Thème de Discussion: Le Diable
- Zarathoustra
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Voilà, si vous deviez exploiter ce thème ou exploiter le diable en tant que personnage, comment procéderiez-vous? Et si vous deviez lire un texte qui vous stimule, qu’aimeriez-vous y lire?
C'est tout le sujet! Amis Chroniqueurs, à vous de lancer les débats!
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- Zarathoustra
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Moi, je trouve que c'est un personnage fabuleux. Il suffit de mentionner son nom, et soudain il y a comme un trouble ambiguë qui apparaît. Quelque part, ce qui est fascinant en lui, c'est qu'il est capable de tout et surtout de nous surprendre et d'être là où on ne l'attend pas. J'aimerai bien un jour jouer avec cette idée.
L'autre point que je trouve encore plus fort avec lui, c'est qu'il n'a pas besoin d'être là. Juste le fait qu'on sente son ombre planer sur une histoire et j'ai comme l'impression que l’histoire prend une soudaine tournure. Certes, cela peut donner lieu à du fantastique, mais pas obligatoirement. En fait, il suffit qu'il y ait comme enjeu la lutte entre le Bien et le Mal pour qu'on le devine. Et ça, c'est très fort.
Pour ma part, j'aimerai aussi arriver un jour à écrire une histoire qui permettrait de jouer avec ce que le lecteur projetterait à son sujet.
Bref, je vois deux dimensions autour de ce thème:
1- le Diable en tant que personnage. Certes, on peut le voir comme le Mal. Mais j'aime le voir autrement. Le Diable et son action se situerait justement au-delà du Bien et du Mal. Pour lui, peu importe les moyens, seul compte le résultat.
2- et le Diable en tant qu'influence avec sa présence en hors champ. Bien sûr, il y a la notion des dilemmes moraux, et, quelque part, son action sur le monde renforcerait implicitement l'humanité de l'homme. C'est parce que l'homme est faillible et peut succomber à la tentation qu'il devient plus intéressant qu'un Saint.
Alors, vous, ça ne vous inspire aucune idée de textes ou de personnages?
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- Monthy3
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- le pacte ;
- la tromperie.
Et donc, toute entité qui intervient sur ces deux aspects est en quelque sorte mon diable à moi. J'ai même deux exemples de ce tyoe d'intervention dans ma saga en cours, que je ne vais évidemment pas me priver de vous partager
Premier extrait, contexte : un érudit a découvert dans un souterrain un automate, chef d'oeuvre d'un peuple depuis disparu. Il en est tombé amoureux et l'emmène avec lui dans un long périple. Arrive une situation de crise, dans une sorte de musée d'anatomie de mauvais aloi, et voilà ce qu'il s'y passe :
Les lueurs projetées par les lampes transformaient la salle en théâtre d’ombres, aux monstrueuses actrices. Des yeux scintillaient et semblaient le suivre tandis qu’il avançait. Sur les murs, des silhouettes ondoyaient comme pour l’accompagner ou se pencher vers lui. Un courant d’air frais soufflait doucement ; il fit taire ce murmure en fermant pour de bon la parte laissée entrouverte. Une fois, il sursauta en tombant sur une femme hideuse, qui était peut-être un homme. Hermaphrodite : une erreur de la nature, qui hésita sur le sexe de la chose, lut-il sur l’étiquette en passant. A y regarder de plus près, il s’agissait d’un cadavre empaillé... Son horreur s’accrut, d’autant plus qu’il aurait pu jurer que le sexe de la monstruosité se dressait à son passage, promesse d’un abominable plaisir… Il hâta le pas.Enfin, le corps délicieux de Nana-Ori se détacha des ombres. Dans le clair-obscur, avec cet éclairage hésitant qui allait et venait sur sa peau de métal, elle paraissait respirer et osciller d’ennui, dans l’attente de son arrivée. Un éclat sur sa bouche fut un sourire, un éclair dans ses yeux un regard de reconnaissance. Sa main se tendait vers la sienne ; il approcha ses doigts, avant de se figer : la main de Nana-Ori se tendait vraiment vers la sienne…
- Nana ? fit-il, hésitant. Peux-tu m’entendre ?
