en-deçà de quoi le personnage n'existe pas. Par exemple, le personnage va acheter une épée : "à la forge", il n'y a pas de personnage, tandis que "chez le forgeron", il y a un personnage. Ce personnage est inexistant au sens où il n'a ni forme ni personnalité, mais il est là.
L'état zéro se réduit donc en général à un nom, commun ou propre type "Jean-Luc" après quoi le personnage n'existera plus qu'au travers de ce nom et de sa parole. En effet, un personnage en état zéro est surtout un haut-parleur sur pattes, donnant la réplique et dont les gestes sont plutôt anecdotiques.

On va continuer par la "description-liste".
Cas le plus classique, la description liste est un développement de l'état zéro qui détaille ou son physique ou son caractère. Pour le physique, on va lister ses habits, la couleur des cheveux, des yeux, des oreilles... la taille et ainsi de suite. Pour le caractère, on va lister tout ce qui le caractérise, par exemple qu'il est "bon mais méchant", "timide mais téméraire" et autres joyeusetés.
La description liste est un réflexe normal, ça demande peu d'efforts et c'est extrêmement clair - c'est aussi classique au sens où on a tous en tête la description d'une chambre, avec nos grands auteurs qui vous énumèrent le nombre de chaises. Une description liste est toujours mieux qu'un état zéro, mais bon sang que c'est fastidieux à lire. Surtout quand plusieurs descriptions de ce type se suivent.

À ce stade je tiens à faire deux précisions :
- Le principe d'insistance
- Le principe d'actualisation
Le premier principe est là depuis des années, c'est le "importance/insistance" ou, traduction, quand quelque chose est important on insiste dessus, inversement quand on insiste sur quelque chose c'est qu'il est important. Or le scribouillard débutant est parfaitement conscient de ce principe : le ou les héros profitent en général toujours d'une description liste, là où les personnages secondaires, notamment les gardes... (grrr) ont un état zéro.
Le second principe est par contre plus récent, c'est l'idée que le lecteur va peu à peu oublier ce qui a été dit, par exemple que le héros a les cheveux blonds. Pour qu'il s'en rappelle, l'écrivant est forcé de le répéter plus tard dans le texte : il réactualise alors la description. Pour le débutant - et pour moi aussi... - une fois qu'on a dit quelque chose c'est dit, il est donc extrêmement rare de voir une description reprise plus tard.
Une fois ces deux précisions prises en compte, on comprendra mieux l'étape suivante.

On s'achemine vers le "tableau" d'un personnage.
Première fois que je donne un nom à cette étape, il s'agit désormais de structurer la liste comme autant de parties formant un tout. Au niveau du physique, par exemple, plutôt que de dire "il a un pantalon rouge, une chemise bleue et un chapeau melon - wow - on dira "la chemise bleue glissée négligemment dans le pantalon rouge, tout comme il avait vissé son chapeau melon sur sa tête".
Quelque part on est passé du stade où on dit ce qu'il est au stade où on le montre : on met en scène la description, on lui donne vie. Techniquement il s'agit toujours de mettre en relation deux éléments de la liste : par exemple le bleu et le rouge, "il était bleu et rouge, bleu de pantalon et rouge de chemise" cela suffit déjà, en disant exactement la même chose que la liste, à captiver le lecteur (au sens de captif, hein) et à lui faire mémoriser ces détails plus facilement.
Le but du tableau est donc juste de rendre une description liste agréable.

Deux nouvelles remarques :
- Le détail
- La motivation
J'ai parfois fait cette remarque à un scribouillard, que même si sa description était liste, il donnait néanmoins des détails qui rendaient la description plaisante. Par exemple, au lieu de dire "les cheveux gris", l'un aurait dit "les cheveux de cendre" ou "les cheveux comme de la poudre". D'autres, pour les pantalons "d'un beige tirant sur le fade" ou que sais-je. On lie toujours deux éléments, "gris - cendre", "beige - fade" mais pour le lecteur il n'y a plus qu'un élément qui prend un peu plus vie.
Quant à la motivation, il s'agit d'excuses que les scribouillards trouvent pour justifier de décrire le personnage. Par exemple le mettre devant un miroir, le faire jauger par quelqu'un ou simplement : "il se sentait bien, bien dans sa peau, cheveux brun-roux au vent..." Là encore il y a mise en scène, et parce que la description est motivée, c'est-à-dire intégrée à la narration, le lecteur n'a plus (trop) l'impression d'être arrêté par un pavé ennuyeux.
Là aussi, c'est à doser et ce sont mes observations chez les débutants (et moins débutants).

