file Plonger dans la tête de l’un de ses personnages

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il y a 8 ans 4 mois - il y a 8 ans 4 mois #20288 par Zarathoustra
Plonger dans la tête de l’un de ses personnages a été créé par Zarathoustra
De la Difficulté de plonger dans la tête de l'un de ses personnages


Je voulais vous faire part d’un problème que j’éprouve actuellement. Vous savez certainement que je prête pas mal d’attention à mes personnages (out ot au moins j'essaie). J’aime les sentir vivre ou penser en moi. Et c’est d’ailleurs souvent ce qui provoque en moi l’envie de poursuivre une histoire.
Or je bloque actuellement pour cette raison dans quasiment tous mes récits en cours.

Le premier reste toujours Allarielle. J’ai avancé dans le journal pendant l’été. J’ai même écrit une dizaine de pages, chose qui ne m’était pas arrivé depuis des années. Mais c’était plus une partie où je raconte une histoire plutôt que je racontais « son » histoire à elle. Mais je suis très content de l’avoir fait car c’était justement l’une des parties que je craignais le plus d’écrire. Mais bon, pour Allarielle, j’ai encore quelques (et de plus en plus) envies d’écrire, j’ai des choses en tête d’ailleurs assez précises, mais il me reste le plus dur : écrire le basculement de son existence et qui va tout justifier le début et boucler la boucle. Mais c’est vraiment cette partie qui me titille (j’ai d’ailleurs laissé quelques séquences de côté dans la chronologie). Bref, je serais presque sur le point d’écrire la fin avant que l’histoire ne soit vraiment terminée (en partie parce que je m’aperçois que j’ai une grosse incohérence scénaristique que je n’avais jamais visualisé…)

Pour Ether, c’est encore pire. J’ai plein de personnages, Certains me donnent envie de poursuivre, d’autres un peu moins. Mais je me rends compte que j’en ai perdu de vue certains. Et puis, pour certains, j’ai presque l’impression qu’ils ne veulent pas faire ce que j’ai envie :lol: Oui, je parle de Grobul et Boubli, mais pas seulement.
En fait, j’hésite ici justement à me forcer sur les personnages les plus récalcitrants parce que je me dis que si jamais ça bougeait de leur côté, je retrouverai certainement encore plus la flamme pour les autres. Alors que si je me contente de poursuivre sur ceux qui sont restés proches de moi, je vais les faire avancer trop loin par rapport aux autres et que je vais finir par créer des impasses y compris pour eux parce qu’ils auront besoin des autres personnages pour avancer. C'est d'ailleurs arrivé à certains...
Pourtant, je dirais que, dans l’ensemble, ce sont plutôt des séquences qui m’attirent assez. Et puis, j’en suis au point où les fils se rejoignent pour achever le tableau, donc chaque chapitre que j’arriverai à terminer me donnera vraiment la satisfaction de visualiser cette fin que j’avais dessinée depuis si longtemps dans ma tête (d’ailleurs, un autre sujet à débattre serait de savoir si, pour ceux qui sont parvenus à finir une grande histoire, la fin censée être l’aboutissement de tout ce qui précède a été la plus imple ou la plus difficile à écrire (normalement, c’est celle qui a censé tout déclencher l’histoire non ? Donc elle devrait être assez clair dans l’esprit de l’auteur.)) En fait, l'une des difficultés, c'est que le Rêve d'Ether implique souvent une modification du personnage pour qu'il vive la fin. Et pour certains, c'est très clair dans ma tête, mais je n'arrive pas à me mettre dans la tête du personnage et à sentir son basculement. Tout est là dans ma tête, mais je ne sens plus la "vie" en lui pour le faire avancer.

Pour le Chant des Pierres, c’est vraiment cette histoire que j’aimerai le plus terminée. D’abord parce que c’est celle qui en est le plus près. Et ensuite parce que, faisant totalement partie d’Ether, je sais que cela me forcera à avancer celui-ci. Sauf que voilà, je n’arrive plus à me replonger dans le personnage de Reyv’avih. J’ai envie de raconter Loenstroek et Vyréhel, mais pas mon Devin. Alors que je sais que c’est lui qui détient la clé pour réussir à vraiment finir mon histoire. Depuis presque un mois, on se regarde l’un et l’autre du coin des yeux, je le sens qu’il me réserve une belle surprise, mais rien, il ne se passe rien. Si ce n'est cette envie de finir l'histoire (que je n'ai pas ressentie depuis des années) Dès que je me remets là où je me suis arrêté, c’est le blocage. Et pourtant, potentiellement, je sais qu’il s’agit peut-être que de quelques pages (je pense d’ailleurs avoir déjà écrit la toute fin de mon histoire, ce qui, tout au moins, risque fort de devenir l’épilogue).

