Fléau 4
- Vuld Edone
- Auteur du sujet
- Hors Ligne
Réduire
Plus d'informations
- Messages : 2178
il y a 12 ans 3 mois - il y a 12 ans 3 mois #18257
par Vuld Edone
Fléau 4 a été créé par Vuld Edone
Je n'arriverai pas à finaliser une nouvelle version du premier chapitre de Fléau d'ici au soir du premier août. Je dois en être à mon cinquième sixième jet et c'est encore un échec.
Par contre, comme ce jet est proche d'un défi qu'on m'avait donné, d'expliquer exhaustivement en une page toutes les conséquences de Toussenel mettant un pied sur le quai de Titly, je vous le donne à lire.
Ce jet-ci est inspiré du journal de terrain. L'échec est simple. On s'ennuie énormément. Toussenel pense trop et on se perd dans sa pensée.
Mais. Toussenel est vraiment terrorisé. Une bête aux abois. Comment montrer ça, avec un personnage d'apparence calme, dans un village d'apparence calme, sans autre cause que la seule logique pour s'alarmer.
J'ai même fait intervenir des militaires. Je ne sais plus quoi tenter.
Arrivée en gare, le ciel est gris. Plus précisément, de grisaille. Je descends le marchepied et aussitôt j'ai une impression de vertige.
La rigueur me force ici, bien plus que la pertinence ne le voudrait, à rapporter au plus près le raisonnement qui m'a alors saisi et qui allait constituer ma première expérience à Titly. Pour l'expliquer je ne dois négliger aucune piste, et remonter aussi loin que les attentes qui s'étaient formées en moi à l'idée de découvrir ce village. Il ne s'agit pas seulement d'être exhaustif : ce raisonnement va sembler hautement absurde, même une fois déroulé, et pour expliquer comment j'en suis arrivé à la conclusion que j'étais mort il faut non seulement considérer toutes les informations à disposition, mais également l'accès à ces informations. Après quoi je discuterai les résultats.
Instantanément, je cherche la cause du vertige. Ce malaise à la descente, comparable à une chute, est le même que dans un escalier quand on anticipe une marche en trop ou en manque. Il y a une marche du marchepied au quai et une marche du quai aux rails. D'où conclusions.
Non, je n'allais rien conclure d'un détail au final mineur puisque je n'avais aucune raison de conclure. Je reporte alors mon attention sur la gare et tout de suite, je compte le nombre de quais. Il y a six voies. L'idée me vient que c'est impossible. C'est logiquement impossible. Aussitôt je me suis aperçu que les poutres des quais étaient rouillées. La gare n'est pas rénovée, voire, pas entretenue. J'échappe à mon raisonnement le temps de regarder au-delà de la gare, le reste de la ville. Je dirai plus loin pourquoi je l'ai fait mais sur le moment, j'observe juste que c'est Titly, avec ses tuiles d'ocre, puis je reviens aux quais et je raisonne comme suit : le train s'est arrêté à Titly, donc, la gare est forcément rénovée. C'est une évidence.
Toujours pour ne pas induire en erreur, je suis forcé de préciser que ce raisonnement n'est pas forcément celui qui s'est effectivement produit. Mais tant que je n'aurai pas pu démontrer qu'il y a eu jeu d'association, je suis forcé d'expliquer la chaîne causale par une logique classique.
En d'autres termes, je n'étais même pas encore tout à fait à Titly que déjà je repère trois contradictions. La quatrième, la plus flagrante, ne m'est apparue qu'ensuite, quand mon regard s'est tourné sur le côté, pour englober mon quai et la longueur du train. Toutes les portes du train étaient ouvertes et j'ai entendu le coup de sifflet du chef de train, du côté de la locomotive. Je dois me forcer à raisonner que j'ai entendu un coup de sifflet sans voir de chef de train, que j'ai vu des portes ouvertes sans voir personne descendre ni monter. J'en conclus qu'il n'y a personne, donc, que la gare est vide. Ce n'est pas la même chose. S'il n'y a personne, il n'y a personne, personne n'avait besoin de monter ou de descendre à part moi et rien n'est plus normal que cette absence de gens. Si la gare est vide, cela signifie qu'il aurait dû y avoir quelqu'un.
Ne serait-ce que parce qu'il y a moi.
Très vite, j'en conclus qu'il n'y a pas de train. Le train est là, je regarde par les vitres s'il y a des passagers. Je n'en vois pas. Je sais qu'il y en a. Il y a mille excuses pour que je ne les aie pas vus, pour que je n'aie pas vu le chef de train, pour qu'il n'y ait personne et que je sois seul sur le quai de gare. Mille excuses pour expliquer que je me fais des idées. C'est à cet instant précis, juste avant que les portes ne se referment toutes en même temps, que je me rappelle m'être détourné de mon raisonnement pour regarder au-delà de la gare, le reste de la ville. Pas un oiseau, pas une rumeur, rien qu'un bruit de nuage et les grondements de la locomotive. Je sais à présent avec certitude que, contrairement à toutes les contradictions précédentes, celle-ci ne pourra pas être résolue.
Instantanément, je réalise que si elle ne peut pas être résolue, c'est qu'il y a une raison. Heureusement – je me force à écrire ce mot, je dirais plutôt malencontreusement – les portes se ferment et le train se remet en marche. Je me mets à marcher avec lui, jusqu'à ce qu'il me sème. Tant qu'il ne m'a pas semé, j'ai arrêté de réfléchir. Quand il m'a semé, à mesure qu'il s'éloigne j'en arrive à la conclusion qu'il n'y a jamais eu de train. Cela résout la contradiction. Je suis la preuve vivante du contraire mais peu importe, cela résout la contradiction. Parce que j'ai pu toucher un instant aux conséquences si la contradiction n'avait pas été résolue, et que j'avais dû en explorer la cause. La conclusion, qu'il n'y a jamais eu de train, se répètera encore deux à quatre fois tandis que je descends les marches du passage sous voies.
Outre l'humidité, ce passage a un éclairage froid qui empêche la lumière du jour d'y jeter ses ombres. C'est, au plus près, la formulation que je me suis faite en le découvrant. Ce passage souterrain, c'est un abri. Pour la première fois depuis mon arrivée, je ne me sens plus en danger.
Notons ce que ça n'implique pas. Ca n'implique pas que je me sentais en danger. Ca n'implique pas que je me sois cru en danger. Cela implique seulement qu'une fois dans le souterrain je ne me suis plus senti en danger.
Dire qu'il y a là une présupposition est une faute de logique grave.
