Intuition et Intention / Planification et Accident
- Zarathoustra
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Je suis pour ma part un adepte de l’intuition. La plupart du temps, j’écris et j’analyse après ce que j’ai écrit. J’ai des intentions de départ mais je peux très vite en changer si je trouve autre chose qui au final m’intéressait davantage et si j’ai l’intuition qu’il peut se passer quelque chose de surprenant, quelque chose que je n’avais pas envisagé et qui peut s’avérer plus excitant pour moi à exploiter.
Quand j’ai terminé un texte, j’aime me dire que je peux le proposer ici. Donc j’essaie, sur le style notamment que ce ne soit pas trop mal foutu. Je sais que je peux assez vite faire des phrases un peu lourdes et disgracieuses. Sur le moment, elles sonnent bien, mais, à froid, elles deviennent laborieuses. OU plus exactement, il faut que je parvienne à lire le texte sans écouter la voix qui m’a dicté la phrase parce qu’elle sait à l’avance comment la lire pour qu’elle passe bien. Donc quand je poste mon texte, c’est souvent après ce travail de relecture.
Or souvent après avoir posté le texte ici, j’ai souvent une autre vision de mon texte. La part d’intuition ou d’intention cachée me montre des choses que je n’avais pas vu. Oui, je peux dire qu’il m’arrive de comprendre mon texte après coup. Ou plutôt de comprendre ce que je voulais vraiment mettre. J’avais mes intentions de départ mais quand le travail me parait fini, je vois que j’en avais d’autres. Donc il arrive du coup que je reprenne le texte après l’avoir posté si je l’ai fait trop précipitamment.
Il arrive aussi que les échanges que nous avons ensemble affinent la compréhension de mon travail. Je me dis alors que j’aurais peut-être dû faire autrement et mieux développer certains enjeux. D’une certaine manière, les intentions que j’avais n’étaient pas aussi précisément formulées. Je les avais en moi de manière intuitive, et elles sont pourtant dans le texte.
L’intuition me guide souvent de manière toatl. C’est-à-dire que j’ai un peu une vision globale dans ma tête du pourquoi et comment faire sans que je me pose trop de question. Et l’édifice est souvent plus solide que si j’avais voulu planifié à l’avance. D’ailleurs, pour moi, j’ai besoin d’autres choses que de la planification pour écrire. Plus c’est planifié et carré et moins c’est intéressant pour moi d’écrire, comme si je savais à l’avance le résultat. Bref, aucune surprise. C’est pourquoi dans ces cas, j’ai besoin d’une étincelle. C’est cette étincelle qui va motiver l’écriture et pas la planification. Actuellement, dans mes trois récits, j’en suis à ce stade. Que ce soit Allarielle, Ether ou le Chant des Pierres, je sais exactement le pourquoi et le comment. Le pire, c’est souvent le stade de l’histoire qui a même déclenché mon envie d’écrire l’histoire. Mais je n’arrive pas à avancer.
En fait, j’aime la magie de l’accident. Et en me replongeant sur le travail de Bowie, je me suis rappelé son travail avec Bian ENO. Ce dernier est un très grand producteur (Bowie, Tlaking Heads, U2) et a souvent permi à des groupes de « muer » en les obligeant à sortir des sentiers balayés. Il a une théorie qui s’appelle les Stratégies obliques. Il s’agit d’introduire une forme d’aléa dans le procédé créatif. Ses idées sont très tournées sur l’approche musicale, mais en lisant ces articles, je me dis qu’elles peuvent toucher toute la création y compris les écrits.
Concrèrtement, il propose une centaine de cartes sur lesquelles sont notées des idées. Et le but est de l'utiliser pour sortir de l'impasse créative ou pour explorer une autre voie que celle que l'on emploie habituellement pour obtenir le résultat.
Voici deux liens pour vous donner une idée plus précise de son approche :
ici
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ici
Et vous trouverez ici la liste de ses « cartes » :
ici
L’idée, c’est de débloquer le processus créatif. En utilisant de manière aléatoire l’un des items, il nous force à envisager autrement notre travail en cours.
Je voulais savoir si selon vous ce type de technique vous aiderait à écrire, à envisager des choses nouvelles et si elles ne seraient pas susceptibles de stimuler l’excitation d’écrire.
