Té-a

Hi'.

Ce matin encore j'étais en train d'écrire ce texte :
Té-a
Et... grmf.

Il s'agit du troisième, ou quatrième, texte court sur l'univers des Anges (= Alquières) et que je préparais en vue de décembre mais dont l'écriture s'avère incroyablement frustrante.
Le lien ici fait dix pages, c'est le second jet, on est environ à la moitié du texte, ça tire en longueur et comme souvent avec les textes des Anges je me demande pourquoi j'écris tout ça.

Alors quitte à être fidèle à l'esprit de la TdE je vous passe le brouillon.

1. L'histoire
En gros, deux monstres se rendent sur une île. Là se trouve une installation d'Homs et ils veulent voir ce qu'il y a dedans. Il se trouve que dedans il y a un troisième monstre et que le libérer n'est pas une bonne idée.

2. Les personnages
Comme toujours avec les Anges, il y a un florilège de monstres à créer. Ici il y en a quatre au total, dont deux vieux : Nate et Evan. Evan est le prisonnier, ça ça ne varie pas, et selon les besoins Nate est là pour "représenter" Homs sur place et jouer les geôliers.
Ce qui laisse deux nouveaux.
- Lesprit : c'est le personnage le moins bien développé. En fait il ne l'est carrément pas. Actuellement c'est un cerf qui arrive à "voir" le passé d'Alquières (et qui ne comprend pas ce qu'il voit) et qui peut faire se rencontrer passé et présent. C'est brouillon, c'est un concept et tout est encore à faire. Je me dis qu'il faudrait carrément recommencer de zéro avec lui.
- Samuels : alors là par contre le personnage est bien développé, et pour moi le principal intérêt du texte.
Samuels est un fourmi rouge né dans une cité où les insectes ont fait des purges pour tuer toutes les autres bêtes. On lui a enseigné la suprématie insectoïde, il y a pas cru, la cité a fait la guerre aux voisins et les voisins ont pas aimé. Des monstres sont venus taper sur la fourmilière et pour se défendre, la cité a fabriqué un robot de géant, appelé simplement "L'Arme", destiné à gagner la guerre.
Samuels a été intégré aux ingénieurs, a aidé à fabriquer l'Arme et l'a regardée se faire dézinguer par les monstres avant que la cité ne soit envahie et massacrée en représailles -- la copine mante de Samuels se fait tuer également. Le fourmi, parmi les survivants, répare alors l'Arme tout seul, la renomme Té-a et va vivre sa vie avec.
Il s'arrête notamment pendant huit jours au village de Kand où il abandonne son robot géant (l'Arme) pour vivre une vie "normale". Mais comme huit jours c'est long et qu'on parle d'Alquières, le village finit en flammes et Samuels reprend son chemin.

Le principal intérêt de Samuels est qu'il n'est pas, en soi, un monstre. Okay c'est un foutu génie pour réussir à réparer et manoeuvrer seul une machine géante de deux cents mètres mais c'est Alquières, c'est la norme. Dans les faits il veut juste vivre une vie normale et il se trouve qu'il a un robot géant.
L'autre intérêt est que ce robot géant est une plate-forme de siège armée de bombes "fournaise", petit souvenir de Chimiomécanique : ce fourmi a la puissance de feu nécessaire pour rayer une ville entière en une fraction de seconde. Et parce qu'il est traumatisé, et normal, il refuse d'envisager seulement de le faire.

3. Le plan
Actuellement, le déroulement va comme suit :
- Samuels dort, Lesprit le réveille, découverte du robot qui se dirige vers l'île en marchant dans l'océan.
- L'esprit soulève les fonds marins pour reconstituer l'île de l'époque. Pas de trace de la base, seulement le vaisseau de Nate.
- Lesprit déclenche les hostilités et Samuels s'y retrouve entraîné. Nate suggère à Samuels de rester hors du combat.
- Nate sort affronter Lesprit même si Samuels intervient, il finit par démolir le cervidé. Samuels cherche à détruire Nate.
- Parce que Nate a le soutien de Homs, il met Samuels aux abois. Ce dernier est tenté d'utiliser l'armement fournaise, mais refuse.
- Homs laisse Samuels vivre et donc atteindre le prisonnier. Samuels est libre de libérer Evan.