En termes de choix, outre les escaliers et rampes menant aux différents quais, le souterrain ouvre des deux côtés, sur les hauteurs du village ou sur le bâtiment de la gare. Je sais qu'il me faut me rendre au bâtiment de la gare sans trouver la moindre raison pour le faire, sinon que c'est le choix le plus rationnel. Cela me fait rire, de songer que le choix le plus rationnel est aussi celui le plus dénué de raison. Il va de soit. Et en le prenant je me demande si j'ai vraiment le choix. Je note alors que, plus que la nécessité de prendre cette direction, c'est de voir que le côté du bâtiment de la gare est moins éclairé qui m'a poussé à me rendre là-bas qui me persuade qu'il n'y a, en fait, dans ce choix rien de rationnel.
La conclusion était évidente. Je ne pouvais simplement pas me la faire. J'avais œuvré très précisément pour ne pas avoir à me la rendre explicite. Trichons, et venons-y directement.
Une fois sur le quai, j'étais terrorisé. Il suffira d'observer mon raisonnement, d'observer que j'étais isolé, seul sur le quai, d'observer que j'avais suivi le train comme un automate, mécaniquement, d'observer enfin tous les moments où le raisonnement paraît inexplicable, les conclusions irrationnelles, et voir que toutes s'expliquent pour peu qu'on admette cette prémisse, pour confirmer sans peine que j'étais bel et bien terrorisé. Toutes ces soit-disant contradictions n'étaient que des excuses pour expliquer cette terreur dont la cause pouvait être ou incroyablement triviale, ou follement lucide. Je venais d'arriver dans un village que je ne connaissais pas, je m'étais donné une tâche qui me dépassait complètement et j'allais rencontrer un ami pour la première fois, et que je n'avais connu qu'à travers ses lettres.
Ce qui m'effrayait tant, c'était à quel point Titly ressemblait mot pour mot à ses lettres.
Il suffit alors de comprendre que, si j'ai conclu que le train n'existait pas, c'était pour que le village de Titly, lui, existe. Il fallait que le train n'existe pas, sans quoi il n'y avait pas de quai, d'où le vertige, il n'y avait personne parce qu'il n'y avait personne et n'étant plus nulle part je n'existais plus. J'étais donc, techniquement, mort. Je dirai ici avec beaucoup de calme que non seulement l'idée que le village n'existe pas est risible, surtout après l'avoir foulé du pied et vu de mes propres yeux, mais que l'idée d'être mort, puisque j'avais encore tous les avantages de la vie, ne me dérangeait pas. Mais si j'étais mort, alors mon ami aussi.
Et cela, je n'étais pas prêt à l'admettre.
Nier un absurde par un absurde peut sembler ridicule, mais c'est ce que j'ai fait. J'ai nié que Titly n'existe pas en niant que le train existe, et puisque le train allait disparaître de toute manière, repartant pour le sud, cette conclusion fausse ne prêterait pas à conséquence. Dans un sens très étroit, immédiat, elle était tout à fait exacte. Mais je n'ai jamais nié qu'il n'y ait pas de train, en niant que Titly existe. Parce qu'il n'y a pas eu de raisonnement pour cet autre absurde. Le vertige n'était dû à rien d'autre qu'à cette inconsciente idée que Titly, le nom même, l'idée de Titly était sur le point de s'évaporer dans la grisaille du ciel.
Par contre, comme ce jet est proche d'un défi qu'on m'avait donné, d'expliquer exhaustivement en une page toutes les conséquences de Toussenel mettant un pied sur le quai de Titly, je vous le donne à lire.
Ce jet-ci est inspiré du journal de terrain. L'échec est simple. On s'ennuie énormément. Toussenel pense trop et on se perd dans sa pensée.
Mais. Toussenel est vraiment terrorisé. Une bête aux abois. Comment montrer ça, avec un personnage d'apparence calme, dans un village d'apparence calme, sans autre cause que la seule logique pour s'alarmer.
J'ai même fait intervenir des militaires. Je ne sais plus quoi tenter.
****
Arrivée en gare, le ciel est gris. Plus précisément, de grisaille. Je descends le marchepied et aussitôt j'ai une impression de vertige.
La rigueur me force ici, bien plus que la pertinence ne le voudrait, à rapporter au plus près le raisonnement qui m'a alors saisi et qui allait constituer ma première expérience à Titly. Pour l'expliquer je ne dois négliger aucune piste, et remonter aussi loin que les attentes qui s'étaient formées en moi à l'idée de découvrir ce village. Il ne s'agit pas seulement d'être exhaustif : ce raisonnement va sembler hautement absurde, même une fois déroulé, et pour expliquer comment j'en suis arrivé à la conclusion que j'étais mort il faut non seulement considérer toutes les informations à disposition, mais également l'accès à ces informations. Après quoi je discuterai les résultats.
Instantanément, je cherche la cause du vertige. Ce malaise à la descente, comparable à une chute, est le même que dans un escalier quand on anticipe une marche en trop ou en manque. Il y a une marche du marchepied au quai et une marche du quai aux rails. D'où conclusions.
Non, je n'allais rien conclure d'un détail au final mineur puisque je n'avais aucune raison de conclure. Je reporte alors mon attention sur la gare et tout de suite, je compte le nombre de quais. Il y a six voies. L'idée me vient que c'est impossible. C'est logiquement impossible. Aussitôt je me suis aperçu que les poutres des quais étaient rouillées. La gare n'est pas rénovée, voire, pas entretenue. J'échappe à mon raisonnement le temps de regarder au-delà de la gare, le reste de la ville. Je dirai plus loin pourquoi je l'ai fait mais sur le moment, j'observe juste que c'est Titly, avec ses tuiles d'ocre, puis je reviens aux quais et je raisonne comme suit : le train s'est arrêté à Titly, donc, la gare est forcément rénovée. C'est une évidence.
Toujours pour ne pas induire en erreur, je suis forcé de préciser que ce raisonnement n'est pas forcément celui qui s'est effectivement produit. Mais tant que je n'aurai pas pu démontrer qu'il y a eu jeu d'association, je suis forcé d'expliquer la chaîne causale par une logique classique.
