Chant des Pierres- Chap8- séquence 1/7
- Zarathoustra
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1- Le Constat
J’avance dans mon récit et finalement l’histoire aura 9 chapitres, et plutôt long. Actuellement je travaille sur le chapitre 9 mais j’ai laissé en chantier des choses sur le chapitre 8.
En premier lieu, il y a la séquence d’ouverture que je vous présente. Globalement, pour tout ce chapitre, j’ai un problème : le récit prend trop de hauteur par rapport à mes personnages. Mais c’est un peu volontairement que j’ai travaillé ainsi de manière à ne pas me disperser et à solidifier/crédibiliser l’intrigue. Mon but est d’avancer coûte que coûte pour obtenir une vue d’ensemble, libre à moi d’y revenir par la suite pour rééquilibrer les choses ou pas.
Cette séquence a donc été écrite principalement dans le but de rendre crédible ou cohérente la scène sur le plan scénaristique. Je ne l'ai pas travaillé particulièrement également parce que elle rentre dans la catégorie des scènes dans lesquelles je n'arrive pas m'investir.
2- Le résumé des épisodes précédents
Pour ceux qui n’ont pas lu les chapitres précédents :
Les yhlaks sont un peuple venu du froid pour reconquérir leur ancienne terre, notamment une île sacrée, la Lisonge, qui abrite un temple bâti autour d’un mystérieux cercle de monolithe rouge. Les eldreds sont le peuple qui ont chassé les yhlaks il y a des siècles et constituent l’Empire humain le plus puissant. On découvre dans le précédent chapitre qu’ils ont saccagé complètement le temple, massacré les religieux et transformé l’île en une terre taboue et interdite.
Le lecteur sait quand il lit la scène qui va suivre que la stratégie des eldreds est de librement laissé accosté les yhlaks sur l’île car les vuldoniens (un ordre religieux très puissant qui lutte plus ou moins contre l’empereur pour assoir davantage son pouvoir) ont obtenu de l’empereur de faire intervenir Gisère, l’un des seuls magiciens humains qui existent, pour anéantir les yhlaks sur l’êle, de manière à envoyer un signe très fort à toutes les nations voisines qui s’agitent sous l’impulsion des succès militaires yhlaks. Dans les faits, l‘Eldred est sur le point d’imploser de l’intérieur avec des porvinces qui se voient plus indépendante et d’exploser sous les pressions des menace extérieures qui ont franchi les frontières.
Les yhlaks approchent de la Lisonge au prix d’une bataille qui les a rendus exsangue et dont la victoire a été permise par le rôle prépondérant des femmes que Lonstroek a su faire basculer dans la bataille. Eux-mêmes connaissent des distensions internes autour de leur 2 principaux leaders, Reyv’avih, un devin plus ou moins illuminés et opportuniste qui a déclenché cet exile et Lonstroek, son fidèle lieutenant, dont la vision de leur quête spirituelle a complètement changé quand il a tué de ses propres mains, sa femme, Hylda (que Reyv’avih aimait également et dont il a profané la sépulture et massacré le corps de rage de n’avoir pu la posséder vivante). A la suite de ses aveux sur les doutes des finalités de leur quête (qui s’articule autour d’un mantra), Lonstroek a donné sa vision du mantra et a été condamné comme un hérétique. Cependant, son message a su toucher une partie de son peuple et ses fidèles, notamment parmi les femmes.
Il s’en est suivi une scission progressive du peuple. Depuis peu, Reyv’avih semble lui aussi s’être rapproché d’une vision plus humaniste et harmonieuse de leur quête spirituelle. Ce basculement a permis la réunion du peuple yhlaks. Il fut décidé ans le chapitre précédents que les hommes valides partiraient en avant pour assiéger Valdec, la ville portuaire qui doit leur ouvrir les portes de la Lisonge tandis que les femmes, les enfants, les vieillards restaient en arrière et se chargeaient des nombreux blessés pour les rejoindre dans un second temps.
Entre temps est apparu un nouveau personnage : Vyréhel. Il s’agit de la demi-soeur d’Hylda, beaucoup plus jeune, qui n’a connu la nature de sa relation de sang avec elle que tardivement, uniquement en fait quand leur ressemblance fut telle qu’on ne pouvait plus le cacher. Autant Hylda était grande, massive, fragile et timide, autant Vyrhéhel est menue et volontaire. Aimant chacun la même femme, Lonstroek et Reyv’avih sont tout d’eux tombés sous son charme du fait de cette troublante ressemblance, à l’exception que Reyv’avih croit qu’il s’agit d’un fantôme venu le hanter pour le punir d'avoir profané la tombe.
