file Improvisation.

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il y a 16 ans 10 mois #13794 par Vuld Edone
Improvisation. a été créé par Vuld Edone
Un conte de Noël totalement improvisé en une heure, sur un coup de tête.

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Il était une fois une pierre, perdue au fond de la mer, et qui pleurait. Mais personne ne pouvait le voir, parce que les larmes se confondaient à l'eau environnante, et la pauvre pierre restait avec sa tristesse.
Elle ne disait rien, cette bonne pierre, pour ne pas gêner sa congénère, une petite mousse toute discrète qui lui faisait un chapeau léger, d'un vert envié. La mousse attirait à elle les poissons, et les poissons causant entre eux donnaient de la compagnie à la pierre. Or la petite mousse ne demandait rien en retour, et ne disait rien du mal qui la rongeait, les poissons lui arrachant chaque fois quelques morceaux. De ce terrible sort, elle se gardait d'en rien révéler.
Or la pierre, hier, avait tout découvert. Un humain pêchant tout près avait vu les poissons rassemblés, les avait chassé de la main, du geste avait touché la pierre. Elle savait avoir eu là la petite mousse, mais la main la toucha, aussi devina-t-elle que sa congénère avait diminué, et depuis ayant compris le terrible drame, elle s'en lamentait.

Or le même pêcheur qui l'avait touchée revint le lendemain, espérant trouver des poissons au même endroit. Ceux-ci arrivaient en défilant, gros, épais, des rouges, des bleus, des rayés, des strillés, ceux à barbes et à barbichettes, qui agitaient leurs nageoires avec fierté. Les poissons se réunissaient autour de la pierre, prêts à dévorer la mousse, quand la pierre les supplia :
"S'il vous plait, allez parler plus loin ! Je me sens mal aujourd'hui, je souffrirais de votre conversation."
Elle parlait ainsi pour ne pas révéler à la mousse qu'elle avait percé son secret, ce qui l'aurait attristée. Toutes deux avaient beaucoup d'attention pour l'autre, et se mentaient ainsi mutuellement. Mais les poissons, eux, n'en avaient aucun :
"Que nous importe, pierre, ce que vous pensez ! Ne bougez pas, nous ferons à notre aise."
Ils se jetèrent sur la mousse, mais le pêcheur les chassa alors, sa main passa parmi eux, les saisit, les repoussa, ils se dispersèrent. Et le pêcheur, tout à son activité, toucha encore la pierre, et ses doigts glissèrent dessus, comme une caresse.
"Qu'il est bon, cet homme," se dit la pierre, "de chasser ces maudits poissons !" Elle le laissa faire, mais ses larmes ne cessèrent pas, car les poissons reviendraient le lendemain.

Ils revinrent, sûrs de n'être plus dérangés. Ils s'étaient arrangés pour brouiller les pistes, avaient fait le mort sur le chemin, avaient même titillé les hameçons pour faire accroire, et tant tournoyé, que personne cette fois ne pouvait plus les déranger. Et la pierre les voyant venir se lamentait :
"Ils vont me prendre ma congénère, je la perdrai ! Et cette fois personne ne viendra la protéger ! Si je pouvais le faire, mais je ne suis qu'une pierre, trop dure avec moi-même pour bouger."
Car elle était lourde, en effet. Mais voilà les poissons, elle veut les feinter :
"Malheureux, n'approchez pas ! Vos discussions m'ont rendues malade, je vous contaminerais." Ils n'en croient mot, elle insiste : "Vous deviendriez verts, vous vous couvriez de pustules, puis vous réduiriez à rien ! S'il vous plait, repartez !"
Ils n'écoutèrent pas. Les plus empressés la becquetaient pour se jouer d'elle :
"Nous allons vous soigner, ma pauvre ! Ne bougez pas, et laissez-nous faire." Ils ajoutaient : "Quoi, tous ces efforts pour s'assurer la tranquillité et il faudrait repartir ?"
Et la pierre sentit ses larmes venir, l'inonder. Or les poissons se lançaient à la curée, de qui aurait le meilleur morceau. La mousse impassible subissait leur assaut, et sans rien dire allait se laisser déchirer.
Mais le pêcheur était le plus malin. Au lieu de les suivre, il les avait attendu ici, et les voyant réunis, se jeta sur eux ! Ce fut la débandade. Il les chassa si durement que plusieurs en perdirent leurs couleurs, et verts de peur, détalèrent. Et la pierre louait ce pêcheur providentiel, qui protégeait ainsi sa précieuse congénère !