En d'autres termes, je n'étais même pas encore tout à fait à Titly que déjà je repère trois contradictions. La quatrième, la plus flagrante, ne m'est apparue qu'ensuite, quand mon regard s'est tourné sur le côté, pour englober mon quai et la longueur du train. Toutes les portes du train étaient ouvertes et j'ai entendu le coup de sifflet du chef de train, du côté de la locomotive. Je dois me forcer à raisonner que j'ai entendu un coup de sifflet sans voir de chef de train, que j'ai vu des portes ouvertes sans voir personne descendre ni monter. J'en conclus qu'il n'y a personne, donc, que la gare est vide. Ce n'est pas la même chose. S'il n'y a personne, il n'y a personne, personne n'avait besoin de monter ou de descendre à part moi et rien n'est plus normal que cette absence de gens. Si la gare est vide, cela signifie qu'il aurait dû y avoir quelqu'un.
Ne serait-ce que parce qu'il y a moi.
Très vite, j'en conclus qu'il n'y a pas de train. Le train est là, je regarde par les vitres s'il y a des passagers. Je n'en vois pas. Je sais qu'il y en a. Il y a mille excuses pour que je ne les aie pas vus, pour que je n'aie pas vu le chef de train, pour qu'il n'y ait personne et que je sois seul sur le quai de gare. Mille excuses pour expliquer que je me fais des idées. C'est à cet instant précis, juste avant que les portes ne se referment toutes en même temps, que je me rappelle m'être détourné de mon raisonnement pour regarder au-delà de la gare, le reste de la ville. Pas un oiseau, pas une rumeur, rien qu'un bruit de nuage et les grondements de la locomotive. Je sais à présent avec certitude que, contrairement à toutes les contradictions précédentes, celle-ci ne pourra pas être résolue.
Instantanément, je réalise que si elle ne peut pas être résolue, c'est qu'il y a une raison. Heureusement – je me force à écrire ce mot, je dirais plutôt malencontreusement – les portes se ferment et le train se remet en marche. Je me mets à marcher avec lui, jusqu'à ce qu'il me sème. Tant qu'il ne m'a pas semé, j'ai arrêté de réfléchir. Quand il m'a semé, à mesure qu'il s'éloigne j'en arrive à la conclusion qu'il n'y a jamais eu de train. Cela résout la contradiction. Je suis la preuve vivante du contraire mais peu importe, cela résout la contradiction. Parce que j'ai pu toucher un instant aux conséquences si la contradiction n'avait pas été résolue, et que j'avais dû en explorer la cause. La conclusion, qu'il n'y a jamais eu de train, se répètera encore deux à quatre fois tandis que je descends les marches du passage sous voies.
Outre l'humidité, ce passage a un éclairage froid qui empêche la lumière du jour d'y jeter ses ombres. C'est, au plus près, la formulation que je me suis faite en le découvrant. Ce passage souterrain, c'est un abri. Pour la première fois depuis mon arrivée, je ne me sens plus en danger.
Notons ce que ça n'implique pas. Ca n'implique pas que je me sentais en danger. Ca n'implique pas que je me sois cru en danger. Cela implique seulement qu'une fois dans le souterrain je ne me suis plus senti en danger.
Dire qu'il y a là une présupposition est une faute de logique grave.
En termes de choix, outre les escaliers et rampes menant aux différents quais, le souterrain ouvre des deux côtés, sur les hauteurs du village ou sur le bâtiment de la gare. Je sais qu'il me faut me rendre au bâtiment de la gare sans trouver la moindre raison pour le faire, sinon que c'est le choix le plus rationnel. Cela me fait rire, de songer que le choix le plus rationnel est aussi celui le plus dénué de raison. Il va de soit. Et en le prenant je me demande si j'ai vraiment le choix. Je note alors que, plus que la nécessité de prendre cette direction, c'est de voir que le côté du bâtiment de la gare est moins éclairé qui m'a poussé à me rendre là-bas qui me persuade qu'il n'y a, en fait, dans ce choix rien de rationnel.
La conclusion était évidente. Je ne pouvais simplement pas me la faire. J'avais œuvré très précisément pour ne pas avoir à me la rendre explicite. Trichons, et venons-y directement.
Une fois sur le quai, j'étais terrorisé. Il suffira d'observer mon raisonnement, d'observer que j'étais isolé, seul sur le quai, d'observer que j'avais suivi le train comme un automate, mécaniquement, d'observer enfin tous les moments où le raisonnement paraît inexplicable, les conclusions irrationnelles, et voir que toutes s'expliquent pour peu qu'on admette cette prémisse, pour confirmer sans peine que j'étais bel et bien terrorisé. Toutes ces soit-disant contradictions n'étaient que des excuses pour expliquer cette terreur dont la cause pouvait être ou incroyablement triviale, ou follement lucide. Je venais d'arriver dans un village que je ne connaissais pas, je m'étais donné une tâche qui me dépassait complètement et j'allais rencontrer un ami pour la première fois, et que je n'avais connu qu'à travers ses lettres.
Ce qui m'effrayait tant, c'était à quel point Titly ressemblait mot pour mot à ses lettres.
Il suffit alors de comprendre que, si j'ai conclu que le train n'existait pas, c'était pour que le village de Titly, lui, existe. Il fallait que le train n'existe pas, sans quoi il n'y avait pas de quai, d'où le vertige, il n'y avait personne parce qu'il n'y avait personne et n'étant plus nulle part je n'existais plus. J'étais donc, techniquement, mort. Je dirai ici avec beaucoup de calme que non seulement l'idée que le village n'existe pas est risible, surtout après l'avoir foulé du pied et vu de mes propres yeux, mais que l'idée d'être mort, puisque j'avais encore tous les avantages de la vie, ne me dérangeait pas. Mais si j'étais mort, alors mon ami aussi.
Et cela, je n'étais pas prêt à l'admettre.
Nier un absurde par un absurde peut sembler ridicule, mais c'est ce que j'ai fait. J'ai nié que Titly n'existe pas en niant que le train existe, et puisque le train allait disparaître de toute manière, repartant pour le sud, cette conclusion fausse ne prêterait pas à conséquence. Dans un sens très étroit, immédiat, elle était tout à fait exacte. Mais je n'ai jamais nié qu'il n'y ait pas de train, en niant que Titly existe. Parce qu'il n'y a pas eu de raisonnement pour cet autre absurde. Le vertige n'était dû à rien d'autre qu'à cette inconsciente idée que Titly, le nom même, l'idée de Titly était sur le point de s'évaporer dans la grisaille du ciel.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Zarathoustra
- Hors Ligne
Réduire
Plus d'informations
- Messages : 2081
il y a 12 ans 3 mois - il y a 12 ans 3 mois #18258
par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Fléau 4
Tu veux qu'on te dise comment faire? C'est assez diffile si on ne sait pas où tu veux arriver précisément (je veux dire au delà de ce passage).
