Oraliser un texte
- Mr. Petch
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Il y a un passage dans le chapitre 2.1 qui est un passage "parlé". C'est une histoire racontée par Johannes, une histoire assez anodine qu'on pourrait résumer en deux phrases : "La guerre contre les extraterrestres semble perdue. Mais l'annonce de l'arrivée de deux enfants qui prétendent pouvoir changer le cours de la guerre suffit à ramener l'espoir parmi la troupe."
C'est tout ce dont j'ai besoin, et à la rigueur il n'y a pas besoin de connaître le reste de l'histoire pour comprendre cette intrigue.
Ce que je veux réussir à faire, c'est à produire un texte "oralisé", c'est-à-dire à donner au texte toutes les allures d'une histoire qu'on raconte, à l'inverse du reste du récit qui est très écrit. Et je me rends compte que c'est très délicat de rendre par écrit un texte oral qui soit une narration (un discours, par exemple, ne me pose pas les mêmes problèmes, je sens d'emblée la tonalité orale). D'autant plus que je souhaiterais que ce texte reste lisible par écrit, car j'ai l'intention de réutiliser ce style par la suite.
Pour l'instant, dans la version actuellement en ligne, je me suis limité à des effets de style un peu bateau qui me semble correspondre à ce style parlé : exclamative et interrogative, adresse au lecteur, formules toutes faites, phrases courtes... Mais je ne suis pas sûr de moi et voulais votre avis.
Le passage en question est le suivant, tiré de la publication de cette semaine : Partie 2.1
« Parfois, c'est quand tout semble perdu que le caractère miraculeux de certains actes, de certains hommes, retentit le mieux. Ce jour-là l'état-major était en ébullition. Imaginez un peu : les extraterrestres avaient anéanti un bataillon entier de soldats à l'aide d'une arme mystérieuse ! Sans survivant, il était impossible de savoir de quoi il en retournait. L'avancée des ennemis était inexorable et on craignait le pire. Quel désastre ! se disait le général Pompius.
Les signaux télégraphiques arrivaient des quatre coins du champ de bataille. Les extraterrestres tentaient une contre-offensive depuis l'Est, où l'armée était dégarnie. La bravoure des hommes ne suffirait pas à contenir la haine des créatures d'outre-espace...
« Des nouvelles de l'armée du Sud ?
« Rien mon général, répondit l'ordonnance
« Alors nous sommes perdus...
Et l'attitude du général Pompius, d'ordinaire si héroïque, répandait chez les hommes un net parfum de désespoir : n'y avait-il véritablement aucune issue ? La guerre était-elle déjà terminée ? Si la force et le courage sont les qualités indispensables du combattant, la fourberie de l'ennemi est le seul Mal capable de les corrompre.
Ce fut exactement dans le silence qui suivi sa déclaration que l'aiguille du télégraphe vibra fébrilement.
« L'armée du Sud, annonça l'ordonnance. Ils nous répondent enfin !
Que disaient-ils donc, ces hommes du Sud que l'on croyait morts ?
« Ils parlent... Ils parlent de deux enfants... D'une Arme secrète...
« Deux enfants ?
Le général était perplexe. Autour de lui, l'état-major ne comprenait guère mieux le message télégraphique.
« C'est un peu confus mon général, mais ils parlent d'un espoir ! Ils ont envoyé un messager.
« Un espoir ?
Le front Sud était dégagé, comment pouvaient-ils parler d'espoir quand ils étaient si loin de la réalité des combats ? Le général s'interrogea. Mais déjà, autour de lui d'autres commandants prenaient la parole et, répétaient leur antienne défaitiste : il faut se rendre plutôt que de risquer un massacre général. Les populations seraient en danger ! La reddition vaut mieux que l'anéantissement ! Il n'y a pas d'espoir !
Si vous connaissiez le général Pompius, vous sauriez qu'il n'est pas du genre à partager de telles opinions toutes faites ! Mais dans son indulgence il en comprenait la logique : les hommes craignaient pour leur famille, pour leurs enfants. L'égoïsme et l'individualisme sont des sentiments bien humains, qu'il faut connaître pour mieux les combattre.
« Mes amis, tant que j'entends le mot d'espoir, je préfère rêver au meilleur plutôt que de craindre le pire.
Et il enchaîna sur un de ces discours dont il avait le secret. Vous l'auriez vu admonester ses commandants ! Chacune de ses paroles les renvoyait à leur propre lâcheté, tandis que l'espoir, le petit mot d'espoir, faisait écho à leur courage.
Et si le général Pompius agissait ainsi, ce n'était pas par simple témérité malvenue. Non, car voyez-vous, le message du télégraphe avait fait résonner en lui un souvenir...