Je terminerai par l'étape où j'en suis, la "technique du trait" de Tolstoï.
Quand j'ai lu Guerre et Paix, j'ai été frappé de voir que n'importe quel personnage était très développé et donnait une impression de vie incroyable. La préface proposait alors la technique suivante : ne retenir que deux ou trois traits et les répéter à chaque apparition du personnage, comme un leitmotiv, de sorte à ce que le personnage soit identifiable immédiatement.
Cela n'économise pas, dans les coulisses, de devoir définir très précisément le personnage, avec nos listes et tout. Mais, une fois dans le texte, seuls quelques détails seront donnés, les plus caractéristiques du personnage, qui le rendront immanquables.
Typiquement la "balafre" ou la jambe de bois, mais ce peut être aussi un plissement de lèvre ou des yeux d'écureuil. Pour la personnalité, de même, celle-ci sera donnée en deux ou trois traits répétés notamment à l'occasion des dialogues, lors des répliques du personnage, de type "dit-il l'air ennuyé".

Passé toutes ces étapes, je conçois - et c'est une forme de conclusion - le personnage et son développement ainsi :
1.- Le personnage est une unité. Il forme un tout cohérent et c'est cette cohérence qui compte par-dessus tout. La réussite du personnage dépend de cette cohérence.
2.- Le risque de dispersion est énorme. En termes de personnalité notamment, la tentation de donner au personnage tous les sentiments peut rapidement briser cette cohérence et le rendre méconnaissable. C'est là que se joue le jeu d'équilibrisme entre "ne pas l'enfermer dans un carcan, type 'jamais peur'" et "en faire une poule mouillée deux pages après un acte d'héroïsme".
3.- Je n'ai pas parlé de la banalité comme "un personnage doit avoir des défauts" ou "un personnage doit agir naturellement" et ce genre de choses. Je dirais plutôt que si un personnage est cohérent, alors il aura ses défauts et il agira en conséquence.
Ce qui nous amène au constat le plus important.
Le personnage est un tout. Son physique doit correspondre à son caractère, et son caractère à son physique. Il n'y a pas de hasard dans sa création : le personnage sert l'histoire autant que l'histoire sert le personnage. On donne au personnage des attributs utiles à l'histoire - s'il a les cheveux blonds, ça servira dans l'intrigue, peu importe comment mais ça servira.

En général un test simple est que je rappelle au scribouillard que sa dernière description du personnage date de trois chapitres en arrière, qu'on n'a plus la moindre idée d'à quoi il ressemble et ce serait bien de le rappeler : si, à cette occasion, je ne vois pas où placer à nouveau la description, c'est que celle-ci ne sert à rien.
Si la description est utile à l'intrigue, notamment si le physique exprime son caractère, alors il est toujours possible de réactualiser, à l'occasion de ces interminables dialogues ou d'activités du personnage :
"Jean-Luc s'approcha de la chaise, la saisit de ses deux poignes sinistres, et força sur le bois du dossier jusqu'à le faire gémir. Il n'aimait pas qu'on se moque de lui."
On se sera rappelé, à cette occasion, que Jean-Luc est visiblement une armoire à glace pas commode - et oui, j'assume.