Et le pire, c'est que j'ai le même problème avec le personnage de la dernière nouvelle que j'ai commencée. Pourtant, je ne devrais pas avoir ce problème de distance temporelle qui fait que j'ai un peu oublié qui il était. Mais le portrait que je voulais livrer en septembre me défie également. Je l'ai imaginé d'une façon, puis je l'ai modifié. Et je me rends compte que c'est bancale et j'ai même les pistes pour le rétablir, mais je ne sens plus mon personnage. Ce qui est génant pour un portrait... Bon, pour ce texte, il y a aussi le procédé d'écriture qui me pose problème parce que je l'ai écrit en trois fois, en travaillant un peu trois parties de manière autonome et l'ensemble n'est pas très homogène... Mais là aussi, je me dis que c'est le personnage qui a la clé du texte. Je sens qu'il ne manque pas grand chose pour que tout fonctionne, mais aucune étincelle ne vient à moi.

Donc voilà, puisque c’est calme par ici, je voulais savoir si vous avez été confronté à ce problème de personnages récalcitrants. C'est également un sujet pour s'allonger sur le divan et tenter, bien entendu, de comprendre pourquoi ça ne va pas toujours comme il se devrait dans ma tête. Bref, c'est aussi les affres de celui qui aimerait quand même bien un jour finir une fois pur toute un truc qu'il a commencé avant de me lancer dans un autre. Tout ça vous parle ausi?
Quelles relations avez-vous avez vos personnages?
Vous arrive-t-il de modifier l'histoire parce qu'un personnage vous l'imposait?
Mettez-vous beaucoup de vous ou pas du tout?
Vous est-il arrivé de ne plus avoir envie de rentrer dans un de vos personnages? D'oublier qui il était et ce qui le faisait vivre et avancer?
Quand vous laissez un récit en plan pendant longtemps, vous est-il arrivé de sentir certains personnages étranger à vous, comme s'il n'avait pas été créé par vous? Bon, a prio, je suis ici un peu le champion des histoires non terminées. Mais quand même, je suppose que vous n'avez pas fini chacune de vos histoires et que vous en avez respris une après des mois ou des années?

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il y a 8 ans 4 mois - il y a 8 ans 4 mois #20291 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Plonger dans la tête de l’un de ses personnages
Oh alors ça c'est facile.
Carnatan.

J'ai, depuis la mi-novembre, une idée de texte avec pour héros Carnatan. Ce personnage, en carton au départ, a désormais une histoire relativement solide et un concept qui m'accroche.
La frustration.
Carnatan est un héros frustré. Il veut "mener le bon combat", faire le bien, en payer le prix au besoin pour que tout aille mieux. Il veut faire le bien, il s'y prend mal, il en paie le prix et enrage de voir que tout a empiré. Il est pris dans un cercle vicieux.

Mon rapport avec ce personnage ?
J'ai de la sympathie pour lui. Je le vois comme une victime, comme un enfant soldat, enfermé dans sa logique, à répéter la seule chose qu'il sait faire sans comprendre pourquoi ça ne fonctionne pas (ou plus, dans sa tête).
Et je le hais. Dans un autre univers que les Anges, son comportement ne serait pas puni mais récompensé, glorifié. Il est inspiré de tous ces héros manichéens que je déteste, et forcément il en souffre.

