Méthode sur le Prisonnier
- Zarathoustra
- Auteur du sujet
- Hors Ligne
Réduire
Plus d'informations
- Messages : 2081
il y a 7 ans 5 mois #21318
par Zarathoustra
Méthode sur le Prisonnier a été créé par Zarathoustra
Je vais essayer de vous donner un maximum de pistes pour comprendre ma démarche, comment j’ai procédé et ce que j’ai voulu faire et dire. Comme je l’ai déjà dit, c’est un texte très ambitieux sur le fond (au risque d’ailleurs de paraitre prétention) et, par conséquent, j’aimerai savoir si rétroactivement vous pensez que j’ai atteint mes objectifs par rapport à ce que vous avez vécu et en aurez compris. Je me doute fort bien que la plupart de ce que j’aurai voulu y mettre ne soit perçu que par peu de lecteurs (ou nécessite plusieurs lectures).
Mais pour moi, l’essentiel est d’offrir avant tout un texte distrayant et intriguant. Certes, j’ai de l’ambition sur son sens, mais la dimension plaisir et ludique est primordiale. Le reste, c’est moi qui joue et qui m’amuse (donc c’est moi qui me fait plaisir). Alors, certes, quand on écrit, on espère toujours qu’un lecteur puisse nous comprendre parfaitement, donc c’est pourquoi je vais tacher de tout vous expliquer (et, comme vous avez servi de cobaye, je vous dois bien ça (et encore plus quand vous saurez tout).
1- La Genèse
L’idée m’étais venue l’an dernier alors que je travaillais sur la fin du Chant des Pierres en regardant la série Jessica Jones. Je m’étais dit que les duels de Super Héros étaient étranges parce que leurs pouvoirs sont tels qu’on passe l’essentiel du temps à nous expliquer comment ils sont soit neutralisés soit soumis à des pouvoirs encore plus forts. Le cas le plus symptomatique est bien entendu celui de la force pure où ils sont légion à l’avoir. Bref, comme s’ils ne servaient à rien…
En parallèle à cette idée, j’avais aussi eu ce souhait de faire un portrait sur un prisonnier qui aurait été ligoté à une chaise sans pouvoir bouger et qui aurait dû trouver le moyen de s’en sortir malgré tout. Donc j’ai fusionné ces deux idées dans un même récit. L’une de mes images de référence était aussi Orange Mécanique, notamment quand le personnage est ligoté à une chaise et forcé de regarder des images pour être « reprogrammé ».
J’ai commencé à écrire la séquence dans la pièce sale du début en janvier. J’avais été assez surpris que l’écriture se passe aussi bien sans que je ne l’aie trop planifiée. La seule question qui m’a posé problème était de savoir si je devais écrire ce récit à la première ou à la 3eme personne. J’ai tout de suite vu qu’un récit avec un plein de « je » dedans aurait eu du potentiel, seulement, j’avais pas mal écrit de textes ainsi et j’étais un peu saturé. Et puis, l’autre point, c’est que ce n’était pas l’esprit de mon projet. Je ne voulais pas m’identifier à mon personnage, au contraire, je voulais me sentir à distance de lui pour plein de raisons sur lesquelles je reviendrai sans doute
L’image de départ était celle de Daniel CRAIG dans Casino Royale. Et je me suis rendu compte que si je continuais dans ma lancer, me connaissant, j’allais me distraire de mon autre projet prioritaire.
Du coup, j’ai mis de côté le texte pour m’obliger à terminer le Chant des Pierres et à ne pas me distraire sur ce nouveau projet. Le problème, c’est que l’écriture des deux derniers chapitres de ma saga a pris plus de temps que prévu, parce que j’avais des trous dans ce que j’avais écrit et que j’ai pas mal buté sur certaines séquences laissées ainsi en blanc. Du coup, quand j’ai repris le portait du prisonnier, j’étais toujours satisfait de ce que j’avais écrit mais une partie de mes idées s’étaient évanouies faute de les avoir notés.
D’abord, je me suis rendu compte que le départ était trop brutal et surtout que j’avais besoin d’un protagoniste. Mon texte devait être une sorte de duel de super héros, or je n’avais aucune idée de l’adversaire ou alors cela faisait trop duel façon James Bond, et donc pas vraiment « super héros ». Or je voulais retrouver une dimension fantastique à mon récit. En attendant de retrouver des idées, j’ai introduit la scène de départ du réveil. Cette séquence me paraissait nécessaire pour que le lecteur ne soit pas confronté immédiatement à la chaise et à un duel qui l’aurait placé dans une position de spectateur. Donc l’idée de la séquence était de le plonger dans une sorte de bain pour qu’il bascule à son tour dans une autre réalité.
Donc j’ai attendu un peu avant de m’y remettre mais au bout de 2 jours, d’autres idées sont revenus. Et du coup, elles ne collaient plus avec ma séquence. J’ai soudain eu l’idée d’une femme en tant que protagoniste. D’abord, l’idée de l’inversion des rôles me plaisait bien et puis, entre temps, les idées sur ce que je voulais traiter en fond se sont affinées et ça collait encore plus. Spontanément, j’ai pensé à une figurine que j’avais d’Alariellle et sans doute un peu inconsciemment à Cersei Lanister du Trône de Fer. Mais l’univers basculait dans la Fantasy et non plus dans le réalisme que j’avais employé au départ. Et j’avais envie justement d’être moins réaliste que d’habitude et de jouer plus franc jeu avec cet aspect.
Résultat : j’ai gardé les deux visions et eu l’idée d’un coup frappant la tête qui ferait basculer le récit dans un autre mode sans qu’on ne sache précisément lequel est le plus vrai.
.
Mais pour moi, l’essentiel est d’offrir avant tout un texte distrayant et intriguant. Certes, j’ai de l’ambition sur son sens, mais la dimension plaisir et ludique est primordiale. Le reste, c’est moi qui joue et qui m’amuse (donc c’est moi qui me fait plaisir). Alors, certes, quand on écrit, on espère toujours qu’un lecteur puisse nous comprendre parfaitement, donc c’est pourquoi je vais tacher de tout vous expliquer (et, comme vous avez servi de cobaye, je vous dois bien ça (et encore plus quand vous saurez tout).
