L'écriture et l'intégration de l'imprévu
- Zarathoustra
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On parle de plan, d’écriture dans l’ordre. Pourtant, il me semble que l’écriture n’est pas que contrainte et pour remplir 5 ou 10 ou 25 pages, il faut obligatoirement laisser place à des choses qui ne sont pas préméditées (rassurez-moi, vos plans d’un chapitre ne sont pas aussi long que le dit chapitre ?). Que ce soit un dialogue imprévu, une scène non prévue, un chemin de traverse pour aller du point A au point B, une phrase qui surgit avec un éclat tout particulier et que vous voulez mettre en valeur, brefs, l’écriture est faites d’accidents.
Comment les intégrez-vous ?
Les attendez-vous ?
Les favorisez-vous ou les minimisez-vous ?
Y a-t-il eu de ces accidents qui ont pris des proportions énormes ? Ont-il déclenché des récits à part entière ?
Pour ma part, je trouve que ce sont toujours ses accidents qui ont transcendé mes récits. Peut-être parce que je scénarise très peu au départ mes histoires et que j’ai besoin de créer des surprises pour animer mon récit.
Par exemple, le chant des Pierres a pris de l’ampleur le jour où j’ai voulu creuser une phrase d’un texte que j’avais écrit.
C’est notamment la dernière phrase qui m’a donné envie de raconter son histoire. Et cette phrase n’était pas planifié, elle a surgit d’un coup.Finalement, en y réfléchissant, il n’avait jamais rien demandé avec une réelle conviction. Par le passé, il avait exécuté ses taches quotidiennes avec simplicité, mais sans zèle. Pourquoi avoir été choisi ? Avant, on le regardait à peine et, là, d’un seul coup, il était craint comme la foudre ! L’écart entre le passé et le présent prenait une dimension incongrue, presque ridicule. Il doutait toujours de ce qui lui arrivait. D’un autre côté, il sentait que tout ceci s’était profondément ancré en lui, alors qu’il aurait voulu rester le même. Pour le vérifier, il se saisit d’une motte de terre encore givrée, l’huma et la mit dans sa bouche. En l’avalant, il sut qu’il n’avait pas changé, car, cette terre, il la détestait toujours.
Bref, avez-vous connu pareilles expérience ?
Pour ma part, j’en ai plein et j’aime les provoquer et je les attends. Et moins j’ai de choses à dire dans un chapitre et plus j’aime le défi de remplir ce chapitre de vide qui sont plein. C’est un moment où on ne raconte rien et pourtant, je trouve qu’on raconte l’essentiel, c'est-à-dire qu’on laisse le temps à nos personnages d’exister en nous surprenant parce qu’ils prennent vie devant nous. Et je pense que c’est là où on crée vraiment, ailleurs on raconte (ce qui est plaisant et parfois jubilatoire aussi mais ce n’est pas le même travail, il s’agit de donner vie aux scènes qu’on a dans la tête alors qu’ici on donne vie à nos personnages). Et souvent, ce sont les scènes que je préfère dans mes récits.
Ressentez-vous pareilles choses ou est-ce quelque chose qui vous est étranger ?
Je me pose la question parce que je sens au travers de vos commentaires que cette approche est plutôt atypique (et parce que je l’ai déjà dit, j’ai un fonctionnement personnel que je ne retrouve pas toujours chez les autres IRL).
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- Monthy3
- Hors Ligne
- Messages : 673
De manière générale, je suis très attaché à la structure de mes récits, qui est finalement le carcan majeur que je me dresse. Autant la planification de l'intrigue est très lâche (quelques grandes étapes, une fin, une ou deux relations à creuser), autant celle de la structure est précise : tel chapitre doit être narré de tel point de vue, de telle façon qu'un autre chapitre lui réponde symétriquement... Des choses de ce genre.
Du coup, cela ne laisse pas tellement de place à la folie dans le sens où je ne peux pas rajouter de chapitres - je peux tout au plus en faire varier la taille. En revanche, comme les péripéties elles-mêmes ne sont pas clairement définies, je peux laisser libre cours à ma fantaisie. Disons qu'entre le point A et le point B que je ne peux éviter, j'ai un chemin tout à fait libre. Simplement, que le personnage se coltine une montagne enchantée ou une bande de sirènes, il ira du point A au point B - à moins que ce ne soit son compagnon...
Oui, parce qu'en fait, maintenant que j'y pense, ce qui est défini est plus l'intrigue elle-même, disons la quête, que le personnage censé la mener à bien. J'ai plusieurs personnages qui ont décidé de voler la vedette au protagoniste supposé, ou tout du moins de prendre une ampleur particulière (au hasard : Signe N'Mephe dans l'Echiquier).
Voilà, c'est une intervention un peu brouillonne mais je crois à peu près être dans le sujet Disons que les événements inattendus sont attendus, espérés, intégrés avec bonheur, mais partiellement bridés par la structure même du roman.
Ce qui est évidemment beaucoup moins le cas (pour ce dernier point) en ce qui concerne les nouvelles, qui sont écrites en freestyle complet la plupart du temps
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