Pour ce qui est de l’écriture et de l’accident, il y a déjà l’approche surréaliste de l’écriture automatique, qui consiste à écrire en essayant de ne pas faire intervenir la raison de manière à laisser en quelque sorte le moteur de l’inconscient prendre le contrôle de la main qui écrit. Si vous n’avez jamais essayé, je vous invite à tenter l’expérience. Mais bon, cela donne ici un matériau brut, parfois lumineux et surprenant, mais qui reste difficile à garder tel quel, contrairement à ce qu’André Breton légitimait. Pour moi, c’est par contre un moyen d’obtenir un matériau pour faire des expériences. Ce pourrait d’ailleurs être un thème du RdM, soit de tous partir sur un texte « brut » soit de se lancer dans un texte brut personnel et de montrer comment on l’a travaillé.
Maintenant si on revient aux stratégies obliques de Brian Eno et qu’on se penchait sur leur utilisation dans l’écriture, pensez-vous que cela puisse fonctionner ? Cela vous inspire-t-il ?
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- Le Hibou
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L'expérience (courte expérience, au fond, dans le domaine de l'écriture) me souffle que la planification est une manière comme une autre de combattre l'angoisse latente de ne plus savoir ou aller. D'un autre côté, ne s'en remettre au jour le jour qu'à ses pulsions imaginatives est une belle manière de sombrer dans la paresse la plus totale, celle qui pousse à négliger sans même s'en rendre compte toute cohérence entre les écrits de la veille et ceux du lendemain (bien sûr, ce que je viens ici de dire est surtout valable pour les longs romans ou cycles de longue haleine) sous prétexte que les entraves sont une limite à la créativité.
Tu parles de débloquer le processus créatif. Et si c'était, au fond, le créateur lui-même qui devait se débloquer ? On peut avoir l'intuition d'un texte que l'on n'est pas encore du tout prêt à écrire ; on commence à écrire quelque morceaux, on planifie un peu, puis on relaisse parler l'intuition, puis... puis, plus rien. On n'avance plus, voire plus du tout. Deux solutions alors : l'oubli (deux variantes : l'oubli avec mise de côté pour plus tard ou l'oubli avec disparition du texte) ou l'obsession. Bien évidemment, quand la lucidité est assez présente, on se rend bien vite compte que le problème ne vient pas du texte, ni de la manière de l'écrire, ni même de le penser, mais de l'écrivain lui-même. L'écrivain en tant qu'être humain.
L'intuition est une épée à double tranchant : elle peut te projeter dans un futur texte que tu ne peux peut-être pas encore écrire comme tu le dois parce que tu n'es pas encore l'homme qu'il faut pour finaliser ce texte-là ( bien que tu puisses déjà le concevoir -et le problème n'a dans ce cas-là rien du tout à voir avec l'écriture), tout comme elle peut te lancer vers une expérience de création fluide et lumineuse qui sera immédiatement lisible après quelques retouches.
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- Vuld Edone
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Je me rappelle d'un auteur sur le Wafo' qui déterminait l'évolution de son histoire à coups de dés. Du coup, j'ai essayé de me demander si je pouvais écrire sous ces conditions. Et la réponse est "oui... mais non".
Oui parce que c'est facile, et arbitraire. On a tel jet de dés, on a telle mécanique, on laisse tourner à vide. Mon personnage oublie-t-il son rendez-vous ? Jet de dés. On ne peut pas planifier bien loin puisque certains jets peuvent tout remettre en question, mais on n'a pas besoin de planifier bien loin non plus puisque toute l'histoire se contente de réagir à ces jets.
Ça revient à dire "bon maintenant mon personnage va visiter cette grotte". Pourquoi, je sais pas, c'est un coup de tête, dedans il trouve un trésor pour pas de raison non plus mais ensuite il se fait empoisonner et ainsi de suite. On jette le personnage dans une situation et on regarde ce qui arrive.
Donc oui, c'est possible.
Mais j'envisage mes textes comme des expériences de pensée, et rien n'est arbitraire. J'ai dix manières différentes de mener l'expérience mais un seul choix possible, si mon personnage va visiter cette grotte -- ou ce château, ou cet égout, ou cette maison hantée... -- il va y aller, point. Si un jet de dés me dit le contraire, je peux aussi bien abandonner mon texte.