1- La Genèse
L’idée m’étais venue l’an dernier alors que je travaillais sur la fin du Chant des Pierres en regardant la série Jessica Jones. Je m’étais dit que les duels de Super Héros étaient étranges parce que leurs pouvoirs sont tels qu’on passe l’essentiel du temps à nous expliquer comment ils sont soit neutralisés soit soumis à des pouvoirs encore plus forts. Le cas le plus symptomatique est bien entendu celui de la force pure où ils sont légion à l’avoir. Bref, comme s’ils ne servaient à rien…
En parallèle à cette idée, j’avais aussi eu ce souhait de faire un portrait sur un prisonnier qui aurait été ligoté à une chaise sans pouvoir bouger et qui aurait dû trouver le moyen de s’en sortir malgré tout. Donc j’ai fusionné ces deux idées dans un même récit. L’une de mes images de référence était aussi Orange Mécanique, notamment quand le personnage est ligoté à une chaise et forcé de regarder des images pour être « reprogrammé ».
J’ai commencé à écrire la séquence dans la pièce sale du début en janvier. J’avais été assez surpris que l’écriture se passe aussi bien sans que je ne l’aie trop planifiée. La seule question qui m’a posé problème était de savoir si je devais écrire ce récit à la première ou à la 3eme personne. J’ai tout de suite vu qu’un récit avec un plein de « je » dedans aurait eu du potentiel, seulement, j’avais pas mal écrit de textes ainsi et j’étais un peu saturé. Et puis, l’autre point, c’est que ce n’était pas l’esprit de mon projet. Je ne voulais pas m’identifier à mon personnage, au contraire, je voulais me sentir à distance de lui pour plein de raisons sur lesquelles je reviendrai sans doute
L’image de départ était celle de Daniel CRAIG dans Casino Royale. Et je me suis rendu compte que si je continuais dans ma lancer, me connaissant, j’allais me distraire de mon autre projet prioritaire.
Du coup, j’ai mis de côté le texte pour m’obliger à terminer le Chant des Pierres et à ne pas me distraire sur ce nouveau projet. Le problème, c’est que l’écriture des deux derniers chapitres de ma saga a pris plus de temps que prévu, parce que j’avais des trous dans ce que j’avais écrit et que j’ai pas mal buté sur certaines séquences laissées ainsi en blanc. Du coup, quand j’ai repris le portait du prisonnier, j’étais toujours satisfait de ce que j’avais écrit mais une partie de mes idées s’étaient évanouies faute de les avoir notés.
D’abord, je me suis rendu compte que le départ était trop brutal et surtout que j’avais besoin d’un protagoniste. Mon texte devait être une sorte de duel de super héros, or je n’avais aucune idée de l’adversaire ou alors cela faisait trop duel façon James Bond, et donc pas vraiment « super héros ». Or je voulais retrouver une dimension fantastique à mon récit. En attendant de retrouver des idées, j’ai introduit la scène de départ du réveil. Cette séquence me paraissait nécessaire pour que le lecteur ne soit pas confronté immédiatement à la chaise et à un duel qui l’aurait placé dans une position de spectateur. Donc l’idée de la séquence était de le plonger dans une sorte de bain pour qu’il bascule à son tour dans une autre réalité.
Donc j’ai attendu un peu avant de m’y remettre mais au bout de 2 jours, d’autres idées sont revenus. Et du coup, elles ne collaient plus avec ma séquence. J’ai soudain eu l’idée d’une femme en tant que protagoniste. D’abord, l’idée de l’inversion des rôles me plaisait bien et puis, entre temps, les idées sur ce que je voulais traiter en fond se sont affinées et ça collait encore plus. Spontanément, j’ai pensé à une figurine que j’avais d’Alariellle et sans doute un peu inconsciemment à Cersei Lanister du Trône de Fer. Mais l’univers basculait dans la Fantasy et non plus dans le réalisme que j’avais employé au départ. Et j’avais envie justement d’être moins réaliste que d’habitude et de jouer plus franc jeu avec cet aspect.
Résultat : j’ai gardé les deux visions et eu l’idée d’un coup frappant la tête qui ferait basculer le récit dans un autre mode sans qu’on ne sache précisément lequel est le plus vrai.
.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Zarathoustra
- Auteur du sujet
- Hors Ligne
Réduire
Plus d'informations
- Messages : 2081
il y a 7 ans 5 mois #21319
par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Méthode sur le Prisonnier
2- Le Plan
Au départ, le prisonnier avait 3 pouvoirs : sa force, un regard qui lui permettait de voir à travers les choses quand on lui mentait et un dernier qui n’était pas décrit. Les deux premiers le faisaient trop ressembler à Superman, donc j’ai supprimé le regard, alors que cela aurait presque dû être le plus important pour moi. Quant au dernier, je l’ai supprimé dans la 2eme partie de mon récit dans les toutes dernières révisions (et je le supprimerai aussi dans la première si je la retouche).
Donc avec ce plan, la trame n’était plus de faire partager la vie et les sensations de ce prisonnier mais de travailler son évasion. Au départ, c’était uniquement les chaines qui étaient magiques. Puis avec ce personnage de magicienne, j’ai donné également des pouvoirs aux deux. L’idée était toujours de construire un récit qui obligerait le personnage à envisager son évasion sans son pouvoir tout en montrant des forces en présence qui le rendent inutile, comme si tout s’annulait.
Ensuite, le plan a consisté aussi à montrer que la magicienne voulait qu’il se libère des chaînes, seulement, il fallait qu’il y ait un prix à payer. Ensuite, je voulais aussi que le prisonnier se sente obliger de faire quelque chose qu’il n’aurait pas dû aimer faire, alors même que ce serait la seule façon pour lui de retrouver sa vraie liberté.
J’ai d’ailleurs retrouvé mon plan de départ avec mes quelques notes indications.
Séquence 1 : Seul dans la salle -> émerge peu à peu. Réalité floue. Perçoit peu à peu ses liens. Quelque chose l’empêche d’exercer ses superpouvoirs- Puis voix. Puis gifle. Présenter l’homme comme une victime. Son superpouvoir est d’être plus fort que tout. Le maître des clés lui a certifié que rien ne pouvait surpasser sa force s’il puisait dans son pouvoir, que rien en ce monde ne pourrait lui résister.
Le maître des clés dit toujours la vérité.
