file Intrusion 2.5 et 3 corrigés

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il y a 17 ans 2 semaines #12479 par San
Intrusion 2.5 et 3 corrigés a été créé par San
Voici ce que j'ai pu faire de mieux pour le moment avec ces deux chapitres.
Ceci dit, il y a sans doute encore mieux à faire avec le chapitre de retour à la réalité, mais je ne suis pas satisfaite de ce que j'avais trouvé.

Je voudrais, à terme, ajouter plusieurs pistes lors du retour à la réalité et passer un peu plus de temps dans la vie normale de Linoï, mais je crois que je ne la connais pas encore assez bien pour ça ;)

Si vous voulez les relire rapidement avant de passer à la suite (dans la MAJ), ils sont aussi corrigés sur le site, et les voilà :



2.5 - Rêve de femme



Le cri étouffé de Dilgan résonne dans les ténèbres. Ses paroles paraissent maintenant absurdes, et il a un peu honte de la peur qui a mené son palpitant au bord de l'emballement, alors qu'il ne parvient pas encore à chasser cette frayeur de son esprit. Le retour à la réalité lui fait l'effet d'une douche froide après la chaude panique du rêve. Est-il au moins vraiment sorti de l'univers onirique, où il est si facile de se perdre? Aucun moyen d'en être sûr. Pourtant, convaincu d'être à présent éveillé, Dilgan laisse son rêve s'éloigner, emportant avec lui son agitation et un torrent d'émotions.
L'horizon est devenu infiniment vaste et noir, et le voleur reste interdit pendant de longues et angoissantes secondes, incapable d'appréhender la situation. La perception du toucher lui revient rapidement. Il sent une descente de lit sous ses genoux, et ses mains courent sur un tissu léger et doux. Des halètements combattus sans succès couvrent toujours le reste des sons qu'il essaie de capter. Cependant, sa respiration est à présent sous contrôle, et il prend brusquement conscience de la jeune femme allongée sous ses yeux, justement là où il l'avait laissée. Statufiée, avec une expression éperdue sur le visage, elle le fixe de ses yeux grand ouverts et ronds de stupeur, sans parvenir à calmer le sifflement de son souffle.
Son air affolé alarme le voleur, qui se rappelle finalement de l'illégalité de son intrusion, détail qu'il avait presque réussi à oublier. Avant que Linoï ait pu réagir, avant même qu'elle réalise qui cette apparition peut être et ce qui s'est passé, Dilgan s'est relevé, et dans un même mouvement fluide a traversé la pièce, enjambé la fenêtre et disparu dans la nuit. Elle aurait voulu le retenir au dernier moment, lorsque sa silhouette s'est découpée à la fenêtre dans le déchirement d'un éclair, mais elle n'arrive encore pas à bouger ou à articuler les mots d'apaisement qui tournent dans sa tête. Elle n'avait jamais connu une telle peur! Ses draps, trempés de sueur, lui paraissent glacés. Son coeur bat fort contre ses tempes, et un début de migraine s'installe sous son crâne, douleur lancinante de mille aiguilles s'enfonçant dans sa tête. Elle laisse son souffle ralentir et la tension retomber, alors que mille questions lui viennent à l'esprit. Qui est cet homme, et que lui voulait-il? Il ne parait pas lui avoir fait du mal, mais cela n'a rien de certain! Est-ce qu'elle le connaît? Est-ce qu'il va revenir, une autre nuit, et lui faire des choses horribles? Elle devrait peut-être en parler à quelqu'un... Est-ce qu'elle pourra jamais dormir à nouveau sur ses deux oreilles, comme avant?
Toutes ces questions lui brûlent les lèvres, sans que personne puisse lui répondre. Elle souhaite un peu que le rôdeur revienne, pour savoir à quoi s'en tenir. Vivre dans l'ignorance et l'expectative commence déjà à lui porter sur les nerfs. Ivre d'immobilité, elle a hâte de bouger, tout en sachant que rien ne sera plus pareil dès qu'elle aura amorcé un mouvement. L'illusion d'un rêve sera balayée par la réalité de ses sens, et le charme tissé dans une autre dimension définitivement rompu. Mais il lui faut de toute façon laisser derrière elle ces chimères dont elle ne sait que penser.
Ses forces revenues, elle se redresse vigoureusement dans son lit, réprimant une brusque sensation de vertige. Ses pieds nus effleurent le parquet, le caressent dans un joyeux balancement, avant de se poser dessus avec délicatesse. Il ne faut pas le faire grincer, sous peine de recueillir diverses réprimandes au petit matin. Dehors, l'ondée a finalement pris possession du paysage nocturne. Linoï s'approche de son bureau où l'écran de veille, une simple image fixe dans les tons d'océan, diffuse imperturbablement son agréable lumière. Une pression au hasard sur le clavier réveille l'ordinateur, et révèle un bureau croulant sous les icônes, surmonté d'une fenêtre de discussion instantanée clignotante et bondissante. Tiens, voilà donc d'où provenait ce bruit de cloche...
Finalement, il était revenu, alors qu'elle l'avait attendu courageusement toute la soirée, luttant contre le sommeil, jusqu'à ce que tout espoir l'abandonne et qu'elle rejoigne son grand lit vide. Il n'espérait tout de même pas qu'elle soit encore éveillée à cette heure, mais qu'avait-il trouvé à dire, alors?
<< Tu dors?
Oui, on dirait bien, c'est normal.
Excuse-moi, j'ai un peu abusé.
Je vais aller dormir aussi, alors à demain >>
Idiot, nos querelles sans but ne sont rien, j'aimerais juste parler à quelqu'un. Demain je n'aurai pas le coeur à ressasser tout ça, c'est maintenant que j'ai besoin de toi. Qui me croira demain matin, lorsque j'essaierai de raconter la visite d'un inconnu dans ma chambre et toute cette histoire à laquelle je n'ai rien compris! Je n'y croirai plus moi-même. Et peut-être que j'aurai tout oublié, si du moins j'arrive à me rendormir. Et au fond, ça vaudrait sans doute mieux...
La jeune femme sent un étau se serrer sur sa poitrine. La solitude pèse sur ses épaules comme jamais auparavant. Une larme perle à son oeil droit, s'attarde sur sa pommette. La goutte tiède est chassée par un clignement appuyé, et dévale la joue pour se précipiter dans le vide. Elle s'écrase sur le bois lisse en émettant un léger son mat, mais personne ne l'a entendu au milieu de l'averse. Linoï ferme la fenêtre, mortifiée, et retourne se coucher. Roulée en boule, la tête sous les draps, elle grelotte et prie pour ne pas faire d'autre rêve. La délivrance du sommeil tarde longtemps à venir.