Tu trouves le texte ennuyeux? En fait, il a un côté très théorique et le personnage reste étranger au lecteur. Il manque ffectivement quelque chose qui caperais immédiatement l'attention. Ce détail est pourtant dans ton texte. Pour moi c'est:
Pour avoir une idée si je suis sur la bonne longueur d'onde que toi, je propose une alternative à ton début. Je n'ai pas la prétention de savoir ce que tu veux faire et si ce que je fais est mieux. Je sais juste que je procéderais de la sorte pour capter l'attention du lecteur et l'amener dans mon jeu.
Ca corresponderait à tes deux premiers paragraphe, sachant que je ne dis pas tout ce que tu dis dans le second, dans la mesure où cela me parait trop rethorique, même si je suppose que c'est volontaire.
J'ai essayé de travailler la formulation de la pensée qui se construit. Le fait qu'il puisse y avoir des allers et retours et des erreurs permet de rapprocher le lecteur du personnage. En tout cas à mon sens.
Je ne voulais pas commencer à expliquer mon raisonnement, et pourtant, malgré moi, je l’ai fait. Ce que je viens de dire n’est pas exact. Exact dans le sens où ce ne sont pas des faits. Les faits sont différents de ce que je viens de dire. Pourquoi m’a-t-il été impossible de les dire alors que je voulais m’en tenir strictement à eux ?
Les faits:
Arrivée en gare, le ciel est gris. Plus précisément, de grisaille (ce n’est pas un fait pourtant c’est ce que j’ai pensé à ce moment précis, j’en ai la certitude, Une pensée est-elle un fait ? Je considère que oui si cette pensée permet d’expliquer le reste). Et là, je descends le marchepied et aussitôt j'ai une impression de vertige. Voilà les faits.
Maintenant, après les faits, je dois retranscrire mon raisonnement. Ce raisonnement qui m’a permis d'aboutir à la conclusion qu’au moment où je posais le pied sur Tilty, j’étais mort. Bien sûr, c’est complètement absurde. Pourtant, si l’on accepte le déroulement rigoureux de ma pensée, on ne peut arriver qu’à cette seule conclusion.
Tu trouves le texte ennuyeux? En fait, il a un côté très théorique et le personnage reste étranger au lecteur. Il manque ffectivement quelque chose qui caperais immédiatement l'attention. Ce détail est pourtant dans ton texte. Pour moi c'est:
J'ignore si c'est imprtant pour toi, mais ce détail peut permettre de focaliser l'attention du lecteur si tu le mets en valeur.Plus précisément, de grisaille
Pour avoir une idée si je suis sur la bonne longueur d'onde que toi, je propose une alternative à ton début. Je n'ai pas la prétention de savoir ce que tu veux faire et si ce que je fais est mieux. Je sais juste que je procéderais de la sorte pour capter l'attention du lecteur et l'amener dans mon jeu.
Ca corresponderait à tes deux premiers paragraphe, sachant que je ne dis pas tout ce que tu dis dans le second, dans la mesure où cela me parait trop rethorique, même si je suppose que c'est volontaire.
J'ai essayé de travailler la formulation de la pensée qui se construit. Le fait qu'il puisse y avoir des allers et retours et des erreurs permet de rapprocher le lecteur du personnage. En tout cas à mon sens.
**
*
Arrivé en gare, je découvre le ciel rempli de gris. Pas exactement de gris, de grisaille. Cette grisaille me fait face. J’imagine alors un truc curieux. La grisaille m’attendait. Je sais que c’est impossible. Mais il n’empêche que je l’ai pensé à ce moment précis. Il me reste un pas à faire. Et au moment où je pose mon pied sur le marchepied, je me sens tomber, aspirer vers le vide comme si mes jambes n’avaient plus de force. En fait, je ne tombe pas, c’est juste un vertige. Or je n’ai jamais de vertige.*
Je ne voulais pas commencer à expliquer mon raisonnement, et pourtant, malgré moi, je l’ai fait. Ce que je viens de dire n’est pas exact. Exact dans le sens où ce ne sont pas des faits. Les faits sont différents de ce que je viens de dire. Pourquoi m’a-t-il été impossible de les dire alors que je voulais m’en tenir strictement à eux ?
Les faits:
Arrivée en gare, le ciel est gris. Plus précisément, de grisaille (ce n’est pas un fait pourtant c’est ce que j’ai pensé à ce moment précis, j’en ai la certitude, Une pensée est-elle un fait ? Je considère que oui si cette pensée permet d’expliquer le reste). Et là, je descends le marchepied et aussitôt j'ai une impression de vertige. Voilà les faits.
Maintenant, après les faits, je dois retranscrire mon raisonnement. Ce raisonnement qui m’a permis d'aboutir à la conclusion qu’au moment où je posais le pied sur Tilty, j’étais mort. Bien sûr, c’est complètement absurde. Pourtant, si l’on accepte le déroulement rigoureux de ma pensée, on ne peut arriver qu’à cette seule conclusion.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Vuld Edone
- Auteur du sujet
- Hors Ligne
Réduire
Plus d'informations
- Messages : 2178
il y a 12 ans 3 mois #18259
par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Fléau 4
Mh.
Si tu le permets, et vu que je piétine, laisse-moi spoiler un peu.
Et par spoiler un peu, je veux dire massivement.
Mais avant de spoiler, j'aimerais simplement dire que j'essaie de réduire Fléau à une fanfiction, c'est-à-dire, de tout simplifier en un seul enjeu accessible et en des règles simples pour que le lecteur puisse suivre sans sacrifier ce qui fait Fléau.
J'ai donc besoin d'un enjeu simple, lié à l'activité de Toussenel, et je suppose que le plus simple est de dire qu'il est là pour tuer le renard.
Et j'ai besoin de règles simples, au maximum trois, que le lecteur à travers Toussenel exercera durant tout le texte. Pour le moment, je n'ai trouvé que la "bête traquée", penser en termes de danger et lire dans chaque détail un indice de la menace à venir. Si je peux forcer le lecteur à devenir paranoïaque, j'aurai écrit une bonne fanfic'.
Ce qui suit, tout le spoil, est là pour expliquer de quoi cette simplification ne doit pas trop s'écarter.