Voilà en gros l’état des lieux.
3- Mon problème
Cela fait partie de ces séquences que je trouve un peu ingrate, qui n’ont pas de vrais enjeux dramatiques mais qui sont nécessaires pour l’intrigue. On ne va pas trop parler du style que je trouve très plat, mais c’est mon premier jet, tout n’a été écrit que pour fixer mes idées, donc il n’y a pas de vraies mise en valeur, ni recherche stylistique, ni même relecture pour chasser les répétitions ou maladresse. Là n’est pas l’enjeu. L’enjeu, c’est que je trouve que la scène n’a pas vraiment d’enjeu qui me motive à l'écrire. Je ne veux pas que la séquence soit beaucoup plus longue car sinon je suis parti pour encore rajouter un ou deux chapitres, ce que je ne souhaite pas. Ce que je souhaite, c’est concilié à la fois une efficacité et placer un enjeu « dramatique » qui stimule le lecteur pour lire la suite.
Je me rends compte que, dès que je m’éloigne de mes personnages pour embrasser vraiment ma grande histoire, je n’arrive pas à me projeter vraiment dedans. J’écris de manière fonctionnelle de manière à remplir une sorte de cahier des charges inconscient et je me demande si au final le lecteur y trouve son compte. Ma principale motivation est de lui donner envie de lire la suite et de faire naître le sentiment d’une inexorable marche vers une destinée.
Donc voilà ma question : et vous, comment écririez-vous cette séquence? J’ai le sentiment qu’on pourrait le traiter totalement différemment. Je suppose qu’Iggy pourrait la traiter comme un chapitre entier parce que potentiellement on peut la rendre effectivement paroxique de plein de manière. Mais je me dis que, dans la mesure où le lecteur sait que le véritable enjeu va se trouver sur l’île, il est inutile d’en faire trop non plus.
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- Zarathoustra
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.4- Le texte de base
Les yhlaks avaient déjà vu des villes se rendre et même parfois des provinces entières, mais jamais sur les terres d’Eldred. Comme il se doit dans une telle situation, l’hypocrisie et l’excès d’empathie polie couvraient chaque mot des dignitaires qui les accueillirent de manière à dissimuler soit une infinie lâcheté soit une basse manœuvre pour les piéger. Dans les faits, pour ce qui concernait les yhlaks, plus la probabilité de voir débarquer une armée ou une flotte pour les anéantir s’affaiblissait, plus montait dans leurs rangs cette sourde inquiétude qui leur disait que tout irait mal. Aussi, quand la ville se proposa même de leur prêter des navires pour regagner l’Île Rouge, il devint évident pour eux que le piège se ferait sur l’eau ou sur l’île. Pour limiter tout risque de cette nature, les yhlaks réclamèrent qu’on leur confia une trentaine d’enfants pour chaque navire, dont ceux des dignitaires, qu’ils ne libèreraient qu’après qu’ils eussent la certitude qu’aucun autre piège ne les attendait sur place. Un murmure de contestation accueillit ces paroles qui effrayèrent soudain toute la ville par la puissance de leur emprise. Des signes de nervosité se multiplièrent dans les deux camps. Pour chaque haut dignitaire fut nommé un yhlak qui l’accompagnerait et la présence d’autres mais natifs d’Eldred fut exigée pour toutes réunions pour définir les modalités et contrôler tous les échanges oranges. Et surtout, un ultimatum de deux heures fut prononcé de manière à ce qu’aucune manigance ne s’orchestrât derrière leur dos.
Même Reyv’avih partageait cette tension avec son peuple. A vrai dire, il la sentait dans tout son corps, car plus que jamais il portait sur lui l’entière responsabilité du destin qui les attendait. En même temps, il avait l’impression de pouvoir toucher du bout des doigts leur rêve. Même si de tout son cœur il voulait mener son peuple au succès pour le récompenser de l’ensemble de ses efforts et ses sacrifices, mourir sur l’île ne lui serait pas apparu comme une véritable défaite. Il tiendrait sa mission pour accompli dès que son peuple aurait posé les pieds sur l’Île Rouge.