Le lendemain, elle n'a rien dit à personne, enterrant ses souvenirs flous avec les réminiscences de cauchemar au plus profond d'elle-même. Quelques jours ont passé, et avec eux l'espoir de revoir l'intrus à son chevet. D'autres semaines ont passé, emportant les vestiges de cette nuit, et la tristesse qui allait de pair. D'autres nuits sont venues, et ont apporté de nouvelles préoccupations à la jeune femme. Linoï a retrouvé une vie de couple, et ne souffre plus de solitude. Son grand lit ne lui paraît plus du tout froid et vide.
Cependant, aujourd'hui, elle dort seule, renouant avec la douce tranquillité de sa vie passée de célibataire - c'était il y a si peu de temps, et cela semble une autre vie. Son doux ami est en voyage à l'autre bout du pays, mais il reviendra vite. Simple répit dans le flamboiement d'une existence humaine qui se consume avec ferveur, il ne s'agit que d'une soirée et une nuit, à peine le temps de cligner des yeux. Dans un coin de son coeur, Linoï n'a pas oublié l'homme qui s'est introduit dans sa chambre et dans son rêve. Mais elle a aussi fait beaucoup d'efforts pour ne plus y penser, qui portent encore leurs fruits. Aussi n'hésite-t-elle pas un instant lorsque l'envie lui prend d'entrouvrir sa fenêtre pour laisser entrer la douceur de la nuit. Sereine, elle s'installe confortablement dans l'intention de lire jusqu'à ce que sommeil s'ensuive.
L'air lourd et humide d'une merveilleuse nuit d'été porte à ses narines des effluves de lilas et la saveur boisée de la forêt. La lecture est un enchantement qui emporte son esprit au-delà des cieux. Totalement détendue, Linoï savoure avec délectation ces instants qui s'égrènent. Lorsqu'elle éteint sa lampe de chevet pour se laisser glisser dans le monde des rêves, seul reste allumé l'écran en veille, projetant son halo bleuté sur la scène endormie.