- Elle le pourrait.
- Qui êtes-vous, à la fin ?
- Celle qui t’a élu. Celle qui a guidé tes pas jusqu’à celle-ci.
- Mais encore ? Mais pourquoi ?
- Voudrais-tu qu’elle t’entende ? Voudrais-tu qu’elle te parle ?
- Je…
- Bien sûr que je le veux !
- Je te l’accorde.
- Dis-moi que tu es mienne, ma Nana ! Dis-le moi !
- Je suis tienne.
- Oh, ma Nana-Ori…
- Je peux faire davantage.
- Par quel prodige… ?
- Je peux lui donner une âme, en lieu et place d’un programme.
- Mais… quelle différence ? hoqueta-t-il. Et qu’est-ce qu’un programme ?
- L’être qui se fait appeler Jhin dispose d’un pouvoir que je ne connais pas. Il a marqué celle-ci de son sceau. A tout moment, il peut prendre le dessus sur le programme. Mais il ne peut pas dominer les âmes.
- Je le ferai en contrepartie d’un engagement de ta part.
- J’accepte, lança-t-il étourdiment. Oh oui, j’accepte !
[... je coupe un peu pour abréger l'extrait]
Un papier se matérialisa dans sa main, qui ne trembla pas. Des lettres en capitales d’imprimerie récapitulaient fidèlement les termes de leur échange. S’il rompait ce contrat, était-il écrit, Polaigny perdrait à jamais Nana-Ori – non seulement la possibilité d’une âme, mais aussi ce programme qu’il venait d’obtenir… Mais que valait un programme face à la possibilité d’une âme ? Sans l’ombre d’une hésitation, sous le regard réjoui des aberrations du pavillon, il signa le pacte en apposant l’empreinte de son pouce. Le document disparu, mais son double demeura ; et Polaigny empocha son exemplaire avec soin.
Deuxième extrait, contexte : nous nous trouvons cette fois dans le château de Roland, descendant d'une lignée de Princes-poètes. Roland, chétif, mélancolique, rêve de pouvoir se confronter aux poètes de l'ancien temps ; de vivre une épopée qu'il pourrait coucher par écrit et ainsi voir sa postérité assurée. Dans le Pays du Fleuve, le dieu des poètes est le Barde ; mais à cette époque, les contrepoints noirs des dieux font furtivement leur apparition, et ce n'est pas vraiment le Barde qui apparaît à Roland...
Arnie s’inclina profondément et sortit, laissant Roland à ses démons familiers. Le Prince-Poète quitta le balcon et ferma les volets, las de cette contemplation stérile. Il s’assit dans son fauteuil tapissé de velours lie-de-vin et saisit la tasse posée sur un guéridon proche. Elle était vide. Il n’eut pas l’énergie d’appeler une servante pour le remplir et se contenta d’en fixer le fond, les marques irrégulières laissées par les herbes hallucinatoires. Elles dessinaient comme une figure, une figure qui se précise peu à peu sans qu’il s’en rende vraiment compte. Un chapeau apparaît d’abord, puis une main pour le soulever ; et l’autre main, pour porter la plume ; et la redingote, pour la poche qui contient le carnet et pour celle qui contient l’encre, et les jambes, et les pieds pour émerger de la tasse… Roland tressaille, enfin. Il y a bien une silhouette devant lui, de sa propre taille. Il est assis ; elle le surplombe. S’il avait été mondain et porté vers la mode, Roland aurait décelé des hiatus dans l’accoutrement de l’homme : une redingote de belle coupe, certes, mais d’un violet criard ; un pantalon trop large, presque bouffant, sur des sandales qui claquaient sur le sol ; et ce chapeau ? Presque celui d’Arnie, mais sans les grelots… Roland ne voit rien de tout cela. Il repère les yeux pétulants de l’homme et ce carnet qu’il dégaine comme un poignard, et cette plume qui écrit en rouge. Il jette un autre regard vers sa tasse, décidément vide. Cette fois, il ne rêve ni ne songe. L’être se dresse là, réjoui de son bon tour.