Résultat ?
Je n'arrive pas à l'écrire.
Je sais comment il se comporte. Il est violent, colérique, agressif, masochiste, il a la rage et quand il n'a pas la rage il est sarcastique et peut partir dans des fous rires en apparence inexplicables.
Je ne sais juste pas comment le mettre en scène, et à chaque fois que j'essaie ça échoue.
Ce peut être dû à cette apparence en carton, le fait qu'il semble en colère juste pour être en colère, et c'est vrai qu'en surface il a l'air d'une grosse caricature de méchant. Mais j'ai du mal à lui voir un autre comportement, vu tout ce qu'il a subi. Ce peut être dû au manque de nuance, vu que comme dit, il ne sait qu'être en colère, mais une fois encore difficile de le voir autrement. Ce peut être dû à cette haine secrète que j'ai pour son idéologie, ou le fait que je m'intéresse plus à la logique qui l'enferme qu'au personnage lui-même...

En écrivant ce message j'essaie d'imaginer Carnatan qui donnerait une fleur à une petite fille. C'est inimaginable. Il s'en irait en claquant la porte, ou il donnerait la fleur en criant sur la fille, et celle-ci ne réagirait pas comme il voudrait, et il serait encore plus énervé. En fait, l'essentiel des situations ne peuvent que l'enrager.
C'est peut-être juste que ce personnage est insupportable... J'adore son concept, mais je ne supporte pas sa présence. Je n'aime pas les personnages qui hurlent.
Inversement, il y a un moment où Carnatan se sent bien : dans le combat. Là, il est dans son élément. Là, il se sent bien. Il n'a pas à réfléchir. Là, à nouveau, le monde lui semble normal, et il peut même se mettre à discuter avec ses ennemis, avec sympathie. Et du coup pour pouvoir écrire Carnatan il faudrait d'abord que je l'écrive en combat. Probable même que pour un texte qui se concentre sur lui le texte entier devrait être un combat, où on le verrait exulter, s'effrayer, se réjouir, pleurer, s'interroger, s'étonner, s'indigner, toute la gamme des sentiments qu'ailleurs il ne peut pas avoir.
Carnatan est vraiment fait pour le monde des Anges. Le monde des Anges est conçu pour le combat. Le problème est moins le personnage que ma difficulté à écrire lesdits combats.


****

Fondamentalement, je ne pense pas que le personnage soit le problème. Je pense que le concept est le problème.
Je pense que le concept du personnage ne correspond plus au concept du texte que tu as en tête. Tu t'es éloigné de l'idée d'origine et le personnage n'a pas suivi, d'où blocage. Plutôt que d'essayer de le faire vivre, essaie de revenir à son concept, regarde le concept actuel avec lequel tu travailles. Vois s'ils peuvent encore correspondre.
Perso' c'est ce que je retire de l'expérience ci-dessus. J'ai tellement peur à présent d'écrire des combats dans les Anges, tant ceux-ci ratent en général, que je m'éloigne d'un des centres de gravité de cet univers. Et les personnages, eux, n'y peuvent rien.

Mais pour rester dans ton sujet, je parlerai d'un autre personnage.
Moi.
Je suis tombé sur un énième texte sur un énième écolier "froid et insoociable" (mots tirés du descriptif de la fiction). J'ai jeté un coup d'oeil au dernier chapitre publié et dès les premiers mots je me suis senti insulté. Parce que j'ai été un écolier "froid et insociable" et que dès la seconde ligne du premier paragraphe de ce foutu chapitre j'apprend que le héros est ému. Bordel qu'est-ce que vous comprenez pas dans "froid" et "insociable".
Ca m'a tellement énervé que j'ai écrit un one-shot où je me mets moi-même en scène, dans une école fictive, en écolier fictif, en utilisant tous mes souvenirs de l'époque pour le comportement.
Je pensais ne faire qu'un one-shot, mais un détail dans la narration m'a accroché. J'ai choisi d'utiliser une "fausse" troisième personne. Le narrateur est le personnage (moi, donc), mais il parle de lui à la troisième personne comme s'il s'observait de loin (exactement ce que je fais) et du coup, si on n'y prête pas garde, on ne se rend pas compte que c'est lui qui parle. Ce style involontaire, et d'autres choses, m'ont poussé à continuer le texte.
Arrivé au troisième chapitre je me rends compte que si je compte vraiment continuer, j'ai besoin d'une histoire. J'étais parti en freestyle, sans véritable plan. Je réfléchis alors à l'intrigue et je me mets à planifier. Puis je me prépare à écrire le chapitre quatre.