Séquence 2 : Le Réveil dans la chambre- Décor- Description de la magicienne. Renforcer l’idée d’une victime. Le pouvoir de la magicienne = lui ôte son pouvoir (= don du maître des clés). Provoc sur la méthode qui lui a permis d’obtenir ce pouvoir. Lui dit que le maître des clés a été déçu donc pas besoin de le forcer.
Séquence 3 : Présentation du piège-> un piège à la mesure de sa force. Les menottes sont celles du maître des clés. La boite avec les clés. La clé qui ferme la boite. Le chantage entre les 2 clés. -> c’est le maître des clés qui a confié le pouvoir à la magicienne. Pourquoi ? Essayer que le lecteur se pose la question.
Elle le met ne garde sur l’utilisation de ses pouvoirs. Si les utilise pour s’en sortir alors ce sera la preuve que la magicienne aura gagné…
-Pourquoi ne me tues-tu pas ?
- Parce que ce serait la preuve que je ne t’ai pas vaincu.
Pour te vaincre, je dois te forcer à capituler, à renoncer à jamais à qui tu es et à tes pouvoirs. Le paradoxe est savoureux, non. Pour te vaincre, je dois te forcer à te libérer ! Pour que je gagne, tu dois me prouver que tu es plus fort que moi !
Le prix à payer pour la magicienne ? La négo avec le maître des clés ?
Mettre un ultimatum ou un défi. « Si rien n’est plus fort que toi, alors je te défie de te débarrasser de tes liens ». Ces menottes sont du maître des clés, mais ces liens sont magiques. Je veux savoir si ma magie peut être plus forte que toi. Tu comprends l’enjeu ? Si rien n’est plus fort que toi, alors cela doit être chose facile pour toi. Si tu échoues, tu devras admettre que mon pouvoir est devenu plus fort que le tien.
La magicienne joue avec la vérité et les mensonges. « Si je te dis que cette clé est la clé qui ouvre la boîte et que je t’affirme que c’est la vérité ». Je dis soit toujours la vérité soit toujours des mensonges. Et la seule façon de savoir si je dis la vérité, ce sera d’ouvrir cette boite pour savoir si elle contient la bonne clé.
Dernier mot : « Tu veux vraiment savoir pourquoi je ne t’ai pas tué ? Tout comme moi, tu as besoin de moi pour exister, car nous sommes faits l’un pour l’autre. Et tu le découvriras dans cette boîte quand tu auras compris qui je suis vraiment pour toi. »
Séquence 4 : Ambiguïté sur le prisonnier. Rôle de l’homme sur la femme. Violence. La « mauvaise » Utilisation de ses pouvoirs. Et en même temps, la magicienne veut qu’il se libère. Amener aussi le lecteur à se poser la question du « pourquoi ? »
Séquence 5 : L’affrontement du piège+ se demande quelle est la part de vérité dans tout ça et où s’arrête vraiment le piège. Le regard qui dissout la réalité (la magicienne n’est pas censé le connaître sauf si le maître des clés lui a dit)-> lui permettrait peut-être de comprendre la situation. Peur de l’utiliser. Préfère utiliser sa super-force. Sent qu’il peut rompre les liens si utilise ses pouvoirs. Se demande si la phrase de la magicienne ne serait pas un piège. Se demande ce qui se passera s’il utilise ses pouvoirs ( se met à envisager plein de choses).
-> Amener le lecteur à trouver une solution pour qu’il puisse s’en sortir.
Séquence 6 : Au final ne voit pas comment s’en sortir (faire passer l’idée que c’est impossible y compris pour le lecteur). Obligation d’utiliser sa force-> trouver une progressivité. La clé dans la boîte doit finir par paraître complètement inaccessible, car devra d’abord arriver jusqu’à la boîte, utiliser la clé à son cou puis être sûr que c’est la bonne, puis espérer que la magicienne n’est pas menti.
Séquence 7 : Commence à comprendre qu’il se mesure à lui-même. Descartes. Conscience de soi. Tout l’extérieur n’est que mensonge. Et si la seule réalité était la première séquence. Il n’y a rien, il n’est pas dans la chambre mais dans cette pièce délabrée et froide. Peut-être même que ces liens n’existent pas ? Qu’ils ne sont que dans sa tête ? Renoncer à ses pouvoirs pour ouvrir. Ne plus être lui-même. Découvrir un autre « moi ». Qui est-il lui-même ? Car il ne se bat que contre lui-même.
Séquence 8 : S’interroge sur la boîte. Et si la magicienne voulait en fait qu’il ouvre la boîte parce qu’elle ne peut justement pas l’ouvrir. Et si le piège n’était pas dans les liens mais dans cette boîte ? A nouveau tenté d’user son regard qui dissout la réalité. Mais a peur de faire dissoudre la boîte et de rester prisonnier à jamais.
Quelles sont les vraies motivations pour qu’il puisse s’évader ?
Elle l’a enfermé dans son propre pouvoir à lui. Se bat en fait contre lui-même. Mais comment s’en sortir ? S’interroge sur qui il doit devenir pour s’en sortir.
Solution : la magicienne est devenue le prisonnier et il doit devenir la magicienne pour se libérer.
Au final vous noterez que je n’avais pas prévu de reprendre à la fin la scène de départ en inversant les rôles. C’est venu après. Il y a également eu quelques changements (la disparition du super pouvoir du regard) mais l’esprit était bien là. J’ai abandonné aussi le jeu avec les mensonges de la magicienne pour réduire cette dimension comme étant la seule vision du prisonnier et non forcément de la réalité. Cela aurait rendu le texte inutilement compliqué (même si possiblement plus ludique) et cette dimension était hors-sujet avec les vrais enjeux du texte.
Du moins, elle l’aurait été si j’avais maintenu le développement de Descartes sur le rapport au monde et de sa perception, avec l’idée d’un monde qui soit une illusion et où on ne connait pas la réalité (sachant que le texte présente 2 niveaux de réalité : la salle délabré et la chambre verte). Le monde des mensonges de la magicienne aurait obligé le prisonnier à reconsidérer toute la réalité et à chercher ses « axiomes » pour la retrouver (dont le fameux « je pense donc je suis »).