Voilà, pour une fois j'ai vaguement structuré.
Cela dit, ça reste très général. Notamment, si j'étais un débutant, j'aimerais avoir quelques "modèles" ou "patrons" de personnages pour me repérer. Qu'est-ce qui est déjà fait, éculé, qu'est-ce qui serait original ? Qu'est-ce qu'un bon personnage, qu'est-ce qu'un mauvais personnage ? Et pas de "cas par cas", bon sang, quand on débute on a besoin d'exemples concrets.
Il y aurait aussi des conseils à donner, justement le "le personnage doit avoir des défauts", qui mériterait un développement en soi, voire toute une discussion. Ce genre de conseil est précieux, parce que pratique, mais "des défauts" ça reste vague, et on peut se retrouver avec des personnages caricaturaux. Tiens, "caricature", ça aussi c'est une question que le débutant peut légitimement se poser.
Bref, c'est le moment où la méthode doit passer du général au particulier et devenir à son tour un peu vivante. À vous de donner les anecdotes et vous rappeler le chemin parcouru pour obtenir vos personnages actuels.

En l'occurrence j'expliquerais bien comment j'ai créé un personnage en dix minutes...

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Plus d'informations
il y a 11 ans 1 mois #18576 par Krycek
Réponse de Krycek sur le sujet Re: MdT - Le personnage
Merci. Vraiment.
Encore une fois si j'avais en tête ces idées, les voir écrites, pointées du doigt et définies aide à mieux cerner la façon de créer son perso. Très bon article donc.

Il y a une partie que tu ne mentionnes pas c'est que le perso devient aussi réel, vivant lorsqu'il a un objectif tangible. Le forgeron dont tu parles, s'il vend juste ses armes ce sera un équivalent PNJ. Maintenant si on sait qu'il cherche à devenir conseiller dans son village mais qu'il n'est pas prêt d'y arriver parce qu'il envoie bouler tout le monde, ça lui donne en plus une consistance que l'on pourrait réutiliser plus tard.
C'est un artifice que j'aime beaucoup, décrire la partie visible de l'iceberg. Cet iceberg l'auteur n'a aucune idée de sa forme complète mais ça donne l'impression au lecteur que la banquise complète a été modelée quand l'auteur n'a fait qu'esquisser ses formes.

Idem pour des persos secondaires, il faut qu'ils aient leurs objectifs et surtout, surtout, qu'ils ne soient pas des faire-valoir. C'est bien ce qui me fait distinguer les bon(ne)s films/séries des mauvais(es) : lorsque l'on rencontre un perso soit on se dit qu'il aura un rôle dans l'histoire, qu'il faut en tenir compte, soit en tant que spectateur on considère que c'est un fusible (il mourra 2 scènes plus tard), un faire-valoir (à part lécher le derrière du héros et prendre des balles à sa place il est creux), soit il est capable de tourner le dos au héros et montrer qu'il a sa personnalité.

Sur le même principe :

Le test de Bechdel, ou test de Bechdel-Wallace, vise à identifier le sexisme dans les fictions. Une œuvre passe le test si deux femmes y parlent entre elles d'un sujet autre que les hommes. Une surprenante proportion des œuvres contemporaines y échouent.

Source : fr.wikipedia.org/wiki/Test_de_Bechdel


PS : tu comptes relier toutes tes MDT en un article par la suite ?

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Plus d'informations
il y a 11 ans 1 mois - il y a 11 ans 1 mois #18577 par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re:MdT - Le personnage
Ah les personnages. Comme je déteste développer cet aspect.

L'état zéro? J'aime bien, mais j'y reviendrais.
La description liste ou tableau? Je déteste. C'est sympa à lire, mais à écrire c'est l'horreur, parce qu'on perd facilement en pertinence.

Franchement, est-ce que ça va changer quelque chose à l'histoire que le héros ait un pantalon rouge? Si oui, on peut le citer. Sinon, pourquoi le dire?
Le débutant a tendance à croire qu'une description liste ou tableau doit permettre de créer une image du personnage (comme si on regardait une image, que bien souvent l'auteur a dans sa tête ou a carrément couché sur papier). Les grands auteurs ont tendance à se focaliser sur un ou deux points qu'ils développent à outrance et qu'ils réutiliseront plus tard.

