Défi de Janvier - Le Puits
- Ignit
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Je ne me souviens pas bien du nom de cette ville où, enfant, je passais mes étés. Elle était en Bretagne, je crois et mes souvenirs en sont plutôt ensoleillés — ce qui, tout bien considéré, est étonnant, connaissant les us régionaux en matière de météo. Chaque année, j’y séjournais une semaine ou deux avec ma mère, chez des amis de la famille. Il y avait un jardin, des orties dans celui-ci, une maison à deux étages où logeait un chat qui n’aimait guère qu’on lui caresse le ventre, et un petit chemin qui menait à la mer.
C’est le genre de ville où l’on se plait, enfant, quand l’imagination est le plus grand des terrains de jeux. Je pense que je m’y ennuierais aujourd’hui. J’ai en mémoire des matinées tranquilles et des après-midi passées à la plage, à tenter vainement de faire obstacle à la marée montante ou à explorer les rochers, le vieux bunker en haut de la falaise. Je ne doute pas qu’il y a aussi eu des après-midi pluvieuses dédiées aux jeux de société ou à s’acharner contre les dangers de la route arc-en-ciel mais ceux-ci sont plus flous.
Quand j’y repense, je vois plus une mosaïque de moments et de sensations que des évènements précis. Il y a beaucoup de choses que les ans ont rendu floues : visages, trajets, noms… Une chose est sûre, en revanche : je saurais encore trouver le chemin de la maison abandonnée que j’avais découvert un soir alors que, déjà en retard, je cherchais à rentrer le plus vite possible. C’était je crois au retour d’une fête bretonne où l’on m’avait laissé regarder tard les danses dont la musique résonnait encore derrière moi.
Même dans l’obscurité, elle semblait différente des maisons alentours. Le portail était ouvert et j’étais entré, je ne saurais dire pourquoi, alors ou aujourd’hui. L’intérieur n’était pas éclairé et je n’aurais sans doute pas osé passer la porte elle-même, mais j’en ai fait le tour, mû par une inexplicable curiosité. Juste pour jeter un coup d’oeil. A l’arrière se trouvait une petite cour au lieu d’un jardin, toute entourée de murs et de palissades, simplement éclairée par le ciel dégagé de ce soir d’été. Le sol était recouvert de gravier et des herbes folles poussaient çà et là. On aurait dit une clairière. Au milieu siégeait un puits. Une fois que mes yeux sur lui se sont posés, le reste de la maison me fut oublié.
Il était d’une autre pierre que le reste du bâtiment : sa pierre était plus lisse, plus ancienne, plus racée. Il semblait d’un autre temps, d’une autre matière, perdu entre des bâtisses modestes qui n’entendraient rien à sa différence. Je ne crois pas m’être précipité vers lui, comme on pourrait s’y attendre. Au lieu de cela, je me mis à tourner autour sans le quitter du regard. Les nuits d’été bretonnes n’ont jamais été aussi silencieuses que ce soir-là ; j’étais seul avec lui. A pas feutrés, je m’approchai, de crainte de réveiller… Qui ? Quoi ? Il n’y eut aucune réaction quand j’atteignis son rebord et, j’approchai son rebord d’une main craintive. La pierre était plus rugueuse qu’il n’y paraissait et ses angles presque coupants. Elle semblait plus chaude qu’elle ne l’aurait dû. Après quelques instants, il me sembla qu’elle se déplaçait au rythme lent d’une inhumaine respiration.
Retirant ma main, je regardais autour de moi ; j’étais toujours seul et même le vent semblait s’être tu. Prenant une inspiration, je m’approchai à nouveau, posai mes mains sur le rebord et me penchai pour voir.
C’est assez idiot, quand on y pense. Que veut-on voir, au fond d’un puits ? Et qui plus est, que peut-on voir, au fond d’un puits ? Je ne me l’explique pas plus que ma simple présence en ce lieu ce soir là. Evidemment, je n’y vis goutte : un noir sans fin, sans nuance, plus sombre encore que le ciel. Une fascinante absence de lumière. Je ne sais pas combien de temps je restais à observer le fond du puits, ou du moins ce que je n’en voyais pas mais je finis par réussir à m’arracher à cette contemplation et faire un pas en arrière.