Le troisième jour elle se crut tranquille. Nulle part les poissons ne se montraient, et elle restait à admirer les algues, dans le silence de la mer. La pierre en regrettait presque ces discussions qui l'occupaient, elle s'ennuyait, elle s'en plaignait presque, mais avec plaisir. La peur s'en allait, elle oubliait même le danger qu'avait toujours couru sa congénère la mousse.
Mais les poissons vinrent, seulement plus tard, pour tromper le pêcheur. Ils s'étaient donnés rendez-vous, sûrs d'être en paix cette fois, et se vantaient de leur plan imparable. En les voyant apparaître, la pauvre pierre s'alarma. Elle céda presque au désir de crier. Elle ne voulait pas perdre ce beau chapeau vert !
Les poissons tournèrent autour d'elle, la saluèrent, lui racontèrent leur manigance, qui tiendrait à l'écart le pêcheur. Et vraiment, ils guettaient, fouillaient les environs, revenaient fiers de ne pas le trouver. La pierre était au comble du désespoir. "N'y aura-t-il personne pour me sauver ?" Et elle leur parlait :
"Pauvres poissons, mais vous êtes encore pâle de votre dernière peur. Quelle imprudence ! Vous êtes convalescents, retournez chez vous vous reposer." Elle les voyait qui tournaient, et parlait avec espoir : "Vous avez été bien remué d'émotion, pensez à vous reposer, prenez une cure. Allez boire des tisanes, plutôt que de discuter." Et croyant les voir indécis : "Du reste, cette eau salée ne vous réussit pas, je le sais, elle ne vous fait que du mal. Songez que je ne veux que votre bien."
Or les poissons ne l'écoutèrent pas, se jetèrent sur la petite mousse, et cette fois, la déchiquetèrent. Ils en tiraient des lambeaux, qui volaient dans l'eau, retombaient lentement, qu'ils happaient. La pierre fondit en larmes, ne sachant plus que faire, elle balbutiait. Cependant les plus vieux poissons lui répondaient :
"Nous savons comment faire pour nous porter bien. Nous savons les meilleurs régimes pour cela." A ce jeu les jeunes suivaient : "Vous dites nous plaindre mais vous restez de pierre, à croire que vous ne nous aimez pas. Enfin, c'est la troisième fois que vous nous dites de partir !" Enfin tous en choeur, cruels : "Ce doit être cette eau salée qui vous aveugle ! Laissez-nous vous aider, et bientôt, nous en répondons, vous ne vous sentirez plus de poids."
Ils faisaient bonne chair, tandis qu'elle se lamentait. Ses larmes se noyaient dans l'eau, elle-même suffoquait. Elle devinait la douleur de sa congénère, souffrait encore plus qu'elle, et surtout de ne rien lui dire, ou de ne pas pouvoir partager son sort.

Le miracle arriva. Le pêcheur ce jour-là avait du retard, car il faisait plus froid et que l'eau l'engourdissait. Il trouva le banc de poisson rassemblé, rentra dedans, le chassa avec assez de force pour en prendre la moitié ! Il les fauchait de la main, toujours touchait la pierre, la caressait vivement et égaillait les poissons pris de panique. Elle pleurait de joie, la pierre ! Elle tira son chapeau à ce pêcheur, l'aurait volontiers embrassé !
Les poissons n'y revinrent plus, et la pierre cessa de pleurer. Elle se souvenait de toutes les caresses du pêcheur, de sa bravoure, de ses mérites, et se félicitait d'avoir sauvé sa congénère la mousse. Cette dernière n'en disait mot. Elles se cachaient toutes deux les émotions, les souffrances qu'elles avaient traversées ensemble.
Mais le froid vint, lui, implacable. Au fond de la mer, il se fit mordant, et la mousse en souffrit. Elle se taisait toujours, mais soufflait à peine, et fébrile, tremblait à chaque fois qu'une vague sous-marine la touchait. Il semblait que dans la mer il neigeait, que des flocons vraiment s'y abattaient. La pierre pleura de plus belle, mais toujours l'eau environnante empêchait de le voir.