Il était arrivé au front quelques jours de cela. Sur le chemin menant de la ville jusqu'au champ de bataille, il avait pris la peine d'écouter les conversations des badauds. On parlait de la guerre. Tout le monde parlait de la guerre. Tout le pays vibrait au rythme des exploits guerriers. Mais une conversation le captiva plus que les autres... Il y était question d'espoir – vous comprenez maintenant pourquoi ces mêmes mots, transmis par un instrument tout rationnel plutôt que par la voix humaine, lui parlait : la raison confortait l'instinct. Il y était question aussi de deux enfants, un garçon et une fille, qui parcouraient le pays en diffusant un message d'espoir : la guerre serait bientôt terminée, disaient-ils. Qui étaient ces deux enfants ? Nul ne le savait... Mais on les appelait déjà les Enfants de la Dernière Chance.
Revenons dans la tente de l'état-major... Les débats faisaient rage, entre ceux qui préconisaient l'abandon et ceux qui croyaient en l'espoir. Seul au milieu de ce tumulte : le général Pompius, silencieux. Il repensait aux rumeurs du chemin. Fallait-il leur faire confiance ? Deux enfants, deux simples enfants, pouvaient-ils renverser le cours de la guerre ?
C'est alors qu'entra dans la tente un messager. Son souffle était court. Son sourire contrastait avec les expressions de peur et de fureur des hommes de l'état-major. Il venait de l'armée du Sud, évidemment !
« Mon général... Je vous apporte des nouvelles du Sud... Il y a un espoir !
« Parle, dit le général Pompius.
« Nous attendions l'ennemi, lorsque nous avons vu arriver deux enfants. Ce sont deux petits enfants, pas plus haut que trois pommes, un garçon et une fille. Au début, nous avons pensé à des orphelins : il y en a tant, que les extraterrestres laissent en vie par pure cruauté. Mais dès qu'on s'est approché d'eux, le garçon s'est mis à parler. Il nous a dit qu'ils sont là pour nous aider, Il nous a dit que tout espoir n'est pas perdu : ils connaissent le point faible des extraterrestres. Et ils ont construit un robot tout exprès pour les combattre. C'est une machine gigantesque, haute de vingt pieds ! Nous sommes sauvés, mon général !
Ah... Le fol espoir, le bon espoir qui s'empara de l'état-major ! Il leur suffisait d'une preuve, bien sûr, une simple preuve pour évacuer toutes leurs craintes.
« Merci, messager... Mon ordonnance va te préparer un vin chaud et quelque tambouille.
Et, c'est maintenant le regard triomphant que le général Pompius se tourne vers ses hommes.
« A présent que ces enfants nous ont donné l'espoir, c'est à nous d'être à la hauteur... Faites prévenir tous les bataillons : nous avons aussi notre Arme Secrète. Il faut tout faire pour qu'elle arrive à bon port. D'après les renseignements du messager, ces « Enfants de la Dernière Chance » arrivent du sud-ouest. Forcez les extraterrestres de ce côté du champ de bataille... Nous leur réservons une bien heureuse surprise !
Et la tente de l'état-major trembla de nouveau, mais pas de peur, cette fois-ci, non, bien plutôt de joie ! Une nouvelle aventure commençait, et elle commençait sous les meilleurs auspices ! »
J'ai deux questions à vous poser sur le texte :
- est-ce que l'effet d'oral est convaincant, ou trop artificiel ? En gros, si on ne sait pas que c'est un texte parlé, est-ce qu'on le soupçonne ?
- avez-vous des conseils pour l'améliorer ?
Une précision sur le but de cet exercice : je compte réutiliser ce style dans la suite du récit, et pas seulement pour des textes explicitement parlés. Le but est que ce style, qui doit s'opposer fortement au style général de l'histoire, contamine le texte et finisse par l'envahir. D'où mon intention de chercher le ton le plus juste possible.
Mr Petch
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- Vuld Edone
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Parle, avait dit le général Pompius.Parle, dit le général Pompius.
Imagine les répliques suivantes :
"Allons à droite."
"Entendu !"
"Attends. J'ai changé d'avis. Nous irons à gauche."
"Mais, tu avais dit..."
Inversement, imagine cette réplique :
"Tu m'as dit de tirer. Je tire."
Le temps du verbe change de beaucoup la manière dont le discours est rapporté. Le passé du présent ("tu m'as dit") en reste au niveau du narrateur, tandis que le passé du passé ("tu m'avais dit") va vraiment se mettre au niveau du personnage dont on rapporte la parole.
Donc quand Johannes rapporte son histoire, à chaque fois qu'il fait parler un personnage, il serait bon qu'il utilise le passé du passé. Idem pour "se disait le général..." il faudrait "... s'était dit le général..."
Ce n'est pas encore très clair dans ma tête mais en tout cas je le sens comme ça.