Historiquement, l'Atasse est une terre de démons, le pays tout entier était une forteresse chargée d'empêcher les démons de s'échapper. Je passe l'histoire de la forteresse, une fois qu'elle s'est effondrée l'Atasse s'est retrouvé couvert d'arbre, c'est l'époque de Fahron où Hassmann va partir avec sa charrette de pommes. Plus tard, descendant le canal en direction du nord, des colons vont fonder Titly et ça, c'est Lacrima.
Pour le dire simplement Titly a été fondée au milieu des démons.
Époque moderne, l'Atasse entre en guerre avec le Liscord, c'est Chimio' et la guerre Décennique. La ville de Titly va fournir des soldats. Beaucoup. L'Atasse compte environ huit millions d'habitants et va fournir entre trois et cinq millions de troupes. Après sept ans de guerre, l'Atasse perd. Il faudra encore trois ans pour que les troupes reviennent, en centaines de milliers.
Fléau se déroule un à quatre ans après la fin de la guerre. La population de Titly est réduite à une poignée - enfants, vieillards et de rares survivants - le gouvernement d'Atasse, sous Raquin, s'est effondré et avec lui les services publics, dont les trains. Sans le renard, Titly serait une ville fantôme.
La prémisse de Fléau vient du projet Arvis. Toussenel est un logicien engagé par Arvis pour étudier l'opération d'hypothèse. La première ébauche prévoyait qu'il vienne du Beaumont mais il viendra finalement du Liscord.
Il a un ami à Titly, historien, qui lui décrit la ville et lui explique les histoires et légendes de l'Atasse. Avec la guerre, il n'a plus de nouvelles. Ce n'est qu'après que la correspondance reprend et il se fait proposer, à côté, le poste de directeur de projet dans ce village.
Quand il l'annonce à son ami, ce dernier lui renvoie une lettre chargée de sous-entendus, un avertissement. C'est à partir de là qu'il a conscience qu'on est en train de la manipuler.
En somme, quand Toussenel pose le pied sur le quai de Titly, il sait que les trains ne roulent plus, que la ville est morte et qu'elle ne peut pas ressembler aux lettres de son ami. Le premier chapitre est là pour qu'il réalise le mensonge partagé et entretenu par toute la population, et en d'autres termes, la présence du renard.
Tout Fléau n'est plus alors qu'un dialogue entre Toussenel et le renard, au travers des habitants de Titly, de leurs allusions et leurs anecdotes, ainsi que des événements orchestrés visant en même temps à aider Toussenel, en le protégeant et en lui donnant accès à l'information, et à contrôler ses faits et gestes. Une longue traque et pour moi l'occasion de faire visiter l'Atasse, son atmosphère, ses personnages, sa logique et ses enjeux.
Je n'ai pas encore donné toutes les explications du texte, ni ce qui allait s'y dérouler absolument - d'autant que je n'ai pas beaucoup planifié l'histoire - mais après tout cela, énormément des insinuations du premier chapitre devraient être un peu plus claires.
Donc, un enjeu, une à trois règles de lecture, le tout en essayant de ne pas dévier de ces prémisses.
Fléau n'est pas ambitieux et pourtant je ne trouve pas comment l'aborder sans échouer avant même la fin du premier chapitre.
Si tu le permets, et vu que je piétine, laisse-moi spoiler un peu.
Et par spoiler un peu, je veux dire massivement.
Mais avant de spoiler, j'aimerais simplement dire que j'essaie de réduire Fléau à une fanfiction, c'est-à-dire, de tout simplifier en un seul enjeu accessible et en des règles simples pour que le lecteur puisse suivre sans sacrifier ce qui fait Fléau.
J'ai donc besoin d'un enjeu simple, lié à l'activité de Toussenel, et je suppose que le plus simple est de dire qu'il est là pour tuer le renard.
Et j'ai besoin de règles simples, au maximum trois, que le lecteur à travers Toussenel exercera durant tout le texte. Pour le moment, je n'ai trouvé que la "bête traquée", penser en termes de danger et lire dans chaque détail un indice de la menace à venir. Si je peux forcer le lecteur à devenir paranoïaque, j'aurai écrit une bonne fanfic'.
Ce qui suit, tout le spoil, est là pour expliquer de quoi cette simplification ne doit pas trop s'écarter.
Historiquement, l'Atasse est une terre de démons, le pays tout entier était une forteresse chargée d'empêcher les démons de s'échapper. Je passe l'histoire de la forteresse, une fois qu'elle s'est effondrée l'Atasse s'est retrouvé couvert d'arbre, c'est l'époque de Fahron où Hassmann va partir avec sa charrette de pommes. Plus tard, descendant le canal en direction du nord, des colons vont fonder Titly et ça, c'est Lacrima.
Pour le dire simplement Titly a été fondée au milieu des démons.
Époque moderne, l'Atasse entre en guerre avec le Liscord, c'est Chimio' et la guerre Décennique. La ville de Titly va fournir des soldats. Beaucoup. L'Atasse compte environ huit millions d'habitants et va fournir entre trois et cinq millions de troupes. Après sept ans de guerre, l'Atasse perd. Il faudra encore trois ans pour que les troupes reviennent, en centaines de milliers.
Fléau se déroule un à quatre ans après la fin de la guerre. La population de Titly est réduite à une poignée - enfants, vieillards et de rares survivants - le gouvernement d'Atasse, sous Raquin, s'est effondré et avec lui les services publics, dont les trains. Sans le renard, Titly serait une ville fantôme.
La prémisse de Fléau vient du projet Arvis. Toussenel est un logicien engagé par Arvis pour étudier l'opération d'hypothèse. La première ébauche prévoyait qu'il vienne du Beaumont mais il viendra finalement du Liscord.
Il a un ami à Titly, historien, qui lui décrit la ville et lui explique les histoires et légendes de l'Atasse. Avec la guerre, il n'a plus de nouvelles. Ce n'est qu'après que la correspondance reprend et il se fait proposer, à côté, le poste de directeur de projet dans ce village.
Quand il l'annonce à son ami, ce dernier lui renvoie une lettre chargée de sous-entendus, un avertissement. C'est à partir de là qu'il a conscience qu'on est en train de la manipuler.
En somme, quand Toussenel pose le pied sur le quai de Titly, il sait que les trains ne roulent plus, que la ville est morte et qu'elle ne peut pas ressembler aux lettres de son ami. Le premier chapitre est là pour qu'il réalise le mensonge partagé et entretenu par toute la population, et en d'autres termes, la présence du renard.