Avec plus d’une heure de retard, on finit par leur apporter les enfants, soit en tout plus de deux cents. Les plus petits étaient en larme d’être parmi tous ses soldats étrangers, sans qu’aucune présence féminine ne vînt adoucir la réalité. Pourtant, beaucoup parmi eux étaient des pères et une vraie tendresse accompagnait la plupart des gestes et des paroles que l’on adressait à ces victimes encore innocentes. Il fut même décidé de jeux pour détendre l’atmosphère le temps que l’on puisse lever l’ancre. Puis, il y eut enfin quelques sourires, et surtout ces cris spontanés pleins de vie qui animent où que l’on soit un groupe qui ne pensent plus qu’à jouer et qui prouvaient soudain que les yhlaks n’étaient pas des monstres. Pourtant, au moment de quitter le port, sur les rives, les visages inquiets et angoissés des pères et des mères ne quittaient pas des yeux les navires, comme s’ils ne devaient plus jamais revoir ces petits êtres qui étaient sortis de leur chair
->Trouver également une séquence avec Reyv’avih: le but serait de replacer mon personnage dans les enjeux à travers une petite scène à trouver.
Une autre option pourrait être de réécrire la scène à travers son regard.
Si vous êtes inspiré pour la réécrire entièrement, je suis preneur. Sinon, j'aimerai connaître votre façon de l'envisager (en espérant que j'ai été suffisamment clair). Le point le plus critique, c'est pour moi que rien n'est vraiment mis en valeur. On dirait lire un résumé plutôt qu'une séquence d'un récit. Bref, que mettriez-vous en valeur? Comment procèderiez-vous? Et en tant que lecteurs, quels sont les points qui vous intéressent vraiment?
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- Vuld Edone
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Je m'en tiens à ce que tu dis plus haut : comment réécrire ce passage pour le rendre plus "tendu" et dramatique sans qu'il soit plus long.Pour limiter tout risque de cette nature, les yhlaks réclamèrent qu’on leur confia une trentaine d’enfants pour chaque navire, dont ceux des dignitaires, qu’ils ne libèreraient qu’après qu’ils eussent la certitude qu’aucun autre piège ne les attendait sur place. Un murmure de contestation accueillit ces paroles qui effrayèrent soudain toute la ville par la puissance de leur emprise. Des signes de nervosité se multiplièrent dans les deux camps. Pour chaque haut dignitaire fut nommé un yhlak qui l’accompagnerait et la présence d’autres mais natifs d’Eldred fut exigée pour toutes réunions pour définir les modalités et contrôler tous les échanges oranges. Et surtout, un ultimatum de deux heures fut prononcé de manière à ce qu’aucune manigance ne s’orchestrât derrière leur dos...
"Pour limiter les risques, les Yhlaks multiplièrent les conditions, si bien que tout accord sembla sur le point d'être perdu. Quand la dernière réunion se tint, elle fut ouverte par l'arrivée d'enfants Eldreds, deux cents en tout, qu'on fit s'asseoir sous la garde des lames. Seulement alors, à la vue de ces otages livrés, les coeurs de Reyv'avih et de ses hommes se radoucirent. Etc..."
Je peux te dire ce qu'on peut attendre du lecteur fictif :
1) "Pour limiter les risques, les Yhlaks" -> création d'un enjeu, les Yhlaks sont actifs, suspense
2) "si bien que tout accord sembla sur le point d'être perdu" -> le lecteur sait ce qui se passe vraiment mais l'activité Yhlak reste menaçante, idée d'échec : suspense
3) "dernière réunion" -> dernière chance, tout s'accélère : suspense
4) "l'arrivée d'enfants Eldreds" -> rupture avec ce qui précède, on ne voit pas le lien : curiosité
5) "deux cents en tout" -> pourquoi préciser le nombre ? Atténue le côté humain des enfants (on commence à voir le lien ?)
6) "qu'on fit s'asseoir... lames" -> on se concentre sur le lien entre les conditions et les enfants : curiosité
7) "à la vue de ces otages livrés" -> on a l'explication, retour soudain au suspense (atténué, "seulement alors")
"se radoucirent" -> fin du conflit, résolution, touvaben
Comme d'habitude, je joue au puzzle. Je pose une situation, puis il se passe soudain un truc inexplicable que le lecteur doit interpréter, ici en l'occurrence les enfants. Les enfants me permettent aussi de rendre la scène plus vivante, et toi sans doute que tu détaillerais beaucoup plus.