Me demandais-je alors ce que pouvait bien faire là ce puits ? Questionnais-je ma simple présence dans cette cour ? Je ne le pense pas. J’étais pris dans ce paysage saugrenu, ce jardin délaissé qui aurait été banal sans ce puits aux aspects altiers au milieu qui capturait toute l’attention. Il me sembla à nouveau, l’espace d’un instant, qu’il vibrait au rythme de ma respiration. Il me faisait l’effet d’un gros matou qui vous regarde en ronronnant, dominant le lieu de sa présence.
Pourquoi ce puits se trouvait-il là ? Il n’y avait pas, dans mon champ de vision, de seau. D’ailleurs, à bien y regarder, il n’y avait pas de corde pour y faire descendre quoi que ce soit. Une impulsion soudaine me vit saisir un caillou parmi les graviers de la cour et, retournant près du puits, l’y jeter. Combien de temps attendis-je en vain un son, avant de prendre mes jambes à mon cou ?
Il devait être particulièrement tard quand je suis finalement sorti de la cour, car j’ai souvenir d’un savon particulièrement intense à mon retour. Je ne crois pas avoir expliqué ce que j’avais fait, ni comment je m’étais trouvé si en retard. Je ne suis jamais retourné dans cette maison — je me demande si elle existe toujours — mais le puits n’a jamais quitté ma mémoire. Parfois, quand j’erre au coeur de la nuit, je revois ses entrailles ; et j’entends, alors, le son de cette pierre qui n’atteint jamais le fond.
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- Zarathoustra
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Même si je ne suis pas le meilleur du monde sur la question, je te signal juste quelques fautes:
Et quelques phrases qui me chagrinent:Il y a beaucoup de choses que les ans ont rendu floues : visages, trajets, noms…
Je ne sais pas combien de temps je restais à observer le fond du puits, ou du moins ce que je n’en voyais pas
-> Je mettais plutôt: Le portail était ouvert et je me suis retrouvé de l'autre côté sans être capable de l'expliquer tant hier qu'aujourd'hui.. Pour ma part j'aurai même joué avec un méta-discours sur la question, style encoreLe portail était ouvert et j’étais entré, je ne saurais dire pourquoi, alors ou aujourd’hui.
-> Bon là, c'est ma façon de procéder, c'est pas forcément l'esprit de ton texte, juste que j'ai bien aimé ta façon de raconter ton histoire parce que je m'y retrouve tout à fait.Aujourd'hui je me pose la question et vraiment je ne comprends pas, peut-être à cause de la lune? De ce silence envoûtant? etc. Mais vraiment, je crois qu'il n'y avait aucune raison. Une minute avant, j'étais à l'extérieur, à et l'instant d’après j'étais dedans. Aujourd'hui, j'ai l'impression d'avoir fermé les yeux et de les avoir ouvert de l'autre côté. Je sais que c'est impossible et que ma mémoire me joue des tours, mais aujourd'hui je le vis ainsi etc.
"me fut oublié", je sais pas, moi je trouve ça vraiment pas très heureux. Y a matière à trouver mieux. Accessoirement, tu multiplies les formes passives ( ce qui est logique vu l'esprit de la narration, mais je pense que tu gagnerai à en supprimer quelques uns surtout comme ici où ça ne sonne pas trop bien.Une fois que mes yeux sur lui se sont posés, le reste de la maison me fut oublié.
Je pense que tu peux facilement supprimer les 2 répétitions.Il était d’une autre pierre que le reste du bâtiment : sa pierre était plus lisse, plus ancienne, plus racée. Il semblait d’un autre temps, d’une autre matière, perdu entre des bâtisses modestes qui n’entendraient rien à sa différence.
Bon, voilà pour les broutilles, parce que globalement, c'est vraiment bien écrit. Pour ma part, j'ai vraiment apprécié ton histoire. Et j'adore ta façon de l'amener en partant un de loin, en jouant avec les incertitudes (et notamment les négations) et les limitations.