- Dois-je appeler la garde ? s’enquit Roland avec indolence.
- La garde saura-t-elle mettre en vers la légende du Prince-Poète ? La garde osera-t-elle relever le défi du Barde ?
- Seriez-vous le Barde, le divin Conteur ? Mes sanglots et mes lamentations seraient-elles parvenues, insignifiantes pattes de mouches, sur une page blanche de votre carnet ?
- Je t’ai entendu, se contenta de répondre l’être, et tu m’as ému. Alors, me voilà.
- Il est une femme, commença le Barde, qui se languit amèrement depuis des siècles. La première, elle choisit de trahir son peuple pour écouter son cœur. Tu l’as compris, poète, car tu es cultivé : il s’agit de Cecy.
Le Barde ne le détrompa pas. Il se contentait de le fixer, sévère. Après un moment, il reprit son cahier et écrivit à l’encre rouge des phrases qu’il montra à Roland, un incroyable défi, aux conséquences redoutables.
- Ton ancêtre, dit le Conteur, osa accepter le défi que je lui lançai à l’époque. Il sut même en triompher.
- Mais cela n’avait rien à voir, Barde ! Il s’agissait de composer des vers, sublimes, certes, merveilleux, mais simplement des vers ! Ton défi est tout autre. Je ne suis ni un aventurier, ni un assassin… Et j’ai des responsabilités. Je ne peux engager Au-Delà si facilement dans un tel engrenage, sans l’accord des Guildes.
- Prince ! tonna le Barde.
- Prince ! tonna-t-il encore. Es-tu un poète ou un vulgaire marchand ?
- Un poète ! clama-t-il, effrayé.
- Si tu réussis mon défi, Prince, je t’accorderai la compagne qui t’inspirera toute ta vie durant des poèmes exquis, à la postérité millénaire. Ton nom et celui de toute ta descendance seront chantés par les ménestrels et les poètes des générations futures.
- Parles-tu de Cecy ? Je ne comprends pas…
- Si tu échoues, poursuivit imperturbablement le Barde, ton existence sera réduite à ce grain de vase insignifiant qu’emporte le Marchand dans les roues de sa carriole, pour avoir roulé dessus sans même s’en rendre compte. Les historiens vous oublieront, toi et ton œuvre, et tu seras le dernier de ta lignée.
Désolé, c'était long, mais en tout cas cela témoigne assez bien de la façon dont je conçois et donc j'aborde le concept du Diable dans mes textes ! J'espère être resté dans le thème
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- Zarathoustra
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Je passe par hasard dans ma boite anti-spam et je découvre que quelqu'un à poster un message... Tu as du bol. Je tâche de lire ton extrait et te fais retour.
Pour moi, le diable dans mes textes est aujourd'hui une entité abstraite qui force le lecteur à penser ou à envisager quelque chose qu'il ne veut pas. Mais il y a longtemps que je n'ai pas écrit de nouveaux textes, je ne fais que réécrire.
J'ignore si ton passage va rameuter du monde.
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- Zarathoustra
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Il m'a aussi rappelé l'un de mes textes, l'Ecrivain, avec a scène où le protagoniste affronte le même genre de mystère (même si en l'occurence ce n'est pas le diable (même si ce n'est pas forcément incopatible)) et pose le même genre de questions.
Bon, autant te prévenir, je vais être assez dur avec ton texte, parce que je trouve qu'il y a beaucoup de chose qui ne fonctionne pas. Ou alors c'est le fait de lire un court extrait qui provoque mes impressions très mitigées.
En le lisant, effectivement, on pense clairement au diable. Presque de manière trop évidente, ce qui nuit un peu au personnage, qui devient assez crédule, quelque part. L'autre point qui m'a empêché de vraiment partager ce que tu souhaites créer en matière d'atmosphère est ce nom de Nana-Ori... Sauf à ce que cela soit un hommage à Zola ou de l'humour volontaire qu'on ne peut pas comprendre avec cet extrait, lire un personnage angoissé dire "c'est toi, nana?" n'est très propice à nous y aider... Moi, j'ai presque envie de rajouter à chaque fois "nananère"...