Ceci dit, je ne le fais pas, parce que c'est fastidieux et que je suis fainéant. (et accessoirement incapable, oui)

Je pars du principe que:
- un personnage se définit par ses actes
- le lecteur se fera sa propre image visuelle du personnage

Mais c'est dû à ma manière de me souvenir des gens dans la réalité. J'oublie facilement le nom des gens, par contre je peux facilement me souvenir de qui l'on parle si l'on me dit:
- le type qui tapait toujours contre le tableau en donnant son cours (réel)
- la personne avec qui tu as passé la soirée à discuter contexte et prédictions économiques dans tel bar, tel jour.

Enfin bref, un exemple concret?
Je vais en donner deux, à partir de deux textes que je considère comme ceux que j'ai le mieux réussi (même si je pourrais y ajouter "comme frère et soeur" qui fonctionne à peu près pareillement.

***

"Ode à la vie": Frédérick
Déjà, il se nomme Frédérick parce que tous mes héros se nomment Frédérick à moins que je n'aie une raison précise d'employer un autre nom. C'est de la flemme, oui.
Voilà sa description:

Le titre de la dissertation rendait celle-ci étonnamment compliquée, mais Frédérick s’appliqua malgré tout à confectionner un nouveau chef d’œuvre de médiocrité, principalement parce qu’il le fallait. Il cherchait dans ses souvenirs des références qu’il pourrait citer, Platon, Rousseau. Il se maudissait de n’avoir pas au moins lu, à défaut de comprendre, davantage d’ouvrages pour compléter son travail. L’assurance d’avoir la note maximale ne changeait rien à son dévouement au travail. Tout le monde obtenait ou s’approchait de la note maximale, mais Frédérick avait entendu dire que les employeurs lisaient parfois de vieux travaux d’élèves pour prendre en faute un postulant et rejeter sa demande. Aussi n’avait-il jamais rendu un papier qui n’ait eu droit à tout son maigre talent. Par chance, il connaissait la règle de base, à savoir ne jamais donner son avis.

En un paragraphe je fais passer le message suivant sur mon héros:
- il produit un travail médiocre (pas particulièrement doué: chef d'oeuvre de médiocrité, maigre talent)
- il s'applique dans son travail (s'appliqua malgré tout, se maudissait de n'avoir pas au moins lu, dévouement au travail)
- il est quand même un peu cultivé (a lu Platon et Rousseau)
- il veut réussir (assurance de la note maximale, mais travaille malgré tout, n'a jamais rendu un papier qui n'ait eu droit à tout son talent)

Or le texte nécessitait d'avoir un héros qui soit moyen (pas doué mais pas stupide non plus) avec une forte envie de vivre et réussir dans la vie.

je suis le principe d'actualisation tout au long du texte avec notamment l'emploi du travail:

Il rejoignit Stéphane, son meilleur ami, et allèrent ensemble prendre le train qui devait les ramener chez eux. Frédérick retrouva son foyer, sa sœur enfermée dans sa chambre et son père comme sa mère qui faisaient et défaisaient toujours les mêmes nœuds. Ils l’accueillirent joyeusement, avant de le laisser partir travailler.

Chaque soir, il rentre chez lui, mais, comme il veut réussir, il repart travailler.

"Le dîner": hum... beaucoup de personnages

Le dîner repose entièrement sur ses personnages hyper caricaturaux. Ils sont définis par les plats qu'ils prennent et quelques réactions qu'ils ont. Il y a cependant une description de départ:

Jacques, un peu endormi aujourd’hui, Lisa, très belle dans sa longue robe et qui sourit à tout va, Frederick, l’esprit éveillé et que je soupçonne d’être par trop poète et enfin Steve, le sourire au coin de la bouche, réservé et un peu trop hautain à mon goût. Quant à moi, j’ai faim, j’ai soif et je meurs d’envie de découvrir le repas.