L'autre chose à faire serait de rappeler que quelqu'un est en train de parler. "Je vous le dis", "vraiment", un discours rapporté doit porter l'opinion du narrateur et on doit sentir sa présence (alors qu'en focalisation zéro, si possible, le narrateur devrait s'effacer le plus possible).
Il faut donc qu'on sente que Johannes ne lit pas un texte mais rapporte vraiment sa perception de l'histoire. "En fait, si la force et le courage..." rien que ce "en fait" marque déjà une présence du narrateur.
En logique naturelle on parle de modalité de "dicto", qui nuance la manière dont la chose est dite. Truffe ton discours de ce genre de modalité, de "détails", et on aura toujours en tête que c'est quelqu'un qui raconte.
"Le général était perplexe." --> "Le général avait de quoi être perplexe." --> "Le général lui était perplexe."
Après il y a sans doute plein d'autres techniques mais ce sont les deux qui me viennent en tête là directement :
- temps verbaux
- modalité de dicto
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- Imperator
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Ce passage m'informe qu'il s'agit d'une narration classique. En effet, le passage implique un narrateur omniscient (description d'un élément inconnu à tout spectateur de la scène, soit ici les pensées d'un personnage)Quel désastre ! se disait le général Pompius.
Encore de la narration classique. Si quelqu'un racontait cette histoire, ce passage serait écrit comme suit:Rien mon général, répondit l'ordonnance
"Rien mon général, lui répondit l'ordonnance".
Ce petit "lui" change tout, parce qu'il met en évidence la suite logique des pensées du narrateur qui doit lier l'ordonnance au général parce que la personne à laquelle il s'adresse dans le cadre d'un récit oral, donc où la communication est particulièrement parasitée (absence de la vue pour soutenir l'ouïe).
D'ailleurs, il faudrait même écrire ce passage:
"Rien mon général, lui répondit son ordonnance" ou "... une ordonnance".
En effet, l'auditeur ne peut pas savoir qui est cette ordonnance et cela crée un risque de confusion dans le cadre d'un discours oral.
(j'ai la sensation de ne pas être clair, mais il est un peu tard aussi...)
C'est de la narration classique. Pure et simple.Revenons dans la tente de l'état-major...
En fait, je pense que je n'ai pas compris ce que tu entends par:
Je me suis basé sur:qui est un passage "parlé".
Le passage est raconté par l'un des personnages de l'histoire (une histoire dans l'histoire).C'est une histoire racontée par Johannes
Donc on veut donner l'impression de l'histoire qui est racontée au coin du feu.c'est-à-dire à donner au texte toutes les allures d'une histoire qu'on raconte
J'en reviens à ce passage. Le terme "revenons dans la tente de l'état-major" ne se justifie à l'oral que si la phrase précédente avait eu une connotation de lieu ou d'éloignement physique, temporel ou idéologique.Qui étaient ces deux enfants ? Nul ne le savait... Mais on les appelait déjà les Enfants de la Dernière Chance.
Revenons dans la tente de l'état-major...
Par exemple:
"...tandis que de l'autre côté du monde, les Huns sortaient de leur torpeur et s'apprêtaient à s'embarquer dans une aventure de conquête qui allait durer un demi-siècle. Il s'agit cependant d'une autre histoire.
Revenons à Rome, où un jeune général..."
Il manque donc une transition à ton passage entre la description d'enfants inconnus et le fait de revenir dans une tente. À nouveau parce que la communication orale s'appuie entièrement sur la mémoire à court terme de l'auditeur qui est profondément limitée et a besoin d'être guidée et aidée.
Du reste, en y pensant, cela vaut aussi en grande partie pour la narration classique...
Pourquoi le verbe est-il soudainement au présent? Erreur d'inattention je suppose.Et, c'est maintenant le regard triomphant que le général Pompius se tourne vers ses hommes.
J'allais dire que le "maintenant" pose problème, mais en fait c'est uniquement dû au temps du verbe. En effet, la phrase:
"Et c'était maintenant le regard triomphant que le général Pompius se tourna vers ses hommes."
convient très bien.
À ceci près qu'il manque la transition d'avec ce qu'il va dire ensuite:
Cette transition fonctionne si l'on déclame le texte à haute voix, parce que l'on peut employer un ton précis afin de faire comprendre que quelque chose va suivre, notamment des paroles.se tourne vers ses hommes.
« A présent que ces enfants nous ont donné l'espoir,
Dans une narration écrite classique, cela fonctionne aussi parce que l'on a la connexion visuelle logique entre les deux paragraphes.