En un paragraphe, tu veux nous faire passer de l'angoisse voire l'effroi au désir. C'est trop brutal. Pour qu'un lecteur ressente une émotion, elle doit se travailler sur la longueur. D'ailleurs, tu tiens une jolie scène pour cela. A la place, tu nous dis qu'on est censé ressentir avec une vague image. Résultat, on glisse dessus sans le vivre.Une fois, il sursauta en tombant sur une femme hideuse, qui était peut-être un homme. Hermaphrodite : une erreur de la nature, qui hésita sur le sexe de la chose, lut-il sur l’étiquette en passant. A y regarder de plus près, il s’agissait d’un cadavre empaillé... Son horreur s’accrut, d’autant plus qu’il aurait pu jurer que le sexe de la monstruosité se dressait à son passage, promesse d’un abominable plaisir… Il hâta le pas.Enfin, le corps délicieux de Nana-Ori se détacha des ombres. Dans le clair-obscur, avec cet éclairage hésitant qui allait et venait sur sa peau de métal, elle paraissait respirer et osciller d’ennui, dans l’attente de son arrivée. Un éclat sur sa bouche fut un sourire, un éclair dans ses yeux un regard de reconnaissance.
Ce ne devrait pas à moi de te le dire, parce que je ne suis pas le meilleur pour ce genre de scène, mais même moi je vois pourquoi ça marche pas. Tu veux susciter de l'effroi. Donc ne nous dis pas si vit que ce n'est qu'un cadavre empaillé, car tu fais baisser la tension. Donc on se dit, OK, ce n'est que ça (sachant qu'en l'état actuel, on y est pas vraiment"). Mais non, tu veux vraiment nous angoisser car tu y reviens avec cette scène d'érection.A y regarder de plus près, il s’agissait d’un cadavre empaillé... Son horreur s’accrut, d’autant plus qu’il aurait pu jurer que le sexe de la monstruosité se dressait à son passage, promesse d’un abominable plaisir… Il hâta le pas.
Ce qui ne va pas, c'est que tu ne nous plonges pas dans la tête du personnage. Tu nous dit ce qu'on doit voir, donc il n'y a pas vraiment de tension. Or tu tiens là une vraie scène. Il y a certainement matière à rallonger pour jouer avec le lecteur et lui faire partager le trouble. Le problème, c'est tu as tout dit au départ: "Une fois, il sursauta en tombant sur une femme hideuse, qui était peut-être un homme. Hermaphrodite ". Il serait intéressant de ne pas nous le dire et que le personnage lise la pancarte qu'après tout ça. En gros, il voit une femme ("hideuse", OK, mais là aussi, tu devrais nous la décrire plutôt que la qualifier pour jouer avec la tension/angoisse). Puis s'approche et constate que quelque chose bouge et grossit obscènement. Et là, lui, il ressent quoi? Du dégoût? Du trouble? De la peur? On en sait trop rien.
Tu te contente de: "promesse d’un abominable plaisir". Ben, comment il le sait? Il est gay? Et s'il était gay, ce ne serait pas forcément abominable, je suppose. Il pratique la chose sur les femmes et il trouve ça abominable? C'est un sadique? Ou il ignore tout du sexe et se fait un film? Bref, c'est assez maladroit, je pense.
Même chose, en qualifiant ce qu'on doit voir plutôt que de nous le donner à voir, tu échoues à mon sens à créer ce que tu souhaites. En fait, j'ai l'impression que toi aussi tu ne visualises pas vraiment cette scène. Je le dis d'autant plus facilement que c'est une erreur que je fais régulièrement (ou faisais parce que justement je m'efforce d'être plus "visuel").Il fit un pas en arrière, retirant sa main, et balaya la salle du regard. Partout, ce n’étaient que formes vacillantes et contre-nature, mais non, bien trop naturelles ; silhouettes affreuses, naufrages de la foi, perte de tout espoir.
