Tout est dans le titre
- Iggy Grunnson
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Ma première histoire était intitulée La confrérie du Nouvel Ordre, un titre que je trouvais mauvais même à l’époque. Pour un récit qui se veut une aventure dans la tradition D&D, le titre fait plutôt penser à une secte secrète où un mouvement néo-nazi.
Par la suite, j’ai écrit L’éternel vagabond. Pas trop mal comme titre, me direz vous, sauf qu’il s’agit d’un récit purement parodique qui ne vaut que pour la gaudriole. Vous serez d’accord pour reconnaître qu’on a fait plus explicite comme titre en la matière…
Puis viennent De meilleurs lendemains (Joli, mais emprunté à un film de John Woo) ; Lames de Fond (sans doute le plus potable du lot, mais c’est le titre d’un récit coécrit et je ne suis pas sûr d’en avoir été à l’origine) ; et enfin Sans Espoir, une histoire au nom tristement prophétique.
C’est peut-être la peur du vide qui m’a donc poussé à multiplier les titres dans les aventures d’Amphitryon Jones. La première partie s’intitule Chemins de traverse – Ou l’odyssée d’Amphytryon Jones ; elle se découpe en deux parties, chacune dotée d’un titre et elle-même divisée en chapitres ; et ainsi de suite pour au final aboutir à quatre niveaux de titres !
Peu satisfait par ces tentatives, j’ai eu tendance à changer mon fusil d’épaule récemment, et à choisir des titres les plus courts possibles : Les Chasseurs, Le Congrès, etc. Je ne sais pas si c’est un progrès, mais au moins j’ai la sensation de ne plus importuner le lecteur avec des titres à rallonge.
Tout ça pour dire que le choix d’un titre, c’est loin d’être évident. Alors, quels sont pour vous les ingrédients d’un titre accrocheur – ou profond ? Comment jugez-vous votre expérience en la matière ? En tant que lecteur, est-ce que le titre d’un récit participe pleinement à vos choix de lecture, ou bien s’agit-il d’un simple accessoire qu’on laisse bien vite sur un porte-manteau pour se consacrer à la lecture proprement dite ?
Iggy
Ps. Pour ceux qui se poseraient la question, l'ex "Ombre du Passé" s'intitule maintenant "Entre chien et loup". Un avis ?
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- Vuld Edone
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Je continuerai par dire que les titres de romans qui se vendent sont entre le décevant et le déroutant. "Le Parfum" est encore le titre le plus réussi... mais parfois...
Je terminerai par donner mon expérience.
Tout comme les premiers mots d'un texte doivent donner le contrat de lecture au lecteur, lui dire ce qu'il va lire et comment il doit le lire, le titre doit être parfaitement clair. Comme mes textes sont obscurs et confus, mes titres conviennent donc sans peine. Ce qui compte, c'est moins que le titre soit accrocheur - si l'histoire ne l'est pas... et si l'histoire l'est, le titre devrait l'être aussi naturellement - et plus que le titre soit éloquent.
Mais le titre a une seconde utilité pour moi. Il s'agit du plan le plus minimal dont je dispose, et quand je vais reprendre un texte, c'est le titre qui me dit ce dont je suis censé parler. Un refrain extrêmement court sur lequel concentrer toute mon attention.
Actuellement je suis occupé à écrire des descriptions de zones pour un forum. Cela signifie également de donner un nom à ces zones. Il se trouve que je ne peux pas écrire la description tant que je n'ai pas le nom, parce que c'est le nom qui va me donner le contenu. Mon critère, pour le titre, mon critère absolu est que le lecteur, en lisant le nom de la zone, puisse en deviner par avance le contenu.
Ce qui m'oblige à être moins abstrait qu'à l'habitude...
Ce n'est pas au titre d'être accrocheur, mais à l'histoire. Si l'histoire l'est, le titre est comme une meurtrière donnant dessus : on verra au travers que ça vaut la peine. Si on essaie de faire un titre pour un titre, soit on ratera, soit le lecteur sera déçu passé cette vitrine.
Le style du titre est le style de l'auteur. Ce n'est qu'un paragraphe isolé contenant toute l'histoire.
Un titre de roman policier pourrait être : "On y vient. On en part." Avec ouverture sur le lieu en question. Un roman d'aventure avec pour nom : "Le chemin" sera mauvais, mais "Hors de mon chemin" proposera une histoire plus aux normes. Et s'il fallait faire une romance, "Mon p'tit chien" serait entre le coup de génie et la catastrophe.
Les meilleurs titres sont pour moi les plus courts et les plus simples, mais c'est mon goût personnel. "Si par une nuit d'hiver un voyageur..." est un excellent titre (et atrocement réfléchi). La seule bonne réponse, c'est le texte même qui la donne.
Un titre court a l'avantage d'être facilement mémorisé...