Je m'arrête.
Je n'ai plus le détail en tête mais je me suis rendu compte que mon intrigue allait contraindre mon personnage à se comporter d'une certaine manière pour lui permettre de progresser. Par exemple, parler avec quelqu'un d'autre, s'intéresser à quelque chose. Et cela, je le savais d'expérience, allait à l'encontre du principe même du personnage.
J'ai dû choisir entre sacrifier l'intrigue ou sacrifier le personnage, et comme le "self-insert" était le but dès le départ, j'ai sacrifié l'intrigue. Et j'ai pu écrire encore deux chapitres sans peine. Avec un peu de remplissage certes mais sans peine, et à chaque fois avec des scènes fortes parce que toutes les scènes sont pertinentes pour ce personnage.
Et non je ne donnerai pas de lien, je n'ai pas gardé secret que c'est un self-insert pour rien.

Ici donc on a le contraire. Mon rapport avec le personnage est personnel, vu que c'est moi. Et parce que le personnage est la priorité, je n'hésite pas à modifier massivement l'histoire le moment venu.
Mais quelque part, là encore on revient au concept. Au "core".
Le concept du texte, sa raison d'être, était de montrer un "vrai" écolier froid et asocial. Si l'intrigue devait affaiblir cela, l'intrigue aurait tué le texte. Rester fidèle au concept signifie que les personnages ne devraient jamais aller à l'encontre du texte. S'ils le font, ils n'y avaient pas leur place au départ.

Voilà voilà voilà.

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il y a 8 ans 4 mois - il y a 8 ans 4 mois #20299 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Plonger dans la tête de l’un de ses personnages
Je pense que nos approches des personnages sont divergentes. Moi, je me place dans l'intime, à l'intérieur. J'ai l'impression que toi, tu te places à l'extérieur. Même quand tu fais fonctionner ton personnage, tu le fais extérieurement dans le sens où tu lui cherche un fonctionnement, une logique. Il répond en quelques sortes à des règles ou à des équations, y compris quand tu les fais exprimer des émotions. C'est une démarche intéressante car elle permet de renforcer la forte logique de tes textes. Et d'ailleurs, depuis que tu n'es plus aussi froid sur tes personnages (y compris tes robots), je trouve que tes textes sont plus séduisants. Ils perdent un peu de cérébralité (même si j'aimais beaucoup aussi quand tu n'était que cérébrale).
.
Mais un personnage ne fonctionne pas forcément rationnellement. Ou plutôt un être humain. Je dirais qu'un personnage obéit quasiment toujours à certaines règles. Mais un être humain est à la fois plus complexe et plus simples. Extérieurement c'est souvent très simple. Mais intérieurement c'est très complexe parce qu'il est très dur de comprendre. On est au coeur du chaos. Et il y a deux dimensions (et certainement beaucoup plus, mais bon, passons): il y a effectivement sa part rationnelle et sa part émotionnelle. Dans un cas, il analyse, il fonctionne avec des équations. Il est même capable de comprendre les émotions des autres, parfois même mieux que celui qui les vit. Mais difficile de "vivre" des émotions en étant sur son cerveau. Tout au plus, il les sent, il les cerne, mais il ne les vit pas. Il ne se met pas à la place de l'autre.
Et puis il y a les émotions. Elles ne sont pas des équations mais des ondes de choc (en tout cas pour moi) qui se répandent plus ou moins fortement en lui et autour de lui. Et une émotion provoque elle-même d'autres émotions en lui. Et celle-ci peuvent d'ailleurs être différentes d'une fois à l'autre. On n'est pas dans une équation a+b=c. Mais a+b=a ou b ou c ou même d. Et dans ton dispositif narratif, cette dimension peut difficilement fonctionné à mon sens. Et je ne pense pas d'ailleurs que ce soit nécessaire.

