Le Piège du Premier Jet
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il y a 8 ans 1 semaine #20661
par Zarathoustra
Le Piège du Premier Jet a été créé par Zarathoustra
J'ignore comment vous écrivez, mais moi, je sais que j'ai beoisn de me lancer. CD'est-à-dir qu'à un moment, je le fais sans trop planifier et laisser l'inspiration me dicter mes phrases. Et qu'on ait une trame prédefinie ou pas ne change rien. A un moment il faudra bien donner une forme à ses idées, à ses intuitions ou ces squences qu'on a dans la tête.
Seulement, il y a quelque chose de quasi sacré. Je veux dire que j'écris un peu dans du marbre. Certes, il m'est arrivé de chambouler beaucoup de chose, voire de réecrire. Mais il n'empêche que ce premier jet est toujours présent. Je travaille toujours à partir de lui, sur lui. J'ai beaucoup de mal à envisager de tout repartir de zéro. Je crois que Vuld Eldone est plutôt du genre à tout effacer, moi pas. Ce qui fait que chaque texte que je termine a été conditionne par cet instant étrange et plus ou moins inspiré du premier jet.
Ce premier jet est parfois magique, il contient quasi tout. Parfois, il est laborieux. Quand il l'est trop, je m'arrête généralement. Mais parfois l'inspiration vient au fur et à mesure. Et c'est parfois là le drame. Les morceaux pas inspirés feront partie plus ou moins directement de mon histoire. Et s'ils finissent par disparaître totalement, c'est à force de reprendre encore et encore les phrases.
J'ai constaté que ce premier jet contenait souvent une logique assez forte. Les choses sont liées entre elles, parfois trop d'ailleurs et c'est ce qui fait qu'il est parfois difficile de vraiment couper entre elle. Par exemple, je suis satisfait d'un passage ou d'une phrases mais de celle d'avant, mais, malgré tout, cette phrase annonce voire lance parfaitement celle j'aime. Et quand je la retouche, je casse parfois cet aspect.
D'une manière plus générale, il n'y a que récemment où je n'hésite pas à casser la trame que j'avais initialement écrite. Il m'arrive de déplacer des blocs entiers, de réagencer plus nettement. J'ai l'impression qu'il m'a fallu toutes ces années pour commencer à avoir ce recul nécessaire à mon travail pour envisager qu'il puisse très différent de ce que je peux imaginer au départ. Je ne parle pas ici forcément des thèmes ou du fond, mais de la forme. La première chose que j'ai commencé à vraiment tout remettre en cause sur mes premiers jets étaient mes dialogues. Je dirai que j'avais tendance à être toujours très satisfait d'eux. Je dirai qu'on est souvent très indulgent à leur égard. C'est encore une fois les échanges avec Vuld Eldone qui m'a fait comprendre qu'il faut être extrêmement exigeant avec eux. Même s'ils passent souvent très bien parce que, par nature, ils sont plus dynamiques et faciles à vivre que le reste, ils faut veiller à leur vraie nécessité.
En fait, cette question du premier jet rejoint une réflexion qui m'est cher. Pour écrire, il faut réapprendre à être lecteur.Et c'est à cette question qu'il faut répondre quand on replonge dans notre premier jet...
Bref, je voulais savoir comment vous travailler vos textes, notamment au tout début et comment vous les faites évoluez.
Seulement, il y a quelque chose de quasi sacré. Je veux dire que j'écris un peu dans du marbre. Certes, il m'est arrivé de chambouler beaucoup de chose, voire de réecrire. Mais il n'empêche que ce premier jet est toujours présent. Je travaille toujours à partir de lui, sur lui. J'ai beaucoup de mal à envisager de tout repartir de zéro. Je crois que Vuld Eldone est plutôt du genre à tout effacer, moi pas. Ce qui fait que chaque texte que je termine a été conditionne par cet instant étrange et plus ou moins inspiré du premier jet.
