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"Jolrael ! Reviens ici tout de suite !

-Non ! Je n’irai pas ! Je ne veux pas y retourner, je veux aller à la cueillette, comme les autres !

-Tu dois y retourner ! Tu dois apprendre.

-Apprendre ? Je ne veux pas apprendre ! Je veux devenir un grand guerrier, comme nombre de Saurus avant moi !

-Tu n’es pas un Saurus mon petit ! Tu es un Skink ! Tu dois aller apprendre chez Lui."

Je me retourne, l’air buté, je dois devenir archiviste à la cité temple ! Pourquoi moi ? Pourquoi Huanchi, le grand serpent, m’a-t-il marqué moi ? Je veux devenir un Skink guerrier, comme jamais il n’y en a eu jusqu’alors ! Je me rends chez le vieux Slann chargé de m’apprendre ma fonction. Il ne fait de ses journées que classer, ranger et relire des archives millénaires. Huancayo, mon tuteur Saurus qui m’a recueilli après que la marque de Huanchi ait été remarquée sur ma peau sombre, me dit qu’il est très puissant, un mage très ancien et un prêtre excellent ! Je n’en crois pas un mot ! Comment un être aussi puissant pourrait-il préférer de vieux papiers poussiéreux à la gloire et à la guerre ! Le Slann me regarde d’un air grave, il tient entre ses mains une plaque en or, apparemment très ancienne.

"Regarde ceci Jolrael, et dis-moi ce que tu en penses !"

J’observe longuement la plaque, elle doit être particulièrement ancienne vu le type de runes utilisées. Elle représente un grand dragon à deux têtes et l’effrayant symbole du chaos, les huit flèches représentant les huit grands courants du chaos. Un mot y est gravé : "Drulcheapoc". Ce qui signifie "innocence" dans le haut langage des Anciens. Les détails sont particulièrement bien travaillés, la plaque est sans doute d’une grande valeur.

"C’est une des plaques des Anciens, une des plus vieilles que l’on ait jamais retrouvé. Elle fait partie d’un ensemble plus grand et sans doute un apport majeur quant à notre connaissance des projets des Anciens. Tu es mon meilleur élève, Jolrael. Bien que tu ne sois ni motivé ni gratifié pour ta fonction, je te fais confiance. Tu es jeune mais je sens en toi une grande sagesse et une grande maîtrise de soi. Tu bouilles de quitter ce village, de devenir glorieux, de vivre de grandes aventures."

Devant mon air surpris, le vieux Slann me dit :

"Es-tu étonné ? Ignorais-tu que les Slanns ont le don de deviner les sentiments de leurs proches ? Le métier d’archiviste ne t’intéresse point, je le sais. Je vais te confier une quête. Cette quête se poursuivra toute ta vie et peut-être même plus. Il est d’une importance primordiale de la mener à bien. Transmet ta quête à un autre si les forces t’abandonnent. C’est ce que m’a dit mon propre maître avant de me confier cette plaque. Avec l’avancée de la menace Skaven, je pense qu’il est inutile de te dire que je ne pourrai plus continuer. "

Je ne sais si vous avez déjà eu ce sentiment, un de ces sentiments qui vous dit que plus rien ne sera jamais comme avant, que quel que soit le dénouement de votre vie, vous ne retrouverez jamais votre ancienne identité. Je crois que c’est ce qu’on appelle un "tournant" dans la vie. Le mot "Gaxechi" pourrait convenir à ce que je ressens en ce moment, une impression bizarre, comme si j’étais sur un nuage, je vois à peine les pierres du chemin, je réfléchis. Que dois-je faire ? Quitter Huancayo ? Réaliser mon rêve de gloire ? C’est décidé, je pars !

Le Saurus me regarde, j’ai du mal à déterminer ce qu’il pense. Il a l’air grave, il n’a rien dit lorsque je lui ai annoncé mon départ, il est parti dans la pièce voisine, je l’entends mettre tout sens dessus dessous. J’espère ne pas l’avoir mis en colère, il ne conteste jamais les décisions du Slann mais pourquoi ne réapparaît-il pas ? Il sort enfin, les secondes me semblent longues, il porte entre ses mains un petit paquet de toile grossière. Il a les larmes aux yeux, il est très rare qu’un Saurus pleure, et Huancayo est un vieil endurci. Il s’assied sur le tabouret rustique en face de moi, et pose son paquet sur la table

"Je savais que le Slann devrait un jour te confier une mission de ce genre, mais pourquoi si tôt ? Pourquoi ne m’a-t-il même pas laissé le temps de tout t’expliquer ? Les Anciens décident de notre destinée, la mienne est tracée, à toi de trouver la tienne."

C’est la première fois qu’il me parle ainsi. Tout en continuant, sa voix chargée d’émotion, il déplie le petit paquet.