Donc oui, c'est possible, mais seulement si le thème du texte est l'arbitraire.
Ce n'est pas pour autant que je considère mes textes dépourvus d'imaginaire. Comme dit, il y a dix manières différentes, ou trente-six ou trente-six mille, d'obtenir le même résultat. Comme toujours, seul 10% de ce qu'on a imaginé finit dans le texte, mais le reste il a fallu l'imaginer et l'histoire aurait pu avoir autant d'autres visages.
Par exemple, imaginons un texte qui fonctionne par ellipses. On ne raconte qu'une partie des événements et le reste, même ce qui peut être important, est ellipsé. Alors maintenant imaginons un personnage qui a trois, voire quatre conversations successives, et chacune est aussi importante que l'autre vu que la conversation précédente est ce qui permet à la suivante d'exister. Une seule de ces conversations finira dans le texte. Laquelle j'élimine ?
J'ai dû planifier les quatre conversations, j'ai le choix de celles que je vais éliminer. Choix motivé par mes limitations d'auteur, entre autres, par l'équilibre du chapitre, etc. Mais je dois aussi planifier de mentionner que ces autres conversations ont eu lieu, je dois leur créer un écho et je dois décider où et comment. Et ainsi de suite.
C'est pour ça que je considère tout autant me laisser mener par mon imagination, mais uniquement durant la phase de planification. Là, je veux bien et même je dois me laisser emporter dans toutes les directions. On pose toutes les cartes sur la table mais à la fin, je ne peu en piocher que cinq.
L'autre intérêt de cette planification en amont étant que, justement, si le récit s'enlise on a de la matière à côté pour se remettre en selle, ou à défaut on sait où couper et d'où reprendre.
Il suffit de voir comment j'aborde le projet Point Final : je tourne autour du sujet sans jamais écrire, tant qu'il y a des inconnues et que je n'ai pas assez de matière. J'ai des nains de jardin, j'ai un contexte et quelques vagues événements mais je ne peux pas me mettre à écrire à partir de ça et voir où ça me mènera : j'ai besoin, en amont, de poser tous les possibles.
Peut-être que le frère traverse le pont, peut-être pas, peut-être qu'il en revient, peut-être que sa femme revient, peut-être que personne ne revient, peut-être que le héros l'y suit, l'y précède, n'y va jamais... Toutes ces réflexions, toutes ces scènes, tout cela doit se faire en amont et quand je commence enfin à écrire, j'ai toutes ces possibilités planifiées pour moi, si le besoin s'en fait sentir. Je sais où je vais même quand j'arrive dans une impasse.
Et ça m'amuse encore de voir comment, après m'être justement placé dans une situation impossible, je ressors une vieille idée des cartons pour me tirer d'affaire. Et ça passe.
Mais ce travail d'imagination, il doit à mes yeux être fait en amont. Toujours en amont.
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- Zarathoustra
- Auteur du sujet
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Tout à fait d'accord sur le problème du créateur. Et c'est en partie le sujet quand même. Mon sujet serait non pas débloquer le texte mais l'envie d'écrire le texte. Je ne sais pas pour vous, mais il y a certains texte ou passage que j'ai en tête, en gros, j'ai le cahier des charges et je sais peu ou prou ce qui s'y trouvera. Sauf que... Il manque l'essentiel; Je n'ai pas envie de l'écrire. Le fait même de savoir précisément ce qui m'attends pour l'écrire bloque mon processus créatif. J'ai souvent besoin d'un élément qui n'est pas censé y être. C'est mon "étincelle" à moi. Sans étincelle, je sais qu'il y a peu de chances que je m'assois quelque part pour l'écrire. On peut appeler ça aussi un enjeu, une expérience nouvelle. Bref, si j'ai pas un minimum d'excitation ou d'envie d'écrire, je ne m'y mettrais pas. On va dire que je n'arrive pas à concevoir l'écriture comme un corvée, une obligation.Le Hibou écrit: Tu parles de débloquer le processus créatif. Et si c'était, au fond, le créateur lui-même qui devait se débloquer ? On peut avoir l'intuition d'un texte que l'on n'est pas encore du tout prêt à écrire ; on commence à écrire quelque morceaux, on planifie un peu, puis on relaisse parler l'intuition, puis... puis, plus rien. On n'avance plus, voire plus du tout. Deux solutions alors : l'oubli (deux variantes : l'oubli avec mise de côté pour plus tard ou l'oubli avec disparition du texte) ou l'obsession. Bien évidemment, quand la lucidité est assez présente, on se rend bien vite compte que le problème ne vient pas du texte, ni de la manière de l'écrire, ni même de le penser, mais de l'écrivain lui-même. L'écrivain en tant qu'être humain.