En revanche, lorsque je lis ce passage en imaginant que quelqu'un le raconte, j'ai la sensation qu'il manque un simple:
"...se tourna vers ses hommes et leur dit:"
qui sera plus "naturel" car mettrait en évidence le fait que le narrateur ne prévoit pas ses effets à l'avance (comme on le fait avec un texte écrit) mais ne cesse de poser des liens à haute voix entre ce qu'il a dit et ce qu'il va dire. De plus, cela reste dans l'idée de simplifier la tâche à l'auditeur qui, du coup, n'a pas besoin de se demander qui parle ou si quelqu'un parle (question qui demande peu de concentration, mais de la concentration tout de même).
***
Non. Personnellement, je n'aurais pas fait de différence d'avec un texte classique.En gros, si on ne sait pas que c'est un texte parlé, est-ce qu'on le soupçonne ?
Inventer et raconter en même temps un histoire à haute voix en s'enregistrant, puis analyser les tournures employées et les reproduire.avez-vous des conseils pour l'améliorer ?
Plus simplement, peut-être simplifier la narration pour la rapprocher d'un conte pour enfant (qui est dans notre esprit un symbole du récit narré oralement)...
Impe, crevé, qui n'avait juste pas envie d'aller se coucher... (et puis, ton idée est vraiment intéressante)
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- Vuld Edone
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Beaucoup d'interpellations, de "tu" qui chez Johannes devraient être des "vous". Johannes est certain de ce qu'il raconte, alors que là il y a des "ça a dû se passer comme ça". Un vocabulaire assez familier (avec des onomatopées) qui là non plus ne s'applique pas à Johannes.
Le temps verbal a vraiment tendance à être au présent, pas mal de passés composés à la place des passés simples. Cela dit, le narrateur était sur place donc ceci peut expliquer cela.
Le problème est que Johannes déclame, du coup il joue vraiment un rôle de narrateur. Il ne rapporte pas des faits, il raconte une histoire (même s'il peut la croire vraie).
Le souci d'un discours est notamment de capter l'attention de l'auditeur, directement à portée, et donc de réagir en direct. S'il s'ennuie, de relancer, s'il décroche, de le reprendre... Les petites précisions glissées ici et là servent notamment à ça. "Un vrai rideau de cendres" participe de cette logique, avec son insistance.
Bref, je suppose que le problème vient surtout d'un Johannes dont le personnage est très mauvais narrateur. À mon avis, avec lui, il faut s'en tenir aux temps verbaux.
Pour référence, le test :
Je vais te dire, moi, ce qui s'est passé à Tiersule.
Ca douchait les obus, comme ça, boum boum boum. Nous on était dans des tunnels comme des rats, on avait la tête près d'exploser. À la radio, ils ont dit que l'ennemi débarquait. C'était forcément au nord, pas dans la crique, t'imagines bien. On avait mis plus de mines qu'y avait eu de barques là-bas.
Dans son bunker, le général Arvilliers a dû grogner comme un sagouin. Il a regardé sa carte comme si on pouvait voir les glisseurs filer vers la berge. La berge, tiens, elle était couverte de fumigènes, de la fumée noire que tu croirais à un incendie. Un vrai rideau de cendres. Les glisseurs filaient vite mais avec les canons qui tonnaient et les déflagrations, c'était à peine si tu pouvais les entendre. Ces trucs rasent l'eau, tu sais. Y avait des nids de tireurs en amont, partout, qui serraient les dents pour les accueillir. Arvilliers il voyait tout ça sur sa carte, et il voyait pas comment repousser ça.
Il a fait "passez-moi le douzième !" avec un grand geste du bras. Son PC a appelé ce qu'il restait des obusiers, et il a demandé combien il lui restait de canons. Tiens-toi bien, après plus d'un mois il avait encore deux batteries presque complètes. Sept canons. Alors Arvilliers a fait, "on ne bouge pas", et c'est pour ça que la radio nous a dit à nous autres dans nos trous de rester sur place. Crois-moi qu'avec le déluge, nous on était contents.
Puis les glisseurs ont atteint la berge. Leurs soldats ont traversé la fumée comme des spectres. Ca a craché la mort d'en haut, de longues rafales, et aussitôt nos tireurs se sont fait moucher. Puis leurs blindés sont sortis à leur tour.
Là, les canons ont tonné. Nos canons. On les a entendus avec leur tou tou tou comme un crépitement lointain, qui dure pas longtemps parce qu'ils doivent direct lever le camp et se terre plus loin, sur ce qu'il restait de couverts à Tiersule. Les obus ont passé la crête pour s'écraser sur l'ennemi. Ensuite, la compagnie D s'est mise en position, juste au moment où la seconde vague de glisseurs gagnait la berge. C'était comme deux rangs de fusiliers de l'ancien temps, tu vois ? Deux lignes de soldats qui se retrouvent face à face, à moins de dix mètres, et qui braquent leurs fusils face à face. Et qui se tirent à bout portant. Là, c'était à soixante, cent mètres. Pareil. Ca a été un carnage des deux côtés.