L'ultimatum, les dignitaires présents, etc... tout ça c'est du détail. Tu cherches une mise en scène dramatique, concentre-toi sur ce qui illustre vraiment l'attitude des différents protagonistes. "Ne le dis pas, montre".
Un exemple du "montre" serait, pour illustrer les hésitations de la ville, qu'on voie de l'activité sur les murailles (en disant qu'il y en ait, j'ai oublié). Ou alors, ils ferment les portes. Ou alors, ils demandent un délai, d'où l'ultimatum, que la ville brise, et les Yhlaks deviennent nerveux -- et les enfants "sauvent" l'accord.
Au final tu pars d'une résolution heureuse (l'accord) pour créer un incident (les exigences) qui menacent cette résolution, puis les enfants qui la résolvent et permettent de revenir au plan prévu.
Et cela signale un autre problème : c'est juste une péripétie. Tout cela est accessoire. Certes, ça rend le tout plus crédible, mais ce n'est pas vraiment motivé, pas vraiment pertinent. Et c'est sans doute ton plus grand problème, au-delà de tout le reste. Cette scène n'a pas de raison d'être.
Ce serait plutôt l'occasion pour Reyv'avih de briller, de démontrer qu'il a "changé", etc... en parvenant à concilier ses propres inquiétudes, et celles de son peuple, avec sa nouvelle tendresse et la destinée retrouvée. Dans ton style, n'en fais pas un événement mondial, fais-en une épreuve pour le devin. Ou quelque chose dans ce genre.
Sinon peu importe comment tu le tournes, pour toi la scène restera une corvée.
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- Zarathoustra
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L’autre point où tu parles de « montrer » est très juste. Mais si j’ai exposé ce passage, c’est bien que je sais pertinemment que tout ça n’est pas un vrai texte. On va dire que c’est plus un plan, un résumé de ce qu’il devrait être. Le problème de « montrer », c’est que ça rallonge tout de suite le paragraphe : il faut des personnages, une situation, un micro-dénouement.
.Sinon peu importe comment tu le tournes, pour toi la scène restera une corvée
En fait, je pense qu’il y a justement matière à ce qu’elle n’en soit pas. Et j’aimerai justement qu’elle n’en soit pas une. Pour qu’elle m’intéresse, je vois plusieurs pistes :
- Lui trouver un vrai regard. Sans doute par l’entremise du devin… ou alors des enfants.
- Rendre palpable la tension entre les deux peuples. Ici, je l’explique mais je ne la montre pas.
- Le dernier point qui serait à mon sens le meilleur, ce serait d’obtenir un texte tendu mais épuré. En fait, la vraie raison de ma demande. Comment tout dire (donc en l’occurrence réussir à en dire davantage) et tout faire partager mais avec autant de mots.
L’enjeu d’écriture est ici : écrire de manière la plus concise possible (allez, on tenter un autre terme : je veux « ciseler » la scène) sans donner l’impression de lire un résumé (comme c’est en gros le cas ici), tout en favorisant une meilleure projection du lecteur dans cette scène. Je suppose qu’il y a ici quelque chose d’utopique, mais j’ai envie de tenter l’expérience. Et bizarrement, je trouve ça stimulant et cette scène n'est plus une corvée envisagée de la sorte.
Je sais pas si je suis clair ou si ça vous parle et si vous avez déjà tenté une telle approche…
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- Vuld Edone
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La réponse la plus évidente est donc l'ellipse. Choisis les moments marquants et saute de l'un à l'autre. Le mieux étant de justifier les ellipses, évidemment, et là on en revient à Reyv'avih. Une possibilité est qu'il ne s'investisse "pas du tout" dans ces négociations. Il a tout autre chose en tête et donc il les expédie, tout comme la narration -- rajoutant de fait de la tension puisque sans sa médiation la tension augmente.
En gros, ça doit ressembler à :
Tension 1 : ce qui préoccupe Reyv'avih (et qui doit donc préoccuper le lecteur)
Tension 2 : les négociations (auxquelles le lecteur ne doit s'intéresser que progressivement)
[ Tension 1 [ Tension 2 ] Tension 1 ]
Il y a un enjeu majeur qui conserve l'attention, à l'intérieur duquel s'insère le second enjeu des négociations qui apparait d'abord comme un détail. Le lecteur, comme Reyv'avih, voudra l'expédier et remerciera la narration de le faire. Mais à mesure que ces détails sont expédiés, le lecteur réalise que non, ce second enjeu ne doit pas être négligé, et le côté expéditif lui-même devient une menace : le lecteur s'oppose à Reyv'avih.