Ce qui est problématique, c'est qu'on découvre que même le principal intéressé n'y croit pas vraiment. En voulant opposé curiosité et panique, tu vas forcément détruire la panique. Surtout si tu insistes sur le fait qu'il n'a pas peur. Et qu'ensuite tu nous dit que, mais non, il est quand même au bord de paniquer. Mais finalement non, parce que, quoi!, la curiosité sur les mysterieux artefacts est plus importante depuis le départ, de toute facçon. Là aussi, c'est très maladroit comme agencement. J'ai envie de te dire: choisis ton camp! Moi, je verrais plutôt la montée de l'angoisse, du dégout, puis le début de la panique avec la scène de l'érection.... et ensuite seulement, tu fais venir petit à petit la curiosité. Trouve quelque chose qui pique aussi celle du lecteur. Parce que l'histoire des artefacts de ceux d'avant ne me suffit pas en soi.En cet instant, la panique le disputait à la curiosité. Polaigny n’avait pas peur. Cette panique, il l’éprouvait au plus profond de ses os, dans sa moelle la plus sensible. C’était la panique de l’être humain face à une entité qui le dépassait, une entité venue du fond des âges susceptible de le broyer d’un regard. Peut-être un quidam quelconque du Pays du Fleuve, un paysan ou un ouvrier, un bourgeois à l’esprit étriqué ou un savant trop sceptique, aurait-il tout à fait perdu la raison. Mais Polaigny était d’une curiosité peu commune et d’un goût prononcé pour l’histoire et les artefacts de Ceux d’Avant
Surtout que c'est ce que tu cherches à faire juste après:
Voilà, là, tu as quelque chose qui mérite d'intriguer ton protagoniste et de lui faire penser à ceux d'avant plutôt que l'inverse. Donc c'est ton agencement qui n'est à mon sens pas bon. Il reste parce qu'il est curieux et que ce truc suggère l'objet de sa passion depuis toujours. Et là on boucle la boucle...Alors, quand l’air trembla devant lui et qu’une forme éthérée se mit à ondoyer, incertaine, vague, floue, la curiosité prit le dessus sur la panique et, non sans bruyamment déglutir, il contempla la Machine.
Je trouve l'arrivée de la question très brutale. C'est un peu comme si tu avais hâte de nous exposer le pourquoi du comment et que tout ce qui précède était un peu anecdotique. Et si on est face au diable, je le verrais pour ma part plus joueur. Il ne lui poserait pas immédiatement la question que ton personnage attend mais lui donnerait envie qu'il la pose. Et il lui donnerait presque à contrecoeur comme si ça allit lui coûter. Là, on sait très bien que le diable pose sa condition faustienne pour obtenir le prix. En tout cas, moi, en tant qu'auteur, j'aurais pris mes dispositions pour valoriser le diable pour qu'il ne me joue pas des tours... Tu es plus courageux que moi.Déjà elle s’estompait, et il ne resta plus que le son.
Il était en sueur. Son esprit était en déroute, vaincu par la vision. Il ne pouvait plus réfléchir, sinon avec son cœur qui s’emballait au point presque d’éclater. Un regard, un seul à Nana-Ori ; il la vit qui souriait, et cette main qui encore se tendait…
- Voudrais-tu qu’elle t’entende ? Voudrais-tu qu’elle te parle ?
- Je…
- Bien sûr que je le veux !
- Je te l’accorde.