Jacques représente le prolétaire ouvrier ou paysan, Lisa la femme du monde, Frédérick l'artiste, Steve le riche.
- Jacques: le prénom a, à mon sens, une connotation paysanne. Je le caractérise comme "endormi", pour montrer qu'il n'est pas forcément très malin (caricature j'ai dit, désolé, je ne veux pas insulter le monde paysan, j'en viens) et qu'il se laisse manipuler par les classes dirigeantes (comment ça communiste? Mais non...)
- Lisa: Je ne regardais pas les simpsons à l'époque. Il me fallait un nom de femme, donc pas Frédérick, voilà tout. Longue robe et sourire, pour rappeler l'image de la femme qui va au bal dans les films. Le "à tout va" montre l'excès qui reviendra dans le reste du texte.
- Frédérick: Parce que c'est mon héros (même s'il quitte la table très vite). Esprit éveillé (en contraste (je commence à croire que Petch avait raison) par rapport à Jacques) et soupçonne d'être par trop poète pour dire que c'est l'artiste.
- Steve: sourire en coin, réservé et hautain, bref, on ne l'aime pas et c'est réciproque.

Le narrateur, lui, n'a pas de nom, mais a faim, a soif et on peut s'identifier à ça.

Le reste du texte, les protagonistes se définissent par les plats qu'ils choisissent, par exemple:

Les festivités continuent et, l’estomac rôdé, nous envisageons la suite avec une certaine sérénité. Je décide de m’essayer à une petite soupe de riz créole, peu appétissante par l’aspect mais qui recèle de grandes qualités cachées... Voilà Jacques qui attaque un bouillon de poule surchauffé dans lequel il trempe des morceaux de gros pains. Lisa goutte son suprême à la cannelle et reporte bien vite son attention, après avoir fait la moue sur cette dernière, envers un petit potage aux lardons qu’elle délaisse pour entamer un mélange aux herbes orientales. Frederick, que la chaleur a ramené à nous, veut attaquer à son tour son assiette, mais se brûle et retourne rêver. Steve achève dédaigneusement son bouillon « désiré ».

- Jacques prend un bouillon de poule (caricature du paysan, ben oui) surchauffé (même pas bien cuisiné) dans lequel il trempe (pas de manière à table) des morceaux de "gros" pain.
- Lisa va de plat en plat (d'amant en amant) comme la femme frivole qu'elle est. (suprême à la cannelle parce qu'elle ne veut que le meilleur)
- Frederick retourne rêver. J'ai dit que c'était l'artiste du groupe?
- Je manquais d'imagination pour le bouillon de Steve. "désiré" pour montrer qu'il ne veut que du raffiné.

***

Bref, voilà deux exemples pour la manière dont je traite mes personnages. Je n'aime pas décrire, alors je les laisse agir. Le narrateur n'est souvent qu'un haut-parleur sur patte et ça me convient très bien.
Je continue à penser que de dire:
"C'était la plus belle femme qu'il ait jamais vu"
est plus efficace que d'en faire une longue description, notamment parce qu'il va falloir choisir entre les cheveux blonds, noirs, roux ou que sais-je et que chacun a ses goûts, ou sur les yeux verts, amande, fluo ou que sais-je alors que les amoureux ont déjà une couleur en tête qu'ils ne voudront pas lâcher.
Un peu comme dans les films ou parfois la plus belle femme du royaume a tendance à ne pas être à la hauteur de ce qu'on imaginait...

Impe, sans aller trop dans le détail non plus. (and back to work)

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Plus d'informations
il y a 11 ans 1 mois #18579 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re: MdT - Le personnage
Tout d'abord pour Krycek, je considère ces différents sujets comme des "brainstorming", où tout le monde dit ce qu'il pense. Le but étant d'éviter qu'à terme j'écrive une énième MdT purement théorique et générale, impossible d'accès et qui n'aide personne.
Donc yup, dans un futur très lointain, je regrouperai ça en un tout structuré qui pourra être relativement long...

Un mot pour Impe' : la couleur du pantalon est CRUCIALE ! FONDAMENTALE ! GROUND-SHAKING! Tu n'as visiblement jamais vu "le pantalon blanc".
Blague à part, nous, on se comprend. C'est lassant de voir des descriptions de personnage comme un exercice scolaire, où on aurait toute la liste de la tête aux pieds.