Arvilliers a dû recevoir un message du genre : "Compagnie D, hors de combat."
Ca traîne pas, ces choses-là.
Il a marché dans le couloir, loin des radios, quelques secondes, pour réfléchir. Le choix était le même à chaque fois, lutter à mort pour éviter la tête de pont, et ça c'était l'assurance de pertes lourdes, ou bien se replier et forcer l'ennemi sur le relief. Ca aurait calmé l'artillerie adverse, au moins un peu, mais c'était plus ou moins condamner Tiersule. Alors il a laissé faire, et en revenant il a juste hoché la tête. Et ils ont donné les ordres. Et la compagnie E est sortie à son tour. Et puis nous on s'est apprêté à les rejoindre.
Soudain, bam, bam, deux coups comme des tremblements de terre. Moi, j'aurais juré que notre trou à rats était éventré, et que j'allais finir enterré. Je me suis même pas affolé. Juste tendu un peu. Et puis je me suis rendu compte que la radio était muette.
Je sais pas qui, je sais pas comment, avait touché le PC de plein fouet. Ils avaient fini par le trouver. Deux missiles, au cas où on aurait pu en intercepter un. Mais on pouvait pas. Là où y avait le PC, y avait un trou où l'eau s'engouffrait comme si la crique allait se vider. Y avait plus d'Arvilliers, et y avait plus d'ordres. On était plus que trois mille hommes bloqués sur ce caillou face aux deux flottes du Liscord, comme ça, en une seconde.
Le reste, tu le connais. Le lendemain...
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- Imperator
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Sans non plus tomber dans une caricature de racontar de soldat, non?Ca douchait les obus, comme ça, boum boum boum. Nous on était dans des tunnels comme des rats, on avait la tête près d'exploser. À la radio, ils ont dit que l'ennemi débarquait. C'était forcément au nord, pas dans la crique, t'imagines bien. On avait mis plus de mines qu'y avait eu de barques là-bas.
Si je reprends le même passage:
"Les obus tombaient et tombaient encore sans discontinuer partout sur le champ de bataille dans un vacarme absolument épouvantable. Même depuis les tunnels, où nous nous étions réfugiés, nous avions l'impression que c'était notre tête qui, sous l'effet assourdissant du bruit, allait exploser. Nous avions une petite idée cependant de ce qui nous arrivait: la radio avait transmis que l'ennemi débarquait.
Nous savions que c'était au nord, et pas dans la crique. Il n'y avait aucun doute à avoir, parce que nous avions placé plus de mines dans cette même crique que l'ennemi n'avait probablement de barques pour nous attaquer.
[...]"
Le ton est plus soutenu, mais on devrait malgré tout sentir le récit narré oralement.
Bref, j'éviterais les:
et:du genre
Qui, s'ils relèvent du langage parlé, peuvent malgré tout être désagréable pour le lecteur qui s'attend à un français plus évolué.Et puis nous on s'est
Maintenant c'est un style. Je voulais juste mettre en avant qu'on doit pouvoir faire du récit narré sans employé de familiarités.
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- Mr. Petch
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Vos réponses sont tout à fait intéressantes, mais j'ai le sentiment qu'elles répondent en deux fois à la question ; une première question qui serait : "Comment faire intervenir le narrateur dans l'histoire ?" et une seconde qui serait : "Comment donner l'impression que le texte est oral et non écrit ?"
Et c'est peut-être là les deux éléments clés de la question parce qu'en fait, quand on imagine un texte parlé, on imagine un narrateur qui intervient, et c'était une de mes réactions aussi, dès le départ.
Ce qui veut dire aussi, Impe, quand tu dis :
C'est de la narration classique. Pure et simple.
Que mon but n'est pas non plus de faire un texte non-narratif : ça doit toujours raconter une histoire. Mais l'objectif est bien que le lecteur comprenne que c'est de l'oral.
Sur le second point que je n'avais pas forcément repéré au départ, vous avez remarqué pas mal d'améliorations possibles : les temps verbaux, la nécessité de procédés qui cherchent à capter l'attention, une narration qui s'appuie et accompagne la mémoire à court terme de l'auditoire ["poser des liens"].
**
C'est tout bête, mais le test de Feurnard, à l'opposé dans le style de mon texte de Johannes, m'a guidé exactement dans ce qui était possible de faire :
- des onomatopées
Ca douchait les obus, comme ça, boum boum boum.
- des interventions du narrateur qui ne raconte pas mais donne son avis
Ca traîne pas, ces choses-là.
- des "modalités de dicto", comme tu dis
a aurait calmé l'artillerie adverse, au moins un peu, mais c'était plus ou moins condamner Tiersule.