La résolution serait là encore les enfants, qui font enfin s'intéresser Reyv'avih à ce qui se passe. La narration prend alors son temps et l'enjeu des négociations se résout.
Inversement, l'enjeu des négociations est perçu comme une distraction à l'enjeu majeur, et c'est en cela qu'il est pertinent. Mais si tu rajoutes que les enfants sont la résolution, alors le must serait que les enfants résolvent aussi le premier enjeu, de façon inattendue.
[Tension 1 [ Tension 2 ] ]
Une bonne manière de résoudre le tout et de satisfaire le lecteur.
Dans tous les cas la réponse est de "couper". Que ce soit par l'ellipse ou autrement, tu n'as que 3-4 paragraphes pour gérer ça. Tu dois donc non seulement trouver un style pour l'expédier mais aussi trouver une justification, la pertinence de cette "expédition".
Je sais que c'est vague mais je suis tellement habitué à couper que chez moi ça fait un demi-paragraphe -- hors-contexte.
Une autre manière serait l'arbre aux dindons. Prends trois paragraphes :
- paragraphe 1 : les Yhlaks se méfient et posent des conditions. Les Eldreds semblent accepter tout de suite, sans hésiter, ce qui effraie les Yhlaks.
- paragraphe 2 : cette frayeur pousse les Yhlaks à exiger encore plus, avec la demande des enfants. Les Eldreds semblent à nouveau accepter tout de suite et doivent revenir dans deux heures avec les otages. Les Yhlaks paniquent et s'apprêtent déjà à rajouter des conditions.
- paragraphe 3 : les otages arrivent, les Yhlaks voient le véritable visage des Eldreds, effrayés comme eux, et enfin des deux côtés on se détend.
Ici les dindons sont les Yhlaks qui provoquent eux-mêmes la tension et qui s'inquiètent de ne pas voir les autres s'inquiéter -- alors que les autres s'inquiètent, et le texte peut en contenir des indices -- d'où cercle vicieux qui manque de déclencher une bataille.
Mon conseil serait alors de tenir Reyv'avih à distance, en en faisant l'observateur. Il fait confiance à ses gens et les regardent faire. Premier paragraphe, il trouve juste de se méfier et approuve en silence. Second paragraphe, il commence à s'inquiéter mais se répète que c'est la destinée et il fait taire sa tendresse. Troisième paragraphe, il ne peut plus se taire et, à la vue des enfants, c'est lui qui persuade les Yhlaks que c'est assez.
Je verrais alors assez ces négociations comme moins entre les Yhlaks et les Eldreds qu'entre Reyv'avih et le Devin, celui qu'il a été et celui qu'il sera.
Il y a bien d'autres manières de le tourner mais dans tous les cas ce sera un résumé, et tu dois faire en sorte que cette forme résumée elle-même se justifie.
Et là je tourne autour du pot, je sais, je sais...
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- Zarathoustra
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Je me doute bien que ça fera « résumé ». L'option de le traiter en un paragraphe restait possible. Seulement ce contact avec les eldreds n'est pas "gratuit" pour l'histoire et mérite d'être traité.
L'idée des enfants te parait "gadget" mais là aussi, c'est un point qui rend plus crédible la scène et qui a un impact pour l'histoire. Le fait est qu'en l'état, je n'exploite pas la tension que cela doit suscité. C'est typiquement ce que je voulais éviter quand j'ai rédigé pour pouvoir avancer avant tout dans la narration. Comme dit précédemment, c'est juste un déroulé pense-bête de la séquence pour me permettre d'enclencher mon chapitre. Mais comme elle le débute, je me suis dit depuis le début qu'elle méritait d'être vraiment mieux traitée.
Tension 1 : Reyv appréhende l’affrontement avec le Monolithe Rouge (le lecteur connait la situation) et ne comprend pas la réaction pacifique des eldreds.
Tension 2 : C’est trop beau, ils sentent le piège et cherchent à tout prix comment se protéger. Si piège, les yhlaks ne veulent pas que cela se passe sur l’eau, au pire sur l’île car ils auront atteint en quelque sorte leur but. S’ils meurent sur l’île en se battant contre une nouvelle armée, alors ils mourront dans l’honneur.
