file Rencontre en Thrace

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il y a 10 ans 10 mois - il y a 10 ans 10 mois #18677 par Arthaneor
Rencontre en Thrace a été créé par Arthaneor
Je vous présente ici un récit jadis écrit pour un "jeu littéraire" de l'ami Ignit (mon texte était d'ailleurs un peu HS mais enfin passons). J'aimerais le retravailler, ce pourquoi je le soumet à votre critique... ;)

Bref, il s'agit d'un "one shot" (c'est le terme en vogue dans l'enceinte de ce sanctuaire à ce qu'il semble) assez ancré historiquement (même si les personnages n'ont jamais existés, bien évidemment - mais est-il utile de le signaler ?).

Simple avis aux non-initiés : les "romains" du texte sont en réalité des "byzantins" selon le vocabulaire historique actuel.

PS : Je songerais à publier lorsque que j'aurais réécris une seconde version de ce récit à la lumière des (éventuels) commentaires.

***


Thrace, 625 ap. J.C. Via Egnatia

“ Bucellaires, halte !”

Les gardes du corps bardés de fer se dispersèrent le long de la crête, se ralliant aux étendards des centuries. Maniant leurs pur-sang d'une main exercée, ils se rangèrent de part et d'autres de la Voie, laissant le chemin libre pour le passage de l'Archegetes. Ce dernier remonta bien vite la ligne au côté des membres de sa maison, précédé par l'icône sacrée de la Vierge Miraculeuse.

Légèrement étonné de ce brusque arrêt, Kalokyros avisa rapidement l'officier responsable de cette halte impromptue. Ce dernier, un vieux guerrier à la barbe grisonnante, gorgerin de mailles relâché, salua sommairement le noble et se signa devant l'icône.

“Archegetes...”

Mais déjà, Kalokyros avait avisé le contre-bas de la crète. Son regard s'assombrit devant le massacre perpétré à moins d'une cinquantaine de lieux de la capitale.

Un bon millier de cavaliers avaient envahis la plaine, assaillant un convoi étiré le long de la route. Ce dernier tentait une résistance inutile, une centaine de soldats et d'homme en armes déployés autour des voitures tendues de soie, mourant par dizaines sous la pluie de flèche déchaînée par les pillards montés.

“Barbares... murmura le jeune général avec dégoût.
- Oui, Archegetes, répondit placidement l'officier grisonnant. Des Avars. Principalement de la cavalerie légère armés d'arcs, et un fort contigent de lanciers de cavalerie lourde.”

Kalokyros haussa un sourcil perplexe.

“Comment se fait-il qu'un si grand Empereur, vainqueur des Perses, des Vandales et des Goths, puisse accepter que sa propre contrée natale soit ainsi mise à feu et à sang par ces misérables païens ?
- La nécessité, comme vous le savez, monseigneur. Le front oriental requiert l'essentiel de nos armées, et quant à l'Italie...
- Nous en revenons, Pertonas. Je sais.”

Et nous y reviendrons...

“Si je puis me permettre, seigneur...
- Parle.
- N'attaquons pas. Nous avons perdus trop de Bucellaires en Italie pour risquer d'en perdre à nouveaux face à un ennemi deux fois supérieur en nombre. Votre père n'apprécierais pas que vous dilapidiez ainsi ses précieuses ressources. Sans compter que... pour notre retour en Italie...”

L'Archegetes esquissa un sourire amusé.

“Certes, je me fie plus à ton jugement qu'au miens en matière de tactique. Cependant, ton œil exercé a manqué quelque chose, Pertonas. Au delà du nombre d'ennemi et de son armement...
- J'entend bien, Dieu est avec nous... Cependant...
- Dieu ne nous aideras que si nous nous aidons nous mêmes, répliqua Kalokyros avec ferveur. Non, observe simplement la voiture du centre, au milieu du convoi.”

Pendant ce temps, la force impériale avait presque achevé son mouvement. Les hommes se préparaient à l'éventualité d'un combat avec la calme caractéristique des soldats d'élites. En bas, les pillards avaient commencés à redéployer leur troupes, méfiant vis à vis de la nouvelle force armée qui se tenait à présent sur les hauteurs.

Grossière erreur. Ils s'écartent des chariots et des arbres qui auraient pu freiner notre charge.