C'est mieux. Mais c'est juste que ton personnage est une vraie giruoette. Il est angoissé, panique/curieux et là c'est une vraie gonzesse. Je force le trait exprès. Ce que je veux dire, c'est que, une nouvelle fois, aménage tes transitions émotionnelles... Un lecteur ne peut passer à un état différent à chque ligne pour partager ce que tu souhaites ou mieux avoir de l'empathie à défaut de vivre les émotions du personnage. Là, tu as une situation avec laquelle on peut s'associer. Mais tout ce qui précède nous en empêche. Tu m'aurais mis cette scène au début (en la travaillant un eu plus), j'aurais adhéré sur le plan intelectuel pour être touché, parce que je comprends ce qu'il ressent (à peu près parce que je n'ai pas de vécu avec ton personnage).Polaigny crut défaillir de bonheur. Les larmes pointèrent enfin, puis coulèrent à flot, tandis que l’allégresse pénétrait tous ses pores. Il s’effondra sous le coup de l’émotion, et seule l’assertion suivante de la Machine put lui faire relever la tête.
Pour ma part, je ne suis pas emballé par les dialogues. Trop explicit et explicatif. Ca manque d'âme en l'occure,nce (sans jeu de mot). "Par quel prodige", j'avoue que ça me fait sourire, mais je ne sais pas si c'était le but... Là aussi, je trouve ton diable très directif et on ne cesse de voir en gros où il veut en venir. Le jeu du diable serait plus intéressant s'il n'était pas aussi transparent, parce que cela dessert d'autant Polaigny de ne rien voir (ce qui ne le rend pas de fait très intéressant à suivre comme personnage).
- Je peux faire davantage.
- Par quel prodige… ?
- Je peux lui donner une âme, en lieu et place d’un programme.
- Mais… quelle différence ? hoqueta-t-il. Et qu’est-ce qu’un programme ?
- L’être qui se fait appeler Jhin dispose d’un pouvoir que je ne connais pas. Il a marqué celle-ci de son sceau. A tout moment, il peut prendre le dessus sur le programme. Mais il ne peut pas dominer les âmes.
Bon, on s'en doutait un peu... mais deux phrases pour dire en plus la même chose en gros...Il aurait tout donné pour que Nana-Ori l’aime sans contrainte ; il accepterait toutes les conditions pour un amour inconditionnel…
Voilà, on a le moment clé de toute ta scène et... Ben non, elle est finie. Je pense que ton Polaigny en a des choses à nous faire partager dans une telle salle. C'est pas anodin comme pacte. Il gagnerait à hésiter, à ressentir l'angoisse qui se dégage de la salle, voire même de s'interroger sur un potentiel lien entre ce qu'il y voit et ce'il est en train de signer. Il chercherait à se rassurer en disant que cela n'a rien à voir parce qu'on pare d'amour etc. Et seulement après, en regardant sa nana, il imaginerait tout ce qu'il va y gagner, tout ce qui l'attend de merveilleux (en renforçant le contraste avec l'amour qu'il projette et le sinistre de la pièce (ce qui ferait un peu gambergé le lecteur sur la suite (même si c'est inutile mais au moins, il ressentirait quelque chose)).Sans l’ombre d’une hésitation, sous le regard réjoui des aberrations du pavillon, il signa le pacte en apposant l’empreinte de son pouce.
Bon, voilà moi, ce que j'en aurais fait de cette scène (ou du moins le potentiel de ce que j'aurais voulu créer). C'est sans doute déplacé parce que ce n'est pas forcément tes objectifs à toi. Mais je pense que cela t'aidera à voir ta scène avec d'autres yeux et à lui donner un peu plus de vie et de vraie tension. Elle a vraiment un problème d'agencement et d'aménagement de ses effets; Tout ça fait que tout s'annule parce qu'on passe à la fois trop vite sur les choses et à la fois d'un extrême à un autre sans transition. Voilà, ça manque de transitions.
Encore une fois, le plus frustrant dans tout ça, c'est de voir tout le potentiel que tu as imaginé (ou du moins que tu donnerais envie de lire) et la manière dont tu nous le retranscris. Si c'est un premier jet pour fixer tes idées, alors y a pas de soucis, mais si c'est ce que tu souhaites faire lire à un éditeur, je crains que cela ne le fasse pas. Moi, connaissant ta capacité à décrire et à jouer avec le lecteur, j'ai choisi directement l'option 2, donc ne m'en veux pas si j'ai mis la barre haute.