La négociation avec les yhlaks est de leur assurer la certitude d’atteindre l’île.
Tension 3 : Les yhaks veulent « tester » les intentions des eldreds, d’où le prix des enfants. Ton idée que l’acceptation soit source d’angoisse est excellente. Les yhlaks pensaient être rassurés et cela produit l’inverse. Ils sont donc certains de trouver une menace sur l’île. Donc ils rajoutent une nouvelle condition. Ils ne libèreront les enfants non pas que fois sur terre mais lorsqu’ils auront la certitude qu’aucune menace ne se trouve sur l’île. ->Panique des parents ->Mais mauvaise interprétation des yhlaks (eux-mêmes parents -> peut-être une mauvaise idée parce que inutilement complexe, à voir, mais j'aimerai faire passer que les yhlaks aient un peu honte de ce procédé du fait qu'ils aient eux-mêmes laissé leurs enfants derrières) qui croient que les eldreds ne les croient pas et qu'ils les garderont quand ils découvriront le temple profané, or le devin ne veut pas qu’ils les prennent pour des bourreaux (et également pour montrer qu’il a changer y compris aux yeux de ses frères yhlaks). Il s’engage ici personnellement à tenir parole de les libérer, pour les rassurer.
Les eldreds se sentent pris au piège. S’ils refusent, ils sont condamnés et leur enfants seront les premières victimes, s’ils acceptent et que les yhlaks découvrent le piège sur l’île, les enfants sont également condamnés.
Le lecteur connait le piège qui les attend mais ne connait du coup pas le sort de ces enfants non plus.
Fin de la scène sur les bateaux qui partent avec les parents laissés sur la rive.
Je vais essayer de réduire tout le reste qui est périphérique au minimum.
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- Imperator
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Dès lors, le lecteur sait que chaque partie ne cherche pas à piéger l'autre, ce qui enlève tout suspens. Au plus, le lecteur peut craindre que la situation ne dégénère, voire espérer que la situation dégénère, mais si rien ne se passe, alors effectivement la séquence semblera avoir été profondément inutile.
Je propose de se concentrer sur un seul point de vue en ne décrivant que les réactions et non pas les sentiments de l'autre partie. Il s'agirait de volontairement biaiser la description pour lui donner les accents d'interprétation d'une personne inquiète. Si tu choisis le point de vue des ylhaks, offre une description paranoïaque qui donnera au lecteur l'impression qu'en effet, tous les signes indiquent qu'un piège se prépare et que les vaincus ont en fait déjà gagné sans porte de sortie et que derrière chaque posture de soumission se cache un rictus sadique.
Si tu choisis le point de vue des eldreds de la ville, pose l'enjeu du saccage de la ville et du massacre de ces habitants qui cherche à être évité, puis montre le désespoir grandissant alors que les envahisseurs se montrent de plus en plus arrogants et posent des conditions de plus en plus extravagantes comme s'ils cherchaient un prétexte pour accomplir leur sombre dessein.
C'est juste mon opinion en vitesse, mais le lecteur omniscient peut difficilement ressentir la terreur de quelqu'un qui n'a pas de raison objective (lorsque l'on connait la vérité) d'être terrorisé...
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- Iggy Grunnson
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Tel que tu le décris, j'imagine plutôt un homme consacré à ses grands projets, et qui en oublie un peu la réalité des souffrances de son peuple... Du coup, est-ce que l'idée de prendre des enfants en otages ne pourrait pas venir justement de lui ? Le geste, un peu inhumain, serait de nature à créer des tensions à la fois avec les Eldreds et avec ceux de son peuple qui le désapprouve.
Reyv’avih, tout à ses ambitions, pourrait poser cette conditions sans réfléchir aux conséquences... Le lecteur suivrait Reyv’avih, l'essentiel des événements seraient en ellipse (Reyv’avih ne se doute de rien) et ce serait uniquement au moment au moment où les choses seraient prêtes à dégénérer qu'on prendrait conscience de la gravité de la situation.
Bon, c'est vraiment une idée en passant, je ne sais pas si elle colle avec ton projet plus large. A toi de voir si ça peut t'inspirer...
Iggy
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- Vuld Edone
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À propos du narrateur omniscient, ce n'est vrai que s'il n'y a "objectivement" rien d'effrayant. L'enjeu semble artificiel. La réponse, telle qu'élaborée, est donc de se concentrer sur l'individu, ici Reyv'avih, et donc de limiter l'information.