Pour ce qui est de l'oubli. Oui, ça m'est arrivé. Il m'est arrivé d'oublier jusqu'à mes fins d'histoire...
Je crois que c'est un faux problème. Si j'ai une intuition, j'ai souvent un défi en face de moi. Et souvent c'est un moteur suffisant. Je dis que c'est un faux problème dans la mesure où on apprend. On ne fait peut-être pas le meilleur texte qui aurait dû être écrit mais on a touché du doigt la matière, on s'est confronté aux questions, on a tenté des solutions. Tout ça fait partie du processus d'apprentissage.L'intuition est une épée à double tranchant : elle peut te projeter dans un futur texte que tu ne peux peut-être pas encore écrire comme tu le dois parce que tu n'es pas encore l'homme qu'il faut pour finaliser ce texte-là ( bien que tu puisses déjà le concevoir -et le problème n'a dans ce cas-là rien du tout à voir avec l'écriture), tout comme elle peut te lancer vers une expérience de création fluide et lumineuse qui sera immédiatement lisible après quelques retouches.
Que le texte soit le reflet de qui on est dans l'instant présent, c'est possible. Même certainement évident. Evident qu'on écrirait pas la même chose à 20 ans qu'à 40 ans. Et on écrirait pas non plus la même chose à 20 ans et 40 ans si entre les deux on a passé 20 à écrire... Pour autant, je pense que dans les 3 cas, on n'est pas à l'abris d'une réussite. Sinon cela voudrais dire qu'on écrira toujours mieux avec l'âge. Or je ne crois pas. Au contraire, il y a des textes que la jeunesse t'autorise que tu aimerais parfois bien retrouver avec l'âge. Donc parfois on y arrive plus parce qu'on n'est plus ce qu'on a été... L'intuition par contre n'a pas forcément d'âge. Et à partir d'une même intuition, il y a certainement plusieurs textes possibles. Le tout est de trouver la forme qui nous convienne, et là, je pense qu'on est d'accord sur le fond.
Vuld Eldone a écrit:
Je ne pense pas que ce soit ce que je voulais dire. L'arbitraire et l'accident sont pour moi deux choses différentes. L'accident, c'est l'imprévu. L'arbitraire palie finalement juste le fait que rien n'est prévu. J'aime l'imprévu. Pour moi, c'est une façon de me surprendre et aussi de surprendre quelque part le lecteur. Je ne recherche pas vraiment des histoires hyper scénarisé (dans le sens avec du suspense et des rebondissements et autres astuces scénaristiques). Par contre, j'ai des intentions fortes dans mes textes. Par exemple, je veux qu'un personnage passe d'un état d'esprit à un autre, mais pas comme un girouette, je veux que ça soit crédible. Ca, c'est mon intention. Sauf qu j'ignore comment lui faire passer de l'un à l'autre. Souvent c'est au fil de l'écriture que les choses surviennent. Ce ne sera pas arbitraire, ni planifié, mais cela me parait nécessaire. Et tout ce qui me permettra de réaliser cette intention sera bonne à prendre , y compris ce qui bousculera ma trame.Donc oui, c'est possible, mais seulement si le thème du texte est l'arbitraire.
