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« Nous arriverons à Brionne d’ici une heure. Tu devrais aller prendre ton paquetage dans ta cabine » Faerenwe sortit de sa rêverie en entendant ces mots. Il tourna la tête vers son interlocuteur : Ilthraen était le commandant du Vaisseau-Dragon Loi de Kurnous et, de plus, il avait été pendant de nombreuses années son instructeur sur tout ce qui concernait les océans et les navires. Faerenwe acquiesça et se dirigea vers sa cabine, laissant le capitaine à ses manoeuvres. Il se laissa tomber sur son lit et ne pu s’empêcher de repenser à ce qui s’était passé les derniers jours et qui avait conduit à son départ de Tor Rehan, sa ville natale d’Ulthuan, pour le Vieux Monde.

Tout s’était succédé si vite : il savait qu’il était prévu quelque chose pour fêter sa majorité, mais il ne s’était pas attendu à de tels événements. En dehors de la réception prévisible, son père avait parlé d’une tradition dont le jeune elfe n’avait jamais entendu parler : une sorte de voyage initiatique que tous les aînés de la famille avaient accompli dans le Vieux Monde depuis l’époque du Roi-Phénix Bel-Shanaar. Son père lui avait longuement raconté ceux de ses ancêtres depuis cette époque ainsi que le sien à l’époque de la Grande Guerre contre le Chaos, trois cents ans auparavant. Pour officialiser son passage à l’âge adulte et lui donner le moyen de survivre durant son périple, son père lui avait offert solennellement une armure rapportée de ses guerres, deux lames de la meilleure facture ayant appartenus à son grand père ainsi qu’une bague en métal doré et portant une émeraude sculptée en lui disant « Si jamais tes pas te mènent près de Loren, elle te préservera des flèches, alors garde la précieusement ». Quelques jours plus tard, après avoir préparé son paquetage et fait ses adieux à ses parents, il embarqua sur le Loi de Kurnous, qui avait fait le voyage de Cothique à la Bretonnie en seulement trois jours.

Faerenwe prit les épées confiées par son père et fit quelques passes d’armes avec, puis, souriant, les remit à sa ceinture avant de rejoindre le capitaine à la proue du vaisseau. Le souffle coupé, il vit apparaître la terre de Bretonnie et l’immense port de Brionne à l’intérieur duquel se trouvaient des navires de toutes origines, des lourdes caravelles estaliennes, aux vaisseaux de ligne de la marine bretonnienne en passant par les drakkars nordiques et les petits bâtiments arabiens. Le Vaisseau-Dragon alla se placer près d’un ponton libre et accosta. La passerelle fut abaissée et, hésitant, le jeune elfe commença à la descendre. A la moitié, il fut interpellé par Ilthraen.

« Nous reviendrons te chercher dans six mois, ici même.

- J’y serais répondit Faerenwe en souriant

- Bonne chance, et qu’Asuryan veille sur toi

- Merci, et qu’il te protège également »

Le jeune elfe se détourna et sauta sur le quai d’un pas leste. Il entendit la passerelle se relever et le vaisseau, poussé par des vents magiques s’éloigner, mais, trop fier, il ne tourna pas la tête pour voir partir son dernier contact avec Ulthuan. Bien décidé à apprendre tout de l’univers des hommes, il regarda autour de lui pour observer le port et son activité grouillante. Les marins les plus proches le regardaient d’un air étrange, sûrement intrigués par l’apparition éclair d’un vaisseau elfe et la discussion dans le langage chantant d’Ulthuan. Il haussa les épaules et partit du quai pour explorer un peu la cité. Contrairement à tout ce qu’il avait pensé, les gens ne furent pas trop étonnés à la vue d’un elfe déambulant dans les rues. Il y eut bien quelques regards étonnés, voire hostiles, mais rien de ce qu’il avait imaginé. La cité devait être assez cosmopolite pour que les gens ne s’en étonnent pas outre mesure.

Réalisant que le soleil commençait à décliner, il se mit en quête d’une auberge pour y passer la nuit. S’arrêtant finalement devant une enseigne représentant un troll en train de vider une chope, il entra pour enfin voir à quoi ressemblait ce genre d’endroits. La taverne était relativement propre et bien rangée, et seuls quelques marchands occupaient les lieux. Faerenwe se dirigea vers le comptoir, où un homme de petite taille dormait, assis sur un tabouret. Ne sachant pas trop comment faire pour réveiller l’aubergiste sans avoir de problèmes, il finit par décider d’attendre un peu en espérant que l’homme se réveillerait de lui même. Après quelques minutes à attendre, et sentant les marchands rire discrètement, il se décida à toussoter . L’homme ouvrit un oeil, puis l’autre, et examina son client, avant de se lever vivement et d’arborer un sourire auquel manquaient de nombreuses dents.