"Je vais te révéler le secret de tes origines, Jolrael. Tu n’as pas été recueilli par des gardes Saurus dans une cité temple ravagée par les Skavens, il s’agit d’une déformation de la vérité : c’est un humain, un humain noble et courageux comme il est rare d’en trouver au-delà de la Flaque. On l’a trouvé, seul, dans une cité en ruine, il prenait soin des têtards. Tu fus le seul à survivre, lorsque nous t’avons arraché à sa garde. Nous croyions qu’il voulait empoisonner les bassins, il s’est volatilisé en mettant hors de combat chacun d’entre nous, mais sans en tuer aucun. Il n’a laissé de lui que quelques talismans, sa cape et son nom, inscrit à l’intérieur. Je te les lègue, bien que je t’aie déjà légué son nom, car c’est bien le mot Jolrael qui était inscrit dans sa cape, puisses-tu être aussi noble que cet humain."

Il déplie la cape. Son apparence minable et décolorée, lorsqu’elle était pliée, cachait bien une grande cape écarlate aux reflets luisants. Les quelques amulettes se révèlent être de la même veine : il y en a trois : la première est un anneau, serti d’une améthyste. Il ne présente aucun motif particulier, les humains se servent de pareils anneaux pour prononcer leurs vœux d’attachement pour leur vie. J’ai beaucoup étudié les autres races et je pense parler le langage des sauriens aussi bien que le langage commun ou le dialecte des Anciens et j’ai même quelques notions d’elfique. La seconde est un bracelet de métal sombre, un type de gantelet de force de classe minime, comme le Slann me l’a expliqué en parlant des objets magiques communs. Enfin la troisième est un talisman, un pendentif en or représentant un serpent ailé, le coatl, symbole de Huanchi, le dieu qui m’a marqué à ma naissance. L’amulette m’apporte une sorte de bien être, de clairvoyance quand je la porte et je décide de la garder autour de mon cou.

Je suis sur la route depuis à peu près maintenant deux mois, les adieux au village ne m’ont pas marqué, à part avec Huancayo, je n’avais pas créé de lien véritable. Je porte toujours l’amulette mais je n’ai trouvé aucune plaque ni même aucun indice qui pourrait me révéler où en trouver une. Mais je ne désespère pas ! Le Slann m’a prévenu qu’une vie suffira à peine à finir ma mission. Après mon voyage jusqu’à la cité de Xlanhuapec, je pourrai peut-être rencontrer le grand Slann Xeltitzl. Il pourra me conseiller dans ma quête Et je pourrai arrêter de sillonner les routes des jungles de la Lustrie.

J’ai repensé à tout ce qu’on m’a dit à propos de mes origines. Comment suis-je arrivé jusque dans les bras de cet inconnu dont je porte le nom et la cape ? Le voyage s’est jusqu’à présent déroulé sans encombres et je me nourris de lézards, de grenouilles ou de racines. En plus de mes amulettes, Huancayo m’a donné un arc, un carquois et une courte dague en or, au cas où... Je me suis procuré du curare, un poison naturel très violent que sécrètent de petites grenouilles. J’entends un bruit dans les fourrés, vif comme tous ceux de ma race, je plonge hors de la route juste à temps pour voir passer un poignard à quelques centimètres de ma tête. L’arbre dans lequel il s’est fiché est mort dans les secondes qui suivent. Je relève ma tête en dégainant ma dague. Je me trouve face à un Skaven, je n’en ai jamais vu mais je sais que s’en est un, il possède de petites dents pointues et des petits yeux cruels qui brillent d’une lueur inquiétante. Dans son assaut, il n’a pas vu où je suis, il est temps que j’utilise mon arc. Mais un autre Skaven débarque, et un autre. Ils sont déjà cinq à se réunir sur le chemin, ils parlent le langage commun de leur petites voix de crécelles.

"Où est passé la chose lézard ? Elle a disparu quand j’ai bondi dessus !

-La pestilence te détruit les yeux Vishkkitt, tu es un abruti !

-Maudit soit Kreechit, notre prêtre de la peste, pourquoi veut-il que l’on aille frapper au cœur de cette jungle remplie de choses écailleuses ?

-Tu as raison, Skreetch, pourquoi devons-nous combattre les choses lézards, quand nous devrions rester tranquillement à proliférer dans le sous-sol !

-Tu sais bien qu’il y a plein de malepierre ici."

Ainsi donc c’était cela, ils veulent la malepierre ! Je n’en ai jamais vu mais je sais qu’il s’agit d’un type très puissant de pierre de pouvoir. Malheureusement, ce pouvoir possède un degré de corruption chaotique trop élevé pour pouvoir l’utiliser sans danger. J’attends, une minute, deux, les Skavens ont l’air décidé à rester ici. Je pense que mon venin va m’être utile. J’en enduis les pointes de quelques-unes de mes flèches. Le premier Skaven tombe, les autres s’alertent. Le second, les autres paniquent et dégainent leurs lames suintantes de vermine, le troisième est foudroyé par mon venin tandis que les deux derniers fuient en courant vers la forêt. Quelques minutes plus tard, cinq Skaven ont rejoint leurs misérables ancêtres, abattus par une seule "chose lézard", comme ils nous nomment.