Je vais te donner un exemple d'imprévu qui génère quelque chose de constructif. Par exemple, dans Allarielle, j'avais ce rêve qu'elle avait fait qui la mettais en scène en train de jouer du piano et qui se transformait en cauchemar avec des rats qui rongeait les cordes du piano. Puis, j'avais une scène où elle a mal au ventre parce qu'elle soupçonnait qu'on l'empoisonne. Et là, soudain j'ai l'idée qu'elle attend un enfant. Et que tout se relie impeccablement. D'une manière très cohérente y compris avec ce que j'avais pu écrire avant (ses écœurements quand elle devient un peu fofolle). Mon intention de départ, quand je me suis lancé dans ce texte, c'était de montrer qu'elle n'est plus ce qu'elle était et de raconter comment elle avait eu un autre nom par le passé, montrer qu'elle en porte un autre et qu'elle sera appelé à en avoir un autre. La trame du passé était claire dans ma tête, par contre je n'avais rien planifié pour montrer comment elle se sentira renaître à la fin du livre. La trame du présent se limitait à la faire retrouver ses troupes et de sortir de l'île. A aucun moment je n'avais planifié la perte de l'enfant et donc encore moins qu'elle soit enceinte. Pourtant, beaucoup de choses collaient avec cette idée. Toi, ce genre d'idée, si tu ne l'as pas planifié, tu l'aurais écarté? Tu te serais refusé de bousculer ta planification parce que cela ne racontait plus l'histoire que tu avais imaginée au départ?
Oui, je suis d'accord. Quand je dais que je n'ai pas de plan, c'est assez faux. Mon plan est très peu détaillé sur papier mais l'histoire est quand même là. Je sais où je veux aller. Et heureusement, car j'ai pu sauter des passages moi aussi en me disant que j'y reviendrais plus tard. D'ailleurs, c'est un peu ça qui me sauve un peu actuellement. Il m'arrive d'écrire des passages qui font avancer le récit bien plus loin que où j'en suis. Par contre, si on réduit le truc à un chapitre où à un one shot, je dirais que mon plan se réduite à 3 ou 4 idées. Pour les one shot, je n'ai même pas un plan écrit. Je laisse mourir les choses dans ma tête et à un moment je sens que j'ai de quoi faire mon histoire.L'autre intérêt de cette planification en amont étant que, justement, si le récit s'enlise on a de la matière à côté pour se remettre en selle, ou à défaut on sait où couper et d'où reprendre.
Par contre, plus je travaille de manière carrée et planifiée moins j'ai envie d'écrire. Hitchcock disait que filmer son film l'ennuyait car il avait tout en tête. Pour lui, il n'y avait aucune surprise en quelque sorte. Et au contraire, il n'appréciait pas beaucoup qu'un acteur vienne y mettre son grain de sel parce qu'il sentait les "choses comme ça".
Je t'invite à regarder plus précisément ce que contient les stratégies obliques. Tu verras que ça n'a rien à voir avec l'arbitraire. Il s'agit d'envisager un problème selon une piste donnée. La piste peut être effectivement arbitraire. Mais l'idée est de pousser le créateur à envisager son travail selon une direction précise que lui ne se serait pas imposer. Ces stratégies ne sont pas à utiliser systématiquement mais notamment en cas d'impasse ou de non satisfaction. Mon propos est justement de vous interroger si, d'après vous, ces idées peuvent s'appliquer à l'écriture et non iniquement à la musique. Quand je les vois, j'ai pour ma part l’impression que oui. Elles permettent aussi d'envisager son travail autrement qu'avec les astuces qu'on a l'habitude d'employer. Elles nous forcent à nous remettre en cause, je trouve, y compris dans ses propres doutes...Oui parce que c'est facile, et arbitraire. On a tel jet de dés, on a telle mécanique, on laisse tourner à vide. Mon personnage oublie-t-il son rendez-vous ? Jet de dés. On ne peut pas planifier bien loin puisque certains jets peuvent tout remettre en question, mais on n'a pas besoin de planifier bien loin non plus puisque toute l'histoire se contente de réagir à ces jets.
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- San
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L'imprévu, ça me parle beaucoup. Je crois aussi que c'est culturel, et que certaines personnes gèrent très bien l'imprévu et aiment ça, et d'autres ne gèrent absolument pas et détestent ça aussi, ça existe. Donc je dirais que ça ne fonctionnerait certainement pas pour tout le monde.
En note :
mourir / mûrir, une faute très révélatriceJe laisse mourir les choses dans ma tête et à un moment je sens que j'ai de quoi faire mon histoire.
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