Tout Fléau n'est plus alors qu'un dialogue entre Toussenel et le renard, au travers des habitants de Titly, de leurs allusions et leurs anecdotes, ainsi que des événements orchestrés visant en même temps à aider Toussenel, en le protégeant et en lui donnant accès à l'information, et à contrôler ses faits et gestes. Une longue traque et pour moi l'occasion de faire visiter l'Atasse, son atmosphère, ses personnages, sa logique et ses enjeux.
Je n'ai pas encore donné toutes les explications du texte, ni ce qui allait s'y dérouler absolument - d'autant que je n'ai pas beaucoup planifié l'histoire - mais après tout cela, énormément des insinuations du premier chapitre devraient être un peu plus claires.
Donc, un enjeu, une à trois règles de lecture, le tout en essayant de ne pas dévier de ces prémisses.
Fléau n'est pas ambitieux et pourtant je ne trouve pas comment l'aborder sans échouer avant même la fin du premier chapitre.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Zarathoustra
- Hors Ligne
Réduire
Plus d'informations
- Messages : 2081
il y a 12 ans 3 mois - il y a 12 ans 3 mois #18260
par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Fléau 4
D'abord, quelque part, ton texte peut se lire sans le spoiler. Donc c'est rasurant pour toi.
Quand tu parles de 6eme jet, faut-il comprendre que tu fais table rase et que tu réecris tout? Cela veut dire que tu n'arrives pas à retravailler un jet ou que tu considère que le produit de ton travail crée une forme trop décallée de ton projet?
Maintenant, ton texte a effectivement une difficulté à se lire d'une traite (je me suis rendu compte que j'avais le même souci avec certains de mes passages. Pour moi, ça va, mais si j'essaie de mettre à la place du lecteur, ça plomve... Et encore, je me suis même trouvé ennuyant). On finit par se distraire. Je pense que cela vient de ton objectif de départ.
Il y a en fait un paradoxe, tu as un background précis, passionnant et excitant. Je suis même impressionné par ta vision d'emsemble de ce que tu écris. Ca a toujours été ma difficulté de te lire. On a toujours l'impression d'être plongé dans un tout dont on n'a pas tout les enants et aboutissants. Mais ici, même si c'est présent, tu nous prends vraiment par la main (limite trop) pour nous expliquer ta démarcghe.
Par rapport à ton autocritique, il y a certainement trop de convergence dans tes intentions très cérébrales et ce style tout en apparence froide. Ton projet littéraire est en quelque sorte de nous faire sentir le volcan sous la banquise. Il y a peut-être trop de convergence vers quelque chose de froid pour resentir la terreur. Le paradoxe est pourtant très excitant et un véritable défi. Mais en donnant un cadre très théorique, en présentatnt un raisonnement analytique, tu oeuvres contre le sentiment et l'affect. Or la peur ou la terreur est une émotion très forte qui s'oppose à ce cadre. Il n'y a rien de plus spontané et intuitif que la terreur. Et l'expliquer, c'est l'amoindrir. On est purement dans le resenti (qui plus dans ce qu'il y a de plus enfoui et primitif chez l'homme). Pour moi, la contradiction est trop forte, tu dois baisser la garde quelque part. C'est pour ça que je te proposais un raisonnement qui ne soit pas linéaire. Même si dans ton texte tu joues avec la logique, tu le fais malgré tout "logiquement".
L'autre point qui éviterais de "s'ennuyer", ce serait de resentir quelque chose pour ton héros, qu'il y ait de l'affect entre lui et le lecteur. Cet affect permettrait de se projeter davantage et peut-être de mieux sentir l'affleurement de la terreur. Parce qu'ici, tu es obligé de le dire littéralement alors que la terreur se resent. Dire "je suis terrifié", c'est moins fort que de le montrer ou de le faire sentir ou partager. Dans un cas on utilise un canal cérébral dans l'autre un canal affectif.
Mais par rapport à ton intention de départ, on sait qu'il faut faire table rase des procédés habituels.Le fait est que si on respecte scrupuleusement tes régles, je ne vois pas comment faire coabiter les deux.
Quand tu parles d'ennui, il y a pourtant une sorte de jeu. Et cela fonctionne parce que ta volonté d'être explicite donne vraiment les régles du jeu. Mais pour moi, il y a un moment un côté redondant dans le fait de nier successivement le décor que tu poses, j'ai fini par comprendre assez vite le principe, puis j'ai eu l'impression que le texte se répétait et perdait en enjeu au moment même où tu en arrives à sa mort. Or ce devrait être le climax du texte car c'est un incroyable fil rouge qui est de dire que ton narrateur est mort. Quelque part, par rapport à ton idée de faire une fanfcition simple, cette idée est sous exploitée. De même, sans doute, l'idée est insuffisamment dit de manière excitante. Le fait que tu veuilles un narrateur calme doit te pousser à trouver autre chose qui "séduide" qu'emplier du raisonnement. Je te le dis en étant moi-même un poussif sur les explications (et mon dernier chapitre en cours me confronte à cette même conclusion: ces passages sont ennuyants).
En fait, derrière ce calme, il manque certainement de la vie pour resentir la mort. Tu exploites l'absence de vie mais ce n'est pas la vie qui n'est plus, si tu vois ce que je veux dire. Or c'est bien cette vie qui n'est plus qui est l'enjeu du texte, non?
Mais j'ai peur que tout ce que je te dis soit abstrait et finalement inutile. Et surtout que ça bloque encore plus ton élan d'écrire. Pourtant ton matériau est vraiment excitant. Quand je me suis lancé pour réinterpréter ton texte, j'avais envie de continuer, mais j'aurais écrit quelque chose qui ne colle pas avec ton plan. Mais ça me tenterais d'écrire un texte avec de telles idées aussi originales qui soient un tel défi.
En fait, je dirais que tu as écris un texte à la première personne comme si tu écrivais un texte à la troisième personne.
Quand tu parles de 6eme jet, faut-il comprendre que tu fais table rase et que tu réecris tout? Cela veut dire que tu n'arrives pas à retravailler un jet ou que tu considère que le produit de ton travail crée une forme trop décallée de ton projet?
Maintenant, ton texte a effectivement une difficulté à se lire d'une traite (je me suis rendu compte que j'avais le même souci avec certains de mes passages. Pour moi, ça va, mais si j'essaie de mettre à la place du lecteur, ça plomve... Et encore, je me suis même trouvé ennuyant). On finit par se distraire. Je pense que cela vient de ton objectif de départ.