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- Zarathoustra
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Donc il y a souvent un faux probléme.
C'est d'ailleurs aussi une question que me trôte dans la tête. A l'époque du journal d'allaryel, j'avais mis des titres à mes chapitres, or ce serait certainement une chose à retirer.
Un titre a plusieurs fonctions:
1- Il peut être évocateur de ce qu'on va lire. exemple: Manuel d'entretien de la chaudière. Là il y a pas photo! Mais effectivement il peut être un peu plus évocateur sur l'imagination. "Le Parfum" est effectivement un titre court et évocateur. Ou Guerre et Paix. Le Joueur...
2- Il peut également donner une clef sur le sens caché d'un livre ou remettre en premier plan un aspect du roman. Exemple: Les Noms de Don Delillo. Fondamentalement, le livre parle de plain de choses, dont de Noms. En mettant ce titre, l'auteur change notre perception de l'histoire et de son sens.
3- Il peut également faire travailler l'imaginaire. C'est souvent le cas dans la SF ou l'HF (avec les Cycles de.... Mettre un nom mystérieux, ou le mot dragon/magicien etc.).
Le Dieu venu du Centaure de Dick
Mais Le Lys dans la Vallée, Le Diable au Corps, sans pour autant être explicite il évoque une résonnace dans notre esprit.
Pour ce qui est de la longueur, je pense qu'on trouva de tout:
A l'ouest rien de nuuveau
Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
Donc je dirais qu'un bon nom doit répondre à ce que tu attends de ton lecteur (et de la confiance qu'on a). Parce que le Père Goriot est-il un bon nom de roman? C'est le nom d'un roman d'un auteur qui n' pas besoin d'un titre pour être lu. Et le même auteur peut se permettre un titre plus long plus tard : "Grandeurs et décadences des courtisanes" sans se trahir non plus.
Pour abonder dans ton sens, je me pose également cette question sur ce que 'j'acris actuellement. Au départ, c'était le Reve d'Ether, ensuite c'est devenu la Tempète du Rêve d'Ether (qui est très mauvais). Et j'hésite finalement entre le Reve d'Ether et la Tempète d'Ether. Et encore je suis pas très fixé parce que j'aime bien le mot "ether"
En afit on pourrait se poser la question de savoir qu'est-ce qu'un mauvais titre plutôt, non?
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- Monthy3
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A cet effet, je cherche des choses qui sonnent bien, qui intriguent, mais qui sont également représentatives du contenu - évidemment. J'aimais aussi user de titres à double sens, telles "Dernières volontés" qui étaient tout à la fois celles du Roi que celles de l'autre noble, par exemple. Cela, c'est aussi mon goût des parallèles et des correspondances qui le veut.
Par ailleurs, il m'est souvent arrivé, pour écrire une nouvelle aussi bien qu'un chapitre, de ne partir que d'un titre et de me laisser porter par lui. Il marque la véritable genèse du récit - quitte à ce qu'il soit remplacé plus tard. Ainsi, par exemple, de la Démangeaison des Orties, dont j'ai ensuite tiré le nom du protagoniste et certain moment-clef de l'histoire.
En tant qu'auteur, donc, mais aussi en tant que lecteur, le titre revêt pour moi une grande importance. Je me suis plusieurs fois laissé tenter par un titre inhabituel, parfois à tort (Confessions d'un automate mangeur d'opium - avis personnel), parfois à raison (Gagner la guerre). Pour moi, lecteur, cela attire l’œil autant qu'une couverture, et certainement plus qu'un quatrième de couverture souvent à l'ouest, en disant trop ou pas assez. Bref, c'est assez déterminant dans mon choix.En tant que lecteur, est-ce que le titre d’un récit participe pleinement à vos choix de lecture, ou bien s’agit-il d’un simple accessoire qu’on laisse bien vite sur un porte-manteau pour se consacrer à la lecture proprement dite ?
En tout état de cause, sous les deux versants, je suis aujourd'hui rebuté par tout ce qui est titre :
- possédant un nom bizarre à l'intérieur : "Le seigneur de Flarguk", "Le médaillon des Bennesyx", etc.
- trop classique, à la façon "le X de Y" avec mots communs, tels que épée, roi, chronique, diamant, pendentif, prophétie, etc. Pour autant, j'use moi-même de cette structure, mais avec des mots peut-être plus inhabituels : "La Démangeaison des Orties" précitée, par exemple, ou encore "Le Masque et la Poudre". Sans doute est-ce tout simplement parce que les mots dits banals renvoient souvent à des histoires banales et que celles-ci ne m'intéressent plus depuis belle lurette !
Mais risque aussi d'être confondu avec d'autres... à moins, bien sûr, de sortir suffisamment du lot, mais ce n'est pas si évident.Un titre court a l'avantage d'être facilement mémorisé...