Par exemple ici: "une chose est sûre". Tout est là. D'un coup, tu nous harponnes. La suite nous marques, on est à ton écoute. Ce qui m'intéresse dans lancement d'histoire, c'est la manière dont tu te soucies du lecteur. Tu le balades, tu lui racontes des tas de trucs et en fait tu ne lui racontes rien, mais ça reste captivant. Moi aussi, j'aime bien procéder ainsi. Et de plus en plus (sans doute trop)..Quand j’y repense, je vois plus une mosaïque de moments et de sensations que des évènements précis. Il y a beaucoup de choses que les ans ont rendu floues : visages, trajets, noms… Une chose est sûre, en revanche : je saurais encore trouver le chemin de la maison abandonnée que j’avais découvert un soir alors que, déjà en retard, je cherchais à rentrer le plus vite possible.
L'autre point que je trouve bien, c'est la longueur choisie. Moi, je n'arrive plus à faire court. J'ai tendance à en mettre trop. Et puis, tu te joues de nous avec une histoire finalement très simple, mais c'st ce dépouillement autour de ton intrigue qui rend plaisant le texte. Bien sûr, on aimerait une surprise un peu plus forte, mais on parle d'un souvenir d'enfance, donc pourquoi attendre plus?
Bref, pour moi, un joli texte tout à fait réussi (si ce n'est les quelques phrases éventuelles à modifier).
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- Ignit
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J'ai fait des corrections de faute, je posterai une version corrigée en conséquence dans peu de temps.
Pas trop d'accord en revanche sur le passage où le narrateur entre sans trop savoir pourquoi. Je pense que c'est important qu'il se souvienne d'être entré, ce qui me paraît important c'est qu'il n'est pas sûr d'avoir été maître de son action. Bon, c'est du détail sans doute.
Pour parler un peu du texte lui-même, j'avoue que je me suis trouvé devant une semi-impasse face au thème ; je ne savais pas du tout comment l'aborder. Je voulais faire quelque chose de simple et d'ancré dans le réel, mais j'avais du mal à voir quelle signification je pourrais donner au puits. C'est aussi pour ça que le texte est si court, je crois. J'ai fini par trouver ce que je voulais de ce puits : une histoire banale en apparence, mais qui évoquait des choses pour moi. Et c'est là que je pense que la longueur est un léger problème, j'aurais peut-être dû passer un peu plus de temps face au puits, pour appuyer son caractère métaphorique et ne pas juste en faire une anecdote.
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- Monthy3
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Au contraire de Zara, j'aime beaucoup la formule "alors ou aujourd'hui" - entre autres.
La seule chose que je regrette, c'est la brutalité de la fin, un vrai paradoxe au regard de l'aspect évident et fluide du reste du texte. Certes, il s'agit d'un souvenir d'enfance ; néanmoins, en l'état, la ou les raisons pour lesquelles ce souvenir demeure ancré dans la mémoire n'est pas vraiment compréhensible. Je trouve qu'il manque un élément de surprise, un élément marquant qui expliquerait qu'il se soit imprimé, en lieu et place d'autres moments. A ce titre, le côté "vivant" du puits promettait, fût-ce une métaphore avec, dans ce cas, un développement d'une sorte d'histoire du puits, une anthropomorphisation (oui, le mot existe ) - l'espace de quelques battements de cœur, d'une soirée un peu plus longue que celle ici proposée.
Un petit supplément d'âme pour celui qui n'est pas le narrateur, en quelque sorte !
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- Ignit
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Suite aux différents retours, j'ai réécrit une ou deux fois le texte et je suis assez content de cette nouvelle version (qui ne révolutionne pas le tout, entendons-nous bien).
Je ne me souviens pas bien du nom de cette ville où, enfant, je passais mes étés. C’était en Bretagne, je crois, et mes souvenirs en sont plutôt ensoleillés — ce qui, connaissant les us régionaux dans le domaine météorologique, est étonnant. Chaque année, j’y séjournais une semaine ou deux avec ma mère, chez des amis de la famille. Il y avait un jardin, des orties dans celui-ci, une maison à deux étages où logeait un chat qui n’aimait guère qu’on lui caresse le ventre, et un petit chemin qui menait à la mer.