J’entrevois les murs nobles de la grande cité de Xlanhuapec, capitale de la sagesse et grand rempart contre la menace des hommes-rats. Lorsque je passe les grandes portes décorées à la gloire de Sotek, quatre gardes des temples, coiffés de crêtes osseuses, me regardent d’un air suspicieux. J’ai le sentiment qu’ici, je ne serai pas considéré comme "l’archiviste" du village, mais comme un Skink comme les autres, marqué par le hasard et venant chercher une quelconque utilité dans la grande cité. Je passe à la case centrale, chercher un peu de nourriture. Le ventre plein, j’entreprends de visiter un peu ce monument à la gloire des hommes-lézards qu’est la grande cité de Xlanhuapec. Je décide de commencer par les temples, Il y en a foule ici, que ce soit pour des divinités majeures, comme Sotek ou son frère Chotec, mais aussi pour des divinités moins répandues, comme Itzl ou mon dieu, Huanchi. Après cette visite riche en enseignements, je me dirige droit vers le palais, un superbe bâtiment en forme de pyramide à degrés. Chaque niveau est taillé et orné en l’honneur d’un dieu particulier et leurs adorateurs n’ont qu’à se rendre au niveau correspondant à leur dieu pour lui faire leurs offrandes. Les niveaux inférieurs sont réservés aux dieux majeurs, et plus on monte plus les étages sont réduits, et moins on a de chance de connaître le dieu adoré ici. J’observe avec soin le niveau occupé par Huanchi. Loin d’être un dieu majeur, il n’en est pas moins important et se trouve dans les étages inférieurs, en dessous des divinités telles que Vixtiitlec, au nom aussi imprononçable que méconnu. Son étage est gravé de bas reliefs en forme de Coatl et des offrandes aussi diverses que des statuettes ou des armes y sont déposées. Je décide d’y laisser les brassards que m’a remis Huancayo, ils ne me seront pas utiles et il s’agit d’un cadeau apprécié des dieux.

Enfin, j’arrive en haut de l’imposante pyramide, devant la porte du palais du Slann, farouchement défendue par des gardes des temples. Leurs plaques pectorales étincellent au soleil, et leurs lourdes hallebardes semblent assez effilées pour couper un cheveu dans le sens de la longueur. Ils voulurent tout d’abord m’empêcher d’entrer, mais, reconsidérant mon aspect peu menaçant, ils décident de me laisser demander une audition. Je pénètre enfin dans la grande salle où Xeltitzl le grand écoute et assiste ses sujets par ses conseils avisés. Des pièces de tissus rares pendent aux piliers de pierres ocres et au centre de la pièce dallée siége le trône de Xeltitzl. Le Slann était juché, noblement, sur son palanquin d’apparat. Ses yeux bleus clairs se tournent vers moi. Il me toise d’un air hautain et je me demande si j’ai bien fait de venir ici. Je m’avance d’un pas en essayant de ne pas paraître intimidé en clamant :

"Je demande à voir Xetitzl, l’ancêtre et révéré Slann.

-Il est devant tes yeux, Jolrael, l’élu de Huanchi, à qui une grande destinée est promise. Je vois que tu veux connaître les ficelles de ta quête, tu veux savoir où chercher. A ta place, la question serait plutôt : quoi chercher ? Sais-tu au moins la puissance que renferment ces plaques ? Connais-tu la perte qui serait engendrée par l’échec de ta mission ? Imagine-tu ce qui arriverait si ces plaques tombaient en des mains ennemies ? Ou pire, des mains ennemies qui sauraient s’en servir ? "

Il est vrai que je n’y avais jamais songé, j’avais songé uniquement à ma gloire si je réussissais mais jamais aux conséquences d’un échec. Quel pouvoir mystérieux renferment ces plaques ? Est-il possible que l’on m’ait confié trop tôt une mission qui n’est pas à ma mesure ?

"Tu as suffisamment de capacités pour mener à bien ta quête, Jolrael, rassure-toi sur ce point, mais cela ne sera pas facile, rappelle-toi bien de ceci. Tu perdras sans doute beaucoup de tes illusions, tu t’apercevras peut-être de ton vrai but dans la vie. Le temps nous presse, je dois faire vite car je sens que les forces m’abandonnent à la venue d’un mal corrupteur et puissant."

Je sais à son air qu’il parle des Skavens.

"Il faut que je te parle, Jolrael, suis-moi et viens t’instruire de ce que des millénaires de méditation commune avec les autres Slanns ont amené comme connaissance au peuple des hommes-lézards."

Il descend de son palanquin, c’est un spectacle assez impressionnant que de voir la créature à morphologie de grenouille se mouvoir. Elle avance par petits bonds et ses pattes arrières sont étonnamment musclées pour pouvoir faire avancer avec autant de vigueur une personne aussi imposante. Nous passons en dessous d’une petite arche de pierre et descendons un petit escalier de pierre. C’est long, très long... Enfin, nous arrivons, J’ai du mal à respirer, l’air est lourd et âcre. Il me désigne une petite porte en bois gravée de runes de protection.

Il me fait signe de le suivre.

Je me demande ce qui m’attend...

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