« Qu’est c’qui y’a pour vot’ service, m’seigneur l’elfe ? demanda l’homme en se frottant les mains

- Je voudrais une chambre pour la nuit, répondit Faerenwe dans un bretonnien à peine teinté d’un léger accent

- C’est trois pièces d’argent pour la nuit m’seigneur, et quatre de cuivre de plus pour le r’pas du soir et du matin annonça l’homme, s’attendant à ce que l’elfe lui réponde dans un bretonnien hésitant

- Est ce que ceci suffira ? Faerenwe extirpa une pièce d’or de sa bourse et la tendit à l’aubergiste

- Ca s’ra parfait m’seigneur répondit le petit homme en saisissant vivement la pièce et la faisant disparaître dans une poche »

Amusé par l’avidité de l’homme, Faerenwe alla s’installer dans un coin de la pièce d’où il pourrait observer le reste de la salle en attendant son repas. Ce fut une jeune serveuse qui vint lui apporter une écuelle pleine de morceaux de viandes et de légumes. Il remarqua en souriant que la jeune femme n’osait pas le regarder en face et lui jetait des regards en coin quand elle croyait qu’il ne voyait pas. Petit à petit, la salle se remplit de marins et de quelques marchands. L’elfe se prit à apprécier l’ambiance de cette petite taverne, l’alcool de mauvaise qualité et la nourriture passable par rapport à ce qu’il avait en Ulthuan. Pourtant, tout cela avait le goût de l’aventure et du dépaysement, ce qui n’était pas pour lui déplaire.

Plus tard dans la soirée, un groupe de nordiques déjà passablement saouls entra dans l’auberge, et avisant une table à côté de Faerenwe s’y installèrent. L’aubergiste, malgré sa crainte visible des nordiques, finit par accourir à leurs appels. Après avoir obtenu leurs bières kislevites et commencé à boire, l’un d’entre eux se leva et cria d’une voix avinée « C’est ma tournée ! » avant de s’écrouler. La proposition fut accueillie avec un tonnerre d’applaudissements et à la consternation de l’aubergiste. Faerenwe continua d’observer avec intérêt le reste des occupants de l’auberge, essayant de comprendre mieux comment les humains réagissaient à cet abus d’alcool. Soudain, un nordique s’effondra sur sa table , complètement saoul. Le jeune elfe recula vivement pour ne pas que la table lui bascule dessus et prit son paquetage, décidé à rejoindre sa chambre pour éviter ces humains que l’alcool n’arrangeaient pas. Il avait à peine fait quelques pas qu’une main se posa sur son épaule. En se retournant, il fut surpris de devoir lever les yeux pour regarder dans les yeux celui qui venait de l’arrêter. Cet homme faisait plus de six pieds de haut, avait la même carrure qu’un orque noir et semblait presque aussi intelligent. Malgré tout, ses vêtements nordiques, sa barbe et ses longs cheveux blonds semblaient dire que cet être n’était qu’un humain.

« Tu nous quittes déjà oreilles pointues ? dit il en continuant de serrer l’épaule de Faerenwe

- J’ai assez bu ce soir, et tu ferais bien d’en faire autant, répondit le jeune elfe, dégoûté par l’haleine aviné du colosse

- Vous avez entendu les gars ? lança il à l’assemblée, l’oreilles pointues essaie de me donner un ordre. Mais je vais pas me laisser diriger par ça ! »

Un cri vint du fond de la salle « Montre lui ce que tu vaux Thorg ! Casse lui sa tête d’elfe ! »

Le géant eut un sourire carnassier « T’as entendu oreilles pointues ? Ou je te jette à l’eau dans le port, ou je t’éclate la tête, tu choisis quoi ?

- Je n’ai pas envie de me battre contre toi, mais si tu tiens à le faire, je suis prêt, répondit fièrement le jeune elfe en posant son paquetage contre le comptoir »

Le colosse partit d’un grand rire, et ; bien décidé à faire souffrir sa victime, commença à lui serrer plus l’épaule. Faerenwe grogna de douleur et lui décocha un coup de poing à l’estomac. Plus surpris que véritablement en proie à la douleur, le géant lâcha prise et recula d’un pas « L’oreilles pointues a l’air de savoir se battre, tant mieux, le spectacle sera plus beau, ricana t’il, avant de charger en hurlant » Faerenwe sembla hésiter quelques secondes, puis se jeta sur le côté pour esquiver la charge du nordique qui tomba droit sur le comptoir. Etourdi par le choc, il ne pu réagir avant que Faerenwe soit passé derrière lui et qu’une dague effilée soit posée sur sa gorge.