Mais à mes yeux c'est un problème.
Parce que plus on se focalise sur un individu, plus cela appelle plutôt à développer. À mes yeux ce résumé devrait plutôt rester "omniscient" et la réponse serait plutôt d'en faire un véritable enjeu.
Il est tout à fait possible d'avoir un lecteur omniscient inquiet. Par exemple, imaginons un groupe d'aventuriers qui part tuer un dragon. Pour une raison inhérente au monde, s'ils partent après l'aube ils seront maudits par Morrglash. Le narrateur (et donc le lecteur) le sait mais pas les personnages.
Ce qui constitue alors le groupe se rassemblant sur la grande place pour partir reçoit un tout nouvel enjeu (surtout s'il se reproduit chaque matin...). Les personnages vivent leur routine mais le narrateur lui est en train de stresser parce que si ces planqués passent les portes après que le soleil ait pointé son nez, leur quête est plus ou moins finie.
Alors oui, on peut y voir de la comédie mais au final le narrateur va s'intéresser à ce qui se passe. Au voleur qui est en retard. Au groupe qui oublie de payer. Tant qu'il est possible de mesurer exactement le temps -- utilité du narrateur omniscient -- on a un enjeu et une activité.
Et ce serait bien sûr parfait si le narrateur en question était Morrglash lui-même. Bref.
Ici on a deux peuples face à face, il y a largement moyen de justifier l'omniscience. Tant que le narrateur, et partant le lecteur, a une raison d'être actif.
Vois les choses du point de vue de l'Eldred. Pas juste de la ville. Les Yhlaks vont-ils mordre ? Vont-ils détruire la ville ? La ville va-t-elle trahir ? Fermer ses portes ? Tu peux commencer très simplement par :
"La plus proche armée était à plus d'une semaine de marche."
Ou quelque chose comme ça. L'Eldred a bougé ses pions et n'a plus le moindre contrôle sur la suite des événements. Pour eux, c'est quitte ou double. Après évidemment le lecteur s'intéresse plutôt aux Yhlaks mais alors, là encore, essaie de prendre le point de vue (impossible) des monolithes. Bref.
Une autre option serait de changer complètement l'enjeu, en utilisant la communauté d'Yhlaks dans la ville. Ces derniers pourraient trahir les vraies intentions des Eldreds, d'où une double-tension avec des négociations où les Yhlaks pourraient se montrer bien plus mesurés (mais toujours méfiants). On aurait un contraste entre la ville suppliante à l'extérieur et la ville brutale à l'intérieur.
Seul un narrateur omniscient peut voir les deux.
L'enjeu devient alors serré parce que si les Yhlaks passent sans rien faire, cette communauté pourrait même être massacrée. S'ils attaquent, par contre, les implications sont vertigineuses -- à commencer par leur doctrine. Si le narrateur se soucie de ces questions, même si ça ne dure que quatre paragraphes, il va avoir un haut-le-coeur même une fois la résolution passée.
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- Iggy Grunnson
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Reyv'avih n'a pas d'enfants et est censé être tendre à ce stade du récit, il ne peut donc pas vraiment être l'antagoniste. Il est censé "sentir bon le savon".
Mince! Mon idée tombe un peu à l'eau dans ce cas. Ceci dit, sans même être l'antagoniste, Reyv'avih peut être à l'origine de la demande d'otages, sans malveillance mais simplement en sous-estimant les conséquences en termes de tensions générée entre les deux peuples. Et un narrateur "omniscient" de faire ressentir au lecteur ces tensions, créant une inquiétude d'autant plus forte que Reyv'avih en est inconscient pour sa part...
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- Zarathoustra
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En tout cas, merci à vous, c’est nettement mieux, par contre, autant vous l’avouer tout de suite, le texte fait le double. En soi, c’était logique. Il était impossible de dérouler la scène avec si peu de mots. OU alors, en l’état, elle n’avait pas de réel sens et il était illusoire de la traiter de manière intéressante tant pour moi que pour le lecteur sur ce format sans en faire autre chose qu’un résumé. Un exercice pourrait d’ailleurs être de vous proposer maintenant de raccourcir la scène…
Si je n’arrive pas à boucler le chapitre pour la fin du mois, je vous soumettrai le passage ici. Il me reste toute la séquence 4 et quelques passages à revoir. Malheureusement, cela sera encore un chapitre très long…
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