Ce premier jet est parfois magique, il contient quasi tout. Parfois, il est laborieux. Quand il l'est trop, je m'arrête généralement. Mais parfois l'inspiration vient au fur et à mesure. Et c'est parfois là le drame. Les morceaux pas inspirés feront partie plus ou moins directement de mon histoire. Et s'ils finissent par disparaître totalement, c'est à force de reprendre encore et encore les phrases.
J'ai constaté que ce premier jet contenait souvent une logique assez forte. Les choses sont liées entre elles, parfois trop d'ailleurs et c'est ce qui fait qu'il est parfois difficile de vraiment couper entre elle. Par exemple, je suis satisfait d'un passage ou d'une phrases mais de celle d'avant, mais, malgré tout, cette phrase annonce voire lance parfaitement celle j'aime. Et quand je la retouche, je casse parfois cet aspect.
D'une manière plus générale, il n'y a que récemment où je n'hésite pas à casser la trame que j'avais initialement écrite. Il m'arrive de déplacer des blocs entiers, de réagencer plus nettement. J'ai l'impression qu'il m'a fallu toutes ces années pour commencer à avoir ce recul nécessaire à mon travail pour envisager qu'il puisse très différent de ce que je peux imaginer au départ. Je ne parle pas ici forcément des thèmes ou du fond, mais de la forme. La première chose que j'ai commencé à vraiment tout remettre en cause sur mes premiers jets étaient mes dialogues. Je dirai que j'avais tendance à être toujours très satisfait d'eux. Je dirai qu'on est souvent très indulgent à leur égard. C'est encore une fois les échanges avec Vuld Eldone qui m'a fait comprendre qu'il faut être extrêmement exigeant avec eux. Même s'ils passent souvent très bien parce que, par nature, ils sont plus dynamiques et faciles à vivre que le reste, ils faut veiller à leur vraie nécessité.
En fait, cette question du premier jet rejoint une réflexion qui m'est cher. Pour écrire, il faut réapprendre à être lecteur.Et c'est à cette question qu'il faut répondre quand on replonge dans notre premier jet...
Bref, je voulais savoir comment vous travailler vos textes, notamment au tout début et comment vous les faites évoluez.
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- Vuld Edone
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il y a 7 ans 11 mois #20683
par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Le Piège du Premier Jet
J'ai l'impression d'en avoir discuté plus d'une dizaine de fois -- la fameuse première phrase qui doit contenir tout le texte -- mais vu ma difficulté à me relancer dans un texte actuellement, je peux y revenir.
J'ai remarqué que je pouvais me lancer sans difficulté dans un texte, et aligner 6 pages, 8 pages ou même 20 pages en freestyle. Mais si je lâchais ce texte et que j'y revenais plus tard, en général c'était fini, ce texte était mort. Je pouvais aussi bien l'effacer, impossible à continuer. Pour moi le texte était vide, aucun intérêt.
Résultat, je n'écris plus avant d'être sûr de continuer, ce qui fait que je passe moins de temps à réfléchir au départ du texte qu'à un éventuel milieu où je me perds et dont je ne ressors jamais.
Par exemple, j'ai un texte qui me titille depuis ce matin sur un accidenté de la route sauvé par un démon et forcé à cause de ça de passer le reste de sa vie à Baudes. Je connais l'histoire, je l'ai construite et entièrement jouée dans ma tête durant les voyages en transport public et je sais aussi comment la commencer, à la demi-page près : "Tout allait bien. Blablabla suggestion du décor de l'accident. Tout allait bien. Blablabla rumeurs de l'accident. On allait l'emmener à l'hôpital et il n'aurait plus à se soucier blablabla..." et ainsi de suite avec l'introduction du démon et cetera. Si je me mettais à écrire, cette première demi-page serait faite en une minute.
Mais ensuite, même si je connais les événements (à peu près), je commencerais à faiblir, à hésiter. Et c'est un peu aussi ce qui arrive actuellement au Libra. Je sais ce qui se passe dans le chapitre trois, avec la taille des flèches, etc... mais je n'arrive pas à lui donner un "ton", et parce que j'ai peur de faiblir au milieu je ne prends même pas la peine de démarrer.