Par contre si je te dis "un ours avec une salopette rouge" tu devrais pouvoir me donner son nom, la liste de ses amis, sa nourriture préférée et pas mal d'anecdotes sur ses aventures.
Donc tu vois mine de rien, ça compte.
Ce genre de détail est déjà formidablement pratique pour reconnaître un personnage à coup sûr. Chevelure rousse dans Bob Morane ? Tu as déjà sorti les alcools. Chapeau melon... vert ! dans Tintin ? Immanquable, à croire qu'il est le seul habillé de cette couleur.
Il ne faut pas sous-estimer le manque d'attention du lecteur. Il m'est arrivé très souvent de ne même pas remarquer qu'on m'introduisait un nouveau personnage, et encore plus souvent d'oublier - aussi pour des histoires sur de nombreux chapitres, qui mettent du temps à s'écrire - qui était qui dans l'aventure. Mine de rien quand trois personnes se causent elles ont beau parler et agir différemment, mh... je vois pas qui qui c'est.
Réactualiser est important, et ce genre de détail tout autant.

Mais ce n'est pas juste pour identifier les gens qu'on les décrit.

Dans les textes, l'habit fait le moine. Si un personnage a une toge, une tonsure et qu'il agite de l'encens, c'est un moine, il fait de la magie blanche, point barre. Si un personnage se déplace "sans bruit" en fantasy on sait TOUS ce que ça signifie. Si à Titly un personnage est roux, tu le fuis à toutes jambes. Si tu es chevalier et que ta femme ne veut pas te laisser entrer, essaie d'avoir le nez tordu.
Forcément si on crée un personnage pour le personnage, sans réfléchir à son rôle dans l'histoire, la description en devient complètement vaine. Qu'est-ce que ça me fait qu'il ait les cheveux marrons, un noeud papillon et l'air distrait ? Mais il suffit que je t'écrive "un homme au regard inquiet" pour que tu t'imagines mille choses, alors que c'est juste un caissier au petit marché du coin... Si je te dis que le capitaine commandant d'un cuirassé de cent mille tonnes est "nerveux", tu peux te douter qu'il va y avoir un problème...

Petit exemple, Alvine de Solanges :

Devant lui se trouvait une dame à la robe d'un vert feuillé, respirant l’été, avec à hauteur de taille la fine couleur de sépales sur le point d’éclore. Sa chevelure luisante était nouée en chignon, était faite pour être libre. Le capitaine se sentit le cœur battant. Elle avait le visage rougi et gracieux, plein de vie, des yeux pétillants et dans ses gestes réservés plus de fascination que n'en offraient la perle et le diamant.

Je pense que tu as déjà compris mais pour bien appuyer, "robe d'un vert feuillé", "sépales", déjà là c'est clair ; "visage rougi" on est dans mon univers, cet adjectif est sans ambiguïté possible ; "fascination" je veux dire insister plus serait insulter l'intelligence du lecteur.
À minima tu as compris qu'elle était atypique, un peu plus qu'elle venait d'une forêt, potentiellement une sorcière, normalement tu as saisi que c'est une "Cendrillon" et moi en lisant ça j'identifie une ombre de Flor.
Donc non, la description n'est pas juste pour reconnaître le personnage. Elle est fonctionnelle. Là, dans la description d'Alvine de Solanges, tu as la totalité de son programme pour la nuit : ce qu'elle vient faire, ce qu'elle compte faire, ce qu'elle peut faire, ce qu'elle va faire, c'est comme si un joueur de JdR venait de te citer les compétences et l'inventaire de son personnage.
Note que la technique du trait est vaguement respectée : robe feuillée, fascinante, réservée. Les autres détails sont juste là pour faire "fleur bleue"...

Le plus difficile à expliquer à un débutant est donc ce qui fait un bon personnage. Personnellement j'ai envie que ce personnage me soit familier - que même après six mois, quand je reviens sur le texte, je le reconnaisse très vite - et qu'il serve à quelque chose.
Et là je suis obligé de citer l'exemple du garde.
...
Quoique non, je vais attendre avant d'en parler. Mais dites-vous que j'ai deux anecdotes en tête qui me permettront de revenir sur ce sujet après en avoir abordé d'autres. Le garde, et Maize.