Mais c'est intéressant de voir que le diable est un personnage qui peut se glisser dans un texte et que je ne suis pas le seul à y avoir recours.
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- Monthy3
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C'est en effet le même récit que celui dont j'avais tenté un début dans une autre section, et pour le premier extrait, nous en sommes au chapitre 13. Cela fait donc une demi-douzaine de chapitres que l'on suit Polaigny, qui a déjà éprouvé la présence de la Machine, entendu certaines de ses injonctions et éprouvé certaines de ses manifestations. Ce pacte ne sort donc pas de nulle part, et Polaigny a eu le temps de connaître son désir et de se préparer à la "confrontation". Sa crédulité n'est donc pas juste crédulité : il a déjà échangé avec l'entité
De même, tu n'as qu'une partie de la description de ce musée d'anatomie, qui commence plus tôt ; et se termine plus tard !
D'ailleurs, il faut distinguer les sentiments : la panique tient aux choses exposées (qui sont propres au musée d'anatomie du Dr Heck) tandis que la curiosité tient à la Machine. La panique naît d'une succession de visions et de pérégrinations (qui précédent aussi l'extrait) au sein du musée, en compagnie d'une autre personne ; et la curiosité plutôt de ce derrière quoi il a couru toute sa vie, ou pense avoir couru toute sa vie. Elles sont concomitantes mais selon moi pas totalement incompatibles !
Justement, moi, j'aime voir un marché très clair et très précis en apparence ; dont l'accomplissement en revanche révèlera les vrais enjeux. La Machine a fait mariner Polaigny pendant des jours et des jours, laissant supposer des choses, manipulant l'automate, etc. Je trouve que le côté brutal en est d'autant plus vicieux... et irrésistible pour Polaigny, d'où la réaction immédiate de celui-ci : il n'attendait que cela ! En fait, la Machine a "généré" ce désir en amont.Je trouve l'arrivée de la question très brutale. C'est un peu comme si tu avais hâte de nous exposer le pourquoi du comment et que tout ce qui précède était un peu anecdotique. Et si on est face au diable, je le verrais pour ma part plus joueur. Il ne lui poserait pas immédiatement la question que ton personnage attend mais lui donnerait envie qu'il la pose. Et il lui donnerait presque à contrecoeur comme si ça allit lui coûter.
Pour moi, ce n'est pas le moment clé, juste sa conclusion. Encore une fois, il n'hésite pas parce qu'il a été conditionné en amont pour ne pas hésiter. En gros, il était mûr pour être cueilli Il ne doute pas. Et pour être encore plus explicite, l'automate a la même influence sur Polaigny (et sur son rival, Jhin - mais aussi sur les autres hommes) que l'Anneau Unique sur Frodon.Voilà, on a le moment clé de toute ta scène et... Ben non, elle est finie. Je pense que ton Polaigny en a des choses à nous faire partager dans une telle salle. C'est pas anodin comme pacte. Il gagnerait à hésiter, à ressentir l'angoisse qui se dégage de la salle, voire même de s'interroger sur un potentiel lien entre ce qu'il y voit et ce'il est en train de signer. Il chercherait à se rassurer en disant que cela n'a rien à voir parce qu'on pare d'amour etc. Et seulement après, en regardant sa nana, il imaginerait tout ce qu'il va y gagner, tout ce qui l'attend de merveilleux (en renforçant le contraste avec l'amour qu'il projette et le sinistre de la pièce
Cela étant, je note le côté trop rapide que tu relèves dans les émotions ressenties même s'il est à mon sens atténué par tout ce qui entoure l'extrait, en amont et en aval !
Pour en revenir au thème du sujet, à savoir le Diable, notre échange témoigne en tout cas que nous avons des façons très différentes de le concevoir et de recourir à sa figure. Je suis plutôt vicieusement franc de mon côté, là où tu es plus joueur et subtil (en ne le faisant d'ailleurs pas intervenir en tant que "personnage") du tien Ce serait intéressant d'avoir un troisième avis, tiens ! On peut rêver, après tout !
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