Au départ, le prisonnier avait 3 pouvoirs : sa force, un regard qui lui permettait de voir à travers les choses quand on lui mentait et un dernier qui n’était pas décrit. Les deux premiers le faisaient trop ressembler à Superman, donc j’ai supprimé le regard, alors que cela aurait presque dû être le plus important pour moi. Quant au dernier, je l’ai supprimé dans la 2eme partie de mon récit dans les toutes dernières révisions (et je le supprimerai aussi dans la première si je la retouche).
Donc avec ce plan, la trame n’était plus de faire partager la vie et les sensations de ce prisonnier mais de travailler son évasion. Au départ, c’était uniquement les chaines qui étaient magiques. Puis avec ce personnage de magicienne, j’ai donné également des pouvoirs aux deux. L’idée était toujours de construire un récit qui obligerait le personnage à envisager son évasion sans son pouvoir tout en montrant des forces en présence qui le rendent inutile, comme si tout s’annulait.
Ensuite, le plan a consisté aussi à montrer que la magicienne voulait qu’il se libère des chaînes, seulement, il fallait qu’il y ait un prix à payer. Ensuite, je voulais aussi que le prisonnier se sente obliger de faire quelque chose qu’il n’aurait pas dû aimer faire, alors même que ce serait la seule façon pour lui de retrouver sa vraie liberté.
J’ai d’ailleurs retrouvé mon plan de départ avec mes quelques notes indications.
Séquence 1 : Seul dans la salle -> émerge peu à peu. Réalité floue. Perçoit peu à peu ses liens. Quelque chose l’empêche d’exercer ses superpouvoirs- Puis voix. Puis gifle. Présenter l’homme comme une victime. Son superpouvoir est d’être plus fort que tout. Le maître des clés lui a certifié que rien ne pouvait surpasser sa force s’il puisait dans son pouvoir, que rien en ce monde ne pourrait lui résister.
Le maître des clés dit toujours la vérité.
Séquence 2 : Le Réveil dans la chambre- Décor- Description de la magicienne. Renforcer l’idée d’une victime. Le pouvoir de la magicienne = lui ôte son pouvoir (= don du maître des clés). Provoc sur la méthode qui lui a permis d’obtenir ce pouvoir. Lui dit que le maître des clés a été déçu donc pas besoin de le forcer.
Séquence 3 : Présentation du piège-> un piège à la mesure de sa force. Les menottes sont celles du maître des clés. La boite avec les clés. La clé qui ferme la boite. Le chantage entre les 2 clés. -> c’est le maître des clés qui a confié le pouvoir à la magicienne. Pourquoi ? Essayer que le lecteur se pose la question.
Elle le met ne garde sur l’utilisation de ses pouvoirs. Si les utilise pour s’en sortir alors ce sera la preuve que la magicienne aura gagné…
-Pourquoi ne me tues-tu pas ?
- Parce que ce serait la preuve que je ne t’ai pas vaincu.
Pour te vaincre, je dois te forcer à capituler, à renoncer à jamais à qui tu es et à tes pouvoirs. Le paradoxe est savoureux, non. Pour te vaincre, je dois te forcer à te libérer ! Pour que je gagne, tu dois me prouver que tu es plus fort que moi !
Le prix à payer pour la magicienne ? La négo avec le maître des clés ?
Mettre un ultimatum ou un défi. « Si rien n’est plus fort que toi, alors je te défie de te débarrasser de tes liens ». Ces menottes sont du maître des clés, mais ces liens sont magiques. Je veux savoir si ma magie peut être plus forte que toi. Tu comprends l’enjeu ? Si rien n’est plus fort que toi, alors cela doit être chose facile pour toi. Si tu échoues, tu devras admettre que mon pouvoir est devenu plus fort que le tien.
La magicienne joue avec la vérité et les mensonges. « Si je te dis que cette clé est la clé qui ouvre la boîte et que je t’affirme que c’est la vérité ». Je dis soit toujours la vérité soit toujours des mensonges. Et la seule façon de savoir si je dis la vérité, ce sera d’ouvrir cette boite pour savoir si elle contient la bonne clé.
Dernier mot : « Tu veux vraiment savoir pourquoi je ne t’ai pas tué ? Tout comme moi, tu as besoin de moi pour exister, car nous sommes faits l’un pour l’autre. Et tu le découvriras dans cette boîte quand tu auras compris qui je suis vraiment pour toi. »
Séquence 4 : Ambiguïté sur le prisonnier. Rôle de l’homme sur la femme. Violence. La « mauvaise » Utilisation de ses pouvoirs. Et en même temps, la magicienne veut qu’il se libère. Amener aussi le lecteur à se poser la question du « pourquoi ? »
Séquence 5 : L’affrontement du piège+ se demande quelle est la part de vérité dans tout ça et où s’arrête vraiment le piège. Le regard qui dissout la réalité (la magicienne n’est pas censé le connaître sauf si le maître des clés lui a dit)-> lui permettrait peut-être de comprendre la situation. Peur de l’utiliser. Préfère utiliser sa super-force. Sent qu’il peut rompre les liens si utilise ses pouvoirs. Se demande si la phrase de la magicienne ne serait pas un piège. Se demande ce qui se passera s’il utilise ses pouvoirs ( se met à envisager plein de choses).
-> Amener le lecteur à trouver une solution pour qu’il puisse s’en sortir.
Séquence 6 : Au final ne voit pas comment s’en sortir (faire passer l’idée que c’est impossible y compris pour le lecteur). Obligation d’utiliser sa force-> trouver une progressivité. La clé dans la boîte doit finir par paraître complètement inaccessible, car devra d’abord arriver jusqu’à la boîte, utiliser la clé à son cou puis être sûr que c’est la bonne, puis espérer que la magicienne n’est pas menti.
Séquence 7 : Commence à comprendre qu’il se mesure à lui-même. Descartes. Conscience de soi. Tout l’extérieur n’est que mensonge. Et si la seule réalité était la première séquence. Il n’y a rien, il n’est pas dans la chambre mais dans cette pièce délabrée et froide. Peut-être même que ces liens n’existent pas ? Qu’ils ne sont que dans sa tête ? Renoncer à ses pouvoirs pour ouvrir. Ne plus être lui-même. Découvrir un autre « moi ». Qui est-il lui-même ? Car il ne se bat que contre lui-même.