En l’occurrence, j'ai un problème avec Reyv'avih parce qu'il a vécu des choses très fortes et que je ne sens plus ce qui peut se passer en lui. Et je ne sais pas exploiter tout le potentiel qu'il a subit. Au niveau rationalité, son rôle est d'emmener son peuple sur l'Il Sanctuaire. Mais ça, ce n'est pas intéressant à écrire. L'intéressant, c'est de savoir comment lui arrivera à cette île, et surtout dans quel état. J'avais une vague idée, mais au lieu de se préciser dans ma tête comme c'est le cas d'habitude, c'est devenu le black-out total. Et quand je relais mon texte, j'ai vraiment perdu ce personnage en moi. Et surtout, il faut que je fasse soudain un énorme effort pour essayer de me projeter en lui. Et je n'y arrive plus.
Je ne sais pas si je suis clair. Si j'arrive à montrer les deux approches. Sachant que je suis quelqu'un, tu l'auras compris, de profondément cérébral de mon côté. J'ai beaucoup de mal à vivre les émotions des autres. J'arrive à les comprendre, les expliquer, mais assez peu à les vivre moi-même. Il me manque certainement de l'empathie. Autour de moi, beaucoup de personnes ont cette empathie (beaucoup de femmes d'ailleurs, ceci explique sans doute cela), et je les admire. Et en même temps ils me consternent parce que, très souvent, ils n'arrivent pas à se comprendre. Ni à comprendre l'autre. Seulement ils le comprennent avec les émotions, ils se projettent en eux. Et je crois que je n'ai plus d'empathie pour Reyv'avih, alors qu'il le devrait comme jamais. C'est un personnage à la fois affreux, grotesque et pathétique, mais c'est là qu'il devrait parvenir à être touchant. Et c’est, je pense, ici que se situe l'enjeu de ce qu’il me reste à écrire. Et je n'y parviens pas.
Pour écrire, j'ai besoin que mes personnages m'intéressent. J'ai besoin d'avoir envie de les voir vivre, souffrir ou rire. Et en souffrant, en riant ou en vivant, c'est eux qui font bouger mon histoire. D'(ailleurs, bien souvent d'une manière différente de celle que j'avais établis. Parce que, encore une fois, une émotion n'est pas une équation.
D'ailleurs, Allarielle est très révélateur. Toute ma première partie ne devait en quelque sorte pas exister. Elle n'est le fruit que de ce que j'avais besoin pour la sentir vivre. Mon scénario se limitait à: elle doit devenir intérieurement une elfe noire. J'ignorais la longueur. Tout s'est fait au fil de l'eau. Comment planifier une évolution psychique intérieur si ce n'est par la pensé et l'affect? Mon vrai scénario de départ ne commence que dans la partie 2: elle doit sortir de l'ile d'Aubemorte alors qu'elle est pourchassée de partout et finir par regagner les terres des humains. Là où commence en quelque sorte Ether. Et le fait d'être dans un cadre beaucoup plus strict me pose d'ailleurs des problèmes pour m'immerger dans l'écriture du journal intime. Cela a été en partie ce qui a bloqué son écriture.

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il y a 8 ans 4 mois #20300 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Plonger dans la tête de l’un de ses personnages
Yup, nos approches sont différentes.

Note que mes personnages n'agissent pas forcément "rationnellement". Au sens où oui, ils sont soumis à une logique froide et stricte. Mais cette logique n'est pas forcément la leur.
J'ai toujours en tête cette expérience où une personne, après une opération au cerveau, ne contrôle plus un de ses bras. La personne ne le sait pas. Ce bras hors de contrôle fait un geste et, en un centième de seconde, la personne justifie aux chercheurs pourquoi elle a fait ce geste. Persuadé que c'est bien elle qui l'a voulu.
Cette expérience ne dit rien en soi, mais j'en ai déduit personnellement que l'homme n'agit pas : il se regarde agir et interprète après-coup son geste pour se persuader qu'il l'a voulu.

Cette note à part, comment faire pour "ressentir" un personnage...
Mh. Plus j'y réfléchis et plus je me retrouve à théoriser sur l'émotion plutôt qu'à répondre à la question elle-même. J'ai toujours travaillé mes personnages en les faisant dialoguer dans ma tête, en les mettant face à diverses situations, en répétant leurs scènes encore et encore. C'est, bêtement, de me demander où Carnatan irait passer son temps libre pour le retrouver au casino qui a gravé pas mal de sa personnalité.
J'utilise une autre expérience, qui est la fatigue. Quand on est fatigué, on réfléchit moins. Du coup, quand j'essaie d'écrire des personnages plus... terre-à-terre... j'essaie de les imaginer fatigués.