“La voiture est couverte d'un tissus blanc et rouge ? hasarda Pertonas, visiblement perplexe.
- Exactement. Frappés d'un monogramme tissé. Le possesseur de cette litière appartient à la famille d'un sénateur. Ce qui signifie que le sauver ferra de nous les héros de la Cité de Constantin. Et les héros ont une grande influence politique.”

Le vieil officier afficha un regard amusé.

“Ah... Là ou la politique intervient, ma science tactique s'arrête.”

Kalokyros éclata de rire en abaissant sa visière.

Pertonas tira à lui sa longue épée. Faisant volter son cheval de bataille avec l'aisance du vétéran qu'il était, il brandit sa lame face aux bucellaires et beugla de sa voix de stentor :

“Pour le Seigneur Jésus-christ ! Pour Justinien le Grand ! Pour la maison Arkantôs !

Chargez !”

L'Archegetes se saisit de sa longue kontaria de bois sculptée. D'un seul coup, un hymne de guerre sacré emplit la vallée, tandis que les cavaliers lourds aux armures ouvragés s'ébranlaient lentement, amorcant la descente de la pente au petit trots.

Une terrible appréhension dévorait le cœur du jeune général. Il regrettait à présent sa décision hâtive, persuadé d'avoir agit trop vite. Trop imprudemment.

Son esprit rationnel le rassura. Ce n'était que la peur de la bataille. Il avait mis du temps à la surmonter, afin d'être capable de mener lui-même sa redoutable armée personnelle au combat. Un net avantage, à même de renverser une bataille...

Ou de sauver une défaite.

En bas, les Avars, pris au dépourvu, avait accélérés leur redéploiement. Certains contingent avaient eu le temps de se replacer en position de charge, d'autres non. Certains barbares, pris de terreurs, tiraient quelques flèches inutiles dans la contre-pente, réalisant que le temps leur manquait pour échapper à la ligne de fer des bucellaires de la maison Arkantôs.

“Adiuta bucarellii !”

“DEUS !”

Les impériaux accélérèrent, relâchant progressivement la puissance de leur montures de combats. Bientôt, le tonnerre des sabots ne permit plus la transmission des ordres, et les romains s'en remirent à la grâce de dieu.

Un frisson de terreur parcourue l'échine de Kalokyros. Les premières unités Avars avaient fait volte face dans une tentative désespéré de contre-charge. Ces archers de cavalerie légère furent balayés en un instant par la vague impériale. L'Archegetes, en première ligne, vit l'un de ces barbares se précipiter vers lui. Sans réfléchir, le jeune homme visa le cou, comme le lui avait appris Pertonas, afin de pouvoir dégager sa lance avec facilité. La pique de 4 mètre arracha la gorge du cavalier ennemi, tandis qu'un des bucellaire tuait le cheval des steppes pour libérer la voie de son maître. Ce dernier, perplexe, observait le sang ruisseler le long de la hampe de son arme.

Nullement ralentie par ces premiers accrochages, les guerriers du très saint Trône de Constantin poursuivirent leur avancé à travers la plaine. De petits groupes de barbares s'opposaient parfois à leur avancés, mais étaient à chaque fois balayés par la terrible puissance de la cavalerie romaine en charge.

Cependant, à l'autre bout de la plaine, l'essentiel des forces de lanciers en armure Avars s'était ralliés, et se lançaient à présent dans une charge autrement plus menacante. Déglutissant avec difficulté, Kalokyros brandit sa lance au dessus de sa tête et pressa son cheval, entraînant les bucellaires à sa suite.

Un beuglement de triomphe jaillit des 500 voix des guerriers romains. Les psaumes sacrés reprirent avec ferveur, leur chant dissonant dominant jusqu'au tonnerre des sabots. Kalokyros frissona. Même au coeur des combats les plus sanglants en Italie, il n'avait jamais participé en personne à un tel combat de cavalerie lourde. Il était facile de traiter les Avars comme les sauvages puants qu'ils étaient, mais leurs légendaires talents martiaux n'en demeuraient pas moins renommés de la mythique Qin de l'orient lointain au grand océan de l'ouest.