En tout cas, Zara, j'ignore la teneur de ce que tu écris actuellement, mais j'ai une préférence pour "Rêve d'Ether", même si le terme "rêve", bon... Il me fait penser, vite fait, à "Rêves de guerre" ou "Rêve de gloire", tous deux vus en rayon aujourd'hui.Pour abonder dans ton sens, je me pose également cette question sur ce que 'j'acris actuellement. Au départ, c'était le Reve d'Ether, ensuite c'est devenu la Tempète du Rêve d'Ether (qui est très mauvais). Et j'hésite finalement entre le Reve d'Ether et la Tempète d'Ether. Et encore je suis pas très fixé parce que j'aime bien le mot "ether"
Pour conclure avec du concret et illustrer (encore) un peu mes dires, en ce moment, je suis sur un cycle intitulé "Le Masque et la Poudre", avec pour premier tome "Un Soupçon de soufre dans une mer d'huile (d'olive)" (peu commun, donc, mais peut-être aussi rebutant, je ne sais pas...) et pour deuxième "La Démangeaison des Orties", en attendant les "Contes des mille et une sectes" et l'"Aller simple vers un bercail".
Tous ces titres étant évidemment sujets à caution et potentiellement modifiables, selon le contenu desdits récits.
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- Mr. Petch
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L'idée était d'imaginer un titre volontairement grandiloquent, comme s'il contenait une grande épopée pour créer un décalage avec le contenu, tout le contraire d'une épopée pour ceux qui l'ont lu. Le décalage étant souligné par le titre lui-même que j'ai voulu ironique, au moins sur deux points : par l'association "cimes" et "Enfer" ( l'Enfer étant généralement considéré comme un gouffre plutôt qu'un sommet) et l'introduction d'un accent circonflexe sur "brûlantes" qui induit en erreur et pousse à la faute d'orthographe sur "cimes", qui n'en a pas.
Maintenant, je doute que les lecteurs aient saisi la subtilité du machin, qui est surtout une blague personnelle...
Du coup, pour les Fragments d'Apocalypse, mes titres sont courts et se contentent de définir l'identité du ou des personnages au centre du texte.
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- Monthy3
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C'est effectivement assez fin et poussé, comme réflexion. J'aime ! (Bien que je n'aie encore rien lu de ce VLCBE.)Le décalage étant souligné par le titre lui-même que j'ai voulu ironique, au moins sur deux points : par l'association "cimes" et "Enfer" ( l'Enfer étant généralement considéré comme un gouffre plutôt qu'un sommet) et l'introduction d'un accent circonflexe sur "brûlantes" qui induit en erreur et pousse à la faute d'orthographe sur "cimes", qui n'en a pas.
Idem pour le roman récemment terminé : 5 chapitres (seulement), 5 personnages (et quelques ajouts pour tricher un peu, avec un "Machin, ou la X des Y"). La sobriété a aussi du bon - en dépit de tout ce que j'ai pu écrire dans ce sujet.Du coup, pour les Fragments d'Apocalypse, mes titres sont courts et se contentent de définir l'identité du ou des personnages au centre du texte.
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- Iggy Grunnson
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En tout état de cause, sous les deux versants, je suis aujourd'hui rebuté par tout ce qui est titre :
- possédant un nom bizarre à l'intérieur : "Le seigneur de Flarguk", "Le médaillon des Bennesyx", etc.
- trop classique, à la façon "le X de Y" avec mots communs, tels que épée, roi, chronique, diamant, pendentif, prophétie, etc. Pour autant, j'use moi-même de cette structure, mais avec des mots peut-être plus inhabituels : "La Démangeaison des Orties" précitée, par exemple, ou encore "Le Masque et la Poudre". Sans doute est-ce tout simplement parce que les mots dits banals renvoient souvent à des histoires banales et que celles-ci ne m'intéressent plus depuis belle lurette !
En parlant de titres trop classiques, je suis tombé sur ça :
www.omerpesquer.info/untitre/
qui se moque justement de la succession de titres toujours basés sur la même formule et qui squattent les rayons des librairies.
Merci pour vos réponses, en tout cas. Ce qui m'intéresse au fond, ce n'est peut-être pas de savoir ce qui fait un bon titre (il n'y a sans doute pas de formule toute faite à ce sujet), mais bien le décalage entre l'importance relative que l'auteur et le lecteur peuvent accorder au titre : en ce qui me concerne, c'est souvent un élément choisi un peu par défaut, alors que pour le lecteur c'est la première fenêtre dont il dispose sur le texte, et donc un élément d'importance.
D'ailleurs, il est marrant de songer au rôle que joue l'informatique en matière de titre : le fait de devoir nommer les fichiers impose de trouver un titre très rapidement. Dans mon cas, je finis bien souvent par m'habituer à ce premier titre (souvent choisi à la va-vite) au point de ne jamais prendre le temps d'y réfléchir sérieusement et de le changer.
Iggy
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