J'ai en tête un autre exemple.
L'histoire d'un pilote de course qui se fait voler son titre et qui devait le reconquérir. J'avais voulu travailler la personnalité de ce personnage, et pour commencer j'avais cherché un repère. J'avais débuté sur Fast&Furious mais à présent je plancherais plutôt sur JoeBarTeam, qui me parle beaucoup plus. Mon personnage, de base, serait un crâneur (doué ou non) qui idolâtre sa machine et apprécie la "saine compétition". Comprendre "je vais tous les pourrir !"
Ensuite, j'ai placé cet archétype face à mon histoire. Notamment, mon champion était le meilleur local. Il n'avait donc plus vraiment de raison de crâner, il n'a rien à prouver, il domine. Mais ensuite il se fait humilier, enfoncer et laisser sur le côté de la route. Et pour le ton de l'histoire, je ne pouvais pas le faire couard ou de (trop) mauvaise foi.
À cela j'avais ajouté une équipe qui l'aidait à "thuner" son véhicule, donc un esprit d'équipe et presque de clan. Et j'avais aussi réfléchi à son métier à côté des courses -- ouais -- et du coup à tout ce qui fait une vie et qu'en général la jeune plume délaisse. Ses histoires amoureuses, son logement, ce qu'il mange...

Mais tout cela ne me dit pas qui il est et comment il réagit. Tout ce que j'ai, c'est un patchwork. Et, parce que j'avais peur que mon personnage ne fasse pas assez "pilote de course", qu'il ne soit pas assez vraisemblable, je m'étais enfermé dans ce patchwork. Mon personnage devait réagir de telle manière, avoir telle émotion face à telle chose. Ici il fallait qu'il crâne, là il fallait que je ne sais quoi.
Fondamentalement, dans le concept, ce que je voulais c'était un David à opposer à un Goliath.
Ce pilote de course devait être David.
Et dans le concept, donc, je le voulais le plus "humain", le plus "simple", le plus commun possible. Un "n'importe qui" devenu champion par l'expérience, par la chance et par son équipe, un peu comme un autre pointe à son travail le matin et ne réalise pas tout le chemin parcouru. Si j'avais réfléchi, à l'époque, je n'avais pas besoin d'un pilote ayant des réactions de pilote : j'avais besoin du premier venu.

C'est pour ça que j'insiste autant sur le "concept". Et même si j'essaie de le cerner, je pense que c'est aussi ce qui me manque encore pour Carnatan. Même si je me concentre sur la "frustration", même si c'est ce qui le définit, j'ai encore trop ce patchwork de toutes les idées, toutes les inspirations qui le tirent de tous les côtés.
Et je continue de penser qu'il en va de même pour Rêvavie. Son concept n'est pas d'emmener son peuple sur l'île. Son concept est dans son nom. La difficulté pour moi n'est pas d'être intime avec le personnage.
La difficulté pour moi est d'être intime avec le concept, sa raison d'être.

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il y a 8 ans 3 mois - il y a 8 ans 3 mois #20361 par Leagend7381
Réponse de Leagend7381 sur le sujet Plonger dans la tête de l’un de ses personnages
Plonger dans la tête du personnage...
J'ai toujours vu le personnage comme une entité à part entière, tout comme j'ai toujours vu l'écriture comme un monde réel, paradoxalement créé de toute pièce, et il est vrais qu'assez souvent, essayer de se plonger dans son personnage est difficile... Ça me donne l'impression d’être un intrus, mon personnage à sa pensée, et je la respecte. Ça parais peut être étrange mais j'ai l’impression de violer l'intimité de quelqu'un. Pourtant, c'est moi qui crée cette intimité, qui la façonne et la fait évoluer. Alors pourquoi ?
Je connais pas votre façon de voir le personnage, de le placer, de voir même vos écrits, et je pense que la façon d’appréhender le personnage en dépends. Le personnage est un membre de l'histoire, l'histoire le façonne, et il façonne l'histoire, et de ce fait, l'identité de votre monde est du même... "type" que celle de votre personnage. L'identité du personnage étant directement son esprit ou le panneau de contrôle selon votre vision de ce dernier, connaître le type de ce dernier me parais important.
Ainsi, quel type d'identité à votre personnage ? Est-il une marionnette que vous actionnez en suivant la logique du scénario, une personne à part entière que vous avez définie (ce genre de personnage qui échappe parfois à votre contrôle), une extension de vous même ?
Ensuite, comment vous sentez vous par rapport à lui ? Est-il un ami, un ennemi, une de vos créations, quelqu'un qui vous est indifférent (dans le sens ou vous n'avez pas de relation spécifique avec le personnage, il fait son job, c'est tout).