Les braillements guerriers des Avars s'élevèrent a leur tour, alors que les montures des plaines déversaient toute leur puissance dans une course effrénée. Sans les hymnes de guerre romains, l'Archegetes se serait sûrement mit à brailler de terreur. Sans le vouloir, il joignit sa voie à celle de ses hommes, déversant son trop plein de rage et de peur dans un cantique hurlant et une prière silencieuse.

Il vit le soleil briller sur les armures ennemies. Il vit le sang sur leurs lances. Il vit le blanc de leurs yeux.

Il ne pouvait pas mourir. Dieu lui avait tracé une voie, et Il ne permettrait pas sa mort. Non, il ne mourait pas, pas avant d'avoir embrassé son destin. La mort...

Une onde sonique terrifiante s'étendit à toute la vallée lorsque les deux lignes de fer se percutèrent. La lance de Kalokyros, plus longue que celle de son vis à vis barbare, perfora l'armure du guerrier ennemi, mettant brutalement fin à son existence sur terre. La kontaria de frêne se brisa en morceau, laissant l'Archegetes désarmé. Comme à l'entraînement, il porta sa main à son coté, cherchant un nouvel instrument guerrier.

Masse ou épée ?

Une seconde d'hésitation suffit. Un grand guerrier Avars profita de la garde baissée du seigneur romain pour tenter de l'empaler de sa lourde pique de guerre. Au dernier moment, un bucellaire para le coup à la place de son maître, se découvrant ainsi à son tour. Une épée barbare lui trancha la tête, et le cavalier impérial passa à trépas.

« Noooooon ! hurla le jeune général d'une voix déséspéré. »

Sa main gantelée arracha la lourde masse d'acier de son harnois de cuir. Il frappa aussitôt, réduisant le bras de l'Avars à une masse informe de chair et de métal. Son chant de louange s'était mué en un cri de terreur et de courage, de mort et de vie, de haine et d'amour.

Les lames de la tête de métal frappèrent encore et encore, sifflant dans l'air torride de l'hiver thrace. Le sang et la cervelle éclaboussait les atours de l'Archegetes, le fracas des armes et le hurlement des blessés emplissaient son esprit. Et il rendait coup sur coup, préservant la flamme glaciale de sa vie en éteignant celle des autres.

Et ces hommes qui luttaient à ses côtés, il les ovationnait. Ses protecteurs. Ses chevaliers.

Lorsque le porte-icône s'effondra, blessé à mort, ce fut Kalokyros qui s'empara de l'image sainte. Il la brandit vers les cieux, au-dessus de la misère du massacre et de la puanteur du sang.

Puis, brutalement, ce fut fini. Les cavaliers ennemis, manifestement surpassés par les capacités des soldats de l'empereur, prirent la fuite. Ce n'était cependant pas une déroute totale, mais le repli stratégique d'un commandant réaliste. La ligne barbare n'avait pas été percée, et les pertes lourdes des deux côtés.

« Devons-nous poursuivre l'ennemi, général ? haleta Pertonas, qui s'était rapproché.
- Je... Euh... Non, c'est inutile. Garder l'essentiel des hommes avec vous et couvrez le ciel d'une pluie de flèche. Je rejoins le convoi avec ma maison et la 1ère centurie.
- Très bien, mon prince. »

Kalokyros ressembla ses esprits et souffla un grand coup. Avisant un bucellaire couvert de sang, il lui tendit l'icône sacrée.

« Tiens, soldat. En récompense de ta bravoure, la Sainte Vierge t'accorde de porter son image au combat. »

Le guerrier ahuri attrapa machinalement la hampe de l'étendard. Un instant plus tard, il mettait un genoux à terre, les larmes aux yeux, les mains tremblantes.

« Me.. Merci, noble Archegetes. »

Puis ce fut un hurlement triomphant qui fit trembler la consistance même de l'air ambiant, éructé par 300 gorges de vétérans soulagés d'êtres encore en vie.

« Gloire aux Arkantôs ! »

Un petit sourire en coin apparu au lèvres fatigués de Kalokyros. Il fit faire volte face à son cheval sous le tonnerre des vivats, et pris le chemin du convoi, accompagné d'une cinquantaines de cavaliers couverts de sangs.

Les rescapés de l'attaque initiale s'étaient avancés à la rencontre de leurs sauveurs. Soldats et serviteurs mêlés s'agenouillèrent sans un mot à leur arrivé, formant une véritable haie d'honneur. Kalokyros mit pied à terre, et les bénis d'un signe de croix avant de s'avancer vers la litière rouge et blanche. Une jeune femme au visage décomposé en émergea lentement, craintive.