Le Temple a un peu changé, comme à chaque fois qu'elle y revient. Entourée par la forêt bruissante et protectrice, Linoï sait pourtant que cet endroit est toujours exactement le même. Elle sait le retrouver sans erreur possible. Ce soir, un petit feu de camp brûle doucement au milieu de grosses pierres grises. Elle s'approche, attirée par la chaleur, et offre ses mains au feu. Les flammes les lèchent et la comblent de bien-être. Elle s'assied sur un rocher rond, les yeux plongés dans les tourbillonnements de la danse des flammes, et attend.
Un souffle derrière elle, tout proche. Il est adossé à elle, et cela ne fait aucun doute qu'il a toujours été là.

Au bout d'un moment inquantifiable, un filet de voix s'élève, tout juste audible. Linoï, absorbée à présent dans ce qui semble être le tressage de brins d'herbe, n'a pas tellement conscience de son propre chantonnement. Dilgan se laisse simplement bercer par la mélodie. Elle lui rappelle quelque chose... mais rien de connu, comme un refrain lointain qui l'aurait bercé dans son enfance. Cette chanson sans parole résonne dans sa tête.
Est-ce qu'il a bien fait de revenir? Comment aurait-il pu y résister. Cette fille l'obsède, envers et contre toute raison. Il se sent bienvenu dans le monde de ses rêves, le seul qu'ils puissent partager. Cet endroit est si accueillant... Ses paupières s'alourdissent. A travers ses yeux voilés, il voit la forêt alentour, apaisante et rafraîchissante, peuplée d'ombres et de taches de lumière éparses. Les cimes effilées des arbres se balancent doucement au gré du vent, de gauche à droite, et de droite à gauche, puis encore dans l'autre sens, oscillant à l'infini. Dilgan se laisse bercer par le mouvement de balancier, hypnotisant, qui envahit son être. Le mouvement est Dilgan. Il bascule.