Séquence 8 : S’interroge sur la boîte. Et si la magicienne voulait en fait qu’il ouvre la boîte parce qu’elle ne peut justement pas l’ouvrir. Et si le piège n’était pas dans les liens mais dans cette boîte ? A nouveau tenté d’user son regard qui dissout la réalité. Mais a peur de faire dissoudre la boîte et de rester prisonnier à jamais.
Quelles sont les vraies motivations pour qu’il puisse s’évader ?
Elle l’a enfermé dans son propre pouvoir à lui. Se bat en fait contre lui-même. Mais comment s’en sortir ? S’interroge sur qui il doit devenir pour s’en sortir.
Solution : la magicienne est devenue le prisonnier et il doit devenir la magicienne pour se libérer.
Au final vous noterez que je n’avais pas prévu de reprendre à la fin la scène de départ en inversant les rôles. C’est venu après. Il y a également eu quelques changements (la disparition du super pouvoir du regard) mais l’esprit était bien là. J’ai abandonné aussi le jeu avec les mensonges de la magicienne pour réduire cette dimension comme étant la seule vision du prisonnier et non forcément de la réalité. Cela aurait rendu le texte inutilement compliqué (même si possiblement plus ludique) et cette dimension était hors-sujet avec les vrais enjeux du texte.
Du moins, elle l’aurait été si j’avais maintenu le développement de Descartes sur le rapport au monde et de sa perception, avec l’idée d’un monde qui soit une illusion et où on ne connait pas la réalité (sachant que le texte présente 2 niveaux de réalité : la salle délabré et la chambre verte). Le monde des mensonges de la magicienne aurait obligé le prisonnier à reconsidérer toute la réalité et à chercher ses « axiomes » pour la retrouver (dont le fameux « je pense donc je suis »).
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Zarathoustra
- Auteur du sujet
- Hors Ligne
Réduire
Plus d'informations
- Messages : 2081
il y a 7 ans 5 mois #21320
par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Méthode sur le Prisonnier
3- Le Déroulement de l’Ecriture
J’ai donc d’abord écrit en suivant scrupuleusement mon plan (sachant qu’il ne contenait pas forcément l’enjeu qui m’intéressait principalement et que je devais parvenir à lui donner vie avec l’écriture). Le premier jet a été très rapide à écrire finalement. J’ai scindé en deux le récit parce qu’il aurait été trop long. Et puis il y avait bien deux partes distinctes : d’abord la confrontation/duel des deux personnages puis la partie introspective qui devait aboutir à sa libération.
Dans les faits, la reprise de la séquence d’ouverture pour clore le récit n’avait pas été prévue. Elle a été rajoutée parce que je trouvais le récit déséquilibré et que, quelque part, le début devenait inutile et compliquait artificiellement l’histoire. Et puis, je trouvais la fin un peu trop floue. Donc quand j’ai eu cette idée de reprendre cette séquence en inversant les rôles, je me suis rendu compte que c’était en fait exactement ce que j’avais eu l’intention de faire en me lançant dans ce projet. Tout se bouclait et apportait à la fois une fin plus ouverte qui collait parfaitement avec mon thème, tout créant quelque chose que j’avais tenté de réaliser plusieurs fois sans vraiment y parvenir (avec mes tentatives du Renard au Harnais).
La dernière phase a été celle de la réécriture. Dans ces moments-là, j’ai tendance à vouloir mettre toutes les idées latentes du récit davantage en valeur et à renforcer les thèmes (quitte à les empiler inutilement). La première partie a été livrée après cette étape. La seconde a bénéficié d’un travail d’élagage et d’épure de mes thèmes/réflexions parce que le fait de ne plus être rythmé par un face à face et dialogues la rendaient peut-être un peu lourde. Ainsi, j’avais créé tout un passage dans la seconde partie où j’invoquais Descartes (parce qu’à un moment, le prisonnier ne savait plus ce qui est réel entre a scène du début et celle de la chambre et avec tous les mensonges qu’il devine) avec son « je pense donc je suis ». Puis j’avais encore plus insisté sur le thème de la liberté, avec des développements plus marqués sur Kant… Ce sont deux thèmes qui reviennent souvent chez moi : la liberté à travers son Devoir et le doute de la réalité (avec l’émergence implicite d’une autre réalité, d’une sorte de surréalité) pour des raisons assez personnelles.
J’ai donc d’abord écrit en suivant scrupuleusement mon plan (sachant qu’il ne contenait pas forcément l’enjeu qui m’intéressait principalement et que je devais parvenir à lui donner vie avec l’écriture). Le premier jet a été très rapide à écrire finalement. J’ai scindé en deux le récit parce qu’il aurait été trop long. Et puis il y avait bien deux partes distinctes : d’abord la confrontation/duel des deux personnages puis la partie introspective qui devait aboutir à sa libération.
Dans les faits, la reprise de la séquence d’ouverture pour clore le récit n’avait pas été prévue. Elle a été rajoutée parce que je trouvais le récit déséquilibré et que, quelque part, le début devenait inutile et compliquait artificiellement l’histoire. Et puis, je trouvais la fin un peu trop floue. Donc quand j’ai eu cette idée de reprendre cette séquence en inversant les rôles, je me suis rendu compte que c’était en fait exactement ce que j’avais eu l’intention de faire en me lançant dans ce projet. Tout se bouclait et apportait à la fois une fin plus ouverte qui collait parfaitement avec mon thème, tout créant quelque chose que j’avais tenté de réaliser plusieurs fois sans vraiment y parvenir (avec mes tentatives du Renard au Harnais).