« Voici venir l'Archegetes Kalokyros Arkantôs, Duc de Vénétie, Général de l'armée du Pô, fils du Sénateur Ennos Arkantôs ! annonça un bucellaire d'une voix cinglante. »

La demoiselle jeta un regard à son sauveur. L'expression de son regard n'était pas à proprement parler du dégoût, mais une sorte d'horreur mêlée de crainte et de surprise. C'est alors que Kalokyros prit conscience de son apparence repoussante. Son armure d'écaille était recouverte de plaques de fluides corporels séchés, ses longs cheveux et sa barbe dégoulinant de sang. Il s'aperçu qu'il avait été blessé au bras, et que le sang à demi coagulé formait une grosse tache pourpre sur son haubert de mailles dorés. Son manteau écarlate de général était en lambeau. A cet instant, il tenait plus du barbare sans pitié que du glorieux commandant romain.

« Je tient à m'excuser pour ma tenue débraillée, madame. Malheureusement, le sacrifice de sang est nécessaire à la survie de l'empire. Puis-je apprendre votre nom ? »

Une servante hésitante balbutia d'une voix tremblante :

« Vous...Vous êtes en présence d'Eudoxie Eugenestas, fille de Julius Eugenestas, Sénateur et Logothète. »

La fille du responsable des finances impériales ! Un grand sourire apparut sur les lèvres fines de l'Archegetes. Avec un tel soutient, les Goths seraient pulvérisés, c'était une certitude. Il pourrait même peut-être prendre le commandement de toute l'armée d'Italie... Et après cela, l’Exarchat n'était plus loin. Et pourquoi pas, après tout... la reconstitution de l'Empire d'Occident, avec, à sa tête...

Kaokyros se reprit. Il aurait tout le temps de penser à cela en chemin.

« Je suis charmé, ma dame. Mes soigneurs vont s'occuper de vos gens, et mon prêtre de ceux qui sont tombés. A présent, je dois m'occuper des préparatifs de départs. Nous vous escorterons jusqu'à la Ville Gardée de Dieu. »

Le jeune homme allait faire volte-face, lorsque une étrange pensée pénétra son esprit. La jeune Eudoxie était réputée à la cour pour sa grande beauté, à ce qu'il avait ouïe dire. Il lui rejeta un regard, cette fois perplexe. Oui... Effectivement, c'était bien possible. Elle devait être belle.

Son esprit fonctionna à toute vitesse. Une jolie épouse était souvent considéré comme un atout sur le plan politique. De plus, avoir pour beau-père le contrôleur des finances... Oui, une union formelle pourrait se révéler intéressante.

Mais, quoi qu'il en soit, peu importait pour le moment.

L'Archegetes tourna la tête et contempla l'horizon lointain. La Cité des Empereurs l'attendait.

A nous deux, Constantinople...

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il y a 10 ans 9 mois #18678 par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re:Rencontre en Thrace
Je n'ai pas vraiment le temps d'aller dans le détail donc... je vais juste survoler.

Le style me paraît bon, c'était agréable à lire. Ceci dit, ce texte vaut surtout comme introduction. Il me semble assez faible tout seul. Notamment:

L'Archegetes tourna la tête et contempla l'horizon lointain. La Cité des Empereurs l'attendait.

D'accord, on est prêts à commencer. On sait de quoi l'histoire va parler.

Mais bref. Un détail dont je voulais parler est:

Il ne pouvait pas mourir. Dieu lui avait tracé une voie, et Il ne permettrait pas sa mort. Non, il ne mourait pas, pas avant d'avoir embrassé son destin. La mort...

C'est trop court ou trop long selon l'intention.
Tel quel, j'ai eu l'impression qu'on cherchait à développer un sentiment d'une extrême complexité en deux lignes. La peur de la mort dans le premier combat, la foi (en soi-même ou en un dieu), etc...