- des phrases sans verbe, et un rythme (et c'est vrai que quand on parle, on ne mets pas toujours un verbe...)
Là, les canons ont tonné. Nos canons.
Plein d'idées intéressantes... Et surtout, ton test m'a donné un indice essentiel : le texte oral doit refléter le caractère de celui qui parle. Ou, pour reprendre cette phrase que je retiens :
Il faut donc qu'on sente que Johannes ne lit pas un texte mais rapporte vraiment sa perception de l'histoire.
Oui, c'est exactement ça.
D'où l'importance de définir le contexte d'énonciation : qui parle, mais aussi à qui parle-t-il ? Idéalement, il faudrait qu'on ressente aussi, dans le texte, l'identité du public ! Comme dans ton test où, d'emblée, on sent que le soldat parle à d'autres soldats de son rang (pas à un général, ou à sa femme, ou à ses enfants).
Bon... Je m'y remets ce week-end.
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- Vuld Edone
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Cela dit, même si un ton soutenu est justifié, il faut aussi se souvenir des impératifs de la production orale.
Si certains sont de vrais dictionnaires sur pattes (ils parlent lentement et avec des mots que toi quand tu les entends tu sourcilles), en général plus la phrase dure plus on aura tendance à la simplifier :
"Les obus tombaient et tombaient encore sans...""Les obus tombaient et tombaient encore sans discontinuer partout sur le champ de bataille dans un vacarme absolument épouvantable.
La il est probable que "discontinuer" soit mette fin à la phrase (reprise de souffle) soit soit remplacé par une variante plus simple : "... sans fin partout sur..."
Il faut se mettre dans les bottes de la personne qui raconte et qui doit coller les morceaux d'un puzzle gigantesque dans sa tête. Même avec beaucoup d'expérience, ce n'est pas évident, et le commun des mortels va donc au plus simple.
"Même depuis les tunnels, où on était réfugiés, nous avions l'impression que c'était notre tête qui, sous le bruit assourdissant, allait exploser."
C'est vrai qu'il n'y a aucune raison de tomber dans le populaire un peu ridicule. Mais les tournures trop complexes sont à proscrire soit parce qu'il est très peu probable que le locuteur les dise, soit parce qu'il est très probable que ça agace son auditoire.
"Le bruit assourdissant" est tout aussi soutenu que "l'effet assourdissant du bruit" mais plus simple et plus direct. Le risque, en discours, est qu'on bloque à "effet" : "... sous l'effet... l'effet assourdissant voilà du bruit..." et ça fait des tas de reprises qui, forcément, à l'écrit, passent beaucoup moins bien.
En fait, c'est aussi un moyen de diriger l'attention du lecteur : si la phrase est plus complexe, c'est que le locuteur l'avait "préconstruite", il ne l'a pas improvisée celle-là. C'est le cas des maximes ou quelque chose qu'il aurait répété souvent, qu'il se serait répété tout du moins.
Du coup une phrase à la structure un peu complexe parmi des phrases relativement simples, ça se remarque assez vite. Et on trouve ainsi où est cachée l'information pertinente.
Mais là on dérive de la question.
Yup, pas besoin de tomber dans le populaire -- surtout avec Johannes.
Mais essayer de simplifier les structures, surtout en fin de phrase, pour mimer une sorte d'essoufflement (rien à voir avec la respiration, juste notre encéphale qui carbure pour aligner les mots).
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- Mr. Petch
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Il faudrait que j'ajuste pour que ça colle un peu mieux au reste et que ça puisse tenir la durée, mais c'est une tentative de trouver le ton juste : celui de Johannes.
Savez-vous ce qu'on se racontait dans les rangs des soldats ? Savez-vous ce qu'ils se disaient, au front, ces soldats, de simples soldats ? Un bruit... Oui, un simple bruit... Le croirez-vous ?
Mais pas n'importe quel bruit ! Attention ! Un bruit d'espoir, un bruissement, presque. Un bruit comme un rumeur, et elle tournait, elle tournait depuis l'arrière, elle tournait comme un souffle sans fin. C'est beau, un souffle qui ne s'interrompt jamais. On dit que dans une guerre, le gagnant n'est pas le plus fort : c'est le dernier qui respire. Il faut méditer ça.
Cette rumeur dont je vous parle, elle était venue des profondeurs du pays. Elle était venue de villages sans nom, parce que ça n'intéresse personne de leur donner des noms, et parce que, voyons, qui s'intéresse au nom des villages quand ce qui s'y dit concerne le destin du pays ? C'est ce qui s'y dit qui nous intéresse, pas leur nom.