La dernière phase a été celle de la réécriture. Dans ces moments-là, j’ai tendance à vouloir mettre toutes les idées latentes du récit davantage en valeur et à renforcer les thèmes (quitte à les empiler inutilement). La première partie a été livrée après cette étape. La seconde a bénéficié d’un travail d’élagage et d’épure de mes thèmes/réflexions parce que le fait de ne plus être rythmé par un face à face et dialogues la rendaient peut-être un peu lourde. Ainsi, j’avais créé tout un passage dans la seconde partie où j’invoquais Descartes (parce qu’à un moment, le prisonnier ne savait plus ce qui est réel entre a scène du début et celle de la chambre et avec tous les mensonges qu’il devine) avec son « je pense donc je suis ». Puis j’avais encore plus insisté sur le thème de la liberté, avec des développements plus marqués sur Kant… Ce sont deux thèmes qui reviennent souvent chez moi : la liberté à travers son Devoir et le doute de la réalité (avec l’émergence implicite d’une autre réalité, d’une sorte de surréalité) pour des raisons assez personnelles.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Zarathoustra
- Auteur du sujet
- Hors Ligne
Réduire
Plus d'informations
- Messages : 2081
il y a 7 ans 5 mois - il y a 7 ans 5 mois #21321
par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Méthode sur le Prisonnier
4- Le Jeu avec le lecteur
D’abord, il y a la volonté de proposer un texte ludique au lecteur. Il ne le sait sans doute pas quand il se lance dans l’histoire et ne se rend certainement pas compte immédiatement mais l’histoire met véritablement en scène un jeu rien que pour lui. L’idée est de le forcer à rentrer vraiment dans l’histoire et à prendre parti dans l’histoire. Bref, de devenir actif malgré lui et l’obliger à se libérer du piège dans lequel le texte l’enferme.
La première chose dont il ne peut sans doute pas se rendre compte, c’est que l’angle de vue dont il dispose est biaisé. Spontanément, il est poussé à adopter le point de vue du prisonnier qui a une dent toute particulière contre la magicienne. Donc cette femme devient très vite la méchante de l’histoire. Or, en l’occurrence, rien ne le dit vraiment ni ne le prouve.
D’autre part, le statut de prisonnier présente l’homme en tant que victime. Or, le récit ne cesse de montrer que cet homme est loin d’être un gentil. Mais, malgré tous mes efforts pour mettre en alerte le lecteur dans la première partie sur ce fait, je suppose qu’il refuse de le voir en méchant. Au contraire, le lecteur peut fort bien prendre parti encore plus fort pour lui en voulant se venger sur la magicienne à travers les ressentis véhiculés par le prisonnier. En ce sens, le texte ne ment pas vraiment mais joue avec les a priori. Le texte a un côté pervers complètement assumé dans la mesure où il projette le lecteur dans la peau du méchant sans qu’il ne le sache. L’idée latente étant de savoir jusqu’où le lecteur est prêt à l’accepter sans se remettre en cause.
Bien entendu, l’histoire joue un peu avec le sadomasochisme de chacun. Tantôt le texte invite à faire souffrir tantôt à être une victime plus ou moins consentante. Même si ce n’est pas forcément un texte qui traite spécifiquement des rapports hommes/femmes, il invite à inverser les rôles et joue avec des pulsions sado maso des unes et des autres. C’est à nouveau une dimension volontairement pas très plaisante du texte.
A nouveau, c’est un peu caché, mais quand survient la fin, le lecteur n’a plus d’autre choix que d’assumer sa position. Veut-il être un bourreau du méchant ou du gentil ? Qui veut-il punir ? Je trouve qu’il y a une ironie que je trouve assez jubilatoire que d’imaginer sciemment un homme en train de battre une femme sans défense. Et en même temps, il se peut que ce soit la femme qui incarne en fait l’homme et qu’elle le punisse en employant la violence de l’homme pour lui faire payer ce qu’elle subit d’habitude. Et si le lecteur est un homme, il est face aux deux pulsions puisqu’il peut être à la fois le bourreau et la victime de sa propre violence en fonction de s’il considère que le prisonnier s’est libéré en incarnant oui ou non la femme.
D’abord, il y a la volonté de proposer un texte ludique au lecteur. Il ne le sait sans doute pas quand il se lance dans l’histoire et ne se rend certainement pas compte immédiatement mais l’histoire met véritablement en scène un jeu rien que pour lui. L’idée est de le forcer à rentrer vraiment dans l’histoire et à prendre parti dans l’histoire. Bref, de devenir actif malgré lui et l’obliger à se libérer du piège dans lequel le texte l’enferme.
La première chose dont il ne peut sans doute pas se rendre compte, c’est que l’angle de vue dont il dispose est biaisé. Spontanément, il est poussé à adopter le point de vue du prisonnier qui a une dent toute particulière contre la magicienne. Donc cette femme devient très vite la méchante de l’histoire. Or, en l’occurrence, rien ne le dit vraiment ni ne le prouve.
D’autre part, le statut de prisonnier présente l’homme en tant que victime. Or, le récit ne cesse de montrer que cet homme est loin d’être un gentil. Mais, malgré tous mes efforts pour mettre en alerte le lecteur dans la première partie sur ce fait, je suppose qu’il refuse de le voir en méchant. Au contraire, le lecteur peut fort bien prendre parti encore plus fort pour lui en voulant se venger sur la magicienne à travers les ressentis véhiculés par le prisonnier. En ce sens, le texte ne ment pas vraiment mais joue avec les a priori. Le texte a un côté pervers complètement assumé dans la mesure où il projette le lecteur dans la peau du méchant sans qu’il ne le sache. L’idée latente étant de savoir jusqu’où le lecteur est prêt à l’accepter sans se remettre en cause.
Bien entendu, l’histoire joue un peu avec le sadomasochisme de chacun. Tantôt le texte invite à faire souffrir tantôt à être une victime plus ou moins consentante. Même si ce n’est pas forcément un texte qui traite spécifiquement des rapports hommes/femmes, il invite à inverser les rôles et joue avec des pulsions sado maso des unes et des autres. C’est à nouveau une dimension volontairement pas très plaisante du texte.
A nouveau, c’est un peu caché, mais quand survient la fin, le lecteur n’a plus d’autre choix que d’assumer sa position. Veut-il être un bourreau du méchant ou du gentil ? Qui veut-il punir ? Je trouve qu’il y a une ironie que je trouve assez jubilatoire que d’imaginer sciemment un homme en train de battre une femme sans défense. Et en même temps, il se peut que ce soit la femme qui incarne en fait l’homme et qu’elle le punisse en employant la violence de l’homme pour lui faire payer ce qu’elle subit d’habitude. Et si le lecteur est un homme, il est face aux deux pulsions puisqu’il peut être à la fois le bourreau et la victime de sa propre violence en fonction de s’il considère que le prisonnier s’est libéré en incarnant oui ou non la femme.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Zarathoustra
- Auteur du sujet
- Hors Ligne
Réduire
Plus d'informations
- Messages : 2081
il y a 7 ans 5 mois #21322
par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Méthode sur le Prisonnier
5- Le Sens Caché
Enfin, c’est un texte qui est à la fois une métaphore et une mise en abime du récit lui-même. Il y a 3 personnages : Le Prisonnier, la Magicienne et le Maître des Clés. Chacun incarne en fait un symbole.