Je n'ai pas eu le temps ni l'intérêt de comprendre ce que le héros pouvait ressentir. Je vois une intention potentielle, mais je pense qu'il faudrait soit passer moins de temps là-dessus (pour camoufler le concept), soit au contraire le développer davantage.
Ici, ça me donne l'impression d'une "tache toute propre" au milieu du texte. Ces deux lignes ressortent fortement, mais ne semblent pas liées pour le lecteur que je suis (même si je comprends bien comment elles le sont sur le plan logique et dans l'intention après avoir essayé de réfléchir au pourquoi de mon ressenti).

Il faut que j'y aille, mais je voulais vite faire un commentaire.

Impe, en très rapide coup de vent.

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il y a 10 ans 9 mois #18686 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Rencontre en Thrace
Je vais aussi passer en coup de vent - parce qu'après j'ai encore le texte d'Ignit qui risque d'attendre une semaine... - mais une fois encore, le texte est court et même si je ne sais pas vraiment quoi dire...

Ah ben si en fait.

« Noooooon ! hurla le jeune général d'une voix déséspéré. »

Non, ce n'est pas très crédible. C'est un cri un peu trop théâtral au milieu d'une mêlée, qui enlève beaucoup de dignité au personnage. Bref, c'est comique.

Cela dit ce n'est pas ce dont je veux parler.

Les gardes du corps bardés de fer se dispersèrent le long de la crête, se ralliant aux étendards des centuries. Maniant leurs pur-sang d'une main exercée, ils se rangèrent de part et d'autres de la Voie, laissant le chemin libre pour le passage de l'Archegetes.

Là on a déjà trois participes présent, je ne veux pas m'effaroucher mais tout de même :

Les gardes du corps bardés de fer se dispersèrent le long de la crête, aux côtés des / sous / de par / parmi les étendards des centuries. Ils se rangèrent de part et d'autre de la Voie, tenaient leurs pur-sang d'une main exercée pour laisser libre passage à l'Archegetes.

Ce qui m'avait frappé surtout, à la lecture, c'était le "maniant leurs... exercée" qui est totalement effacée par la suite et, du coup, malgré l'information apportée, est "de trop". Du reste j'ai vite oublié que c'étaient des cavaliers, jusqu'à leur charge.
Du coup si je râle sur les participes, la vraie remarque est de faire attention à l'information pertinente. Ici, l'attention est au mouvement, pas à la compétence des guerriers qui n'a encore aucune incidence, et si le but est de dire qu'ils sont montés alors il faut mettre l'information en avant.

Les gardes du corps bardés de fer se dispersèrent sur leurs montures le long de la crête...

Légèrement étonné de ce brusque arrêt, Kalokyros avisa rapidement l'officier responsable de cette halte impromptue.

Légèrement ennuyé par le participe passé qui retarde l'action et me répète ce qui est arrivé, je râle à nouveau pour rien puisque la véritable remarque est pour "impromptue". Comme signaux que la halte est anormale, on a "étonné", "brusque", "responsable" en plus de "arrêt" et "halte", je pense que c'est bon, là. Il y en a peut-être deux dans le fond qui n'ont pas suivi mais moi je trouve qu'on insiste un brin trop.
Donc yup, je conseille vivement d'éviter un tel adjectif s'il ne fait que répéter ce que dit la phrase entière. Il faut bien comprendre qu'ici "brusque arrêt" = "halte impromptue", techniquement on pourrait s'arrêter à "rapidement l'officier responsable." Mais il est déjà plus pertinent de rappeler l'idée de "halte", moins saillante.

Je suis en train de me demander à part ça ce qui manquerait pour faire de ce texte un texte à succès.
L'écriture, comme Impe' l'a souligné, est classique, donc fluide, vivante, simple, très accessible. Ce ne sont pas les noms romains, du reste assez immersifs, qui risque d'arrêter le lecteur.
Il y a donc à mon avis essentiellement deux obstacles.
Le premier est la relative indifférence de l'action. Il n'y a rien qui pousse vraiment le lecteur à s'intéresser aux enjeux. On apprend à haïr Kalokyros, selon les affinités, mais s'il est vaguement intéressant le monde autour de lui est relativement transparent. Aller en Italie, ou à Constantinople, préserver les troupes, intrigues politiques, tout cela n'est pas très... vendeur.
Cela constitue un bon exercice mais n'a pas suffisamment de promesses pour offrir les bases solides d'une saga. Il faut "promettre plus".
Le second est la relative banalité des réactions. À noter que le zèle guerrier est ici assez bien dépeint, avec la façon d'écraser la peur du combat auquel on pourrait ajouter l'état second du combattant et ses automatismes (donc le "masse ou épée" c'est qu'il est mal entraîné). Donc il y a du potentiel, mais pour le reste ce sont les habituels "la guerre c'est mal", le guerrier chair à canon et tout ça...