En bref, j'ai désormais la peur bleue du premier jet. Comme si le premier jet serait le seul.
Dit comme ça c'est incroyablement ridicule. Mais c'est ça.
J'ai remarqué que je pouvais me lancer sans difficulté dans un texte, et aligner 6 pages, 8 pages ou même 20 pages en freestyle. Mais si je lâchais ce texte et que j'y revenais plus tard, en général c'était fini, ce texte était mort. Je pouvais aussi bien l'effacer, impossible à continuer. Pour moi le texte était vide, aucun intérêt.
Résultat, je n'écris plus avant d'être sûr de continuer, ce qui fait que je passe moins de temps à réfléchir au départ du texte qu'à un éventuel milieu où je me perds et dont je ne ressors jamais.
Par exemple, j'ai un texte qui me titille depuis ce matin sur un accidenté de la route sauvé par un démon et forcé à cause de ça de passer le reste de sa vie à Baudes. Je connais l'histoire, je l'ai construite et entièrement jouée dans ma tête durant les voyages en transport public et je sais aussi comment la commencer, à la demi-page près : "Tout allait bien. Blablabla suggestion du décor de l'accident. Tout allait bien. Blablabla rumeurs de l'accident. On allait l'emmener à l'hôpital et il n'aurait plus à se soucier blablabla..." et ainsi de suite avec l'introduction du démon et cetera. Si je me mettais à écrire, cette première demi-page serait faite en une minute.
Mais ensuite, même si je connais les événements (à peu près), je commencerais à faiblir, à hésiter. Et c'est un peu aussi ce qui arrive actuellement au Libra. Je sais ce qui se passe dans le chapitre trois, avec la taille des flèches, etc... mais je n'arrive pas à lui donner un "ton", et parce que j'ai peur de faiblir au milieu je ne prends même pas la peine de démarrer.
En bref, j'ai désormais la peur bleue du premier jet. Comme si le premier jet serait le seul.
Dit comme ça c'est incroyablement ridicule. Mais c'est ça.
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- San
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il y a 7 ans 11 mois #20695
par San
Réponse de San sur le sujet Le Piège du Premier Jet
Je ne sais pas vous, mais moi j'écris pour montrer mes textes la plupart du temps, que ce soit des textes écrits pour une personne ou pour un groupe de personnes. Du coup, tant qu'un texte n'est pas fini, je sais que j'aurai besoin d'y revenir encore et encore jusqu'à ce qu'il soit fini et que je puisse le montrer.
Note : un chapitre est un texte à part entière pour moi. Qu'une histoire s'arrête au chapitre 45 ou au chapitre 3 ou pas du tout, elle reste valable. Sûrement pour ça que j'ai jamais entrepris d'écrire un roman... Je n'en ressens pas le besoin.
Bref, toujours est-il que en général, pour ma part dans la genèse d'un texte, je commence par écrire un pitch, prendre des notes d'idées, de style, mettre au plat un squelette de texte. Quand je commence à écrire le premier jet, j'écris tout en commençant généralement par le premier mot et en allant jusqu'au dernier. Parfois en sautant d'un paragraphe à l'autre. Cela peut prendre une ou plusieurs sessions de quelques heures, étalées sur quelques jours, des mois ou des années. Peu importe. Je sais que j'y reviendrai jusqu'à ce qu'il soit fini. Il y en a qui sont plus faciles à écrire que d'autres. Pour certains j'en écris un bout et puis en fait il me manque de la matière, alors je laisse de côté, et je redécouvre ça 3 ans après et j'ai vécu ce qu'il fallait pour trouver les mots qui me manquaient auparavant et je finis le texte. Ou alors je mets le premier jet à la poubelle et je le reprends entièrement si ça ne me plait plus. Mais pas d'angoisse à ce sujet. Si j'ai quelque chose à écrire, je l'écris. Ca permet de bien dormir le soir
Note : un chapitre est un texte à part entière pour moi. Qu'une histoire s'arrête au chapitre 45 ou au chapitre 3 ou pas du tout, elle reste valable. Sûrement pour ça que j'ai jamais entrepris d'écrire un roman... Je n'en ressens pas le besoin.