Le premier est bien entendu le lecteur lui-même. C’est lui qui est prisonnier du récit. C’est lui qui doit s’évader.
La seconde, la Magicienne, incarne l’histoire elle-même. Les descriptions sur son physique avantageux sont là pour séduire le lecteur, parce qu’un auteur rêve toujours plus ou moins de séduire son lecteur avec son histoire. Quelque part, ici, le texte le racole délibérément. Dans les faits, c’est elle qui crée l’histoire et l’intrigue. Elle est littéralement l’histoire. Elle veut que le lecteur se libère de ses chaines et demande au lecteur de rentrer dans l’histoire et d’y prendre part. Son but caché n’est effectivement pas qu’il ouvre la boite et trouve les clés de l’histoire mais qu’il écrive la fin qu’il veut une fois qu’il sera libéré de ses préjugés sur l’histoire ou de ses tabous. Bref, qu’il ose soit être le/la gentille ou le/la méchante en fonction du point de vue qu’il veut adopter. Soit c’est l’histoire qui se retournera contre le lecteur et le battra, soit c’est le lecteur qui maltraitera l’histoire.
Enfin, le dernier personnage, le Maître des Clés, n’apparait jamais vraiment mais il est omniprésent. Vous l’aurez compris, il s’agit de l’auteur, de moi. Et je m’amuse à mettre en scène ce personnage hors champ. C’est le grand manipulateur de tout, celui qui sait tout. C’est un personnage en l’occurrence très tordu et un rien sadique avec ses personnages. C’est aussi un personnage hors-champ qui ne fait que regarder ce qui se passe et regarde l’histoire comme le déroulement d’une expérience. Donc il y a là la même dimension voyeuriste que dans l’Iconoclaste. En soi, c’est pourquoi le texte est assez déplaisant. Et c’est pourquoi aussi que la « beauté » de la magicienne est très ironique. En l’occurrence, l’histoire n’est pas belle du tout. C’est pourquoi il ne faut pas avoir peur de l’enlaidir et qu’on peut la maltraiter comme on veut… Et le lecteur est tout à fait libre de le faire s’il le souhaite à la fin…
L’image de cet auteur n’est bien entendu pas très flatteuse. Bien entendu, ici, c’est moi qui me moque de moi-même après avoir joué autant de vilain tour au lecteur… Et le meilleur tour que le lecteur puisse faire à l’auteur, c’est bien entendu de comprendre le récit et ses enjeux et de trouver le moyen de le retourner contre lui… Ce que la magicienne pourrait avoir réussi si le lecteur adopte le bon regard et qu’il me chipe les clés des destins (qui ne sont bien entendu que les clés du récit)…
6- Ma vision du texte
Donc, au-delà de ses symboles, il y a ici toute une réflexion sur la relation qui unit lecteur et auteur et sur le rôle et les aspirations de chacun que je vous laisse le soin de creuser. C’est là le cœur du récit.
La grande satisfaction de ce texte a été pour moi de parvenir à écrire une vraie histoire avec une vraie intrigue en abordant des thèmes qui me sont aussi chers (les relations Hommes/femmes, l’inversion des rôles, la relation auteur/lecteur ; le voyeurisme de chacun des deux ; l’invitation au lecteur à prendre part au récit etc.). A mon sens, Le Prisonnier et l’Iconoclaste forme une sorte de diptyque (auquel on pourrait rajouter le Magicien pour en faire un triptyque). Seulement, entre les trois, ma réflexion s’est affinée et le message de ce texte pourrait également être pour moi d’assumer jusqu’au bout mes zones d’ombres d’auteur. Oui, je suis souvent assez joueur et sadique avec le lecteur. Du moins dans mes portraits….
Si vous relisez ce texte avec toutes les clés que je vous ai données, ce texte est bourré d’ironie… C’est ce que j’appelle l’humour noir de mes textes. Ici, il est presque féroce. Mais avec tout le monde, moi y compris, car l’auteur est un sacré salaud de se foutre de son monde ainsi. C’est une sorte de jeu de massacre. D’où la nécessité de créer un monde issu de la Fantasy, avec un personnage féminin au final assez doux et avec une toile de fond de super héros un peu cliché pour atténuer cette dimension un rien perverse et malsaine. Et en même temps, j’essaie authentiquement de faire comprendre au lecteur la nature profonde de sa vraie liberté, sans aucune ironie. Je pense vraiment que la Liberté la plus belle se cache dans l’accomplissement de son Devoir. Le texte le met en scène de manière comique parce que cela revient à violenter une femme (ou d’autoriser les femmes à se venger des hommes du mal qu’ils peuvent leur faire en exploitant leurs forces physiques, ce qui est un peu moins comique (ou de pousser l’homme à accepter de sa faire battre par elles dans une relation de Domination/Soumission, ce qui redevient à nouveau comique)).
Le dernier point qui m’intéressait était aussi de faire un texte qui autorise plusieurs lectures pour en cerner tout le ou les sens et que la réflexion qu’il suscite ne s’épuise pas trop vite. Et en même temps que je parvienne à aller le plus loin possible dans cette réflexion grâce à la dimension symbolique ou allégorique sans que ce ne soit trop plombant. Et l’emploi des symboles me permet d’être finalement plus synthétique et riche qu’avec un grand discours.
Voilà, vous savez (presque tout) et je vous dirai bien que le reste est encore dans le texte. Et j’accepte que vous me lynchiez à votre tour ! Je dois dire que je ne suis pas sûr de vouloir réécrire d’autres textes de ce genre. J’ai l’impression d’être allé aussi loin que je pouvais dans cette direction. Reste la forme, le style. Pour améliorer le récit, je pense qu’il faudrait que je revois la première partie et que je rehausse mon style ici ou là. Quant à la première partie, il faudrait sans doute aussi que je réponde mieux à certaines attentes de départ du lecteur (et c’est là où j’aimerai que vous m’aidiez).