C’est le genre de ville où l’on se plaît, enfant, quand l’imagination est le plus grand des terrains de jeux. Je pense que je m’y ennuierais aujourd’hui. J’ai en mémoire des matinées tranquilles et des après-midi passés à la plage, à tenter vainement de faire obstacle à la marée montante ou à explorer les rochers, le vieux bunker en haut de la falaise. Je ne doute pas qu’il y eut aussi des journées pluvieuses dédiées aux jeux de société ou à s’acharner contre les dangers de la route arc-en-ciel mais ces souvenirsi sont plus troubles.
Quand j’y repense, je vois plus une mosaïque de moments et de sensations que des évènements précis. Il y a beaucoup de choses que les ans ont rendues floues : visages, trajets, noms… Une chose est sûre, en revanche : je saurais encore trouver le chemin de la maison abandonnée que j’avais découvert un soir alors que, déjà en retard, je cherchais à rentrer le plus vite possible. C’était je crois au retour d’un fest noz où l’on m’avait laissé regarder tard les danses et dont la musique résonnait encore derrière moi.
Même dans l’obscurité, elle semblait différente des maisons alentours. Le portail était ouvert et j’étais entré, je ne saurais dire pourquoi, alors ou aujourd’hui. L’intérieur n’était pas éclairé et je n’aurais sans doute pas osé passer la porte elle-même, mais j’en fis le tour, mû par une inexplicable curiosité. Juste pour jeter un coup d’oeil. A l’arrière se trouvait une petite cour au lieu d’un jardin, toute entourée de murs et de palissades, simplement éclairée par le ciel dégagé de ce soir d’été. Le sol était recouvert de gravier et des herbes folles poussaient çà et là. On aurait dit une clairière. Au milieu siégeait un puits. Une fois mes yeux posés sur lui, j’oubliai le reste de la maison.
Il était d’une pierre différente que le reste du bâtiment : plus lisse, plus ancienne, plus racée. Il semblait d’un autre temps, d’une autre matière, perdu entre des bâtisses modestes qui n’entendaient rien à sa différence. Je ne crois pas m’être précipité vers lui. J’ai souvenir — mais un souvenir si vague que je me demande parfois s’il m’appartient vraiment — d’avoir tourné autour, sans le quitter du regard. Les nuits bretonnes n’ont jamais été aussi silencieuses que ce soir-là : j’étais seul avec lui. A pas feutrés, je m’approchai, de crainte de réveiller… Qui ? Quoi ? Il n’y eut aucune réaction quand j’atteignis son rebord et je l’approchai donc d’une main craintive.
La pierre était rugueuse, plus qu’il n’y paraissait, et ses angles presque tranchants. Au toucher, elle était étrangement chaude. Après quelques instants, il me sembla qu’elle se déplaçait au rythme lent d’une inhumaine respiration. Retirant ma main, je regardais autour de moi : j’étais toujours seul et même le vent semblait s’être tu. Prenant une inspiration, je m’approchai à nouveau, posai mes mains sur le rebord et me penchai pour voir.
C’est assez idiot, quand on y pense. Que veut-on voir au fond d’un puits ? Et même : que peut-on voir au fond d’un puits ? Je ne me l’explique pas plus que ma simple présence en ce lieu ce soir-là. Evidemment, je n’y vis goutte : un noir sans fin, sans nuance, plus sombre encore que le ciel. Une fascinante absence de lumière, une tâche d’encre sans le côté brillant, un gouffre. Un vide incroyable, comme je n’en avais jamais vu ailleurs, un néant qui vous hérisse le poil plus sûrement qu’un crissement de craie.
Combien de temps restai-je à observer l’absence de fond de ce puits ? Il me sembla, après un temps, y voir des formes se dessiner. Je serais bien en mal de dire lesquelles ; c’est si loin… Les effluves qui en remontaient, en revanche, sont ancrées dans ma mémoire olfactive — moi qui n’ai pourtant jamais eu de nez. Une odeur pourrie d’échec, de même-pas-essayé, un ressac d’à-quoi-bon. Une belle remontée qui vous prend aux tripes et ne vous lâche plus de la soirée et vous hante pour les jours suivants, au détour d’une pensée. Et il y eut les rythmes qui vinrent briser le silence impossible de cette nuit d’été : échos d’accords mal formés, bribes de déclarations rengorgées, débuts de réparties arrivées trop tard. Rien de commun dans le tempo bâtard de ces sons toujours différents, toujours dissonants.