Il y a en fait un paradoxe, tu as un background précis, passionnant et excitant. Je suis même impressionné par ta vision d'emsemble de ce que tu écris. Ca a toujours été ma difficulté de te lire. On a toujours l'impression d'être plongé dans un tout dont on n'a pas tout les enants et aboutissants. Mais ici, même si c'est présent, tu nous prends vraiment par la main (limite trop) pour nous expliquer ta démarcghe.
Ce jet-ci est inspiré du journal de terrain. L'échec est simple. On s'ennuie énormément. Toussenel pense trop et on se perd dans sa pensée.
Par rapport à ton autocritique, il y a certainement trop de convergence dans tes intentions très cérébrales et ce style tout en apparence froide. Ton projet littéraire est en quelque sorte de nous faire sentir le volcan sous la banquise. Il y a peut-être trop de convergence vers quelque chose de froid pour resentir la terreur. Le paradoxe est pourtant très excitant et un véritable défi. Mais en donnant un cadre très théorique, en présentatnt un raisonnement analytique, tu oeuvres contre le sentiment et l'affect. Or la peur ou la terreur est une émotion très forte qui s'oppose à ce cadre. Il n'y a rien de plus spontané et intuitif que la terreur. Et l'expliquer, c'est l'amoindrir. On est purement dans le resenti (qui plus dans ce qu'il y a de plus enfoui et primitif chez l'homme). Pour moi, la contradiction est trop forte, tu dois baisser la garde quelque part. C'est pour ça que je te proposais un raisonnement qui ne soit pas linéaire. Même si dans ton texte tu joues avec la logique, tu le fais malgré tout "logiquement".
L'autre point qui éviterais de "s'ennuyer", ce serait de resentir quelque chose pour ton héros, qu'il y ait de l'affect entre lui et le lecteur. Cet affect permettrait de se projeter davantage et peut-être de mieux sentir l'affleurement de la terreur. Parce qu'ici, tu es obligé de le dire littéralement alors que la terreur se resent. Dire "je suis terrifié", c'est moins fort que de le montrer ou de le faire sentir ou partager. Dans un cas on utilise un canal cérébral dans l'autre un canal affectif.
Mais par rapport à ton intention de départ, on sait qu'il faut faire table rase des procédés habituels.Le fait est que si on respecte scrupuleusement tes régles, je ne vois pas comment faire coabiter les deux.
Quand tu parles d'ennui, il y a pourtant une sorte de jeu. Et cela fonctionne parce que ta volonté d'être explicite donne vraiment les régles du jeu. Mais pour moi, il y a un moment un côté redondant dans le fait de nier successivement le décor que tu poses, j'ai fini par comprendre assez vite le principe, puis j'ai eu l'impression que le texte se répétait et perdait en enjeu au moment même où tu en arrives à sa mort. Or ce devrait être le climax du texte car c'est un incroyable fil rouge qui est de dire que ton narrateur est mort. Quelque part, par rapport à ton idée de faire une fanfcition simple, cette idée est sous exploitée. De même, sans doute, l'idée est insuffisamment dit de manière excitante. Le fait que tu veuilles un narrateur calme doit te pousser à trouver autre chose qui "séduide" qu'emplier du raisonnement. Je te le dis en étant moi-même un poussif sur les explications (et mon dernier chapitre en cours me confronte à cette même conclusion: ces passages sont ennuyants).
En fait, derrière ce calme, il manque certainement de la vie pour resentir la mort. Tu exploites l'absence de vie mais ce n'est pas la vie qui n'est plus, si tu vois ce que je veux dire. Or c'est bien cette vie qui n'est plus qui est l'enjeu du texte, non?
Mais j'ai peur que tout ce que je te dis soit abstrait et finalement inutile. Et surtout que ça bloque encore plus ton élan d'écrire. Pourtant ton matériau est vraiment excitant. Quand je me suis lancé pour réinterpréter ton texte, j'avais envie de continuer, mais j'aurais écrit quelque chose qui ne colle pas avec ton plan. Mais ça me tenterais d'écrire un texte avec de telles idées aussi originales qui soient un tel défi.
En fait, je dirais que tu as écris un texte à la première personne comme si tu écrivais un texte à la troisième personne.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Vuld Edone
- Auteur du sujet
- Hors Ligne
Réduire
Plus d'informations
- Messages : 2178
il y a 12 ans 3 mois #18261
par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Fléau 4
C'est amusant, les conseils que tu me donnes sont ceux que je répète constamment aux débutants. Notamment pour "ne pas dire la terreur mais la montrer".
Je ne vais pas trop disserter, juste dire que oui, il faut que je réfléchisse à tout cela. Voir aussi si j'ai vraiment maîtrisé le personnage de Toussenel. Et revoir la grille de lecture (chasse, guerre...).
Fléau est un récit qui m'est très personnel. Il ne pose pas de question comme le ferait Chimio' ou Rohd'rick en son temps.
En fait, récemment, je me suis fait la réflexion que je ne sais plus de quoi je parle, que les canons du Dominant tonnent dans le vide. Ce texte est un peu là pour retrouver ce qui m'est cher.
Le véritable défi, pour moi, est d'enquêter sur ce que j'ai essayé de dire pendant dix ans.
Je ne vais pas trop disserter, juste dire que oui, il faut que je réfléchisse à tout cela. Voir aussi si j'ai vraiment maîtrisé le personnage de Toussenel. Et revoir la grille de lecture (chasse, guerre...).
Fléau est un récit qui m'est très personnel. Il ne pose pas de question comme le ferait Chimio' ou Rohd'rick en son temps.
En fait, récemment, je me suis fait la réflexion que je ne sais plus de quoi je parle, que les canons du Dominant tonnent dans le vide. Ce texte est un peu là pour retrouver ce qui m'est cher.
Le véritable défi, pour moi, est d'enquêter sur ce que j'ai essayé de dire pendant dix ans.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Mr. Petch
- Hors Ligne
Réduire
Plus d'informations
- Messages : 528
il y a 12 ans 3 mois #18264
par Mr. Petch
Réponse de Mr. Petch sur le sujet Re:Fléau 4
Je parviens à avoir Internet de temps en temps et j'en profite pour revenir ici. Il me faut commenter Fléau.
Arrête-moi si je me trompe, mais ce que tu nous livres là est le nouveau jet du récit déjà publié en avril dernier. J'espère ne pas me tromper, et je vais mettre mon commentaire sous le signe de la comparaison entre les deux. Je vois deux différences majeures.