Dans ces villages étaient passés, enfin, c'est que qu'on disait, deux enfants. Deux enfants ? Deux enfants : un petit garçon et une petite fille. Juste deux enfants. Ils arrivaient à l'aube, mangeaient quelques gâteaux, la discussion commençaient, et au bout de quelques heures reprenaient leur chemin. Ce n'était que cela, la rumeur ? Cela d'abord, mais pas seulement.
Un jour le bruissement était arrivé dans la tente du général Pompius. Le général Pompius... Voilà un homme qui incarne à lui tout seul la gloire de la guerre : pas une bataille perdue, des pertes minimes, une présence rassurante... Et pourtant, oui, pourtant, ce jour-là, le jour dont je vous parle, le général Pompius était au bord du désespoir. Et ce n'étaient pas ses lieutenants, en cercle dans sa tente autour de la carte d'état-major, qui allaient l'aider à reprendre ses esprits. Travailler avec le plus grand des hommes peut être riche d'enseignement, mais peut aussi faire resurgir la paresse et la honte derrière la confiance et l'admiration. C'était bien là le cas des lieutenants du général Pompius, en vérité une cour de flagorneurs dont les connaissances du jeu martial ne dépassaient guère celle d'un enfant de dix ans ! Peut-être est-ce là quelque peu exagéré, mais il faut bien avouer que, ce jour-là, tous lui apportaient, les uns après les autres, des nouvelles plus affolantes.
Sur le front Est, les infâmes extraterrestres, ces créatures sans scrupule et sans pitié, avaient usé de leur armement sophistiqué pour anéantir tout un bataillon. Des milliers d'hommes morts dans les volutes d'un gaz mortel pour l'homme, mais inoffensif, bien entendu, pour les extraterrestres. Des âmes déloyales qui ne cherchent qu'à éviter le noble corps à corps !
Sur le front Sud, ce n'était guère mieux. Des renforts annoncés traînaient, ralentis par une embuscade, et le coeur de l'armée ne tiendrait pas longtemps. Le temps jouait contre eux.
Ils en étaient là, tous... Pas un pour apporter au chevet du général malade de la défaite des nouvelles propres à le réjouir.
Pas un ? Si ! Mais il n'était pas général, ni même gradé : un simple coursier à vélo qui venaient des profondeurs - vous savez, ces profondeurs sans nom, sans matricule. Il avait bien failli se faire arrêter à l'entrée du camp ! Mais le message qu'il apportait lui avait comme donné des ailes, à l'envoyé de l'espoir.
Il criait : "Général Pompius !" "Général Pompius !".
Parce que le bougre, croyez-moi ou non, n'avait voulu remettre son message qu'au général Pompius, et à personne d'autre ! Le général Pompius, connu dans tout le pays pour sa bravoure et son talent de stratège... Lui seul méritait d'entendre la nouvelle... Il faut saluer l'abnégation du coursier !
Il était arrivé, essouflé, devant le général. Le général lui avait intimé de reprendre son souffle, puis de parler.
Le coursier avait à peine commencé : "C'est au sujet de deux enfants..." que l'on avait vu sourire le général. Presque, semblait-il, comme s'il avait espéré une telle nouvelle. Presque comme s'il avait su que quand ce qui n'était qu'un bruissement des profondeurs sans nom atteindrait, comme une immense caisse de résonance, la clameur des combats, le temps serait venu de se réjouir.
Quand vint la suite, il fallait les voir, tous ! Leurs visages se transformaient. Leurs traits s'éclaircissait, comme ça, dans la seconde ! Tous ces hommes, tous ces flagorneurs apeurés, des lions, qui retrouvaient leur composition de triomphe, leur air de brave, leurs rires pleins de certitudes.
Il y avait bien des incrédules... ça oui, il y en a toujours, qui se pensent plus malin que les autres. Mais même eux, au fur et à mesure du récit de l'homme, allait changer d'avis.
Le coursier était maintenant essouflé, non plus de sa course, mais de ses paroles ; d'excitation :
"Ils sont deux, et ce sont eux qui m'ont dit de vous trouver, mon général. D'abord le garçon m'a dit de vous dire que la mission était accomplite, mon général, qu'il n'y avait plus danger de ce côté-là. Et puis surtout ils m'ont dit qu'ils ont trouvé l'Arme Secrète. Oui, voilà, c'est ça : l'Arme Secrète. Et ils arrivent avec..."
Que de bonnes nouvelles pouvaient porter un si humble coursier ! Bien sûr la moitié des flagorneurs n'y comprenaient pas grand chose, à ces histoires d'enfants et d'Arme Secrète. Mais c'était le ton, oui, cela devait être le ton réjoui et assuré du coursier, et puis aussi les regards bienveillants du général Pompius, qui les avaient fait réagir de la sorte.