Alors le pêcheur revint.

Dans son costume de bain rouge et blanc, et barbu par la vieillesse, il atteignit la pierre, la tira, l'emporta avec lui, à sa maison. Ce fut un voyage merveilleux, pour la pierre qui n'était jamais partie de chez elle. Elle voyait parfois passer un poisson, une raie, un crabe, et les saluait. Ils sortirent de l'eau, et sous la neige qui tombait, se réfugièrent dans la maison de bois. Elle était grande et chaleureuse, il y brûlait un bon feu. Ses murs étaient couverts de papier peint.
"Regarde, famille !" Lança le pêcheur à cette dernière. "Voici la pierre où j'ai trouvé mes meilleurs poissons ! Elle sera parfaite pour décorer notre maison !"
Il faisait ce cadeau à sa famille, il avait même plongé dans les eaux glaciales pour cette occasion. Toute la famille s'empressait, regardait la pierre et son beau chapeau en mousse verte, et la caressaient. Vraiment, la pierre était heureuse, et même après, quand les caresses cessèrent, elle profita encore des discussions des humains.

Mais la pierre déchanta vite. Elle qui avait tout demandé, elle s'était mal conduite. Elle vit défiler devant elle nombre de poissons roussis, aux écailles craquantes, et leur oeil éteint. Elle se sentit coupable, soudain, et demanda à la mousse, sa congénère :
"Je souffre pour ces poissons que le pêcheur tue et mange, avec sa famille. Mais pourtant, je ne devrais pas."
La mousse s'offusqua, pour la première fois depuis toujours, et dit :
"Enfin, chère amie, souffrez, c'est bien normal ! Je suis en peine pour leur sort, je voudrais encore pouvoir leur donner de ma chair pour les nourrir, comme je le faisais autrefois."
La pierre, ébahie :
"Comment ?! Vous vouliez donc qu'ils vous dévorent, et vous les y invitiez ?! Mais ils étaient si cruels !"
La mousse, d'un ton calme :
"Amie, je vous fais aujourd'hui ce cadeau empoisonné : je mourrai aujourd'hui. La chaleur de cette maison me dessèche, j'y perds mes dernières forces. Mais je vous vois heureuse ici, et cela me suffit."
Mais la pierre :
"Oh non ! Ne me dites pas cela, j'en serais si triste !"
Et la mousse :
"Vous l'avez été si longtemps avec ces poissons ! Je sentais le sel de vos larmes et j'aurais voulu vous caresser pour les faire cesser, mais je ne savais pas le faire. J'ai fait des cadeaux à tous, à vous, aux poissons, au pêcheur, et tous en ont pâtis. Vraiment, j'en suis désolée, et j'espère que désormais vous vivrez heureuse, comme tous en ce monde."
La pierre émue ne trouva rien à y redire. Elle ne sut que penser, mais à cet instant ne se sentait pas la force de faire des reproches. Elle aurait pu dire, cette pierre, s'il lui était resté la masse pesante de sa pensée, que ce comportement ridicule n'amenait que la misère, qu'il fallait penser à soi, qu'enfin elle avait agi comme une sotte ! Forte de cette vérité, la pierre se serait sentie blindée.
Mais la mousse allait mourir dans quelques instants, et la pierre se rendit compte à quel point elle avait été égoïste. Elle se sentit coupable, et pour la première fois, fit un cadeau : elle offrit pour la faire revivre ses larmes d'eau douce à la mousse.