Il fallut bien que je finisse par m’arracher à cette contemplation, je suppose. Me demandai-je alors ce que pouvait bien faire là ce puits ? Questionnai-je ma simple présence dans cette cour ? Je ne le pense pas. J’étais pris dans ce paysage saugrenu, ce jardin délaissé qui aurait été banal sans ce puits en son centre, aux airs altiers, qui accaparait toute l’attention. Il me sembla à nouveau, l’espace d’un instant, qu’il vibrait au rythme essoufflé de ma respiration. Il me faisait l’effet d’un gros matou qui vous regarde en ronronnant, dominant le lieu de sa présence, vous toisant de son regard borgne mais hautain.
Pourquoi ce puits se trouvait-il là ? Il n’y avait pas, dans mon champ de vision, certes réduit par l’obscurité, de seau. D’ailleurs, à bien y regarder, il n’y avait pas de corde pour y faire descendre quoi ce soit. Une impulsion soudaine me vit saisir un caillou parmi les graviers de la cour et, retournant près du puits, l’y jeter.
Combien de temps attendis-je en vain un son, avant de prendre mes jambes à mon cou ?
Il devait être bien tard quand je sortis finalement de la cour, car j’ai en mémoire un savon particulièrement intense à mon retour. Je ne crois pas avoir expliqué ce que j’avais fait, ni comment je m’étais trouvé si en retard. Je ne suis jamais retourné dans cette maison — je me demande si elle existe toujours — mais son puits n’a jamais quitté ma mémoire. Parfois, quand je rentre, le soir, il me semble l’apercevoir, du coin de l’oeil, dans une ruelle ; me revient alors son rythme irrégulier, son fumet me remonte aux narines et j’entends le son de cette pierre qui n’atteint jamais le fond.
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- Vuld Edone
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Avec le peu de temps que j'ai devant moi, je ne vais échanger qu'une poignée de réactions.
> La première est que, pour un texte aussi court (~11 paragraphes), l'introduction est trop longue (~3 paragraphes, voire 4).
> La seconde est que, même une fois le puits introduit, durant ~4 paragraphes il ne se passe pour ainsi dire rien, et on se contente de décrire. La description essaie de créer du fantastique mais sans rien de vraiment précis et, de la sorte, cela se confond à l'introduction.
> La troisième se joint à la seconde : le héros est vraiment passif. Cela est évident pour le narrateur, mais le narrateur n'est ici que pour servir de faire-valoir au puits. Non, le héros est le puits. Et le puits se contente d'être là.
La fin en elle-même correspond bien aux attentes : on jette une pierre, on obtient un résultat surnaturel et on s'enfuit avant d'avoir pu vérifier, de sorte à laisser cet indécision, le tout en plus ou moins un paragraphe.
Essentiellement, le texte échoue à créer de la tension. L'introduction n'a pas contribué à créer une atmosphère et ensuite, comme dit, le puits a plus ou moins eu toutes les caractéristiques possibles du surnaturel sans vraiment se décider sur quelque chose auquel me raccrocher. Du coup je n'ai pas pu partager la conquête du petit enfant face au monstre de pierre et de ténèbres, ses peurs ou sa fascination.
Ce qui serait pourtant dans mes goûts, d'avoir la vision de l'enfant, et à travers cette vision déceler le surnaturel qui n'est plus saisissable pour l'adulte. Aujourd'hui, avec le cynisme ambiant, pour un tel texte je verrais un adulte jeter la pierre, ne rien entendre et inventer quelque phénomène physique pour se le justifier sur le moment. Mais bref.
Surtout, ma réaction principale est à quel point on associe le fantastique et la nostalgie, ou plutôt la "description nostalgique", qu'elle soit rattachée à des souvenirs ou non. Ce puits aurait pu se trouver plus ou moins n'importe où, mais il fallait le placer dans un recoin de réalité qui fasse "fantastique" par convention...
J'ai l'impression que toute cette courte histoire aurait dû être racontée en un autre lieu et sur un autre ton.
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