"Et la fille, mon général... La petite fille... Quelle beauté ! Quelle intelligence ! Elle ne dit rien mais, pour sûr mon général, elle comprend tout, tout ce qu'on lui dit. On l'a tous adoré ! Pas de doute, mon général, à nous la victoire !"
A nous la victoire ! C'est en le criant que le coursier souleva l'enthousiasme des occupants de la tente, et jamais on aurait imaginé avant une telle communion des esprits. A nous la victoire ! Le général, lui, restait sobre, car l'exubérance ne faisait pas partie de ses maigres défauts.
"De quel village viens-tu, brave homme ?"
Le village n'avait pas de nom, bien sûr, mais une distance, et cela suffisait.
"Pas loin du front. Un jour de marche. Seront là avant la tombée du jour."
"Alors réjouissons-nous, messieurs. La solution à nos problèmes est en route. Ce soir, les extraterrestres rentrent sur leur planète !"
Alors un incrédule, vous savez, ceux qui veulent voir pour croire :
"Et en quoi consiste-t-elle exactement, cette solution ?"
"Messieurs... Cette solution, ce sont les Enfants de la Dernière Chance !"
Triomphe, clameur, éclats...
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- Vuld Edone
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On a, à la suite, deux techniques différentes qui visent au même effet, c'est-à-dire rappeler la présence du narrateur.Et pourtant, oui, pourtant, ce jour-là, le jour dont je vous parle, le général Pompius était au bord du désespoir. Et ce n'étaient pas ses lieutenants, en cercle dans sa tente autour de la carte d'état-major, qui allaient l'aider à reprendre ses esprits.
Le premier est "le jour dont je vous parle". Le second est "Et ce n'est pas... qui..." Simple test :
Là, on a effacé toute trace du narrateur.Ce jour-là le général Pompius était au bord du désespoir. Ses lieutenants, en cercle dans sa tente autour de la carte d'état-major, ne pouvaient pas l'aider à reprendre ses esprits.
Donc première remarque pour moi, linguiste : Le "et" reliant deux phrases appartient bien à la macro-syntaxe (bon, par définition, mais encore) parce qu'il indique bien une modalité de dicto.
Rien que là, juste avec ça, on a réintroduit le narrateur. Ce "et" vient de donner son avis. "Pourtant", "oui", etc... jouent le même rôle, de même que "ce n'est pas... qui..."Ce jour-là le général Pompius était au bord du désespoir. Et ses lieutenants, en cercle dans sa tente autour de la carte d'état-major, ne pouvaient pas l'aider à reprendre ses esprits.
Cela dit, pour les habitués de la focalisation externe, ce genre d'indice est au final peut remarquable. Le lecteur ne se prend même pas à penser que oui, il y a un narrateur, avec sa vision à lui des choses. La focalisation externe masque ça.
Quoi qu'il en soit, ma remarque est qu'avec "le jour dont je vous parle", la présence du narrateur est trop forte.
Oui, c'est justifié à l'oral, mais il y a quelque chose de trop insistant là-dedans (et pas juste la répétition de "jour"). On pourrait se contenter de dire "c'est trop évident" ou "c'est trop gros" et s'en tenir là.
Cependant je suis plutôt d'avis qu'ici c'est un manque de pertinence. On ne comprend pas pourquoi le narrateur insiste sur ce jour.
Ici, ça semble plus pertinent. On parle de ce général, et on insiste sur lui justement parce qu'il n'est pas n'importe quoi. Avec le jour, ça paraît gratuit.Ce jour-là le général Pompius était au bord du désespoir. Ce général dont je vous parle n'était pas n'importe qui. Mais ses lieutenants (...) ne pouvaient pas l'aider à reprendre ses esprits.
Idem pour :
"Deux enfants. Juste ça ? Deux enfants."deux enfants. Deux enfants ? Deux enfants
On ne voit pas tout de suite la pertinence de la question (censée faire écho à celle des auditeurs et donc, par extension, des lecteurs). Sans faire de blabla, "juste ça" précise ce qu'il faut interpréter, vraiment cette réaction "tu nous fatigues pour deux gosses ?" L'intervention du narrateur est beaucoup plus pertinente, tout autant mise en scène mais moins artificielle.
Avis tout à fait pertinent pour Johannes mais trop détaché de ce qui précède. "... pour les extraterrestres, ces âmes déloyales..." Ou alors "Ca ne pouvait venir que d'âmes déloyales."Des âmes déloyales qui ne cherchent qu'à éviter le noble corps à corps !
Cela dit, il faut se remettre dans le contexte des Martyrs. Il est normal que les personnages soient théâtraux. Ce serait même bon de mettre en scène ce théâtre, tant qu'il ne pèse pas au lecteur (voir ma réaction à Agratius).
Un dosage "subtil"...
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