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il y a 16 ans 10 mois #13801 par Krycek
Réponse de Krycek sur le sujet Re: Improvisation.
Avant même de lire ce texte :

Fufu qui nous présente un récit de Noël, tombé dans le consumérisme ainsi ?! Bah, encore une histoire de renard singeant une fillette qui dépéri sous un pont. L'étoile de Noël se penche sur son berceau/cadie rouillé et lui offre des tonnes de cadeaux qu'elle ne pourra utiliser faute d'électricité... hum... allez, je me lance.

Après lecture :

Rapidement :

- Il manque un petit titre (bon c'est pas constructif).
- On retrouve en effet la "Magie de Noël", cette touche marketing si chère (toujours pas constructif).

En fait, il faudrait revoir le début afin d'être plus court, plus concis dans ta description des évènements, que l'on ne se perde pas entre les protagonistes ou les répétitions (qui pallient au premier problème).

Que pourrai-je dire de plus ? Cette improvisation a le potentiel de devenir une petite fable.

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il y a 16 ans 10 mois #13804 par San
Réponse de San sur le sujet Re: Improvisation.
Bon, c'est pas très courageux de commencer cette MAJ par un texte hors-MAJ, mais que voulez-vous, on ne résiste pas à un texte de Noël.

J'ai attendu pendant tout le texte un petit "pierre qui roule" ou un "n'amasse pas mousse" mais finalement je suis soulagée qu'il n'en soit rien. Cette pierre ne roule pas. Même si la mousse, tout ça... Bon, bref.

Je crois que les personnages faits de cailloux (oui je sais c'est une pierre, mais céunpeupareilquandmême) et de petits bouts de mousse, autrement dit les personnages en mousse (hahaha quel jeu de mot incroyable vraiment!) ou en pierre ou en bois ou en... tissu... Et bien ils me déconcertent. C'est très personnel, je ne peux que les trouver à mourir de rire :D ?
Donc, je n'arrive pas (et ne veux pas vraiment, enfin c'est une autre histoire) à dépasser la phase burlesque. Je te laisse deviner la longueur de mon commentaire, inversement proportionnelle à la tranche de rigolade payée en imaginant la pierre qui parle à son chapeau en mousse XD (enfin rien à deviner, tu le vois sûrement déjà en entier, alors que je ne sais pas encore comment je vais bien pouvoir le finir...)

Le titre est un point de l'ordre du détail mais intéressant parce que tout texte a, j'y crois très fort, un titre. Si celui-là n'en a pas, c'est sûrement que tu ne l'as pas encore trouvé, je t'incite donc à redoubler d'efforts. ;)
Pour ce qui est de la morale,...[size=75:29zm5d9q] je l'ai pas bien comprise[/size] forcément, j'étais encore et toujours coincée sur l'image de la pierre à l'air ébahi quand le pêcheur vient la prendre entre ses petits doi-doigts ^^ Même qu'elle est toute angoissée à l'idée qu'il la lâche et elle lui mordille un peu le pouce comme ça *cronch cronch* pour s'assurer que c'est un vrai pêcheur. Et pis...

Bon en tout cas c'est un super conte ^^ (pourquoi de Noël, ça, j'ai bien cru voir un bonhomme en rouge et blanc mais franchement c'est un pêcheur et le papa Noël c'est certainement pas un pêcheur, hein les enfants !!)
Je le garderai au chaud et quand j'aurai des enfants je leur raconterai ce conte et Fufu', je te dirai s'ils ont ri autant que moi. :)

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il y a 16 ans 10 mois #13806 par Krycek
Réponse de Krycek sur le sujet Re: Improvisation.

San écrit: Je le garderai au chaud et quand j'aurai des enfants je leur raconterai ce conte

Enorme ! Je me suis dit la même chose. Mais avant tout j'attendrai le titre et un remaniement façon fable (qui est plus dans la veine actuelle qu'un conte, à la façon dont il est écrit).

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