1. Tu passes d'une narration à la troisième personne à une narration à la première personne. Je comprends ce choix comme une façon de nous introduire à la pensée rationaliste de Toussenel, mais je ne suis pas sûr. Zara dit avec justesse :
Là, il faut se souvenir d'une chose. Un récit à la première personne enferme la narration dans un mode de pensée. Il confie au lecteur le soin de juger ce mode de pensée, mais ne le juge pas de lui-même, comme c'est le cas dans un récit à la troisième personne qui peut donner accès aux pensées du personnage en les commentant, directement ou indirectement. Un récit à la première personne oblige à abandonner la complexité puisqu'il enferme la narration.
Ici, je crois que la première personne ne convient pas tout à fait, car elle ne nous permet pas d'avoir suffisamment de recul par rapport à la pensée de Toussenel, et c'est justement ce qui fonctionnait dans la première version. Toussenel était intrigant, il donnait envie de lire la suite. Ici, il est surtout incompréhensible et, effectivement, un peu ennuyeux.
2. Tu passes d'un style implicite, celui qu'on te connaît sur ce forum, à un style explicite, trop explicite. D'une certaine façon, j'ai l'impression qu'on se rend compte que tu n'es pas à l'aise avec ce style, avec le fait d'expliquer, dans la mesure où tu exagères. Les répétitions sont lourdes, ce sont elles qui rendent la lecture par moment laborieuse, même si je devine que ton idée est justement de représenter un mode de pensée trop rationnel. Ici, on ne respire pas suffisamment.
Si je synthétise les deux remarques, j'arrive à l'idée suivante : revenir à une narration à la troisième personne avec incursions dans la pensée de Toussenel pourrait te permettre d'introduire un contraste entre d'un côté Titly, un lieu mystérieux qui ne se laisse pas comprendre immédiatement, et de l'autre la pensée de Toussenel, ultra-rationnelle, dont le seul objectif est de tout analyser, de tout comprendre. Dans le jet tel que tu le présentes, on a qu'une seule face de l'opposition, et du contraste pourrait naître un intérêt à lire l'histoire. Toussenel redeviendrait intrigant, et on aurait envie de le suivre.
Je me trompe peut-être, mais ce contraste, entre l'implicite et l'explicite du texte, me semble être au coeur de ton projet dans Fléau : écrire un récit simple pour comprendre un univers complexe. Toussenel-narrateur te représente, d'une certaine façon, puisqu'il veut comprendre un monde incompréhensible, qui a perdu son sens. Là, je comprends le choix de Toussenel narrateur. Peut-être y a-t-il un jeu à trouver dans les choix du narrateur.
Sur l'idée de la peur et de la paranoïa, je ne reviens pas sur ce qu'a dit Zara : à force de dire la peur (d'écrire, dès le départ, le mot danger), on empêche de la ressentir. Si je reste sur mon idée, la peur pourrait naître du jeu de contraste, de l'étrangeté de Toussenel dans ce monde qui ne lui correspond pas. Les dangers de Titly ne serait pas identifiable, mais on sentirait que cette ville menace Toussenel par ce qu'elle lui est étrangère dans sa forme.
J'espère que cela peut t'aider.
Arrête-moi si je me trompe, mais ce que tu nous livres là est le nouveau jet du récit déjà publié en avril dernier. J'espère ne pas me tromper, et je vais mettre mon commentaire sous le signe de la comparaison entre les deux. Je vois deux différences majeures.
1. Tu passes d'une narration à la troisième personne à une narration à la première personne. Je comprends ce choix comme une façon de nous introduire à la pensée rationaliste de Toussenel, mais je ne suis pas sûr. Zara dit avec justesse :
et je le rejoins.tu as écris un texte à la première personne comme si tu écrivais un texte à la troisième personne.
Là, il faut se souvenir d'une chose. Un récit à la première personne enferme la narration dans un mode de pensée. Il confie au lecteur le soin de juger ce mode de pensée, mais ne le juge pas de lui-même, comme c'est le cas dans un récit à la troisième personne qui peut donner accès aux pensées du personnage en les commentant, directement ou indirectement. Un récit à la première personne oblige à abandonner la complexité puisqu'il enferme la narration.
Ici, je crois que la première personne ne convient pas tout à fait, car elle ne nous permet pas d'avoir suffisamment de recul par rapport à la pensée de Toussenel, et c'est justement ce qui fonctionnait dans la première version. Toussenel était intrigant, il donnait envie de lire la suite. Ici, il est surtout incompréhensible et, effectivement, un peu ennuyeux.
2. Tu passes d'un style implicite, celui qu'on te connaît sur ce forum, à un style explicite, trop explicite. D'une certaine façon, j'ai l'impression qu'on se rend compte que tu n'es pas à l'aise avec ce style, avec le fait d'expliquer, dans la mesure où tu exagères. Les répétitions sont lourdes, ce sont elles qui rendent la lecture par moment laborieuse, même si je devine que ton idée est justement de représenter un mode de pensée trop rationnel. Ici, on ne respire pas suffisamment.
Si je synthétise les deux remarques, j'arrive à l'idée suivante : revenir à une narration à la troisième personne avec incursions dans la pensée de Toussenel pourrait te permettre d'introduire un contraste entre d'un côté Titly, un lieu mystérieux qui ne se laisse pas comprendre immédiatement, et de l'autre la pensée de Toussenel, ultra-rationnelle, dont le seul objectif est de tout analyser, de tout comprendre. Dans le jet tel que tu le présentes, on a qu'une seule face de l'opposition, et du contraste pourrait naître un intérêt à lire l'histoire. Toussenel redeviendrait intrigant, et on aurait envie de le suivre.
Je me trompe peut-être, mais ce contraste, entre l'implicite et l'explicite du texte, me semble être au coeur de ton projet dans Fléau : écrire un récit simple pour comprendre un univers complexe. Toussenel-narrateur te représente, d'une certaine façon, puisqu'il veut comprendre un monde incompréhensible, qui a perdu son sens. Là, je comprends le choix de Toussenel narrateur. Peut-être y a-t-il un jeu à trouver dans les choix du narrateur.
Sur l'idée de la peur et de la paranoïa, je ne reviens pas sur ce qu'a dit Zara : à force de dire la peur (d'écrire, dès le départ, le mot danger), on empêche de la ressentir. Si je reste sur mon idée, la peur pourrait naître du jeu de contraste, de l'étrangeté de Toussenel dans ce monde qui ne lui correspond pas. Les dangers de Titly ne serait pas identifiable, mais on sentirait que cette ville menace Toussenel par ce qu'elle lui est étrangère dans sa forme.
J'espère que cela peut t'aider.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
Modérateurs: San, Kundïn, Zarathoustra