Du coup plutôt que de travailler la forme je te conseille vivement de revenir sur le fond de l'histoire et d'y travailler à corps perdu. Plans, lieux, personnages, événements, essaie d'imaginer quelque chose de grandiose puis révise cette bataille à l'aune de ce que tu auras imaginé.
Là on nous annonce du commun, du "déjà vu" avec du potentiel, mais très peu, de marquer vraiment. Vise des choses simples, propres à toucher le public de tous les jours.

...
Mh, je ne sais plus si je parle de ton texte ou de façon générale mais quoi qu'il en soit, c'était mon commentaire et je m'y tiens.

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il y a 10 ans 7 mois #18763 par Mr. Petch
Réponse de Mr. Petch sur le sujet Re:Rencontre en Thrace
J'espère que je n'arrive pas trop tard, le texte date un peu et l'essentiel a été dit. J'aurais donc juste quelques remarques annexes :

Un bon millier de cavaliers avaient envahis la plaine, assaillant un convoi étiré le long de la route. Ce dernier tentait une résistance inutile, une centaine de soldats et d'homme en armes déployés autour des voitures tendues de soie, mourant par dizaines sous la pluie de flèche déchaînée par les pillards montés.


J'ai mis du temps (en fait jusqu'à ce que le mot "pillards" apparaissent) avant de comprendre exactement ce qui se passait. Au début, j'ai cru que les cavaliers en question était du côté des soldats de la crête. Bon... je n'étais peut-être pas très attentif mais il me semble quand même qu'il y a un petit souci de compréhension sur les enjeux de la bataille au début. Une mention du type "un bon millier de cavaliers ennemis" ou "un bon millier de pillards à cheval", ou quelque chose comme ça, pour que les données du problème (les soldats romains contre les pillards) soient claires.

Par instinct, je me méfie des clichés littéraires. Il y en a quelques uns dans ton texte. Ce n'est pas forcément mal, mais ce sont des expressions qui dénotent un manque d'originalité dans l'emploi des epithétes, un recours facile à des solutions déjà vues. Type :

Ce dernier tentait une résistance inutile,


"Résistance inutile"... Mouif... Pas convaincu par l'expression.

beugla de sa voix de stentor

Le "beugla" est très bien, la "voix de stentor" me paraît un peu trop attendu. Je pense que tu dois être capable de trouver une autre expression moins rebattue.

Un frisson de terreur parcourue l'échine de Kalokyros.


Frisson... Echine... Bof.

A l'inverse, je trouve que ton vocabulaire militaire est intéressant et varié, donc c'est dommage de le gâcher en employant des expressions banales à côté. Par exemple, juste avant la phrase pré-citée, tu as cette phrase que j'ai trouvé très intéressante :

Les impériaux accélérèrent, relâchant progressivement la puissance de leur montures de combats. Bientôt, le tonnerre des sabots ne permit plus la transmission des ordres, et les romains s'en remirent à la grâce de dieu.


Là, il y a une précision dans le vocabulaire, qui varie bien "montures de combats", éclaire bien les enjeux "transmission des ordres" tout en apportant une touche de poésie, mais pas trop "tonnerre des sabots".

Donc va plutôt dans ce sens niveau vocabulaire !

Enfin, relis bien, il y a pas mal de fautes de frappe qui accrochent la lecture (lettre doublée à mauvaise escient, pluriels mal placés). Rien qu'une bonne relecture ne puisse corriger.

Mr Petch

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il y a 10 ans 7 mois #18765 par Arthaneor
Réponse de Arthaneor sur le sujet Re:Rencontre en Thrace
Merci beaucoup de ces précieux conseils... Paradoxalement ils m'ont un peu fait perdre l'envie de retravailler ce texte (pas assez d’enjeux, etc...), mais je me suis lancé dans le début d'une saga pour laquelle j'ai bien l'intention de "jouer au perfectionniste".

Bref, c'est sympa de vous pencher sur mes petits récits. ;)

Arthaneor -

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