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Plus d'informations
il y a 10 ans 11 mois #18611 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:MdT - Le personnage
'avais oublié cet article qui débat d"'un sujet qui me passionne.
Juste une petite remarque:
J'envie certains auteurs de polard (Chandler notamment) qui réussissaient en 2 ou 3 phrases à donner vie à un personnage. Et j'ai remarqué que beacoup d'auteur de polards excelle dans cette pratique. Du coup, un personnage secondaire prend incroyablement vie. Et on peut le revoir 30 ou 50 pages plus loin, ces queqlues phrases étaient toujours là, je savais qui était en face de moi.
En fait, le plus difficile, c'est de donner le poids du vécu à un personnage de fiction. Quand il vous tend la main pour vous dire bonjour, vous savez que ce n'est pas votre voisin.
Ma grande théorie sur ce sujet, c'est qu'on doit laisser du temps au personnage. Ca veut dire laisser son récit de côté pour qu'on voit vivre le personnage. Il doit y avoir une gratuité. Sinon, le lecteur saura que ce n'est là que pour le scénario.

Je retiens dans ce que tu dis la nécessité de se répéter. Je ne le faisais jamais, et je commence moi aussi à le faire dans Ether.
Le but de l'auteur est de façonner l'incosncient du lecteur. Que ce qu'il voit au moment où un personnage rentre dans l'histoire donne vie à une image cohérente.


L'autre théorie que j'affectionne est celle du McGuffin (d'après Hitchcok). Ce dernier voyait le spectateur comme une sorte de cobaye. Et pour lui donner à manger, il lui donnait ce qu'il avait envie de voir au début, ce qui captait immédiatement son attention (un microfilm a été dérobé, un assassin se cache parmi des gens; un meurtre va avoir lieu etc.). Ce McGuffin lui servait a occuper l'esprit pendant qu'il développait ce qui l'intéressait vraiment: les relations entre l'homme et la femme; des sentiments troubles (le voyeurisme, le fétichisme) qui, s'ils étaient frontalement dans l'histoire aurait fait fuire le spectateur. Donc pour ça, il avait besion de personnages dans lequel le spectateur pouvait se projeter et s'identifier (James Steward dans Fenetre sur Cour qui est un voyeur; Toujours lui dans Vertigo où il vit des pulsions morbides et fétichistes; Sean Connery avec des penchants sadiques etc.)
Mais tous ces films parlent aussi d'une romance. Et elle l'intéressait beaucoup plus que le McGuffin de départ. En ce sens, le spectateur croyait vivre un film de suspense et voyait un film romantique (parfois pervers sur son fond). C'était possible parce qu'il créait des personnages qui captait l'attention et la sympathie.
Donc pour moi, mon scénario est souvent un McGuffin pour pouvoir parler de ce quim'intéresse: des personnage. Et Vuldone l'a d'ailleurs fait dans son dernier texte avec l'histoire du Chateau. Le lecteur veut voir un chateau, mais Vuldone, lui, s'inétresse à autre chose. Seulement il a donné cete envie pour y parvenir.


Autre chose (on est dans le brainstorming, je sors mes idées comme elle vienne). Tu ne parles pas de l'évolution d'un personnage. Je pense que c'est souvent ce qui ne va pas dans les récits de débutant. Ils brosse un personnage plus ou moins détaillé, lui font vivre un drame et le plonge dans des abimes tourmentés. Leur but est de rendre crédible le tourment, comme si un personnage tourmenté était plus "profond" qu'un personnage joyeux. Même si je ne suis pas exemplaire dans mes récits sur ce point, je pense qu'un personnage, même joyeux et superficiel dans la vie, peut être aussi inétressant qu'un personnage chargé de drame en tout genre.
Pour montrer une évolution, il faut d'abord avoir réussi à brosser un personnage crédible et trouver des évènements crédibles qui puissent le toucher et le modifier. Mais ces changements doivent se faire sans cassure de type noir/blanc. Je dirais qu'on doit plutôt exceller dans les nuances de gris.

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Modérateurs: SanKundïnZarathoustra
Propulsé par Kunena