« Tu as joué et tu as perdu, alors reconnais ta défaite si tu ne tiens pas à avoir la gorge tranchée

- C’est... c’est bon, t..t’as gagné ! Me tues pas ! beugla le nordique

- D’accord, ça ira cette fois, mais ne me cherches pas encore si tu tiens à la vie »

Faerenwe retira la dague, puis, sans prévenir, saisit la tête du géant et l’abattit sur le comptoir. L’homme s’écroula sans un mot et l’elfe se tourna vers le reste des clients « D’autres volontaires ? »

Tout ceux qui n’étaient pas déjà endormis plongèrent le nez dans leur chope et se turent. Le jeune elfe remit la dague à sa ceinture, reprit son paquetage et monta à l’étage. Par prudence, il verrouilla la porte de sa chambre pour éviter une visite indésirable, puis, il se laissa tomber sur le lit. Il se releva précipitamment en entendant un craquement peu rassurant et se rassit dessus plus doucement. Rassuré sur la solidité du lit, il s’allongea, et s’endormit presque aussitôt.

Le lendemain matin, aux premières lueurs du jour, Faerenwe descendit à la salle commune pour manger. Il fut étonné de voir qu’il ne restait rien du désordre de la veille au soir, que toutes les chaises et les tables étaient à leur place et que le sol était propre. Il s’assit à la même table que pour son repas précédent, et attendit que l’aubergiste vienne lui apporter à manger. Ce fut à nouveau la jeune serveuse qui vint le servir. Il s’aperçut qu’elle osait le regarder cette fois là, et qu’elle lui souriait. Il lui rendit son sourire.

« Qu’est ce qui me vaut l’honneur d’être regardé ce matin ?

- Vous avez salement corrigé Thorg hier soir, ça fait longtemps qu’il fait des problèmes ici, et ça a fait drôlement plaisir de le voir cogné comme ça.

- Si je ne l’avait pas fait, j’aurais mal fini, dit il en souriant

- En tout cas merci messire. Elle aperçut que l’aubergiste approchait et lui glissa à l’oreille : Il faut que j’y aille, mais passez par l’arrière de l’auberge en partant, j’ai quelque chose à vous dire d’important. Puis elle se retourna et repartit en cuisine.

« Taïna a déjà du le faire, mais je tiens à vous remercier pour ce que vous avez fait, d’avoir calmé le barbare une bonne fois pour toute, et, surtout de l’avoir fait sans détruire la moitié de ma taverne. Si jamais vous repassez dans la ville et que vous avez un problème, venez ici, je ferais mon possible pour vous aider. » Il repartit sans que Faerenwe puisse le remercier.

Après avoir fini son repas, il empoigna son paquetage, remercia l’aubergiste et sortit de la taverne. Se souvenant de la remarque de Taïna, il contourna le bâtiment et entra par la porte de derrière. Il eut à peine le temps d’observer la cuisine que la jeune fille le repoussa à l’extérieur et referma la porte derrière eux.

« Je n’ai pas beaucoup de temps pour parler avant qu’on s’aperçoive de mon absence. Le cuisinier, Jurt, fait partie du clan des nordiques d’hier soir, et il a prévu d’aller les prévenir dès que vous serez parti pour vous tomber dessus dans une ruelle et vous faire payer hier soir. L’aubergiste est au courant, et il ferme les yeux, alors je vous conseille de partir vite.

- Merci du conseil, mais, juste une question, pourquoi faites vous ça ?

- Je trouve ça injuste qu’ils essaient de vous faire payer alors qu’ils avaient attaqués les premiers, et puis surtout, vous êtes respectueux, pas comme ces barbares de nordiques, alors...si vous vous en sortez et que vous revenez dans le coin, n’oubliez pas de passer par ici. »

Elle sourit, puis après un dernier regard, retourna dans la taverne.

Faerenwe resta quelques instants devant la porte close en souriant, réalisant que l’aventure n’avait pas mis longtemps à le trouver, puis, l’instinct de survie reprenant le dessus, il partit en courant vers le coeur de la cité, bien décidé à échapper à l’embuscade des nordiques.

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