3 - Rêve de croisière



Il ne manquait plus que ça, le sol tangue à présent.
Dilgan relève les yeux. Un changement dans l'air l'a mis sur ses gardes, et les dérobades du plancher sous ses pas finissent de l'inquiéter. Des lambeaux de souvenirs indistincts prennent la fuite, un bout de tronc moussu et une jolie fille super bien roulée... Plus rien. Au fait, ce n'est pas une odeur de pâtisseries?
La jolie fille, en tout cas, est assise à côté de lui, l'air hagard, voire un peu endormie. Elle ne fait pas mine de le voir et se lève, avance doucement dans la coursive en boiseries intégrales, faisant fi du roulis. Notre voleur prend le parti de la suivre, sans trop y réfléchir, dans une tentative maladroite d'imiter sa démarche. Il cherche son équilibre à chaque pas, et trébuche à tout bout de champ en se prenant les pieds dans les larges fissures qui parsèment le plancher. Les craquements sinistres du bois torturé accompagnent sa déambulation d'homme ivre. Ils atteignent rapidement une porte en bois et Dilgan, tout en tombant à genoux derrière elle, se rend compte qu'ils doivent être à bord d'un grand navire portant des centaines de personnes. Il s'agit d'une sensation d'écrasement intense, très pénétrante. La cause en devient bien plus claire à la vue du plafond bombé au-dessus de leurs têtes, qui semble ployer sous un poids insupportable. Dilgan, dont l'assurance fond comme neige au soleil, avale sa salive avec difficulté.
Dans le couloir suivant se trouvent une série de portes donnant sur des cabines - évidence discutable, mais évidence tout de même - et, en plein milieu, une touche un peu discordante, mais réjouissante : une grande table de banquet garnie de petites merveilles pâtissières. Le parquet semble encore plus ravagé sous les pieds de cette imposante pièce de mobilier. Le couloir est plutôt large, d'une largeur extravagante en fait pour un bateau, et donne l'impression de vouloir s'effondrer à tout moment, avec pour seul avertissement un ultime craquement du bois qui se déchire. Il y a des chaises rustiques en bois noueux autour de la table, pour les personnes qui voudraient se servir. Et personne aux alentours.
<< Ce doit être un piège. De la nourriture empoisonnée... Sinon, nous ne serions pas seuls devant un tel festin!
- Bien sûr que non, ce n'est pas empoisonné.>> Linoï se lèche déjà les babines. << Allons, mon frère va nous servir >>, réplique la gourmande en tendant une assiette de faïence blanche à liseré rose.
Le susnommé petit frère tient une pelle à tarte et a déjà à la main une coupe à glace remplie de boules appétissantes. Dilgan désigne une tarte tatin dorée à point, tandis que Linoï réclame une boule de glace à la vanille avec son cake aux fruits rouges. Sur ces entrefaites arrivent la petite soeur et le père de Linoï, qui cherchent leurs cabines ainsi que, dirait-on, celles de tout le monde. Ils s'exclament devant la grande taille des placards-cabines de ce prestigieux navire, qui peuvent même contenir deux couchettes pour peu qu'on n'ait pas besoin de marcher ensuite. Bon, et si on goûtait plutôt à ces pâtisseries...
Linoï a déjà commencé à engloutir son dessert, et rapidement tout ce qui lui passe à portée de main. Inquiet, le voleur tente de sauver de ses serres rapaces quelques pièces de choix, mais il ne se sent pas de poids face à la gloutonnerie de la jeune femme. Un sourire sucré et crèmeux flottant sur ses lèvres, Linoï semble déconnectée de la réalité, intéressée uniquement par un moyen d'enfourner la nourriture plus vite dans sa bouche. Dilgan tente de la repousser, mais aussi éperdue soit-elle, impossible de la faire bouger. Elle occupe à elle seule la plus grande partie de la table, et se met à grogner sourdement lorsqu'il a l'audace de toucher à une sucrerie. Apercevant du coin de l'oeil la part de tarte tatin qu'il tient encore en main, elle se jette sur lui et s'en saisit à grand renfort de griffes. Dilgan sent la colère et la frustration lui monter aux joues. Ecoeuré par le comportement bestial de son amie, il recule jusqu'au mur, se demandant à présent comment il va pouvoir la forcer à renoncer à son festin.
Mais Linoï tousse et devient toute rouge avant même que Dilgan ait pu envisager un moyen de lui couper l'appétit. Elle s'étouffe et tombe par terre, gesticule en tous sens et porte ses mains à sa gorge, en proie à un incompréhensible malaise. Son frère court de long en large, la bouche béante comme pour appeler à l'aide, mais gardant un silence total, pour finir par disparaître dans une coursive. Au-delà du bastingage, les cris des mouettes ressemblent à des sirènes de police hurlantes, assourdissantes, qui couvrent le bruit des vagues heurtant la coque. Le bois de la coque craque comme si le bateau était pris dans une tempête, et dans ce tonnerre de bruits d'apocalypse, Linoï croit vivre la fin des temps, plus que sa propre fin par étouffement. Les yeux de la jeune fille se fixent sur Dilgan, et un air de supplication muette se coule sur ses traits tandis qu'elle se tord sur place.