Avec tout ça et votre recul, je vous laisse découvrir ce qui se passe réellement dans la toute première scène avant que n’apparaisse la chambre verte…
Enfin, c’est un texte qui est à la fois une métaphore et une mise en abime du récit lui-même. Il y a 3 personnages : Le Prisonnier, la Magicienne et le Maître des Clés. Chacun incarne en fait un symbole.
Le premier est bien entendu le lecteur lui-même. C’est lui qui est prisonnier du récit. C’est lui qui doit s’évader.
La seconde, la Magicienne, incarne l’histoire elle-même. Les descriptions sur son physique avantageux sont là pour séduire le lecteur, parce qu’un auteur rêve toujours plus ou moins de séduire son lecteur avec son histoire. Quelque part, ici, le texte le racole délibérément. Dans les faits, c’est elle qui crée l’histoire et l’intrigue. Elle est littéralement l’histoire. Elle veut que le lecteur se libère de ses chaines et demande au lecteur de rentrer dans l’histoire et d’y prendre part. Son but caché n’est effectivement pas qu’il ouvre la boite et trouve les clés de l’histoire mais qu’il écrive la fin qu’il veut une fois qu’il sera libéré de ses préjugés sur l’histoire ou de ses tabous. Bref, qu’il ose soit être le/la gentille ou le/la méchante en fonction du point de vue qu’il veut adopter. Soit c’est l’histoire qui se retournera contre le lecteur et le battra, soit c’est le lecteur qui maltraitera l’histoire.
Enfin, le dernier personnage, le Maître des Clés, n’apparait jamais vraiment mais il est omniprésent. Vous l’aurez compris, il s’agit de l’auteur, de moi. Et je m’amuse à mettre en scène ce personnage hors champ. C’est le grand manipulateur de tout, celui qui sait tout. C’est un personnage en l’occurrence très tordu et un rien sadique avec ses personnages. C’est aussi un personnage hors-champ qui ne fait que regarder ce qui se passe et regarde l’histoire comme le déroulement d’une expérience. Donc il y a là la même dimension voyeuriste que dans l’Iconoclaste. En soi, c’est pourquoi le texte est assez déplaisant. Et c’est pourquoi aussi que la « beauté » de la magicienne est très ironique. En l’occurrence, l’histoire n’est pas belle du tout. C’est pourquoi il ne faut pas avoir peur de l’enlaidir et qu’on peut la maltraiter comme on veut… Et le lecteur est tout à fait libre de le faire s’il le souhaite à la fin…
L’image de cet auteur n’est bien entendu pas très flatteuse. Bien entendu, ici, c’est moi qui me moque de moi-même après avoir joué autant de vilain tour au lecteur… Et le meilleur tour que le lecteur puisse faire à l’auteur, c’est bien entendu de comprendre le récit et ses enjeux et de trouver le moyen de le retourner contre lui… Ce que la magicienne pourrait avoir réussi si le lecteur adopte le bon regard et qu’il me chipe les clés des destins (qui ne sont bien entendu que les clés du récit)…
6- Ma vision du texte
Donc, au-delà de ses symboles, il y a ici toute une réflexion sur la relation qui unit lecteur et auteur et sur le rôle et les aspirations de chacun que je vous laisse le soin de creuser. C’est là le cœur du récit.
La grande satisfaction de ce texte a été pour moi de parvenir à écrire une vraie histoire avec une vraie intrigue en abordant des thèmes qui me sont aussi chers (les relations Hommes/femmes, l’inversion des rôles, la relation auteur/lecteur ; le voyeurisme de chacun des deux ; l’invitation au lecteur à prendre part au récit etc.). A mon sens, Le Prisonnier et l’Iconoclaste forme une sorte de diptyque (auquel on pourrait rajouter le Magicien pour en faire un triptyque). Seulement, entre les trois, ma réflexion s’est affinée et le message de ce texte pourrait également être pour moi d’assumer jusqu’au bout mes zones d’ombres d’auteur. Oui, je suis souvent assez joueur et sadique avec le lecteur. Du moins dans mes portraits….
Si vous relisez ce texte avec toutes les clés que je vous ai données, ce texte est bourré d’ironie… C’est ce que j’appelle l’humour noir de mes textes. Ici, il est presque féroce. Mais avec tout le monde, moi y compris, car l’auteur est un sacré salaud de se foutre de son monde ainsi. C’est une sorte de jeu de massacre. D’où la nécessité de créer un monde issu de la Fantasy, avec un personnage féminin au final assez doux et avec une toile de fond de super héros un peu cliché pour atténuer cette dimension un rien perverse et malsaine. Et en même temps, j’essaie authentiquement de faire comprendre au lecteur la nature profonde de sa vraie liberté, sans aucune ironie. Je pense vraiment que la Liberté la plus belle se cache dans l’accomplissement de son Devoir. Le texte le met en scène de manière comique parce que cela revient à violenter une femme (ou d’autoriser les femmes à se venger des hommes du mal qu’ils peuvent leur faire en exploitant leurs forces physiques, ce qui est un peu moins comique (ou de pousser l’homme à accepter de sa faire battre par elles dans une relation de Domination/Soumission, ce qui redevient à nouveau comique)).
Le dernier point qui m’intéressait était aussi de faire un texte qui autorise plusieurs lectures pour en cerner tout le ou les sens et que la réflexion qu’il suscite ne s’épuise pas trop vite. Et en même temps que je parvienne à aller le plus loin possible dans cette réflexion grâce à la dimension symbolique ou allégorique sans que ce ne soit trop plombant. Et l’emploi des symboles me permet d’être finalement plus synthétique et riche qu’avec un grand discours.
Voilà, vous savez (presque tout) et je vous dirai bien que le reste est encore dans le texte. Et j’accepte que vous me lynchiez à votre tour ! Je dois dire que je ne suis pas sûr de vouloir réécrire d’autres textes de ce genre. J’ai l’impression d’être allé aussi loin que je pouvais dans cette direction. Reste la forme, le style. Pour améliorer le récit, je pense qu’il faudrait que je revois la première partie et que je rehausse mon style ici ou là. Quant à la première partie, il faudrait sans doute aussi que je réponde mieux à certaines attentes de départ du lecteur (et c’est là où j’aimerai que vous m’aidiez).
Avec tout ça et votre recul, je vous laisse découvrir ce qui se passe réellement dans la toute première scène avant que n’apparaisse la chambre verte…
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.