Au final, qui est votre personnage ? De mon coté je me suis relancé le projet gratur, avec toujours la même idée de son monde, a la fois détaché et merveilleux, mais frappé par des événements très noir. Et aimant bien jouer sur le contraste, j'ai mis en place trois personnages. Deux d'entre eux sont en quête l'un de l'autre et n'attendent que de s’étriper l'un l'autre, et les passages ou ils entrent en scène sont très noirs et glauques. A coté, il y a un voyageur, dont les récits ne sont pas exempts de combats, mais ou le ton est léger, les combats plus emportant, dans l'idée du combat épique. Les deux premiers personnages sont distants avec moi, j'ai du mal à les imaginer.. réels. Tout comme les habitants de Gratur ont du mal à imaginer qu'ils entrent dans l'ère d'une guerre sanglante. Généralement, j'écris les passages où ils entrent en scène en faisant du commentaire inversé, (le fameux tableau, on prends une citation, on trouve les procédés, et on en tire l'effet produit, dans l'autre sens. Je veut un effet, je réfléchit à des procédés, et j'en tire des phrases). J'ai donc une approche très distante de ceux-ci. Ils sont un peut comme des pions sur un échiquier, mon but c'est l'échec et mat et je connais leurs déplacements. Le troisième lui est beaucoup plus proche de moi. Je me raconte ses aventures, je les vis avec lui, je m'amuse avec lui. Il est.. sympathique (vis à vis de moi, dans mon écrit, c'est un personnage vraiment... spécial), amical, et il m’emmène faire des ballades (dans l'idée). Je ne sais pas comment il vas agir, je le fais inconsciemment. Vis à vis de moi, c'est un ami. Je n'irais pas dans sa tete parce que je n'y suis pas vraiment invité, et je le respecte. Alors pour savoir comment je le contrôle... je ne sais pas trop a vrais dire :laugh:

Tout ça pour dire qu'entrer dans la tête d'un personnage dépends plus de celui-ci et de sa relation avec nous. Lorsque nous même évoluons, ils n'évoluent pas forcément avec nous, et on les perds de vue. Ils ne correspondent plus à nos attentes, et il deviens difficile d'établir une relation avec lui. Un peut comme les amis que l'on perds de vue mais que l'on se refuse à oublier, on essaye de raccrocher les fils mais c'est parfois difficile. Tant que les fils tiennent, je dirais que l'écrire relève de l'inconscient, en majeur partie. Mais plus ils s’effilochent, plus il faut réfléchir pour agir. Dans ce cas, le mieux est toujours d'être paré aux deux éventualités, et donc savoir non plus comment entrer dans la tête d'un personnage mais comment l'écrire sans y entrer.
Je pense néanmoins qu'il est possible d'entrer dans la tête de son personnage sans cette relation, mais de mon coté, ça me donne l’impression d'enfoncer la porte d'une maison qui ne m'appartiens pas à coup de bélier pour voir ce qu'il s'y trouve, j'ai donc un peut de mal à réfléchir à ce sujet :?

Voila voila ;)

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il y a 8 ans 2 mois #20404 par San
Je ne suis vraiment pas sûre que ça peut aider, mais... Zara, ton devin, il doit emmener son peuple qqpart si j'ai bien compris? Et toi il faut que tu trouves dans quel état il va le faire? Et tu as besoin de l'habiter de l'intérieur? Et si tu faisais un voyage, je veux dire, IRL? Et si tu emmenais les tiens qqpart? Imagine avoir vécu des tas de choses, comme ce qu'il a vécu, et puis vas y, au moins intérieurement, et regarde ce qui se passe, non? Enfin je me dis que tu as sûrement déjà dû essayer ça, ça parait assez logique... Puisque tu mets bcp de toi dans tes personnages, il faut que tu avances dans leurs traces, et plus exactement que tu fasses des traces pour qu'ils puissent avancer dedans...

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