<< Quand on voudra bien m'écouter >> grommelle le voleur en s'agenouillant. Il la redresse, et tout en lui parlant gentiment, enfonce deux doigts dans sa gorge pour la faire vomir, ce qui ne manque pas d'arriver. Tapotant dans son dos, il l'aide à expulser toute trace de poison de son corps, puis la regarde en face, cherchant des signes résiduels d'empoisonnement. Elle tremble faiblement et a l'air sous le choc, mais des couleurs lui reviennent aux joues, et il ne doute pas de retrouver bien vite son... adorable caractère. La maintenant d'une main posée sur l'épaule, il lui donne un verre d'eau sucrée, et la laisse tenter de boire sans s'étrangler. Les yeux brillants, elle tousse encore doucement, mais son regard affiche de nouveau toute la lucidité possible. Des remerciements plein les yeux, elle ne se décolle plus de Dilgan, craignant la reprise de ses douloureuses contorsions. Epuisés tous les deux, ils se reposent un instant là, cherchant des mots aptes à détourner leurs pensées de ce qui vient de se passer.
<< On dirait que je me suis trop précipitée sur le banquet, hasarde Linoï.
- Je crois plutôt que cette nourriture est bel et bien empoisonnée, et nous avons failli y passer tous les deux! Tu n'as donc pas de cervelle?
- Je ne pense pas que...
Elle hésite, embarrassée par le ton arrogant de cet agaçant inconnu à qui elle doit une vie - bien que ce ne soit qu'en rêve. Finalement, elle décide de noyer le poisson, et déclare d'un ton assuré :
- Tu sais, j'ai déjà fait ce rêve, et je n'ai jamais pu goûter à une seule pâtisserie. Je souhaite tellement pouvoir croquer dans la pâte fine de cette tartelette aux fraises, ou sentir fondre ce beignet dans ma bouche, mais je me réveille toujours avant. La dernière fois, ma famille entière s'y était mise pour tout manger avant que j'atteigne la table!
- Quel manque de coeur, s'esclaffe-t-il en retour. Mais tu devrais faire attention à un piège aussi grossier. J'ai vu du premier coup d'oeil que quelque chose clochait.
- Tu ne seras pas déçu si tu vois certains autres de mes rêves. Tout cloche! C'est entendu. Pourtant, tout va bien. Du moins, tant que tu ne t'incrustes pas dans mes rêves pour mettre le bazar!!
Linoï est à présent vraiment en colère.
- C'est toi qui es trop insouciante.
- Tu as changé mon rêve pour m'empoisonner! Tu veux te débarrasser de moi!!
- Je t'ai sauvé la vie.
- Tu as tout manigancé! Je te déteste! elle lui hurle au visage, les joues empourprées.
- Et moi je te trouve bien ingrate!
- Sors d'ici!! >>
Linoï a sauté sur ses jambes et à la gorge de Dilgan, qui s'est vu soulevé à bout de bras et porté par la jeune femme jusqu'à une balustrade très à propos.
<< Ha ha! Tu fais moins le malin maintenant! Va et laisse-moi tranquille!! Sors de mon rêve!
Linoï le tient fermement agrippé, à sa merci, et il s'étonne de cette force insoupçonnée... Totalement impossible en fait, il le comprend tout à coup - mais ça ne l'avance pas à grand-chose.
- Tu veux vraiment me faire basculer par-dessus bord?! Tu sais que c'est un meurtre?
- Je m'en fiche, laisse-moi tranquille!
Elle bouillonne ouvertement mais ne l'a toujours pas lâché, ce dont Dilgan se félicite : on ne le laisse pas tomber aussi facilement, il en était sûr! Mais dans un univers où une frêle jeune femme a toutes les forces, que peut-il faire pour se sortir de cette fâcheuse situation? Après un court instant consacré à soupeser diverses solutions à base d'homme volant, de muscles qui gonflent à la limite d'éclater, ou encore de coup de foudre inespéré, une idée pointe le bout de son nez.
- Alors, ma jolie agresseuse, je veux bien tomber, et... tu viens avec moi. >> fait Dilgan, sourire en coin.
Il attrape la jeune femme par la taille, et les précipite d'une torsion du corps tous les deux au-delà de la barrière. Elle se retient désespérément aux barreaux, son compagnon pendu à elle, jusqu'à ce que ses doigts lâchent, à bout de force. La chute s'amorce alors, vertigineuse car ce grand navire s'avère très, très haut de pont. En vérité, il est si haut qu'on n'aperçoit même pas la surface des flots, aussi loin que le regard de nos deux amis puisse porter. Ils plongent à une vitesse délirante vers... rien du tout, et la coque du paquebot à côté d'eux semble infinie. Cramponnés l'un à l'autre, leur unique peur pour le moment est que leurs mains se perdent, et qu'ils soient condamnés à errer seuls dans les limbes. Le vent siffle dans leurs oreilles, et la chevelure de Linoï vole en formant de grandes mèches folles qui fouettent les bras du voleur. Le souffle d'air colle leurs paupières, et ils n'ont d'autre choix que de s'abandonner à la chute, où qu'elle puisse les mener.



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Modérateurs: SanKundïnZarathoustra
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