Bref, toujours est-il que en général, pour ma part dans la genèse d'un texte, je commence par écrire un pitch, prendre des notes d'idées, de style, mettre au plat un squelette de texte. Quand je commence à écrire le premier jet, j'écris tout en commençant généralement par le premier mot et en allant jusqu'au dernier. Parfois en sautant d'un paragraphe à l'autre. Cela peut prendre une ou plusieurs sessions de quelques heures, étalées sur quelques jours, des mois ou des années. Peu importe. Je sais que j'y reviendrai jusqu'à ce qu'il soit fini. Il y en a qui sont plus faciles à écrire que d'autres. Pour certains j'en écris un bout et puis en fait il me manque de la matière, alors je laisse de côté, et je redécouvre ça 3 ans après et j'ai vécu ce qu'il fallait pour trouver les mots qui me manquaient auparavant et je finis le texte. Ou alors je mets le premier jet à la poubelle et je le reprends entièrement si ça ne me plait plus. Mais pas d'angoisse à ce sujet. Si j'ai quelque chose à écrire, je l'écris. Ca permet de bien dormir le soir
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- Leagend7381
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il y a 7 ans 6 mois #21209
par Leagend7381
Réponse de Leagend7381 sur le sujet Le Piège du Premier Jet
Pour ma part je remarque qu'il y a vraiment deux types d'histoires qui me trottent dans la tête : celles que j'écris, et celles qui me tiennent à cœur.
Les premières partent souvent d'une idée vague, d'une inspiration du moment que je laisse se développer, et que je découvre au fur et à mesure que je déroule l'univers. Ces histoires sont plaisantes pour moi à écrire, et il m'importe peut qu'elles soient bonnes ou mauvaises. De temps en temps, je reviens sur l'écriture, je corrige, je remanie, mais sans trop non plus m'acharner.
Mais dés que l'écrit prends de l'importance, j'hésite, j'observe en retrait, l'idée grandit lentement, je ne l'abandonne pas, mais je n'ose pas non plus en laisser une trace concrète. Je fais souvent alors des passages, des moments qui reflètent l'univers, sans pour autant faire nécessairement partie de l'histoire, et il m'est alors difficile de faire le premier jet. Pire encore, il m'arrive de me lancer en me disant, "tant pis si le jet n'est pas bon", puis de changer d'avis et de le rejeter (parfois de le supprimer complètement). Dans ces cas là j'ai l'impression de laisser murir un fruit, et de ne pas oser le cueillir trop tôt. Peut être parce-que ces textes développent des idées qui me tiennent à cœur, et dont je veut être certain.
Les premières partent souvent d'une idée vague, d'une inspiration du moment que je laisse se développer, et que je découvre au fur et à mesure que je déroule l'univers. Ces histoires sont plaisantes pour moi à écrire, et il m'importe peut qu'elles soient bonnes ou mauvaises. De temps en temps, je reviens sur l'écriture, je corrige, je remanie, mais sans trop non plus m'acharner.
Mais dés que l'écrit prends de l'importance, j'hésite, j'observe en retrait, l'idée grandit lentement, je ne l'abandonne pas, mais je n'ose pas non plus en laisser une trace concrète. Je fais souvent alors des passages, des moments qui reflètent l'univers, sans pour autant faire nécessairement partie de l'histoire, et il m'est alors difficile de faire le premier jet. Pire encore, il m'arrive de me lancer en me disant, "tant pis si le jet n'est pas bon", puis de changer d'avis et de le rejeter (parfois de le supprimer complètement). Dans ces cas là j'ai l'impression de laisser murir un fruit, et de ne pas oser le cueillir trop tôt. Peut être parce-que ces textes développent des idées qui me tiennent à cœur, et dont je veut être certain.
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