Le principal problème, à ce stade, est que Lesprit est mal fichu, bâclé et que ça se ressent énormément dans le texte. Le personnage est limite ennuyeux, son pouvoir n'a pas le moindre sens... cela dit, même en réglant Lesprit, il reste d'autres problèmes.
On va mettre de côté les problèmes récurrents type "trop d'informations à introduire à la fois" ou "narration plate" ou etc...
Un problème vient des combats. Le lecteur n'a aucune idée des forces en présence et du coup subit le combat sans pouvoir dire qui gagne ou qui perd. Autant Té-a (le robot) est bien conçu, avec l'histoire des générateurs pour savoir où on en est, autant côté Nate il manque tout le fonctionnement de la cuirasse Attila.
Même sans ça, il y a la base d'Homs qui dans le brouillon est expédiée alors qu'on pourrait au moins s'attendre à ce qu'elle soit redoutable, et c'est un peu ce qui est prévu. La difficulté c'est de faire autre chose que juste tirer au canon encore et encore, et cela sans tomber dans le caricatural.

Mais au final le coeur de tous les problèmes, à mon sens, est que ce texte n'a aucune raison d'être.
Il ne dit rien.
C'est une excuse pour mettre en scène Alquières, avec des monstres (dont Nate et Samuels qui sont sympa) et un peu de combat, et un entraînement pour moi, pour introduire les éléments, clarifier toujours plus le texte tout en maintenant un style un tant soit peu soigné... mais pas de message, pas de réflexion, tout juste des morales à deux sous dignes de shonens.
À ce stade ma seule raison pour écrire ce texte c'est de voir Té-a en action (j'aime bien ce robot) mais c'est à peu près tout.

Du coup je réfléchis à quoi faire.
- Est-ce que j'insiste sur ce brouillon, je fais un troisième jet malgré un "Lesprit" foiré et une histoire qui semble n'aller nulle part ?
- Est-ce que je change le plan de l'histoire, par exemple en abandonnant la base "invisible", en faisant qu'ils sachent dès le départ que c'est une prison (ils viennent carrément libérer Evan, c'est décidé à l'avance) ? En ne faisant arriver Nate que plus tard, au milieu de l'attaque ?
- Est-ce que je change carrément de lieu et d'action ? J'avais imaginé écrire sur Samuels à Kand, sur Samuels dans une grande ville (qui aurait laissé son robot dehors) par exemple pour la rencontre avec Lesprit (ou son remplaçant)...

Je ne sais pas comment faire pour que le texte soit prêt d'ici à la fin décembre, ni par quel bout prendre Lesprit pour en faire un personnage viable. Je veux dire à la base ce perso' c'était juste une blague sur l'écologie...
Donc si quelqu'un a une idée de comment corriger le tir, de ce qu'il ferait à ma place, plutôt que de piétiner dans mon coin je suis preneur.

Je (re)découvre cette intervention de toi. Je dois te dire qu'à l'époque, j'avais rien compris à ce que tu avais en tête. En lisant tout ça dans la foulée de Premier Cri, c'est assez étrange de découvrir à quel point ton scénario est construit et solide et planifié.
Mon approche est plus intuitive. Faudrait un jour que je m'amuse à faire pareil sur Eteher pour vous faire un point sur ce qui m'arrête. Et souvent, c'est le noeud véritable de l'action... Rien ne motive plus qu'écrire une disgression sur une scène d'un personnage... Et trouver comment l'insérer dans mon histoire de manière à la rendre plus crédible. Rien ne m'ennuie plus que faire avancer mon scénario en grand pas sur quelques scènes parce que je sais ce que je dois faire et que le lecteur l'attend et que je ne peux pas le décevoir. Je préfère le surprendre avec des choses qu'il n'attend pas que lui donner ce qu'il attend (et qui était normalement le départ de l'histoire).
Et c'est marrant, parce que sur Allariel j'arrive en fait sur le départ de mon histoire (elle va devenir une matriache et donc enclencher toute la trame qui précède Eteher), celle qui, au départ, m'a donné envie d'écrire, et bien entendu, ça doit faire 5 ou 10 ans que je bloque dessus. Tout ce qui a été écrit avant n'existait pas dans ma tête au moment où je me suis lancé (ou tout au plus je m'étais dit que cela serait un ou deux chapitres).